Brèves démocratiques

 J e ne l'avais pas prévu particulièrement ainsi mais le titre sera, au moins pour la première «brève», une antiphrase. Donc, les brèves (plus ou moins) démocratique…

Nicolas et Jean-Pierre sont dans un Ferry…
«Arrêt Perruche»: Une analyse orientée mais pertinente…

Nicolas et Jean-Pierre sont dans un Ferry…
Mon médium préféré est la radio, ma station préférée, France Culture. Il m'est arrivé de leur envoyer quelques courriers critiques, mais on ne critique bien que ce qu'on aime bien. Sur France Culture, donc, lundi 2 juin 2003, 7h05 environ, j'ai entendu un passage très significatif des déclarations de Luc Ferry la veille sur France 3:

«Pour moi l'essentiel c'est cette situation politique de blocages à répetition. Ne me dites pas — vous êtes d'accord avec moi… — que ces scénarios n'ont pas existé, on les connaît par cœur. Le problème c'est que ça donne globalement une très mauvaise image de l'Éducation nationale, parce que ça donne l'image d'un système qui est incapable de se réformer, alors que nous savons tous qu'il en a besoin. Et en plus — j'ajoute ça, si vous permettez, sur le plan politique —, je pense que cette question elle est à l'image de la France, et qu'un certain nombre de Français se demandent si vraiment les démocraties sont réformables, et en particulier la France; si on est capable de réformer. Et il y a un certain nombre de parlementaires — tous me disent, “Tiens bon ! Tiens bon !”, mais ils ajoutent, et je trouve que c'est pas du tout une mauvaise analyse, même si elle est un peu rapide —, “Tiens bon, parce qu'après c'est Le Pen”. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si nous donnons le sentiment que nous sommes incapables de réformer la France, et bien, cela signifie qu'après nos concitoyens auront la tentation de se tourner vers les extrémistes, l'homme à poigne, qui lui au moins ne va pas céder sous la pression de la rue, comme on dit.

Toute la déclaration mériterait exégèse, notamment l'aspect très rhétorique du début, avec la sommation faite à l'interlocuteur d'adhérer à une «évidence des faits» qui n'a rien d'évidente, ou le passage douteux sur l'incapacité des démocraties, «et en particulier la France», à se réformer, ou le fait que ce qui semble turlupiner M. Ferry n'est pas la réalité mais «l'image de la France». M'intéresse surtout la fin: très clairement, Luc Ferry nous explique que le meilleur moyen d'éviter d'avoir Le Pen au pouvoir… est de mener une politique à la Le Pen. Intéressant vraiment. Le 24 avril 2002 j'écrivais ce texte, où je disais entre autre, «Ne votez pas Chirac au deuxième tour de l'élection présidentielle ! Il ment, il vole, il triche, il détruit la crédibilité des institutions, il est d'une droite à peine moins extrême que celle de le Pen»; et aussi, «La droite dite classique ou modérée […] n'hésite jamais à se compromettre avec l'extrême-droite pour préserver ses positions». Rien de changé: la «droite classique» fait dans le poujado-lepénisme quand le reste échoue. Autant dire qu'elle le fait souvent…


«Arrêt Perruche»: Une analyse orientée mais pertinente…
J'ai trouvé ceci sur un site très orienté “pro-vie”:
La Cour de cassation française a, dans son arrêt du 17 novembre 2000 sur l'affaire Nicolas Perruche, permis à un handicapé, né suite à une erreur de diagnostic prénatal, d'être indemnisé pour le préjudice subi. Cette jurisprudence est la reconnaissance du fait que la vie peut être dommageable et que donc la suppression de la vie, dans certaines circonstances, notamment IVG thérapeutique, est positive, que donc certaines politiques eugénistes sont acceptables, qui permettent de faire naître l'enfant que l'on souhaite avoir.
Extraite du contexte, l'analyse ne semble pas si orientée, mais ça se place dans une page sur «Bioéthique et Église catholique»… Pourquoi une brève démocatique ? Parce qu'il me semblerait démocratique d'expliciter cette tendance française, dont je parle abondamment par ailleurs vers un eugénisme “soft” et discret. Contrairement à l'auteur de ma citation, je n'ai rien contre — ni d'ailleurs rien pour —, simplement, ce serait plus clair d'expliciter les choix des médecins et des chercheurs spécialisés dans la «PMA» (procréation médicalement assistée) et le clonage: Pourquoi, comment ? Quels résultats, et notamment quel taux d'échec ? Quel coût ?
Quand on sait qu'une «PMA» coûte plusieurs milliers d'euros, que le taux d'échec dépasse les 70% et qu'il y a plusieurs milliers de tentatives annuelles, on comprend que c'est aussi un choix comptable et moral: vaut-il mieux qu'un couple déficient sur le plan procréatif augmente le déficit de la sécu de plusieurs dizaines de milliers d'euros à la collectivité pour un résultat incertain, où ne vaudrait-il pas mieux qu'il réduise les dépenses de la DASS en adoptant ? Est-il moralemement acceptable que chaque année des dizaines de milliers d'embryons soient provoqués puis, devenant «surnuméraires», «ne faisant plus l'objet d'un projet de couple», détruits ?