Constitution européenne, considération V
Il y a propagande et propagande…

 L a propagande… Un sujet qui m'intéresse beaucoup. J'y consacre d'ailleurs toute une rubrique. Ce n'est ni bon ni mauvais, on peut en dire simplement que ceux qui la font sont sincères ou ne le sont pas. Ou qui les font. Selon moi, il y a deux sortes de propagandes, celle du moyen et celle de la fin. Bien sûr, la «propagande du moyen» a une fin, mais elle part du point de vue que la fin ne justifie pas les moyens, les moyens ont leur propre justification, qu'on peut tenter de mettre au service d'une fin sans préjuger de leur adéquation. La «propagande de la fin» considère que «tous les moyens sont bons» pour atteindre à une certaine fin. Je mets la chose entre guillemets car factuellement même la propagande de la fin se limite dans ses moyens. Mais pas tant que ça…

Voici ce que je constate: depuis les débuts de cet assaut médiatique autour du traité soumis à notre vote le 29 mai 2005, les personnes qui nous demandent de voter “non” ont, chacune dans leur position (qui varie beaucoup d'un parti à l'autre), toujours le même discours, et s'appuient sur les mêmes articles du texte ou sur le même principe (pour le «“non” de gauche», essentiellement une remise en cause générale de la partie III); les personnes qui plaident pour le “oui” ont considérablement fait évoluer leur discours, et cela, non pas en fonction du texte, mais en fonction, d'une part de l'évolution du “non”, de l'autre de l'échec de leurs stratégies antérieures. Au début, si souvenez-vous en, ce qui était mis en avant était le “non” de droite «souverainiste» ou extrême, vers lequel on rabattait les partisans de gauche ou de la droite modérée d'un vote “non”; en outre, nos oui-ouistes postulaient qu'il y avait un «“oui” de gauche» et un «“oui” de droite»; hélas, il apparut de plus en plus, d'une part que le vote de «la droite de la droite» était assez minoritaire, peu crédible, et que son agitation n'empêchait nullement les intentions de vote “non” de progresser à gauche, et, tristement, non pas dans la «gauche de la gauche» mais dans l'électorat socialiste. Cela ne troubla pas nos oui-ouistes. Sans problème, à partir de la première intervention de Lionel Jospin, le discours changea du tout au tout: depuis, les “oui” de droite et de gauche sont réputés compatibles, et les “non” incompatibles. Quant aux souverainistes et à l'extrême-droite, ils ont disparu, au profit d'un discours sur les «utopistes». Tous les moyens sont bons…


Pour conclure sur cette page, je le répète je ne suis pas contre ce traité, et y suis même plutôt favorable, avec quelques aménagements. Voici mon problème: je ne puis donner ma confiance à des gens qui pensent que la fin justifie les moyens et que tous les moyens sont bons. C'est ainsi.