Longues propagandistes, série 17

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– Les longues –
                 
                 

    En extra: Les éditos du Monde    


Le Monde / Europe
La gauche et les Bavarois guettent le moindre faux pas d'Angela Merkel
BERLIN de nos envoyés spéciaux

 L es trois partis membres de la future "grande coalition" qui doit diriger l'Allemagne, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son aile bavaroise, l'Union chrétienne-sociale (CSU) à droite, le Parti social-démocrate (SPD) à gauche, ont débuté, lundi 17 octobre à Berlin, le marathon qui doit leur permettre de trouver un accord sur un programme de gouvernement. La date butoir a été fixée au 12 novembre par la présidente de la CDU, Angela Merkel. Elle a été désignée pour devenir chancelière en contrepartie d'un accord qui donne au SPD la moitié des portefeuilles du gouvernement, soit huit au total, dont les trois ministères-clés du travail et des affaires sociales, des finances et des affaires étrangères.

Le prix de la courte victoire d'un point remportée par la CDU/CSU sur le SPD lors des élections législatives du 18 septembre est lourd pour la future chancelière. Celle-ci est très seule pour gérer une coalition où elle compte plus d'ennemis que d'amis. Le moindre faux pas verrait son autorité remise en cause. Il lui faudra l'habileté manoeuvrière qu'on lui reconnaît à Berlin pour s'affirmer à la tête du pays.

Les couleuvres que ses alliés bavarois lui ont fait avaler en disent plus long que les concessions qu'elle a dû faire à la gauche. En fait, Angela Merkel dirige une coalition non pas à deux, gauche-droite, mais à trois. Candidat malheureux à la chancellerie aux élections de 2002, le ministre-président de Bavière et président de la CSU, Edmund Stoiber, a démontré, depuis le scrutin de septembre, qu'il entendait préserver sa propre marge de manoeuvre au sein du gouvernement. Résultat : l'annonce, lundi, des noms des ministres qui occuperaient les portefeuilles réservés à la droite a fait l'objet jusqu'au dernier moment d'une épreuve de force entre ses deux dirigeants.

M. Stoiber a imposé finalement à la tête du ministère de l'agriculture une personnalité bavaroise, Horst Seehofer, qui s'était vivement opposé, avant les élections, aux projets de réforme de la santé élaborés par la CDU. Mme Merkel avait pourtant tout fait pour éviter de l'avoir dans son équipe. La Frankfurter Allgemeine Zeitung , proche de la droite, a ironisé en parlant des deux Bavarois comme des "neuvième et dixième sociaux-démocrates dans le cabinet" . M. Stoiber, qui a refusé les finances, s'est réservé un portefeuille sur mesure, celui de l'économie, élargi aux technologies et comprenant des compétences européennes, notamment en matière industrielle.

Outre la chancelière, la CDU disposera de cinq ministères. Mme Merkel a fait venir auprès d'elle, comme chef de la chancellerie, chargé de la coordination du gouvernement, le ministre de l'intérieur de Saxe, Thomas de Maizière, un bon gestionnaire qu'elle connaît de longue date. Elle a également appelé, à un poste qu'il a déjà occupé, celui de l'intérieur, Wolfgang Schäuble, ex-dauphin de Helmut Kohl, dont la chute lui avait permis d'accéder à la présidence de la CDU en 2000.

Pour compléter son équipe, Mme Merkel a nommé deux femmes, Annette Schavan, ministre du Land de Bade-Wurtemberg, à l'enseignement et la formation, et Ursula von der Leyen, ministre de Basse-Saxe, à la famille. Franz Josef Jung, nommé à la défense, est le bras droit du ministre-président de Hesse, Roland Koch. Les patrons CDU des Länder, eux, sont restés en réserve.

Ainsi flanquée, la future chancelière, qui s'est vu reprocher d'avoir effrayé les électeurs avec des idées trop libérales, devra mettre beaucoup d'eau dans son vin au cours des négociations programmatiques. Les deux camps ont amorcé les discussions, lundi soir, au siège du SPD, en abordant d'emblée les mesures à prendre pour résorber le déficit budgétaire. Le Bundestag siégeait pour la première fois de la législature, mardi, et devait élire son président, sans doute Norbert Lammert (CDU).

Henri de Bresson et Antoine Jacob
Article paru dans l'édition du 19.10.05


Le Monde / Europe
Europe : Mme Merkel devra composer avec l'ex-bras droit de M. Schröder devenu ministre des affaires étrangères
BERLIN de notre envoyé spécial

 L a politique européenne de l'Allemagne avait été largement reprise en main par le chancelier Gerhard Schröder dès l'issue de son premier mandat, marquée par la volonté de surmonter les tensions apparues dans les relations franco-allemandes et le lancement de la Convention chargée d'élaborer le projet de Constitution européenne.

Dès la réélection de la coalition SPD-Verts, en octobre 2002, la décision est prise de constituer à la chancellerie une direction chargée des affaires européennes. Celle-ci n'enlève pas au ministère des affaires étrangères son rôle de coordination ministérielle et de négociateur, mais elle fixe dorénavant, avec le chancelier, les grandes lignes et donne les impulsions. Le Vert Joschka Fischer, vice-chancelier et chef de la diplomatie, qui s'était fait remarquer en mai 2000 en lançant, dans un discours à Berlin, l'idée d'une Constitution européenne, joue désormais un rôle moins important. La crise irakienne, qui voit Jacques Chirac et Gerhard Schröder s'opposer à Tony Blair et José Maria Aznar, début 2003, accentue le phénomène.

Angela Merkel, lorsqu'elle sera à la chancellerie, devrait elle aussi revendiquer un rôle moteur dans les affaires européennes. Elle s'inscrit dans la tradition de l'Union chrétienne-démocrate, qui a longtemps porté le flambeau européen en Allemagne, et que le dernier chancelier CDU Helmut Kohl, son mentor en politique, a fortement incarnée, garantissant que l'unification allemande de 1990 s'inscrive dans le cadre de l'unification européenne.

Mme Merkel devra manoeuvrer serré dans les négociations de la coalition pour conserver cette maîtrise. Si la chancelière ne peut se voir contester son rôle de représenter l'Allemagne dans les conseils européens, le nouveau ministre des affaires étrangères, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, tentera de garder son mot à dire au nom de l'héritage de Gerhard Schröder, aux côtés duquel il a été associé pendant sept ans, comme chef de la chancellerie, à toutes les grandes décisions.

Le principal dossier sur lequel se sont affrontés dernièrement la CDU et le SPD, l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, est moins d'actualité, la décision d'ouvrir les négociations ayant été prise début octobre. Mais il reste des questions délicates, comme l'équilibre des relations entre les Etats-Unis et l'Europe, l'adaptation de l'Union à la mondialisation (processus de Lisbonne, directive services), le respect des règles d'équilibre budgétaire de la zone euro.

Avec M. Steinmeier, mais aussi avec le futur ministre des finances, Peer Steinbrück, le SPD aura deux voix de poids au chapitre. Mais la chancelière devra aussi compter, dans son propre camp, avec l'influence de son ministre de l'intérieur, Wolfgang Schäuble, qui a été ces dernières années la voix de la CDU en Europe, et les ambitions de l'actuel ministre-président de Bavière, Edmund Stoiber. Chargé du portefeuille de l'économie et des technologies, M. Stoiber entend garder la maîtrise des dossiers concernant les politiques industrielles et de recherche européennes.

Henri de Bresson
Article paru dans l'édition du 19.10.05


Le Monde / Europe
Le SPD se met en première ligne en choisissant les ministères chargés de réformer l'Etat-providence
BERLIN de notre correspondant

 I ls sont assis de part et d'autre d'une table en bois clair longue de 18 mètres. D'un côté, les négociateurs de la droite, de l'autre ceux du Parti social-démocrate (SPD). Ils sont 18 de chaque côté, en comptant Angela Merkel, la future chancelière, et Gerhard Schröder, qui s'apprête à lui céder son siège à la tête du pays. C'est dans une salle située au 5e étage du quartier général du SPD à Berlin que la première séance des négociations destinées à former une "grande coalition" s'est ouverte, lundi 17 octobre. Du côté des sociaux-démocrates siègent les futurs ministres des finances, du travail et des affaires sociales, et de la santé : ce trio sera en grande partie responsable des dossiers sur lesquels sera jugée la capacité du futur gouvernement à réformer le pays. En obtenant ces portefeuilles auprès de ses nouveaux partenaires démocrates-chrétiens, le parti au pouvoir depuis 1998 a démontré qu'il ne voulait pas abandonner ce qu'il avait entrepris sous Gerhard Schröder. Il a aussi placé la barre très haut, puisqu'un échec du cabinet Merkel sur ces dossiers prépondérants risquerait de lui être grandement imputé. Certains, au sein du SPD, s'en inquiètent.

Les finances, dont s'occupera Peer Steinbrück, se sont trouvées d'emblée au coeur des négociations. Le temps presse. Pour la quatrième année consécutive, le déficit budgétaire allemand va excéder, en 2005, ce qui est toléré par Bruxelles. Même si la Commission européenne semble disposée à attendre jusqu'en 2006 avant de sanctionner Berlin, le pays ne coupera pas à un vaste plan d'économies. M. Steinbrück voudrait que le déficit soit ramené à 3 % du produit intérieur brut (PIB) dès 2007. Pour y parvenir, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel s'est dit prête à réduire les dépenses de l'Etat de 25 milliards d'euros par an, et le SPD, pour commencer, de 14,5 milliards en 2006.

Les deux camps sont convenus, lundi, d'une première mesure : la suppression d'une subvention fiscale sur les maisons individuelles. Ils divergent encore sur le calendrier et la façon d'utiliser les 8 milliards d'euros ainsi dégagés. M. Steinbrück pourrait, par la suite, devoir se résoudre à orchestrer une mesure pourtant férocement critiquée par son parti durant la campagne électorale : une hausse de la TVA, proposée par la droite pour financer la baisse du coût de la main-d'oeuvre. Le président du SPD, Franz Müntefering, avait prévenu qu'il aborderait ces négociations "sans tabou" .

DOSSIER EXPLOSIF

Ce dernier a pris un risque en acceptant, outre le poste de vice-chancelier, le portefeuille du travail et des affaires sociales, qui englobera le dossier explosif des retraites. Il sait que son parti a perdu les élections législatives du 18 septembre en raison de son incapacité à faire reculer le chômage (11,2 % de la population active en septembre). Continuer à gérer ces dossiers devrait permettre au SPD de freiner ce qu'il reste des ardeurs libérales de la future chancelière, refroidie par sa déconvenue électorale.

Il se veut le garant de la justice sociale sur le marché du travail et des réformes de l'Etat-providence ("Agenda 2010") engagées par le gouvernement Schröder. Le SPD n'a toutefois pas exclu un assouplissement prudent des mesures de protection contre les licenciements, réclamé par la droite.

La santé, dossier sensible dans un pays vieillissant, restera aux mains d'Ulla Schmidt, déjà en charge du poste dans le précédent cabinet. C'est l'un des domaines où les deux camps paraissent les plus éloignés. Entre l'introduction d'une cotisation d'assurance-maladie forfaitaire identique pour tous les assurés sociaux, prônée par la droite, et l'"assurance citoyenne" au mode de fonctionnement solidaire avancée par le SPD, le fossé est grand. Mais de part et d'autre, on semble prêt à trouver un consensus.

Antoine Jacob
Article paru dans l'édition du 19.10.05


Le Monde / Europe
Croissance : des signaux positifs, mais pas de franche reprise
FRANCFORT de notre correspondant

 Q uelques signes favorables sont apparus au troisième trimestre pour la croissance allemande, dont le chiffre sera connu à la mi-novembre. L'institut DIW de Berlin parie sur une hausse de 0,5 %, après la pause enregistrée au second trimestre. "Tout parle en faveur d'un regain de dynamisme de l'économie au troisième trimestre et d'une poursuite pour le reste de l'année" , dit aussi la note de conjoncture du ministère de l'économie pour octobre, qui note le dynamisme des exportations tout en déplorant que la consommation des ménages continue à faire du "surplace" .

"Malgré le fardeau des prix élevés du pétrole, l'économie allemande évolue mieux que prévu" , constatent également les analystes de la Dresdner Bank. "La conjoncture en Allemagne va gagner l'année prochaine à nouveau en dynamique", indiquent-ils dans leurs nouvelles prévisions annuelles publiées ce mois-ci. Ils tablent sur une croissance de 1,7 % en 2006 après 1 % en 2005. Habituée au dernier rang, l'Allemagne se satisfait de peu. Selon la Dresdner Bank, cette croissance correspondrait à une "légère amélioration sur le marché du travail" en 2006, le nombre d'emplois soumis à cotisations sociales ­ ce qui exclut les petits boulots et les travaux d'intérêt général ­ augmentant à nouveau, avec 310 000 postes de travail supplémentaires. L'économie allemande a cessé, depuis le mois d'avril, de détruire des emplois, se stabilisant autour de 26,2 millions de postes de travail, contre 28 millions à l'été 2002.

Cette fragile amélioration pourrait déboucher sur une reprise plus franche en 2007, estime Sylvain Broyer, spécialiste de l'Allemagne chez Ixis CIB. Le déclic de la confiance reste cependant à déclencher : "Quelque 70 milliards d'euros de liquidités ont été thésaurisées dans les caisses des 23 premières entreprises non financières cotées à la Bourse de Francfort. Il suffirait qu'elles en investissent seulement la moitié en Allemagne ­ ou qu'elles distribuent cette somme en salaires ­ pour générer 2 points de croissance supplémentaires" , a calculé M. Broyer. De nombreux économistes craignent cependant une hausse de TVA qui pourrait ruiner ces espoirs.

Adrien de Tricornot
Article paru dans l'édition du 19.10.05


Le Monde / Europe
Les ministres CDU
Les ministres CDU du gouvernement allemand ont été nommés


WOLFGANG SCHÄUBLE

 À  63 ans, l'ex-dauphin du chancelier Kohl, auquel il a brièvement succédé à la tête de la CDU après la défaite de la droite aux élections de 1998, redevient ministre de l'intérieur, un poste qu'il a occupé d'avril 1989 à novembre 1991, menant à ce titre les négociations sur la réunification allemande du 3 octobre 1990. Victime quelques semaines plus tard d'un attentat qui l'a laissé paralysé, il est nommé, fin 1991, président du groupe parlementaire de l'Union chrétienne-démocrate au Bundestag, poste qu'il occupe jusqu'en 2000. Il démissionne alors de toutes ses fonctions à la tête du parti, payant pour le scandale des "caisses noires" qui propulse Angela Merkel à la présidence de la CDU. Son expérience devrait être l'un des principaux atouts de la future chancelière, même si celle-ci s'est souvent défiée de lui. Ces dernières années, il était la principale voix de la CDU en matière européenne, notamment à Paris. En 1994, il avait proposé, avec Karl Lamers, de créer un "noyau dur" de cinq pays pour accélérer l'intégration européenne.


63 ans,

ministre de l'intérieur (CDU)


Le Monde / Europe
Les ministres CDU

 S i le mauvais résultat de la droite aux élections législatives du 18 septembre a profité à l'un de ses membres, c'est bien à lui. Alors qu'il n'était plus en odeur de sainteté pour avoir critiqué les projets d'Angela Merkel en matière de santé, voilà que Horst Seehofer est redevenu fréquentable. Son profil progressiste, qu'il cultive de longue date au sein de l'Union chrétienne-sociale (CSU), a soudain séduit le président de cette formation bavaroise, Edmund Stoiber, qui ne le portait pourtant pas dans son estime. Celui-ci avait besoin d'une caution sociale pour se retrouver en prise avec des électeurs effrayés par le virage libéral promis par Mme Merkel. Il n'a donc pas hésité à imposer son nouveau poulain à la tête du ministère de l'agriculture et de la défense des consommateurs. Catholique âgé de 56 ans, M. Seehofer avait démissionné en 2004 de son poste de vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU parce qu'il désapprouvait l'orientation de ces partis en matière de santé, dossier dont il avait eu la charge entre 1992 et 1998, sous Helmut Kohl.


Le Monde / Europe
Les ministres CDU

 L a future ministre de la famille, la chrétienne-démocrate Ursula von der Leyen, 47 ans, est une tard-venue à la politique, dans laquelle elle a pourtant baigné enfant. Fille de l'ex-ministre-président (CDU) de Basse-Saxe Hans Albrecht, elle grandit à Bruxelles, où son père mène alors une carrière européenne. Christian Wulf, actuel chef du gouvernement de Basse-Saxe et figure montante de la CDU, l'intègre à son équipe en 2003, comme ministre des affaires sociales. Médecin, mère de sept enfants, Mme von der Leyen est un cas en Allemagne, où la chute de la natalité pose un grave problème, et dans la CDU, longtemps très conservatrice sur le rôle de la femme. Elle s'est engagée pour une politique permettant de mieux concilier maternité et vie professionnelle, luttant contre l'idée de "mère-corbeau" , qui veut qu'une mère qui travaille ne peut pas bien s'occuper de ses enfants. Elle ne devrait pas avoir trop de mal à s'entendre avec le SPD, qui reproche à la CDU de privilégier les aides au foyer plutôt que de développer les possibilités d'accueil scolaire.


47 ans,

ministre de la famille (CDU)


Le Monde / Europe
Les ministres CDU

 D errière ce visage rond se cache l'une des principales figures de la relève social-démocrate allemande. Agé de 46 ans, Sigmar Gabriel, futur ministre de l'environnement, a mené une carrière fulgurante jusqu'à il y a deux ans. Entré au Parti social-démocrate à 18 ans, cet enseignant est admis dans ses instances dirigeantes en 1999, après quinze années de bons et loyaux services au Parlement de Basse-Saxe. Il a tout juste 40 ans lorsqu'il devient ministre-président de ce Land, poste qu'avait occupé en son temps Gerhard Schröder avant de devenir chancelier. En 2003, toutefois, M. Gabriel perd les élections régionales, payant le prix de l'impopularité des réformes entreprises au niveau fédéral. Il se joint alors à ceux qui, au sein du SPD, critiquent les choix du chancelier. Cet habitué des talk-shows, réputé impatient et colérique, a toutefois oublié ses rancoeurs après les élections du 18 septembre, en réclamant le maintien de M. Schröder à la chancellerie. Membre du syndicat IG Metall, il appartient à l'aile moderniste du SPD.

Articles parus dans l'édition du 19.10.05


Le Monde / Europe
Article interactif
La grippe aviaire progresse vers la partie européenne de la Russie
  1. La grippe aviaire progresse vers la partie européenne de la Russie
  2. La Chine de nouveau touchée
  3. L'Afrique et le Moyen-Orient menacés
  4. Deux Etats régionaux allemands annoncent des mesures d'isolement des volailles
  5. Le gouvernement grec estime qu'il n'y a "pas de raison de s'inquiéter"
  6. En France, le ministre de l'agriculture veut rassurer les consommateurs
  7. Un exercice de simulation de la crise aviaire prévu dans le Finistère
  8. En Roumanie, panique et manque à gagner sur les rives du Danube

1 - La grippe aviaire progresse vers la partie européenne de la Russie

 L a grippe aviaire a gagné la région de Toula, située à environ 300 km au sud de Moscou, confirmant la progression du virus vers la partie européenne de la Russie, a indiqué le ministère de l'agriculture russe. "Environ 3 000 volailles ont été abattues dans le village d'Iandovka dans la région d'Efremovski, près de Toula, après la découverte du virus de la grippe aviaire dans sept fermes privées", a indiqué le chef-adjoint du département du contrôle vétérinaire du ministère, Nikolaï Vlassov. L'infection est "visiblement due au passage de canards sauvages qui se sont récemment posés sur un lac du village concerné". "Ce cas ne présente plus de danger", avec l'abattage des volailles de l'élevage, mais l'approche du virus de Moscou est inquiétante, la région de la capitale russe étant dotée de nombreux établissements avicoles, a-t-il expliqué.

"La progression du virus confirme notre pronostic d'une prochaine globalisation de l'épizootie", a ajouté le responsable. "Nous sommes pratiquement sûrs qu'il s'agit de la même forme que celle diagnostiquée en Sibérie", la forme H5N1 transmissible à l'homme, a relevé M. Vlassov, ajoutant que des tests complémentaires étaient en cours.

Le ministre de l'agriculture russe, Alexeï Gordeev, a pour sa part estimé que "dramatiser la situation n'avait pas de sens".

La semaine dernière, les services vétérinaires russes avaient annoncé l'abattage de 460 000 volailles dans un élevage de la région de Kourgan, en Sibérie, où le virus a officiellement infecté au total six régions.

L'épizootie a également été découverte dans la partie occidentale de la Russie chez des canards sauvages en Kalmoukie, au bord de la mer Caspienne, mais "le diagnostic reste encore à confirmer", selon M. Vlassov. Ce cas, annoncé à la mi-août, était la première propagation du virus à la partie européenne de la Russie, séparée de la Sibérie par la chaîne de l'Oural.

L'épizootie n'a jusque là touché l'homme qu'à la marge : au moins 117 cas d'infections humaines ont été recensés, dont 60 mortels, depuis fin 2003.


2 - La Chine de nouveau touchée

 D e nouveaux cas de grippe aviaire – les premiers en Chine depuis plus de deux mois – ont été enregistrés en Mongolie-Intérieure (Nord-Ouest), où 2 600 oiseaux sont déjà morts du virus H5N1, a rapporté l'agence officielle Chine Nouvelle. Le laboratoire national de la grippe aviaire a confirmé la présence du virus H5N1 transmissible à l'homme dans une ferme proche de la capitale de Mongolie-Intérieure, Huhehot.

"La plupart des volailles mortes sont des poulets", a déclaré un fonctionnaire du district de Saihan, où s'est produite l'infection. Selon lui, il s'agit d'une petite ferme avec moins de 10 000 volatiles, principalement des poulets, des oies et des paons.

Selon Chine Nouvelle, le ministère de l'agriculture a envoyé des équipes pour mettre en place des mesures de quarantaine autour de la ferme touchée et procéder à des mesures de désinfection. "Actuellement, l'infection a été contrôlée de manière efficace", a indiqué l'agence, soulignant qu'aucun autre cas n'avait été découvert.

La précédente infection connue remontait à août, lorsque 133 oiseaux avaient trouvé la mort et 2 475 avaient été sacrifiés près de la capitale du Tibet, Lhassa.

La Chine est particulièrement touchée par le virus, mais aucun cas humain n'a officiellement été détecté. Lundi, des experts britanniques ont estimé qu'il y avait "un véritable risque que les autorités chinoises ne connaissent pas l'ampleur du problème".


3 - L'Afrique et le Moyen-Orient menacés

 L' Afrique et le Moyen-Orient sont également menacés par la propagation du virus de la grippe aviaire, a averti  l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). "Après l'apparition de la grippe aviaire en Roumanie et en Turquie, le risque de contamination s'accroît au Moyen-Orient et en Afrique", indique le communiqué de la FAO.

"La présence de la grippe aviaire en Roumanie et en Turquie, à la suite des foyers apparus en Russie, au Kazakhstan et en Mongolie, confirme les récents avertissements de la FAO relatifs à une progression du virus le long des routes empruntées par les oiseaux migrateurs à partir de l'Asie du Sud-Est", indique le chef des services vétérinaires de la FAO, Joseph Domenech.

Si la FAO ne s'inquiète pas outre mesure des capacités de réaction des "pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord", elle se dit "davantage préoccupée par la situation en Afrique orientale où les services vétérinaires (...) devraient rencontrer plus de difficultés pour mener à bien des campagnes d'abattage et de vaccination".

"Les pays concernés et la communauté internationale devraient déployer tous leurs efforts afin que la grippe aviaire ne devienne pas endémique en Afrique", ce qui "augmenterait"  le risque que le virus mute "pour se transmettre à l'homme ou entre humains", ajoute la FAO.

Ce virus a causé la mort d'une soixantaine de personnes en Asie du Sud-Est depuis 2003, et des millions de volailles ont été abattues.


4 - Deux Etats régionaux allemands annoncent des mesures d'isolement des volailles

 D eux Etats régionaux de l'ouest de l'Allemagne, le Bade-Wurtemberg et la Hesse, ont annoncé des mesures d'isolement des volailles en raison des craintes d'une propagation de la grippe aviaire, au lendemain d'une mesure du même ordre décrétée par la Bavière.

Le ministère de l'agriculture du Bade-Wurtemberg a indiqué qu'il comptait ordonner l'enfermement des volailles dans tout l'Etat régional, estimant "inapplicable" un isolement limité aux élevages situés dans les zones de risques. La région située sur une route migratoire importante, et qui compte 16 700 élevages avicoles, a de nombreuses zones marécageuses où les oiseaux migrateurs font étape.

En Hesse, la mesure d'isolement des volailles s'applique avec effet immédiat, mais seulement dans les zones à risques, a indiqué le ministre régional de l'environnement, Wilhelm Dietzel.


5 - Le gouvernement grec estime qu'il n'y a "pas de raison de s'inquiéter"

 L e porte-parole du gouvernement grec, Théodore Roussopoulos, a estimé mercredi 19 octobre qu'il n'y avait "pour le moment pas de raison de s'inquiéter" quant au développement du virus de la grippe aviaire dans le pays. "Tous les examens supplémentaires menés dans le pays sont négatifs", a-t-il déclaré au cours de son point presse quotidien. "Nous attendons préventivement des résultats de Londres" concernant le premier cas de grippe aviaire de sous-type H5, découvert lundi sur un îlot de l'est du pays, a-t-il poursuivi.


6 - En France, le ministre de l'agriculture veut rassurer les consommateurs

 L e ministre de l'agriculture, Dominique Bussereau, a appelé les consommateurs, inquiets de l'arrivée de la grippe aviaire en Europe, à "continuer à manger normalement de la volaille élevée en France", affirmant qu'il n'y a "aucune crainte à avoir". "On est au maximum des précautions vétérinaires en France", a-t-il assuré à la sortie du Conseil des ministres.

Soulignant que les pouvoirs publics étaient "en état de vigilance extrême" face à la grippe aviaire, il a indiqué qu'il allait recevoir à nouveau cette semaine toutes les organisations professionnelles ainsi que les chasseurs. Il faut "dire aux consommateurs la nécessité de continuer à manger normalement de la volaille élevée en France", "dans les meilleures conditions de sécurité", a affirmé M. Bussereau.

Interrogé sur la baisse de la consommation – d'environ 20 % en une semaine sur le marché de Rungis –, il a déclaré que si celle-ci se confirmait, le gouvernement aiderait par des mesures de communication la profession à donner les bonnes informations que demandent les consommateurs.


7 - Un exercice de simulation de la crise aviaire prévu dans le Finistère

 U n exercice de simulation de crise sera mené les 3 et 4 novembre dans une exploitation du Finistère, au milieu d'une zone dense d'élevage avicole, a indiqué la préfecture de Bretagne. Prévu depuis plusieurs mois et annoncé le 14 octobre par le ministre de la santé, Xavier Bertrand, cet exercice grandeur nature se déroulera dans une exploitation d'environ 60 000 poulets de chair à Kergloff, près de Carhaix. Il concernera, outre le Finistère, les départements voisins des Côtes-d'Armor, du Morbihan et de l'Ille-et-Vilaine.

"Le scénario prévu s'organise autour d'un foyer primaire de grippe aviaire hautement pathogène avec forte mortalité dans une zone dense d'élevage avicole", a indiqué François Lucas, préfet délégué pour la sécurité. Alertées par l'éleveur, les autorités isoleront l'exploitation avec la mise en place d'un périmètre "de protection", dans un rayon de 3 km, et un autre, dit de "surveillance", de 10 km. Cet exercice, qui mobilisera plusieurs dizaines de personnes, sera "à portée strictement animale" et "aucun cas de contamination à l'homme ne sera simulé", a précise M. Lucas.

Ses objectifs sont de tester "certains points techniques des plans d'urgence", comme les techniques de prélèvements, "la coordination de l'ensemble des services publics" ainsi que "la protection des personnes intervenant", selon le préfet délégué.


8 - En Roumanie, panique et manque à gagner sur les rives du Danube

 A pprécié jadis des touristes étrangers, le luxueux hôtel flottant Snagov – célèbre pour avoir accueilli plusieurs fois dans les années 1980 l'ancien dictateur roumain Nicolae Ceausescu – , reste amarré depuis une dizaine de jours aux quais du port de Tulcea. "Nous avons une trentaine d'employés qui pourraient être mis au chômage en raison des pertes provoquées par la grippe aviaire, estimées jusqu'ici à près de 40 000 euros", affirme le capitaine de cet hôtel, Dumitru Onciu.

A Tulcea, la grande ville située aux abords du delta du Danube, les hôtels sont quasi vides, alors que plusieurs restaurants situés sur les falaises du Danube ont été fermés, faute de clients. Selon un représentant des hôteliers du delta du Danube, Daniel Damian, les pertes du tourisme roumain provoquées par la grippe aviaire pourraient se chiffrer à plus de 10 millions d'euros d'ici la fin de l'année. "Chaque jour, on enregistre des milliers de désistements, surtout de la part des touristes étrangers", précise-t-il.

En ce beau jour d'automne, aucun coup de feu ne vient troubler le silence de cette réserve classée au patrimoine de l'Unesco, et les pêcheurs n'ont plus le droit de jeter leurs filets, après l'interdiction de la chasse et de la pêche dans la région.

"Je ne comprends pas quel est le rapport entre la grippe aviaire et les poissons", ironise le patron d'une agence de tourisme, Virgil Munteanu. La directrice de l'agence Euro Delta Travel, Alina Boceoaga, fustige pour sa part "l'attitude alarmiste des autorités" après la découverte de deux foyers de grippe aviaire, à Ceamurlia de Jos et Maliuc. "Les autorités auraient pu expliquer d'une manière plus claire que la grippe aviaire ne se transmet pas facilement à l'homme. Ainsi, elles auraient pu éviter ce coup dur porté aux voyagistes", s'insurge-t-elle. Les représentants de la filière touristique réunis mardi à Tulcea ont demandé dans une lettre ouverte au premier ministre Calin Tariceanu des subventions destinées à relancer le tourisme, ainsi qu'une exemption d'impôts pour les trois derniers mois de cette année.

LEMONDE.FR | 19.10.05 | 13h55


Le Monde / Europe
Article interactif
Grippe aviaire : la Hongrie annonce avoir développé un vaccin efficace sur l'homme
  1. Grippe aviaire : nouveau décès humain en Thaïlande
  2. En Hongrie, un prototype de vaccin donnerait des résultats positifs pour l'homme
  3. En Roumanie, le virus H5N1 est confirmé dans un deuxième foyer
  4. La grippe aviaire progresse vers la partie européenne de la Russie
  5. La Chine de nouveau touchée par le H5N1
  6. L'Afrique et le Proche-Orient menacés
  7. Les autorités françaises se veulent rassurantes
  8. Les pays de l'Union se mobilisent

1 - Grippe aviaire : nouveau décès humain en Thaïlande

 L e premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra a annoncé, jeudi 20 octobre, le décès d'un fermier des suites de la grippe aviaire, portant à 13 le nombre de morts dans ce pays depuis 2003.

