Débat - Démographie et catégories ethniques

Les nouvelles catégories d’analyse des populations immigrées et de leurs enfants en démographie :
" assimilation " et " population de souche "

Sandrine Bertaux

Le premier numéro de Population (1946), revue du jeune Institut national d’études démographiques (I.N.E.D.), présente une enquête consacrée à l’assimilation des Russes et des Arméniens. En 1995, au moment de son cinquantenaire, l’I.N.E.D. rend public les résultats d’une enquête sur l’assimilation des populations d’origine étrangère, intitulée Mobilité Géographique et Insertion Sociale (M.G.I.S.) et effectuée en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (I.N.S.E.E.).

Les deux enquêtes reposent sur une problématique commune: mesurer l’assimilation des populations immigrées et de leurs enfants nés en France. Pendant les années qui séparent les deux recherches, la notion d’assimilation est tombée en désuétude pour être remplacée par des termes comme adaptation, insertion puis intégration. Pourquoi assiste-t-on aujourd'hui au retour de la notion d'assimilation comme catégorie d'analyse en démographie pour l'étude des populations immigrées et celle de leurs enfants?(1)

Le concept d’assimilation: un paradoxe scientifique en démographie

L’enquête publiée sous la forme d’un article dans le premier numéro de Population en 1946(2) a été réalisée dans le cadre de la Fondation pour l’étude des problèmes humains fondée en 1941 par Alexis Carrel. Ce dernier avait obtenu le prix Nobel de médecine en 1912 et avait effectué sa carrière à la Fondation Rockefeller aux États-Unis. En 1935 il fait paraître, simultanément en français et en anglais, un ouvrage, L’homme, cet inconnu, prônant des idées eugénistes et qui devint un best-seller.

Or, l’article 8 des statuts l’I.N.E.D. – créé par l’ordonnance du 24 octobre 1945 –, stipule que celui-ci " est substitué de plein droit à la Fondation française pour l’étude des problèmes humains dans le bénéfice des locations et des réquisitions afférentes aux locaux de cette dernière ". En réalité, le nouvel institut hérite non seulement des bâtiments mais aussi de la plupart des chercheurs et du personnel administratif et technique(3), ainsi que de l’esprit tant souhaité par Alexis Carrel qui se traduit par la parution d’un Cahier consacré à l’Eugénique(4). Cela permet d'entreprendre la publication d’enquêtes réalisées dans le cadre de cette Fondation mais aussi d’inscrire l’immigration dans un programme de démographie qualitative dont l’assimilation est la clé de voûte. Dans un article " Le facteur ‘ qualité ’ en démographie ", Jean Sutter inscrit dans les objectifs à poursuivre par la section " démographie qualitative " à l'I.N.E.D., notamment la réalisation " d'études approfondies des facteurs d’assimilation des immigrants "(5). Les idées eugéniques transposées à l’étude de l’installation de populations étrangères en France, posent d’emblée l’idée du " choix des immigrants "(6). En effet, la venue d’immigrés étrangers doit s’élaborer dans une perspective qui ne risque pas " de changer les valeurs physiques, spirituelles et morales auxquelles nous tenons "(7). Robert Gessain préconisait d’ailleurs pour écarter " tout risque de modifier profondément la population française  et  tout déboire du point de vue culturel "de " rechercher des immigrants dont ‘ le type ethnique ’ est déjà représenté dans la ‘ mosaïque française ’ "(8).

Par ailleurs, l’I.N.E.D. s’intéresse à l’immigration d’un point de vue quantitatif, replacé dans le " problème de la population " qui fait de la France l’un des pays occidentaux les plus avancés " dans la voie du vieillissement qui précède le dépeuplement "(9). Une augmentation de la natalité n’y suffirait pas à elle seule, l’immigration est considérée comme le palliatif de la faible fécondité française. Ainsi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’immigration doit prendre un caractère de peuplement : " les étrangers ainsi venus en France doivent y rester, y procréer de futurs Français, tenir dans notre population la place de tous ces Français qui y manquent "(10). L’immigration se pose donc comme une question démographique qui se situe au-delà de la simple logique économique. (11).

Cette préoccupation relative aux " conséquences de l’affaiblissement quantitatif et qualitatif de la population française "(12) est inscrite dans les statuts même de l’Institut, qui en vertu de l’article 2, se voit donner comme mission, l’étude de: " tous les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ".

La fonction de l’I.N.E.D. est, selon son directeur, " d’éclairer le choix des autorités responsables et d’informer librement et objectivement l’opinion "(13). En effet, Alfred Sauvy souhaite que l'I.N.E.D. participe à une politique d'immigration qui prendrait en compte aussi bien les préoccupations économiques que démographiques. Il faut éviter d’après lui les erreurs du passé illustrées par le cas des Polonais introduits par les entreprises privées et " qui ont donné les moins bons résultats du point de vue de l’assimilation "(14).

