Socio-écologie

 P ar ailleurs j'avais entamé une réflexion sur ce qu'on peut appeler le «cycle de vie» ou «biorythme» des sociétés. Ne pas entendre ici le mot biorythme au sens devenu courant les «cycles» intellectuel, masculin et féminin censés gouverner nos humeurs, mais au sens où les individus sont soumis à des cycles vitaux constatables à périodicité plus ou moins exactes; on sait par exemple que nous avons une «horloge biologique» d'un cycle assez fixe, environ 24 heures; la plupart des femmes connaissent le cycle menstruel, autour de quatre lunaisons, à quelque chose près; il y a les «périodes de la vie» formant un long cycle unique de l'enfance à la sénescence en passant par l'adolescence, l'âge adulte, l'âge mûr, la ménopause-andropause, etc.; il y a bien sûr «les âges de la vie», correspondant en partie aux périodes, mais d'un découpage proprement social, chaque «âge» faisant de six à neuf ans, avec une moyenne alentour de sept ans — la valeur habituellement retenue en Europe depuis le XIV° siècle, où une «belle vie» est une vie de 63 ans (sept fois neuf) ou de 70 ans (sept fois dix), selon les écoles. Bien qu'elles ne soient pas que ça, les sociétés sont d'une certaine manière des individus, et connaissent des cycles. Ces cycles sont divers, et toutes les sociétés ne connaissent pas — ou du moins ne connaissaient pas — tous les cycles, ça dépend de «l'espèce» et de son «évolution». La socio-écologie étant une science neuve — on peut dater son apparition au vendredi 19 mars 2004, vers huit heures du matin, dans ce texte[1] —, il n'y a pas encore de données fiables, donc je ferai des suppositions dans les lignes qui suivent sans les certifier, ce sera une première approche demandant confirmation.



[1] Je galèje sans galéjer: ce que je puis écrire ici ne sort pas tout cuit de mon esprit, ça s'éclaire de choses lues et entendues, au premier chef, la réflexion de Bateson sur «l'écologie de l'esprit», il existe donc tout un corpus sur le sujet. Maintenant, nommer un corps de connaissances épars sert souvent à lui donner une certaine cohérence. Je ne désespère pas qu'on reprenne mon terme, et que le reprenant on reprenne mon idée d'étudier les sociétés en tant qu'individus, et non plus seulement dans leur linéarité «historique»: s'il y a, pour une société donnée, une certaine causalité linéaire sur des périodes de temps assez courtes, dès qu'on dépasse deux ou trois générations les interactions entre groupes sociaux sont telles qu'on ne peut plus faire leur histoire de cette manière. Ou du moins, de manière consistante. Si par exemple on veut faire l'histoire de la France du XV° siècle au XX° siècle, ce ne sera que par artifice qu'on l'isolera de l'histoire de l'Europe, de l'Empire ottoman et des colonies américaines, puis de l'aventure colonialiste des XVIII° et XIX° siècles, donc de l'histoire du monde. Cela ne signifie pas qu'une histoire de la France est impossible et fallacieuse, simplement, comme tout individu, une société est à la fois un objet fini et perméable à son environnement, sa constitution interne se fait et évolue par le rapport qu'elle entretient à son milieu.