"Un homme est décédé la nuit dernière et les analyses ont confirmé qu'il était mort des suites de la grippe aviaire", a déclaré le premier ministre au cours d'un point de presse hebdomadaire. "La victime a contracté le virus après avoir été en contact avec des poulets malades", a-t-il ajouté. Le fermier, Bang-on Benpad, avait abattu et mangé des volailles infectées, a précisé le chef du gouvernement. Le fils de la victime est actuellement hospitalisé dans un hôpital de la capitale, a-t-il ajouté. Des tests sont en cours pour déterminer s'il a contracté le virus mortel H5N1 qui a fait une soixantaine de morts depuis son apparition en Asie du Sud-Est en 2003.

Un nouveau foyer de grippe aviaire a été mis au jour lundi parmi des moineaux sauvages dans la province de Ratchaburi (Ouest). Quelque 300 prélèvements effectués sur des oiseaux se sont avérés positifs au virus de la grippe aviaire H5N1, le responsable local des élevages.

La Thaïlande a déjà rassemblé environ 725 000 doses de Tamiflu, un médicament antiviral considéré comme efficace contre la grippe aviaire et développé par la firme suisse Roche.

Avec AFP


2 - En Hongrie, un prototype de vaccin donnerait des résultats positifs pour l'homme

 U n prototype de vaccin contre la grippe aviaire développé depuis la fin septembre à Budapest a donné des résultats positifs pour l'homme, a annoncé mercredi 19 octobre le ministre de la santé hongrois, Jenij Racz. "Nous n'en sommes qu'aux résultats préliminaires mais je peux dire avec 99,9 % de certitude que le vaccin marche", a-t-il déclaré.

"Les essais cliniques (sur quelque 150 volontaires) se sont avérés positifs, le sang des cobayes ayant produit des anticorps", a ajouté M. Racz lors d'une conférence de presse.

La mise au point d'un prototype de vaccin constitue une étape indispensable pour la mise en place rapide d'un véritable vaccin contre le virus mortel H5N1, dans le cas où celui-ci muterait pour se transmettre de personne à personne, entraînant le risque d'une pandémie.

"PRODUIRE RAPIDEMENT, EN GRANDE QUANTITÉ ET DE MANIÈRE EFFICACE"

"La Hongrie possède désormais une technologie grâce à laquelle elle pourra produire rapidement, en grande quantité et de manière efficace, un vaccin contre une version mutée du virus", a pour sa part déclaré Laszlo Bujdoso, le directeur des services vétérinaires hongrois (ANTSZ) qui ont développé le prototype de vaccin.

Ce prototype a été développé depuis la fin septembre par le Centre national d'épidémiologie à partir d'une souche du virus aviaire H5N1 apparu à Hong Kong en 1997 et isolée début 2005 sur une personne en Asie du Sud-est par l'Organisation mondiale de la santé.

"Les coûts de l'élaboration du vaccin (estimé à plus de 4 millions d'euros) seront couverts en partie par la réserve générale du budget national, par le budget du ministère de la santé et par les recettes revenues provenant de l'exportation du vaccin", a précisé M. Racz.

Avec AFP, AP


3 - En Roumanie, le virus H5N1 est confirmé dans un deuxième foyer

 L a présence du virus H5N1 a été confirmée mercredi dans un deuxième foyer en Roumanie, à Maliuc (sud-est). "Malheureusement, les tests menés en Grande-Bretagne ont confirmé nos craintes : les deux échantillons prélevés sur un cygne et une poule de Maliuc ont attesté la présence du virus H5N1 hautement pathogène", a déclaré le ministre de l'agriculture Gheorghe Flutur.

Il a toutefois précisé que les autorités s'attendaient à ce résultat. Un premier foyer du H5N1 avait été détecté samedi, à Ceamurlia de Jos. Sans attendre les résultats détaillés des analyses britanniques, les autorités roumaines avaient commencé aussitôt après la découverte, samedi, d'oiseaux suspects, à abattre les volailles de Maliuc, avant de désinfecter le village situé à une soixantaine de km au nord du premier foyer.

"PAS D'INQUIÉTUDES" TANT QUE LA GRIPPE EST CONFINÉE DANS LE DELTA DU DANUBE

Les autorités ont assuré qu'il ne fallait "pas s'inquiéter" tant qu'aucun cas de grippe aviaire n'était découvert en dehors du delta du Danube. Par contre, a souligné le ministre, une éventuelle présence du virus dans la zone-tampon mise en place dans un rayon de 10 km autour des deux foyers serait "préoccupante". Mais pour l'instant, les 700 tests menés sur des oiseaux provenant de deux départements limitrophes du delta du Danube, Braila et Calarasi, ont tous été négatifs.

"Cela indique que les foyers de grippe aviaire n'ont pas dépassé les confins du delta", région à haut risque car située sur l'un des principaux corridors de migration des oiseaux sauvages en provenance notamment d'Asie centrale, a souligné Gheorghe Flutur. Bucarest attend néanmoins avec intérêt les résultats des analyses effectuées sur des cygnes retrouvés morts à proximité de la frontière avec l'Ukraine, pays qui partage avec la Roumanie le delta du Danube.

Avec AFP


4 - La grippe aviaire progresse vers la partie européenne de la Russie

 L a grippe aviaire a gagné la région de Toula, située à environ 300 km au sud de Moscou, confirmant la progression du virus vers la partie européenne de la Russie, a indiqué le ministère de l'agriculture russe. "Environ 3 000 volailles ont été abattues dans le village d'Iandovka dans la région d'Efremovski, près de Toula, après la découverte du virus de la grippe aviaire dans sept fermes privées", a indiqué le chef-adjoint du département du contrôle vétérinaire du ministère, Nikolaï Vlassov.

L'infection est "visiblement due au passage de canards sauvages qui se sont récemment posés sur un lac du village concerné". "Ce cas ne présente plus de danger", avec l'abattage des volailles de l'élevage, mais l'approche du virus de Moscou est inquiétante, la région de la capitale russe étant dotée de nombreux établissements avicoles, a-t-il expliqué.

"La progression du virus confirme notre pronostic d'une prochaine globalisation de l'épizootie", a ajouté le responsable. "Nous sommes pratiquement sûrs qu'il s'agit de la même forme que celle diagnostiquée en Sibérie", la forme H5N1 transmissible à l'homme, a relevé M. Vlassov, ajoutant que des tests complémentaires étaient en cours. La semaine dernière, les services vétérinaires russes avaient annoncé l'abattage de 460 000 volailles dans un élevage de la région de Kourgan, en Sibérie, où le virus a officiellement infecté au total six régions.

L'épizootie a également été découverte dans la partie occidentale de la Russie chez des canards sauvages en Kalmoukie, au bord de la mer Caspienne, mais "le diagnostic reste encore à confirmer", selon M. Vlassov. Ce cas, annoncé à la mi-août, était la première propagation du virus à la partie européenne de la Russie, séparée de la Sibérie par la chaîne de l'Oural.

Avec AFP


5 - La Chine de nouveau touchée par le H5N1

 D e nouveaux cas de grippe aviaire, les premiers en Chine depuis plus de deux mois, ont été enregistrés en Mongolie intérieure (nord-ouest), où 2 600 oiseaux sont morts du virus H5N1, a rapporté mercredi 19 octobre l'agence officielle Chine Nouvelle.

Le laboratoire national de la grippe aviaire a confirmé la présence du virus transmissible à l'homme dans une ferme proche de la capitale de Mongolie intérieure, Huhehot."La plupart des volailles mortes sont des poulets", a déclaré un fonctionnaire du district de Saihan, où s'est produit l'infection.

Selon Chine Nouvelle, le ministère de l'agriculture a envoyé des équipes pour mettre en place des mesures de quarantaine autour de la ferme touchée et procéder à des mesures de désinfection."Actuellement, l'infection a été contrôlée de manière efficace", a indiqué l'agence, soulignant qu'aucun autre cas n'avait été découvert.

La précédente infection connue remontait à août, lorsque 133 oiseaux avaient trouvé la mort et 2 475 avaient été sacrifiés près de la capitale du Tibet, Lhassa. La Chine est particulièrement touchée par le virus mais aucun cas humain n'a officiellement été détecté.

Avec AFP


6 - L'Afrique et le Proche-Orient menacés

 L' Afrique et le Proche-Orient sont également menacés par la propagation du virus de la grippe aviaire, a averti l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). "Après l'apparition de la grippe aviaire en Roumanie et en Turquie, le risque de contamination s'accroît au Proche-Orient et en Afrique", indique le communiqué de la FAO.

"La présence de la grippe aviaire en Roumanie et en Turquie, à la suite des foyers apparus en Russie, au Kazakhstan et en Mongolie, confirme les récents avertissements de la FAO relatifs à une progression du virus le long des routes empruntées par les oiseaux migrateurs à partir de l'Asie du Sud-Est", indique le chef des services vétérinaires de la FAO, Joseph Domenech.

Si la FAO ne s'inquiète pas outre mesure des capacités de réaction des "pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord", elle se dit "davantage préoccupée par la situation en Afrique orientale où les services vétérinaires (...) devraient rencontrer plus de difficultés pour mener à bien des campagnes d'abattage et de vaccination".

"Les pays concernés et la communauté internationale devraient déployer tous leurs efforts afin que la grippe aviaire ne devienne pas endémique en Afrique", ce qui "augmenterait"  le risque que le virus mute "pour se transmettre à l'homme ou entre humains", ajoute la FAO.

Avec AFP


7 - Les autorités françaises se veulent rassurantes

 L' Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) "ne recommande, dans l'immédiat, ni la claustration des volailles plein air, ni l'interdiction de la chasse", dans un avis relatif à la grippe aviaire publié mercredi sur son site Internet. Les ministère de la santé et de l'agriculture lui avaient demandé le 8 octobre un nouvel avis suite aux cas survenus en Turquie et en Roumanie

L'Afssa effectue cette recommandation "compte tenu de l'état actuel de la situation en France, et bien que ces mesures demeurent envisageables et puissent éventuellement devenir d'actualité selon l'évolution de la situation". Concernant l'ensemble des activités au contact physique des oiseaux sauvages, l'Afssa recommande que les règles habituelles d'hygiène soient scrupuleusement respectées: lavage des mains après manipulation de cadavres, port de gants afin d'éviter le contact direct avec les fientes et les cadavres.

"ON EST AU MAXIMUM DES PRÉCAUTIONS"

De son côté, le ministre de l'agriculture, Dominique Bussereau, a appelé les consommateurs, inquiets de l'arrivée de la grippe aviaire en Europe, à "continuer à manger normalement de la volaille élevée en France", affirmant qu'il n'y a "aucune crainte à avoir". "On est au maximum des précautions vétérinaires en France", a-t-il assuré à la sortie du Conseil des ministres.

Interrogé sur la baisse de la consommation – d'environ 20 % en une semaine sur le marché de Rungis –, il a déclaré que si celle-ci se confirmait, le gouvernement aiderait la profession à mieux communiquer auprès des consommateurs.

EXERCICE DE SIMULATION DANS LE FINISTÈRE

Par ailleurs, un exercice de simulation de crise sera mené les 3 et 4 novembre dans une exploitation du Finistère, au milieu d'une zone dense d'élevage avicole, a indiqué la préfecture de Bretagne. Prévu depuis plusieurs mois et annoncé le 14 octobre par le ministre de la santé, Xavier Bertrand, cet exercice grandeur nature se déroulera dans une exploitation d'environ 60 000 poulets de chair à Kergloff, près de Carhaix.

"Le scénario prévu s'organise autour d'un foyer primaire de grippe aviaire hautement pathogène avec forte mortalité dans une zone dense d'élevage avicole", a indiqué François Lucas, préfet délégué pour la sécurité. Alertées par l'éleveur, les autorités isoleront l'exploitation avec la mise en place d'un périmètre "de protection", dans un rayon de 3 km, et un autre, dit de "surveillance", de 10 km. Cet exercice sera "à portée strictement animale" et "aucun cas de contamination à l'homme ne sera simulé", a précise M. Lucas.

Avec AFP


8 - Les pays de l'Union se mobilisent

 L a Grande-Bretagne a annoncé mercredi vouloir acheter 120 millions de doses de vaccins contre la grippe aviaire, pour couvrir sa population estimée à 60 millions d'habitants. "Nous nous servirons de ces vaccins pour immuniser la population du Royaume-Uni et réduire l'impact d'une pandémie sur la société", a déclaré le directeur général de la santé, Liam Donaldson. Le virus de la grippe aviaire, en mutant, risque d'entraîner la mort d'au moins 50 000 personnes dans le pays, avait-il averti dimanche.

En Allemagne, deux Etats régionaux de l'ouest, le Bade-Wurtemberg et la Hesse, ont annoncé des mesures d'isolement des volailles en raison des craintes d'une propagation de la grippe aviaire, au lendemain d'une mesure du même ordre décrétée par la Bavière. Le ministère de l'agriculture du Bade-Wurtemberg a indiqué qu'il comptait ordonner l'enfermement des volailles dans tout l'Etat régional, estimant "inapplicable" un isolement limité aux élevages situés dans les zones de risques. La région, qui compte 16 700 élevages avicoles, a de nombreuses zones marécageuses où les oiseaux migrateurs font étape. En Hesse, la mesure d'isolement des volailles s'applique seulement dans les zones à risques.

En Grèce, seul pays de l'Union où le virus H5 a été détecté, le gouvernement a tenté de calmer les esprits. Le porte-parole du gouvernement, Théodore Roussopoulos, a estimé mercredi qu'il n'y avait "pour le moment pas de raison de s'inquiéter" quant au développement du virus de la grippe aviaire dans le pays."Tous les examens supplémentaires menés dans le pays sont négatifs", a-t-il déclaré, précisant que des tests étaient encore en cours pour savoir si le virus détecté est ou non du sous-type H5N1, transmissible à l'homme. Par ailleurs, le ministre de la santé, Nikitas Kaklamanis, s'est rendu sur l'île d'Inoussa, où a été signalé le cas du virus. Le ministre a déjeûné sur l'île, avec au menu un poulet local.

Avec AFP, Reuters
LEMONDE.FR | 19.10.05 | 13h55


Le Monde / Chats
Grippe aviaire : quels risques pour l'homme ?
L'intégralité du débat avec Jean-Yves Nau, journaliste au "Monde", mercredi 19 octobre 2005

Mistral : Quelles garanties avons-nous pour dire que la situation n'est pas alarmante concernant la grippe aviaire ?
Jean-Yves Nau :
Je pense qu'on peut dire, précisément, que la situation est alarmante. Pour autant, il n'est pas nécessaire de sombrer dans le catastrophisme. Pour résumer la situation, tous les indicateurs sont aujourd'hui au rouge et nous laissent penser qu'il existe un risque non négligeable de passage à l'espèce humaine d'un virus mutant issu de celui de la grippe aviaire.

Murisandeme : Quels sont les facteurs ou le processus pouvant influer sur la mutation du virus de la grippe aviaire en virus transmissible d'homme à homme ?
Jean-Yves Nau :
Depuis une cinquantaine d'années, la virologie a appris à découvrir le génie infectieux des virus responsables de la grippe, dans l'espèce humaine ainsi que dans de nombreuses espèces animales. On sait tout, aujourd'hui, des capacités de mutation de ce virus.
Si l'on voulait prendre une métaphore, on pourrait prendre celle de la roulette ou des jeux de hasard : il y a toujours un moment où le 9, le rouge ou le noir, sort. Toujours. Et c'est à ce moment-là que le virus qui infecte aujourd'hui les oiseaux pourrait trouver les moyens de franchir la barrière d'espèce pour passer à l'homme. Plus le virus aviaire augmente sa zone de diffusion géographique, plus le risque de sortie du "mauvais numéro" augmente.

Jeanlouis : Quelle est la meilleure estimation de la virulence du virus ? Mortalité, durée, vitesse de propagation ?
Jean-Yves Nau :
Les instruments dont on dispose sont assez indirects. On sait que le virus est hautement pathogène pour diverses espèces d'oiseaux domestiques ou sauvages. En clair, il tue une proportion très importante des élevages où il a pu s'introduire. Pour autant, il ne tue pas la totalité des oiseaux.
La seule manière que l'on a d'en apprécier le degré de virulence réside dans l'identification des foyers épizootiques, puis dans l'analyse virologique permettant de conclure s'il s'agit bien du virus H5N1.
Pour ce qui est de l'espèce humaine, nous serons également dans le même type d'observation indirecte, c'est-à-dire comme dans le cas des trois pandémies du XXe siècle, à savoir : l'observation de l'émergence de cas de grippes hautement pathogènes et mortels dans une proportion élevée de cas.

"DES PROJECTIONS LOIN D'ÊTRE RASSURANTES"

Jeanlouis : Quels sont les conseils pratiques pour minimiser les risques quotidiens pour une famille avec des enfants (vaccin, stock Tamiflu, relenza, masque, antiseptique...) ?
Farisol : Avec toutes ces infos alarmantes, quelle est la bonne attitude à adopter au niveau individuel ?
Guillaume : Les stocks de médicaments antiviraux sont vraisemblablement insuffisants... Quelle protection peut-on prendre individuellement ?
Jean-Yves Nau :
Comment se protéger au mieux ? Il n 'existe pas aujourd'hui de vaccin humain efficace contre l'infection par le virus aviaire. A fortiori, il n'existe pas de vaccin contre le virus mutant qui pourrait être à l'origine de la prochaine pandémie. Mais il existe des arguments plaidant en faveur de la vaccination "saisonnière" contre la grippe telle qu'elle est proposée chaque année par la Sécurité sociale. Même si le vaccin saisonnier ne protège pas contre un nouveau virus grippal, une vaccination étendue de la population permettrait de réduire le risque d'une mise en contact entre les virus "classiques" et le virus aviaire, un contact qui pourrait faciliter la mutation de ce dernier.
Les médicaments : nous sommes aujourd'hui dans une situation hautement paradoxale, puisque l'OMS et la Commission européenne incitent tous les Etats et tous les gouvernements à constituer des stocks massifs d'un médicament antiviral, le Tamiflu. Or, on ne dispose d'aucune véritable preuve scientifique que ce médicament est efficace contre l'infection humaine par le virus H5N1. A fortiori, comme dans le cas du vaccin, on ne dispose d'aucune preuve de son éventuelle efficacité contre un virus dont la structure est encore inconnue.
On dépense des sommes considérables actuellement pour tenter d'atteindre les objectifs de l'OMS, qui voudrait que chaque pays au monde dispose de stocks de Tamiflu susceptibles de protéger, le moment venu, 25 % de la population de chacun des pays. Les capacités actuelles de production de cette molécule par la multinationale pharmaceutique Roche, qui en possède le brevet, sont loin de répondre à la demande.
Pour certains responsables sanitaires internationaux – les vétérinaires de la FAO ou ceux de l'Office international des épizooties –, il serait beaucoup plus judicieux et rationnel de consacrer un faible pourcentage de ces sommes dans le développement d'une vaccination systématique des volailles d'élevage dans les pays où sévit actuellement l'épizootie.

Ok : Cela peut-il changer le cours des choses ?
Jean-Yves Nau :
L'émergence d'une pandémie grippale est sans aucun doute inéluctable. Mais cette perspective ne peut pas être datée. Cette pandémie surviendra dans dix, cinquante ou cent ans. En revanche, il est parfaitement établi qu'avec la vaccination systématique des volailles dans les pays où sévit l'épizootie, on pourrait éradiquer le virus H5N1.

Murisandeme : Comment ce pourcentage de 25 % a-t-il été décidé ? Qu'appelle-t-on population à risques, notamment en Europe ?
Jean-Yves Nau :
Le pourcentage de 25 % a été établi sur la base de modèles statistiques issus de ce qui s'est passé durant les dernières pandémies de grippe de la deuxième partie du XXe siècle. Pour le dire simplement, un certain seuil de vaccination de la population permet de réduire efficacement la diffusion du virus dans l'espèce humaine.
Les populations à risques, ce sont pour l'essentiel les personnes âgées souffrant de différentes pathologies, ainsi que tous ceux qui sont concernés par des affections dites "de longue durée" et chez lesquels la vaccination est aujourd'hui gratuite en France. Mais on parle aussi de populations qui devraient être prioritairement protégées en cas de pandémie, c'est-à-dire l'ensemble des personnes exerçant des professions essentielles au maintien de la vie en collectivité. Il s'agit par exemple de toutes les personnes travaillant dans les transports, dans le monde de la santé, chez les forces de l'ordre et les forces armées. La liste est longue et n'est pas véritablement établie par les responsables sanitaires et politiques.

Guillaume : Pour les adultes "normaux", il y a peu de risque alors ?
Jean-Yves Nau :
Pour les adultes "normaux", a priori, avec les virus grippaux tels que nous les connaissons, il y a peu de risques. Mais dès lors que nous avons affaire à un virus de la grippe mutant et hautement pathogène, la situation est tout autre. La grippe espagnole de 1918 a ainsi montré que les adultes jeunes, "normaux", étaient particulièrement exposés au risque d'infection mortelle.
Il n'en reste pas moins qu'il faut bien définir un plan de prévention tenant compte du fait que l'on ne pourra jamais, en situation de pandémie, protéger en temps et en heure l'ensemble de la population. En toutes hypothèses, cette pandémie provoquerait une catastrophe sanitaire. Les projections faites sur ce point par l'Institut national de veille sanitaire (et disponibles sur le site de cette agence) sont loin d'être rassurantes.

Sauron : Est-ce que vous pensez que le vaccin sera efficace lorsque le virus sera transmissible à l'homme (car selon l'OMS, ce n'est qu'une question de temps avant que le virus mute) ?
Jean-Yves Nau :
Oui, il est clair que le virus de la grippe mutera un jour et qu'il sera responsable d'une pandémie. Il est tout aussi certain que l'on saura fabriquer un vaccin efficace et sans danger qui permettra de rompre la chaîne de transmission du virus et de contamination entre humains. Et il est tout aussi évident qu'entre le moment où le virus mutant aura émergé et le moment où l'industrie pharmaceutique sera susceptible de commercialiser un tel vaccin, il existe une période incompressible que les experts situent au minimum à six mois. C'est la raison qui conduit les autorités sanitaires à recommander le stockage de médicaments antiviraux qui pourraient être utilisés en première ligne durant cette période.

Gérard : Que pensez-vous de l'article du New England Journal of Medecine datant déjà de plusieurs mois évoquant la transmission du virus d'homme à homme et la mort de deux personnes au Vietnam ? (cf : http://content.nejm.org/cgi/content/short/352/4/333)
Jean-Yves Nau :
Jusqu'à présent, toutes les observations qui ont été faites dans les pays les plus exposés – là où sévit l'épizootie, soit une douzaine de pays asiatiques –, n'ont jamais véritablement permis de démontrer de manière scientifique qu'il y avait une possibilité de passage d'homme à homme du virus H5N1. Il faut aussi ajouter que dans ces pays, des dizaines voire des centaines de millions de personnes ont été, un jour ou l'autre, en contact plus ou moins proche avec des volailles infectées. Or, on ne recense à ce jour qu'environ 120 cas d'infection humaine, qui ont malheureusement provoqué une soixantaine de morts. Si le virus H5N1 était transmissible d'homme à homme, la situation épidémiologique serait beaucoup plus dramatique.

JFR: Les oiseaux migrateurs sont responsables de la propagation du virus de la grippe aviaire. Mais en principe, à cette période de l'année, les espèces concernées se déplacent vers le Sud. Cela ne fait-il pas, dès lors, diminuer le risque pour l'Europe ?
Jean-Yves Nau :
C'est une très mauvaise analyse. Il faut savoir que l'hypothèse selon laquelle des oiseaux migrateurs sont responsables de la diffusion géographique du virus aujourd'hui présent en Asie a été longtemps contestée, notamment par les ornithologues et par la Commission européenne. Cette hypothèse a pour l'essentiel été défendue par la FAO et par l'Office international des épizooties. Mais les dernières informations provenant de Sibérie puis, plus récemment encore, de Turquie et de Roumanie, ne laissent plus guère de doute quant au rôle joué par les oiseaux migrateurs.
Imaginer que, parce qu'ils volent vers le Sud, les oiseaux pourraient ne pas infecter les volailles des élevages européens ne tient pas compte du fait que ces oiseaux qui partent vers l'Afrique (où ils rencontreront d'autres oiseaux venus d'autres régions) remonteront au printemps vers le Nord, via l'Europe. C'est dire l'importance qu'il faut accorder à la surveillance de ces oiseaux et à la protection des élevages et ce, dans l'ensemble des continents africain, européen et asiatique.

LA CONSOMMATION DE VIANDE DE VOLAILLE CUITE SANS DANGER

Guillaume: Y a-t-il des risque avec les animaux morts ? (Je travaille régulièrement dans un centre de vente de volailles.)
Jean-Yves Nau :
Des oiseaux retrouvés morts sans cause apparente, dans des circonstances a priori anormales, doivent être tenus pour suspects. Pour autant, tout laisse penser que ce n'est pas un simple contact cutané avec ces oiseaux qui peut être susceptible d'une contamination. Les enseignements de la situation asiatique montrent que la quasi-totalité des 120 personnes infectées par le virus H5N1 étaient des personnes qui avaient acheté des oiseaux vivants avant de les tuer, de les plumer et de les vider pour les consommer. Les experts estiment que c'est à cette occasion qu'ils ont été en contact avec de très grosses concentrations virales, contact qui a été à l'origine de l'infection.
Pour ce qui est du risque lié à la consommation d'une viande provenant d'une volaille infectée par le H5N1, la virologie a parfaitement démontré, et depuis très longtemps, que le virus grippal ne pouvait résister à des températures de l'ordre de 60 ou 70°. La consommation de viande de volaille cuite est donc a priori sans aucun danger. Il faut quand même savoir raison garder. Nous ne sommes absolument pas ici dans une histoire similaire à celle, récente, de la vache folle,
où la consommation de viande bovine ou d'abats bovins provenant d'animaux contaminés par une forme anormale de prion pouvait être responsable d'une maladie neurodégénérative.

Pleiades : Et en l'état actuel des moyens médicaux, peut-on imaginer que la pandémie puisse provoquer autant de morts que la grippe espagnole (40 millions) ?
Jean-Yves Nau :
Le jour où une pandémie surviendra dans l'espèce humaine, il est clair qu'elle sera responsable d'un grand nombre de morts. Pour ce qui est de la grippe espagnole, on estime qu'elle a été à l'origine de 30 à 50 millions de décès. Et la population mondiale était notablement inférieure à celle d'aujourd'hui. D'autre part, les grandes concentrations humaines des mégapoles d'aujourd'hui constitueraient un facteur nettement aggravant de contagion. De même que la multiplication des transports aériens ou terrestres. A l'inverse, on peut penser que la mortalité de la grippe espagnole a également été liée aux complications infectieuses de l'infection virale. Or, on sait aujourd'hui traiter par des médicaments antibiotiques la plupart de ces complications infectieuses d'origine bactérienne. Dans ce contexte, personne n'est capable de prédire ce que serait la mortalité d'une pandémie due à un nouveau virus grippal mutant.

Agnès : Pour en revenir à la protection... les mesures de sécurité les plus "applicables", lorsque le virus aura muté, ne seront-elles pas de rester chez soi ?
MARC: Donc les transports en commun, c'est un grand facteur de risque ?
Jean-Yves Nau :
Si l'on cherche à bâtir les scénarios possibles en cas de pandémie, on aboutit très vite, effectivement, à la démonstration qu'aucune vie collective n'est plus possible. Imaginez un seul instant ce que pourraient être les conséquences d'une grève des transports en commun totale et étendue à l'ensemble du continent, une grève qui durerait plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Ce scénario est incompatible avec la vie en collectivité. Sans parler d'une grève qui s'étendrait à l'ensemble de la production d'énergie, à l'ensemble des activités industrielles, à l'ensemble des services sanitaires. C'est pourquoi les responsables politiques ont d'ores et déjà défini les secteurs d'activité qui devraient être prioritairement maintenus. La menace d'une pandémie grippale est de ce point de vue assez similaire à la menace terroriste ou à tout ce qui a trait à la défense nationale et à la sécurité civile.

Guillaume : Quels sont ces secteurs ?
Jean-Yves Nau :
Ce sont des questions très difficiles qui imposent effectivement aux responsables gouvernementaux de faire des choix politiques d'une très grande importance. De fait, des "sacrifices" devront être faits, l'essentiel étant de maintenir un minimum de vie collective et de sécurité civile. On peut imaginer, par exemple, que la protection disponible "bénéficie" en priorité aux médecins et aux infirmières, puisque c'est eux qui devront prendre en charge d'emblée les personnes infectées, et donc contagieuses. La même question se pose pour les membres des forces militaires, des forces de l'ordre et tous ceux, d'une manière générale, qui assurent les fonctions essentielles de la vie en collectivité.

Agnès : Le port du masque sera-t-il une bonne mesure de protection ? Comment seront-ils distribués ? Par qui ? Et à quel moment ?
MARC : Le masque est-il efficace ?
Jean-Yves Nau :
Lorsqu'on parle ici de masque, on parle de masque en textile, placé sur le visage et accroché par des élastiques aux deux oreilles. Ces masques sont hautement protecteurs à la fois contre la diffusion du virus par une personne qui serait infectée ou contre le risque de contamination par celui qui le porte. La France a décidé de se doter d'un stock national de ce type de masque à hauteur de 200 millions d'unités d'ici au début de 2006. Actuellement, 50 millions de ces masques sont distribués dans les établissements hospitaliers. Ils sont destinés au personnel médical et au personnel soignant. Ils sont efficaces pendant une période limitée à quatre heures. Le gouvernement français a d'autre part affirmé qu'il prenait toutes les mesures pour que la France puisse disposer d'une capacité nationale de production en continu de ce type de protection. Les masques seront distribués par les responsables hospitaliers au personnel dès lors qu'il aura été établi que la pandémie a commencé à sévir sur le territoire et que des malades commenceront à être hospitalisés. Là encore, il ne s'agit pas d'un privilège réservé aux médecins ou aux infirmières, mais bien de permettre à ces derniers de continuer à avoir une activité professionnelle tout en ne devenant pas à leur tour des vecteurs de contamination des personnes qui les entourent.