L’enquête sur l’assimilation des Russes et des Arméniens a porté sur un faible échantillon réparti sur deux sites: Issy-les-Moulineaux pour les Arméniens et Clamart et Petit-Clamart pour les Russes. Le fait même d’avoir publié les résultats de cette enquête indique bien les présupposés théoriques qui vont " habiller " durablement la notion d’assimilation.

L’enquête M.G.I.S. (15) est effectuée dans un tout autre contexte. D’une part, l’immigration est devenue un enjeu politique central dans les débats politiques, vingt ans après la fermeture des frontières à une immigration de travailleurs ; d’autre part, les enquêtes en sciences sociales et humaines et plus généralement, de travaux qualitatifs, se sont multipliés. L’enquête M.G.I.S. prend le parti de donner un cadre quantitatif aux études qualitatives menées sur l’intégration des immigrés et de leurs enfants. À cette fin, elle s’appuie sur le recensement de 1990 pour construire un échantillon aléatoire distinguant la population immigrée, des jeunes d’origine étrangère nés en France, et une population témoin " représentative de la France entière ". Elle porte sur près de 13 000 personnes.

Pourtant, malgré ces différences de contexte, de constitution et de taille des échantillons, l’utilisation de la notion d’assimilation implique une forte convergence des deux enquêtes quant au questionnaire d’enquête et à la construction de catégories " ethniques ".

La transposition de la notion d’assimilation comme catégorie d’analyse scientifique opératoire en démographie repose sur l’idée que l’on peut mesurer le processus d’assimilation des immigrés et de leurs descendants nés en France. Or, le suivi des migrants étrangers, en tant que groupe reproductible, impose dès lors un préalable méthodologique concernant la définition de la population étudiée. En effet, compte tenu des dispositions juridiques relatives à l’acquisition de la nationalité française, les immigrés et leurs descendants nés sur le territoire français peuvent acquérir la nationalité française soit au cours de leur vie, soit dès la naissance. Cela implique que la catégorie juridique distinguant les Français des étrangers ne soit pas efficiente pour suivre cette population. Les deux enquêtes s’accordent pour récuser les catégories juridiques en vue de l’étude du processus d’assimilation. En 1946, il est dit que " la notion juridique de nationalité s’avère trop étroite, étant donné l’état actuel des études biologiques "(16). De même en 1995, " la notion de population étrangère ne saurait repérer, même approximativement, les immigrés et leurs descendants, en raison notamment des dispositions du code de la nationalité française "(17). En revanche, intégrer dans l’étude les personnes ayant acquis la nationalité française relève d’hypothèses différentes dans les deux enquêtes. Dans celle parue en 1946 les auteurs constatent " qu’un étranger biologique naturalisé peut n’être qu’imparfaitement assimilé ; le soustraire à notre étude eût été en fausser les résultats "(18). En 1995, il est écrit que " les sorties d’observation par acquisition de la nationalité ne sont pas neutres. Lorsque les résultats servent à évaluer l’assimilation des personnes immigrées résidant en France, ne pas tenir compte de celles qui sont devenues françaises aboutit nécessairement à écarter les populations qui sont en moyenne les mieux assimilées. (...) Les retours au pays posent un problème comparable, à la différence près qu’ils affectent sans doute au contraire des personnes moins bien assimilées que la moyenne "(19).

Dès lors, le migrant entre en France avec des caractères propres et ses descendants nés dans le pays d’accueil en sont les héritiers. L’enquête publiée en 1946 parle " de Russes et d’Arméniens biologiques " et implicitement en 1995, le migrant serait porteur de caractères socioculturels qu’il transmet à ses enfants. Mesurer le processus d’assimilation est donc indissociable de la création de nouvelles catégories " ethniques " qu’elles soient connotées biologiques ou socioculturelles(20). Car le concept d’assimilation suppose d’emblée l’existence d’un groupe allogène à la nation française. Cette allogénéité catégorisée est quantifiable et l’assimilation réussie est celle qui peut mesurer le degré de perte de cette allogénéité. Elle renvoie donc immédiatement à une comparaison avec la population de référence, elle même réduite à des critères de mesure de sa " naturalité ": la " population de souche ". Cette dernière est donc considérée comme ethniquement homogène et correspond à un cadre national. L’enquête parue dans le premier numéro de Population a été rassemblée avec d’autres dans une publication de la collection Travaux et Documents de l’I.N.E.D. (21). Ces travaux ont été réalisés entre 1941 et 1945, et selon Alfred Sauvy, " en prévision du moment où la France serait en paix et libre de choisir sa politique "(22). Certains proviennent de la Fondation Alexis Carrel, d’autres de l’Équipement national. Plusieurs articles viennent souligner la réalité d’un " alliage français "(23), insistant sur le fait que " la France n’est point un agglomérat quelconque de types physiques quelconques, mais présente une spécificité ethnique "(24). La comparaison du groupe allogène au groupe naturel part du présupposé conceptuel d’existence d’un groupe naturel. En 1995, c’est une donnée calculée par rapport à un échantillon témoin : " la condition des immigrés ne peut être appréciée que par comparaison à celle des Français de souche "(25). Certes la comparaison entre personnes nées hors de France avec des personnes nées en France permet de mettre en valeur l’insertion d’une population nouvellement implantée en France. Pourtant il ne s’agit pas que de cela, mais bel et bien d’une comparaison des enfants d’immigrés avec les enfants de Français, tous nés en France. Ainsi selon les chercheurs, " On a simplement construit un échantillon de résidents âgés de 20 à 59 ans dont les Français de souche constituent l’essentiel. Cet échantillon comprend quelques immigrés ou enfants d’immigrés qu’on peut facilement écarter de l’analyse "(26).

