Le Monde - Politique -
Congrès du PS à Dijon, mai 2003, après


– S O M M A I R E –

François Hollande : "Mon message est simple  : les socialistes sont de retour"
La CGT, nouveau partenaire syndical privilégié du PS
PS : La recherche d'une synthèse entre motions a tourné court
Les socialistes appellent au "rassemblement de la gauche"
Éditorial: Le PS en contre
M. Hollande dose la nouvelle direction du PS pour conforter son autorité
Pour composer la direction du PS, François Hollande doit tenir compte du "juste poids" des fabiusiens
François Hollande est consacré, ses opposants ne désarment pas
M. Dolez conserve son fief nordiste face aux "éléphants"
Dans l'Essonne, la revanche de Jean-Luc Mélenchon

– Congrès 2003 du PS, les autres séries –
Avant le congrès
Pendant le congrès
Autour du congrès



LE MONDE | 19.05.03 | 13h22
verbatim

François Hollande : "Mon message est simple  : les socialistes sont de retour"

Voici des extraits du discours prononcé par François Hollande, dimanche 18 mai, à Dijon.

Mon message est simple (...), il s'énonce comme une évidence : les socialistes sont de retour (...).

La France est confrontée à une offensive libérale de grande envergure. Elle ne s'en est pas rendu compte de prime abord. Les conditions extravagantes de l'élection présidentielle, les précautions de la droite de ne pas faire ressurgir le spectre toujours terrible d'Alain Juppé, les formules plus ou moins audacieuses de communication du premier ministre ont jeté un voile, un écran de fumée, un brouillard sur les intentions réelles du gouvernement. Mais, peu à peu, le flou se lève et le dessein apparaît (...)

Raffarin, c'est Guizot revisité, et devinez qui est Louis-Philippe ! La France semble revivre les affres de la période Juppé comme si notre législature n'avait été qu'une parenthèse dont la droite s'efforcerait d'effacer les traces pour mieux rétablir la continuité de ses opérations interrompues pour cause de dissolution. Mais c'est en fait les mêmes problèmes qu'elle retrouve : la croissance en berne, les déficits en hausse, les services publics en baisse. Avec les mêmes conséquences : la France en plans - plans sociaux, plan de rigueur budgétaire, plans d'austérité pour la Sécurité sociale, plan de réduction des emplois publics. Avec les mêmes cibles : les fonctionnaires mauvaise graisse hier, mauvaise graine aujourd'hui (...). Avec les mêmes privilégiés : le patronat, lui, n'a pas besoin de descendre dans la rue car il tient le haut du pavé. (...)

Les clivages sont là, patents, visibles, et ceux qui ont entretenu cette rumeur perverse et pernicieuse peuvent en faire le constat. La droite, c'est l'inverse de la gauche. (...) Elle parasite les messages, récupère les mots décentralisation, laïcité, développement durable, pour les priver de contenu, flatte les catégories et les corporatismes et croit s'adresser au peuple en le voyant forcément en bas alors qu'il est pour nous au-dessus de tout. (...)

Chers camarades, le temps de l'offensive est venu. (...) Trois sujets doivent nous mobiliser dans les jours et les semaines qui viennent. D'abord, les retraites. (...) Je ne sais pas si le gouvernement parviendra à ses fins, au risque même de l'épreuve de force, mais nous ne ménagerons pas notre peine pour le faire céder. (...) Ce que je sais, c'est que tout gouvernement, au-delà de 2007, aura à revenir sur le dossier des retraites, faute de financements garantis et ce que je sais aussi, c'est que si nous sommes en situation d'agir, je le dis nettement aujourd'hui et je prends date, le plan Raffarin ne verra pas le jour et nous en négocierons un nouveau. Une autre menace pèse sur la protection sociale. (...)

Enfin, l'éducation nationale est victime d'une agression en règle (...) On comprend la grogne et la colère des personnels, ils ne défendent pas leur emploi, leur statut, leur place, mais l'école de tous. (...) L'attitude de Luc Ferry confine à la provocation. Il est vrai qu'il est le premier philosophe à avoir transformé un livre en boomerang. (...)

Ma responsabilité est de faire en sorte que nous soyons regardés comme une alternative qui revient et de -réparer- le choix qui n'a pas pu être fait en 2002 et dont nous voulons faire justice.

Du congrès de Dijon, nous sortons plus forts, plus unis, plus déterminés. C'est une mauvaise nouvelle pour la droite, pour le gouvernement Raffarin, pour Jacques Chirac.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.03


LE MONDE | 19.05.03 | 13h22
MIS A JOUR LE 19.05.03 | 17h14

La CGT, nouveau partenaire syndical privilégié du PS

La ligne choisie par M.  Thibault, réformiste et indépendante du PCF, a permis le rapprochement

Dijon de nos envoyés spéciaux

"C'est le congrès de Tours à l'envers sur le plan syndical", commentait, mi-figue mi-raisin, Alain Bergounioux, samedi 17 mai à Dijon, quelques heures après que les congressistes socialistes aient réservé une longue standing ovation à Bernard Thibault. La présence ainsi théâtralisée du secrétaire général de la CGT, alors que la CFDT n'avait envoyé qu'une secrétaire confédérale, a posé la centrale de Montreuil en nouvelle partenaire syndicale privilégiée du PS. "Un événement historique", soulignaient Jean-Christophe Cambadélis et M. Bergounioux.