Angele : En tant que médecin, je connais deux amis confrères qui ont déjà commencé à stocker ces masques. N'est-ce pas céder à un début de panique ?
Jean-Yves Nau :
On ne peut pas faire l'économie d'un début de panique dans différents domaines. Deux exemples : il existe actuellement des masques chirurgicaux parfaitement efficaces qui sont commercialisés et qui existent dans différents établissements hospitaliers, publics ou privés. Rien n'interdit d'en acquérir des stocks plus ou moins importants dans l'optique de la prochaine pandémie.
Pour ce qui est du Tamiflu, le médicament antiviral supposé être efficace et dont la France a d'ores et déjà constitué 17 millions de traitements, il faut savoir que cette molécule est aujourd'hui commercialisée dans les pharmacies et qu'elle peut être obtenue sur prescription médicale et qu'elle est remboursée par la Sécurité sociale. Certains médecins ont donc jugé qu'ils pouvaient prescrire ce médicament à des fins préventives à ceux de leurs patients qui en exprimeraient la demande. Or, l'indication officielle d'autorisation de mise sur le marché prévoit que le Tamiflu ne peut être prescrit pour lutter contre la grippe saisonnière que lors des périodes d'épidémie, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les responsables sanitaires français sont pleinement au courant de cette liberté prise avec le cadre officiel de prescription. On n'imagine pourtant que très difficilement qu'ils puissent prendre des sanctions vis-à-vis de ces médecins prescripteurs. On ne dispose pas de chiffres précis quant au nombre de ces prescriptions "hors normes", mais il est d'ores et déjà quasi impossible de trouver du Tamiflu dans les pharmacies d'officines françaises. La multinationale pharmaceutique Roche, qui fabrique ce médicament, explique cette situation en faisant valoir que nous ne sommes pas actuellement en période d'épidémie. Elle précise toutefois que dès que l'épidémie sera là, le Tamiflu sera à nouveau disponible.
Le travail journalistique sur un sujet comme celui-là est aussi passionnant que difficile, puisque les journalistes sont à la fois contraints de relater l'ensemble des événements nationaux et internationaux relatifs à l'évolution de la situation épidémiologique, et que de ce fait, ils prêtent le flanc à toutes les critiques, à commencer par celle de participer à une nouvelle forme d'hystérie collective.

Chat modéré par Constance Baudry et Alexandre Piquard
LEMONDE.FR | 19.10.05 | 16h39


Le Monde / Europe
Roche va abandonner l'exclusivité de la production de son antiviral Tamiflu

 L a multinationale pharmaceutique Roche doit faire face à la multiplication des demandes de production de versions génériques de son antiviral Tamiflu (ou oseltamivir), dont il est le fabricant exclusif. Ce médicament antiviral est tenu pour être efficace contre un mutant du H5N1, responsable de la grippe aviaire.

Mercredi 19 octobre, Roche a annoncé un chiffre d'affaires de 25,4 milliards de francs suisses (16,36 milliards d'euros), en hausse de 16 % sur les neuf premiers mois de 2005. Les ventes de sa division pharmacie progressent de 20 %, soit une augmentation trois fois plus rapide que la moyenne du marché.

Les ventes de Tamiflu ont fait un bon de 263 % depuis janvier et se sont élevées à 859 millions de francs suisses (553 millions d'euros). Cette situation est d'autant plus surprenante que Roche avait du mal, depuis quelques années, à commercialiser ce médicament pour le traitement de la grippe saisonnière en période d'épidémie, ce qui était pourtant sa première indication.

Les ventes de Tamiflu devraient, dans les prochains mois, continuer à s'envoler. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande en effet la constitution de stocks assurant la couverture thérapeutique de 25 % de la population. La Commission européenne exhorte d'ailleurs ses Etats membres à suivre cette recommandation.

Après un feu vert donné par la Food and Drug Administration, l'autorité sanitaire américaine, pour la création d'un nouveau site industriel aux Etats-Unis, Roche a annoncé mardi qu'il allait augmenter au plus vite la production de cet antiviral.

Le laboratoire a aussi indiqué le même jour, pour la première fois, être prêt à accepter d'associer d'autres firmes pharmaceutiques à la production, alors qu'il expliquait ces derniers temps que la complexité des dix phases de fabrication l'interdisait. "Nous sommes préparés à discuter de toutes les options valables, y compris l'octroi de licences secondaires" , a déclaré William Burns, chef de la division pharmaceutique. Roche, enfin, s'est aussi dit ouvert à des pourparlers avec des fabricants de génériques.

La multinationale suisse estime aujourd'hui ne plus pouvoir continuer à bénéficier de sa situation de monopole. Elle a jugé qu'elle n'était plus capable de résister aux pressions croissantes visant à mutualiser à l'échelon planétaire la production de cet antiviral.

FABRIQUER DES GÉNÉRIQUES

Roche sait qu'il doit tenir compte des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui prévoient d'autoriser, dans certaines conditions, les Etats à faire produire des copies génériques de médicaments protégés par des brevets dès lors qu'ils sont confrontés à des crises sanitaires.

Or plusieurs pays ont exprimé ces derniers jours leur volonté de produire des génériques du Tamiflu. La société indienne Cipla a déjà programmé cette production et Taïwan se montre intéressé. Aux Etats-Unis le sénateur démocrate Charles Schumer a évoqué, mardi, la possibilité d'une initiative législative si le laboratoire suisse n'octroyait pas, dans les trente jours, des licences de fabrication de Tamiflu à cinq sociétés américaines.

Roche sait qu'il pourrait difficilement s'opposer de manière durable à de telles initiatives et conserver à la fois son monopole et la protection assurée par ses brevets, comme l'a montré l'histoire récente des médicaments antirétroviraux utilisés contre le sida ou celle, en 2001, du Cipro, un médicament contre l'anthrax produit par la multinationale allemande Bayer.

Pour l'heure, face à la tornade dans laquelle Roche est entré, le britannique GlaxoSmithKline ­ - producteur du Relenza (ou zanamivir), autre médicament potentiellement efficace contre le virus H5N1 ­ - n'a pas fait publiquement savoir quelle politique de développement il entendait mener.

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / International
La peine de mort reste la norme dans les pays arabes et en Iran

 C' est en août 2004 que le gouvernement irakien de l'ancien premier ministre Iyad Allaoui a rétabli la peine de mort. Elle s'applique à une série de crimes allant du meurtre aux "atteintes à la sécurité nationale", en passant par le trafic de stupéfiants et les enlèvements. En réponse à des contestations au sein même du pouvoir, le gouvernement Allaoui avait justifié cette mesure, qui était en vigueur sous le régime déchu et qui avait été abolie après sa chute, par la dégradation continue de la situation sur le terrain. Sitôt dit sitôt fait, puisque, en novembre 2004, c'est-à-dire quatre mois après l'entrée en vigueur de la loi, Amnesty International notait que dix personnes s'étaient vu infliger cette sanction.

Le rétablissement de la peine de mort a remis l'Irak au diapason de la législation en vigueur dans l'ensemble des pays arabes et aussi de l'Iran. Au cours de la seule année 2004, au moins 159 personnes dont un mineur ont, en effet, été exécutés en République islamique. Ce qui, toujours selon Amnesty, plaçait ce pays parmi les quatre Etats qui, à eux seuls, cumulaient 97 % des exécutions recensées ­ en l'absence d'informations exhaustives ­ dans le monde. Les trois autres pays sont la Chine, le Vietnam et... les Etats-Unis.

L'Irak fait donc à nouveau partie des 75 pays qui, en 2005, n'ont pas aboli la peine de mort en droit pas plus qu'en pratique. Les pays arabes voisins ou plus lointains ainsi que l'Iran ne font guère exception. Seize au total avec l'Arabie saoudite, l'Autorité palestinienne, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Koweït, le sultanat d'Oman, le Qatar, l'Egypte, la Jordanie, le Liban, la Syrie, mais aussi la Libye, l'Algérie, le Soudan et le Yémen.

Plus grave, parmi les huit pays régionaux qui, depuis 1990, ont exécuté des condamnés à mort pour des crimes commis alors qu'ils n'avaient pas dix-huit ans, figurent aussi bien l'Iran que l'Arabie saoudite et le Yémen. Pour l'année 2005, Amnesty a déjà recensé en Iran l'exécution de six mineurs délinquants.

Si en Arabie saoudite, il est rarissime qu'une condamnation à mort ne soit pas traduite dans les faits, c'est aussi le cas en Egypte, en Syrie et au Liban ­ où un moratoire de cinq ans avait pourtant était observé. Dans d'autres pays en revanche, le passage à l'acte est différé, sans que l'on sache trop s'il s'agit d'un sursis, ou d'une abolition de la peine capitale de facto , à défaut d'être de jure . Ainsi, aucune exécution n'a eu lieu dans les territoires palestiniens en 2004, bien que huit personnes aient été condamnées à mort. Bahreïn a commué en peine de réclusion à perpétuité la condamnation à mort d'une jeune employée reconnue coupable d'avoir battu à mort sa patronne.

Mouna Naïm
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / Une
Le Ventre de Une
L'armée de l'air finlandaise tient à sa croix gammée

 S' agissant des motifs qui ornent le fond bleu du drapeau, Liisa Kontiainen, héraldiste, explique que la couronne d'ailes blanches représente la connaissance, alors que la torche avec quatre éclairs symbolise la guerre électronique. L'artiste n'a pas précisé ce qu'évoque la croix gammée noire située au centre du drapeau de l'Ecole de guerre aérienne de Finlande, parce qu'il va de soi, pour tous les Finlandais, que "ce symbole antique avait été adopté par l'armée de l'air finlandaise dès les débuts de son histoire et ne pouvait donc en aucun cas être interprété comme ayant un lien quelconque avec la croix gammée nazie".

Donc, lorsque Ruotuväki, le bulletin d'information des forces armées finlandaises, a rapporté, dans son numéro du 4 octobre, qu'une cérémonie officielle se tenait ce jour-là à la présidence de la République, à Helsinki, pour la remise solennelle du nouveau drapeau à l'Ecole de guerre par la présidente finlandaise, Tarja Halonen, la nouvelle n'a ému personne. Hannu Niskanen, évêque-aumônier, a simplement béni la bannière de ce qu'il a appelé les "forces armées célestes", et l'affaire fut réglée. Ce n'est que plus tard qu'une certaine effervescence s'est développée, sur Internet. En Finlande, rien. Comme l'a précisé, mardi 18 octobre, Juha Virtanen, chargé d'affaires de l'ambassade de Finlande à Paris, "cette question n'a pas été évoquée au niveau officiel". Le diplomate a fait parvenir au Monde une explication de l'origine finlandaise de la svastika, d'où il ressort que celle-ci est "utilisée depuis la nuit des temps comme motif de décoration ou comme signature". "Souvent considérée comme un signe de bon augure, la croix gammée a encore jusqu'à très récemment été utilisée dans les travaux de couture des peuples finno-ougriens", ajoute-t-il.

Historiquement, la croix gammée bleue sur fond blanc était l'emblème de chance du comte suédois Eric von Rosen, qui avait fait apposer cette marque sur les ailes de son avion pendant la "guerre de libération de 1918". Il avait ensuite donné son appareil aux forces aériennes finlandaises, qui ont fait leur ce "motif de décoration" jusqu'en 1945. Après la guerre, la "Commission de surveillance" a ordonné le remplacement de la svastika par une simple cocarde, sans pour autant ordonner le retrait de bannières à croix gammées.

Les diplomates finlandais prennent soin de rappeler que la croix gammée des nazis "pointait toujours vers la droite, alors qu'en Finlande on l'inscrivait toujours tout droit", et ils soulignent que "cet emblème historique" est "chargé d'une forte valeur sentimentale".

Faute d'émouvoir la Finlande, la croix gammée de l'Ecole de guerre a donné lieu à de nombreux messages attristés et courroucés d'internautes. De nombreux bloggeurs ont évoqué cette affaire, mais c'est le propos de "Christine" qui retient le plus l'attention. Elle trouve "infamant" de "justifier l'inacceptable", et, s'adressant aux autorités finlandaise, elle écrit : "Parce que votre pays appartient à notre Europe à tous, parce que vous allez contre un travail de mémoire qui est long, douloureux et difficile pour tous nos pays. Parce que vous faites comme si toutes celles et tous ceux qui sont morts par millions au pied de cette croix qui claquait sur les drapeaux du IIIe Reich étaient comme la conséquence d'une erreur regrettable en matière d'interprétation des symboles."

Laurent Zecchini
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / Opinions
Edito du Monde
Un général suspendu

 L e désaveu d'un général doit-il rejaillir sur l'armée française ? En suspendant le général Henri Poncet, 56 ans, ancien patron de l'opération "Licorne" en Côte d'Ivoire, et en faisant planer sur lui le soupçon qu'il a sciemment couvert le meurtre d'un Ivoirien, fût-il un assassin et un violeur, le ministère de la défense a pris une mesure sans précédent depuis la mise en cause des généraux d'Alger. La sévérité du geste est à ce point exceptionnelle que l'on est enclin à se demander s'il ne s'agit pas de stopper net une mise en cause beaucoup plus large des 4 000 soldats français stationnés en Côte d'ivoire.

Le danger serait de pratiquer l'amalgame et de jeter l'opprobre sur une armée qui depuis trois ans a fait preuve de sang-froid, notamment lors des événements de novembre 2004, lorsque l'aviation du président Laurent Gbagbo a bombardé un détachement français à Bouaké, tuant neuf soldats.

Que les militaires français aient eu, sous le commandement du général Poncet et en réaction à cet épisode dramatique, la main lourde pour mater l'éruption de violence qui menaçait alors Abidjan, c'est possible. Mais la tuerie délibérée de Bouaké ne saurait justifier l'éventuelle exécution d'un prisonnier. En l'état, rien n'a encore filtré des faits précis reprochés au général. Les propos de Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sonnent comme un acte d'accusation : "Il est de mon devoir de prendre des mesures lorsqu'il y a des manquements. Il en va de l'image de nos armées." Par définition, le nord de la "ligne de confiance", qui sépare la Côte d'Ivoire en deux, est une zone de non-droit.

Plus exactement, le droit y est incarné par l'armée française. C'est une lourde responsabilité qui requiert des soldats, dans un climat de guerre civile, d'évoluer en tentant d'imposer, sinon la paix, du moins une trêve. Voilà qui implique un refus sans concession des bavures et une parfaite communication avec la hiérarchie. Or le ministère n'aurait pas toujours été informé en temps et en heure.

Si le général Poncet a failli à sa tâche, il doit être sanctionné. Mais à ce stade, cette affaire sert surtout de révélateur à la position inconfortable d'une armée désormais de plus en plus impliquée dans des situations de maintien de l'ordre et non plus de guerre classique. Terrain mouvant, parfois politique. D'autres généraux ont été mis en cause dans le passé, comme le général Bernard Janvier, à propos du massacre de Srebrenica, en 1995.

A l'époque, l'intéressé avait été mis en cause pour ne pas avoir protégé les musulmans bosniaques pourtant "réfugiés" dans une zone de sécurité de l'ONU. Il s'agissait de non-assistance à personnes en danger. Au Rwanda, ce sont les ambiguïtés de la France et de son armée lors du génocide des Tutsis qui avaient été relevées et condamnées.

La présence française sur tant de théâtres d'opérations extérieurs demande, à l'évidence, une clarté dans la définition des missions qui n'est pas toujours au rendez-vous.

Article paru dans l'édition du 20.10.05

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Jean-Patrick ♦ 20.10.05 | 14h08 ♦ Une fois de plus les commentaires partent dans tous les sens. Attendons de connaître les résultats de l’enquête en cours avant de spéculer sur tel ou tel responsabilité ! Je trouve lamentable les commentaires du style "Une seule solution : faire revenir l’armée française de tous les théâtres d’opérations où elle va au risque de sa peau (pas grave, elle est payée pour ça),". Allez dire cela aux ressortissants français de Côte d’Ivoire ou d’autres pays Africains !
Jean-Matthieu G. ♦ 20.10.05 | 12h48 ♦ Effectivement, les faits ne sont nul part relatés et chacun se pique de commenter ou de jeter l’oprobre à cette entité vague qu’on appelle "Armée Française". Les faits ? Un criminel était poursuivi. Interpellé, il a tenté de fuir. Le sergent commandant la section a tiré... dans les jambes (hé ouais). Le suspect s’est enfui, blessé. On le retrouvera mort 2 jours plus tard dans une rue d’Abidjan, des "suites de son arrestation", en vérité des suites de sa blessure à la jambe
Késako ♦ 20.10.05 | 11h38 ♦ Bien que mon opinion soit loin d’être politiquement correcte, je dirai simplement que si ces soldats français avaient été chez eux dans cette métropole qui assure (grassement) leurs salaires, rien de cela ne serait arrivé … Si leurs chefs (dont la "sémillante" ministresse en tenue de bal) tenaient à tout prix à leur faire assurer "des missions de sécurité", alors pourquoi pas dans le métro de Lyon ou dans les gares de banlieue de Paris, à 11 h du soir ! Mais le prestige de la France !
Paul C. ♦ 20.10.05 | 08h38 ♦ Comment peut on dans de telles circonstances se livrer à des suppositions,des soupçons et des interprétations? je n’ai trouvé dans les différents articles aucun témoignage de journaliste ou de personnes commentant les faits présents sur le terrain au moment de l’accrchage. Il est facile de jeter l’opprobre sur des cadres de l’Armée française et de disserter sur le comportement de nos soldats tout en restant sous la couette. Attendons le résultat de l’enquête avant de salir des familles.
marie-suzanne ♦ 19.10.05 | 23h07 ♦ Une seule solution : faire revenir l’armée française de tous les théâtres d’opérations où elle va au risque de sa peau (pas grave, elle est payée pour ça), au risque de son honneur (traîné dans la boue depuis des décennies par des lâches et des intellocrates)… Peut-être une 2e : supprimer toute armée française, je ne vois pas pourquoi elle continue à tenter de défendre autant de c... !
Flying+Frog ♦ 19.10.05 | 20h25 ♦ Il vaut mieux etre suspendu que pendu. Ceci dit il fut un temps ou des militaires ayant fait bien pire que ce dont il est soupconné n’étaient pas inquiétés. Les temps changent ou alors ce genéral est une victime expiatoire dans le cadre d’une tractation politique?
kiribati ♦ 19.10.05 | 18h44 ♦ La rigidité et le goût du secret (et en conséquence le mépris du droit) sont des caractéristiques connues du général Ponset. Ce sont les caractéristiques d’un chef militaire. Mais la situation de l’opération "Licorne" est vraiment difficile, presque insupportable (par moments). Deux soldats y sonts morts en 2003 dans des circonstances douteuses. Il y a eu, peu après, une opération de "représailles", au mépris des règles de droit — où des Ivoiriens sont restés au sol. Qui en parle ?
ioulie ♦ 19.10.05 | 17h58 ♦ Le général Poncet s’était mis à dos non seulement le régime Gbagbo,ce qui est compréhensible,mais également sa propre hiérarchie,qui souhaitait à l’époque "en finir", en laissant un subordonné avertir ses camarades de promotion côté ivoirien de ne riposter en aucun cas aux actions militaires françaises sous peine d’anéantissement et de champ laissé alors libre aux rebelles du nord. A l’heure du réchauffement, chacun peut retrouver la face à peu de frais, et le général méditer sur ses devoirs...
Georges P. ♦ 19.10.05 | 17h50 ♦ A quand une enquête du Monde sur les raisons de la nette détérioration des liens de la "Franceafrique" ? Une bonne étude sur le rôle joué par les Etats-Unis dans la décolonisation de l’Afrique francophone est parue cette année (l’Harmattan), un travail grand public d’histoire "immédiate" - de journalisme en somme - devient utile.
micheline t. ♦ 19.10.05 | 17h13 ♦ était-il necessaire de donner en pature un général à la presse j’ai mal à la France .merci mam avec vos etats de services c’est normal .
PASCAL W. ♦ 19.10.05 | 16h55 ♦ Le texte de l’éditorial est ambigu et mal construit. Certes, on aimerait en savoir plus sur cette affaire, on en parlerait alors plus clairement. Mais pourquoi la mise en cause d’un officier supérieur doit-elle encore, en 2005, être immédiatement appréciée en terme d’"honneur de l’armée" ? L’éditorialiste semble hésiter entre l’appel à la transparence naturel au Monde et un conservatisme apeuré à l’idée de mécontenter l’uniforme...
monrog ♦ 19.10.05 | 16h25 ♦ Je note simplement, en marge de cette affaire, qu’au nom d’un soi-disant domaine réservé, la question de l’engagement de nos troupes à l’étranger appartiennent au seul Prince. Autre question : pourquoi tant d’engagements à l’extérieur ? Au nom de quels principes ? A quels prix ?
HENR4 ♦ 19.10.05 | 16h01 ♦ Attendons la suite . Pour le moment les journalistes parlent sans rien savoir. Nous demandont de savoir,car ce général "de haute valeur" (Mme la Ministre) mérite que tout le monde sache de quoi il s’agit (avant tout bavardages....)


Le Monde / Société
Un maire jugé pour avoir empêché la vente d'une maison à un couple d'origine étrangère
VIENNE (Isère) de notre envoyée spéciale

 C ravate rose, mocassins et chaussettes blanches, Gérard Dezempte, 54 ans, maire UMP de Charvieu-Chavagneux, a pris place sur le banc des prévenus, flanqué de son premier adjoint chargé de l'urbanisme, Georges Boyer, un ancien sapeur-pompier de 69 ans. L'élu de cette petite commune du nord de l'Isère comparaissait, mardi 18 octobre, devant le tribunal correctionnel de Vienne (Isère) pour "discrimination raciale par personne dépositaire de l'autorité publique".

Les faits remontent à l'année 2000. L'élu et son adjoint sont accusés d'avoir exercé le droit de préemption de la mairie sur la vente d'une maison d'un particulier pour éviter qu'elle ne soit vendue à un couple de Français d'origines algérienne et marocaine, Moussa Ghezzal et Aïcha Inegmirs, parfaitement inséré professionnellement et socialement.

Ces derniers avaient eu, ont-ils expliqué au tribunal, un "coup de foudre" pour la maison des Marin, mise en vente au prix de 648 000 francs. Mais lors de la signature du compromis de vente, le 29 janvier 2000, le notaire des vendeurs les avait brusquement mis en garde contre les difficultés susceptibles de se poser en raison de leur origine.

"FACIÈS PAS TROP TOLÉRÉ"

"Il nous a dit : "Je ne vous cache pas que votre faciès est pas trop toléré dans le coin"", a raconté M. Ghezzal à la barre. Puis l'officier ministériel leur a conseillé de se présenter à la mairie. Sous le choc des propos, le couple a rendu alors visite à Georges Boyer. Cinq jours plus tard, les Ghezzal ont reçu un courrier de la mairie leur indiquant que la municipalité exerçait son droit de préemption pour convertir la maison en local social.

Aux propriétaires, la mairie a proposé un prix ridiculement bas, en deçà de l'estimation des domaines. "Là, on s'est dit que le notaire avait raison, a commenté à la barre M. Ghezzal. Les Marin nous ont raconté que Georges Boyer leur avait indiqué que s'ils vendaient à une personne d'origine étrangère, la vente ne se ferait pas. La seule solution pour eux était de trouver un acheteur avec un nom à consonance européenne." "Dégoûtés", les Ghezzal ont préféré renoncer et acheter un terrain à L'Isle-d'Abeau, une commune voisine. Finalement, la mairie n'a jamais préempté et ne s'est pas opposée à la vente lorsque les Marin ont trouvé un acquéreur portant un nom français.

Pour sa défense, Gérard Dezempte assure qu'il n'a pas voulu "gêner"  le couple des vendeurs en proie à des difficultés de santé et d'argent. Il affirme que la mairie n'avait pas voulu investir au moment où une usine fermait ses portes sur la commune.

Les explications n'ont pas convaincu le ministère public et encore moins les parties civiles, SOS-Racisme et le MRAP, qui ont rappelé que le maire de Charvieu-Chavagneux, ancien "milloniste", déjà condamné pour "incitation à la haine raciale", avait fait de la baisse de la population étrangère sur sa commune un véritable programme.

Dans un réquisitoire d'une grande sévérité, le procureur a estimé que les deux élus avaient abusé et détourné leur droit de préemption dans le seul but de faire échec à la vente. Il a conclu à leur culpabilité. Malgré cela, Franck Rastoul, souhaitant "une peine judiciaire et non politique", n'a requis qu'une sanction à portée symbolique ­ 1 500 euros ­ d'amende. Le procureur avait pourtant rappelé que la loi prévoit des peines aggravées pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende pour les élus ayant commis des délits de discrimination.

Jugement le 29 novembre.

Sophie Landrin
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / France
La droite croit dur comme fer au retour de Lionel Jospin pour 2007

 À  venir, un livre, une émission de télévision, une grande interview : il n'en fallait pas tant à la droite pour croire au retour de Lionel Jospin. Depuis plus d'un an et demi, les élus de la majorité prédisent que l'ancien premier ministre sera candidat en 2007. Il y a là une part de tactique, et une vraie conviction. A commencer par celle de son rival de 2002, Jacques Chirac, réélu contre Jean-Marie Le Pen.

Précisément pour cette raison, le président pense que celui qui partagea avec lui cinq ans de cohabitation, reviendra. "Je le connais, il voudra sa revanche", avait confié M. Chirac à Jean-Pierre Raffarin. Quand M. Jospin avait annoncé, le 21 avril, "j'abandonne la vie politique", le chef de l'Etat n'en avait pas cru un mot.

"Il est trop teigneux, trop bagarreur pour ne pas vouloir rejouer le match", juge un proche de M. Chirac. Un autre demande, gourmand : "Et vous, vous y croyez au retour de Jospin ?" Avant d'ajouter, faussement navré que, dans ce cas, "ce sera dur pour les jeunes" ­ comprendre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. De vieux routiers comme Charles Pasqua et Philippe Séguin partagent, en privé, la même analyse. Même la jeune députée (UMP) des Yvelines, Valérie Pécresse, est persuadée du retour de "l'austère qui se marre", comme Jospin s'était qualifié lui-même.

Josselin de Rohan, président du groupe (UMP) du Sénat et condisciple de Lionel Jospin en hypokhâgne à Janson-de-Sailly, est peut-être celui qui le connaît le mieux, à droite : "Si le non l'emporte, prévoyait-il avant le référendum du 29 mai, les partisans du oui en voudront à mort à Fabius." Qui pourra alors le mieux fédérer le PS ? "Jospin, disait-il, car il a prouvé qu'il était un authentique homme de gauche, contrairement à Fabius." Le sénateur aligne ses arguments : Jospin est plus jeune que Chirac, il a déjà fait deux campagnes présidentielles, il a une stature internationale, des qualités de gouvernant. Il peut être un recours, vu "l'état dans lequel les socialistes vont sortir de la bagarre".

Lionel Jospin est, aux yeux de cet ami, "ce genre d'homme qui ne renonce à la politique que dans le cercueil". M. de Rohan balaie d'un geste le passé trotskiste du socialiste : "C'est oublié." Le seul obstacle à sa candidature ? "Après le premier tour, il est parti en laissant tout le monde dans la mouscaille. Est-ce que les socialistes passent l'éponge là- dessus ou pas ?", s'interroge-t-il.

Béatrice Guerry
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / France
Lionel Jospin revient sur la scène politique

 L ionel Jospin revient sur la scène politique et livre dans un ouvrage intitulé Le Monde comme je le vois ses pistes de réflexion sur l'Europe, l'économie ou encore l'avenir du Parti socialiste. Les bonnes feuilles de son livre, qui sort le 27 octobre en librairie, sont publiées jeudi 20 octobre dans Le Nouvel Observateur.

A un mois du congrès du PS au Mans, l'ancien premier ministre règle quelques comptes, avec l'extrême gauche et Laurent Fabius notamment. Cinq mois après le référendum sur la Constitution européenne, Lionel Jospin estime que le "traité constitutionnel est mort"  et la "voie institutionnelle pour un temps bouchée".

Il fustige – en filigrane – la position adoptée par Laurent Fabius, son ancien ministre de l'économie, militant du non, qui avait promis un "plan B" en cas de rejet du texte lors du référendum du 29 mai.

"Je ne vois se dessiner aucun plan institutionnel de substitution susceptible de satisfaire les Français et d'obtenir l'accord de nos partenaires", écrit Lionel Jospin, "choqué" par certains arguments des partisans du non, sur l'avortement ou la laïcité.

"Il est plus inacceptable encore de susciter la peur de l'étranger en dénonçant les travailleurs de l'Europe centrale ou en manipulant politiquement les délocalisations dont on n'entend plus guère parler depuis le 29 mai", poursuit-il, visant à nouveau Laurent Fabius pour qui l'Europe élargie fait planer un risque de décrochage économique de l'Union européenne.

"Nous ne réussirons pas l'élargissement en nous montrant frileux politiquement, malthusiens économiquement et chiches budgétairement", prévient Lionel Jospin.

LA DROITE "À CÔTÉ DE LA PLAQUE"

A ses yeux, les "éléments" d'un "bon compromis" de sortie de crise européenne existent, entre autres, une augmentation du budget communautaire, la réduction du coût de la politique agricole commune, une meilleure harmonisation fiscale et la reconnaissance des services publics.

"Mais cela supposerait que les autorités françaises soient capables de bouger", ironise l'ancien premier ministre avant d'attaquer les politiques néolibérales de la droite qui "tapent à côté de la plaque".

"Elles ne se sont pas révélées efficaces" et "risquent de se payer plus tard au prix fort" estime-t-il, rappelant qu'entre 1997 et 2002, quand il était à Matignon, "la confiance et la croissance économique ont été rétablies parce qu'aucune catégorie n'a été oubliée".

Les extraits choisis par Le Nouvel Observateur n'abordent la situation au Parti socialiste que de façon indirecte, sans un mot sur le congrès du Mans. En revanche, en vue des prochaines échéances électorales, l'ancien chef de la gauche plurielle exclut tout rapprochement avec l'extrême gauche.

"Le jeu démocratique loyal veut qu'on aille se battre sur tout le terrain non qu'on reste assis dans les tribunes pour siffler les joueurs", dit-il.

L'ancien premier secrétaire du PS critique cependant le choix des dirigeants actuels d'organiser un référendum interne sur la Constitution européenne "dont ils savaient qu'il les diviserait". Il se prononce pour un régime présidentiel alors que d'autres au PS militent pour l'instauration d'un régime parlementaire.

Lors d'une réunion de sa section PS dans le 18e arrondissement de Paris lundi, il a apporté son soutien à François Hollande en vue du congrès. Une position qu'il pourra défendre le 5 novembre, quatre jours avant le vote des militants du PS lors d'une séance de dédicaces dans une librairie parisienne.

Avec Reuters
LEMONDE.FR | 20.10.05 | 08h21


Le Monde / Société
Les dérives d'un couple, du surendettement à l'infanticide
BEAUVAIS de notre envoyée spéciale

 D eux paires d'yeux bleus sous des cheveux blonds. Ceux de Mathilde, 9 ans, ronds, vifs, rieurs, rivés à ses doudous de peluche. Ceux de Médéric, 16 ans, si durs, lorsqu'ils se posent sur le couple assis à la place des accusés : Emmanuel et Patricia Cartier, leurs parents. Ils sont jugés depuis lundi 17 octobre par la cour d'assises de l'Oise, pour avoir tenté, le dimanche 18 août 2002, de tuer leurs cinq enfants, en leur faisant des piqûres d'insuline. Les deux plus petits, Marine et Thomas, aujourd'hui âgés de 6 et 3 ans, sont restés à l'école. Alicia, 11 ans, est morte. Leurs parents encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

"Ce dimanche soir, il faisait très orageux" , se souvient Mme Cartier. Elle avait rempli des sacs de vêtements pour la Croix-Rouge, rassemblé quelques bijoux et des photos avec un mot pour une de ses soeurs.