L’assimilation est donc la convergence des comportements du premier groupe vers le second. La mesure du processus d’assimilation, malgré une cinquantaine d’années d’écart, et avec une acclimatation temporelle, repose sur les mêmes critères. Ainsi en 1946, les " phénomènes d’assimilation " étaient divisés en " phénomènes d’assimilation psychologique " et " d’assimilation sociale ". En 1995, en " sphère privée " et en " sphère publique "(27). On y retrouve dans les deux cas, la connaissance du français et la déperdition des langues d’origine, la scolarisation des enfants, les pratiques matrimoniales, les réseaux de sociabilité des parents et des enfants, les pratiques religieuses, la mobilité sociale et le lien national avec la France. Le métissage, c’est-à-dire, le mariage d’un immigré ou d’un enfant d’immigré avec un " français(e) de souche " est qualifié en 1946 de " grand facteur d’assimilation " et en 1995, celui entre un enfant d'immigré avec un conjoint dont les deux parents sont nés en France, de " degré de mixité maximal "(28). En effet, et selon les analyses des deux enquêtes, c'est au sein des couples mixtes que le modèle de comportement sociodémographique du pays d’accueil domine, et chaque critère voit une convergence plus forte dans ce cas-là.

L'extrapolation des résultats de l'enquête publiée en 1946 repose sur le fait que " certains caractères observés chez quelques individus seulement (...) ne sont que la traduction chez l'individu de la psychologie du groupe auquel il appartient "(29). En revanche, en 1995, la taille et la construction de l'échantillon classent l'enquête M.G.I.S. parmi les études quantitatives.

Cependant, la mesure de l’allogénéité relève avant tout d’un paradoxe scientifique : peut-on mesurer une population selon des critères qui différencient l’allogène du national, tout en sachant que cette dernière population est elle-même, selon les démographes, une population constituée par un apport démographique important des populations immigrées ? (30). Cela signifie implicitement que les populations immigrées et leur descendance ont été assimilées, c’est-à-dire qu’elles ont perdu tout caractère particulier pour s’aligner sur les comportements démographiques et sociologiques nationaux sans toutefois avoir, pour leur part influé sur ces comportements de façon significative. Dans ce sens, les mesures régulières de l’assimilation tendraient à s’interroger sur le fait que les nouveaux venus, derniers arrivés, ne seraient pas assimilables au même titre que les populations qui se sont précédemment installées.

Les catégories ethniques : une application différentielle

L’assimilation étant indissociablement liée à l’ethnicité pour une question de méthodologie, elle l’est aussi pour des raisons de soupçons d’inassimilabilité de certaines populations. Or l’application différentielle selon les populations de la variable ethnique tenue pour primordiale nous révèle en second lieu, la fragilité scientifique de cette catégorie qui ne repose pas sur une définition claire. Le Dr Gessain définit en 1946, la notion d’ethnie comme " un groupement naturel caractérisé essentiellement par une conscience d’appartenance, par certaines limites géographiques, généralement une seule langue, et par un pourcentage caractéristique de certains types raciaux. C’est, on le voit une notion culturelle et sociologique "(31). Il attend néanmoins un progrès de la "science anthropologique" afin de déterminer des zones ethniques homogènes(32). Dans l’enquête M.G.I.S., la notion d’ethnie donne lieu à deux catégories : " l’appartenance ethnique " qui est fondée sur la langue et " l’origine ethnique " qui qualifie les enfants d’immigrés, dits de même origine ethnique que leurs parents. Ces questions ne sont donc pas posées directement mais déduites des réponses faites à la langue maternelle et au lieu de naissance des parents. Toutefois la définition de l’ethnie par la langue maternelle, reste pour les auteurs insuffisante en ce qui concerne certains lieux de la planète : " la réalité ethnique en Afrique ne correspond pas toujours à la langue maternelle et une grande amélioration, dans une prochaine enquête, serait ‘ d’oser ’ demander directement l’ethnie "(33).