L'histoire des relations PS-CGT est pour le moins tumultueuse. En 1948, lorsque la scission de 1947 de la CGT débouche sur la création de Force ouvrière, Guy Mollet, patron de la SFIO, choisit son camp. Le secrétaire général de la SFIO interdit à ses militants d'être membres de la CGT. Cette interdiction, qui vaut à René Duhamel d'être exclu de la SFIO quand il entre à la direction de la CGT, ne sera levée qu'en 1971 par François Mitterrand. Au congrès refondateur d'Epinay, la CGT envoie une délégation. Il en restera une obligation théorique pour les militants socialistes d'être syndiqués. L'étude du Cevipof réalisée en 1998 auprès des adhérents du PS montre que 35 % ne sont pas syndiqués tandis que 24 % sont à la CFDT et seulement 6 % à la CGT.

"APPROCHES COMMUNES"

Le rapprochement que le congrès de Dijon a consacré entre le PS et la CGT résulte d'un triple mouvement. M. Thibault, accentuant ce qu'avait amorcé son prédécesseur, Louis Viannet, a réaffirmé l'indépendance syndicale de la CGT, notamment au congrès de Montpellier en mars, rompant avec la théorie qui avait longtemps fait du syndicat la courroie de transmission du PCF. Le choix réformiste, plus assumé dans les mots par le PS que par la CGT, rapproche les deux organisations. Enfin, leur commune opposition à la réforme du gouvernement sur les retraites a fait le reste.

M. Thibault, toujours membre du PCF, a insisté sur "l'indépendance mutuelle" de la CGT et du PS. De même, François Hollande a récusé la "confusion des genres" mais évoqué "la recherche d'approches communes nécessaires" .

Les relations entre le PS et la CFDT ont été marquées par une grande complexité. Lors des Assises nationales du socialisme, les 12 et 13 octobre 1974, qui avaient vu la deuxième gauche, notamment chrétienne, rejoindre le PS, la direction de la CFDT s'était impliquée. Membre du bureau national de la CFDT, Jacques Chérèque avait réclamé "un grand parti des socialistes pour assurer un débouché aux luttes et prendre le pouvoir". Le père de l'actuel secrétaire général de la CFDT était devenu préfet chargé du redéploiement industriel de la Lorraine en 1984, puis ministre délégué aux reconversions (1988-1991).

Le triomphe assuré à M. Thibault a occulté l'entrée au conseil national du PS de cédétistes. Ainsi Jean-Marie Petit-Jean figure dans la liste "complémentaire". Secrétaire d'une section PS du Val-d'Oise, il est également permanent de la CFDT. Il est surtout le technicien spécialiste du dossier des retraites, "complètement d'accord avec la réforme", raille Jean-Marie Toulisse, numéro trois de la CFDT chargé des relations avec les partis. M. Toulisse oppose un "démenti formel" à M. Cambadélis selon lequel la confédération aurait avalisé l'entrée de M. Petit-Jean.

"Il ne faut pas que les socialistes refassent l'histoire. Quand ils étaient au pouvoir, déclare M. Toulisse au Monde, - je m'en souviens très bien, j'étais leur interlocuteur -, j'aurais aimé qu'ils arrêtent la dégradation des pensions, qu'ils arrêtent la réforme Balladur, mais que ce soit avec DSK ou quelqu'un d'autre, ils trouvaient que ma revendication était trop chère." "Pareil pour Jean-Luc Mélenchon, ajoute-t-il. A l'époque, il était au gouvernement mais il n'a jamais pris la parole sur ce sujet au conseil des ministres, alors que le minimum contributif a baissé pendant que la gauche était au pouvoir." "Crevé", M. Toulisse, présent au congrès du PS de Grenoble, en 2000, n'était pas à Dijon.

Isabelle Mandraud et Michel Noblecourt
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.03


LE MONDE | 19.05.03 | 13h22

PS : La recherche d'une synthèse entre motions a tourné court

Dijon de notre envoyée spéciale

Le "jeu de la patate chaude", pour reprendre l'expression du secrétaire aux fédérations, François Rebsamen, n'a pas duré longtemps. Ouverte samedi à 22 heures, la réunion de la commission des résolutions, chargée de parvenir à une synthèse entre les cinq motions en lice au congrès, s'est achevée une heure et demie plus tard, sans résultat.

Chacun s'est pourtant attaché à respecter les formes. Tous les ténors du PS d'avant la rénovation, de François Hollande à Laurent Fabius, de Dominique Strauss-Kahn à Martine Aubry, de Pierre Mauroy à Henri Emmnanuelli, avaient décidé d'y participer. Seul Bertrand Delanoë avait préféré aller dîner en ville. "Je suis joignable sur mon portable", avait-il néanmoins précisé, au cas où...

