Longues propagandistes, série 8

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– Les longues –
                 
                 

    En extra: Les éditos du Monde    


Le Monde / Opinions
Point de vue
Pourquoi j'ai démissionné du Grand Orient, par Alain Bauer

 C ette année, le Grand Orient de France fête un anniversaire. Il commémore un morceau de son histoire qui l'a marqué profondément. Non pas la centenaire loi de séparation des Eglises et de l'Etat, son grand oeuvre laïque, mais le dixième automne de son funeste convent de 1995.

Cette année-là, pour la première fois dans son histoire hors périodes de conflits ou de persécutions, l'assemblée générale n'arrivait pas à se mettre d'accord et renvoyait tout le conseil de l'ordre se ressourcer à la base. Il aura fallu le lent travail de reconstruction mené par Jacques Lafouge, Philippe Guglielmi et pour une part moi-même, pour redonner sa stabilité à la plus ancienne et la plus importante obédience maçonnique française.

Pendant que ces combats de clans et d'appareils dévastent le paysage maçonnique national, les loges continuent imperturbablement d'accueillir avec chaleur, de travailler avec efficacité, de dialoguer avec la société. Mais, depuis la fin 2003, le circuit de communication, le haut-parleur de la franc-maçonnerie semble brouillé. Après les célébrations communes à toute la franc-maçonnerie française, cet appel d'air formidable qui avait rendu le travail des loges visible, une fois amorcé le travail de mise en place d'une législation favorisant la liberté de la recherche dans le domaine bioéthique ou le droit de mourir dans la dignité, le système qui asphyxie les ateliers a repris le dessus.

Au-delà des querelles d'hommes, des tailles et de couleurs de cordons, du délire qui parfois atteint quelques rescapés d'expériences politiques ou sociales malheureuses, des milliers d'hommes et de femmes, de frères et de soeurs engagés, honnêtes et sincères, sont souvent pris en otage par la recherche d'un illusoire pouvoir. Celui-ci oublie que la franc-maçonnerie accueille croyants et non-croyants, qu'elle doit permettre une recherche personnelle, spirituelle et symbolique et un engagement social et citoyen dans un cocktail aux proportions adaptées à chacun, qu'elle n'est pas enfermée dans un cube coincé au fond de catacombes.

La franc-maçonnerie a été de tous les combats pour les libertés individuelles et politiques. Liberté de la presse, d'opinion, de réunion, d'association, suffrage universel, abolition de l'esclavage, droits des femmes à choisir, laïcité. Le Grand Orient a été l'Eglise et le parti de la République et a construit la boîte à outil de la citoyenneté. Franc-maçonnerie rime avec démocratie. Mais la crise de la franc-maçonnerie anglo-saxonne, qui disparaît rapidement en termes d'effectifs, semble se conjuguer, dans les rares pays dynamiques (France, Belgique, Islande) avec une crise du contenu qui ne peut être ignorée si l'on ne veut assister au même phénomène d'obsolescence dans les années à venir.

La France est riche de la pluralité de ses parcours, de la diversité de ses obédiences, de la richesse de son patrimoine, de la force de sa maçonnerie féminine et mixte. Mais la bonne santé en termes d'effectifs, dont l'accélération a été sensible au tournant du millénaire, ne peut masquer le désordre dans l'expression collective, le manque de présence dans les grands débats de société.

Certes, à titre individuel, de nombreux francs-maçons agissent pour faire progresser la société. Mais il est de moins en moins possible d'intervenir ensemble. Comment peut-on être aussi heureux dans sa loge et aussi malheureux dans son obédience ? Durant vingt-cinq ans, j'ai essayé, avec l'aide de nombreux frères et soeurs, de faire évoluer le Grand Orient et la franc-maçonnerie. Quelques succès isolés ne peuvent suffire à ignorer l'inertie, la paralysie, les réticences au changement, à l'acceptation de la réalité.

J'en ai tiré toutes les conséquences lors du convent tenu depuis jeudi à Paris, en démissionnant du Grand Orient de France. Je souhaite que cette décision soit un signal pour que les loges affirment désormais leur droit de propriété sur leurs obédiences, en les libérant enfin des querelles de personnes, des clans et des structures dépassées qui les emprisonnent.

Alors que l'acacia, symbole du renouveau dans la mythologie maçonnique, semble bien fané, il n'est qu'une seule possibilité pour le faire refleurir : donner aux loges la possibilité d'engager la rénovation nécessaire. On peut parfois mélanger les couleurs du crépuscule avec les splendeurs de l'aurore. Il est largement temps de faire revenir le matin et de sonner midi, le temps du travail.


Alain Bauer est ancien grand maître du Grand Orient de France.

par Alain Bauer
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / Carnet
Nécrologie
William Rehnquist, un président de la Cour suprême des Etats-Unis très conservateur

 L e président de la Cour suprême des Etats-Unis, William Rehnquist, est mort dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 septembre, à Arlington (Virginie), à l'âge de 80 ans, d'un cancer de la thyroïde.

Il doit son ascension à deux présidents conservateurs qu'il ne décevra pas : Richard Nixon l'a nommé à la Cour en 1972 et Ronald Reagan l'a choisi pour être le seizième président de la Cour suprême en 1986. En trente-trois ans de carrière dans l'une des principales institutions américaines, il s'est imposé comme l'artisan d'une contre-révolution conservatrice dans le domaine judiciaire, restreignant les droits des suspects et des prisonniers, renforçant la peine de mort, limitant le pouvoir fédéral et celui du Congrès au bénéfice des Etats. Il n'a pu toutefois renverser la jurisprudence autorisant l'avortement.

L'ampleur du pouvoir politique de la Cour suprême est apparue au grand jour en décembre 2000, quand elle a décidé, par cinq voix contre quatre, d'arrêter le décompte des voix en Floride pour départager le démocrate Al Gore et le républicain George W. Bush, qui est ainsi devenu président des Etats-Unis, dans l'un des scrutins les plus serrés de l'histoire. Loin des feux médiatiques, William Rehnquist a usé de toute son influence et de toute sa persuasion lors de cet épisode très controversé.

Contesté pour ses choix politiques, il était respecté pour ses qualités de juriste et pour son autorité à la tête de la Cour. Il est considéré comme l'un des présidents de la Cour suprême les plus influents du XXe siècle, avec Earl Warren (1953-1969), connu du grand public pour avoir présidé la commission sur l'assassinat de John F. Kennedy.

Earl Warren était d'ailleurs l'une des cibles préférées, dans les années 1950, du jeune avocat républicain William Rehnquist. En 1957, il avait attaqué la "philosophie gauchiste" de la Cour suprême. Une grande partie de son travail a consisté, comme le souhaitait Richard Nixon, à se débarrasser de l'héritage de Warren et d'une Cour jugée trop proche des démocrates. Il accomplira sa tâche avec patience. Après avoir été l'unique ultraconservateur de la Cour, il a eu la satisfaction de voir les membres républicains devenir majoritaires.

William Rehnquist est né le 1er octobre 1924, à Milwaukee, dans le Wisconsin, dans une famille d'origine suédoise et conservatrice. Pendant la seconde guerre mondiale, il a été affecté au service météorologique de l'armée de l'air en Afrique du Nord. Après guerre, il fait des études de politique et de droit à Harvard – qu'il trouve trop à gauche – et à Stanford. Il est major de sa promotion, qui compte également Sandra Day O'Connor, qui le retrouvera à la Cour suprême, et qui a annoncé sa démission en juillet.

ÉCARTELER LES ROSENBERG

Il commence sa carrière comme assistant du juge Robert Jackson à la Cour suprême. Dans une note, il affiche son soutien aux lois de ségrégation raciale à l'école, en précisant qu'il se rend compte que "c'est une position impopulaire et antihumanitaire, pour laquelle - il sera - fustigé par - ses - collègues gauchistes". Il se prononce aussi contre la suppression de la discrimination raciale dans les endroits publics. Mais, lors de ses auditions pour sa nomination à la Cour suprême, il niera être hostile aux droits civiques. A propos des époux Rosenberg, exécutés pour espionnage au profit des Soviétiques, il suggère que "l'écartèlement" vaudrait mieux que la chaise électrique.

