Un bon choix

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[En date du 20/04/2004]

 C' est une chose, de dire qu'on postule à la charge de «premier magistrat de France», encore faut-il donner à son électorat potentiel des raisons de croire qu'en vous désignant, il fera un choix judicieux. Je vais donc vous expliquer pourquoi je crois être, parmi mes concitoyens, une des personnes les plus à même de remplir cette fonction avec rigueur et efficacité.


La première raison, exposée dans mon programme, est que je ne me propose pas de défendre un modèle de société particulier. Je ne suis pas devin, si j'ai quelque idée de quel sera, en gros, l'état de la société dans les trois à dix ans si elle suis son erre, je n'ai aucune idée de ce qu'elle sera si elle suit une autre voie. Comme citoyen, j'ai certes mes idées et peux faire des propositions, mais comme président, je m'interdirai de privilégier quelque voie que ce soit, qu'elle n'ait l'assentiment de la majorité. Cette manière de faire — imposer d'en haut un modèle de société — a prouvé abondamment, depuis quelques décennies et particulièrement, en France, depuis 1986, son inefficacité. Cette méthode — la méthode «majoritaire» — a eu son intérêt lors de la phase de construction des institutions démocratiques, en France, en Europe et un peu partout dans le monde, entre la fin du XIX° siècle et le milieu du XX°, or, et de façon nette à partir de 1975 environ, cette phase est achevée, et plus personne ou presque ne remet en cause lesdites institutions en France — et dans beaucoup d'autres pays. Il serait amusant si ce n'était aussi néfaste, de constater l'écart entre le discours de tous ces politiciens et plus largement des divers régulateurs qui nous parlent incessamnent de «concertation», de «négociation», de «partenariat», d'«accord», et leur pratique qui est: quand je suis au pouvoir, on fait comme je décide, et silence dans les rangs. À remarquer que ce «silence dans les rangs !» s'applique autant à ceux «de la majorité» que «de l'opposition»: si la règle à l'Assemblée n'était pas la «discipline de parti», et si les députés votaient en fonction de leur conviction de la valeur des textes qui leurs sont soumis, il est à parier que la récente loi de «transfert de compétences» vers les régions n'aurait pas trouvé une majorité pour la voter: les élus de droite ne sont pas plus bêtes que ceux de gauche, et savent bien que s'ils retrouvent la présidence de certaines régions, telles la Lorraine ou l'Auvergne, dans six ans, ils auront à faire face à une situation encore plus difficile qu'aujourd'hui, et sans avoir les moyens d'y remédier. À considérer que malgré la très forte pression du système, il s'est tout de même trouvé 22 députés UMP pour avoir le courage de voter «en conscience», ce qui ne s'était jamais vu depuis que la mandature actuelle est en place.

La deuxième raison est que j'ai les qualités requises pour la fonction. Dans l'ancien système — ou l'actuel, puisque c'est encore celui qui nous régit — il fallait avoir des qualités différentes pour bien remplir la fonction: savoir commander, coordonner, être un bon tribun, savoir entretenir des réseaux «politiques»; par contre, nul besoin d'avoir des qualités intellectuelles particulières. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. C'est que dans l'état de la société, disons, vers 1950 et encore largement vers 1970, tous les moyens d'information était «centralisés», ce qui requérait, pour réguler la société, une organisation de type militaire, très hiérarchisée et bien sûr très centralisée. Or, les trois à quatre dernières décennies ont modifié la donne: actuellement, l'information est «décentralisée», on peut en n'importe quel point du monde, et pour autant qu'on dispose d'un appareil relié au très vaste réseau interconnecté de télécommunication, obtenir des informations «en temps réel» sur la situation en n'importe quel autre point du monde. Dans cette situation, les qualités requises d'un régulateur sont presque inverses et au moins différentes de celles valables précédemment, sauf sur le point se la coordination. D'abord, il faut donc avoir des qualités intellectuelles particulières, qui se résument en ceci: n'être spécialiste de rien et compétent en tout. C'est souvent ainsi: la société progresse par alternance de phases où les régulateurs doivent être des «chefs militaires» et de phases où ils doivent être des «humanistes». Entre 1930 et 1980 environ, on était plutôt dans une configuration «militaire», depuis, on est dans une phase «humaniste». Je suis un humaniste, il vous suffira de parcourir mon site pour en avoir confirmation. Donc je suis une personne adéquate pour la fonction présidentielle. Bien sûr, je ne suis pas le seul, mais pourquoi pas moi ? Une personne en vaut une autre.

Ce qui amène à la troisième raison: je suis modeste. Je me propose à la candidature pour la présidence parce que je considère qu'une personne comme moi serait plus à sa place en ce point de la société que quelqu'un comme Chirac ou Hollande, cela dit, des personnes dans mon cas, il y en a des milliers, des dizaines de milliers, peut-être même des centaines de milliers. Si je puis vous donner un conseil, la prochaine fois que vous élirez quelqu'un, à quelque fonction que ce soit, choisissez-le modeste, évitez ceux qui vous promettent qu'ils feront ceci et cela et ceci encore, et prenez ceux qui vous diront: je ferai ce que je peux à l'endroit où je serai, dans les limites de mes moyens, mais c'est vous qui ferez le gros du travail. Parce que c'est ainsi: même le plus compétent des humains, lorsqu'il se trouvera à une «position de pouvoir», ne “pourra” rien de plus que ce à quoi consentiront ses mandants. Or, par le mécanisme normal des choix sociaux, une «personne de pouvoir» désignée sur la base d'un programme articulé sur une idéologie particulière est toujours le représentant d'une minorité, ce qui implique que s'il s'essaie à appliquer son programme, il aura une majorité contre lui. Si on est raisonnable, on ne peut promettre qu'une chose: faire au mieux, à la position où l'on sera, pour aider les divers acteurs sociaux à ajuster leurs points de vue pour parvenir à réaliser des projets communs au-delà de leurs divergences.