"La dose prescrite ne semblant pas tout à fait atteinte, nous avons souhaité entrer dans la discussion", a expliqué Vincent Peillon, le lendemain devant les congressistes. Le cofondateur du Nouveau Parti socialiste (NPS) avait prévu de présenter "20 amendements". Dès le premier, la séance a tourné court : il reprenait quatre pages - "non détachables" - de la motion NPS sur la création d'une VIe République...

De son côté, Nouveau Monde n'a pas cherché les prolongations. "Voilà : il y a deux lignes, deux approches, mais tout s'est passé très courtoisement", a déclaré, à la sortie, Henri Emmanuelli. Marc Dolez, premier secrétaire de la fédération du Nord et auteur de la "motion des militants", a bien cherché, lui, à présenter quatre amendements. Mais là aussi, la discussion a été brève. "Je croyais que tu souhaitais une synthèse avec tout le monde ou pas du tout", lui a doucereusement fait remarquer André Laignel, secrétaire national à la décentralisation, au grand plaisir des autres membres de la délégation Hollande.

Comme prévu, c'est donc avec Franck Pupunat, représentant de la motion Utopia (1,05 % des voix lors du vote des militants), que la majorité s'est entendue. Six amendements - qui prévoient, entre autres, de "réfléchir à une véritable universalité des soins" - ont scellé l'accord. "Comme quoi, l'utopie peut se marier avec le réalisme", a ironisé M. Hollande. Le conclave de samedi soir a surtout servi à mettre un point final à la rédaction d'une résolution exigeant, au nom du PS, "le retrait du projet Raffarin-Fillon" sur les retraites et à appeler à la mobilisation "la plus large" pour la manifestation nationale du 25 mai. "Nous en sommes très fiers", a souri M. Emmanuelli.

I. M.
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.03


LE MONDE | 19.05.03 | 13h22

Les socialistes appellent au "rassemblement de la gauche"

Dijon de notre envoyée spéciale

Le "contrat" avant la "stratégie électorale". Au congrès de Dijon, les socialistes ont proposé de mettre en œuvre une "méthode" de travail "différente du passé" à leurs partenaires de la gauche. Ceux-ci ont participé plus ou moins longuement à la grand-messe socialiste. Côté Verts, il y avait, entre autres, le secrétaire national, Gilles Lemaire, l'adjoint au maire de Paris Yves Contassot, le conseiller de Paris Jean Desessard ; les "déçus" de Jean-Pierre Chevènement", Jean-Pierre Michel et Jean-Loup Coly, qui ont créé l'Association pour une gauche républicaine, étaient assis quelques tables plus loin, tandis que la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, n'a fait que passer, au moment où le numéro un de la CGT attirait à lui les caméras. "C'est une réaction normale. A travers Bernard Thibault, c'est le mouvement populaire qui s'est exprimé", a confié l'ancienne ministre, avant d'ajouter : "Si on veut rassembler la gauche, ne reprenons pas les chemins du passé."

A la veille des législatives de 1997, le PS avait signé, dans la précipitation, des accords "bilatéraux" avec ses partenaires. "Notre projet n'engageait véritablement que les socialistes", a admis l'ancien ministre Daniel Vaillant à la tribune. Après ce mea culpa, le praticien de l'ex-gauche plurielle a invité ses composantes à former une "véritable coalition autour d'un contrat de gouvernement", qui ne sera "pas à géométrie variable selon la nature de l'élection" mais "global".

"UNION AUX RÉGIONALES"

François Hollande, lui, a lancé un "appel au rassemblement de la gauche", en précisant d'emblée : "Il ne s'agit pas de soumettre nos partenaires." Il a proposé "une stratégie d'union aux régionales", en 2004, dès le premier tour. Et souhaité que, "dès l'automne", se mettent en place des "forums de la gauche" "citoyens", "réseaux", "partis" seront "tous invités". A l'initiative de Dominique Voynet, feue la gauche plurielle va rencontrer au Mans, le 21 juin, des militants, des acteurs associatifs et syndicaux.

Cl. F.
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.03


LE MONDE | 19.05.03 | 13h57
L'éditorial du Monde

Le PS en contre

JEAN-PIERRE RAFFARIN et Bernard Thibault ont donné un bon coup de main au Parti socialiste pour réussir son congrès de Dijon. Son retour sur l'avant-scène aurait été moins visible s'il n'avait pu se greffer sur l'actualité : la contestation des plans de François Fillon sur les retraites et de ceux de Luc Ferry sur l'éducation nationale. Comme l'a affirmé François Hollande dans un discours qui se voulait fondateur du réformisme affiché du PS, "nous ne sommes pas pressés par les échéances de la présidentielle, nous le sommes davantage par le mouvement social".