Son mari, de son côté, avait rédigé une longue et tendre lettre à sa mère. Il lui confiait Princesse, la chienne, Minouche, la chatte, et regrettait de ne pas avoir pu la serrer dans ses bras une dernière fois. Dans un carton, il avait aussi rangé les consoles de jeux vidéo et des CD pour son frère, brûlé des papiers et sorti les poubelles.

Puis Patricia Cartier était allée chercher dans le réfrigérateur les trois flacons d'insuline dérobés dans la maison de convalescence où elle travaillait comme aide-soignante et en avait rempli des seringues. Aux enfants, elle a dit que c'était un vaccin, pour l'école, et qu'elle n'avait plus assez de sous pour aller chez le médecin. Elle a commencé par le bébé de 11 mois, Thomas, puis par Mathilde et Marine, qui ont protesté parce qu'elles étaient en train de regarder une cassette. Elle a continué avec Médéric et Alicia.

Il restait encore deux seringues, mais plus assez de produit. Patricia Cartier s'est piquée dans le ventre, à deux reprises. Avant d'aller se coucher, dans le lit voisin de celui des deux petites, elle a pris Thomas dans ses bras. Pour son mari, elle avait laissé le scalpel et une bouteille de whisky sur la table du salon. Il a bu, vomi, essayé le scalpel "avec le côté non tranchant" , bu encore et s'est endormi. C'est Thomas qui a réveillé sa mère, quelques heures plus tard. Quand elle s'est levée pour lui faire un biberon, elle a entendu des râles dans la chambre d'Alicia. "Je la tapotais, elle ne répondait pas."

Lorsque les pompiers, alertés par un coup de téléphone paniqué des parents, sont arrivés au petit matin, Alicia était dans un coma profond. Aux gendarmes, les époux ont avoué tout de suite avoir voulu en finir pour fuir leur surendettement et partir avec leurs enfants "vers un monde meilleur" .

"L'idée vient de moi. Ça a commencé à me travailler vers le mois de mai" , raconte M. Cartier. Un distributeur automatique venait d'avaler une de ses cartes de crédit. Sur son portable, il avait reçu quelques appels pressants d'organismes de prêt. "Il m'a dit qu'on était foutus" , confirme son épouse. Le crédit, ils avaient toujours vécu avec. Pour Emmanuel Cartier, cela avait commencé à 19 ans. Il avait envie d'une chaîne stéréo et sa mère lui avait dit : "Prends ma carte Aurore et va chez Conforama." Avec sa femme, leur premier achat à crédit a été pour la voiture. Puis il y a eu le lave-linge, le réfrigérateur, la télé, l'ordinateur, la literie pour les premiers enfants. "Médéric et Mathilde faisaient des crises d'asthme. J'avais poussé mon mari à acheter un appareil à vapeur pour le ménage. C'était une bêtise, il coûtait très cher, 10 000 francs à l'époque", poursuit Mme Cartier.

Petit à petit, les cartes de crédit s'empilent dans les portefeuilles : la Cora, la Kangourou, la Codefi, la Cofidis, la Sofinco, la Cetelem... "Ça faisait de toutes petites sommes à rembourser, ça ne se voyait pas. Je ne faisais plus mes comptes avec mes revenus. Le crédit, c'était devenu naturel" , raconte M. Cartier. Quand ils contractent un nouveau prêt à la consommation, les époux prennent soin d'indiquer "0" dans la case "autres crédits" sur le formulaire. "Sinon, ça ne serait pas passé" , admet-il. Une première fois, il s'inquiète et conclut avec sa banque un rachat de toutes ses dettes, évaluées à 135 000 francs. "Mais comment en étiez-vous arrivés là ?" , lui demande la présidente, Cécile Simon. "C'était pour les enfants. Je voulais toujours qu'ils aient le mieux. Si j'achetais pour l'un, j'achetais pour l'autre. Cela me semblait normal !"

En novembre 2000, Emmanuel et Patricia Cartier s'arrêtent devant une annonce des maisons Phénix. Quitter leur HLM pour un pavillon, ils en rêvent. Les voilà endettés de 680 000 francs supplémentaires. "Un endettement massif !" , s'étonne la présidente. "Non, c'était sur vingt ans" , répond M. Cartier. Ils s'équipent d'une cheminée avec insert, à 48 000 francs, acquièrent un abri de jardin, de l'outillage, installent une clôture.

Autour d'eux, une famille s'inquiète. Les soeurs de Patricia Cartier surtout. Elles défilent les unes après les autres à la barre, ces aînées aussi solides que leur soeur semble vulnérable. Maryse, l'ex-secrétaire de mairie, qui les avait mis en garde contre les frais pour la maison ; Brigitte, "directrice générale" , qui leur avait fait envoyer un dossier de surendettement ­ "Je ne l'ai pas rempli" , dit Emmanuel Cartier; Franciane, agent administratif, qui, à 53 ans, élève aujourd'hui les quatre enfants de sa soeur et qui s'agaçait de voir qu'"ils avaient encore acheté une game cube. Ils voulaient tout, tout de suite. La maison, c'était un peu comme leur sixième enfant" .

Les soeurs font quelques chèques, remplissent le frigo, apportent du bois, donnent des meubles de cuisine. "On voulait éviter de les froisser dans leur impossibilité à demander quelque chose" , dit Maryse. Plus elles parlent, plus Patricia Cartier s'effondre. Médéric, qui la regarde, a un rire terrible de douleur. Blottie dans les bras de sa tante, Mathilde serre ses doudous contre elle, lutte encore un peu et pleure.

Pascale Robert-Diard
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / Société
Les créanciers accordent parfois des prêts de manière hasardeuse

 L es établissements de crédit distribuent-ils des prêts à l'aveuglette ? La question apparaît en filigrane dans le procès des époux Cartier, qui comparaissent devant la cour d'assises de l'Oise pour avoir tenté d'empoisonner leurs enfants, provoquant la mort de l'un d'eux. Durant des années, les deux accusés ont accumulé les ardoises sans que leurs créanciers ne s'en émeuvent. Une telle infortune sort de l'ordinaire, mais d'autres cas, à peine moins graves, existent. Le président de SOS-surendettement, Gérard Renassia, vient, par exemple, d'être alerté sur la situation d'un couple qui traîne 22 crédits à la consommation, des dettes fiscales, le remboursement d'un prêt immobilier, etc.

Lorsqu'ils avancent de l'argent à un particulier, les établissements de crédit à la consommation réclament des justificatifs variant selon plusieurs paramètres, explique Jean-Claude Nasse, délégué général de l'Association française des sociétés financières (ASF) : montant de l'emprunt, mode de commercialisation, lieu de distribution... S'il s'agit d'un crédit octroyé dans un "lieu de vente" , le débiteur doit souvent présenter un bulletin de salaire, un justificatif de domicile et préciser s'il a contracté d'autres emprunts. Toutefois, le contrôle peut s'avérer beaucoup plus lâche, notamment pour les "prêts à distance" (accordés via Internet, par exemple).

FICHIER DES INCIDENTS

"Il n'y a pas de réglementation sur les pièces à fournir" , indique le délégué général de l'ASF. Mais les établissements de crédit veillent, en général, à ce que l'emprunteur puisse tenir ses engagements, ne serait-ce que parce que c'est dans leur intérêt, insiste-t-il. Ils apprécient la solvabilité du ménage (à l'aide du credit scoring ) et consultent le Fichier national des incidents de remboursements des crédits de particuliers (FICP). Aujourd'hui, selon M. Nasse, les établissements de crédit rejettent un plus grand nombre de dossiers qu'auparavant : "Le taux de refus est, en moyenne, de 60 % pour le crédit renouvelable." Au final, les créances non recouvrées représentent moins de 2 % de l'encours.

Mais il arrive que des emprunteurs "mentent par omission" et camouflent leur niveau d'endettement aux sociétés financières, note Reine-Claude Mader, secrétaire générale de l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). Dans ces cas-là, elles "n'ont aucun moyen de vérification" . Sauf si le débiteur trébuche et que l'incident de paiement est inscrit au FICP. Mais l'alerte est parfois tardive, comme dans le cas des époux Cartier.

En outre, certains établissements bancaires ou organismes de crédit octroient des prêts dans des conditions parfois hasardeuses. La Cour de cassation a rendu plusieurs arrêts mettant en cause la responsabilité du prêteur et pointant des "manquements" aux devoirs de "mettre en garde" , de "conseiller" ou d'"éclairer" le débiteur. Ainsi, dans une décision du 8 juin 1994, la haute juridiction a estimé que la créance d'une société financière pouvait être réduite car cette dernière "avait agi avec une légèreté blâmable" en consentant un prêt à un agriculteur dont la "situation financière très précaire" était connue.

Enfin, certaines associations de consommateurs regrettent que le crédit renouvelable soit souvent présenté "comme une source de pouvoir d'achat" , selon la formule d'Isabelle Faujour, directrice juridique adjointe au sein de l'UFC-Que Choisir. "Il est dangereux de faire croire que c'est un substitut de revenu." Christian Huard, président de ConsoFrance, s'indigne, lui, de la prolifération des cartes distribuées dans les grands magasins, qui, sous couvert d'offrir divers services, recèlent du crédit. "Les gens les prennent sans savoir qu'elles sont adossées à des réserves d'argent renouvelables. La confusion des genres est totale."

Pour aider les organismes prêteurs à évaluer la solvabilité de leurs clients, des parlementaires de la majorité ont récemment proposé d'instaurer un "répertoire" qui recenserait les encours de crédit des ménages (Le Monde du 28 avril). Il "permettrait d'éviter que la situation de certains surendettés ne s'aggrave", estime Philippe Florès, président du tribunal d'instance de Saintes (Charente-Maritime). Mais l'initiative est critiquée par la plupart des établissements de crédit et des associations de consommateurs.

Bertrand Bissuel
Article paru dans l'édition du 20.10.05


Le Monde / Chats
L'hôpital a-t-il toujours les moyens de nous soigner ?
L'intégralité du débat avec Véronique Vasseur, auteure de "L'Hôpital en danger" (Flammarion, 2005)., vendredi 21 octobre 2005

Véronique Vasseur, auteure de
AFP
Véronique Vasseur, auteure de "L'Hôpital en danger" (Flammarion, 2005).

Stephff : Pourquoi cette question se pose-t-elle aujourd'hui ?
Véronique Vasseur :
L'hôpital a bien sûr les moyens de soigner, et il le fait très bien. Le problème, c'est qu'on lui demande aussi d'être le recours à tous les dysfonctionnements de la société et à toute la misère sociale. Ce n'est pas à la Sécurité sociale de prendre en charge "l'hôtellerie assistée", il faut trouver des structures très légères, et peut-être un financement qui ne dépende pas de la Sécurité sociale. C'est de l'argent inutilement dépensé. La Sécurité sociale rembourse les opérations, les médicaments, elle n'a pas à prendre en charge l'hébergement sans soins. Ce ne sont pas forcément les patients qui doivent payer, car il y a des gens totalement démunis, et de plus en plus, des personnes très âgées ou SDF. Ce peut être le conseil général, par exemple.

"MANQUE DE RÉFLEXION ÉTHIQUE"

Mistertap : N'aurait-il pas plutôt fallu défendre le statut de l'hôpital en tant que bien public et ne pas laisser des gestionnaires prendre les rênes et considérer l'hôpital comme une entreprise ? A mon avis, le scandale est là.
Véronique Vasseur :
L'hôpital n'est pas une entreprise comme les autres, puisqu'il accueille des hommes, des femmes, des enfants. Le problème, c'est que cela devient de plus en plus administratif, les réformes sont toujours des réformes de gestion, et on ne se propose jamais de recentrer le malade au sein de ce dispositif, de mettre de l'humanisme au centre de l'hôpital. Il y a un manque de réflexion éthique des administratifs, évidemment, mais aussi des médecins. Un médecin, ce n'est pas un gestionnaire.

Iris : Où en est le plan Hôpital 2007 qu'avait lancé Jean-François Mattéi, alors ministre de la santé ?
Véronique Vasseur :
Je n'en sais rien. Je sais qu'il y a un nouveau plan de Xavier Bertrand, la fameuse "tarification à l'acte", c'est-à-dire que l'on va donner de l'argent aux services qui rapportent. Cela va pénaliser les services de médecine qui ne font pas beaucoup d'actes valorisants. Ce qui compte, dans la tarification, c'est tout ce qui est invasif : une sonde, une biopsie, un tubage, etc. Ne sont pas cotés : aider à manger des personnes âgées, les nettoyer, leur faire la toilette, leur parler... Tout ça ne compte pas.

Silvinet : Qu'en est-il des services de long séjour ? Vont-ils être supprimés ?
Véronique Vasseur :
On a supprimé environ 100 000 lits pour une raison que j'ignore, puisqu'il y a justement énormément de placements pour des personnes qui ne peuvent plus vivre seules et qui n'ont pas les moyens de vivre chez elles seules. Ils ferment les longs séjours, les lits de psychiatrie, alors qu'il y a de plus en plus de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, car la population vieillit.

Alainb : Ne pensez-vous pas que la fermeture d'hôpitaux qui ne pratiquent que peu d'actes soit une bonne façon de faire des économies, et donc de fournir une meilleure qualité de soins ailleurs ?
Véronique Vasseur :
Je pense que vous parlez des cliniques où l'on fait peu d'actes de chirurgie en province et que l'on ferme car l'activité est insuffisante. Je pense que c'est une bonne chose, car un chirurgien qui fait peu d'actes peut perdre la main et cela peut être dangereux. On peut peut-être transformer ces établissements en moyen-long séjour. Il faut trouver du personnel pour travailler à l'intérieur, ce qui n'est pas toujours évident.

Iris : Les services d'urgence demeurent-ils les "parents pauvres" de l'hôpital public ?
Alainb : Le problème des urgences est-il le reflet de tout un dysfonctionnement du système de santé en France?
Véronique Vasseur :
Non, le gros problème des urgences, c'est que le nombre de patients qui s'y rendent va croissant, et tout le monde y va pour n'importe quoi car c'est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et tous les jours de l'année. Les gens y vont même pour des choses non urgentes – une angine, de la fièvre –, c'est une mauvaise habitude. C'est difficile de trouver un médecin à partir de 19 heures et pendant les week-ends... Et beaucoup de gens en situation de précarité préfèrent aller à l'hôpital parce qu'ils ne paient pas.

"LASSITUDE DU PERSONNEL"

Cyrano2005 : Dans plusieurs hôpitaux publics, des rapports de médecins du travail ou de psychologues, au sujet de la dégradation des conditions de travail des soignants et des risques d'épuisement professionnel de ceux-ci, sont systématiquement censurés au sein des instances. Avez-vous eu connaissance de telles pratiques ?
Véronique Vasseur :
Je n'ai pas connaissance de telles pratiques. Par contre, il y a une lassitude du personnel, notamment des infirmières, qui, comme elles sont de moins en moins nombreuses, doivent virevolter d'une salle à l'autre. Et bientôt, avec le regroupement des services en pôles d'activité, cela va s'aggraver. Elles se plaignent de n'avoir de temps que pour faire de la technique et de ne pas pouvoir s'occuper correctement des gens. J'ajouterai que pour les fins de vie, les soins palliatifs, extrêmement pénibles, il n'y a aucune aide psychologique apportée au personnel soignant. Il y a très peu de psychologues à l'hôpital.

VINCENT : Etes-vous favorable à une régulation de l'accès aux services d'urgence ?
Véronique Vasseur :
Oui, complètement. A Saint-Antoine ou dans d'autres hôpitaux, il y a un gros dispensaire où l'on accueille les gens sans rendez-vous, qui peut tout à fait prendre en charge ce qui ne relève pas de l'urgence.

Docteur-love : Vous dites qu'il est difficile d'avoir un médecin après 19 heures. Et SOS-Médecins, ça existe même la nuit, non ?
Véronique Vasseur :
Oui, c'est vrai, mais il faut avoir les moyens de le payer. Les gens ne se rendent pas bien compte qu'il y a une précarité absolument affolante.

Tito : De quel type de prise en charge peuvent bénéficier des personnes en situation irrégulière ?
Véronique Vasseur :
Si elles sont en France depuis plus de trois mois et peuvent justifier d'un domicile, c'est l'aide médicale d'Etat, et dans certains hôpitaux, il y a un dispositif spécial permettant de prendre en charge les personnes qui ne sont pas touristes, mais qui ont l'intention de rester et qui ont une pathologie urgente ou grave. Cela gratuitement, bien sûr. Mais c'est un système qui est assez peu répandu. Cela concerne environ quinze hôpitaux, et fonctionne plus ou moins bien selon les hôpitaux.

Silvinet : J'étais secrétaire médicale dans les services, il me semble que malheureusement rien n'a changé : course aux publications, querelles d'école, psychologie vis-à-vis des malades souvent insuffisante, rôle primordial des infirmières peu reconnu et sous-payé, personnel débordé par des malades qui bénéficieraient d'autres structures que celles de l'hôpital. Qu'en pensez-vous ?
Véronique Vasseur :
Je pense comme vous. Je ne sais pas quand vous avez arrêté. C'est bien souvent l'intérêt du médecin qui passe devant celui du malade. Et il est vrai qu'il y a un manque de réflexion éthique. Il y a des rivalités comme dans toutes les entreprises, je pense.
La formation des étudiants en médecine, ce sont des notions scientifiques, de la technique médicale. On ne leur apprend pas la psychologie, comment annoncer un diagnostic, comment ne pas s'acharner de façon déraisonnable sur des gens en fin de vie, quand on passe du curatif au palliatif... Donc la formation médicale est à revoir à ce niveau-là, c'est évident.
Après, au niveau de l'hôpital, quand vous êtes praticien hospitalier, que vous faites carrière à l'hôpital, on vous demande de publier, d'enseigner, en fait de vous distinguer des autres, et cela se fait au détriment du patient en tant que personne. C'est plus le cas médical qui intéresse que la personne. Tout cela fait que l'hôpital se déshumanise.

Karim : Le système hyper-hiérarchisé ne pèse-t-il pas aussi sur l'hôpital ?
Véronique Vasseur :
Il y a trente-cinq ans, l'ordre était le même : le patron, ses assistants, avec des grades différents, les internes, les externes. Cette hiérarchie ne favorise sans doute pas l'initiative.

Cyrano2005 : La crise que traverse aujourd'hui l'hôpital atteint de plein fouet les services de psychiatrie, où le temps passé, le relationnel, font partie du soin. Moins d'effectifs, c'est moins de sorties, moins d'ateliers thérapeutiques, et... plus de chimique. N'est-ce pas le retour de l'asile 2007 ?
Véronique Vasseur :
Que ce soit les services de psychiatrie ou les services de médecine, c'est un peu la même chose : l'humain passe après. On est toujours dans la technique médicale. Cela revient au même, c'est la même question quelle que soit la spécialité.

Mistertap : Ne pensez-vous pas qu'il faudrait que l'hôpital s'ouvre vers d'autres médecines qui sont plus au service des patients et non pas au service de l'aura des professeurs ?
Véronique Vasseur :
Peut-être plus valoriser la médecine générale, qui est quand même le canard boiteux de l'hôpital. Parce que ce n'est pas une spécialité. C'en est une, mais elle n'est pas reconnue comme telle.

Eric : L'hôpital n'exploite-t-il pas les médecins dès leur plus jeune âge : externes puis internes sous-payés travaillant soixante-dix heures par semaine. Cela ne contribue-t-il pas à leur démotivation pour le secteur hospitalier, outre les conditions salariales qui sont meilleures dans le privé ?
Véronique Vasseur :
C'est faux. Il n'y a pas beaucoup d'études où l'on est payé. Un interne est payé environ 1 500 euros par mois, plus les gardes. Ce n'est pas mal pour un étudiant. Le vrai sujet, c'est que, actuellement, les étudiants en médecine sont en grande majorité des femmes, et elles choisissent des spécialités comme radiologie, dermato, ophtalmo, qui leur permettent d'avoir une vie de famille. Et certains secteurs sont totalement délaissés, comme la médecine générale ou la chirurgie. La chirurgie est trop dure, et le risque de procès est réel. C'est très fatigant. Pareil pour la réanimation, il n'y a plus beaucoup de candidats. Et là, même s'il y en a, ils vont aller dans le privé car c'est mieux payé.

VINCENT : A force de dire que l'hôpital public est malade, est-ce que nous ne faisons pas le lit de la privatisation du système de santé ?
Véronique Vasseur :
Je ne crois pas. Il faut quand même appeler un chat un chat. Et je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je peux vous assurer que les personnels en ont assez, et on ne peut pas continuer comme ça. Il faudrait embaucher des infirmières, donner aux médecins étrangers le même statut que les médecins français. A qualifications égales, si vous êtes étranger, vous êtes sous-payé. Il faut aussi créer des structures d'aval pour les patients qui restent de trois mois à deux ans aux frais de la Sécurité sociale pour de l'hôtellerie assistée. Il faut obliger les étudiants en médecine et les médecins à suivre des cours de psychologie et d'éthique médicale, comme on les oblige à suivre des cours d'hygiène pour lutter contre les maladies nosocomiales.

Elo : Quelles sont les relations entre hôpital public et hôpital privé ? Quel est le plus performant, selon vous ?
Véronique Vasseur :
Si toutes les mesures que j'ai mentionnées sont prises, ce serait déjà très bien. L'hôpital est très bien, mais il est asphyxié car il est victime de son succès. On lui demande d'être très performant, d'être un recours social à toute la misère du monde, et en plus de réduire ses coûts. C'est un grand écart très douloureux. Il ne peut pas tout faire.

Alainb : Votre ouvrage s'intitule L'Hôpital en danger. Quels dangers courons-nous donc ?
Véronique Vasseur :
On court le danger que des services ferment faute de combattants, qu'il n'y ait plus de médecins pour faire des échos Doppler, ce qui est déjà le cas. Faute d'infirmières et de médecins, il y a un moment où l'on ne pourra plus assurer. Pour l'instant, l'hôpital est en crise, pas encore en danger. Mais à force, ça ne s'arrange pas.

Chat modéré par Constance Baudry et Karim El Hadj
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 17h15


Le Monde / International
Une audition de Condoleezza Rice témoigne des tâtonnements américains en Irak

 P lus de deux ans et demi après le début de la guerre en Irak, la diplomatie américaine est toujours embarrassée pour expliquer l'origine et l'évolution de ce conflit qui devient de plus en plus impopulaire aux Etats-Unis. Une intervention longue et souvent tendue de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, mercredi 19 octobre, devant une commission du Congrès illustre les difficultés de la diplomatie américaine en Irak et alimente le scepticisme aussi bien des républicains que des démocrates.

Alors que la guerre en Irak pour laquelle près de 2 000 soldats ont déjà péri est de plus en plus contestée, Mme Rice a tenté de redonner confiance aux élus. Elle leur a assuré que l'Amérique était engagée dans une "victoire décisive" sur l'insurrection irakienne. Elle a souligné que le retrait des troupes américaines serait conditionné à la défaite de l'insurrection et à la capacité du gouvernement irakien à gérer lui-même son pays sans les Américains.

L'INSURRECTION POURRAIT CONTINUER LONGTEMPS

"En terme de résultats, nous savons exactement à quoi nous voulons arriver", a affirmé la chef de la diplomatie à la commission des affaires étrangères du Sénat où elle était convoquée pour s'exprimer sur l'Irak pour la première fois depuis son arrivée à son poste en janvier. Parlant de "casser les reins" à l'insurrection, elle a réaffirmé sa volonté "que les forces de sécurité irakiennes puissent tenir leur territoire, que les insurgés ne puissent pas quitter une ville puis y revenir terroriser la population". Lors de son audition, elle a reconnu, tout comme l'avait déjà fait le président américain, que l'insurrection pouvait "continuer encore sur une longue période".

Mme Rice a souligné que l'armée américaine faisait des progrès dans l'entraînement des forces de sécurité locales. Si 91 bataillons de l'armée irakienne sont actuellement en ordre de marche, Mme Rice a toutefois omis d'ajouter qu'un seul d'entre eux était opérationnel.

LES AMÉRICAINS "VEULENT LA VÉRITÉ"

Le flou des propos de Condoleezza Rice a irrité les sénateurs des deux côtés de l'échiquier politique. Même ceux traditionnellement favorables au maintien des troupes en Irak ont montré des signes d'impatience."Nous devons reconnaître que les Américains sont avant tout focalisés sur la stratégie de sortie d'Irak", a souligné le président républicain de la commission, Richard Lugar. Cependant, malgré ses explications sur la stratégie suivie, Mme Rice a admis que le projet de remodeler l'Irak,  divisé par des tensions communautaires, "pourrait ne pas fonctionner".

En expliquant que l'origine de la guerre était d'éradiquer l'influence néfaste de l'islam extrémiste au Proche-Orient, laissant ainsi entendre que l'invasion n'avait pas été seulement dictée par les supposées armes de destruction massive, Mme Rice a déclenché l'ire des sénateurs. D'autant qu'elle est considérée comme l'un des principaux architectes du déclenchement de la guerre. La sénatrice démocrate Barbara Boxer a estimé que la chef de la diplomatie avait aidé à tromper le peuple américain : "Madame la secrétaire, notre pays est malade au plus profond de son âme des faux espoirs." Les Américains "veulent la vérité et ils la méritent", lui a lancé Mme Boxer.

Avec AFP
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 12h34


Le Monde / Société
Devant les assises de l'Oise, la terrible normalité des parents infanticides
BEAUVAIS de notre envoyée spéciale

 C hez les Cartier, il y avait cinq enfants et deux salaires d'ouvrier et d'employée. Des fins de mois difficiles et des crédits faciles. Des courses folles entre l'école, la nourrice, le boulot et la maison. Des piles de linge à laver, des dîners à préparer, des fatigues qui usent, des mots qui claquent et parfois des baffes qui volent. Il y avait aussi des dimanches belle-mère-barbecue, des jeux vidéo, du Coca dans le frigo... C'était banal, chez les Cartier. Et puis un jour, un drame extraordinaire a brisé le quotidien de ces gens ordinaires.

Au troisième jour du procès d'Emmanuel et Patricia Cartier, cette terrible normalité a envahi la cour d'assises de l'Oise. Pour chercher à comprendre pourquoi, le dimanche 18 août 2002, ce père et cette mère ont tenté de tuer leurs cinq enfants et de se donner la mort, il a fallu aller au-delà du trop rassurant "procès du surendettement". Et, pour ce faire, écouter Roland Coutanceau et Jean-Luc Viaux, les psychiatres qui ont examiné la personnalité des deux accusés.

Ils ont décrit Patricia, "une femme d'intérieur, qui aime les romans d'amour et le point de croix" , émotive, anxieuse, travailleuse, intégrée ; Emmanuel, solitaire, fier, logique. Entre eux deux, il y a eu ce "coup de foudre" , puis ces années de couple fusionnel, scandées par les naissances des enfants et ce repli à la fois contraint et choisi sur la cellule familiale. "Ils ont des fragilités, comme tout le monde, mais ces fragilités vont se compléter, se rencontrer" , explique le docteur Viaux. Lorsque commencent à s'amonceler les difficultés financières, Emmanuel est le premier à se lézarder. "Avec les dettes, son image de papa pélican qui peut tout offrir va s'effriter, et il ne peut pas le supporter. Il n'y a pas chez lui l'idée qu'on pourrait peut-être vivre un peu moins bien sans que les enfants en souffrent" , poursuit l'expert. De cet échec, va naître en premier, chez Emmanuel, l'idée du suicide.

Face à lui, il y a Patricia, qui, après la naissance de son cinquième enfant, avait pris un congé parental. Mais, au printemps 2002, la situation financière du couple la contraint à reprendre plus tôt son travail d'aide-soignante dans une maison de convalescence et à multiplie les heures supplémentaires. Elle ne s'en sort pas, dort mal, s'inquiète, s'épuise.

"BULLE DE DÉSESPOIR"

Du suicide, Emmanuel et Patricia vont commencer à parler ensemble. "Tous deux vivent dans une sorte d'autisme social, indique le docteur Viaux. Ils se sentent menacés à l'idée que l'on puisse s'apercevoir qu'ils ne peuvent plus paraître ce que les autres croient qu'ils sont."

A la présidente de la cour d'assises, Cécile Simon, qui s'étonne que ni l'un ni l'autre n'aient envisagé de "chercher des solutions" , le docteur Coutanceau offre une réponse toute simple : "On ne se rend pas compte à quel point il faut être structuré pour faire face à des situations difficiles. Face aux dettes, beaucoup de gens ont un passage dépressif. Pour faire des démarches, il faut déjà dépasser la honte d'être surendetté." L'idée de "partir à deux" envahit leurs insomnies. "Au début, je ne disais rien, après j'étais d'accord , raconte Patricia. On se disait que, ensemble, ce serait plus simple." D'accord pour faire des enfants, d'accord pour vivre à crédit, Patricia et Emmanuel, repliés dans la "bulle de désespoir" du pavillon familial, tombent finalement d'accord pour le suicide.

Mais il y a les enfants. "On ne voulait pas leur laisser les dettes" , avait dit Emmanuel. "On ne pouvait pas partir sans eux" , avait renchéri Patricia. Du suicide à deux, le couple glisse alors au projet de la mort tous ensemble. Le reste est connu : le vol d'insuline à la maison de convalescence, les injections à ces cinq enfants, et la mort de l'un d'entre eux, Alicia, 11 ans.

Lorsque, dans la nuit, Patricia découvre l'état de sa fille, la "bulle" se déchire et les parents, paniqués, alertent les pompiers. "Une fois qu'ils ont réalisé, ils ont agi comme des gens normaux , observe le docteur Viaux. Et c'est aujourd'hui, en tant que gens normaux, qu'ils ont peur du regard de leurs enfants."

Devant les aînés, âgés de 17 ans et 9 ans, qui font face à leurs parents dans la salle d'audience, la présidente interroge les deux psychiatres. "Comment peuvent-ils vivre avec l'idée que leurs parents ont tenté de leur donner la mort ?" "On ne souffre pas d'un événement, explique le docteur Coutanceau. On souffre de l'idée qu'on s'en fait, de ce que l'on ne comprend pas (...). Quand on se dit : "Je ne comprends pas comment on peut faire cela, mais je ne suis pas l'autre", cela s'appelle l'humanisation."

Le verdict devait être rendu jeudi 20 octobre.