En 1964, il travaille avec le candidat républicain ultraconservateur Barry Goldwater, qui est battu par Lyndon Johnson. En 1969, il intègre les équipes gouvernementales de Nixon comme conseiller du ministre de la justice, Richard Kleindienst, où il est remarqué pour ses compétences juridiques et ses idées conservatrices. Deux qualités qui vont lui permettre à la surprise générale d'être nommé à la Cour suprême. Il est apparu comme une solution de secours. En 1971, comme en 2005, deux places étaient vacantes à la Cour suprême. Nixon avait jusque-là peu prêté attention à ce juriste dont il connaissait à peine le nom, l'appelant "Renchburg" devant ses collaborateurs, en le traitant de "clown", car il portait une chemise rose.

En 1995, il décide d'ajouter quatre galons dorés à sa robe pour se distinguer de ses pairs. Ce qui aurait pu passer pour de la présomption est finalement accepté quand il avoue qu'il a pris l'idée du costume dans une des opérettes préférées de Gilbert et Sullivan. Ce solide joueur de poker aimait prendre des paris avec ses collègues et plaisantait souvent. Auteur de trois ouvrages sur le droit et l'histoire américaine, il a également écrit un roman policier, jamais publié, sur le ministère de la justice.

C'est aussi lui qui a présidé, en 1999, à la procédure d'impeachment à l'encontre du président Clinton, dans le cadre de l'affaire Monica Lewinsky. S'il n'avait pas de grandes affinités avec le président démocrate, il n'a pas participé à l'hallali mené par certains parlementaires républicains. Dans un livre précédent, il avait exprimé ses réserves à l'égard de cette procédure d'impeachment. Bill Clinton a été acquitté.

Alain Salles
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / International
La mort du juge Rehnquist relance la bataille de la Cour suprême
NEW YORK de notre correspondante

 C e devait être l'événement de la rentrée politique à Washington : le début du processus de confirmation du juge John Roberts, nommé en juillet à la Cour suprême pour remplacer Sandra Day O'Connor, démissionnaire. Les auditions devaient commencer mardi 6 septembre au Sénat. Depuis six semaines, la presse et les partis avaient passé en revue les moindres écrits du juge. On avait examiné des milliers de pages des archives de l'ancien président Ronald Reagan, à la recherche d'indices pour savoir ce que pensait le jeune John Roberts – qui travaillait alors au ministère de la justice, – de l'avortement, de la protection des salariés, de la "clause de commerce" inscrite dans la Constitution...

Mais deux événements sont venus bousculer le calendrier : le cyclone Katrina, avec une possible remise en cause de l'ordre du jour législatif (le président pourrait même renoncer à présenter son projet de suppression de l'impôt sur les successions) ; et la mort, alors qu'on ne s'y attendait plus, du président de la Cour, William Rehnquist, 80 ans, dont trente-trois passés à la Cour.

Le juge était atteint d'un cancer à la thyroïde. Des rumeurs, diffusées plutôt dans les milieux conservateurs, l'avaient donné démissionnaire en juin. Il avait dû publier un communiqué de démenti pour se débarrasser des photographes qui traquaient ses départs quotidiens pour la Cour, fidèle à la tâche malgré cancer et trachéotomie.

Au début de l'été, le départ anticipé de M. Rehnquist aurait fait les affaires du président américain. M. Bush était à la recherche d'un successeur pour Mme O'Connor. Il hésitait entre un juriste modéré, à l'image de la première femme ayant jamais siégé à la Cour, ou un conservateur plus radical à l'image d'Antonin Scalia, qui est à la Cour suprême ce que les néoconservateurs sont au département d'Etat. Avoir deux juges à désigner en même temps lui aurait permis de satisfaire la droite chrétienne dure, qui compte sur la nouvelle Cour suprême pour remettre en cause le droit à l'avortement, et les centristes qui ne souhaitent pas voir se rallumer la guerre culturelle.

Intervenant en plein questionnement sur le fonctionnement du gouvernement et sur le fédéralisme, la mort du "Chief Justice" a plongé la classe politico-médiatique dans la réflexion. Les auditions de confirmation du juge Roberts devraient être reportées, sur la suggestion des démocrates. Ils veulent pouvoir rendre hommage au juge Rehnquist, prendre la mesure du changement de "climat politique" introduit par le cyclone Katrina et réfléchir à leur stratégie. Jusqu'ici, ils n'avaient pas annoncé une opposition de principe à la confirmation de M. Roberts, bien qu'une partie de leur "base" y soit hostile, notamment chez les femmes.

Le président, qui a déjà de nombreux dossiers urgents à traiter, avec la situation dans le Golfe du Mexique, l'Irak et le prix du pétrole, doit maintenant choisir un successeur à M. Rehnquist, une décision lourde de conséquences puisque les magistrats sont nommés à vie. Après avoir rendu hommage à l'"homme de caractère et d'engagement" qu'était M. Rehnquist, il a indiqué qu'il procéderait rapidement à un choix. Il peut élever le juge Roberts au rang de président de la Cour, ce serait son option privilégiée, selon le New York Times ; choisir un juge faisant déjà partie de la Cour – les conservateurs rêvent d'Antonin Scalia – ou choisir une nouvelle personnalité. Il peut aussi rappeler Mme O'Connor, cette fois pour présider la Cour.

Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / International
ANTOINE GARAPON, secrétaire général de l'Institut des hautes études sur la justice (IHEJ)
"La Cour pousse à aborder les questions en termes moraux et non pas politiques"

 V ous avez publié, en 2003, aux éditions Odile Jacob, avec Ioannis Papadopoulos, Juger en Amérique et en France. Comment peut-on définir la Cour suprême des Etats-Unis ?

La Cour suprême est une institution difficile à comprendre car elle n'a pas d'équivalent à l'étranger. C'est à la fois le Conseil constitutionnel, le Conseil d'Etat et la Cour de cassation. Et ses attributions vont même bien au-delà. Un juriste américain a dit un jour, sous forme de boutade : "Aux Etats-Unis il n'y a qu'une seule loi, c'est la Constitution. Tout le reste n'est que règlements." C'est dire son importance. Les juges remplissent collectivement un rôle éminemment politique, mais sur un mode juridique.

Pour en rester aux deux exemples les plus célèbres que sont l'avortement ou la peine de mort, alors qu'en France, ces questions ont été tranchées par le législateur (respectivement par la loi Veil de 1975 et la loi Badinter de 1981), aux Etats-Unis, elles relèvent de la Cour suprême et doivent être formulées en termes juridiques. Ce n'est pas nécessairement une bonne chose, tant cela pousse à aborder des questions aussi graves en termes moraux et non pas politiques. En France ces débats sont clos, pas aux Etats-Unis !

C'est justement l'un des reproches que font les conservateurs à la Cour : vouloir "légiférer depuis les bancs de la magistrature". Pourquoi ce fonctionnement ?

Par pleutrerie du pouvoir politique. Jamais un président n'a osé se lancer dans une bataille politique sur ces sujets. Aujourd'hui la droite reproche aux juges d'être "activistes" : le président Roosevelt leur adressait le même reproche à propos du New Deal ; c'est dans la nature du système. Cela occasionne des confrontations violentes entre le Congrès et la Cour suprême, entre le législateur et la justice. Et c'est toujours la Cour qui revient en arrière.

Prenez le New Deal et la confrontation avec Roosevelt. La Cour a battu en retraite en conférant une présomption de constitutionnalité à tous les actes du Congrès. La Cour suprême concentre aussi sur les épaules de ses neuf membres plusieurs tensions très fortes. La tension Nord-Sud, par exemple, comme on l'a vu avec l'arrêt "Dred Scott" de 1857 -la Cour a refusé le recours d'un esclave affranchi au motif qu'il n'était pas citoyen des Etats-Unis parce que noir et esclave- . L'esclavage est une question politique qui a été laissée aux Etats. Aujourd'hui, les conservateurs chrétiens voudraient qu'il en soit de même pour l'avortement : que la question soit renvoyée aux Etats.

Dans votre livre, vous évoquez aussi une fonction symbolique...