Le congrès s'est joué avant d'avoir commencé, au terme d'un débat qui fut un bel exemple de démocratie. Avec 61,37 % des voix des militants sur sa motion, M. Hollande avait déjà gagné. Seul candidat à sa succession, il est de fait réélu avant même que les militants se prononcent le 22 mai. La forte participation aux votes (76,95 %) venant sanctionner un débat d'une année – qui a suivi le séisme du 21 avril – est un bon signe de la vitalité démocratique du PS. A Dijon, les discussions du congrès n'ont pas débouché sur une synthèse. Elle serait apparue à tous artificielle. Mais le débat a montré que, loin d'être monolithique, le premier parti de la gauche pouvait faire de sa diversité un atout. A condition de ne pas nuire à la cohérence de sa démarche.

M. Hollande a fait avaliser le "réformisme de gauche". Cette ligne, a-t-il affirmé, "nous engage tous". Mais encore faut-il lever bien des ambiguïtés et donner un contenu à ce réformisme encore en pointillé. Le congrès de Dijon n'avait pas d'ambition "programmatique". Il s'agissait surtout de rassembler la famille socialiste et de lui permettre de jouer son rôle d'opposant.

Le PS a opté pour la voie la plus commode, celle d'une certaine radicalité. La résolution unanime demande purement et simplement le "retrait"des plans Fillon et Ferry. Prenant le risque de se brouiller avec la CFDT, consacrant la CGT en partenaire syndical privilégié, le PS a choisi la contestation, "l'opposition frontale", selon la formule de Laurent Fabius. Ce choix ne le dispense pas d'accompagner son refus de propositions alternatives.

Sur les retraites, M. Hollande a pris soin d'affirmer qu'une réforme est nécessaire et qu'à travers l'affectation de nouvelles ressources au système de répartition cela supposerait "l'effort de tous". Mais, sur la durée des cotisations, par exemple, plusieurs écoles continuent à s'affronter au PS, au sein même de sa majorité. Il en est de même sur l'éducation nationale, où Jean-Pierre Sueur a justement rappelé que le "décrochage"et l'"'incompréhension" entre ses personnels et le gouvernement de Lionel Jospin s'étaient retrouvés dans les urnes le 21 avril. Là aussi, s'opposer ne vaut qu'à court terme. Le PS devra élaborer un "projet éducatif".

Se définir comme un "parti de réforme et de transformation" oblige à tenir les deux bouts de la chaîne. Sa crédibilité d'opposant dépendra aussi de sa capacité à préparer une alternative.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.03


M. Hollande dose la nouvelle direction du PS pour conforter son autorité LE MONDE | 24.05.03 | 13h13
MIS A JOUR LE 24.05.03 | 18h14

La distribution des rôles a fait l'objet de savants dosages. Réélu pour trois ans à la tête du PS, François Hollande devait présenter, samedi 24 mai, devant le conseil national issu du congrès de Dijon, la nouvelle direction du parti. Jusqu'au dernier moment, samedi matin, la composition des listes a été discutée et les places chèrement disputées. "C'est une équipe resserrée, décrit M. Hollande, pour afficher les priorités du parti."

L'architecture du centre opérationnel du PS qu'est le secrétariat national, seule instance à n'être pas soumise à la règle de la proportionalité des courants, a été modifiée. Aux 44 titulaires précédents succèdent une vingtaine de secrétaires nationaux, répartis selon un nouvel ordre hiérarchique. Les premiers dirigeront des "pôles fonctionnels", secondés par une vingtaine de "responsables nationaux" ; les autres piloteront de "grands domaines" thématiques.

ÉQUILIBRES DES SENSIBILITÉS

Dans la première catégorie, Laurent Fabius se taille la part du lion. Tout en conservant sa place de numéro deux du parti, il prend la tête du pôle "élus et territoires". Pour contrebalancer l'influence de l'ancien premier ministre vient tout de suite après François Rebsamen. Chargé des fédérations et du développement du parti, celui-ci disposera du plus grand nombre d'adjoints. L'ancien porte-parole de Lionel Jospin, Manuel Valls, député de l'Essonne, prend en charge la "coordination" - l'organisation du parti. Martine Lignières-Cassou conserve les relations avec les associations, mais agrandit son territoire à tous les acteurs sociaux. Alain Bergounioux est désigné aux études, Pierre Moscovici à l'international et à l'Europe, Claude Bartolone, à la communication. Catherine Genisson s'occupera des femmes et Marie-Noëlle Lienemann conserve les entreprises.

A ces têtes d'affiche s'ajouteraient, dans la catégorie des "grands domaines", - sauf changement de dernière minute -, Malek Boutih (société), Yves Durand (éducation), Alain Claeys (santé et recherche), Kader Arif (altermondialisation), Axel Urgin (DOM-TOM), Bariza Khiari (services publics), André Vallini (justice, sécurité). Anne Hidalgo était pressentie pour la culture. Michel Sapin devrait occuper les fonctions de trésorier, directement rattaché au premier secrétaire. Le rôle de porte-parole, enfin, échoit à un duo un homme-une femme : Annick Lepetit et Julien Dray.