Pascale Robert-Diard
Article paru dans l'édition du 21.10.05


Le Monde / Société
Les époux Cartier sont condamnés à 15 ans et 10 ans de réclusion

Emmanuel et Patricia Cartier, devant la cour d’assises de l’Oise. | AFP/ALAIN JULIEN
AFP/ALAIN JULIEN
Emmanuel et Patricia Cartier, devant la cour d’assises de l’Oise.

 L es époux Cartier, jugés pour avoir empoisonné en 2002 leurs cinq enfants, dont l'un est décédé, ont été condamnés, jeudi 20 octobre, à la réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Oise. Le père a écopé d'une peine de quinze ans de réclusion et la mère de dix ans. Ils risquaient la prison à perpétuité.

Emmanuel Cartier, 37 ans, conducteur d'engins, et Patricia, 44 ans, garde-malade, avaient décidé de tuer leurs deux garçons et trois filles, âgés de 11 mois à 13 ans, dans la nuit du 18 au 19 août 2002. Pour justifier leur geste, les deux époux ont expliqué qu'ils croulaient sous les dettes, ayant accumulé plus d'une vingtaine de crédits à la consommation pour un montant total de 229 000 euros.

"On était foutus !", a lancé Patricia Cartier devant la cour, en expliquant s'être procuré de l'insuline sur ses lieux de travail. Elle dit l'avoir injectée aux enfants ainsi qu'à elle-même. Les deux parents, incapables de rembourser leurs dettes, ont assuré qu'ils avaient l'intention de mettre ensuite fin à leurs jours pour "partir vers un monde meilleur". Mais le scénario a échoué, les doses étant trop faibles. Seule Alicia, 11 ans, est décédée près de trois semaines plus tard à l'hôpital.

FACE-À-FACE TENDU AU PROCÈS

Le procès a été marqué par un face-à-face très tendu mercredi entre le couple et son fils aîné, aujourd'hui âgé de 16 ans. "Pourquoi ils ont fait ça ? Qu'on dise que c'est à cause du surendettement, je n'y crois pas !", s'est-il exclamé. Calme, posé, l'adolescent a affirmé : "Ce ne sont plus des parents, ce sont des meurtriers."

"A l'origine, c'est mon mari qui a eu l'idée de nous supprimer", a expliqué la mère, en larmes. Son mari aurait d'abord envisagé que seul le couple se suicide. Mais elle aurait refusé : "Qui va s'occuper des enfants? Je voulais partir avec eux, comme si on s'endormait ensemble", a-t-elle dit.

Pour les avocats du couple, il s'agissait d'un "drame du surendettement" et de "l'immaturité". "Ils s'inscrivent dans la logique infernale des dettes", a plaidé Me Hubert Delarue, avocat d'Emmanuel Cartier. "Il y a des responsabilités, mais qu'eux seuls les portent serait profondément injuste", a-t-il estimé, en mettant en cause "une société de consommation où beaucoup de choses sont sacralisées".

Avec AFP
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 08h20


Le Monde / Opinions
Edito du Monde
La France isolée

 L a controverse entre la France et la Commission européenne sur la conduite des négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est devenue extrêmement vive depuis que Paris a exprimé publiquement sa méfiance à l'égard du négociateur européen, le Britannique Peter Mandelson. Selon un communiqué officiel au langage délibérément sévère, la France "ne peut accepter" que le commissaire européen, qui mène les pourparlers au nom des Vingt-Cinq, "évoque de quelque manière que ce soit le dossier agricole" au cours des prochaines sessions. Mardi à Luxembourg, le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avait déjà accusé M. Mandelson d'avoir outrepassé son mandat.

Ce n'est pas la première fois que la France polémique avec la Commission européenne sur la conduite des négociations commerciales. Les prédécesseurs de l'actuel commissaire au commerce extérieur ont subi, à plusieurs reprises, les foudres de Paris pour la façon dont ils ont, dans le passé, accompli leur mission en prenant des initiatives jugées intempestives par le gouvernement français.

Mais l'affrontement entre Jacques Chirac et l'exécutif européen prend une dimension particulière au moment où l'Europe est en panne, paralysée par l'échec du projet de Constitution européenne et par le blocage des négociations budgétaires, au moment aussi où les tensions entre Paris et Londres sont à leur paroxysme, notamment sur la question de la politique agricole commune. Le fait que M. Mandelson soit un proche de Tony Blair ne peut qu'accroître la mauvaise humeur du président français.

M. Chirac redoute que les concessions de la Commission dans les négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux ne conduisent à remettre en question une politique agricole (PAC) dont la réforme a fait l'objet d'un accord en 2003. Il a d'autant plus de raisons de s'inquiéter que, au dernier Conseil européen, il s'est heurté au premier ministre britannique sur le financement futur de la PAC et que ce conflit a été déterminant dans l'échec de la discussion budgétaire. Mais au-delà de cette question particulière, la façon dont M. Chirac s'oppose à une libéralisation généralisée est aussi une réponse aux électeurs français qui ont dit non au traité constitutionnel au nom de la défense d'un certain protectionnisme.

La France ne manque pas d'arguments pour défendre le dossier agricole dans le vaste marchandage qui se poursuit sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce. Mais on doit constater, une fois de plus, qu'elle se retrouve isolée, ou presque, dans son combat. En dépit de ses cris de victoire, le gouvernement français n'a pas obtenu la mise sous tutelle de M. Mandelson. Les attaques continuelles de Paris contre la Commission européenne ont diminué sa force de persuasion. Ce n'est pas en s'obstinant dans une tactique défensive, largement inspirée par des considérations de politique intérieure post-référendum, que la France retrouvera son rôle moteur en Europe.

Article paru dans l'édition du 21.10.05

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vk_saintFelix ♦ 22.10.05 | 15h05 ♦ Les subventions agricoles, en dehors de certaines à l'exportation restent nécessaires à l'agriculture européenne. En effet sans subvention il faut soit que l'agriculture s'adapte par une plus grande rationalisation..> on arrive au modèle américain, soit à une paupérisation des agriculteurs pour être concurrentiel sur le prix de la main d'oeuvre, soit abandonner l'agriculture mais est-ce acceptable de vivre en dépendance alimentaire dans un pays de friches?
bigoudis ♦ 22.10.05 | 12h25 ♦ J'appuierai polo+di+marco. Quand on fait partie d'une équipe, il ne faut pas s'en exclure et ensuite se plaindre qu'elle continue de jouer sans nous... J'ai fait ça jusqu'à l'âge de 12 ans, après j'ai compris qu'il fallait aussi participer à l'action collective et non se croire toujours au dessus des autres et casser le jeu.
Quentin H. ♦ 22.10.05 | 11h37 ♦ Consternation devant la réaction précédente: comment prétendre que le non au TCE nous exclut des négociations à l'OMC, seul groupe bâtisseur de progrès ? Le dossier agricole est celui qui souffre de la plus grande méconnaissance et de la plus grande erreur: comment traiter au même titre que la prod industrielle le secteur déterminant la souveraineté alimentaire, la qualité de notre alimentation, de nos paysages et de notre environnement et le plus étroitement lié aux potentialités du territoire?
polo+di+marco ♦ 21.10.05 | 21h58 ♦ Quand on dit NON NON et NON. IL faut avoir compris les consequences. Les OUI,OUI,OUI travaillent ensemble et nous laisserons au bord du chemin. Nous regarderons passer les trains. Nous ne pourrons plus, peu à peu certes,tenir notre place.Le declin economique va s'accentuer.Et ensuite suivront d'autres declins. IL va falloir reagir fort.
pkcharrier ♦ 21.10.05 | 20h25 ♦ En réponse à mes détracteurs : j’ignorais que les riches n’achetaient aucun produit agricole aux nations pauvres. Cacao, café, thé, riz, bananes, vanille, épices, coton… Tous ces produits pousseraient donc chez nous. Par ailleurs, c’est l’abus de l’aide alimentaire qui déséquilibre les marchés du tiers monde. L’Europe a mis fin à ces pratiques. Les Etats Unis continuent de déverser leurs excédents en Afrique. Enfin, constater la médiocrité des marchés britanniques n’est pas signe d’anglophobie.
Stéphane B. ♦ 21.10.05 | 15h30 ♦ Ceux qui pensent que l’ouverture illimitée et incontôlée des marchés mondiaux sera la source d’un progrès inépuisable se trompent lourdement. Au contraire cette politique mène directement à le mono-agriculture et à la mono-industrie selon le principe des avantages comparatifs, chaque pays se spécialisant dans ce qu’il sait faire de mieux, au détriment de la qualité et le la diversité. En revanche rien ne justifie que l’UE maintienne ses subventions à l’exportation.
YAM ♦ 21.10.05 | 15h28 ♦ Ce n’est pas un anglais qui négocie à l’OMC, c’est un comissaire européen. Il faudrait rappeler aux Français, qui bien souvent l’ignorent, qu’un comissaire ne représente pas son pays. Il est complètement indépendant et n’agit surtout pas au nom du gvt de son pays at pas dans l’intérêt particulier de son pays. C’est même souvent le contraire car les comissaires ont en général peur d’être accusés de favoriser le pays dont ils sont issus.
OLIVIER G. ♦ 21.10.05 | 13h48 ♦ Nos agriculteurs ont beaucoup évolués pour se mettre en accord avec les différentes PAC mais la question est quelle agriculture voulons nous et pouvons nous nous payer. Le manque de moyens nous obligera à passer sous les fourches caudines de l’OMC, que cela soit avec la meilleure préparation possible. Il faut s’adapter au monde actuel non se réfugier dans un passé mythifié.
Marc W. ♦ 21.10.05 | 12h42 ♦ Née dans l’Europe des 6, la politique agricole a survécu dans l’Europe des 15, mais est en plein naufrage dans l’Europe des 25 : en effet, l’Europe des 25 est sans budget en raison de la PAC ! L’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie parachève l’absurdité : les gouvernants français ont été incapables de choisir entre une Europe structurée ou sa dilution en zone de libre échange. La France est non seulement isolée, mais incohérente. Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
LibertéEquitéSolidarité ♦ 21.10.05 | 12h29 ♦ Peter Mandelson n’est pas anti-européen, tout le contraire ! Ne nous acharnons pas sur nos agriculteurs, ils ont magnifiquement sauvegardé notre patrimoine naturel. Grâce à eux les étrangers -en particulier les brits -, plutôt éduqués viennent vivre dans notre pays en restaurant les vieilles batisses et en faisant revivre des villages. Il faut donc rémunérer nos "paysans" en tant que jardiniers du territoire pour sauvegarder ce patrinoine. Mais il faut aussi les convaincre. C’est pas gagné !
Philippe C. ♦ 21.10.05 | 11h28 ♦ Pourquoi avons-nous si souvent besoin d’un cocon protecteur quand les autres s’adaptent à la situation ? Sans doute parce qu’il est plus facile de geindre et grogner que de se remettre en question et élaborer une solution...
Stéphane D. ♦ 21.10.05 | 11h05 ♦ La France donne à l’agriculture une place prépondérante, pour des raisons stratégiques, culturelles et économiques. C’est un choix, sans doute conforme aux souhaits de la majorité: Nos normes sanitaires et la qualité de notre alimentation participent de notre mode de vie. En revanche, notre insistance à vouloir financer cette agriculture par nos partenaires, ce qui fait de la PAC le premier poste de l’Union, n’est pas tenable. Les fonds Européens sont plus utiles ailleurs.
France’s dull to chauvinistic morons like pkcharrier ♦ 21.10.05 | 11h04 ♦ L’ouest dépense des fortunes en subventions agricoles qui déséquilibrent la concurrence. Les subventions agri. des pays de l’OCDE sont plus elevées que le PIB de l’Afrique entiere. En plus, en vendant ses excédents agricoles au Tiers-Monde et en empechant en meme temps au fermiers du Tiers Monde d’exporter leur production agricole vers l’Ouest, la CAP accentue la pauvreté du Tiers Monde car elle met les fermiers du T.M out of business. +que Pkcharrier & Stef gardent leurs comments anglophobes.
(In)Felix Méline ♦ 21.10.05 | 10h35 ♦ Si l’on m’avait écouté il y a un siècle nous n’en serions pas là. Dressons des barrières douanières ( et si cela ne suffit pas des murs et des barbelés) pour protéger nos paysans de l’intolérable aggression des affamés du Sud qui ont l’outrecuidance de vouloir nous vendre leurs produits. Achètent-ils les nôtres? Si l’Europe refuse d’être solidaire et de payer trop cher son alimentation pour soutenir nos paysans quittons-là et retournons à la terre. Vive la France qui n’a besoin de personne!
Xavier R. ♦ 21.10.05 | 10h20 ♦ La PAC avait plusieurs buts. Ils ont tous été atteints et ont débouché sur une coûteuse surproduction. Les Européens payent trop cher leurs produits agricoles. Un des buts était de garantir l’indépendance alimentaire de l’Europe pour des raisons de sécurité. Dans un monde devenu totalement interdépendant c’est désormais illusoire. Blair a raison, l’avenir de l’Europe est dans la recherche, l’université. C’est là qu’il faut investir et non dans une agriculture dispendieuse.
Fefoley ♦ 21.10.05 | 10h13 ♦ La PAC a été un merveilleux outil qui a largement atteint ses objectifs productivistes et même au-delà, et nécessite aujourd’hui une réforme en profondeur pour des raisons écologistes (productivisme=pollution), économiques (productivisme=baisse des prix) et tiers-mondistes (exportation des suppléments+subvention=ruine des agricultures du tiers-monde). C’est le moment de prendre les devants sur cette réforme et obtenir des concessions de ses partenaires plutôt qu’attendre la fin du système...
Oriflam ♦ 21.10.05 | 10h07 ♦ Bien sûr qu’il faut arrêter cette ineptie de politique agricole et laisser une chance aux pays en voie de développement d’exporter leurs produits en Europe. C’est l’évidence. Ne serait-ce que pour augmenter les budgets de la Recherche dont dépendent notre compétitivité internationale et notre statut de pays développé!
I. ♦ 21.10.05 | 09h18 ♦ Esperons donc la fin de la PAC et des milliers d’agriculteurs qui passent leur temps à frauder, (épandages illégaux, pollution à outrance, porcheries non déclarées,...), entretenir un système mafieux tellement puissant que ses membres peuvent détruire des biens publics sans être inquiétés (coucou la FNSEA) et, au final, drainer vers eux de l’argent qui serait bien plus utile ailleurs au XXIe siècle dans un pays dit moderne.
Stef ♦ 21.10.05 | 08h59 ♦ Je comprends qu’on soit contre la PAC mais tout de même, envoyer un anglais négocier à l’OMC avec les USA ... :) Triste Europe présidée par des anti-européens !
THIERRY M. ♦ 21.10.05 | 08h23 ♦ Pas d’opinion particulière, juste une simple remarque : l’agriculture reste un enjeu stratégique majeur pour un pays, au-delà des voix qu’elle peut apporter à tel ou tel. Une agriculture peut se détruire facilement (cf. Grande-Bretagne), en revanche, elle est très difficile à (re-)construire. Veut-on conserver un minimum d’indépendance alimentaire, avec les normes sanitaires auxquelles nous sommes habitués ? Coment concilier cela avec le développement des pays pauvres ?
Hong Xiuquan ♦ 21.10.05 | 05h39 ♦ En quoi les subventions accordées aux agriculteurs français ne pénalisent-elles pas le tiers-monde ? Peut-on ne pas prendre en compte le problème de la répartition équitable des financements européens ? Enfin, est-il bien nécessaire (et pertinent...) d’y aller de son chauvinisme agricole pour justifier les fonds captés par la PAC en France ?
citoyenX ♦ 21.10.05 | 04h33 ♦ On voit dans cette affaire une nouvelle manifestation de l’immobilisme et de l’impéritie de la politique française, confisquée par le clan Chirac depuis 10 ans : manque de courage, absence de vision, arrogance, négation de l’intérêt général, etc. Un désastre national qui nous coûtera cher, surtout à nos enfants.
Emmanuel ♦ 21.10.05 | 01h11 ♦ Bravo Jean C. Résumé plus pertinent de la situation française de ce début de siècle n’aurait pu être mieux formulé qu’entre ces quelques lignes.
pkcharrier ♦ 20.10.05 | 22h11 ♦ La France défend une agriculture qui fait sa réputation gourmande, induit de nombreux emplois dans l’agro-alimentaire et ne menace aucun pays pauvre, contrairement à l’argument ressassé à Londres et Washington. Les aides européennes liées au respect de l’environnement ne gênent pas les producteurs de coton africains. On ne peut pas en dire autant des subventions au coton américain. Quant à la Grande-Bretagne, elle n’a plus d’agriculture depuis longtemps et se nourrit de l’immangeable.
christophe c. ♦ 20.10.05 | 22h09 ♦ Ce qui est sur, c’est que nous devons réformer notre agriculture : les petites parcelles disparaissent, au profit des grosses exploitations, qui elles, touchent les subventions. Résultat : nos campagnes sont saccagées, les sols s’épuisent et les nappes phréatiques trinquent tandis que la culture intensive privilégie les souches à fort rendement au détriment de la qualité (blé).Quant au protectionnisme, ce n’est qu’un bastion et il tombera un jour...
Giuseppe ♦ 20.10.05 | 22h08 ♦ La diplomatie française avait promis de faire des efforts pour soutenir le cycle de Doah. Le sommet de l’OMC, imminent, devait être la réalisation de cette promesse... Mais entre temps, le 29 mai est arrivé, les beaux discours relatifs à la pauvreté sont oubliés et les promesses faites par Chirac lors de la visite de Lula se sont évaporées... Quelle hypocrisie et quel gâchis... Résultat: objectifs du millénaire inatteignables et projet européen en panne...
Michel B. ♦ 20.10.05 | 21h19 ♦ On devrait encore ajouter que cette ruineuse politique agricole ne concerne qu’à peu près 20 % des agriculteurs (dixit La Confédération Paysanne), c’est à dire la très chiraquienne FNSEA et qu’en plus elle nous empoisonne TOUS ! Alors vive MANDELSON !
Jean C. ♦ 20.10.05 | 21h16 ♦ Rôle moteur de la France en Europe....cela demande une vue objective de la situation, un peu de courage, un peu d’honnêté,l’acception d’être un peu impopulaire pour avancer des réformes et combattre les corporatismes qui démolissent notre pays pour tenter de garder des privilièges d’un autre âge alors que la très grosse majorité accepte des sacrifices et se bat pour tenir, et un peu de loyauté vis à vis de nos partenaires...notre gouvernement n’a pas une infime partie de ces qualités nécessaires
bernard M. ♦ 20.10.05 | 20h36 ♦ Article fort pertinent, surtout lu depuis l’outremer. La diplomatie, c’est obtenir ce que l’on veut (ou un compromis) sans affrontement direct.
ALBERT F. ♦ 20.10.05 | 20h08 ♦ Claude M a raison.Dans la bonne tradition gaulliste, la France "éternelle" est volontiers donneuse de leçons au monde. Mais elle n’a plus les moyens d’imposer ses propres vues, à contre courant de la majorité dominante. Loin de prendre acte pour l’avenir de cette faiblesse inquiétante, oomme le coq, dressée fièrement sur les ergots de ses traditions, elle clame l’arrivée du jour alors qu’il est déjà levé. Et les Français, poètes, d’applaudir à la grandeur du spectacle... Destin tragique?
LibertéEquitéSolidarité ♦ 20.10.05 | 19h43 ♦ Après avoir été sabordée par le NON du 29 mai, l’Europe va être coulée par Chirac. Les anglais jubilent, elle va devenir une structure inter-étatique dans une zone de libre-échange où tous les coups seront permis pour attirer les jobs, les chercheurs et les capitaux. On en aura ainsi fini avec les politiques communes gérées par les technocrates qui nous ont fait tant de mal ! Tout cela est pitoyable et indigne d’un pays qui a toujours prétendu constituer un exemple pour le reste du monde !
cabouin ♦ 20.10.05 | 19h41 ♦ La position constante de notre président sur la PAC est la parfaite illustration de cette "France Moisie" chère à Philippe Solers. C’est désolant, affligeant et consternant d’imbécilité.
MAX ♦ 20.10.05 | 18h21 ♦ L’Europe ne compte plus 15 mais 27 pays! La France qualifiée de dernier pays communiste d’Europe par le 1er Ministre Tchèque doit admettre que son influence en Europe en a pris un sérieux coup dans l’aile et pas seulement depuis le 29 Mai. La France (Gauche et Droite incluse) doit se réformer et rajeunir sa classe politique pour enfin entrer dans le 21e Siècle et cesser d’être arrogante et d’accuser les autres d’être responsables de ses propres travers et échecs.
Guilhem S. ♦ 20.10.05 | 17h56 ♦ Avec tout le mal que je pense de Chirac, je trouve qu’il est quand même trop façile de tout lui mettre sur le dos. Quant au biens pensant qui trouvent qu’il est ridicule de s’accrocher aux privilèges de la PAC, qu’ils commencent par faire un bon examen de conscience sur notre quasi -faillite, qui pour moi est collective, et qu’ils acceptent de remettre en cause leurs propres privilèges. Bien sur c’est toujours plus facile avec l’argent des autres..(je n’ai aucun interêt ds l’Agricult)
Maurice Maginot ♦ 20.10.05 | 17h50 ♦ Il est quand même fascinant de voir à quel point tout est prétexte à une haine de soi dans ce journal! La France isolée? Est-il si sûr que tous les membres de l’OMC, y compris du Sud, veuillent facilter l’accès au marché? Que les pays ACP soient enthousiastes à la libéralisation du marché agricole? Qui, en Europe, soutient clairement M. Mandelson à part le R.U, les Pays-Bas et les pays scandinaves? Un exposé clair des problèmes m’intéresserait bien plus que des polémiques et des jugements moraux
monrog ♦ 20.10.05 | 17h43 ♦ Je réponds à Jacqueline B sur un point : le non Français a à coup sûr considérablement diminué le poids de la France. Cela dit, ce phénomène n’a rien à voir avec les positions de Chirac qui eussent été, de toute manière, aussi peu progressistes. A propos de la PAC, sachons que si elle disparaissait de la scène européenne elle serait de nouveau "nationalisée", c’est-à-dire que nous paierions pour notre agriculture.
henrikardo ♦ 20.10.05 | 17h11 ♦ Chirac se et nous ridiculise souvent, c’est vrai ! mais pas tellement plus que De Gaulle avec son " Vive le Québec ... " ou Mitterrand avec ses compromissions permanentes. On dirait que c’est le destin des chefs politiques français d’être en contradiction permanente avec eux-mêmes, avec le reste du monde... Allez savoir s’il n’y a pas là des restes de complexes de supériorité remontant à Vercingetorix et Robespierre... la France, lumière du monde, flamme de la résistance...
jacklittle ♦ 20.10.05 | 17h10 ♦ Dès qu’on évoque le dossier agricole sans la caution plus ou moins officelle de la France,le coq gaulois sort ses ergots,le coq-tout le monde l’a compris-étant Notre Président Mr Jacques CHIRAC.Est-ce que cela sert toujours les intérêts de notre pays,cela reste à démontrer?Bien que le négociateur européen,le Britannique Mr Mandelson n’est pas un modèle d’impartialité et de rigueur. Perfide Albion!!!!!!!
hopeandglory ♦ 20.10.05 | 17h09 ♦ Oui r i d i c u l e la politique de la PAC est intenable il faut une vraie "révolution" de la mentalité franchouillarde attachée à ses priilèges...
Deathwind ♦ 20.10.05 | 16h26 ♦ Comme d’habitude depuis plusieurs années maintenant, la position de Chirac est ridicule. Au nom de la défense d’un lobby agricole qui est son dernier refuge en politique intérieure, il néglige les intérêts des Francais ainsi que ceux des pays en voie de développement qui ont tous intérêt à la baisse des subventions et droits de douanes.
Jacqueline b. ♦ 20.10.05 | 15h29 ♦ le vote non du 29 Mai n’a rien à voir avec l’attitude actuelle du gouvernement français et de Chirac. Le Président de la République a toujours été le premier lobbyiste de la Fnsea .La majorité des gens de gauche -et ces derniers sont majoritaires dans le vote non- n’ont jamais défendu les privilèges des Européens par rapport aux pays du sud pour rejeter un traité ,qui n’avait de Constitution que le nom. Votre editorial prouve encore votre incapacité d’analyser les causes du rejet du 29
claude m. ♦ 20.10.05 | 15h24 ♦ Plutot que la France isolee, c’est la France affaiblie qui se revele aux termes de l’echec du president lors du referendum, et d’un bilan negatif sur trop de plans depuis l’echec de Juppe, l’echec de Raffarin, l’absence d’autorite au sein meme de son gouvernement, les incartades de Sarkosy venant ridiculiser l’executif francais... Et la division de la gauche ajoute au risque de non respect d ela france par ses partenaires! En effet quel risque pour les autres pays ? aucun. La PAC paiera...
Grichka10 ♦ 20.10.05 | 15h08 ♦ Arretez moi si je me trompe mais ce que défend la france c’est du protectionnisme agricole européen qui fonctionne au grand détriment des pays pauvres du Sud. Non? Et la "Mondialisation" ca prone au contraire, l’ouverture plus grande des marchés, chose qui profiterait aux pays pauvres du Sud. Non? C’est quoi l’idée, construire un nouveau mur de Berlin qui protège la France contre les échanges commerciaux avec le Sud? Tout en voulant stopper l’immigration veant de ces pays? Quelle incohérence.
zatoichi ♦ 20.10.05 | 15h08 ♦ Je vis depuis 5 ans loin de la France, et je ne peux qu’observer a travers tous les gestes de ce President et de son guvernement la consolidation, pierre par pierre, de tous les cliches sur l’arrogance butee et cocardiere des Francais. J’en suis profondement afflige. Que reprocher a cette Europe que notre propre gouvernement s’emploie a demolir, decredibiliser, pietiner ...?
monrog ♦ 20.10.05 | 14h13 ♦ Si l’on peut reprocher à Mitterrand d’avoir trop cédé, en son temps, aux Anglais, le grief est encore plus grand à l’endroit de Chirac dont on voit mal quel est le projet européen, qui paraît se résumer à un attachement aux droits acquis des Français, en matière agricole comme en d’autres domaine. Subsidiairement, les Français vont commencer à comprendre le prix de leur "non" au référendum.
nisard ♦ 20.10.05 | 14h11 ♦ Il faut arriver à comprendre qu’une politique cohérente de la part de la France en matière de développement (but affiché du cycle de Doha, de l’UE et d’Etats comme la France) passe nécessairement par une ouverture de nos marchés aux produits issus de l’agriculture du Sud. Préserver les intérêts de nos agriculteurs est fondamental mais n’oublions pas les enjeux mondiaux que cachent ces subventions.
fjhleger ♦ 20.10.05 | 14h02 ♦ Il serait temps que les politiciens arrêtent de faire de la gestion et commencent a refaire de la politique (aussi bien au niveau français qu’europeen).
il aura tout détruit .... ♦ 20.10.05 | 13h57 ♦ rendons hommage à notre glorieux président, qui aura, en si peu de temps, détruit : * son propore camp * l’OTAN & l’ONU * l’Europe n’ayant plus rien à détruire, un 3ème mandat ne s’impose pas. :)


Le Monde / Sciences
L'Amazone en dramatique manque d'eau

 D epuis le début du mois d'octobre, l'Amazone, le fleuve au plus fort débit de la planète, a atteint son niveau le plus bas depuis trente-cinq ans à la station d'Iquitos (Pérou). En septembre, les forêts bolivienne et péruvienne ont été le théâtre d'incendies gigantesques, qui ont ravagé plusieurs dizaines de milliers d'hectares. Au Pérou comme au Brésil, des populations entières sont coupées du reste du monde parce que les bateaux, qui sont le seul moyen de transport dans la forêt tropicale, ne peuvent plus remonter les cours d'eau.

Le bassin amazonien en chiffres

Longueur. Avec ses 7 025 km, de sa source au glacier de Huacra, au Pérou, à son embouchure au Brésil, l'Amazone est le plus grand fleuve du monde, devant le Nil (5 584 km).

Surface. La superficie drainée est de 6 millions de km², onze fois la France, répartie sur six Etats.

Débit. 190 000 m3/s à l'embouchure. En 2003, 1,1 milliard de tonnes de limon ont été charriées jusqu'à l'Atlantique, contre 750 millions de tonnes les années précédentes.

Biodiversité. La forêt amazonienne représente le tiers des forêts tropicales et renfermerait 30 % de la diversité animale et végétale de la planète.

Déforestation. Elle est causée par l'exploitation du bois (à 90% illégale) et la transformation en terres agricoles. Une récente politique de sauvegarde semble porter ses fruits : ces douze derniers mois, 9 100 km2 de jungle auraient été défrichés, contre 25 000 km² en moyenne les années précédentes. mais ces évaluations restent controversées.

A tous ces faits, une seule cause : la sécheresse. Une sécheresse qui frappe d'autant plus les esprits que, dans l'imaginaire collectif, l'Amazonie est synonyme de pluies diluviennes immuables. Or c'est loin d'être le cas. Les climatologues ont ainsi découvert que la forêt amazonienne avait connu, depuis la dernière déglaciation, d'importantes perturbations climatiques dues à de très fortes anomalies du régime des pluies.

Aussi la baisse du débit de l'Amazone n'étonne-t-elle pas les spécialistes. Certes, la sécheresse constatée aujourd'hui "est importante, mais elle n'est pas aussi élevée que celle de 1998, due au phénomène El Niño 1997-1998 et qui a provoqué de grands incendies dans la forêt amazonienne" , explique Laurence Maurice-Bourgoin, hydrogéochimiste de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), à Toulouse (laboratoire des mécanismes et transferts en géologie). "En 1963, une sécheresse très forte liée à El Niño s'est également produite" , rappelle-t-elle.

Le débit des eaux du fleuve Amazone est corrélé à une pluviométrie très influencée par les variations des températures de surface de l'océan Pacifique tropical et de l'océan Atlantique tropical.

Le nord-est du bassin amazonien réagit fortement au Pacifique tropical et aux phénomènes El Niño et la Niña, tandis que le sud-ouest de la région est sous l'influence de l'Atlantique tropical nord. Or on constate actuellement que la température de surface de ces eaux océaniques dépasse la normale de 0,5 ºC à 1 0C. "Il s'agit d'une anomalie positive significative" , explique Josiane Ronchail, géographe et maître de conférences à l'université Paris-VII.

Cette valeur élevée de la température de surface de l'océan "correspond à des pressions plus basses, ce qui affaiblit les alizés et diminue le flux de la mousson en direction de l'Amazonie" , précise la géographe. Au nord, les eaux chaudes ont alimenté en énergie une série d'ouragans comme Katrina et Rita, qui feront date dans l'histoire de la météorologie américaine ; au sud, ces mêmes eaux anormalement chaudes ont empêché la mousson d'arroser le bassin amazonien...