Cette dernière est très forte : la Cour a en charge d'écrire le grand récit de la nation américaine en offrant aux citoyens – y compris aux plus modestes – de contribuer à ce grand récit par leur pugnacité judiciaire. Non seulement les étudiants en droit mais beaucoup de citoyens connaissent les décisions les plus célèbres ("Brown versus Board of Education of Topeka", de 1954, qui mit fin à la doctrine "séparés mais égaux" par exemple). Une telle identité constitutionnelle est difficile à saisir pour un esprit français qui privilégie le rapport politique dans un pays qui a usé une quinzaine de Constitutions en deux siècles. En France, cette fonction symbolique est dévolue à l'idée de République. Et c'est le Parlement qui en a la charge : on l'a vu encore récemment à propos de la laïcité dans la loi sur le voile. Aux Etats-Unis, c'est la Cour suprême qui aurait statué.

D'où l'importance de la personnalité des juges...

Lisez le dernier arrêt "Roper versus Simmons", du 1er mars, interdisant l'application de la peine de mort aux mineurs, pour voir de quelle manière le juge conservateur Scalia parle, dans son opinion dissidente, de l'Amérique...

Les juges écrivent eux-mêmes, d'ailleurs on reconnaît chacun à son style. En France, la personnalité des juges n'a aucune importance. C'est pourquoi, aux yeux de leurs collègues américains, ce ne sont pas vraiment des juges mais des experts juridiques qui appliquent techniquement la loi mais ne tranchent pas en conscience et en raison après avoir entendu tous les arguments soulevés par les citoyens.

Quelle importance faut-il attribuer à la nomination du juge Roberts ?

C'est la première décision modérée que prend -George- Bush depuis cinq ans. Il signe l'armistice. John Roberts n'est pas un "originaliste", c'est-à-dire qu'il ne partage pas la vision "exégétique" du travail du juge qui soutient que la Constitution contient déjà toutes les réponses aux questions qui lui sont posées.

Cette conception s'oppose à une interprétation prenant en compte l'évolution de la société, voire l'opinion internationale. Les juges de "common law" (le droit anglo-saxon) aiment à dire qu'ils n'inventent pas le droit mais qu'ils le découvrent dans la société (on est loin du volontarisme législatif à la française).

Dans le cas du juge Roberts, on est plutôt dans ce qu'on pourrait appeler une "configuration Ratzinger". Il a défendu un certain nombre de positions lorsqu'il appartenait à l'administration, mais on ne sait pas encore comment il tranchera quand il sera Benoît XVI, c'est-à-dire s'il est confirmé. Les juristes anglo-saxons parlent d'une théorie de la "transfiguration" qui se vérifie souvent pour des juges nommés à vie.

Propos recueillis par Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / Europe
Carla Del Ponte accuse les pays de l'ex-Yougoslavie de préparer les esprits au prochain conflit
LA HAYE correspondance

 P ressée par un calendrier serré, la procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), Carla Del Ponte, a de nouveau appelé l'Union européenne (UE) à maintenir la pression sur la Croatie et la Serbie-Monténégro tant que les trois fugitifs, les chefs politique et militaire serbes de Bosnie-Herzégovine Radovan Karadzic et Ratko Mladic et le général croate Ante Gotovina ne seront pas dans le box de La Haye.

L'ouverture des négociations d'adhésion de la Croatie à l'UE avaient été reportées le 16 mars 2005, suite à un avis négatif de la procureure du TPIY, qui devrait remettre un nouveau rapport mi-septembre. Par ailleurs, l'UE devra décider, le 5 octobre 2005, si elle commence ou non les discussions sur le processus de stabilisation et d'association avec la Serbie-Monténégro.

Les 1er et 2 septembre 2005, les ministres des affaires étrangères de l'UE ont rappelé l'obligation de coopérer avec la juridiction internationale. Mais huit chefs de gouvernement (Autriche, Italie, Grèce, Lituanie, Luxembourg, Malte, Slovaquie) ont adressé un courrier à la présidence britannique de l'UE, demandant l'ouverture immédiate des négociations avec la Croatie, estimant que cette ouverture contribuerait à la stabilité régionale.

LE DILEMME DE L'UE

C'est la thèse défendue par Zagreb. Fin août, la ministre des affaires étrangères de Croatie, Kolinda Grabar-Kitanovic, a affirmé devant le Parlement européen que l'ouverture des négociations encouragerait les pays de la région à accélérer les réformes. Elle apromis que le "plan d'action" initié par Zagreb en mars et destiné à localiser et transférer le général Ante Gotovina au tribunal de La Haye ne serait pas pour autant remis en cause.

Alors que la Croatie tente de court-circuiter la Suissesse, Carla Del Ponte estime "difficile d'imaginer que la Croatie, la Serbie-Monténégro (...) et la Bosnie-Herzégovine rejoignent l'Union européenne" en sachant que chaque nation prépare "idéologiquement le prochain conflit" . Dans un discours prononcé le 1er septembre, elle reconnaissait cependant le dilemme auquel est confrontée l'Union européenne : "Intégrer les Balkans de l'Ouest, avant même qu'un processus de réconciliation véritable soit établi et prendre le risque d'importer les conflits, ou attendre qu'une paix solide soit établie, mais cela pourrait prendre des décennies, et personne ne peut prédire ce qu'il arriverait dans le même temps."

"FORCER LES RÉFORMES"

Le report de l'ouverture des négociations en mars 2005 avait ancré l'opinion publique croate dans le camp des "eurosceptiques". Mais, pour Mme Del Ponte, l'intégration à l'UE ne se fera pas sans risques si les parties aux conflits de l'ex-Yougoslavie continuent de défendre une version officielle de l'histoire et de manipuler la mémoire collective en offrant aux générations futures mythes, légendes et héros. "La tendance naturelle de ceux qui sont au pouvoir – gouvernants, religieux et responsables de l'armée en particulier – est de créer et de construire des mythes" , éléments précurseurs de futurs conflits, accuse-t-elle.

Pour la procureure, l'UE doit maintenir ses positions parce qu'elle a "le pouvoir de forcer les réformes" . Selon elle, l'ouverture de discussions sur le pacte de stabilisation avec la Serbie-Monténégro le 5 octobre 2005 "mettrait gravement en péril la perspective d'une arrestation" de Ratko Mladic et "pourrait en réalité devenir un passeport pour l'impunit é" . Au cours des derniers 18 mois, la coopération du TPIY avec la Croatie et la Serbie-Monténégro s'est, sous la pression de l'UE et des Etats-Unis, considérablement améliorée avec la livraison de nombreux inculpés à La Haye. Un relâchement des pressions ternirait l'espoir de voir un jour s'ouvrir le procès des trois chefs de guerre.

Stéphanie Maupas
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / Opinions
Edito du Monde
Secret-santé

 E n matière de santé du chef de l'Etat, il y a bel et bien une exception française, celle du secret. Aux Etats-Unis, où les médias n'ont aucun scrupule à enquêter sur la vie privée des hommes publics, la transparence totale est la règle sur la santé du président. Aucun détail n'avait été escamoté aux Américains lorsque Ronald Reagan avait subi, à plusieurs reprises, des interventions chirurgicales.

En France, on pratique un culte du secret qui a peu à envier à celui naguère observé par le Kremlin vis-à-vis des dirigeants de l'ex-Union soviétique. Ainsi, vendredi 2 septembre, peu après 20 heures, Jacques Chirac, qui aura 73 ans le 29 novembre, a été conduit à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, "pour un petit accident vasculaire ayant entraîné un léger trouble de la vision".

Venu, très discrètement, pour un simple contrôle, le président de la République doit se résoudre à passer la nuit sur place pour subir des examens complémentaires. Intervenus le lendemain, ceux-ci conduiront les médecins à décider de placer le chef de l'Etat sous surveillance médicale pendant une semaine. A ce stade, vendredi soir, seules quatre personnes – le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, la chef du secrétariat particulier, Marthe Steffann, ainsi que Bernadette et Claude Chirac – sont dans le secret. Ni le premier ministre, ni le ministre de l'intérieur, ni le ministre de la défense, selon les propres dires de l'Elysée, ne sont informés.