A première vue, M. Hollande a donc pris soin de respecter les équilibres des sensibilités du courant majoritaire. En effet, si Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn avaient annoncé - à la différence de M. Fabius - leur intention de ne pas briguer de poste, leurs partisans figurent bien dans la "short list". D'autres ont été sacrifiés, comme Daniel Vaillant, jusqu'ici secrétaire national aux relations extérieures, ou le sénateur fabiusien Henri Weber. Toutefois, ce dernier devrait garder la haute main sur la formation. A une grande majorité, les anciens ministres et personnalités du parti se retrouveront, de toute façon, au bureau national. D'autres se verront confier des "missions".

Pour beaucoup, les "sabras de la génération Hollande", comme aime à les présenter le premier secrétaire, font partie de la cohorte des députés "bébés-Jospin" de 1997. C'est sur eux, en particulier, que repose la tâche de circonscrire l'influence de M. Fabius.


19 fédérations contrôlées par l'opposition

Les résultats définitifs du vote des militants socialistes (hors Mayotte) appelés à élire leur premier secrétaire et les premiers secrétaires des fédérations ont été établis vendredi 23 mai. Le taux de participation s'est élevé à 69,61 % selon François Rebsamen, secrétaire national aux fédérations. François Hollande a été reconduit au poste de premier secrétaire avec 76 350 voix (84,74 %), contre 13 751 suffrages blancs ou nuls (15,26 %). C'est dans le Calvados que le député de Corrèze recueille le moins d'adhésions (51 %).

Sur 102 fédérations, 19 sont désormais dirigées par l'opposition. Le courant Nouveau Parti socialiste (NPS) d'Arnaud Montebourg et Vincent Peillon en a conquis 9 : l'Ain, l'Aisne, l'Ardèche, le Bas-Rhin, les Hautes-Alpes, la Haute-Marne, le Jura, la Saône-et-Loire et la Somme. Nouveau Monde d'Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon en contrôle 8 : l'Allier, l'Aube, la Creuse, l'Essonne, les Landes, le Lot-et-Garonne, la Marne et la Réunion. Enfin, Marc Dolez se maintient dans 2 fédérations : le Nord où, premier fédéral sortant, il a réuni 56,5 % des voix et le Tarn-et-Garonne.

Isabelle Mandraud
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 25.05.03


LE MONDE | 22.05.03 | 13h49

Pour composer la direction du PS, François Hollande doit tenir compte du "juste poids" des fabiusiens

Le premier secrétaire sera réélu, jeudi 22 mai, à la tête du parti. M. Fabius réclame un rôle "effectif" à ses côtés. L'élection des premiers fédéraux devait être serrée dans le Nord et dans l'Essonne

Appelés à retourner aux urnes dans leur section, jeudi 22 mai, les militants socialistes n'ont pas l'embarras du choix pour élire le premier secrétaire du PS : François Hollande, à la tête du parti depuis 1997, est seul candidat à sa succession. Dégagé de l'obligation de faire campagne, le député de Corrèze s'est donc, depuis son retour du congrès de Dijon, consacré pleinement à composer la nouvelle direction du PS qui sera présentée lors d'un conseil national, samedi 24 mai.

La tâche n'est pas facile. M. Hollande est redevable envers tous ceux qui, par leur mobilisation, ont fortement contribué au succès de sa motion ; il doit continuer à "renouveler et rajeunir" et il lui faut tenir compte du "juste poids" des fabiusiens, des strauss-kahniens et des aubryistes. Bref, il y a un casting avec un cahier des charges à respecter.

Après l'acte I de la rénovation posé à Dijon, pour la composition du conseil national – le "parlement" du PS –, M. Hollande doit s'attaquer à celle du bureau national (BN) et du secrétariat national (SN). Limité à 54 membres, le BN devrait s'agrandir avec l'arrivée de 18 premiers secrétaires fédéraux supplémentaires, sélectionnés à la proportionnelle des courants : 12 pour la majorité, 3 pour Nouveau Monde et 3 pour Nouveau Parti socialiste (NPS).

Dans le quota Hollande, François Rebsamen, secrétaire national aux fédérations, entend "représenter un maximum de régions"en privilégiant "les grosses fédés qui font les résultats" non sans promouvoir quelques petites méritantes. C'est ici, aussi, dans l'instance du débat politique du parti – "qui ne sera plus ouvert à tous vents", assure M. Rebsamen –, qu'une très grande majorité d'anciens ministres devraient se retrouver.

"EN ÉTAT DE RECONVERSION"

A la différence de Dominique Strauss-Kahn, de Martine Aubry ou de Marylise Lebranchu, Laurent Fabius a, lui, fait connaître sa volonté de conserver son poste de numéro deux du parti et son souhait de devenir un secrétaire national "effectif". Ce qui, pour certains, présente le risque – ou l'occasion – de le placer dans un face-à-face avec M. Hollande... Mais les fabiusiens ont fait valoir leur atouts. Comprendre : la contribution de leurs fédérations (la Seine-Maritime, la Gironde, la Seine- Saint-Denis, les Hautes-Pyrénées...) au score de la motion Hollande. "Les anti-fabiusiens se font plus discrets aujourd'hui", affirme Claude Bartolone, qui note avec gaieté que "beaucoup sont même en état de reconversion".