En effet, pour les enquêtes des années quarante, tout comme celle de 1995, l’ethnicité ne se pose que pour les populations extra-européennes, ou plutôt, seuls les pays européens ont une base ethnique qui correspond au cadre national(34). Les Documents sur l’immigration publiés en 1947 comprennent des études sur des Russes et des Arméniens, des Danois, des Polonais et des Nord-Africains. La subdivision ethnique ne s’applique qu’aux Nord-Africains, composés d’Arabes et de Berbères ; ces derniers étant eux-mêmes différenciés entre Chleuhs et Kabyles. Cependant, avec l’Algérie française et les protectorats marocain et tunisien, la France ne peut rejeter ces populations sans déstabiliser sa politique d’expansion territoriale. La distinction entre Berbères et Arabes, permet de considérer les premiers comme plus assimilables que les seconds, du fait qu’ils " furent profondément christianisés "(35) et qu’ils sont restés à l’écart de la civilisation musulmane. Cette proximité culturelle du Berbère se traduit par une valeur professionnelle différentielle selon les groupes : " une discrimination est à faire entre les éléments Berbères et Arabes : les premiers représentent une supériorité jamais démentie et indéniable sur les seconds ; et pour ces derniers seuls se trouve vérifiée l’opinion suivant laquelle la valeur de l’ouvrier nord africain est inférieure à celle de l’ouvrier européen ". Une distinction plus subtile encore s’établit entre le Chleuh " souple et discipliné (...). Diligent et consciencieux (...). Robuste et sobre (...). Plus stable que le Kabyle ou l’Arabe et toujours d’une honnêteté scrupuleuse " et le Kabyle qui " présente avec moins de force les mêmes caractères et sa valeur est sans conteste légèrement inférieure ". Pour en conclure " qu’autant le Berbère fait l’unanimité sur sa valeur, autant l’Arabe l’a fait sur sa médiocrité. (...). Le Tunisien est de tous les Arabes celui que les employeurs relèguent à la dernière place de l’échelle des valeurs "(36). Les Tunisiens cumulent à la fois une quasi-absence de Berbères et le premier parti moderne à lutter contre la colonisation sous l’égide de Bourguiba. La distinction Arabes/Berbères permet d’établir des degrés de potentiel d’assimilation selon les populations et de nier les trois entités nationales qui composent l’Afrique du Nord. Ainsi les études sur l’assimilation et les catégories ethniques sont étroitement liées à la politique extérieure de la France(37).

Dans l’étude de l’assimilation, nous l’avons vu l’opérateur suprême est le métissage par le biais du mariage mixte. Or dans ces études des années quarante, alors que pour les mariages unissant un Européen(ne), Polonais, Italien, avec une personne d’une autre nationalité, les nationalité des femmes sont détaillées. En revanche, pour les mariages des Nord-Africains avec une femme étrangère à leur groupe, la nationalité de ces femmes n’est pas, le plus souvent, détaillée mais fondue en une seule catégorie de femmes " Européennes ".

Une cinquantaine d’années plus tard, l’enquête M.G.I.S. propose, pour sa part, une subdivision des " pays de naissance " en " appartenance ethnique ". Outre le fait que le " Sud-est asiatique " et " l’Afrique noire " soient considérés comme des pays de naissance, alors que ce ne sont que des régions géographiques, on constate que seuls le Portugal et l’Espagne n’ont pas de subdivision ethnique. L’application de la variable ethnique se trouve en contradiction avec la volonté d’en faire une variable primordiale puisqu’à propos de la " composition ethnique du quartier " résidentiel, la question est formulée en termes de " compatriotes " et " ex-compatriotes ". Il y a donc une contradiction entre la volonté de distinguer des sous-groupes à certaines nationalités et dans même temps, les replacer dans un contexte de nationalité.

Enfin, l’appartenance ethnique définie par la langue maternelle ne peut recouvrir toutes les appartenances multiples " socioculturelles " d’un individu. Pour ne citer qu’un exemple, celui de la Turquie, " pays de naissance " divisé en " Turc ", " Arménien ", " Kurde " et " Autres ", la catégorie Turc est extrêmement disparate entre des personnes se rattachant au courant religieux alévi, d’autres au sunnisme, et ne peut rendre compte d’une unicité. De même, les Arméniens peuvent être de confessions diverses. Le rattachement confessionnel peut entraîner des pratiques culturelles différentes à l’intérieur d‘un même groupe considéré par ailleurs comme " ethnique ". La langue maternelle est donc une variable parmi d’autres pour rendre compte des niveaux d’appartenance d’un individu. L’enquête M.G.I.S. n’a pas obtenu l’autorisation de la C.N.I.L. de poser des questions relatives à la confession, qui de toute manière, si cela avait été le cas aurait multiplié les groupes " ethniques ", en incluant d’autres variables à l’infini. En effet, la définition de l’ethnicité entendue comme entité figée et non pas dynamique " aux frontières "(38), interdit la multiplicité des niveaux d’appartenance. Ces divisions qui se veulent ethniques sont donc imprécises et incomplètes. Mais surtout, pourquoi exclure – si la catégorie ethnique est fondée sur la langue maternelle – les pays européens de ces subdivisions, alors même que Catalans et Basques, Bretons et Corses par exemple, ont une langue maternelle et pour certains reconnue officiellement ? Ainsi, compte tenu de la difficulté de la construction des catégories ethniques, leur utilisation comme variable primordiale perd de sa pertinence. Il semble bien alors que son objet soit avant tout la confrontation de cette ethnicité informelle à l’ethnicité française formalisée par un cadre national et étatique. L’ethnicité est avant tout pensée pour les non Européens lorsque l’on se place du point de vue du pays d’accueil.