Ainsi, dans notre République, où le président, également chef des armées, est doté par la Constitution de pouvoirs très importants, ce dernier peut être victime d'un accident de santé, qu'il soit léger ou grave, et être hospitalisé sans que les différents pouvoirs de l'Etat ne soient mis dans la confidence. Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy devront attendre plus de douze heures pour qu'on daigne les avertir du "petit accident".

Ce culte du secret n'est pas nouveau. Georges Pompidou n'était victime que de "grippes à répétition" avant de décéder subitement, le 2 avril 1974. Son successeur, Valéry Giscard d'Estaing, avait promis la transparence sur sa santé avant d'oublier sa promesse. Pis encore, François Mitterrand décidait de publier des bulletins de santé semestriels mais, dès la fin de 1981, après la découverte de son cancer de la prostate, ceux-ci travestissaient la vérité au point que la santé du président était devenue un mensonge d'Etat.

Ce secret-santé au sommet de l'Etat sème le trouble et nourrit des inquiétudes peut-être disproportionnées. Les communiqués du Val-de-Grâce ne comportent aucun détail médical. On ne sait rien de l'origine, de la portée et des conséquences du "petit accident vasculaire" du chef de l'Etat qui pourrait entrer dans la catégorie de ce que les médecins appellent les "accidents ischémiques transitoires", plus fréquents autour de 70 ans. Mais, pour l'Elysée, l'important est visiblement de banaliser un incident qui vient inopportunément souligner l'âge du capitaine et éloigne la perspective d'un troisième mandat.

Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
L'Elysée reste vague sur l'hospitalisation de Jacques Chirac

 L' Élysée reste vague sur la santé du président. Depuis samedi 3 septembre, le palais confie officiellement à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, où Jacques Chirac est hospitalisé depuis vendredi soir et pour une semaine, le soin de communiquer les informations médicales. Mais sur le fond, médecins et collaborateurs du chef de l'Etat demeurent flous.

Les activités de la semaine sont "reportées"

L'agenda de Jacques Chirac pour la semaine du 5 au 9 septembre, publié par l'AFP vendredi 2 septembre à 19 h 22, prévoyait une rencontre franco-allemande mardi 6, une visite au centre de formation d'apprentis de Veolia Environnement, dans le Val-d'Oise, sur l'emploi des jeunes, mercredi 7. Le chef du gouvernement, Dominique de Villepin, présidera le conseil des ministres de mercredi. Quatre rendez-vous étaient annoncés pour vendredi, parmi lesquels un entretien avec le prince Albert de Monaco et la remise du rapport annuel du CSA. Ces activités " ne sont pas annulées, elles sont reportées" , a précisé l'Elysée, en raison de l'hospitalisation du président pour une semaine. En principe, le voyage de M. Chirac à New York, du 13 au 15 septembre, pour le sommet de l'ONU, est maintenu, sauf avis médical contraire, mais nombre de ses proches le jugent en privé, "déraisonnable."

Toutefois, la médecin-chef Anne Robert, chef du bureau de la communication et de l'information du service de santé des armées, a déclaré, lundi en fin d'après-midi, que le chef de l'Etat souffrait "d'un hématome de petite taille, expliquant le caractère isolé et limité du trouble de la vision" . Constatant "une évolution très favorable" de l'état de santé de Jacques Chirac, Mme Robert a annoncé qu'il "devrait sortir dans quelques jours", sans préciser de date.

L'Elysée s'attache surtout à montrer que le président n'est pas diminué. Ce week-end, il a reçu à trois reprises des collaborateurs et lundi matin, le secrétaire général de l'Elysée Frédéric Salat-Baroux devait lui faire signer l'ordre du jour du conseil des ministres de mercredi qui sera exceptionnellement présidé par le premier ministre Dominique de Villepin.

Le secret du "petit accident vasculaire" dont Jacques Chirac a été victime vendredi 2 septembre, en début de soirée, occasionnant un " léger trouble de la vision", a été bien gardé, jusqu'au samedi, à 13 heures. Qualifié de "petit" et " léger", par les médecins du Val-de-Grâce, ce souci de santé nécessite néanmoins une semaine d'hospitalisation, après une nuit d'observation, de vendredi à samedi.

L'Elysée paraît aussi avoir mis du temps à prévenir le reste de l'appareil d'Etat : premier ministre, gouvernement et président du Sénat qui, en cas d'empêchement du président doit assurer l'intérim n'ont appris la nouvelle que samedi matin.

Vendredi soir, c'est pourtant l'inquiétude qui domine à l'Elysée, parmi le tout petit nombre de personnes informées. Jusqu'à 18 h 30, le président, coprince d'Andorre, a reçu les dirigeants de cette principauté : "il était parfaitement comme d'habitude. Il a fait son discours. Aucun signe ne permettait de prévoir quoi que ce soit", témoigne l'un de ses collaborateurs.

Un hôpital de pointe pour les personnalités

Situé boulevard de Port-Royal, dans le 5e arrondissement de Paris, l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce a la vocation d'accueillir les ministres et le chef de l'Etat (François Mitterrand, Raymond Barre, Jean-Pierre Chevènement, entre autres, y ont été hospitalisés). Avec 350 lits, c'est un hôpital de haute technologie doté de services de médecine nucléaire, de chirurgie viscérale et vasculaire, et de réanimation lourde. Une chambre particulière à "double entrée" pour permettre des allées et venues discrètes est en permanence réservée pour "une haute personnalité."

Remonté dans son bureau pour travailler encore une heure ou deux, M. Chirac, éprouvant une forte migraine et des troubles de vision à un oeil, appelle alors Jack Dorol, le chef du service médical de l'Elysée, présent chaque jour au Palais. Ce médecin, qui suit le président depuis l'été 2001, juge que de tels symptômes méritent un examen plus approfondi au Val-de-Grâce.

Selon l'Elysée, les deux hommes sont partis peu après 20h, avec le chauffeur, dans la voiture du chef de l'Etat, précédant l'habituelle "voiture suiveuse" du Groupe de sécurité de la présidence de la république (GPSR). Mais, dans une évidente volonté de discrétion, aucun motard n'accompagne ce détachement de la gendarmerie. A ce moment, seuls M. Salat-Baroux, Marthe Steffann, la chef du secrétariat particulier, et " naturellement" Bernadette et Claude Chirac, la femme et la fille du président, étaient au courant, a indiqué au Monde, le service de presse de l'Elysée. Les autres collaborateurs apprendront la nouvelle en venant travailler le samedi matin, ou par téléphone.

Personne n'est prévenu, car le président " pense faire un contrôle et revenir", justifie l'Elysée. En apprenant qu'il doit rester pour la nuit en observation, M. Chirac demande à son médecin de prévenir le secrétaire général de l'Elysée, qui doit lui-même avertir le chef d'Etat-major, le général Jean-Louis Georgelin. Le président fait savoir qu'il appellera lui-même le premier ministre, samedi matin, après avoir subi, très tôt, des examens complémentaires. C'est le message que, selon l'Elysée, M. Dorol est chargé de transmettre.

Le secrétariat particulier décommande, vendredi à 21 h 30, un rendez-vous du président, samedi à midi, avec plusieurs éditorialistes de la presse parisienne. Mais pas l'entretien dominical qu'il aime souvent avoir, comme c'est justement le cas ce dimanche, avec son ami Pierre Mazeaud, le président du Conseil constitutionnel. Espère-t-il encore, ce président fier de sa légendaire vitalité, revenir samedi soir ?

Pourquoi, surtout, M. Chirac ne prévient-il pas son premier ministre, alors qu'il est hospitalisé une nuit, ce qui n'est pas un mince événement pour un président de la République ? Cela reste surprenant, étant donné la proximité des deux hommes et le sens de l'Etat qu'ils affichent volontiers. Il l'appelle, selon la version de l'Elysée, à 9 h 30, samedi. Sur RTL, dimanche soir, le premier ministre dira qu'il a reçu l'appel présidentiel "vers 10 heures" samedi.