Sommés de travailler "au minimum trois jours par semaine" rue de Solférino, une vingtaine de futurs secrétaires nationaux devraient se trouver à la tête de "pôles", secondés par des adjoints. Dans ce cadre, Malek Boutih, futur ex-président de SOS Racisme, sera sans doute affecté aux questions de société.

Avant cela, il faut tout de même franchir une nouvelle étape. Le scrutin de jeudi soir ne concerne pas seulement M. Hollande mais tous les premiers secrétaires fédéraux et les secrétaires de section. Sans adversaires non plus, les deux cofondateurs de NPS, Arnaud Montebourg en Saône-et-Loire et Vincent Peillon dans la Somme, sont assurés de leur victoire. Mais dans le Nord, l'ambiance est toujours à la veillée d'armes entre l'actuel premier fédéral, Marc Dolez, auteur de la "motion des militants", et son prédécesseur, Bernard Roman, prié par la majorité de reprendre du service. "Je suis légitime, j'appliquerai la ligne du parti", répète M. Dolez qui espère bénéficier, en plus de ses partisans, "d'un bon report des voix" de NPS et même des militants locaux d'Utopia. C'est moins évident avec Nouveau Monde dont le député, Christian Bataille, a annoncé son ralliement à M. Roman. Mais, dans sa profession de foi, M. Dolez a produit un texte de soutien signé d'Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et Alain Vidalies.

Dans l'Essonne, où le duel entre les deux anciens piliers de la Gauche socialiste, Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray, s'annonce très serré, "il pleut, dit-on, des lettres". Claire Robillard, candidate de la majorité poussée par M. Dray, s'est vu rappeler son manque d'enthousiasme pour le rassemblement de la gauche, lorsqu'elle avait refusé de se désister, à Grigny, au second tour de l'élection municipale de 2001, en faveur du candidat communiste.

Isabelle Mandraud
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 23.05.03


LE MONDE | 23.05.03 | 13h09

François Hollande est consacré, ses opposants ne désarment pas

Son bail est renouvelé. Sans surprise, François Hollande a été réélu - sans concurrent - pour trois ans à la tête du PS. Selon les premières estimations établies, vendredi matin 23 mai par François Rebsamen, secrétaire national aux fédérations, M. Hollande aurait recueilli 90 % des suffrages exprimés, avec un taux de participation proche de 65 %. La mobilisation semble donc s'être maintenue à un bon niveau, même si elle a été moins importante que lors du vote de l'avant-congrès, qui portait sur le choix de la ligne du parti. Il est vrai que la bataille dans plusieurs départements, entre la majorité et les courants minoritaires, a constitué un fort élément de motivation.

Cette fois, les militants ne devaient pas seulement élire leur chef, mais aussi les premiers secrétaires fédéraux et les secrétaires de section. L'issue de ce triple scrutin a un peu gâché, jeudi soir, la réélection aisée de M. Hollande. Dans le Nord, malgré les exhortations de Pierre Mauroy, de Martine Aubry, de Michel Delebarre, et de Bernard Derosiers, et malgré l'envoi par la direction de "201 observateurs" dans les bureaux de vote, Marc Dolez l'a emporté. Alors que la motion de ce dernier n'avait pas atteint la barre des 5 % au niveau national, les militants nordistes ont choisi de maintenir à son poste, envers et contre tout, leur premier fédéral rebelle, qui s'était fait une spécialité de la ligne "province contre Paris".

Pour M. Mauroy, qui n'a cessé de vouloir ramener à la "raison" des militants jugés "déboussolés", comme pour la maire de Lille, Martine Aubry, le revers est sévère. "Dolez a joué sur une fibre identitaire, une posture de militant martyr bridé par Paris, mais sa seule influence réside dans le Nord", minimisait, vendredi, peu après minuit, le premier secrétaire du PS. " Ce n'est pas une fédération en état de sécession mais en état de division, affaiblie", ajoutait-il, laissant déjà poindre une critique qui ne va pas manquer d'enfler : "Jusqu'au stade des contributions, il a été soutenu par Bernard -Roman- et une partie des amis de Martine -Aubry-, c'est très difficile de battre ensuite celui qui a eu cette légitimité."

Pour les opposants, le basculement d'une "grosse fédé" - la deuxième du PS - a été interprété comme le signe avant-coureur d'une possible "majorité alternative". Dans cette perspective, le Nouveau Parti socialiste (NPS) envisage d'héberger M. Dolez dans son quota de représentants au bureau national.

A la déconvenue du Nord s'ajoute, pour le courant majoritaire, celle de l'Essonne, où la candidate de Nouveau Monde, soutenue par NPS, l'a emporté. Pour la première fois, la gauche du parti, très identifiée à ce département mais qui y faisait jusqu'ici jeu égal avec la majorité, a pris les devants. Ailleurs, les candidats de M. Hollande ont conforté leur position et restent nettement majoritaires. Certains premiers fédéraux sortants, menacés, sont parvenus à conserver leur poste, comme dans les Alpes-Maritimes ou le Vaucluse. Mais 14 fédérations sont tombées dans l'escarcelle des minoritaires. Le courant d'Arnaud Montebourg et de Vincent Peillon confirme ainsi sa percée. Dans l'Ain, l'Aisne, l'Ardèche, le Jura, le Bas-Rhin, la Haute-Marne, la Saône-et-Loire, la Somme, les candidats de NPS ont gagné. "Cela prouve qu'il demeure dans le parti une vraie volonté de changement, que la victoire de la motion Hollande n'a pas entravée et que nous nous enracinons dans le parti", s'est réjoui Benoît Hamon, l'un des piliers de NPS.