Mais ceci ne suffit pas à expliquer le recours en 1995 à la notion d’assimilation qui se trouve réhabilitée après une période de disqualification.

Émergence de nouveaux courants migratoires et disqualification du concept d’assimilation

En 1953-1954, l’I.N.E.D. publie, avec le soutien de l’U.N.E.S.C.O., deux tomes dans la collection Travaux et Documents consacrés à l’adaptation des immigrés et à l’attitude des Français envers ces derniers(39). Ces publications marquent un tournant dans l’analyse démographique des immigrés.

" Le problème d’assimilation culturelle des immigrés " est le titre de l’introduction du premier tome rédigé par Jean Stoetzel et Alain Girard, dans laquelle les auteurs soulignent l’aspect " obscur " du concept d’assimilation. Selon eux, " des définitions provisoires ont été avancées mais il s’agit moins (...) de préciser le contenu du phénomène que d’expliciter le résultat qu’il leur paraît souhaitable d’obtenir "(40).

L’assimilation est donc plus une méthodologie, qu’un concept. Robert Gessain proposait d’ailleurs surtout une méthode et des objectifs. La méthode se résume en " l’établissement de généalogies " afin de " savoir comment avaient évolué ces familles pendant un siècle, suivre le devenir biologique de petits groupes humains s’incorporant à une grande nation ". L’objectif final est lui-même de " préciser d’autant la notion encore si peu claire, de ‘ l’assimilation ’ "(41).

Par ailleurs, la notion d’assimilation vise avant tout l’étude des enfants d’immigrés nés en France plus que les immigrés eux-mêmes parce qu’elle est " impropre à définir les transformations que subissent les immigrants dans leur nouvelle résidence. Cette proposition appelle un correctif : les difficultés qu’ils connaissent, les obstacles externes et internes qu’ils ont à surmonter, sont inconnus de leurs enfants "(42). Les auteurs soulignent que " sans doute, peut-on parler à bon droit "d'assimilation" pour les enfants "(43).

Aussi, les auteurs proposent " d’aborder de nouvelles recherches , avec des méthodes nouvelles, en partant non de l’idée obscure d’assimilation, mais de l’observation directe des populations étrangères au contact des populations autochtones "(44). À partir de ce moment-là, les termes utilisés seront ceux d’adaptation, d’insertion et d’intégration. Les auteurs rompent avec les études précédentes sur l’assimilation. En effet, ils soulignent que " parler d’assimilation, c’est postuler, semble-t-il, une transformation radicale du sujet assimilé, condamné en quelque sorte à changer ou à périr. Quand on ajoute l’adjectif ‘ culturelle ’ c’est supposer que le phénomène n’est pas d’ordre physique ou biologique mais se développe dans le psychisme "(45). Désormais, l’analyse démographique des populations immigrées, à l’instigation surtout d’Alain Girard, se fera selon une approche socioculturelle. Ce changement d’orientation avait été préparé, notamment avec la publication d’un ouvrage en collaboration avec l’U.N.E.S.C.O. sur L’assimilation culturelle des immigrants en 1950(46).

La disqualification de la notion d’assimilation relève-t-elle de l’aspect "obscur" du concept ou est-elle à mettre en relation avec les nouveaux courants migratoires ?

Jusqu’au milieu des années cinquante, on croit à la venue de population étrangère européenne, d’Italie notamment, considérée comme la principale source d’immigration possible. Par ailleurs, l’immigration en provenance d’Algérie est alors considérée comme une immigration intérieure " propre à réduire dans une certaine mesure, les besoins d’immigration en provenance étrangère ".

La prise de conscience que l’immigration ne sera pas européenne (Italie, Espagne) a pour effet l’abandon de l’assimilation, comme méthode d’analyse. Mais paradoxalement, la notion d’assimilation reste déterminante dans l’orientation des recherches démographiques.

Les débuts de la guerre d’Algérie vont entraîner une quasi-absence d’études concernant l’immigration jusqu’en 1961. Les travaux sur l’immigration sont relancés à partir de cette date mais surtout sous la forme d’une chronique annuelle ce qui réduit indéniablement la place accordée à ce sujet parmi les articles de Population. En 1962, le dernier article d’Alfred Sauvy dans Population est révélateur de la nouvelle problématique du Tiers Monde, terme forgé par ses soins, dans laquelle l’étude de l’immigration va s’inscrire.

