Médias, ou sites sur les médias.

 D eux sites d'analyse des médias selon moi fort instructifs, l'un généraliste, Tocsin, qui fait de bons dossiers sur les «questions de société» obsédant les médias — mais qui hélas ne continue plus son travail via Internet —, et un site plus orienté, Pénombre, qui s'intéresse surtout à l'usage des statistiques, par les médias, politiciens, administrateurs, mais cette interrogation débouche sur bien des choses qui semblent assez loin des «statistiques», mais le semblent seulement. En outre, les gens de Pénombre ont le bon goût de proposer, pour le plaisir du texte, des poèmes, des courtes proses ou des extraits d'auteurs qui leur ont plu.

Le site Périphéries, escales en marge, est la preuve qu'on peut faire un travail de qualité et de durée en étant peu nombreux, puisqu'il n'a que deux animateurs, Mona Chollet et Thomas Lemahieu, et avec des bonnes intentions — un imbécile, Gide je crois, a dit que ce n'était pas avec de bonnes intentions qu'on faisait de la bonne littérature, ce qui induisait plus ou moins que bonnes intentions et mauvaise littérature vont de pair; faites donc un tour sur le site de Périphéries et vous le verrez, bonnes intentions et bonne littérature sont compatibles… Et aussi, bonnes intentions et bon journalisme.

Une revue canadienne, je précise, québécoise et francophone, AO! Espace de Parole; je vous recommande tout particulièrement les choniques de Normand Baillargeon, de Martin Petit et de Michel Bernard; et parmi ces chroniques, notamment le «petit vademecum en cinq parties pour une pensée autonome», ou quelque chose du genre, intitulée Le petit cours d'auto-défense intellectuelle. Ce lien renvoie à la première partie, Pourquoi étudier la pensée critique ?, à partir de laquelle vous pourrez accéder aux autres, mais je vous conseille de lire toutes ses chroniques.

(Note ultérieure: il semble bien que le site de AO! Espace de la parole soit en rideau. Pour le reste, c'est un peu tard, mais pour les chroniques de Normand Baillargeon, vous les trouverez ici, dans mes «pages importées»).


Il y a toujours Acrimed et Le Magazine de l'Homme Moderne bien sûr, et pour les revues qui mettent certains ou beaucou de leurs textes en ligne, Politis et Le Monde Diplomatique (cela dit, achetez-les en librairie, sinon ils finiront par cesser de vivre). Il y a bien sûr Le Monde que je consulte beaucoup, mais qui n'a pas besoin de ma publicité…


Il existe quelques “e-médias” de quelque intérêt, quoi que parfois douteux (pas assez de recul sur ce qu'ils diffusent), tels 0+0 et son petit frère 0+0 Dr., plus orienté vers les informations médicales. Pour ceux obsédés par «la Toile», il y a LSI-Jolie (ça c'est du jeu de mot, si je m'y connais !…), beaucoup d'infos sur les lois, les actions et mobilisations pour «la Liberté sur la Toile» et autres choses plutôt solipistes, mais il y en a à garder. Bien sûr, ces sites renvoient vers d'autres où l'on trouvera des informations moins «pensée unique» que par ailleurs.


Si vous jetez un œil aux divers sites que je vous indique, vous penserez peut-être que j'ai une idée un peu bizarre quant à ce qu'est un média — ou médium. Ma foi, je ne sais pas. Pour moi, c'est simple: un média est tout instrument spécifique de communication — compte non tenu des médias stricto sensu, c'est-à-dire les appareils mêmes servant à communiquer — dont le but est la communication en soi. Par exemple, aussi riches soient en informations certains sites sur la programmation que j'ai l'habitude de visiter, je ne les considère pas comme médias à part entière, en ce sens que le but n'est donc pas de communiquer, mais justement d'informer. Disons que dans les «non médias», la subjectivité est en amont de la réalisation du contenu (le choix pour tels d'informer sur le langage Pascal ou Java, sur une entreprise, ou sur une passion), par contre, le contenu du «non média» est plutôt objectif. Relativement, bien sûr, mais tout de même. Tandis que pour ce que je désigne médias, c'est dans la réalisation même du contenu qu'on fait intervenir sa subjectivité, par le choix des sujets et/ou leur présentation. Quand la subjectivité est supposément en aval (du côté du récepteur du message), il s'agit de publicité ou de propagande — laquelle est un cas particulier de publicité.

Pourquoi je vous raconte ça ? Et bien, je vais vous conseiller un site que je considère être un média, le site de Jean Sur, mais il n'est pas dit que vous soyez d'accord avec moi, si vos modèles «normaux» de médias sont les télé, les radios et périodiques de presse de grande diffusion. Pour mon compte, je trouve que Jean Sur m'informe au moins aussi bien que ces médias-là, et qu'il communique mieux que la plupart d'entre eux; maintenant, sa subjectivité est beaucoup plus apparente. Mais si comme moi vous appréciez de vous informer à diverses sources, vous aurez constaté que l'«objectivité» des «grands» médias n'est que d'apparence. C'est une chose que l'on sait… objectivement, mais dont on a du mal à se persuader subjectivement. Si par exemple vous avez une certaine orientation sociale ou politique, vous percevrez assez aisément que les médias «de l'autre bord» ne sont pas très objectifs, mais tendrez à considérer que ce «de ce bord-ci» sont plutôt honnêtes et objectifs. Ce qui est faux, bien sûr, simplement, ils analysent le monde de la même manière que vous — ou vous de la même manière qu'eux. Quoiqu'il en soit, jetez donc un ou deux yeux sur le site de Jean Sur, selon moi il vaut le détour.


Un autre site personnel qui s'intéresse en partie aux médias, celui de Samuel Gessner, auquel on accéde par lien direct ou par lien redirigé. Je m'interroge sur la raison qui a motivé notre homme à choisir comme pseudonyme à son site le nom “www.shakespeare.fr.vu”. Et, pourquoi ce “.vu” final.