LES PROMESSES DE DIJON

De son côté, le courant d'Henri Emmanuelli et de Jean-Luc Mélenchon, après avoir conquis l'Essonne, conserve les Landes, l'Allier, la Marne. Mais Nouveau Monde n'a pas réussi à confirmer ses espérances dans le Cher, le Haut-Rhin ou le Gers. Dans le Tarn-et-Garonne, le premier fédéral sortant, Christian Manric, candidat de la motion Dolez, a conservé son fauteuil. Enfin, un second tour devait être organisé, vendredi, dans l'Aveyron et le Calvados - où plus de deux candidats se présentaient. Dans ce dernier département, le candidat de M. Hollande, arrivé en tête, reste à la merci d'une coalition de ses opposants.

Le congrès de Dijon, qui avait conforté la position du premier secrétaire, n'aura donc rien changé. "C'est normal, plaide celui-ci, dans un nombre limité d'endroits, les militants ont tout simplement confirmé leur vote sur les motions." M. Mélenchon livre une tout autre interprétation : "On pouvait craindre que le PS soit gelé ; il ne l'est pas, se réjouit-il, une onde n'a pas fini de passer sur le parti."

Les résultats ne bouleversent pas le rapport de force. Mais ils maintiennent la pression sur M. Hollande, surtout après le congrès de Dijon, qui a donné une image gauchie du PS. Le premier secrétaire y a fait un certain nombre de promesses, que ses opposants ne manqueront pas de lui rappeler. "On se l'est peut-être un peu trop jouée à la Chirac", grimace un élu du courant majoritaire. Les résultats des fédérations modèrent aussi l'influence de Julien Dray et de Martine Aubry, au moment où M. Hollande essaie d'échapper à la bipolarité que tente de lui imposer Laurent Fabius - ce dernier ayant clairement fait le choix de l'appareil.

M. Hollande mise sur la nouvelle direction du PS, qu'il présentera samedi. Mais ses difficultés sont aussi à l'extérieur du parti. Il a appuyé le forum de la gauche organisé par Dominique Voynet, le 21 juin au Mans. Jeudi, le collège exécutif des Verts a décidé, lui, de n'y envoyer aucun représentant.

Isabelle Mandraud
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.05.03


LE MONDE | 23.05.03 | 13h09

M. Dolez conserve son fief nordiste face aux "éléphants"

Lille de notre correspondant régional

Un simple coup d'œil à la salle suffisait, jeudi soir, pour mesurer l'incertitude du résultat et l'importance de l'enjeu des élections dans la fédération du Nord, la deuxième de France. Alors que le dépouillement du scrutin des plus grosses sections – clos à 22 heures – était en cours, les "éléphants" locaux, tous favorables à François Hollande, brillaient par leur absence. Seuls Jean-Pierre Balduyck, député et maire de Tourcoing, et Jean-Michel Stiévenard, maire de Villeneuve-d'Ascq, s'étaient mêlés aux nombreux militants.

"Il n'y a pas de divergence politique profonde", affirmait M. Balduyck, le visage grave. Marc Dolez, premier fédéral dont l'action, depuis 1997, est unanimement appréciée, traduit "une attente profonde des militants" pour la rénovation du PS, exacerbée dans le Nord par "un vieux ressentiment des petites sections des secteurs défavorisés du sud du département contre les élus des métropoles lilloise et dunkerquoise". Mais, ajoute-t-il, "il n'aurait pas dû aller jusqu'au dépôt d'une motion". "Ensuite, la campagne s'est jouée sur l'affectif, l'émotion, poursuit M. Balduyck. Il n'est quand même pas normal de voir Pierre Mauroy sifflé dans un congrès fédéral."

A 22 h 30, Marc Dolez commente les premiers résultats devant quelques journalistes : "Ma victoire ne fait plus de doute, même si le pourcentage est encore en discussion. Je la savoure d'autant plus qu'elle est acquise face à des forces qui se sont mobilisées pour m'éliminer."Bernard Roman, son challenger, arrive vers 23 h 15, accompagné de Pierre Mauroy et de Martine Aubry. "C'est un beau parti quand on a gagné, il n'y a pas de raison pour qu'il n'en soit pas de même quand on a perdu, lance-t-il. Nous allons maintenant travailler tous ensemble contre la droite à partir de la ligne politique définie à Dijon."Après avoir salué "le combat de Bernard Roman, mené intelligemment, sans élever le ton", M. Mauroy rappelle qu'il s'était rangé "dès le premier jour"auprès de M. Hollande, suivi par tous les grands élus nordistes. "Marc Dolez, issu de nos rangs, avec lequel nous n'avions jamais eu de désaccord politique, a pris une autre voie-pour devenir- le leader des minorités", déplore l'ancien premier ministre, sans cacher son amertume : "Ce n'est pas le genre de la fédération, qui a toujours été majoritaire et a joué un rôle historique dans le parti. Ce n'est pas son histoire. J'espère que ce n'est pas une autre histoire qui commence pour elle aujourd'hui."