C'est aussi l'heure à laquelle Nicolas Sarkozy, assurera, dimanche soir sur TF1, avoir été prévenu. Au journal télévisé, le ministre de l'intérieur laisse entendre qu'il l'a été par un coup de fil de M. Salat-Baroux. Ce dernier avait d'ailleurs averti d'autres ministres, samedi dans la matinée. A la Baule, pourtant, à l'université d'été des jeunes de l'UMP, M. Sarkozy paraît apprendre la nouvelle de la bouche du premier ministre, vers 13 heures.

Les autres membres du gouvernement aussi. Mais le sujet est tabou. Lorsque la ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, est interrogée par les journalistes, samedi soir à La Baule, elle coupe sèchement court à la conversation : "Il y a des communiqués cleans et clairs. Si on doit parler de ça, on se sépare. C'est la règle du jeu", dit-elle, pour ne pas être embarrassée.

L'Elysée se défend pourtant d'avoir trop longtemps gardé le secret, jugeant injuste ce débat sur la transparence. "Nous avions toujours dit que nous communiquerions dès que quelque chose de significatif surviendrait. Cet engagement a été tenu", plaide le service de presse du palais. "Il fallait d'abord que des examens complémentaires soient pratiqués, pour voir si la situation était évolutive ou non. Nous voulions que les informations soient les plus précises et les plus rapide possible", expliquent les collaborateurs du président, raison pour laquelle il a été décidé que le Val-de-Grâce communiquerait en premier, l'Elysée se contentant de confirmer l'information.

Ces troubles médicaux tombent au plus mal pour le chef de l'Etat, après les échecs accumulés jusqu'au mois de juillet, tandis que s'exacerbe la guerre de succession. Lui qui voulait se montrer cette année " très, très, très actif ", notamment sur le front de l'emploi, se voit obligé de marquer provisoirement le pas. Cet accident vasculaire remet aussi l'accent sur l'âge du président, 72 ans, que l'Elysée s'est ingénié à faire oublier et écarte l'hypothèse d'un troisième mandat.

Après l'épisode sur la surdité de M. Chirac, en novembre 2004, cet événement relance le débat sur la transparence à propos de la santé du président. L'Elysée a été pris en tenaille entre le désir de se démarquer du précédent Mitterrand, un secret de plusieurs années sur la maladie, et la volonté de sauvegarder, dès que les informations médicales le permettaient, l'image d'un président toujours aux manettes.

Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Dominique Paillé, député UMP des Deux-Sèvres
"Il faut mettre en place un collège de médecins désigné par les partis"

 Q uelle analyse faites-vous de la situation créée par l'absence d'informations précises sur la santé du président de la République ?

Cette situation vient brutalement rappeler que nous sommes en France confrontés à une crise de confiance vis-à-vis de nos institutions et de la classe politique. Les questions relatives à la santé du président de la République reposent le problème de la transparence de nos institutions, problème que nous nous étions engagés à régler au moment du départ puis du décès de François Mitterrand. Il est par conséquent plus que jamais urgent d'agir pour mettre en place un processus permettant de respecter le secret médical tout en obtenant que l'on ne cache rien d'important à nos concitoyens dès lors que le destin de la nation est en jeu.

Comment parvenir à concilier ces deux exigences ?

Des propositions ont, par le passé, déjà été faites. Le dispositif devant être mis en place devra être clair et fonctionner de manière régulière ainsi que dans les situations d'urgence comme celle que nous connaissons aujourd'hui. Le plus sage, selon moi, serait de confier aux partis politiques, censés animer la démocratie et garantir le pluralisme, le soin de désigner des médecins qui constitueraient un collège chargé de cette question. Chaque parti à l'Assemblée nationale et au Sénat désignerait un spécialiste et ce à chaque début de législature.

Quelle serait la fonction de ces médecins ?

Ce collège aurait une double mission. La première serait de se tenir informé régulièrement de l'état de santé du président de la République via les médecins traitants de ce dernier. La seconde serait, en cas de crise, de rédiger et de publier des bulletins médicaux à la fois précis et éclairants à partir desquels l'opinion pourrait se faire une véritable idée de la pathologie dont souffre le chef de l'Etat. Ce système offrirait l'avantage de garantir l'objectivité tout en assurant une rotation des membres de ce collège médical.

J'ajoute que ce système ne nécessiterait pas le recours à la loi, dès lors qu'il y aurait, sur ce thème, un gentlemen's agreement et un engagement sur l'honneur lors de la campagne présidentielle. Si tel n'était pas le cas, il nous faudrait légiférer. Mais il ne faudrait pas non plus donner à tout cela une solennité excessive.

Vous ne retenez donc pas l'adoption d'une procédure d'"impeachment" à l'anglo- saxonne ?

Non, cela ne me semble pas utile. Pour autant, je suis favorable à ce que l'on sorte d'un régime bâtard et que l'on obtienne un régime de séparation stricte des pouvoirs qui supprime le poste de premier ministre et que l'on instaure un poste de vice-président. Et de la même manière qu'aux Etats-Unis, quand le président n'est plus en situation de remplir ses fonctions, le vice-président prend sa place.

Disposez-vous personnellement d'informations plus précises sur l'état de santé du président de la République ?

Nullement. On a d'emblée annoncé une hospitalisation d'une semaine. Mais on peut aussi imaginer qu'il sortira de l'hôpital avant la fin de la semaine.

Si tel était le cas, ce serait une nouvelle forme de démonstration que des données médicales peuvent être instrumentalisées à des fins politiciennes.

Propos recueillis par Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Les communiqués du Val-de-Grâce ne permettent pas de mesurer l'ampleur et les conséquences de l'accident

 S' ils permettent de formuler quelques hypothèses sur l'origine du mal dont a été victime Jacques Chirac, les termes du communiqué officiel, rendu public samedi 3 septembre, ne permettent pas d'en préciser l'origine, l'ampleur et les conséquences. Publié le lendemain, le deuxième bulletin médical n'apporte pas plus de précision.

Des informations rassurantes mais floues

"Le président de la République a été hospitalisé hier soir à l'hôpital du Val-de-Grâce pour un petit accident vasculaire ayant entraîné un léger trouble de la vision qui devrait disparaître en quelques jours" : telle est la teneur du premier communiqué publié samedi 3 septembre au matin par l'hôpital du Val-de-Grâce. Le deuxième communiqué publié dimanche après-midi n'est pas plus précis. Il affirme que "l'état général" et le "bilan" de santé du président Chirac "sont très satisfaisants. La surveillance médicale se poursuivra, comme prévu, pendant encore quelques jours".

Pour sa part, Dominique de Villepin s'est voulu très rassurant, expliquant, dimanche, au "Grand Jury RTL-Le Figaro -LCI" que le chef de l'Etat ne souffrait que d'un "petit trouble de la vision sur un oeil" et qu'il venait de le voir – en fait samedi – "debout, marchant dans sa chambre". "Un pépin de santé, on peut l'avoir à 35 ans, a poursuivi le premier ministre. On peut avoir un double pontage à 50 ans et vous pouvez avoir un léger problème de vision à 72 ans."

"Petit accident vasculaire" et "léger trouble de la vision" sont des éléments qui veulent être a priori rassurants mais qui conduisent immanquablement les spécialistes de neurologie et de médecine cardio-vasculaire sur la piste cérébrale et sur celle de "l'accident ischémique transitoire" (AIT), cette entité pathologique qui se caractérise par l'apparition soudaine de symptômes de durée brève pouvant être aisément rapportés à une atteinte focale du système nerveux central ou à une atteinte oculaire.

"Le diagnostic d'AIT est difficile car il s'agit d'un phénomène fugace (d'une durée inférieure à une heure dans 60 % des cas), qui souvent n'inquiète pas le malade, écrivent les docteurs Emmanuel Touzé et Jean-Louis Mas (hôpital Sainte-Anne, Paris) dans la quatrième et dernière édition du Traité de médecine des professeurs Godeau, Herson et Piette (Editions Flammarion).

"Les AIT constituent le signe avant-coureur le plus évident d'un infarctus cérébral : le risque d'infarctus, qui dépend de la cause de l'AIT et des facteurs de risques associés, est globalement estimé à environ 12 % la première année et à environ 6 % par an les années suivantes."