Les variations de la température de surface de l'Atlantique nord sont reliées à une variabilité naturelle de l'océan, à la fois décennale et pluridécennale. "Le problème actuel est peut-être dû à une mise en phase de ces différents phénomènes", avance Josiane Ronchail.

En tout cas, les climatologues ne sont pas encore capables de déterminer s'il existe un lien entre les variations de la température de surface de l'océan Atlantique tropical nord et le réchauffement climatique, même s'ils disent travailler sur le sujet.

La baisse du débit actuel de l'Amazone correspond à une tendance lourde constatée depuis 1999. Les mesures réalisées à la station brésilienne d'Obidos ­ située sur les bords de l'Amazone à 800 km de l'Atlantique ­ en collaboration avec des chercheurs français, dont Jean-Loup Guyot (IRD), montrent "une diminution importante du débit liquide et de la hauteur d'eau du fleuve depuis cette date". Le volume maximal des eaux roulées par le fleuve, alimenté par le rio Solimoes (qui prend sa source au Pérou), par le rio Madeira (Bolivie) et par le rio Negro, est ainsi passé de 267 000 mètres cubes par seconde en 1999 à 226 000 mètres cubes par seconde en 2003.

Alors que la profondeur d'eau maximale de l'Amazone est de 70 mètres en période de crue à la station d'Obidos, les chercheurs ont constaté qu'elle avait baissé de 1,10 m entre 1999 et 2004. Pendant la saison "sèche", où il pleut moins, le niveau du fleuve baisse encore de 6 à 7 mètres.

Alors même que le débit de l'Amazone diminue, la quantité des sédiments transportés s'est accrue paradoxalement entre 2000 et 2003, passant de 896 millions de tonnes/an en 2001 à 1,1 milliard de tonnes/an en 2003. Cette augmentation serait due à une érosion plus importante des affluents andins du rio Solimoes, provoquée en partie par une déforestation massive au Pérou et en Bolivie.

L'assèchement actuel des cours d'eau pourrait aussi avoir des répercussions notables sur certaines populations animales déjà menacées. Le ministère de l'environnement brésilien s'inquiète déjà du sort de deux espèces protégées : le "boto", petit dauphin d'eau douce, et le lamantin, ce paisible mammifère marin que les autochtones ont surnommé le "poisson-boeuf".

Christiane Galus
Article paru dans l'édition du 21.10.05


Le Monde / Sciences
Etat de calamité publique au Brésil
SAO PAULO (Brésil) correspondance

 L es cours d'eau dans le nord-ouest du Brésil ont atteint un niveau dangereusement bas pour les habitants de la région. Au point que, vendredi 14 octobre, le gouverneur Eduardo Braga (Parti du mouvement démocratique brésilien, centre droit) a déclaré la situation de calamité publique dans l'Etat d'Amazonas. "J'ai 45 ans et je n'avais jamais imaginé assister à une telle sécheresse", a-t-il avoué. Le Rio Negro et le Solimoes, qui se rejoignent pour former l'Amazone en aval de Manaus, n'ont plus que 7 mètres de profondeur au lieu de 16 pour le premier, et 60 centimètres au lieu des 12 mètres habituels en cette saison pour le second.

La boue des lits des cours d'eau devenus trop vastes se craquelle sous la chaleur. Il ne reste parfois qu'un ruisselet d'eau au centre, où des riverains tentent encore d'avancer en barque. Pour les milliers de familles isolées sur des berges asséchées, l'armée brésilienne assure désormais par la voie des airs l'approvisionnement en nourriture, médicaments, eau potable et combustible, car le trafic fluvial, vital pour la région, est ralenti.

Les ensablements ont progressé de 25 % et, sur certains axes comme le Madeira, la navigation est interdite la nuit. Les échanges commerciaux traversant le bassin amazonien sont perturbés, tant pour les produits industriels de la zone franche de Manaus, revendus dans les Etats du Sud-Ouest brésilien, que pour la production agricole du centre-ouest du Brésil, qui remonte l'Amazone jusqu'à Belem. Dans l'Etat d'Amazonas, la situation est aussi délicate que dans l'Acre, qui, faute d'humidité, a fait face à trois fois plus d'incendies cette année.

FORTE POLLUTION

D'ordinaire, les mois de septembre et d'octobre sont des périodes de basses eaux en Amazonie, les pluies n'arrivant que début novembre. Mais, cette année, la sécheresse a débuté en août et elle est beaucoup plus grave que celle, historique, de 1963.

La situation actuelle entraîne une forte pollution des eaux, où flottent des milliers de poissons morts par manque d'oxygène et de nourriture.

Les autorités se demandent d'ailleurs ce qu'il va advenir de la faune aquatique et s'interrogent sur la capacité des espèces à se renouveler ensuite, car les lacs où elles prospèrent d'ordinaire sont asséchés. Les autorités sanitaires se mobilisent, inquiètes de voir apparaître des maladies comme le choléra.

Annie Gasnier
Article paru dans l'édition du 21.10.05


Le Monde / France
Henri Emmanuelli demande à Lionel Jospin d'avancer "à visage decouvert"

 H enri Emmanuelli, un des dirigeants du Nouveau Parti socialiste (NPS), s'est déclaré pour "la politique à visage découvert et à la loyale", en ironisant vendredi sur l'éventuel retour de Lionel Jospin.

Interrogé sur le livre que vient de publier Lionel Jospin et son éventuel retour sur la scène politique, le député des Landes a déclaré: "Cela fait à peu près deux ans, régulièrement tous les quinze jours, qu'on nous annonce le retour. Et j'ai pas l'impression que ce soit le sujet numéro un des Françaises et Français", a-t-il ajouté sans jamais prononcer le nom de l'ancien premier ministre socialiste.

"LA DIRECTION DU PS MANQUE DE DYNAMISME"

Alors que le PS éprouve des difficulté à trouver son unité, le député des Landes enfonce le clou. "Puisque que le microcosme a décidé que c'était l'événement de la rentrée, je vais vous répondre : je suis pour pratiquer la politique à visage découvert et à la loyale", a indiqué M. Emmanuelli, espérant que "si certains veulent faire de la politique, ils le feront ouvertement".

Le 12 octobre, M. Emmanuelli avait accusé la direction de son parti de manquer de dynamisme dans la perspective de la présidentielle de 2007. "Elle ressemble plus à un attelage défensif qu'à une coalition dynamique", déclarait le député des Landes dans un entretien à Libération. "Quand on a six candidats dans ses rangs, et peut-être un septième qui l'est sans le dire, ça pose problème."

"Si les socialistes ne se mettent pas en harmonie avec les aspirations du peuple de gauche, ils se condamnent à péricliter", prévient-il. "Le rôle de la gauche n'est pas d'expliquer aux gens qu'elle ne peut rien changer."

Avec AFP
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 10h35


Le Monde / Europe
Grippe aviaire : les Vingt-Cinq ont décidé d'organiser des stocks d'antiviraux

 L es Etats de l'Union européenne ont établi un plan d'action en cas de pandémie de grippe aviaire visant à organiser des stocks "stratégiques" d'antiviraux et son approvisionnement dans toute l'Europe, a annoncé, jeudi, le commissaire à la santé européen, Markos Kyprianou, à l'issue d'une rencontre informelle en Grande-Bretagne avec les ministres de la santé de l'UE.

La mort de 150 volailles en Russie ne serait pas liée à la grippe aviaire

D'après les premiers examens effectués sur 150 volailles retrouvées mortes dans un village de la région de Rostov, dans le sud de la Russie, leur mort ne serait pas liée au virus de la grippe aviaire, ont indiqué les autorités. Les canards et les oies suspectés d'être contaminés par le virus H5N1 auraient été victimes de la pasteurellose. Cette maladie liée aux mauvaises conditions d'hygiène entraîne des infections de l'appareil respiratoire. Malgré ces déclarations, des tests sanguins sont toujours en cours. (AP)

"Nous devons constituer des stocks afin de pouvoir intervenir dans des pays qui n'ont pas de stocks suffisants et intervenir à l'extérieur des frontières de l'UE", a précisé M. Bertrand, le ministre de la santé français. M. Kyprianou a pour sa part souligné que le niveau de préparation était variable selon les Etats membres. Les ministres ont reconnu qu'il fallait améliorer la coordination de leurs efforts pour se préparer à une éventuelle pandémie.

"UNE SEULE LOGIQUE : LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION"

Les ministres se sont surtout efforcés de rassurer, rappelant que la grippe aviaire était une maladie qui concernait les animaux et non pas les humains. "Nous devons nous préparer pour une pandémie, mais ce n'est pas ce à quoi nous faisons face maintenant", a déclaré Patricia Hewitt, la ministre de la santé britannique. Margaret Chan, vice-directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait un exposé sur la situation actuelle. Elle a insisté sur la faiblesse du risque de pandémie en Europe. "Nous sommes dans une seule et même logique, celle du principe de précaution", a confirmé le ministre français lors d'un point presse séparé.

Parmi les mesures à l'étude, la France envisage de mettre en place des contrôles aux aéroports en cas de pandémie, et des "caméras thermiques" aux aéroports pour détecter les personnes malades. La ministre britannique a souhaité de son côté un "effort international" pour accroître la capacité de production d'antiviraux, de vaccins, et renforcer la recherche dans ce domaine.

Mercredi, le Royaume-Uni avait annoncé son intention d'acquérir des quantités suffisantes de vaccins pour protéger la totalité de sa population. Mais un vaccin ne peut être produit tant que la souche pandémique n'est pas identifiée, ce qui pourrait prendre des mois. Alors que la souche hautement pathogène du virus, le H5N1, a fait jeudi sa 67e victime en Thaïlande, M. Kyprianou et Mme Hewitt ont insisté sur l'importance de bien faire la distinction entre grippe aviaire, grippe saisonnière et une pandémie.

Les ministres doivent poursuivre leurs entretiens vendredi sur le thème de la mobilité des patients dans l'UE et des principes des systèmes de santé.

Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 08h49


Le Monde / Europe
Article interactif
Grippe aviaire: le monde entier redoute une pandémie
  1. Les Vingt-Cinq ont décidé de constituer des stocks d'antiviraux
  2. Des mesures de prévention à travers le monde
  3. Les ministres européens tentent de rassurer la population
  4. La mort de 150 volailles en Russie ne serait pas liée à la grippe aviaire
Les Vingt-Cinq ont décidé de constituer des stocks d'antiviraux

 L es Etats de l'Union européenne ont établi un plan d'action en cas de pandémie de grippe aviaire visant à constituer des stocks "stratégiques" d'antiviraux et à organiser leur approvisionnement dans toute l'Europe, a annoncé, jeudi, le commissaire à la santé européen, Markos Kyprianou, à l'issue d'une rencontre informelle en Grande-Bretagne avec les ministres de la santé de l'UE.

"Nous devons constituer des stocks afin de pouvoir intervenir dans des pays qui n'ont pas de stocks suffisants et intervenir à l'extérieur des frontières de l'UE", a précisé M. Bertrand, le ministre de la santé français. M. Kyprianou a pour sa part souligné que le niveau de préparation était variable selon les Etats membres. Les ministres ont reconnu qu'il fallait améliorer la coordination de leurs efforts pour se préparer à une éventuelle pandémie.

Avec AFP et Reuters

Des mesures de prévention à travers le monde

 L a grippe aviaire ne concerne pas seulement l'Europe. L'ensemble de la communauté internationale se mobilise pour éviter la pandémie si redoutée.

Aux Etats-Unis, le Sénat a enjoint aux autorités de l'aviation de se préparer à des situations "où un passager aurait les symptômes de la grippe aviaire", en prévoyant la mise en place de mesures concrètes dans les aéroports. Ces procédures seraient en vigueur dans les aéroports américains reliés à des pays ayant eu des cas de grippe aviaire, ou desservis par des compagnies assurant des vols avec ces pays. L'Australie a annoncé vendredi un embargo sur les oiseaux en provenance du Canada après que des anticorps de la grippe aviaire ont été détectés sur trois pigeons certifiés sains. Le ministre de l'agriculture s'est dit "très perturbé" par la "défaillance" dans les protocoles sanitaires du Canada.

Le Mexique va, de son côté, destiner 600 millions de pesos (46 millions d'euros) à l'achat de vaccins contre la grippe aviaire, dans le cadre d'un plan national qui inclut la production au Mexique de médicaments, a annoncé jeudi le ministre de la santé mexicain, Julio Frenk.  Les personnes atteintes de la grippe aviaire au Vietnam seront soignées gratuitement, a indiqué vendredi un responsable sanitaire alors que le pays se prépare pour une éventuelle pandémie. "Nous fournirons un traitement gratuit, y compris du Tamiflu", a assuré un responsable médical au ministère de la santé. Le pays dispose actuellement de quelque 600 000 doses de Tamiflu et prévoit d'en acquérir 400 000 supplémentaires. Enfin, la Russie a décidé d'interdire les importations de volaille en provenance de Turquie pour éviter que ne se propage le virus de la grippe aviaire.

Avec Reuters et AFP

Les ministres européens tentent de rassurer la population

 L es ministres de la santé européens se sont efforcés de rassurer la population, à la sortie de leur réunion, rappelant que la grippe aviaire était une maladie qui concernait les animaux et non pas les humains. "Nous devons nous préparer pour une pandémie, mais ce n'est pas ce à quoi nous faisons face maintenant", a déclaré Patricia Hewitt, la ministre de la santé britannique. Margaret Chan, vice-directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait un exposé sur la situation actuelle. Elle a insisté sur la faiblesse du risque de pandémie en Europe. "Nous sommes dans une seule et même logique, celle du principe de précaution", a confirmé le ministre français lors d'un point presse séparé.

Parmi les mesures à l'étude, la France envisage de mettre en place des contrôles aux aéroports en cas de pandémie, et des "caméras thermiques" aux aéroports pour détecter les personnes malades. La ministre britannique a souhaité de son côté un "effort international" pour accroître la capacité de production d'antiviraux, de vaccins, et renforcer la recherche dans ce domaine. Les ministres doivent poursuivre leurs entretiens vendredi sur le thème de la mobilité des patients dans l'UE et des principes des systèmes de santé.

Avec AFP et Reuters

La mort de 150 volailles en Russie ne serait pas liée à la grippe aviaire

 D' après les premiers examens effectués sur 150 volailles retrouvées mortes dans un village de la région de Rostov, dans le sud de la Russie, leur mort ne serait pas liée au virus de la grippe aviaire, ont indiqué les autorités. Les canards et les oies suspectés d'être contaminés par le virus H5N1 auraient été victimes de la pasteurellose. Cette maladie liée aux mauvaises conditions d'hygiène entraîne des infections de l'appareil respiratoire. Malgré ces déclarations, des tests sanguins sont toujours en cours.

Avec AP
LEMONDE.FR | 21.10.05 | 14h31


Le Monde / Europe
La grippe aviaire fait chuter de 20 % les ventes de volailles en grandes surfaces

 L a propagation du virus de la grippe aviaire sur le plan international commence à avoir un impact sensible sur la consommation de volaille en France. Le secteur de la grande distribution fait état d'une accélération de la baisse des ventes, qui cette semaine atteint en moyenne 20 %. "Il y a un net à-coup dans les magasins depuis le week-end dernier, qui est corrélé à la médiatisation de l'alerte lancée en Roumanie" , confie au Monde Jérôme Bédier, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe des groupes comme Carrefour, Auchan ou Casino.

Dans un avis rendu public, mercredi 19 octobre, les experts de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qualifient aujourd'hui de "négligeable" le risque d'introduction directe en France, via les oiseaux migrateurs, du virus responsable de l'épizootie de grippe aviaire. En conséquence l'Afssa recommande au gouvernement de ne pas mettre en oeuvre, dans l'immédiat, les mesures de claustration des volailles élevées en plein air. De même elle estime que rien, en l'état actuel des données, ne justifierait l'interdiction de la pratique de la chasse.

La situation varie selon les enseignes, les formats de magasin et les produits concernés. Pour certains groupes la baisse dépasse les 25 %. Par ailleurs, les hypermarchés semblent plus touchés que les magasins de proximité. "Leur clientèle est plus familiale, les parents ont tendance à être beaucoup plus vigilants sur ce qu'ils donnent à manger à leurs enfants" , note un distributeur. La défiance dépend aussi du type de produits commercialisés. La baisse sur les poulets entiers ou à la découpe atteint plus de 30 % dans certains magasins.

En revanche, les produits élaborés (cordons bleus, les croquettes ou les plats cuisinés) semblent plus épargnés. "Nous essayons d'adapter le plus rapidement possible l'offre à la demande en mettant en avant plus de produits élaborés ou d'autres produits de boucherie", explique le porte-parole d'une enseigne. La baisse de chiffre d'affaires sur la volaille pourrait donc être compensée par un report d'achat sur d'autres produits.

NUMÉRO VERT

A Rungis, le plus important marché de gros d'Europe, avec 82 000 tonnes de volailles par an, la tendance est à une baisse de 20 %, soit deux fois plus que sur la première quinzaine d'octobre.

La crise intervient dans un contexte de consommation alimentaire déjà morose. Avant la crise, la demande sur les volailles stagnait. Néanmoins il s'agit de la viande la plus consommée par les Français. "On aura beaucoup de mal à raisonner les consommateurs , estime un distributeur. Une fois qu'on a dit que la sécurité alimentaire n'a jamais été aussi forte, on ne peut pas grand-chose pour éviter la psychose."

Pour tenter d'inverser la tendance, le gouvernement a chargé mercredi le Centre d'information des viandes (CIV) d'informer les consommateurs afin que ces derniers évitent la confusion entre le risque de pandémie pour les animaux et le risque alimentaire, inexistant, pour les humains. Un numéro vert et un site Internet seront disponibles le 24 octobre.

Pour mieux mesurer la consommation, le ministère de l'agriculture et la profession avicole ont décidé, le 19 octobre, la mise sur pied d'un observatoire des prix et de la consommation des volailles, chargé de faire un point hebdomadaire.

Stéphane Lauer
Article paru dans l'édition du 21.10.05


Le Monde / Opinions
Chronique
L'Europe au centre du débat français, par Patrick Jarreau

 L e rejet du traité constitutionnel européen, le 29 mai, a une conséquence paradoxale, au moins en apparence : l'Europe a pris une importance sans précédent dans le débat politique.

La victoire du non a porté un coup fatal au projet de Constitution et privé d'une partie de sa substance la position française sur l'Europe. Si les Français eux-mêmes n'ont pas foi dans la construction d'une Europe politique, qu'est-ce que leurs dirigeants peuvent avoir à défendre dans le débat communautaire ? Il ne reste que les avantages acquis, autrement dit la politique agricole commune. Or, sur ce sujet-là, le débat provoqué, cette semaine, par les négociations commerciales internationales a montré, au-delà de son enjeu immédiat, à quel point Paris a perdu de sa capacité à rallier ses principaux partenaires européens à la défense de ses intérêts.

Le vote du 29 mai a traduit une hostilité majoritaire aux institutions communautaires, au rituel européen et à ses règles, bref à Bruxelles. En bonne démocratie, on n'imagine pas Jacques Chirac, Dominique de Villepin, le gouvernement, ni les responsables politiques en général, expliquer aux Français qu'ils ont eu tort et que José Manuel Durao Barroso a raison. Les uns et les autres se font donc les interprètes, convaincus ou résignés, du mécontentement exprimé par les électeurs et disent tout le mal qu'ils pensent des "eurocrates".

Jacques Chirac a pris pour cible le président de la Commission, rendu responsable du manque de ressources de l'Union européenne face aux délocalisations ou aux suppressions d'emplois à motivation boursière, comme celles de Hewlett Packard. Puis est venu le tour du commissaire au commerce, Peter Mandelson, proche de Tony Blair et suspect, aux yeux du gouvernement français, de remettre en question subrepticement, à la faveur des négociations avec les Etats-Unis et le reste du monde, le compromis élaboré en 2003 sur les aides aux agriculteurs. Le premier épisode relevait d'une sorte de gesticulation ou de mise en scène, qui n'a pas convaincu grand monde. Le second est plus sérieux, car la France court réellement le risque d'une défaite sur un sujet essentiel pour elle. Ce n'est évidemment pas un hasard si, en juin, avant même de prendre la présidence de l'Union, Tony Blair a porté sa première attaque sur la politique agricole commune. Le chef du gouvernement britannique y trouve un excellent prétexte pour dénoncer l'archaïsme de l'Europe telle qu'elle est et l'égoïsme de la position française.

La pression libérale en Europe, à laquelle le non du 29 mai entendait s'opposer, continue à nourrir la discussion en France. Jamais auparavant la question européenne n'avait pris tant de place dans le débat politique en dehors d'échéances spécifiques. L'Europe a mobilisé l'attention lors du référendum de 1992 sur le traité de Maastricht et, à un degré bien moindre, lors des élections au Parlement européen. Elle s'est toujours effacée, ensuite, au profit de questions franco-françaises, qui ont dominé les campagnes législatives ou présidentielles. La dimension européenne des choix proposés aux électeurs n'a pas été totalement occultée en 1995 et en 1997, mais elle a été présentée ou, en tout cas, perçue comme secondaire. Aujourd'hui, la crise européenne résultant du référendum français devient le sujet central. Les partis et les candidats aux plus hautes fonctions ne peuvent échapper à une clarification de leurs options européennes. L'ouverture des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'UE en a donné un exemple. le Front national et le Mouvement pour la France ont accusé Jacques Chirac de ne pas respecter la volonté des Français, dont le vote sur la Constitution aurait signifié aussi, selon eux, le refus de ce nouvel élargissement. L'UDF a exprimé son opposition à l'ouverture de ces négociations. Chapitré par le président de la République, Nicolas Sarkozy a mis une sourdine à son propre rejet de la Turquie, mais parce qu'il a jugé que celui-ci était connu de tous et n'avait pas besoin d'être rappelé. La gauche, embarrassée, n'a pas voulu s'exposer à des accusations de xénophobie antimusulmane, mais les socialistes ne cachent pas leurs réserves.

Indépendamment du problème turc, la politique européenne nourrit le débat à un mois du congrès du PS. Laurent Fabius, qui a fortement contribué à la victoire du non le 29 mai, se présente comme le défenseur du choix majoritaire des Français face à l'actuelle direction du PS et à François Hollande, dont il laisse entendre qu'ilspourraient accepter une réouverture du processus constitutionnel. Dans son livre, Le monde tel que je le vois, pas encore dans les librairies, mais déjà abondamment commenté, Lionel Jospin revient sur le référendum et livre son analyse de l'Europe, en estimant que "la voie institutionnelle est pour un temps bouchée" et que l'Union ne pourra être désembourbée que par un compromis entre les gouvernements. Dans la majorité, Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy, Philippe Douste-Blazy tentent de ressusciter l'idée d'un "noyau dur" ou d'une "avant-garde" d'Etats disposés à avancer dans l'union, avec ou sans Constitution.

Jusqu'à maintenant, la construction européenne donnait l'impression d'avancer ­ ou de ne pas avancer ­ toute seule, sans que les gouvernés s'en mêlent. Aujourd'hui, la plupart des questions qui intéressent les Français sont suspendues à celle de l'avenir de l'Europe.

Patrick Jarreau
Article paru dans l'édition du 22.10.05


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ALBERT F. ♦ 22.10.05 | 13h34 ♦ Les réactions sont intéressantes.La bataille perdue du 29 mai n’est pas la fin de la guerre.les perpectives européennes existent encore. Ceux qui rejettent l’Europe n’ont gagné qu’en apparence, car ils n’ont pas de projet de rechange en dehors du retour impuissant au nationalisme des patries.Un puissant, méthodique et général effort d’enseignement, dans toute l’Europe et dès l’école (cf 3°République en France), de l’Europe et de l’esperanto serait peut-être une solution à ce gachis?
bigoudis ♦ 22.10.05 | 12h16 ♦ Comment peut-on être de gauche, démocrate et européen (c’est à dire conscient qu’il faut faire de compromis avec d’autres qui ne pensent pas exactement comme nous (et encore qui est nous ?)) et avoir voté non à la constitution ? Bravo aux extremistes de tous bords qui ont renforcé les élements du système qu’ils dénoncaient précisément.
LibertéEquitéSolidarité ♦ 22.10.05 | 09h19 ♦ Les conséquences du Non du 29 mai ne sont donc pas toutes totalement négatives. PJ nous dit que la pression libérale nourrit encore les discussions ; ce qui ne l’empêche pas de s’exercer de plus en plus fortement y compris au PS où l’idée de marché gagne du terrain. Paradoxalement, le NON a amélioré notre connaissances des véritables enjeux européens et met en évidence le caractère hétéroclite de la coalition anti-libérale. Je commence à ne plus regretter d’avoir perdu le 29 mai. Merci Mélenchon
Senyek ♦ 22.10.05 | 07h32 ♦ On aurait pu avoir des institutions européennes menant une politique avec des équations mathématiques, les peuples d’Europe approuverait sa politique à partir du moment où l’emploi ne serait pas une denrée rare ! Le problème central de l’Europe actuelle, comme celle d’une politique nationale, est l’emploi et la possibilité de vivre normalement, or ni le politique, ni l’Europe n’apportent des solutions concrètes. Malgré le 29 mai, il n’y a que des critiques, aucun projet d’avenir.
gérard B. ♦ 21.10.05 | 22h24 ♦ Eh bien, oui, j’ai compris que j’étais minoritaire le 29/5. Maintenant, que les nonistes m’expliquent de quelle façon on peut considérer que les arguments du FN et d’Attac (point de vue de Nikonoff dans le Monde dans le courant de mai) ne sont pas nationalistes avant tout. Que les zélateurs du ouiàleuropemaispascellelà nous fournissent l’ombre de l’ébauche d’un plan B, quand bien même il serait inacceptable par les 24 autres pays de l’UE (les pas-français, si si ça existe) : j’attends !
Mosart ♦ 21.10.05 | 19h57 ♦ Le Projet de Constitution délimitait clairement les domaines relevant soit de l’Europe soit des pays eux-même; il donnait aussi plus de pouvoir aux parlementaires, représentants directs de la population: .. ce n’est pas exactement cela une machine de guerre des libéraux . De plus, allez dire aux néo-libéraux anglo-saxons que vous voulez inclure le terme ’’ Economie sociale de marché’’ et le droit de grève dans leur constitution, vous verrez leur réaction ...
monrog ♦ 21.10.05 | 18h04 ♦ Les Français vont vivre deux drames : primo, l’Europe, mal ficelée comme elle est, existe, même avec ses règles de l’unanimité des décisions ; secundo : ls France n’en est plus ou presque. Il n’empêche que 70 % du droit français continuera de venir d’un Bruxelles qui pourra vivre sans la France. Alors, sortir de l’Europe ? Chiche ! Et bientôt l’Albanie et Cuba.
Alcys ♦ 21.10.05 | 17h13 ♦ Les ouiouistes du Monde n’ont toujours pas compris les raisons de leur défaite.Ou du moins ils se défendent d’ analyser sérieusement la victoire du NON. Pourtant en passant, la vérité sort de l’ombre comme par inadvertance : ""La pression libérale en Europe, à laquelle le non du 29 mai entendait s’opposer, continue à nourrir la discussion en France" Eh bien oui le traité était une machine de guerre des libéraux. Eh bien oui,l’anarque a été démasquée.Et les zélites du Monde n’y ont été pour rien
gérard B. ♦ 21.10.05 | 13h58 ♦ Je ne partage pas ce point de vue : l’"Europe" est plus que jamais un machin que l’on évoque que pour incarner les méchants étrangers (anglais-ultralibéraux-surtout) qui font rien que nous embêter. On ne pose pas la question : qu’est-ce qui est bon pur l’UE?, on se demande si telle action ou tel projet point de l’UE "sera bon pour la France" . Le non du 29 mai est d’abord une victoire pour les nationalismes, que cela ait été voulu ou non, et l’Europe n’a plus aucune importance.


Le Monde / Opinions
Edito du Monde
Justice internationale

 C' C'est une oeuvre de longue haleine, lente, tortueuse, imparfaite. Mais c'est une évolution semble-t-il irréversible. Une justice internationale est en train de prendre corps petit à petit, qui n'est plus seulement la justice des vainqueurs. Ce reproche pouvait être adressé au tribunal de Nuremberg, qui, à partir de novembre 1945, a jugé les principaux dignitaires nazis encore en vie. On peut en dire autant du tribunal spécial irakien qui a commencé, le 19 octobre, à entendre Saddam Hussein. On peut regretter à cette occasion que les Américains aient repoussé l'idée de créer une instance internationale spéciale destinée à connaître des crimes de l'ancien dictateur irakien, alors qu'un de ses compères, Slobodan Milosevic, est lui jugé à La Haye par le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie, créé par l'ONU. Pour citer le juriste Antoine Garapon, le TPIY a provoqué "une dynamique positive" qui a conduit à la consécration, en 1998, de la Cour pénale internationale.

La marque des Nations unies n'est pas, à elle seule, une garantie d'impartialité totale, mais elle est au moins un signe d'indépendance par rapport aux arrière-pensées politiques des puissances dominantes. L'enquête menée par le juge allemand Detlev Mehlis à la demande du secrétaire général de l'ONU sur le meurtre de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri est une véritable démonstration des possibilités d'une justice internationale. Avec une rapidité remarquable, M. Mehlis, qui a remis son rapport au Conseil de sécurité, jeudi 20 octobre, a remonté la filière des responsables de l'assassinat et de ses commanditaires. Après avoir entendu des centaines de témoins et fait placer en garde à vue des personnalités haut placées de l'administration libanaise, il n'hésite pas à mettre en cause "les plus hauts responsables des services de sécurité syriens" qui remontent jusqu'à l'entourage du président syrien Bechar Al-Assad, et leur collusion avec leurs collègues libanais. Il fait même état des soupçons pesant sur le président libanais Lahoud.

Ayant salué la célérité et le sérieux de cette commission, on est amené à se demander ce qu'il adviendra de ses travaux. La politique risque de reprendre le pas sur le droit. Les membres du Conseil de sécurité qui avaient été les plus allants pour exiger le départ des troupes syriennes du pays du Cèdre et demander une enquête sur la mort de son ancien premier ministre, la France et les Etats-Unis au premier rang, ne pourront s'empêcher de prendre en compte les menaces que ferait peser sur la stabilité du Liban une inculpation de certains dirigeants politiques par une juridiction internationale. Ils peuvent d'autant plus être tentés par la Realpolitik que leur attachement à l'internationalisation de la justice est à géométrie variable. S'ils venaient à renoncer, ils accréditeraient l'idée du deux poids-deux mesures qui mine la confiance des plus faibles dans les organisations internationales. Ils freineraient les progrès d'une justice qui dépasse les souverainetés nationales, mais ils ne pourraient pas les arrêter.

