Petit courrier du Net, deuxième série

 L es «courriers du Net» rassemblent certaines correspondances qui me semblent d'un certain intérêt pour mes visiteurs, ou bien dont il me semble que ça peut être d'un bon usage pour mes correspondants. De la première sorte sont par exemple celles sur le tremblement de terre d'Alger ou sur ACriMed; de la seconde celle intitulée «Bonne année », et dont j'espère qu'elle mettra un peu de plomb dans la tête du jeune imbécile concerné.

09/11/2003: «Droit-de-l'hommisme»
16/04/2003: Un acrimonieux parle d'ACriMed
25/05/2003: Le tremblement de terre du 21 mai à Alger vu de l'intérieur.
09/11/2005: Un projet inatteignable


25/05/2003

Le tremblement de terre du 21 mai à Alger vu de l'intérieur.

Un courrier qui a fait un bizarre circuit: une de mes tantes l'a reçu de la part d'un ami algérois, puis elle l'a diffusé auprès de certains amis ou membres de sa famille, dont ma mère, qui me l'a à son tour fait parvenir. Donc, un algérois nous fait part de son expérience de l'événement. Pour une fois, un courrier qui se passe de commentaires. Voilà la chose.

en direct du seisme ça donne des frissons

Nuit du 21 mai 2h39, ça vient encore de trembler,
noctambule invétéré je suis sorti sur ma terrasse,
dans le quartier j'ai vu des voisins se précipiter
dehors, tandis que d'autres étaient déjà dans leurs
voitures ils pensent certainement y passer la nuit,
j'ai regardé en bas les volets des chambres de mes
parents et mes tantes venues passer la nuit chez nous,
les lumières étaient éteintes personne ne s'est
empressé à sortir ni à se réveiller d'ailleurs, une
bonne dose de fatalisme et un zeste de fatigue ont eu
raison d'eux, et pour certains un demi comprimé de
Temestat... Quelle nuit, depuis 19h45 heure du
tremblement de terre, c'est la énième réplique,
certaines secousses sont plus fortes que d'autres, les
premières heures on reste sur nos gardes puis
l'attention se relache, on s'habitue aux secousses, le
sommeil arrive, les enfants d'abord qui somnolent sur
les fauteuils et que l'on finit par mettre au lit puis
les grands. Le sujet a été épuisé, les théories sur
les risques d'une seconde secousse aussi forte ou plus
forte que la première sont passées au crible et au
bout du compte difficile de conclure quoi que ce soit...
encore une secousse... forte il est 2h52. Pleins de
choses vous passent par la tête au moment ou ça se met
à trembler et en même temps rien que l'on se rappelle,
la seule constante est cette question : et si ça
s'arrêtait là... Au premier tremblement de terre celui
de 19h45, j'étais dans un café au bord de mer avec un
ami, j'ai été le dernier à réagir et sortir de la
salle, cette secousse a duré une éternité, pendant
laquelle j'ai eu le temps de regarder mon ami, dire
que c'était un tremblement de terre le voir se lever,
voir les clients et le personnel sortir en courant
puis enfin après cette dizaine de seconde constater
que j'étais seul que ce n'était peut être pas une
secousse comme d'habitude mais un vrai tremblement de
terre, je n'avais pas ressenti cela depuis 1980,
El-Asnam des milliers de morts, à Alger on avait été
bien secoués, je m'en souviens encore. Cette fois
nulle comparaison, on y était, après être sorti du
café pensant qu'il allait s'effondrer nous avons eu le
temps de voir trembler celui-ci et les bâtisses
alentour... c'est terrifiant... On croit voir la fin du
monde, on est sur le parking sur un sol qui continu à
faire un va et vient comme dans certains jeux des
fêtes foraines, d'ailleurs en sortant du café j'ai
perdu mon équilibre tant le sol bougeait. A
l'intérieur il y avait ce bruit d'une boite qu'on
secoue, les tasses de cafés qui tintaient et les
bouteilles dans le frigo qui se sont cassées la
gueule... Après cet effrayant mouvement de la terre, on
s'attend à ce que tout s'effondre tant cela est
violent, mais là ou l'on était rien n'a bougé... La
terre s'est arrêtée, tous les gens qui étaient dehors
ont commencé à souffler, on est vivants... Les premières
pensées se dirigent tout de suite vers les autres, on
pense à ses parents on se précipite dans le café pour
récupérer ses affaires dont le précieux mobil, on paye
son addition à la va vite sans attendre sa monnaie et
l'on tente de joindre son chez-soi, réseau saturé... On
forme sans cesse, jusqu'à obtenir une tonalité, c'est
occupé, tant mieux, ils sont en train d'utiliser le
téléphone, donc... Il faut rentrer au plus vite, être
parmi les siens... Seconde secousse, je ne la ressens
pas je suis en train de marcher, mon ami si, la
première était que celle-ci passe pour moi inaperçu en
voyant une fenêtre secouée je pensais que quelqu'un
tentait de l'ouvrir, c'était la première réplique...
3h18, pendant que j'écris le sol continue de trembler,
tout à l'heure j'ai vu la table sur laquelle est posée
l'ordinateur aller et venir, impossible de viser les
touches pendant ce court instant, et toujours cette
même pensée : et si la vie s'arrêtait là... Pour
beaucoup aujourd'hui la vie s'est arrêtée, j'ai pu
voir un flash spécial vers 00h30 quand le courant a
été rétabli, les images sont terribles, on savait en
quittant le café qu'il allait y avoir des dégâts c'est
seulement tout à l'heure que j'ai pu en constater
l'étendue... Même au centre ville à 400m de chez moi,
des maisons et immeubles se sont effondrés, les
banlieues est et sud-est sont les plus touchées, on
parle ce soir de plus de 250 morts et de plus de 2000
blessés, le bilan va certainement s'aggraver... En
écrivant ces mots il est difficile de ne pas se dire
et si le pire était à venir et si tout s'effondrait
maintenant ! Depuis 19h45, il y a eu des dizaines de
répliques d'intensité plus ou moins forte. En
raccompagnant Hatem chez lui, après que sa famille ait
réussi à le joindre sur son portable, ainsi que ma
famille, on a trouver ses parents sur le parking de
l'immeuble ainsi que tous les habitants du quartier,
cette scène on l'avait vu tout le long du chemin de
retour pendant une vingtaine de minutes, les gens
sortent de leurs immeubles et ont peur d'y retourner,
certaines familles étaient même parties avec leur
baluchons, on sait où d'ailleurs... Ma tante avec son
mari et ses enfants sont venus chez nous, il habitent
au 16ème étage d'une tour, les enfants étaient seuls
au moment du séisme, ils ont eu des nausées tant
l'appartement a été secoué, en hauteur l'oscillation
est terrible, moi qui ne suit qu'au deuxième étage de
notre maison je peux en témoigner. En montant dans ma
chambre j'ai trouvé les lampes de chevées couchées,
les vases et bibelots gisant au sol, les placards
ouverts, les dictionnaires par terre... 3h36 énième
secousse, ça crispe... La nature est terrible et pendant
une nuit on relativise... si seulement on pouvait garder
cet éveil... être conscient de ce rappel à l'ordre... Dans
la maison les tableaux ont pivoté, la dernière statue
de bois d'un guerrier polynésien a fini par se briser
en tombant en cassant le marbre d'une marche
d'escalier, d'autres statuettes et bibelots ont fini
en morceaux... A propos de ces guerriers polynésiens,
décimés au fur et à mesure des tremblements de terre
(mauvais équilibre du centre de gravité), ma mère a
depuis longtemps fait le constat que le parent qui
nous les avaient offertes, ne l'avait pas fait de bon
coeur. Autre anecdote, après avoir remis de l'ordre
dans ma chambre, je suis allé dans le salon et pensant
bien faire j'ai pris l'initiative de remettre debout
les petits bibelots, statuettes et autres vases se
trouvant dans l'argentier, sur les tables et le
buffet, ma mère arrive et exige que je les recouche,
pour éviter qu'elles tombent à nouveau... Cette attitude
m'a un peu troublé je l'avoue, alors que je tentais de
me convaincre qu'il n'y aurait pas de secousse
suffisamment forte pour refaire les dégâts de tout à
l'heure, elle, préfère rester prudente, et me rappelle
que nous ne sommes peut-être pas au bout de nos
peines... En voyant les images à la télévision de ces
bâtisses effondrées il était difficile d'admettre que
cela se passait à quelques centaines de mètres de
chez-soi, et qu'au fur et à mesure que l'on se
rapprocherait de l'épicentre les dégâts allaient en
s'aggravant... Ce pays aura tout vu, le terrorisme, les
inondations, la sécheresse, les tremblements de terre,
la mal gouvernance, nous sommes passés par toutes les
plaies, pour quand est la fin des tourments ? Il est
près de 4h00, une autre secousse... j'espère que la
maison va tenir le coup... Je vous envois ce mail et
vais tenter de voler quelques heures de sommeil, j'ai
un petit parcours bureaucratique à faire à partir de
9h30, courir derrière la signature d'un responsable
qui a disparu toute la semaine et sur laquelle repose
la délivrance de notre agrément. Eh oui, la (sur) vie
continue... Espérons que l'administration en question
tient encore debout.