Pour ces spécialistes, le premier symptôme évocateur d'AIT est la "cécité monoculaire transitoire" , ce qui semble avoir été ici le cas. On peut, dans cette situation, situer l'origine de l'accident au niveau des artères carotides. Cet accident est le plus souvent décrit, par celui qui en est victime, comme l'amputation brusque, totale (ou parfois partielle) du champ visuel d'un oeil. Les malades parlent alors "d'une ombre" ou "d'un rideau" obstruant de haut en bas le champ visuel d'un seul oeil. Le diagnostic de cécité monoculaire ne peut toutefois être porté que si le patient a, au moment de l'accident, pensé à fermer successivement un oeil puis l'autre. On peut aussi, à ce stade, observer aphasie et troubles de la motricité et de la sensibilité.

"Le diagnostic d'AIT d'origine carotidienne pourrait être le bon mais la vérité est que, sur la base du premier bulletin médical, nous ne savons rien de l'origine et de la portée de l'accident dont a été victime le président de la République, observe le professeur Pierre Lasjaunias, spécialiste de neuroradiologie (hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre). En toute hypothèse, cette situation n'a rien d'exceptionnel ou de surprenant puisque l'épidémiologie nous apprend que la fréquence de tous les accidents vasculaires cérébraux augmente avec l'âge et singulièrement autour de 70 ans."

" Pour autant, poursuit-il, l'apparition, à cet âge, d'un signe oculaire impose de faire un bilan approfondi du système vasculaire, puisque l'on sait que ce signe peut être la conséquence d'un trouble du rythme cardiaque, d'une lésion athéromateuse carotidienne ou d'un phénomène spastique de nature migraineuse. Tout cela est d'une grande banalité dès lors que la personne est médicalement surveillée."

L'annonce d'une hospitalisation a priori programmée pour une durée d'une semaine laisse supposer qu'un traitement anticoagulant (ou vasodilatateur a été mis en place ; traitement qui impose une surveillance étroite et pourrait réduire ses activités et ses déplacements. La compétence et le savoir-faire reconnus des équipes médicales militaires de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce (où François Mitterrand avait été brièvement admis en 1981 pour un premier bilan de son cancer de la prostate) font que les examens diagnostiques (doppler carotidien et IRM) ont pu être pratiqués en moins de deux jours.

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
La sécurité du président ne dépend pas du ministère de l'intérieur

 L e président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a eu du mal à masquer son irritation, dimanche soir sur TF1, lorsqu'il a été interrogé sur l'heure à laquelle il avait appris l'hospitalisation de Jacques Chirac. C'est samedi, "aux alentours de 10 heures" , que le ministre de l'intérieur dit en avoir été informé par le premier ministre, Dominique de Villepin. "Nous ne sommes pas médecins, on a été avertis, voilà, c'est ainsi" , a tranché M. Sarkozy.

Comment est-il possible que le ministère de l'intérieur découvre, pratiquement en même temps que l'opinion publique, l'hospitalisation du chef de l'Etat ? La décision a été prise, semble-t-il, en comité très restreint. Ainsi, un conseiller du président assure qu'il a lui-même appris la nouvelle le samedi, en fin de matinée.

DISCRÉTION

Cette discrétion a été permise par la singularité de la protection du président. Celle-ci est assurée par le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). Sa mission est d'entourer le chef de l'Etat, en public et en privé, en France et à l'étranger. A son arrivée à l'Elysée en 1995, M. Chirac a fait modifier la composition de ce service, qui ne regroupait jusqu'alors que des gendarmes. La parité est aujourd'hui respectée avec les policiers. Ils sont une soixantaine à se consacrer à sa sécurité.

Dirigé actuellement par un colonel de gendarmerie, le GSPR travaille étroitement avec le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), chargé des voyages officiels. Etant directement rattaché à l'Elysée, le GSPR n'a donc pas de comptes à rendre à la direction générale de la police nationale (DGPN), poumon principal du ministère de l'intérieur.

Selon certains responsables policiers, l'Elysée a sans doute jugé que le problème de santé du président était mineur et pouvait se résoudre en quelques heures et en toute discrétion. L'hôpital militaire du Val-de-Grâce offre de ce point de vue toutes les garanties.

"S'il le souhaite, le président peut même, dans des cas exceptionnels, se déplacer dans la capitale sans protection particulière" , souligne un haut responsable policier.

Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
De Pompidou à Mitterrand, entre mensonges et silence

 L' annonce de l'hospitalisation de Jacques Chirac a relancé le débat sur la transparence au sujet de l'état de santé du président. Alors que celle-ci est une règle absolue aux Etats-Unis, – où les Américains ont pu suivre dans le détail les interventions chirurgicales subies par Ronald Reagan lorsqu'il était à la Maison Blanche –, elle n'a fait l'objet en France que de proclamations de bonnes intentions non suivies d'effet.

Les Français n'ont appris la nature du mal – la maladie de Waldenstrom, une sorte de cancer du sang – dont souffrait Georges Pompidou qu'après sa mort, le 2 avril 1974. Pendant des semaines, ils ont observé l'extrême fatigue de leur président, au visage bouffi par la cortisone, sans qu'on évoque autre chose que des "grippes à répétition", puis des "crises d'hémorroïdes".

Devant l'émotion suscitée par de tels mensonges, le candidat Valéry Giscard d'Estaing prend l'engagement, au printemps 1974, de publier deux bulletins de santé par an. Une promesse aussitôt "oubliée" après son élection.

François Mitterrand la reprend à son compte en 1981. Il publie des bulletins de santé réguliers dès sa prise de fonction, à raison d'un tous les six mois. Il s'agit, explique alors l'Elysée, de rendre publiques "les informations que les Français sont en droit d'attendre de celui qu'ils ont choisi pour assurer la plus haute charge de l'Etat". "Le problème essentiel, dans la fonction que j'occupe, est que les ennuis de santé ne doivent pas être tels qu'ils puissent nuire à l'exercice de la fonction. C'est ça la morale qu'un responsable politique doit respecter" , ajoutait François Mitterrand, à la fin de 1981.

DE MINCES PROGRÈS

Ses "bulletins de santé" sont signés de son médecin personnel, Claude Gubler. Le progrès est mince, puisqu'il consiste à passer du silence au mensonge d'Etat.

Alors qu'il était atteint d'un cancer de la prostate depuis le début de son premier septennat, M. Mitterrand attend le mois de septembre 1992 – il est alors opéré à l'hôpital Cochin – pour en informer l'opinion. Après cette date, rien n'est modifié dans le rythme et le contenu laconique des bulletins officiels. L'Elysée maintient l'apparence d'une évolution normale et satisfaisante de la maladie du président. A charge pour les médias, de nouveau, de scruter sur le visage de ce dernier le moindre indice de l'aggravation de son état.

M. Mitterrand subit une deuxième opération de la prostate en juillet 1994. Son état de santé s'est profondément dégradé. Deux mois plus tard, le président y consacre une longue partie d'un entretien télévisé. Les Français ne découvrent l'ampleur de ses mensonges qu'après sa mort, le 8 janvier 1996.

La publication du livre du docteur Gubler, Le Grand Secret (Plon), fait l'effet d'une bombe : le praticien révèle qu'il a falsifié les bulletins de santé du président dès le début du premier septennat. Le livre est retiré de la vente à la demande de Danièle Mitterrand. Il ne reparaîtra que neuf ans plus tard.

Elu président, M. Chirac a, lui, promis de "donner toute information significative sur son état de santé". Fin des mensonges. Le silence reprend ses droits.

Jean-Baptiste de Montvalon
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Le premier ministre souligne sa filiation avec le président de la République

 É loge funèbre ou déclaration de flamme ? Le vibrant hommage rendu par Dominique de Villepin au chef de l'Etat, samedi 3 septembre, trois heures après la nouvelle de son hospitalisation, n'a pas manqué de surprendre.

Si sa proximité avec Jacques Chirac est connue depuis longtemps, le premier ministre prenait soin, depuis sa nomination à Matignon, le 30 mai, de ne pratiquement jamais faire référence au président de la République. La priorité, pendant ces cent premiers jours, était d'exister politiquement. Sans doute parce que la faible légitimité politique propre du chef du gouvernement constituait son premier handicap.

