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Eh bien voici, selon nous, des conditions qui peuvent faire de la note un moyen de discipline très efficace. Tout d’abord, il faut qu’elle soit discrète, afin de garder sa valeur: aucune sanction ne peut se passer de cette qualité. On n’en trouvera pas qui, par elle-même, ait assez de vertu pour pouvoir être impunément appliquée à tort et à travers. Il faut donc renoncer à tout noter. Non ! avec les enfants, il ne faut pas tout noter, parce que tout n’est pas grave. Le premier avantage de la note, c’est que, devant être motivée dès qu’elle sort de l’ordinaire, elle ne pourra signaler que ce qui a de l’importance. Puis elle n’est ni immuable, ni irrévocable. Elle s’assouplit aux incidents de la journée. On peut sans bruit l’effacer, l’abaisser, la relever, admettre au bout de la journée, de la semaine, d’intelligentes compensations. (…) De toutes les manières dont un professeur consciencieux peut perdre son temps et sa peine, la plus évidente n’est-elle pas de passer des heures à relire des copies d’enfants en s’ingéniant à trouver des degrés où il n’y en a point, à mettre en balance, comme s’il s’agissait d’une affaire d’état (c’en est une en effet pour les rivaux et quelquefois pour leurs familles), des mérites qui souvent sont d’ordre différent, et par suite sans commune mesure ? Combien ce temps serait mieux employé en lectures et en travaux personnels par lesquels le professeur renouvellerait sa provision d’idées; combien même il serait plus utilement donné au repos, source de bonne humeur et de fraîcheur d’esprit ! (…)
Le classement linéaire comportera autant d’ex æquo que le professeur le jugera nécessaire. |
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Ainsi les trois notions essentielles de notre système d’appréciation des résultats scolaires, notions de composition, de note, de classement, doivent faire l’objet d’une triple révision, de trois réformes indissolublement liées, celle des procédés de notation servant d’instrument aux deux autres. Les travaux scolaires les plus formateurs sont ceux où la préoccupation de la note s’efface: maître et élèves avancent ensemble dans la découverte d’un texte, d’un raisonnement, d’une expérience scientifique, d’une activité sportive, d’une donnée de géographie humaine etc., et ce n’est qu’à regret que le fil est interrompu pour permettre les contrôles cependant nécessaires. Une pédagogie véritablement active réussit d’ailleurs, sans difficultés, à inclure le contrôle dans le champ même de l’élaboration des connaissances. Le contrôle permet en effet au maître d’orienter de manière plus efficace les directions de son action. Sans doute l’élève a-t-il besoin de voir son travail apprécié, ses efforts motivés et sa progression jalonnée. Sans doute les parents comme les autorités scolaires ont-ils le besoin d’informations précises. Il faut cependant éluder l’obsession de la note, presque aussi pernicieuse que l’obsession de la «place», comme l’ont observé depuis longtemps bien des maîtres expérimentés. À cet effet, il est bon d’abord de prendre conscience de la relativité de la note, et par suite d’écarter les procédés dont la précision apparente est trompeuse. La notation chiffrée de 0 à 20 peut être abandonnée sans regret. Une échelle convenue d’appréciation, libérée d’une minutie excessive, sera moins prétentieuse. En indiquant la zone dans laquelle l’élève se situe, on cerne déjà la réalité d’assez près, on évite de multiplier systématiquement les différences qui ne seraient pas confirmées par d’autres correcteurs, ni par le même correcteur à une autre époque. Des appréciations globales telles que «très satisfaisant», «satisfaisant», «moyen», «insuffisant», «très insuffisant», auxquelles on peut faire correspondre, si on le juge bon, les symboles A, B, C, D, E, ou 1, 2, 3, 4, 5, constituent donc un système non pas plus rudimentaire que le système traditionnel, mais plus rationnel et plus adapté aux données. Il sera bien entendu utile à l’élève que cette appréciation globale s’accompagne d’annotations plus détaillées, (concernant par exemple l’orthographe, l’ordre, le vocabulaire, la syntaxe, la précision, l’habileté, les facultés de raisonnement, l’invention, le sens artistique, etc.) Ces modalités techniques de notation –pour lesquelles il n’existe pas de formule unique qu’il conviendrait d’imposer– ne doivent pas faire oublier la préoccupation essentielle: ramener la note à son rôle utile sans avoir à le payer par trop d’inconvénients. Il faut en particulier éviter de la «dramatiser». Or, lorsque les notes attribuées par chaque maître à des exercices isolés au cours du trimestre ou du semestre –les compositions traditionnelles– figurent distinctement sur le bulletin de fin de trimestre ou d’année, la dramatisation est inévitable. Aussi bien se préoccupe-t-on depuis longtemps des difficultés nécessairement rencontrées par les conseils de classe si le sort de l’élève doit être lié à un résultat aussi aléatoire que la «moyenne générale» des notes de «composition». Les maîtres savent bien qu’il n’est pas raisonnable de prétendre apprécier le travail de toute une année en se fondant sur les notes de trois exercices écrits seulement. L’article 3 de l’arrêté du 30 décembre 1964 (qui concerne les élèves de première) a cherché à remédier à l’insuffisance de la «moyenne générale» en invitant les conseils de classe à tenir compte «des autres éléments d’appréciation concernant le travail, les aptitudes et le comportement général de l’élève en classe de première, ainsi que l’évolution de sa scolarité depuis son entrée en seconde». Une circulaire du 5 mars 1965 devait ensuite insister sur cette idée, une autre, du 6 juin 1967, préciser fermement «qu’en aucun cas le sort d’un élève ne doit dépendre de la note globale obtenue en faisant la moyenne des notes obtenues aux compositions». Ce principe, posé pour les élèves de première, est valable pour tous. Dès maintenant, il est recommandé aux chefs d’établissement et aux enseignants, professeurs et instituteurs:
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