Modeste ne veut pas dire humble: comme dit avec la deuxième raison, je pense, ou non, je suis certain de faire partie des quelques milliers ou quelques dizaines de milliers de personnes en état de faire de bons présidents. De la République, ou de région, ou de Conseil général. Peu importe. Pour revenir là-dessus, du fait que désormais l'information est décentralisée, n'importe quel «responsable» vaut n'importe quel autre: les décisions ne doivent plus se prendre de manière hiérarchique, mais de manière transversale, tous les «responsables» étant en capacité de se concerter avec tous les autres, quel que soit l'endroit où ils se trouvent.

De là découle la quatrième raison: j'ai un projet politique adapté à la situation actuelle. Comme j'en suis «l'auteur», il me paraît adéquat d'en être «l'acteur». Mais ce n'est ni assuré, ni nécessaire. Je crois sans en avoir l'assurance — pour la raison évidente que je ne l'ai pas encore vérifié — qu'outre d'avoir des idées intéressantes quant à ce qu'il serait judicieux de modifier dans les structures sociales actuelles, j'ai les talents nécessaires pour les mettre en application. Cela dit, dans les trois ans à venir, je peux changer d'avis, soit que je me mette à douter de mes capacités, soit plus vraisemblablement que dans cette période j'entre en contact avec plusieurs personnes qui me paraîtront plus à même que moi de faire de bonnes présidentes. En fait, c'est même très vraisemblable: je pense effectivement pouvoir remplir la fonction honorablement, mais sincérement, si quelqu'un d'autre voulait le faire en partant de prémisses proches des miennes, je vote pour lui, c'est sûr.

La cinquième raison est d'ordre pratique: je me décrivais «spécialiste de rien et compétent en tout»; c'est en partie inexact; je ne suis pas «compétent en tout» si l'on entend par là, «apte à exercer n'importe quelle activité», par exemple, j'ai des notions en physique, sociologie, mécanique, paléontologie, médecine, etc., suffisantes pour comprendre des articles ou ouvrages de vulgarisation même assez pointus dans ces domaines sans problème, et suffisantes aussi pour pouvoir déterminer, le cas échéant, si un «spécialiste» me propose de financer une recherche crédible ou non; par contre, je n'ai pas une formation qui me rende à même de mener une recherche ou comprendre un texte à destination des spécialistes de ces domaines (sauf en sociologie). Dans l'autre sens, je ne suis pas «spécialiste de rien»: ma «spécialité» principale est la conception et la réalisation de systèmes d'information. Ce qui me semble le genre de compétence adaptée au contexte actuel, où la question cruciale n'est plus de savoir ce qu'on fait des informations, mais comment on les répartit. En même temps, et je prie mes collègues de m'excuser, je ne suis pas un concepteur borné, qui ne s'intéresse qu'à la manière dont l'information circule, mais néglige de s'interroger sur l'émetteur, le contenu et le récepteur. On peut concevoir un système d'information aussi parfait que possible, et qu'il ne «fonctionne» pas, parce qu'il transporte des informations inutiles, fausses ou erronnées. Ou que son propriétaire ne sait pas le faire fonctionner. Ou que le public qui reçoit l'information n'en a pas l'usage, alors que celui qui en aurait l'usage ne la reçoit pas. C'est même, selon moi, la cause principale des dysfonctions sociales actuelles: on a, ces dernières décennies, beaucoup réfléchi à l'amélioration des canaux de communications, sans réfléchir au fait qu'une communication c'est avant tout un émetteur qui adresse un message à un récepteur. Il me semble que le temps est venu de se poser cette question: qui dit quoi à qui ?


[En date du 21/04/2004]

La sixième raison est que je n'ai pas, contrairement à la plupart des personnes qui développent des analyses et des propositions intéressantes, un emploi qui satisfasse mon besoin de réalisation sociale. Je suis disponible pour le job. Une raison qui en vaut une autre. Et en tout cas, aussi valable que de se prévaloir de ses réussites par ailleurs: je n'ai pas démontré jusque-là des capacités formidables dans une activité donnée, mais l'aurais-je fait, que ça ne démontrerait rien ici[1]. Pour prendre un cas dans l'actualité, Francis Mer fut nommé au ministère de Bercy car il avait prouvé ses capacités à diriger une entreprise privée; le résultat principal fut de démontrer que l'État ne se dirige justement pas comme une entreprise privée…


[1] Une affirmation assez fausse, en fait j'ai démontré quelques capacités dans quelques domaines, mais donc ça ne «prouve» rien, sauf que dans certains domaines autre que présider un pays j'ai ces capacités…