Déjà, lors de sa conférence de presse de rentrée, le 1er septembre, Dominique de Villepin avait commencé à faire référence au chef de l'Etat, qu'il avait cité trois fois. Samedi 3 septembre, s'appuyant sur l'émotion entraînée par l'accident vasculaire de M. Chirac, M. de Villepin a cette fois clairement revendiqué l'héritage du président de la République.

A plusieurs reprises au cours de son discours devant les Jeunes populaires, le premier ministre a parlé de l'influence que le chef de l'Etat a exercée sur lui. Contrairement aux habitudes, le texte de son intervention n'a pas été distribué à la presse, ce qui laisse supposer que le premier ministre l'a modifié ou qu'il a largement improvisé. Sans doute pour le truffer d'allusions à Jacques Chirac. De fait, M. de Villepin ne regardait pas ses notes au moment d'évoquer le chef de l'Etat.

A 26 ans donc, comme il l'a dit samedi, M. de Villepin a "fait une rencontre : Jacques Chirac, et je lui ai voué ma fidélité" . C'était, selon lui, le troisième événement fondateur de sa vie, après la visite, à 10 ans, du village d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où les nazis ont perpétré un massacre en 1944, et la découverte, à 20 ans, de sa fibre pour le service public.

FIDÉLITÉS ESSENTIELLES

"Au hasard de son chemin, au hasard des rencontres, chacun découvre ses fidélités, fidélités de hasard ou fidélités essentielles du coeur, de l'esprit", a expliqué le premier ministre qui, lorsqu'il croise M. Chirac, "est conquis par sa détermination, son humanité, son sang-froid au service de la France" et par sa "capacité à tenir la barre dans les pires épreuves" . Traduisez : le président est solide comme un roc.

Fin de la séquence nostalgie. M. de Villepin reprend ensuite le premier rôle et emploie la première personne du singulier pour se tourner vers son auditoire : "Aujourd'hui, j'ai besoin de vous pour regarder la vérité des choses en face."

Le temps est alors venu pour M. de Villepin de récuser le thème du déclin français et de son "décrochage" . Prenant acte des différences de sensibilité au sein de l'UMP, il corrige : "Nous sommes com-plé-men-taire s", articule-t-il. Avant d'invoquer, à nouveau, l'ombre du commandeur : "Chacun est fidèle au cap fixé par le président de la République."

De nouveau, à l'évocation de Jacques Chirac, le premier ministre s'autorise une digression nostalgique. "Tout au long de ces années, j'ai beaucoup appris à ses côtés (...) de son courage, de ses choix, contre les habitudes, contre les fatalités, contre la résignation", affirme le premier ministre, qui se remémore ses moments de lutte commune avec le chef de l'Etat : "J'étais avec lui au métro Saint-Michel au moment où le terrorisme a si horriblement frappé notre pays. J'étais avec lui au moment où il a repris l'initiative en Bosnie en donnant l'ordre de reprendre le pont de Vrbanja quand tout le monde avait cédé." "J'étais à ses côtés au moment de la crise irakienne, car c'est la voix de la France qui a défendu la voie de la raison, de la paix et de la justice", dit encore le premier ministre. Il reprend ensuite le cours de son discours sur les atouts de la France et de son modèle social.

Plus tard dans la soirée, on apprendra que, plutôt que de différer ou d'annuler le conseil des ministres, M. Chirac a demandé à son premier ministre de le présider, mercredi 7 septembre. Le président ne pouvait sans doute pas ignorer que cet honneur rarissime tombe à pic pour célébrer les "100 jours" de M. de Villepin à Matignon et accréditer l'idée d'une autre relève possible que celle de M. Sarkozy.

Le lendemain, sur TF1, le premier ministre a tenté une nouvelle fois de convaincre de son absence d'ambition présidentielle. "Je l'ai dit jeudi soir, je le redis aujourd'hui (...). J'ai dit ce que j'ai dit et je le maintiens ", a-t-il insisté.

Mais pressé de dire si cela signifiait qu'il renonçait par avance à une candidature à la présidentielle de 2007, il a botté en touche : "Je n'ai pas l'intention de vous répondre et surtout je n'ai pas l'intention tous les jours de répondre à une nouvelle question sur ce sujet."

Christophe Jakubyszyn
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
M. Hollande et le PS prudents sur la santé de M. Chirac

 L es socialistes, probablement gênés par le précédent de la maladie de François Mitterrand, ont choisi la prudence au sujet de l'état de santé de Jacques Chirac. L'annonce, samedi 3 septembre, de son hospitalisation, est survenue alors que François Hollande participait à la rentrée des militants socialistes du Pas-de-Calais, à Wingles, près de Lens. "Je n'ai aucune information, mais les Français doivent en avoir" , a-t-il aussitôt réagi.

Tout en adressant ses voeux de "bon rétablissement" au président de la République – "en démocratie, c'est bien le moins" , a-t-il dit –, le premier secrétaire du PS a insisté sur "l'obligation de transparence" en matière de santé "des responsables politiques" . Mais aussi sur la "retenue"  nécessaire. Sur RTL, lundi 5 septembre, M. Hollande a par ailleurs écarté la possibilité d'un mandat raccourci pour M. Chirac, soulignant que "l'incident va bientôt être clos" .

Laurent Fabius a lui aussi considéré, lundi sur Europe 1, que l'attitude qui s'impose est "transparence, transparence, transparence" . Il s'est refusé à évoquer une possible accélération du calendrier électoral, estimant qu'"il ne faut pas supputer sur tel accident" .

Dimanche, dans un communiqué, Henri Emmanuelli n'a évoqué la santé de M. Chirac que pour juger "inconvenante", "la réaffirmation répétitive, obsessionnelle et narcissique" de l'"ambition présidentielle" de Nicolas Sarkozy "au moment où le chef de l'Etat est hospitalisé".

COMPÉTITION INTERNE

L'hospitalisation du président risque fort, pourtant, de relancer, au PS aussi, la compétition interne, déjà intense, entre les candidats à la présidentielle de 2007. Tous, à commencer par François Hollande, sont persuadés que la gauche va gagner cette élection.

Très déterminés à poser leur candidature, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn souhaitaient que la désignation du candidat socialiste intervienne sitôt après le congrès du Mans du 18 novembre, c'est-à-dire dans la première moitié de 2006. François Hollande plaide pour une désignation plus tardive, peut-être début 2007.

A Wingles, il a, pour mieux réaffirmer sa position, fixé le programme du "premier trimestre 2006 : projet du PS, contrat de gouvernement avec les autres partis de gauche, puis désignation des candidats aux élections législatives", avant celle du candidat à la présidentielle. Fin août, lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, M. Strauss-Kahn estimait que le "PS aura à choisir entre deux lignes représentées par deux hommes", lui-même et Laurent Fabius.

Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
La rivalité Sarkozy-Villepin s'affiche désormais sans fard
LA BAULE (Loire-Atlantique) de notre envoyé spécial

 L' hospitalisation du président n'a rien empêché. Les deux prétendants à sa succession, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, sont désormais déterminés. L'université d'été de l'UMP qui s'est achevée, dimanche 4 septembre à La Baule (Loire-Atlantique), a révélé les ambitions pour 2007 et dévoilé les stratégies.

D'un côté, Nicolas Sarkozy se présente en candidat de "la rupture avec la politique des trente dernières années", y compris celle de Jacques Chirac. De l'autre, Dominique de Villepin réaffirme "sa fidélité" au chef de l'Etat, déterminé à préserver son autorité et à apparaître comme une éventuelle alternative à la candidature de son rival.

Au cours de ces deux journées à La Baule, chacun a tenté de prendre l'avantage. Et dimanche soir, de retour à Paris, ils continuaient encore leur bataille. Lors du "Grand jury RTL-Le Figaro- LCI", le chef du gouvernement a lâché à l'intention de son ministre de l'intérieur : "Je ne fais pas de discours, j'agis." Sur TF1, un peu plus tard, M. Sarkozy a assuré les Français de son "énergie indomptable" . "La concurrence, a-t-il dit , je l'ai dans les veines."