Cette nouvelle thématique des nouveaux flux des " pays peu développés vers les pays développés "(47) oriente le choix des articles et des publications de l’I.N.E.D., sur le thème de la " distance culturelle ". L’absence d’études consacrées spécifiquement à l’immigration portugaise, première nationalité étrangère en France aujourd’hui, indique que l’I.N.E.D. ne suit en aucun cas une problématique en termes quantitatifs. Il n’y a donc pas d’étude des courants migratoires dominants mais de courants appelés à grossir. Or une sélection s’opère dans le choix des courants migratoires à étudier sur ce que l’on peut appeler la " visibilité " des migrants. Jean Stoetzel et Alain Girard s’en expliquent : " l’étranger qui émigre vers la France ou vers tout autre pays n’a pas un visage indistinct. L’accueil qui lui est réservé varie, dans une large mesure selon ses origines. Il peut appartenir à une race différente, être ‘ un homme de couleur ’, il peut au contraire, ne se distinguer en rien des autochtones de son aspect physique "(48). Cette orientation des études fait que les populations originaires des DOM-TOM français sont parfois inclues dans l’analyse démographique de l’immigration.

Malgré cette nouvelle problématique, l’Afrique du Nord ne retrouve pas pour autant ses composantes nationales puisque les trois pays qui la compose sont de nouveau fondus dans une entité supranationale : le Maghreb, alors que du seul point de vue démographique ils ont des évolutions différenciées(49). Alain Girard annonçant l’abandon du concept d’assimilation qui implique forcément l’abandon des catégories ethniques prône un recentrage sur l’origine nationale des immigrés : " les rapports psychosociaux qui s’établissent entre nationaux et immigrants ne sont sans doute pas les mêmes selon la nationalité d’origine de ces derniers. Il y a donc lieu de rechercher les différences qui se manifestent et de se demander s’il s’agit de différences essentielles ou de nuances plus ou moins marquées d’une situation semblable. En tout cas les relations sociales réciproques devront être étudiées successivement en fonction des origines nationales de chaque groupe d’immigrants "(50). Ce n’est pourtant pas ce qu’il fait puisque seuls les Nord-Africains ne sont pas déclinés en nationalité. Or cette orientation est subordonnée à l’importance que prend la mesure de l’opinion publique à l’I.N.E.D.. Dès les premières années, l’I.N.E.D. mesure le sentiment des Français à l’égard des immigrés où seuls les non-Européens ne sont pas déclinés en nationalité. En effet, dans le sondage mené en 1971, Alain Girard reconnaît que " le terme de groupe n’est pas tout à fait exact, pas plus que celui de peuple ou de nationalité ". Comme dans les recherches précédentes, on a en effet dressé une liste où figurent sans distinction de nationalité, les " Nord-Africains " et les " Africains noirs ", le public ne distinguant pas clairement entre Algériens, Marocains et Tunisiens, entre Sénégalais et Maliens, par exemple "(51). Et c’est justement vis-à-vis de ces deux derniers groupes que les sympathies des Français sont les plus faibles. C’est dans ce même sondage qu’Alain Girard introduit la notion du "seuil de tolérance". Néanmoins, le nouveau sondage et dernier sur cette question publiée dans Population, élaboré en collaboration avec Yves Charbit et Marie-Laurence Lamy effectué en 1974 révèle que ce seuil de tolérance n’a pas de correspondance avec la réalité numérique(52).

Cette question de la " visibilité " est bien celle qui va orienter l’analyse démographique des années quatre-vingt jusqu’à aujourd’hui et va permettre le retour de la notion d’assimilation. Michèle Tribalat effectue une synthèse entre l’opinion publique et la " visibilité " de certains migrants : "les dénombrements de population étrangère sont critiqués puisqu’ils indiquent une stabilisation contraire à la " réalité perçue " par l’opinion publique"(53).

C’est dans sa volonté de dépasser " la contradiction entre la réalité sociologiquement perceptible et le chiffre de population étrangère <qui> provient de ce qu’on essaie, à travers l’évolution du nombre d’étrangers, de rendre compte de l’ensemble beaucoup plus vaste de la population résultant de l’immigration "(54) que Michèle Tribalat propose de nouvelles catégories d’analyse de l’immigration.

Cette visibilité sociologique n’est pas définie et renvoie à un important débat : faut-il prendre en compte la perception par les individus d’un phénomène lors d’une construction scientifique d’un objet de recherche ou au contraire, rompre avec le sens commun ?

L’immigré est alors défini comme une personne née étrangère à l’étranger. Il peut avoir acquis la nationalité française ou avoir gardé sa nationalité de naissance. Michèle Tribalat propose de compléter l'étude de l'immigration à l'aide de nouvelles catégories d’analyse : la population d’origine étrangère et celle des Français de souche. La définition des " Français de souche " reste vague : le glossaire de l’enquête M.G.I.S. nous dit " toute personne née en France de parents eux-mêmes nés en France ". D’un point de vue historique, pendant la période de colonisation, si l’on prend l’exemple de l’Algérie cela signifierait stricto sensu que les enfants de parents nés en Algérie, alors divisée en départements français y sont inclus. Or ce n’est pas le cas puisque ces parents sont comptabilisés parmi les " Français musulmans ". Faut-il dire " né en France de parents nés en France métropolitaine ? ". Cela exclut dès lors les populations des DOM-TOM, appartenant à la communauté nationale. Ce ne serait que par effet de miroir avec la catégorie des personnes d’origine étrangère " nés en France d’au moins un parent immigré " que l'on obtiendrait la " population de souche ". En effet, on ne peut dissocier l'analyse des populations d'origine étrangère et celle des populations de souche de l'acception qui en est faite par chaque pays à un moment donné(55).