"UN MESSAGE TRÈS FORT"

A 23 h 45, M. Dolez annonce, sous les acclamations des militants, qu'il a obtenu "un peu plus de 55 %" de leurs suffrages. C'est, lance-t-il, "un message très fort au PS et à l'ensemble de la gauche, qui confirme notre volonté de changement et de rénovation pour tirer les leçons du 21 avril". "A Bernard Roman et à ceux qui n'ont pas voté pour moi, je précise que j'aurai, évidemment, le souci de rassembler tous les socialistes de la fédération pour combattre la droite et préparer les échéances de 2004", ajoute-t-il, avant d'aller embrasser Martine Aubry. "Cela me va, commente la maire de Lille. Laissez-nous quelques semaines et vous verrez que nous nous retrouverons tous sur les mêmes combats."

Jean-Paul Dufour
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.05.03


LE MONDE | 23.05.03 | 13h09

Dans l'Essonne, la revanche de Jean-Luc Mélenchon

Une silhouette noire tourne en rond sous les lampadaires, au pied des immeubles de la Cité de la Grande-Borne, à Grigny. Le député de la 10e circonscription de l'Essonne, Julien Dray, s'enquiert des résultats du vote avec ses amis du courant majoritaire. Il est 22 h 30, jeudi 22 mai : pas une voix n'a manqué, à Grigny, à "sa" candidate et suppléante, Claire Rebillard : les 91 votants lui ont apporté leurs suffrages, parmi lesquels le nouveau membre du conseil national du PS Malek Boutih. En début de soirée, l'ancien président de SOS-Racisme s'est " mis à jour de cotisation". Il n'a pas participé au vote visant à départager les motions, fin avril.

Claire Rebillard est tendue, "meurtrie", dit-elle. La "première trésorière de SOS-Racisme", dans les années 1980, raconte que le duel avec la candidate de Nouveau Monde, Marianne Louis, militante à Morangis et fidèle de Jean-Luc Mélenchon, a été "très dur". Le clan "Mélenchon" a bénéficié du soutien du Nouveau Parti socialiste (NPS) et du premier fédéral de l'Essonne sortant, Olivier Thomas.

Tous ont fait campagne sur ce thème : Claire Rebillard n'a pas les moyens de faire l'union de la gauche. En 2001, passant outre l'arbitrage de la Rue de Solferino, elle avait mené une liste contre le maire de Grigny, le communiste Claude Vasquez. Celui-ci a été réélu, mais l'affaire a laissé des traces. "Elle est la moins bien placée pour conduire, demain, la négociation avec le PCF pour les élections cantonales et régionales", conclut Olivier Thomas, dans une lettre aux militants.

LA "NOCE" DES OPPOSANTS

"Si demain la gauche perd, c'est déjà de ma faute ! ", grince Claire Rebillard, vers 23 heures, avant de se rendre à la "fédé". On ne l'entendra plus beaucoup, à Evry : les militants de Nouveau Monde font des sourires entendus. Marianne Louis serait en tête. L'entrée du bureau où sont consignés les résultats est barrée par un homme – très baraqué. Jean-Luc Mélenchon râle après les cameramen. "Vous êtes venus boire le sang ! Vous croyiez qu'on allait se battre !" Le "hollandais" Manuel Valls sourit mécaniquement : dans sa ville d'Evry, Marianne Louis est au coude-à-coude avec Claire Rebillard (63 voix contre 70). Ambiance "ma fédé va craquer".

Vers minuit moins le quart, la porte du bureau s'ouvre. Olivier Thomas monte sur une table et met fin au suspense : "1 159 voix pour Marianne Louis, soit 52 % ; 1 082 voix pour Claire Rebillard, soit 48 %." La nouvelle élue le rejoint. Son portable sonne. "Ma mère", sourit-elle. Marianne Louis, 31 ans, dit qu'elle travaillera avec "l'ensemble " des militants. Un "collectif naturel", résume-t-elle. "C'est un truc de gonzesses, ça...", murmure M. Mélenchon. Candidate aux législatives de 2002, et enceinte, la jeune femme avait trouvé ce slogan : "Porteuse d'avenir." "Ils sont beaux mes petits", s'attendrit l'ancien sénateur de l'Essonne. Benoît Hamon, l'un des piliers locaux de NPS, annonce, réjoui, la victoire de Marc Dolez dans le Nord. C'est la "noce" des opposants. Quelqu'un remarque que Julien Dray n'est "pas venu".Réponse acide de Jean-Luc Mélenchon : "La fédé, c'est pas son truc..."

Clarisse Fabre
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.05.03