J'espère à bientôt.

En pensant à ceux qui ont eu une petite pensée pour
les algérois... de service.

Bader

Il est 4h11, elle était chaude celle là j'en ai eu le
vertige, la pièce semblait décrire un cercle, j'en
tremble encore...

Je n'ai pas relu ce que j'ai écrit, excuser donc le
style et le reste...


Il a tort de s'en faire — je parle pour le style, non pour le tremblement de terre —, question syntaxe et orthographe c'est cent coudées au-dessus de ce qu'on lit habituellement dans les forums et les chats


09/11/2005

Un projet inatteignable

J'ai reçu récemment un courrier dont je ne ferai pas état de manière détaillée, due sa nature. Mon correspondant m'y demandait de bien vouloir retirer de mes pages une dépêche qui concernait un sien parent. Cela m'ennuyait, parce que mon but était de montrer, par le biais de cette dépêche et en la rapprochant d'une autre de même nature, que selon que vous soyez magistrat ou non, dans un cas la justice vous accordait le “non lieu”, dans l'autre la condamnation. En ce cas, le parent de mon correspondant était le condamné. Que ça m'ennuie ou non, j'ai accepté de la retirer. Mais…

Mais mon correspondant me signala dans un autre courrier où il me remerciait d'accéder à sa demande, qu'il avait reçu d'autres sites une réponse négative. En outre, cette info fit l'objet d'articles dans divers périodiques et figure encore sur certains sites de ces publications. Puis il y a ce problème: pour certains sites l'information en question est un argument politique confortant leur a priori conception des rapports de classe, ou les rapports sociaux en général, et ceux-là en premier refusent de la retirer. Bref, que certains mainteneurs aient comme moi l'obligeance de respecter la demande légitime d'un tiers ne change rien à la réalité: une information diffusée ne peut être annulée, elle existe et demeurera «pour les siècles des siècles». C'est ainsi…