Article paru dans l'édition du 22.10.05


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MAXIM ♦ 21.10.05 | 18h38 ♦ Si Saddam Hussein a été arrêté et peut être jugé ce n’est pas grâce à l’O.N.U. qui dans sa grande majorité n’est pas composé de Démocraties. Les bonnes intentions sont une chose la réalité en est une autre. Sur ce point encore la France qui a de bonnes relations avec des dictateurs ou autocrates de tout poil(se rappeler l’attitude de Mr Chirac après l’assinat de "son ami le grand démocrate" Eyadema)est mal placée pour servir de caution morale.

LOUISE L. LAMBRICHS ♦ 21.10.05 | 17h38 ♦ Si la justice internationale n’est plus la justice des vainqueurs, c’est aujourd’hui la justice des puissants. Concernant la Yougoslavie, l’Angleterre et la France ont pesé pour faire prononcer, en 1991, un embargo sur les armes qui ôtait à la Croatie et à la Bosnie tous les moyens de se défendre face à l’agression grand-serbe. Qui jugera cette décision criminelle, prise par le Conseil de Sécurité, et qui a permis l’occupation de la Croatie puis déterminé toute la suite de cette guerre ?

Grichka10 ♦ 21.10.05 | 16h54 ♦ Hum, quel bonheur, si cette évolution vers une vrai justice internationale est réelle, c’est la meilleure nouvelle du 21ème siècle. C’est peut etre à lier avec le sommet de l’ONU à New York en Septembre. La déclaration de Koffi Annan faisait poindre une notion indispensable à une vrai justice internationale, le devoir d’ingérence quand une population est menacée (même si c’est par son propre dirigeant). L’ONU a l’air de se réveiller, c’est une bonne chose.

jacklittle ♦ 21.10.05 | 16h41 ♦ Nous sommes à des années lumière d’un justice non pas parfaite,mais pour le moins équitable sur tous les continents de notre planète envers les centaines de responsables étatiques,personnels,de crimes,de massacres ,hélas quelque fois de génocides,mais c’est une oeuvre de longue haleine,lente,tortueuse,imparfaite-comme le souligne parfaitement votre édito.Mais les premiers pas ont été,sont accomplis c’est primordial,mais mortels que nous sommes,nous ne verrons pas la fin de cette oeuvre salutaire

OIF2005 ♦ 21.10.05 | 15h23 ♦ Restons serieux. Si dans l absolue l on peut se rejouir de voir prendre corps une ebauche de justice internationale comme dans le cas evoque de Milosevic, il en va bien autrement pour ce qui est de Saddam Hussein. Il est trop facile a present d invoquer la soit disante legitimite internationale et independante du PTIY onusien. Doit on rappeller ici que l ONU a tout fait pour empecher que le sanglant dictateur ait a reconnaitre ses crimes ? Les Etats-Unis ,et personne d autre, ont permis cela.

P. G. ♦ 21.10.05 | 14h56 ♦ Pour ceux qui sont intéressés par toutes les procédures Saddam, Milosevic, Pinochet et tant d’autres, il y a un excellent site sur la justice internationale. Plus de 240 affaires y sont présentées, en trois langues. A voir absolument: www.trial-ch.org/trialwatch


Le Monde / Régions
Des communes d'Isère sont mécontentes de devoir refaire leur réseau d'eau pour STMicroelectronics
GRENOBLE de notre correspondante

 D epuis le 3 octobre, et jusqu'au 4 novembre, le Syndicat intercommunal des eaux de la région grenobloise (Sierg) soumet à nouveau à l'enquête publique son projet de doublement de l'alimentation en eau potable du Grésivaudan. Un premier avis défavorable avait été rendu pour défaut d'étude d'impact.

C'est dans cette zone qu'est implanté le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics, qui a annoncé, le 28 septembre, sa décision de supprimer 321 emplois en France, dont 85 à Crolles (Le Monde du 30 septembre),

Estimé à 25 millions d'euros, le projet est destiné, en effet, à répondre aux besoins des industries de la micro-électronique, très consommatrices en eau qu'elles utilisent pour le nettoyage des plaques de silicium. "Les débits de pointe ont doublé en cinq ans ", relève le rapport qui sert de fondement à l'enquête publique. La consommation d'eau quotidienne est évaluée en 2004 des deux communes de Crolles et de Bernin à 13 950 m3 en moyenne (16 620 m3 en périodes de pointe), soit 10 % à 15 % (jusqu'à 20 % en période de pointe) de la consommation totale du Sierg qui regroupe 36 communes représentant 236 000 habitants. A l'horizon 2020, ces besoins sont évalués à 25 500 m3 d'eau en moyenne par jour (29 325 m3 en période de pointe).

La capacité de la canalisation existante ne permettant pas de répondre à l'augmentation de la demande, le Sierg a décidé de construire une seconde canalisation sur 18 km. "La présence d'une ressource en eau abondante et naturellement pure, a participé à la décision de STMicroelectronics de s'implanter à Crolles" , justifie le président (PC) du Sierg, Claude Bertrand, vice-président du conseil général de l'Isère.

Le projet suscite pourtant l'inquiétude de plusieurs associations, dont l'UFC-Que choisir , regroupées depuis cet été au sein du Collectif eau de la région grenobloise (Coerg). Celui-ci s'interroge sur les conséquences du projet sur la facture d'eau des usagers.

"Le financement des investissements sera assuré par la consommation supplémentaire", assure Claude Bertrand. Pour parer "à toute baisse brutale, voire à une suppression pure et simple de la demande par abandon du site par STMicroelectronics, ou par changement radical dans le processus de fabrication" , M. Bertrand a sollicité le conseil général de l'Isère pour garantir les emprunts engagés par le Sierg pour financer les travaux.

"POIDS DE LA DETTE"

"Il ne serait pas envisageable pour les communes adhérentes au Sierg d'avoir à faire supporter le poids de la dette résiduelle sur leur population à travers une augmentation du prix de l'eau qui pourrait être alors de 40 %" , reconnaissait l'élu dans un courrier adressé au président (PS) du conseil général, André Vallini, daté du 5 août 2003.

"Au prétexte qu'une entreprise peut potentiellement délocaliser un jour ou être en difficulté, il ne faudrait plus rien faire pour accompagner le développement économique" , s'agace François Brottes, député et maire (PS) de Crolles qui craint que "les entreprises n'accélèrent leur délocalisation".

Quelques jours après l'annonce des 1 240 emplois supprimés par Hewlett-Packard, la demande est néanmoins devenue embarrassante pour le conseil général qui n'a d'ailleurs toujours pas délibéré.

Le Sierg se dit prêt à retirer le projet s'il n'obtient pas les garanties. Le collectif d'association réclame "un débat public sur l'utilisation de la ressource en eau de la région grenobloise la plus conforme à l'intérêt général" . S'appuyant sur les conclusions du premier commissaire enquêteur, il dénonce l'absence de présentation au dossier d'enquête d'une solution alternative moins onéreuse, qui a fait l'objet d'une estimation de la Régie des eaux de Grenoble, l'autre producteur public d'eau potable de la région grenobloise (175 000 abonnés).

Cette solution, environ "25 % moins chère" , confirme son président (Vert) Vincent Fristot, consisterait à raccorder la conduite supplémentaire du Sierg à son réseau, en capacité de supporter des débits trois fois supérieurs à ceux qu'il véhicule aujourd'hui.

Le Sierg, au contraire, sera obligé à terme de renforcer ses capacités de transit dans sa partie amont, voire d'aller chercher de l'eau dans le massif de l'Oisans et de l'acheminer, notamment par un tunnel de 7 km creusé sous le massif de Belledonne, ce qui représenterait un investissement supplémentaire de plus de 100 millions d'euros.

Le porte-parole du Coerg, Didier Medori, regrette que "les collectivités s'engagent dans des équipements surdimensionnés alors que les industriels ne garantissent pas l'évolution de leur consommation" . La direction de STMicroelectronics a confirmé que "dans le cadre de [sa] visibilité actuelle, des prévisions pour 2020 seraient sans fondement".

Nicole Cabret
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / France
Les députés offrent au lobby viticole le droit de contrôler les campagnes contre l'alcoolisme

 I l y a la même quantité d'alcool dans un demi de bière, une coupe de champagne, un ballon de vin, un verre de pastis... pour rester en bonne santé, diminuez votre consommation d'alcool." Cette campagne de prévention, actuellement publiée dans différents journaux, à l'initiative du ministère de la santé, de l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes), de l'assurance-maladie et de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), sera peut-être la dernière du genre.

Les défenseurs du monde viticole ont obtenu d'avoir désormais un droit de regard systématique sur les projets de publicité contre l'alcoolisme préparés par les pouvoirs publics.

Sans crier gare, dans une belle unanimité politique, et avec le soutien du gouvernement, l'Assemblée nationale a adopté, lundi 17 octobre, en première lecture du projet de loi d'orientation agricole, un amendement créant un "Conseil de modération et de prévention".

Composé des professionnels des filières concernées "et notamment des filières viti-vinicoles" , de représentants d'association de santé et de la sécurité routière, de parlementaires et de représentants des ministères et des organismes publics, ce conseil "est consulté sur les projets de campagne de communication publique relative à la consommation des boissons alcoolisées et sur les projets de textes législatifs et réglementaires intervenant dans son domaine de compétence". Cette nouvelle instance ­ réclamée par les députés auteurs du Livre blanc sur la viticulture ­ venait pourtant d'être créée par un décret gouvernemental publié au Journal officiel du 5 octobre.

Ce décret prévoyait que le Conseil "pouvait être consulté" . "Nous avons été très déçus de ces conditions de saisine" , a expliqué Alain Suguenot, député UMP (Côte-d'Or) et maire de Beaune, en présentant son amendement. Alors la possibilité de consultation a été remplacée... par une obligation. De comité consultatif, le nouveau Conseil s'est transformé en organe de contrôle.

"Cela permettra de modérer les campagnes de prévention parfois discriminatoires envers les producteurs de vins et de champagne" , s'est félicité le député UMP (Marne) et viticulteur, Philippe-Armand Martin, l'un des auteurs du Livre blanc. "La dernière campagne des pouvoirs publics, qui caricature le vin, met nos campagnes en émoi, notamment dans les zones viticoles", a fait valoir Thierry Mariani (UMP, Vaucluse).

Le docteur Alain Rigaud, président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), ne cache pas ses craintes. "Cet amendement est le signe d'un changement inquiétant car il met sous tutelle la santé publique" , dénonce-t-il.

Au mois de janvier, le lobby viticole avait perdu la bataille visant à assouplir la loi Evin en matière de publicité. "Il est absolument nécessaire de ne pas modifier l'esprit de la loi Evin dans un pays qui compte 45 000 décès annuels dus à l'alcool et 5 millions de personnes exposées à des difficultés médicales, psychologiques et médico-sociales du fait de leur consommation d'alcool", avait alors rappelé, devant les parlementaires, Philippe Douste-Blazy, l'ancien ministre de la santé.

Cette fois, le lobby viticole, relayé par des députés de tous bords, vient d'obtenir qu'il n'y ait plus de campagne de prévention qui "diabolise le vin" , selon les termes du ministre de l'agriculture, Dominique Bussereau. Le docteur Rigaud se dit "troublé" par l'unanimité politique obtenue sur cet amendement.

Les députés socialistes Claude Evin et Jean-Marie Le Guen, plus habitués à suivre les débats relatifs à la santé qu'à l'agriculture, reconnaissent qu'ils n'ont pas vu le loup. "C'est un coup tordu, une méthode de piratage parlementaire et un abandon des prérogatives de santé publique", déplore M. Le Guen.

D'autres redoutent que cet amendement fasse "jurisprudence" et qu'il puisse être décliné sur d'autres enjeux de santé publique. Pourquoi pas, par exemple, un conseil de "modération et de prévention" avec l'industrie agroalimentaire qui contrôlerait les campagnes de lutte contre l'obésité ?

Sandrine Blanchard
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Sciences
Un centre de clonage humain thérapeutique s'ouvre en Corée du Sud

 C inq mois après avoir franchi une étape majeure dans la maîtrise du clonage dans l'espèce humaine, le professeur Wook Suk-hwang (université de Séoul) a, mercredi 19 octobre, annoncé la création du premier centre de recherche entièrement dévolu au développement de cette technique, ainsi que le lancement d'une fondation mondiale sur les cellules souches. Saluée par le président sud-coréen, Roh Moo-hyun, et financée par des fonds publics, cette initiative témoigne de la volonté de la Corée du Sud d'occuper au plus vite une position dominante dans ce domaine scientifique. Selon Gerald Schatten (université de Pittsburgh), biologiste proche de Wook Suk-hwang, ce centre produira, chaque année, une centaine de lignées de cellules souches embryonnaires correspondant chacune à une maladie humaine.

Les Français exclus de cette initiative

La création d'une fondation mondiale consacrée aux cellules souches embryonnaires, dont le siège est situé à l'université de Séoul, ne devrait pas concerner les équipes de biologistes français. L'un des décrets d'application de la loi de bioéthique du 6 août 2004 ­ toujours en examen devant le Conseil d'Etat ­ traite des conditions d'importation et d'exportation de tissus ou cellules embryonnaires à des fins de recherche. Le texte prévoit notamment "l'interdiction de l'importation de cellules embryonnaires prélevées sur un embryon humain in vitro créé ou constitué par clonage à des fins scientifiques ou thérapeutiques" (Le Monde du 1er juin).

Vétérinaire de formation, le professeur Wook Suk-hwang a acquis une réputation internationale, au début de 2004. Il avait alors annoncé, en coopération avec un spécialiste américain, avoir créé des embryons humains par clonage. Il avait ensuite obtenu, à partir d'un embryon, des lignées de cellules souches capables de se différencier.

FAIBLE RENDEMENT

Ces travaux faisaient suite à ceux menés sept ans plus tôt avec le clonage de la brebis Dolly. Entre-temps, une équipe américaine d'Advanced Cell Technology a, en novembre 2001, prétendu avoir créé, grâce à cette technique, trois embryons humains. Mais cette nouvelle n'a jamais été confirmée, laissant au professeur Wook Suk-hwang et à son équipe la primeur de telles recherches.

Reste que cette première sud-coréenne a fait preuve d'un très faible rendement de production. En effet, travaillant à partir de 242 ovocytes prélevés chez 16 femmes volontaires, ces biologistes ont pu créer par clonage 30 embryons. Ceux-ci ont alors été cultivés jusqu'au stade blastocyte. Mais 20 d'entre eux seulement ont produit des cellules souches et un seul a permis d'isoler et de cultiver des lignées de ces cellules.

"Optimisée, cette technique (...) pourra être utilisée partout, pour tout ce que l'on désire en faire, commentait alors le professeur Axel Kahn, directeur de l'Institut Cochin de Paris (Le Monde du 13 février 2004). Ces résultats confirment les analyses sur les difficultés à fonder une médecine régénératrice à partir de cette méthode, compte tenu notamment du nombre très élevé des ovocytes nécessaires pour disposer des cellules souches nécessaires. Pour l'heure, ce gigantesque déploiement de moyens, de temps et d'argent rend improbable que cette technique constitue jamais une procédure médicale révolutionnaire accessible à un grand nombre de malades."

Une série de progrès dans les opérations de manipulation des ovocytes, de leur énucléation et de transfert des noyaux provenant des cellules somatiques, ainsi que des améliorations des conditions de culture, ont permis à l'équipe sud-coréenne d'améliorer considérablement le taux de rendement de ses expérimentations. C'est ainsi que, quinze mois plus tard, la donne a radicalement changé, l'équipe annonçant être parvenue à une maîtrise quasi parfaite de cette technique.

Les chercheurs expliquaient alors, sur le site de la revue Science , avoir obtenu et cultivé onze lignées de cellules souches immunologiquement compatibles avec les personnes chez lesquelles les cellules somatiques avaient été prélevées. S'inscrivant délibérément dans une approche thérapeutique, ces cellules avaient été prélevées chez des personnes souffrant de maladies dégénératives ou de lésions traumatiques de la moelle épinière. Sur ces onze lignées cellulaires, six avaient été obtenues à partir des ovocytes d'une seule donneuse. Et seuls deux échecs avaient été recensés.

Aux yeux des spécialistes, cette publication fut une étape scientifique majeure immédiatement reproductible et exploitable en laboratoire. Du moins dans les laboratoires des pays qui autorisent la création par clonage d'embryons humains à des fins de recherche fondamentale ou d'application thérapeutique. C'est notamment le cas de la Corée du Sud, de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de la Suède, qui encadrent la pratique du clonage à visée thérapeutique et prohibent le clonage reproductif.

En collaboration étroite avec des scientifiques britanniques et américains, Séoul souhaite aujourd'hui fédérer les recherches menées dans ce domaine en établissant un réseau international de collaboration avec les meilleurs spécialistes. Le développement de cette initiative va rapidement soulever d'épineuses questions dans les pays qui, comme la France, ont interdit par voie législative toute recherche menée à partir du clonage à visée thérapeutique.

Dans le dernier numéro du New England Journal of Medicine (daté du 20 octobre), le docteur Susan Okie, éditorialiste du prestigieux hebdomadaire, souligne le très vif intérêt que de nombreux biologistes américains ­ qui ne peuvent bénéficier sur ce thème d'un financement fédéral de leurs travaux ­ portent à l'initiative sud-coréenne. Une initiative a priori promise à un grand avenir.

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Société
Le Comité d'éthique prône un usage médical respectueux des foetus morts

 I ntitulé "A propos de la conservation des corps des foetus et enfants mort-nés" et daté du 22 septembre, l'avis numéro 89 du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) fera date. Ce document aurait dû être rendu public lors d'une conférence de presse fixée au mardi 11 octobre, conférence qui fut annulée la veille sans qu'aucune explication ne soit donnée. Plusieurs membres du CCNE ont appris, jeudi 20 octobre, que le cabinet de Dominique de Villepin avait expressément demandé le report de cette publication, sans fournir d'explications précises.

"Depuis sa création en 1983, jamais une telle pression n'avait été formulée par le gouvernement , confie un membre du CCNE. Organisme certes consultatif, notre comité est totalement libre quant à la publication des avis qu'il est amené à formuler." A l'Hôtel Matignon, on minimise le problème et l'on se borne à évoquer un simple "problème d'agenda". La situation est d'autant plus curieuse qu'a priori rien, dans l'avis numéro 89, ne semble justifier que l'on ait pu chercher à en retarder la publication.

Le CCNE avait été saisi le 2 août par Dominique de Villepin, le jour même où le gouvernement rendait public la découverte, dans la chambre mortuaire de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, de 351 foetus et corps d'enfants nés sans vie ou morts peu après la naissance. Dominique de Villepin avait personnellement diligenté, le même jour, une enquête administrative, confiée à l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), pour faire "toute la lumière sur cette affaire et déterminer les responsabilités" , et pour déterminer "les causes de tels dysfonctionnements" .

Le premier ministre demandait au CCNE de "porter une appréciation sur les règles qui enserrent les modalités de prise en charge des corps des foetus et des enfants décédés dans la période périnatale, à la lumière des principes éthiques et des éléments d'ordre juridique et scientifique à prendre en considération" . Un groupe composé de douze membres du CCNE avait été constitué. Au terme de plusieurs semaines de travail, il a rédigé un avis très documenté et riche d'enseignements.

"SENTIMENT D'INHUMANITÉ"

Ce document, dont La Croix du jeudi 20 octobre a publié des extraits, n'aborde pas la question de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Il réalise un historique de la manière dont la mort foetale a été perçue au fil du temps. Il analyse aussi les évolutions majeures du regard porté sur le foetus. "Ce regard a considérablement changé depuis les années 1970 , peut-on y lire. Cette mutation est due pour une part au progrès des techniques d'assistance médicale à la procréation mais aussi et surtout aux progrès des images foetales obtenues grâce à l'échographie et à l'IRM, aux progrès des diagno stics de mala dies génétiques, chromosomiques ou infectieuses et aux progrès de la réanimation des prématurés."

Après un exposé de l'évolution des dispositions législatives et réglementaires qui ont accompagné la modification de ce regard, le CCNE rappelle que la loi de bioéthique du 6 août 2004, dans son article 27, traite du devenir des tissus embryonnaires ou foetaux après une interruption de grossesse. Aux termes de la loi, ces tissus ne peuvent être prélevés, conservés et utilisés qu'après un consentement écrit de la femme, qui doit avoir été informée des finalités du prélèvement. Ce consentement doit être postérieur à la décision d'interruption de grossesse .

"Malgré les précautions prises, les réglementations et les pratiques peuvent donner le sentiment d'inhumanité lorsqu'elles sont appliquées dans une situation souvent douloureuse, souligne le CCNE. Il convient donc de veiller à ce que le regard forcément analytique porté par la médecine et la loi sur les caractéristiques objectives du foetus ou du nouveau-né mort (âge chronologique, poids, viabilité, pathologie...) ne heurte pas de front les représentations affectives que se faisaient les parents de leur enfant en devenir."

Le CCNE fournit sur ce thème une série de recommandations pratiques rappelant que, même s'il est considéré d'un point de vue juridique comme une res nullius , le foetus mort doit faire l'objet du respect que l'on doit à son origine humaine et qu'il ne peut en aucune façon être considéré comme un "déchet hospitalier". Il reste à comprendre les raisons qui ont pu pousser Matignon à retarder la publication de cet avis. Une nouvelle conférence de presse est annoncée pour le lundi 24 octobre.

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Société
Une fondation mystico-religieuse inquiète les services de renseignement

 L a direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et la direction de la surveillance du territoire (DST) s'intéressent à ce qu'ils appellent "l'organisation Elâhi" . En réalité, un agglomérat d'associations et de sociétés civiles immobilières sises à Asnières (Hauts-de-Seine), mais aussi une fondation reconnue d'utilité publique, Ostad Elâhi, ou encore un mausolée édifié à Baillou (Loir- et-Cher), à la gloire de "sainte Janie", fille du " Maître Ostad Elâhi" . D'origine iranienne, la famille Elâhi, installée pour une part en France, jouit d'une large aura religieuse et mystique.

Dans une note datée du 7 septembre, la DCRG stigmatise ainsi "l'organisation Ostad Elâhi -qui- a su séduire pour obtenir, au bout decinq années, la reconnaissance d'utilité publique" . Les enquêteurs font également part de leur "inquiétude croissante" . Ils mettent en relief "la soumission absolue des disciples à un maître se considérant comme une sorte de messie et à son oeuvre, La Voie de la perfection , ayant pour les dévots valeur de "commandement", notamment dans le cadre de la prise en charge de l'éducation des enfants" . Ils dénoncent enfin "les tentatives d'infiltration des instances municipales de Baillou et d'Asnières, s'accompagnant de pressions et d'intimidations sur les élus" .

Il est vrai que la bataille fait rage depuis longtemps à Asnières, dont le député et maire UMP Manuel Aeschlimann n'a de cesse de dénoncer, sur fond de bisbilles locales, les agissements des membres de "l'organisation Elâhi". Bahrâm Elâhi, 74 ans, professeur en chirurgie infantile, naturalisé français en 1994, est arrivé à Asnières en 1992. Progressivement, ses proches ont commencé à acheter des pavillons dans le même secteur. "L'installation de tous ces gens à Asnières a suscité mon interrogation, explique M. Aeschlimann. Tout l'entourage de Bahrâm Elâhi a acheté des pavillons dans le même quartier. Ce regroupement m'a interpellé, encore plus après avoir lu son livre, La Voie de la perfection." Publié par les éditions Albin Michel, l'ouvrage est censé délivrer l'enseignement de son père, Ostad Elâhi, un magistrat "philosophe et musicien" , issu d'une famille de notables kurdes iraniens réputée pour son mysticisme soufiste.

On y découvre, dans sa première version, des préceptes étonnants. Tout d'abord, "Maître Elâhi appartient à un ordre très particulier, celui des "fervents de Dieu"" . On y apprend ainsi que "la Terre n'est pas seulement peuplée d'hommes, mais également de créatures invisibles à nos yeux, qu'on appelle génies (...) . Ils peuvent déplacer très rapidement des objets très lourds, ou encore nous paralyser."

On peut également y lire, entre autres digressions ésotériques, que "tout homme parvenu à la perfection peut parler avec les animaux et même communiquer avec les plantes et les objets".

Autant d'extraits du livre qui ont interpellé les enquêteurs des RG. Et pourtant, l'auteur de ces "pensées" bénéficie, en France, d'une fondation reconnue d'utilité publique le 27 janvier 2000. La fondation Ostad Elâhi, présidée par son fils Bahrâm Elâhi, compte parmi les membres de son conseil d'administration un conseiller d'Etat, Jean-Michel Belorgey, ou encore une réalisatrice de télévision, Marion Sarraut.

Elle s'enorgueillit d'avoir organisé plusieurs colloques, sur le thème de "l'éthique" ou de "la solidarité humaine" . Le 10 septembre, une "journée de la société humaine" était organisée par la fondation, à l'Unesco, sous le patronage du ministère de la culture et du ministère de la cohésion sociale. "Le sujet semblait sérieux et le logo de l'Unesco figurait sur la carte que nous avons reçue , indique-t-on au ministère de la culture. La présentation du colloque était biaisée, il n'était pas fait état de la fondation Elâhi. A l'avenir, nous effectuerons toutes les vérifications nécessaires."

M. Aeschlimann, usant de son entregent ­ il est le conseiller pour l'opinion publique de Nicolas Sarkozy ­, a mis en garde ses collègues. Il a ainsi écrit à la présidente du Haut Comité à l'intégration, Blandine Kriegel, qui, lorsqu'elle était chargée de mission à l'Elysée, avait participé à deux colloques organisés par la fondation à la Sorbonne. "Le texte d'Ostad Elâhi que vous avez eu la précaution de m'adresser est au-delà de ce que permet le mysticisme" , lui a répondu, le 10 décembre 2003, Mme Kriegel, en affirmant qu'elle déclinerait désormais les invitations de la fondation Elâhi.

L'organisation compte également un mausolée, construit en Loir-et-Cher, à Baillou, commune dont la châtelaine n'est autre que la princesse italienne Maria Camilla Pallavicini, vice-présidente de la fondation Elâhi. Cet édifice "religieux", que certains à Baillou comparent à un Mandarom miniature, célèbre la mémoire de "sainte Janie", la soeur de Bahrâm Elâhi.

Une association gère le site, dont le vice-président se nomme Bruno de Beauregard. Domicilié lui aussi à Asnières, M. de Beauregard, qui n'a pas souhaité répondre au Monde , est le fondateur de la société Mayetic, une entreprise de services informatiques, leader sur son marché. L'avocat de cette société est François Ameli, également conseiller de la famille Elâhi.

Dans un rapport récent, la DST, au titre de ses activités de contre-espionnage, s'est émue de la situation. "Une certaine vigilance est maintenue concernant notamment la présence de certains adeptes au sein de structures sensibles, relate la DST. Au regard de l'approche philosophico-religieuse de M. de Beauregard, on peut s'interroger sur l'opportunité pour des organisations gouvernementales de faire appel à la société Mayetic pour ses solutions informatiques." La direction générale des impôts, la gendarmerie nationale et même l'OTAN figurent parmi les clients de Mayetic.

Gérard Davet
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Société
"Bahrâm Elâhi n'a rien d'un gourou", selon son avocat

 A u siège de la fondation Ostad Elâhi, à Paris, on se défend de toute entreprise sectaire. "On n'a absolument rien à cacher , se défend Stéphane Chenderoff, porte-parole de la fondation. Il n'est pas question que l'on se laisse amalgamer. Il n'y a aucune "organisation Elâhi". Il existe uniquement une fondation qui s'inscrit dans une approche laïque. Que l'on soit traité de secte est insupportable." M. Chenderoff rappelle que la fondation, pour être reconnue d'utilité publique, a bataillé pendant sept ans : "La famille Elâhi a déboursé 750 000 euros pour qu'elle voie le jour. Nous nous inscrivons dans l'esprit de la pensée d'Ostad Elâhi. Il n'y a aucun phénomène de réseau."

Le livre La Voie de la perfection n'est pas, selon le porte-parole, un ouvrage de référence. "Ce n'est pas une Bible ni le livre fondateur de la fondation, a ffirme- t-il. Ce qui nous intéresse, c'est la réflexion d'Ostad Elâhi, en tant que magistrat iranien. L'idée, ce n'est pas de conquérir l'âme du monde. On ne fait aucun prosélytisme, on veut simplement promouvoir l'éthique." La fondation publie régulièrement des livres, aux éditions L'Harmattan, en écho aux colloques qu'elle organise. "Nous menons une vraie réflexion, poursuit M. Chenderoff, il n'y a ni rite ni culte. Il n'existe pas de discours que l'on puisse imposer aux gens."

La fondation dément aussi avoir un lien avec l'Association du mausolée de sainte Janie, édifié pour célébrer la mémoire de la soeur de Bahrâm Elâhi, ou avec d'autres sociétés implantées aux Etats-Unis. "On sait que le mausolée existe, mais nous n'avons aucun lien avec ce lieu, prétend le porte-parole. De même, nous n'avons pas d'opinion sur Manuel Aeschlimann, on ne souhaite pas, simplement, qu'il fasse partie de notre environnement." La DCRG, pourtant, dans sa note du 7 septembre, affirme que la fondation "constitue la branche française d'une organisation internationale, d'origine iranienne, présente, dans une douzaine de pays, dont les Etats-Unis (Nour Foundation) et la Grande-Bretagne (Unicity Foundation)". Les policiers indiquent que "ses effectifs en France demeurent inconnus".

"Bahrâm Elâhi n'a rien d'un gourou, estime François Ameli, son avocat, dont la photo figure sur le site Internet de la Nour Foundation. I l s'agit simplement d'une tradition séculaire, on vient le voir comme on visite le dalaï-lama. Il y a des gens qui le vénèrent, comme ils vénéraient sa soeur. En profite-t-il ? Non. Est-ce qu'il le suscite ? Non. Il n'y a jamais eu de plaintes contre lui."

Pour Gilles Bottine, secrétaire général de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), "cette structure ne paraît pas pouvoir être classée au rang des mouvements sectaires dangereux". "Nous n'avons pas eu connaissance , poursuit M. Bottine, d'arguments induits par la doctrine du mouvement, ou son mode de fonctionnement, considérés comme attentatoires à la liberté."

Gérard Davet
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Europe
En cas de pandémie, de 30 % à 60 % des Européens pourraient être vaccinés

 L es autorités de santé, tant nationales qu'européennes, disposeront-elles des vaccins appropriés pour protéger la population en cas de pandémie grippale ? La question se pose d'abord en termes de délais : quel sera le temps nécessaire à l'élaboration d'un vaccin qui soit efficace et qui réponde aux normes de sécurité ?

Ce n'est qu'ensuite que les problèmes de quantité surgissent : les usines capables d'en produire pourront-elles soutenir le rythme ? La spécificité du mode de fabrication des vaccins est telle qu'il n'est pas possible d'utiliser n'importe quelle structure produisant du médicament. Le vaccin contre une éventuelle grippe aviaire transmissible à l'homme ne pourra être produit que dans les usines fabriquant le vaccin actuel contre la grippe.