Abdelmalek Sayad soulignait récemment que l'immigration avait d'abord été un " objet social avant d'être un objet de sciences sociales "(56). Mais les travaux sur l'immigration éprouvent des difficultés à construire cet objet de recherche indépendamment des enjeux théoriques et politiques nationaux. Ne serait-ce pas parce que ce sont les enfants d'immigrés nés en France qui sont objet de recherche sous couvert de l'étude des immigrés ?

La notion d'assimilation nous renseigne plus sur l'idéologie conquérante scientiste et coloniale qui l'a vue naître, que sur l'immigré, l'étranger ou le colonisé. L'appareil méthodologique qui la sous-tend trahit une tentation différentialiste, où sens et essence sont intimement liés.

Sandrine Bertaux


(1) Cet article est le fruit d’un mémoire de D.E.A. : Morphologie d’un mythe ? Analyse des catégories démographiques concernant les populations immigrées et leurs enfants, de 1945 à 1995, sous la direction d'Hervé LE BRAS, E.H.E.S.S., 1996. Le corpus retenu comprend les articles parus dans la revue Population et les Cahiers de la collection Travaux et Documents diffusés par les P.U.F. depuis leur création en 1946, les articles parus dans le bulletin Population & Sociétés depuis son existence en 1968, ayant tous pour objet l’immigration.
(2) Robert GESSAIN et Madeleine DORE, " Facteurs comparés d’assimilation chez des Russes et des Arméniens ", Population, n° 1, janvier-mars 1946.
(3) Alain GIRARD, L’Institut national d’études démographiques. Histoire et développement, I.N.E.D., Paris, 1986. Alain Girard est lui-même un ancien de la Fondation, tout comme (entre autres) Jean Sutter, Robert Gessain, Madeleine Doré, Paul Vincent et Hélène Bergues qui ont tous publiés sur l’immigration.
(4) Jean SUTTER, L’Eugénique. Problèmes, méthodes et résultats, Cahier n° 11, Paris, P.U.F., 1950. Voir à propos du projet eugénique à la Libération : Laurent THEVENOT, "La politique des statistiques : les origines sociales des enquêtes de mobilité sociale ", Annales E.S.C.. , n° 6, novembre-décembre 1990.
(5) Jean SUTTER, " Le facteur ‘ qualité en démographie ’ ", Population, n° 2, avril-juin 1946.
(6) Jean SUTTER, L’Eugénique, op. cit. p. 30.
(7) Louis CHEVALIER " Principaux aspects du problème de l’immigration " in Documents sur l’immigration, Cahier n° 2, Travaux et Documents, Paris, P.U.F., 1947. p. 13.
(8) Robert GESSAIN, " Données anthropologiques " in Documents sur l’immigration, op. cit.
(9) " Introduction ", Population n° 1, janvier-mars, 1946. L’introduction n’est pas signée mais elle est probablement de la main d’Alfred Sauvy.
(10) Paul VINCENT, " Vieillissement de la population, retraites et immigration ", Population n° 2, avril-juin 1946.
(11) Voir à ce propos, Patrick WEIL, La France et ses étrangers. L’aventure d’une politique d’immigration 1938-1991, Fondation Saint-Simon/Calmann-Lévy, 1991.
(12) " Introduction ", Population, n° 1, 1946, op. cit.
(13) Alfred SAUVY, " Préface " in Alain GIRARD et Jean STOETZEL, Français et immigrés. 1. L’attitude française. L’adaptation des Italiens et des Polonais, Cahier n° 19, Travaux et Documents, 1953, p. XVI.
(14) Alfred SAUVY, " Préface ", in Une possibilité d'immigration italienne, Cahier n° 4, Travaux et Documents, 1947.
(15) L’enquête dirigée par Michèle Tribalat a fait l’objet d’un rapport final, Enquête mobilité géographique et insertion sociale, 1995, de deux ouvrages : Michèle TRIBALAT, Faire France. Une enquête sur les immigrés et leurs enfants, La découverte, 1995 ; Michèle TRIBALAT avec la participation de Patrick SIMON et Benoît RIANDEY, De l’immigration à l’assimilation. Enquête sur les populations d’origine étrangère en France, La découverte/I.N.E.D., 1996, ainsi que de nombreux articles.
(16) Robert GESSAIN et Madeleine DORE, " Facteurs comparés d’assimilation chez des Russes et des Arméniens ", op.cit.
(17) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op.cit. p.13.
(18) Robert GESSAIN et Madeleine DORE, " Facteurs comparés d’assimilation chez des Russes et des Arméniens ", op.cit.
(19) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op.cit. p. 13.
(20) Voir à ce sujet, Pierre-André TAGUIEFF, La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, Gallimard, 1990.
