Détenir du pouvoir…

 E n songeant à cette page je me demandais s'il me fallait la classer dans cette rubrique ou dans celle traitant de la propagande, rubrique où je traite aussi de la question des complots. Finalement, j'ai considéré que ça concerne avant tout la politique mais quoi ! Il n'y a pas de bonne politique sans propagande et sans complots !

La supposée «crise financière» à rebondissements, qui débuta durant l'été 2007 et se poursuivit jusqu'à devenir une crise économique globale atteignant de plein fouet le cœur même de tout système capitaliste, les banques, à l'automne 2008, démontre pleinement deux faits : la «crise» est un phénomène structurel incontournable du capitalisme ; il n'y a pas de différence substantielle entre pouvoir politique et pouvoir économique, ce sont les deux aspects d'une même entité, la «puissance sociale», que j'avais nommé il y a quelques temps, pour un autre propos, l'influx social.


J'écrivais «la supposée “crise financière”» ; est «supposé», selon moi, le terme de crise et non l'événement même : on constate une désorganisation du système capitaliste global ce qui est en un sens restreint une crise, mais ce sens n'est pas celui induit en général par les commentateurs qui parlent de ces phénomènes. C'est une crise si l'on considère le fait évident qu'il y a une rupture des comportements de marché que l'on peut spécifier comme «crise» au sens de discontinuité ; il ne s'agit par contre pas, selon moi et à vrai dire selon beaucoup d'observateurs, d'une crise au sens de rupture imprévisible d'équilibres financiers et économiques dans un continuum relativement prévisible et habituellement stable : la «crise», celle-là, les précédentes et celles qui suivront, sont un élément prévisible et fondamentalement assez stable des systèmes capitalistes : on ne peut pas exactement prévoir quand elles se produiront et on ne peut pas, sinon quelques mois à l'avance, savoir sur quel secteur de l'économie elles porteront, mais du moins sont-elles certaines. On devrait donc nommer ces situations autrement, et parler par exemple de réajustements ou de rétablissements.

À considérer, cela dit, que le phénomène «crise» est consubstantiel aux sociétés et plus largement, à la vie. Pour le dire mieux, la vie est un phénomène critique, la vie en société de même. Et l'économie, qui est une entité sociale, ne peut échapper aux crises. Pour dire encore mieux et plus simplement, les «crises» sont des phénomènes prévisibles et nécessaires pour les êtres vivants et ce qui leur est lié, donc on peut s'attendre à ce que l'économie d'une société connaisse régulièrement des crises.

Là-dessus, il y a un autre problème, le concept même d'économie : tel que je le comprends, il n'existe pas d'activité sociale autonome et déterminable q'on puisse nommer «l'économie». C'est même une des raisons qui font qu'à ce jour aucune théorie économique (plus exactement, [1]macro-économique) ne s'est révélée efficace :dès lors qu'on part de la prémisse fausse que le «secteur économique» est un objet cohérent séparable des autres phénomènes sociaux, on ne peut que développer une théorie générale défectueuse.

Ce que les théories macro-économiques définissent habituellement comme «l'économie» ressort de deux ensembles : les activités sociales qui font précisément des sociétés ce qu'elles sont, et une partie de ce qu'on peut définir comme la communication. Le premier ensemble n'a aucun lien de nécessité avec les théories économiques, autrement dit il existe hors de toute conceptualisation économique et nulle théorie économique n'agit réellement sur lui ; le second est proprement «l'économie», tenant compte du fait que cet ensemble est une construction intellectuelle et non, comme déjà dit, un objet déterminable. Ceci ne signifie cependant pas qu'il n'y a une certaine cohérence à définir cet objet conceptuel, ni que l'économisme n'a d'effet sur la réalité dont il s'occupe, mais implique que, contrairement à ce qui peut se passer dans des domaines réellement scientifiques, les supposées lois dégagées par les économistes se vérifient rarement et ont une faible capacité de prédictibilité dès lors qu'elles portent sur l'ensemble du domaine déterminé comme «l'économie» par les théories macro-économiques.

Autre problème avec «l'économie» : ce n'est pas un ensemble cohérent de savoirs. À considérer cependant que ce cas est assez général : un domaine donné se compose le plus souvent de plusieurs orientations différentes qui n'ont en commun que leur nom. Ce que je dis là ne concerne pas les divergences d'approches et d'analyses, les «écoles», mais le fait qu'on place sous la même étiquette des activités sociales inassimilables. Dans ce cas-ci, comme dans nombre de domaines académiques, on a affaire à trois ou quatre objets différents : l'économie comme science, comme technique, comme philosophie et comme idéologie. À savoir si l'idéologie et la philosophie sont séparables. Avec ce trait spécifique de l'économie que l'objet supposé est abstrait et mal défini, ce qui rend plus malaisé encore que dans la plupart des domaines académiques de déterminer si une approche est plutôt scientifique ou/et technique, plutôt philosophique ou/et idéologique. RET-XTC-S6C-E113L-DD-Z07Y4@R.Ems7.net eglantine@meteocity.com root@dgroup2-2.proxad.net


[1] Quand on parle de l'économie comme activité académique ou technique, se pose ce problème qu'on met dans le même sac les personnes qui s'intéressent à des phénomènes particuliers et ont des propositions et solutions qui ne valent que ceux-ci, et ceux qui inventent des théories générales censées valoir pour l'ensemble des activités qu'ils placent sous l'étiquette «économie».