Sauf création, les capacités de production utilisables en cas de pandémie seront donc les mêmes qu'aujourd'hui. En d'autres termes, industriels et autorités de santé ne peuvent promettre de couvrir que 30 % à 60 % de la population européenne. Cette imprécision découle de plusieurs inconnues : quelle sera la structure du virus et combien de doses faudra-t-il injecter ?

Dans une hypothèse réaliste, un virus à souche multiple obligera à injecter deux doses du vaccin. Un tiers des 450 millions d'Européens seront alors couverts. Mais si le scénario est favorable ­ un virus à souche unique et une dose de vaccin ­, il sera possible de couvrir 60 % de la population européenne.

En France, 10 millions de doses sont distribuées chaque année : les personnes âgées (65 ans et plus) en consomment 67 %. Les affections de longue durée (dont le nombre recoupe en grande partie la population âgée), les professions de santé, les affections chroniques consomment le reste. Mais en cas de pandémie, 45 millions de doses seront nécessaires pour protéger 75 % de la population.

ACCROÎTRE LA COUVERTURE

Les capacités de production utilisables sont pour la plupart situées en Europe. La production mondiale de vaccins est aujourd'hui de 280 millions de doses. Les laboratoires pharmaceutiques de l'Union européenne produisent 190 millions de doses chaque année, soit 70 % de la production mondiale. Sur ces 190 millions, 100 millions de doses sont exportées.

Pour aboutir à une solution satisfaisante au plan international, il est nécessaire dès aujourd'hui d'augmenter la production pour produire suffisamment de vaccins pandémiques dans les délais.

Les producteurs (GlaxoSmithKline, Sanofi Pasteur...) qui avaient attiré l'attention des autorités de santé nationales et européennes sur ce point ont proposé d'augmenter les taux de couverture vaccinale des groupes à risque définis dans les programmes nationaux. Ainsi, en France, une loi de santé publique votée en août 2004 fixe comme objectif de couvrir au moins 75 % de la population dans tous les groupes à risque (personnes âgées de plus de 65 ans, affection de longue durée, etc.).

Dans un deuxième temps, selon les données épidémiologiques et économiques propres à chaque pays, de nouvelles recommandations pourraient êtres progressivement envisagées.

Les laboratoires pharmaceutiques situés en France, travaillant avec un groupe d'experts, dont le professeur François Bricaire (chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, à Paris), le docteur Jean-Marie Cohen (président fondateur des Groupes régionaux d'observation de la grippe) et le professeur Claude Le Pen (université Paris-Dauphine) ont soumis aux autorités de santé françaises des propositions susceptibles d'accroître la couverture vaccinale.

Ils proposent d'abord la gratuité du vaccin et de son administration, l'assurance-maladie prenant en charge l'intégralité des coûts. Ils souhaitent ensuite simplifier l'accès au vaccin : non seulement le médecin a le droit d'en stocker comme au Royaume-Uni et en Allemagne, mais des centres de vaccination sont aussi mis en place comme en Espagne et en Italie. Ils estiment aussi qu'il faut mener une campagne de responsabilisation du médecin. Enfin, ils encouragent le lancement d'une action de sensibilisation des populations à risque pour les pousser à se faire vacciner.

Le LEEM (Les entreprises du médicament) et son groupe d'experts proposent ainsi d'inclure la vaccination dans le contenu de la consultation de prévention envisagée dans la loi de santé publique, mais aussi de définir des objectifs quantitatifs de couverture vaccinale et de passer des contrats de santé publique avec les médecins...

Les autorités de santé n'ont pas encore fait savoir le sort qu'elles réservaient à ces propositions.

Yves Mamou
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Europe
Le laboratoire Roche n'exclut plus de sous-traiter en partie la production de Tamiflu

 L e groupe pharmaceutique Roche qui a le monopole de la production et de la commercialisation du Tamiflu ­ le seul antiviral capable de ralentir une éventuelle pandémie grippale ­ n'affirme plus qu'il est en mesure de répondre seul à tous les besoins mondiaux.

Le laboratoire suisse a fait savoir, jeudi 20 octobre, qu'il acceptait d'accorder des licences secondaires de production et de commercialisation à des tiers. "Nous sommes nous-mêmes licenciés de Gilead, le découvreur de la molécule, pour tout ce qui est développement clinique, production et commercialisation ", déclare Olivier Hurstel, responsable de la communication de Roche France. Rien ne nous empêche de sous traiter la production de tout ou partie du Tamiflu ."

En d'autres termes, un fabricant de médicaments génériques indien comme Cipla, qui a manifesté son intérêt pour le produit, peut passer un contrat commercial avec Roche pour produire et commercialiser du Tamiflu sur une certaine zone géographique. " Il nous versera en échange des royalties, car nous sommes dans le cadre du droit commercial", ajoute M. Hurstel. En revanche, si Cipla entreprenait de produire un médicament protégé par des brevets comme s'il s'agissait d'un générique, alors il pourrait être condamné pour contrefaçon.

Cette position nouvelle du groupe Roche a été confirmée, jeudi, par le sénateur démocrate américain Charles Schumer qui a tenu une conférence de presse à l'issue d'un entretien qu'il venait d'avoir avec le PDG de Roche pour l'Amérique du Nord, George Abercrombie. Les accords qui seront passés entre Roche et d'autres industriels doivent permettre de "produire dans des quantités suffisamment importantes pour répondre aux besoins", a indiqué M. Schumer. Ce que confirme M. Hurstel : " Un éventuel contractant devra avoir une forte capacité de production ."

Cette envergure industrielle est rendue nécessaire par la complexité des phases par lesquelles passe la production de Tamiflu. L'une des phases comporte ainsi un risque grave d'explosion. " Nous la sous-traitons nous-mêmes à un spécialiste de la production d'explosifs", dit M. Hurstel.

Des négociations devraient être ouvertes avec quatre sociétés américaines qui estiment être en mesure de produire rapidement l'antiviral. Le sénateur américain a ajouté qu'un accord précis sur des licences secondaires interviendrait en concertation avec le ministère de la santé américain, " qui pourrait penser à d'autres sociétés encore ".

Compte tenu de la sensibilité des gouvernements sur le sujet, le groupe pharmaceutique avait indiqué, dès mardi, qu'il étudiait un assouplissement de son monopole sur le Tamiflu. " Nous sommes préparés à discuter de toutes les options valables, y compris l'octroi de licences secondaires " avait alors déclaré William Burns, chef de la division pharmaceutique de Roche.

Cet assouplissement de la position de Roche s'explique aussi par le fait que les autorités sanitaires de tous les pays du monde peuvent, en cas d'urgence, suspendre la protection conférée par les brevets. La procédure dite de "licence d'office" a été instituée dans le but de permettre à tout gouvernement d'autoriser un fournisseur qualifié à produire un médicament dont les brevets et licences sont détenus par un autre. Ce cas de figure suppose que le détenteur des droits soit dans l'incapacité de répondre à la demande.

Cette suspension des brevets ne peut être prise que pour un pays donné et non à l'échelon international. Il n'est pas exclu que l'accroissement des risques sanitaires à l'échelon mondial n'entraîne à l'avenir une restriction plus forte des règles de la propriété intellectuelle.

Yves Mamou
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Médias
"Libération" tente la révolution Internet sans jeter le papier au panier

 O n connaissait "multimédia", voici "bimédia". Libération a lancé ce nouveau concept de presse, mardi 18 octobre, sous la plume de son PDG, Serge July. En présentant la nouvelle mouture de son site internet ­ la quatrième depuis son lancement en 1995 ­, le journal annonçait sa volonté de devenir "le premier quotidien français véritablement bimédia" .

"C'est un paradoxe : l'audience de Libération se développe, mais les recettes de l'entreprise diminuent, du fait de la crise publicitaire qui frappe le journal papier" , constate M. July. La solution : "Jeter les fondements d'un quotidien bimédia, à la fois papier et "on line", différents et complémentaires, cohérents et aussi indispensables l'un que l'autre."

Même s'il se revendique comme "le second site d'informations généralistes de la presse française -le premier étant celui du Monde -, avec plus de 6 millions de visites en septembre, et 27 millions de pages vues", liberation.fr ne représente actuellement que quelques pour cents du chiffre d'affaires du journal. Il a donc été décidé d'introduire sur le site une zone payante pour les abonnés, à partir du premier trimestre 2006, et de jouer davantage sur les synergies de la "marque" Libération.

Reste à savoir ce qu'implique de bouleversements la mise en oeuvre de ce journal bimédia, dans un contexte de crise au sein du quotidien, où les salariés redoutent les mesures d'"optimisation de la rédaction" annoncées fin septembre par M. July (Le Monde du 3 octobre). Le nouvel actionnaire, Edouard de Rothschild, demande un plan de relance, qui pourrait se traduire par 40 à 80 suppressions d'emplois, et dont le développement d'Internet est l'un des piliers.

Le sujet du quotidien bimédia a été longuement évoqué, jeudi 20 octobre, au cours d'un comité d'entreprise, où la direction a également annoncé la création d'un supplément du week-end, en 2006.

"Ces annonces sont s urtout politique s, elles ne visent qu'à mobiliser l'équipe sur un projet" , estime un membre de la rédaction. Le journal a déjà fait le choix, il y a un an, de la rédaction unique. L'équipe de liberation.fr, qui compte une dizaine de personnes, a été intégrée à la rédaction du journal papier. Mais, au sein de celle-ci, "une partie se refuse à travailler pour le site, une autre partie y est favorable, tandis que le reste n'a pas vraiment d'avis" , résume un journaliste.

"Si nous devons faire de l'info en continu, on joue les apprentis sorciers, ce n'est pas notre métier, nous sommes issus de la culture du récit, du reportage, plus que du fait brut", explique un reporter. La création d'une zone payante sur le site Internet suscite des interrogations. "Cela va nécessiter des investissements bien plus importants que les 350 000 euros annoncés pour le projet Internet", estime un salarié.

"MAGAZINE QUOTIDIEN"

Plusieurs craignent de voir le site rénové et le supplément du week-end cannibaliser le quotidien. Antoine de Gaudemar, directeur de la rédaction, a répondu jeudi 20 octobre aux élus du CE : "on ne baisse pas la garde sur le quotidien, Libération est considéré comme un quotidien magazine, nous allons en faire un magazine quotidien".

Libération n'est pas le seul journal à s'interroger sur la montée en puissance d'Internet face à la presse traditionnelle, et sur la meilleure manière de transformer la menace en opportunité. Internet est en effet devenu le média affichant la plus forte croissance de recettes publicitaires.

Le New York Times a annoncé l'intégration des 80 journalistes du site NYTimes.com à sa rédaction, mais le projet ne sera effectif qu'à la fin de 2007. Et les deux équipes conserveront chacune un rédacteur en chef. Le Wall Street Journal, en changeant de format, a annoncé son souhait de travailler en synergie avec le site wsj.com (Le Monde du 18 octobre). En revanche, le Chicago Tribune, qui avait intégré la rédaction Web, a fait marche arrière.

Au Monde , l'approche est différente de celle de Libération . "Les rédactions d'un quotidien et d'un site web ont des savoir-faire différents", explique Bruno Patino, président de la société Le Monde Interactif. "L'imprimé, le numérique sont deux médias complémentaires. L'écrit se fonde sur la hiérarchie de l'information et la mise en perspective, Internet est fondé sur la réactivité et l'illustration. Une rédaction web est dans le factuel, la réactivité, l'illustratif, tandis qu'une rédaction papier est structurée sur les horaires du bouclage."

Le Monde s'adresse ainsi à "trois populations également réparties : un tiers lit et achète le quotidien papier sans jamais aller sur le site, un tiers consomme les deux médias, et un tiers ne va que sur le site. S'agissant de la population qui utilise les deux médias, on ne s'adresse à elle pas au même moment et elle n'a pas les mêmes besoins".

Lemonde.fr a une rédaction d'une vingtaine de personnes. La zone payante, qui existe depuis 2002, compte 67 000 abonnés, dont la moitié l'est aussi au journal papier. Le site a permis de recruter 7 500 abonnés pour le quotidien.

Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Médias
"L'Agefi" opte pour la dématérialisation

 D epuis le 29 août, L'Agefi , journal financier fondé en 1911, n'est plus disponible qu'en version électronique, sous la forme d'un fichier au format PDF, qui reproduit sur écran la maquette d'un "vrai" journal, d'une vingtaine de pages. "Cela n'a rien à voir avec un site Internet. Nous faisons un vrai quotidien, qui est envoyé aux abonnés, à 7 heures, tous les matins" , souligne Bernard Mazurier, éditeur de L'Agefi .

Quelque 3 500 abonnés et autant de prospects reçoivent chaque jour le journal par Internet, réalisé par neuf journalistes. Treize autres travaillent à la rédaction d'un magazine sur papier, qui complète l'offre en fin de semaine.

"Nous n'avons eu aucun désabonnement, assure M. Mazurier. Avec la version papier, nous avions 3 200 abonnés, mais nous en perdions tous les ans et ils nous coûtaient beaucoup plus cher." La dématérialisation du journal a entraîné la suppression de cinq postes à la rédaction, mais elle a surtout permis de réduire à zéro les coûts de papier, de fabrication et d'expédition du quotidien.

L'Agefi estime être ainsi en mesure d'économiser "de 1,5 à 2 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires annuel de 8,5 millions d'euros" , dit son éditeur, qui table sur une situation financière "à l'équilibre fin 2006 et rentable en 2007" . Pour le lecteur, le gain est aussi appréciable : au lieu de payer 1 300 euros l'abonnement annuel, il ne paie plus que 499 euros pour le quotidien électroni-que et l'hebdomadaire papier. "Nous avons pu faire cette révolution car le milieu financier est équipé de longue date en informatique et rompu à l'utilisation de l'information sur écran" , reconnaît M. Mazurier.

Le plus délicat, finalement, fut de convertir les journalistes à l'idée qu'ils n'allaient plus écrire sur du papier. "Mais ils se sont vite habitués, car ils travaillent l'information comme avant" , souligne M. Mazurier. Restent "deux ou trois vieux abonnés, bien connus, qui nous ont écrit pour nous dire que le papier leur manquait" . Pour ces réfractaires, le journal imprime lui-même la version PDF et l'envoie par courrier...

Pascal Galinier
Article paru dans l'édition du 22.10.05


Le Monde / Europe
Article interactif
Grippe aviaire : derniers faits marquants et données de base
  1. Propagation de l'épizootie
  2. Réaction des gouvernements et mesures de prévention
  3. Définitions et résumé des connaissances
  4. Repères chronologiques
1 - Propagation de l'épizootie

 -  Russie : La grippe aviaire a gagné la région de Toula, à 300 km au sud de Moscou, confirmant la propagation de la forme H5N1 du virus à la partie européenne de la Russie. Un responsable russe du contrôle vétérinaire a affirmé vendredi que le risque que la grippe aviaire puisse apparaître à Moscou et dans ses environs était "minime". La Commission européenne a décidé formellement jeudi soir d'interdire les importations d'oiseaux de compagnie et de plumes provenant de la plupart des régions russes. "Les seuls endroits où l'embargo ne s'appliquera pas sont Kaliningrad (région russe enclavée dans l'UE) et des régions en bordure de la Finlande.

- Roumanie : Des analyses effectuées par des experts britanniques ont confirmé l'existence en Roumanie d'un deuxième foyer du virus H5N1 de la grippe aviaire, à Maliuc (dans le delta du Danube, sud-est du pays). Maliuc est situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Ceamurlia de Jos, premier foyer détecté. Le ministre de l'agriculture Gheorghe Flutur a indiqué vendredi que les foyers de grippe aviaire avaient été circonscrits en Roumanie, où aucun nouveau cas n'a été détecté ces derniers jours. Les résultats des analyses effectuées sur quelque 200 échantillons prélevés dans une dizaine de départements ainsi qu'à Bucarest ont tous été négatifs.

- Macédoine : L'abattage de milliers de volailles a débuté mercredi dans une région du Nord de la Macédoine, où un virus de la grippe aviaire a été détecté, selon les autorités sanitaires.

- Grèce : Le ministère de l'agriculture grec a confirmé jeudi l'information de Bruxelles selon laquelle les tests préliminaires pratiqués par le laboratoire de référence de l'UE sur un échantillon suspect étaient "négatifs". Un cas suspect de grippe aviaire avait été découvert lundi sur l'îlot d'Oinousses, dans l'est de la mer Egée.

- Thaïlande : Le fils du fermier thaïlandais décédé jeudi des suites de la grippe aviaire a également contracté la maladie. Ronnarit Benpad, 7 ans, a été hospitalisé jeudi à Bangkok après le décès de son père la veille. L'enfant avait participé à l'abattage de volailles infectées dans la ferme paternelle située dans la province de Kanchanaburi (ouest), selon les autorités thaïlandaises.

- Croatie : Vendredi, le virus s'est encore rapproché du coeur de l'Europe : la présence d'un "sous-type H5" a été confirmée en Croatie sur des échantillons prélevés sur douze cygnes retrouvés morts sur un lac, à Zdenci (est), a annoncé le ministère de l'Agriculture.

- Grande-Bretagne : Vendredi également, le ministère de l'agriculture britannique a révélé qu'un perroquet mort en quarantaine avait été diagnostiqué porteur de la grippe aviaire. "Ce cas confirmé de grippe aviaire ne remet pas en question le statut du Royaume-Uni de pays non touché par la grippe aviaire car la maladie a été identifiée sur un animal importé en quarantaine", a cependant précisé Debbie Reynolds, vétérinaire conseiller auprès du ministère.

Le perroquet en question avait été importé du Surinam. Il avait été immédiatement placé en quarantaine, dans le cadre de la procédure normale en Grande-Bretagne.

2 - Réaction des gouvernements et mesures de prévention

 -  Australie : Le gouvernement envisage de maintenir en quarantaine pendant six jours dans ses aéroports des passagers susceptibles d'être porteurs de la grippe aviaire, indique samedi le quotidien Sydney Morning Herald.

- Manille : La Banque asiatique de développement (ADB) doit verser 58 millions de dollars dans deux projets portant sur la lutte contre la grippe aviaire en Asie et dans le Pacifique, a déclaré la banque dans un communiqué publié à son siège de Manille.

- Union européenne : La Commission européenne a annoncé vendredi soir qu'elle se préparait à interdire les importations de volailles vivantes et de produits de la volaille de Croatie à la suite de la découverte du virus de la grippe aviaire sur des échantillons prélevés sur six cygnes retrouvés morts près d'un lac à Zdenci (est). Cette décision sera adoptée lundi par procédure d'urgence.

Lors de contacts vendredi soir avec la Commission, les autorités croates ont "donné des assurances qu'aucune volaille vivante et qu'aucun produit issus des volailles ne seraient exportés de Croatie vers l'Union européenne", ajoute la Commission, selon qui Zagreb a également déjà informé les autorités vétérinaires des pays voisins.

Les ministres de la santé de l'UE ont discuté lors d'une réunion jeudi en Grande-Bretagne de la possibilité de constituer des stocks "stratégiques" d'antiviraux pour faire face à une éventuelle pandémie de grippe aviaire si le virus mutait pour se transmettre entre humains. Une décision pourrait être soumise à l'approbation du conseil des ministres européens de la Santé les 8 et 9 décembre.

- Russie : Un vaccin contre la grippe aviaire élaboré par des chercheurs russes est "prêt" à être testé sur des volontaires, a affirmé vendredi une responsable du centre de recherches sur la grippe de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), Elena Dorochenko. "Le vaccin est prêt, mais il doit encore être testé sur des volontaires, y compris des employés de notre centre", a-t-elle assuré.

- Espagne : Les Espagnols, victimes de la psychose de la grippe aviaire, se ruent dans les pharmacies pour acheter le vaccin contre la grippe classique, pourtant inopérant contre une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Les stocks de vaccins "sont en train de s'épuiser" dans les pharmacies, a indiqué la Direction générale de la santé publique espagnole.

- Chine : Le coordinateur des Nations unies pour la grippe aviaire, David Nabarro, a rencontré vendredi à Pékin le ministre de la santé chinois, qui a promis transparence et coopération pour lutter contre l'épidémie. Les autorités chinoises avaient qualifié jeudi de "grave" la situation dans le pays en raison de la résurgence de la grippe aviaire.

- Grande-Bretagne : La Grande-Bretagne connait actuellement un manque chronique de vaccins contre la grippe en raison d'une très forte demande de personnes, qui, par peur de la grippe aviaire, veulent se faire vacciner, et croient se prémunir ainsi contre celle-ci, rapporte samedi le quotidien britannique le Times.

- Vietnam : Les personnes atteintes de la grippe aviaire au Vietnam seront soignées gratuitement, selon les autorités sanitaires. Le pays dispose actuellement de quelque 600 000 doses de l'antiviral Tamiflu et prévoit d'en acquérir 400 000 supplémentaires.

- Etats-Unis : Le Sénat américain a enjoint aux autorités de l'aviation de se préparer à des situations "où un passager aurait les symptômes de la grippe aviaire", en prévoyant la mise en place de mesures concrètes dans les aéroports. Ces procédures, qui font l'objet d'un amendement au budget des transports adopté mercredi, seraient en vigueur dans les aéroports américains reliés à des pays ayant eu des cas de grippe aviaire, ou desservis par des compagnies assurant des vols avec ces pays.

- France : L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a recommandé le renforcement des dispositifs de surveillance de la faune sauvage, mais n'a évoqué aucune mesure de confinement des volailles et aucune recommandation supplémentaire de protection des élevages, dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.

3 - Définitions et résumé des connaissances

 -  Le virus : La grippe aviaire est provoquée par des virus grippaux A (H5, H7, H9). Le virus de l'épizootie actuelle, H5N1, est un sous-type viral. La grippe aviaire, encore appelée grippe du poulet, peste des oiseaux ou influenza aviaire, identifiée pour la première fois en 1878, peut prendre chez les oiseaux des formes bénignes ou hautement pathogènes.

Identifié sous une forme hautement pathogène en 1959, en Ecosse, le virus H5N1 s'est avéré mortel pour l'Homme pour la première fois en mai 1997 à Hong Kong, entraînant le décès d'un garçonnet élevé dans un centre avicole.Réapparu en 2003 en Asie, il n'a jusqu'alors contaminé qu'exceptionnellement l'Homme.

Si, au fil de mutations génétiques successives ou d'un échange de gènes avec un banal virus de la grippe, il devenait facilement transmissible d'homme à homme, tout en restant très virulent, le virus H5N1 ainsi "humanisé" pourrait être à l'origine d'une pandémie.

Une pandémie du type de celles survenues en 1918-19 (espagnole - 20 à 40 millions de morts), 1957 (asiatique - 4 millions) ou 1968 (Hong Kong - 2 millions), serait alors à redouter.

- La contamination : Le risque n'a jusqu'à présent été prouvé que lors de contacts fréquents avec les oiseaux infectés. La transmission se fait par voie respiratoire (inhalation de poussières de fientes ou de secrétions respiratoires), par les yeux (contact des poussières).La consommation de viande de volaille cuite est en revanche sans risques : le virus meurt à 70 degrés centigrade.

- La protection et l'immunisation : Des vaccins adaptés sont à l'étude dans plusieurs laboratoires. Mais il faudra plusieurs mois pour les produire une fois identifiée l'éventuelle souche pandémique du virus.

Parmi les antiviraux (médicaments palliatifs), le Tamiflu (laboratoire Roche, molécule active : oseltamivir) est jugé susceptible de réduire la gravité des symptômes, la durée de la maladie et la mortalité s'il est administré dans les 48 heures après l'apparition des premiers symptômes. Mais son efficacité n'est pas prouvée sur un virus pandémique (suffisamment humanisé pour entraîner une pandémie) puisque celui-ci n'existe pas encore. Le Relenza de GlaxoSmithKline serait aussi efficace, mais son administration sous forme de spray s'avère plus difficile que celle du Tamiflu.

Les gouvernements européens, encouragés par la Commission européenne et l'Organisation mondiale de la Santé, ont stocké ou se préparent à stocker de grandes quantités de ces médicaments.

4 - Repères chronologiques

 -  mai 1997 : un garçonnet de trois ans habitant dans un centre avicole de Hong-Kong meurt d'une mystérieuse grippe, bientôt suivi par cinq autres personnes. C'est la première fois que le virus H5N1 tue des hommes.

- 2004-2005 : plusieurs pays asiatiques sont touchés par le virus qui, sur ce continent, provoque une soixantaine de décès chez l'homme.

- fin juillet - début août 2005 : découverte de foyers de grippe aviaire en Sibérie, au Kazakhstan et en Mongolie. Fin août, les autorités russes annoncent que le virus a franchi l'Oural et touché la république de Kalmoukie (sud, au bord de la mer Caspienne).

- 7 octobre 2005 : découverte de cas de grippe aviaire parmi des canards dans le delta du Danube en Roumanie. Confirmation le 15 que le virus est bien le H5N1.

- 8 octobre : la Turquie annonce sa contamination après la mort de milliers de dindes dans le nord-ouest du pays. Les tests confirment le 13 la présence du H5N1. Depuis cette date, le virus se propage au sein de la communauté des oiseaux un peu partout en Europe.

Avec AFP
LEMONDE.FR | 22.10.05 | 09h19


Le Monde / Europe
Grippe aviaire : des cas suspects découverts en Grande-Bretagne et en Croatie

 L a Grande-Bretagne attendait samedi 22 octobre le résultat de tests sur un perroquet importé d'Amérique du Sud, atteint de la grippe aviaire et mort en quarantaine.

"Il s'agit du virus H5, mais nous ne pouvons pas dire s'il s'agit du H5N1 ou d'une autre souche", a déclaré une porte-parole du ministère de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales (Defra). Les tests sont effectués sur le perroquet lui-même et sur les autres oiseaux gardés en quarantaine avec lui. Le résultat des tests pourrait être connu samedi soir ou dimanche. Tous les animaux gardés en quarantaine avec ce perroquet malade ont été abattus et les lieux ont été désinfectés.

Le perroquet était arrivé à la mi-septembre du Surinam (Amérique du Sud) et avait été immédiatement placé en quarantaine, dans le cadre de la procédure normale visant les animaux importés au Royaume-Uni de pays hors Union européenne.

Aucun foyer de grippe aviaire du type H5N1 n'a été détecté jusqu'à ce jour dans le sous-continent américain, seul un cas peu virulent ayant été repéré et annoncé le 10 octobre en Colombie.

"Nous sommes en contact avec les autorités du Surinam pour les informer de ce cas et nous nous sommes en train d'enquêter pour savoir comment l'oiseau a pu attraper la maladie", a expliqué la porte-parole du ministère.

L'une des hypothèses est que le perroquet ait contracté la grippe aviaire pendant son séjour en quarantaine, sur le sol britannique. L'oiseau faisait en effet partie d'un groupe de perroquets et autres oiseaux arrivés le 16 septembre et placés à proximité d'autres oiseaux en provenance de Taïwan.

"Nous ne voulons pas faire de spéculation à ce stade. Des oiseaux de Taïwan étaient gardés dans les mêmes lieux en quarantaine. Mais à ce stade nous ne pouvons dire de façon sûre d'où la maladie vient", a ajouté la porte-parole du ministère.

En 1994, les autorités de Taïwan avaient dû abattre 467 000 oiseaux, surtout des poulets, victimes du virus H5N2 de la grippe aviaire, un virus moins virulent que le H5N1.

Jusqu'à vendredi soir, le seul pays européen officiellement touché par le virus H5N1 dans sa version asiatique restait la Roumanie. Ce virus a également été identifié en Turquie, mais dans la partie asiatique du pays.

De même le virus H5N1 a gagné la partie européenne de la Russie, dans la région de Toula, à 300 km au sud de Moscou. Des cas suspects ont également été repérés en Grèce, mais les tests n'ont pas encore permis de confirmer s'il s'agit bien ou non du H5N1.

MESURES RADICALES EN CROATIE

Le virus H5 de la grippe aviaire a également été identifié vendredi en Croatie, sur des cygnes. "A partir d'échantillons d'organes de six cygnes (sur douze retrouvés morts) qui ont été envoyés le 19 octobre à Zagreb, on a isolé le virus, un sous-type H5", a déclaré le ministre croate de l'Agriculture, Neven Ljubicic, au cours d'une conférence de presse.

"Toutes les volailles sur un rayon de trois kilomètres autour du lac où les cygnes porteurs du virus ont été trouvés vont être euthanasiées", a déclaré à la télévision nationale le porte-parole du ministère de l'agriculture croate, Mladen Pavic. "Cette région a été isolée", a-t-il ajouté. M. Pavic s'exprimait depuis la ville de Orahovica (est) proche de Zdenci, où un "comité gouvernemental de crise" s'était réuni pour évaluer la situation avec les autorités locales.

"La source d'infection a été placée sous contrôle (...) et les gens ne sont absolument en danger", a affirmé M. Pavic. Il a précisé que, d'une manière générale, les volailles étaient élevées dans le pays sous un sévère contrôle vétérinaire.

Le ministère de l'agriculture a également ordonné l'interdiction de la chasse aux oiseaux sauvages et demandé à la population de maintenir les volailles enfermées. Aussi, les services vétérinaires ont reçu l'ordre de décompter et enregistrer toutes les volailles sur un rayon de 20 kilomètres autour de la région où les cygnes morts ont été identifiés. Une vérification minutieuse et la désinfection de véhicules transportant notamment des animaux vivants, ont également été ordonnées.

Le ministre a affirmé qu'il ne pouvait pas confirmer si le virus était bien le dangereux H5N1 qui a tué plus de soixante personnes en Asie et qui a également été récemment dépisté en Roumanie et en Turquie. Il a ajouté que les échantillons allaient également être envoyés pour contre-expertise à un laboratoire de l'Union européenne, à Weybridge, en Grande-Bretagne.

Il revient à ce laboratoire de préciser la nature du virus, a-t-il poursuivi. Un médecin croate, Vladimir Savic, a estimé que les résultats des tests réalisés à Weybridge pourraient être connus lundi.

Un expert croate des oiseaux migrateurs, Dragan Radovic, a estimé que les cygnes retrouvés morts en Croatie n'étaient pas venus de Roumanie, ni de Turquie, mais qu'ils pourraient venir "de n'importe quel endroit d'Europe, de la Grande-Bretagne en passant par l'Ukraine et jusqu'à la Russie occidentale".

L'agence nationale Hina avait annoncé en début de soirée la découverte de douze cygnes morts sur un vivier de poissons à Zdenci.

Avec AFP
LEMONDE.FR | 22.10.05 | 19h13


– Les longues –
                 
                 

    En extra: Les éditos du Monde    

[*] «Longues propagandistes» parce qu'il existe aussi, dans cette rubrique, des «brèves propagandistes» reprenant surtout des dépêches de l'AFP. Ici, on trouvera pour l'essentiel des articles parus dans Le Monde, qui par le fait, sont beaucoup plus longs…