(21) Documents sur l’immigration, Cahier n° 2, Travaux et Documents, Paris, P.U.F., 1947.
(22) Alfred SAUVY " Préface ", in Documents sur l'immigration, op. cit.
(23) Louis CHEVALIER, " Principaux aspects du problème de l'immigration ", in Documents sur l'immigration, op. cit. Louis Chevalier citant M. de Longevialle.
(24) Robert GESSAIN, " Données anthropologiques ", in Documents sur l'immigration, op. cit.
(25) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op. cit.p. 277.
(26) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op. cit.p. 278.
(27) Michèle TRIBALAT (dir.), Faire France, op. cit.
(28) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op. cit.p. 85.
(29) Robert GESSAIN et Madeleine DORE, " Facteurs comparés d’assimilation chez des Russes et des Arméniens ", Population, n° 1, 1946.
(30) Paradoxalement, l’étude qui a préparé méthodologiquement l’enquête M.G.I.S. est celle qui porte sur l’apport démographique des étrangers : Michèle TRIBALAT (dir.) avec Jean-Pierre GARSON, Yann MOULIER-BOUTANG, Roxane SILBERMAN, Cent ans d’immigration, étrangers d’hier, Français d’aujourd’hui. Apport démographique, dynamique familiale et économique de l’immigration étrangère, Cahier n° 131, coll. Travaux et Documents, P.U.F., 1992.
(31) Robert GESSAIN, " Anthropologie et démographie ", Population, n° 3, juillet-septembre 1948.
(32) Robert GESSAIN, " Données anthropologiques ", in Documents sur l'immigration, op. cit.
(33) Michèle TRIBALAT (dir.), De l’immigration à l’assimilation, op. cit. p. 37.
(34) Voir sur la question Européens/non Européens et l'application différentielle des critères d'assimilation selon l'origine des populations : Hervé LE BRAS, Le sol et le sang, Éd. de l'Aube, 1994.
(35) André BERTHIER, " Les Berbères entre l'islam et l'Occident ", Population, n° 1, janvier-mars 1947.
(36) Robert SANSON, " Les travailleurs nord-africains de la région parisienne ", in Documents sur l’immigration, op. cit.
(37) Hervé LE BRAS, op. cit.
(38) Fredrick BARTH, " Les groupes ethniques et leurs frontières ", in Philippe POUTIGNAT et Jocelyne STREIFF-FENART, Théorie de l'ethnicité, P.U.F., 1995.
(39) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit.; Français et immigrés. Nouveaux documents sur l'adaptation, tome 2, Cahier n°20, Travaux et Documents, 1954.
(40) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit., p. 6.
(41) Robert GESSAIN, " Généalogies et assimilation ", in Documents sur l’immigration, op. cit.
(42) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit., p. 111.
(43) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit., p. 98.
(44) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit., p.7.
(45) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, op. cit. p.6.
(46) U.I.E.S.P., L’assimilation culturelle des immigrants, I.N.E.D./U.N.E.S.C.O., 1950.
(47) Alfred SAUVY et Claude MOINDROT, " Le renversement du courant d'immigration séculaire ", Population, n° 1, janvier-mars 1962.
(48) Jean STOETZEL et Alain GIRARD, Français et immigrés, tome 1, op. cit., p. 4.
(49) Sandrine BERTAUX, " Aspects démographiques " in Rôle des femmes dans les migrations : le cas du Maghreb et de la France, Rapport pour la Commission des Communautés Européenne, 1995.
(50) Alain GIRARD et Jean STOETZEL, Français et immigrés, tome 1, 1953, op. cit.
(51) Alain GIRARD, " Attitudes des Français à l'égard de l'immigration étrangère. Enquête d'opinion publique ", Population, n° 5, septembre-octobre 1971.
(52) Alain GIRARD, Yves CHARBIT ET Marie-Laurence LAMY, " Attitudes des Français à l'égard de l'immigration étrangère. Nouvelle enquête d'opinion ", Population, n° 6, novembre-décembre 1974.
(53) Michèle TRIBALAT, Cent ans d’immigration, 1991, op. cit., p. 5.
(54) Michèle TRIBALAT, Cent ans d’immigration, 1991, op. cit. p. 5.
(55) Hervé LE BRAS, " Dé-chiffrer l'étranger ", Le Monde Arabe dans la Recherche Scientifique, n° 6, printemps-été 1996.
(56) Hassan ARFAOUI, " Avec Abdelmalek Sayad ", Le Monde Arabe dans la Recherche Scientifique, n° 6, printemps-été 1996.
(57) Gérard NOIRIEL, Population, immigration et identité nationale en France (XIX-XXe siècle), Hachette, 1992.0