La nouvelle de l'hospitalisation du chef de l'Etat a agi comme un révélateur et un accélérateur. Avant que la rumeur n'en parvienne jusqu'à La Baule, samedi, Dominique de Villepin n'était encore pour Nicolas Sarkozy qu'un leurre, le masque des ambitions cachées de Jacques Chirac, son meilleur ennemi.

Sitôt la nouvelle confirmée, le ministre de l'intérieur a dû se rendre à l'évidence : la fiction entretenue par le camp sarkozyste d'une candidature du chef de l'Etat à un troisième mandat ne tient plus. "Le match" dont Nicolas Sarkozy rêvait tout haut n'aura pas lieu.

La construction politique élaborée, le calendrier soigneusement préparé pour permettre la désignation de M. Sarkozy par les militants de l'UMP en janvier 2007 vacillent. Il se croyait maître du temps politique, le voilà ballotté par l'imprévisible. Pire : "le premier flic de France" qui avait accepté de retourner place Beauvau pour "contrôler" ce qui se tramait contre lui, ignore ce qui se passe à l'Elysée, à cent mètres de son ministère ! Les caméras se tournent alors vers Dominique de Villepin. Lui, a eu le président au téléphone, lui se rendra à son chevet, lui a été informé, tardivement certes, mais avant le numéro deux du gouvernement.

Le premier ministre, M. Sarkozy passe sa journée à l'attendre. Attendre qu'il ait terminé footing et baignade pour pouvoir poser avec lui devant les photographes. Attendre qu'il en ait fini avec son allocution à la presse pour s'expliquer avec lui sur les raisons qui ont conduit le premier ministre à l'informer si tardivement. Attendre enfin la fin de l'hommage appuyé de M. de Villepin au chef de l'Etat, provoquant chez les militants des "Chirac ! Chirac !" dont il croyait les meetings de l'UMP débarrassés.

Suivi comme son ombre par son ami le chanteur Didier Barbelivien, assisté par une escouade de conseillers veillant sur son moral, il ne retrouvera le sourire qu'à l'heure de l'apéritif pour claironner qu'un sondage CSA pour Le Parisien le donne nettement en tête des prétendants de droite à la succession de Jacques Chirac. Michèle Alliot-Marie, à qui il apprend la "bonne nouvelle" , grince : "L'important, ce seront les sondages début 2007. On verra alors l'ordre d'arrivée." Question à un conseiller de M. Sarkozy : "Peut-on invoquer la rupture avec le président lorsque celui-ci est malade ?" Réponse : "Ça ne change rien puisqu'on nous dit que ce n'est pas grave..."

Dimanche, le président de l'UMP a retrouvé sa détermination et un ton de présidentiable. Il développe pour la première fois sa vision de la France, fixe le calendrier, affirme sa détermination. "Rien, vraiment rien, personne, vraiment personne, ne m'empêchera d'aller jusqu'au bout et tenter d'être à la hauteur des rendez-vous de 2007" , dit-il dans une allusion à ses problèmes personnels.

A "la modernisation du modèle social" , défendue par M. de Villepin, il oppose "le nouveau modèle social" . Il défend notamment le plafonnement de la fiscalité à 50 % des revenus, le service minimum, et la réduction du nombre de fonctionnaires en échange d'une rémunération plus importante. Et affirme qu'il proposera, mercredi, lors de la prochaine convention du parti que "l'UMP soit plus ambitieuse que le gouvernement dans ses choix économiques et fiscaux" .

Mais, ce jour-là, la concurrence médiatique avec Dominique de Villepin, qui présidera un conseil des ministres exceptionnel à Matignon, sera une nouvelle fois très rude. Dans le hall de l'hôtel L'Hermitage à La Baule, un ministre confiait dimanche matin : "Cette situation profite en priorité au premier ministre. Quand les gens se poseront réellement la question de savoir qui peut représenter cette institution qu'est l'Etat, ils se tourneront vers Villepin. C'est pas mal d'essayer les habits de président avant."

Philippe Ridet
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Manuel Aeschlimann, député (UMP) des Hauts-de-Seine
"Le coup décisif reste à l'avantage du président de l'UMP"

 V ous êtes conseiller auprès de Nicolas Sarkozy pour l'opinion publique. L'hospitalisation du chef de l'Etat a-t-elle des conséquences pour la stratégie du président de l'UMP ?

Tout dépendra de la gravité de l'état de santé de Jacques Chirac. Mais, fondamentalement, cela ne modifie rien. Je n'ai jamais pensé qu'il pourrait se représenter en 2007 pour un troisième mandat. Si l'alerte est bénigne, elle n'aura pas d'impact sur l'opinion, ou alors seulement de manière ponctuelle. Elle amplifiera, et c'est naturel en la circonstance, le capital de sympathie à son endroit.

M. Sarkozy a choisi d'incarner la "rupture" avec le chef de l'Etat. Est-ce un bon positionnement dans les circonstances actuelles ?

Oui, bien sûr. L'opinion des Français concernant le bilan de Jacques Chirac est déjà faite. De toute façon, Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas pour ambition d'agresser sciemment le président de la République quand il était valide, n'a pas l'intention de le faire davantage dès lors qu'il le sait malade. Ce serait inconvenant. La rupture dont nous parlons ne se nourrit pas uniquement du procès du chiraquisme. Elle vise des ambitions plus nobles.

M. de Villepin présidera, mercredi 7 septembre, le conseil des ministres. Il entrera ainsi, pour un temps, dans les habits du successeur...

Ce ne sera pas neutre médiatiquement et symboliquement. Le premier ministre a montré qu'il avait du tempérament et de l'ambition. Il sait affronter les problèmes du pays. Dans cette conjoncture où il assoit sa popularité croissante, tout ce qui ajoute a sa stature lui est favorable, mais pas décisif.

Pourquoi ?

Le fait important s'est joué lorsque Nicolas Sarkozy a pris la présidence de l'UMP. Quoi qu'il se passe après, et sauf erreur magistrale de sa part, ce qui n'arrivera pas, ce fait demeure et reste la clé du duel politique qui se présente. Nous sommes comme dans une partie d'échecs. On a joué l'ouverture. Nicolas Sarkozy a pris une grande avance de développement. Nous sommes aujourd'hui au milieu de la partie. Villepin consolide habilement son jeu.

Mais rien n'y fera. Le coup décisif reste à l'avantage du président de l'UMP. Il dirige le parti qui investira le candidat. Le soutien d'un parti puissant est indispensable à qui veut devenir président de la République. Les partis demeurent une référence évidente dans le vote des Français et l'expression de leur opinion. De plus, l'UMP choisira son candidat. C'est décisif.

Nicolas Sarkozy doit-il chercher à affaiblir son rival ?

Surtout pas. Tout ce qui sera réalisé de bien par le gouvernement profitera au candidat investi par l'UMP. Les petites phrases, les critiques, les coups bas affaiblissent leurs auteurs. Le premier ministre et le président de l'UMP sont condamnés à bien faire leur travail. En ce sens, Dominique de Villepin travaille pour Nicolas Sarkozy.

Propos recueillis par Philippe Ridet
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Bruno Le Maire, chantre de Matignon

 U n certain 14 juillet, au milieu des badauds, le jeune Bruno Le Maire fut choqué d'entendre des sifflets sur le passage du président de la République de l'époque, François Mitterrand. Non pas qu'il eût nourri à son égard une quelconque tendresse. Mais la révérence républicaine était inscrite dans le patrimoine intellectuel de l'étudiant épris de France.

♦ 1969 Naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

♦ 1998 Termine l'Ecole nationale d'administration (ENA) et entre au ministère des affaires étrangères.

♦ 2004 Conseiller politique au ministère de l'intérieur.

♦ 2005 Conseiller politique à Matignon.

Aujourd'hui, à 35 ans, il est à son gouvernail – ou à son chevet. Plus proche ou, plutôt, unique conseiller politique du premier ministre, Dominique de Villepin, Bruno Le Maire a mis ses pas dans ceux de l'ancien secrétaire général de l'Elysée. Son rôle n'a pas changé depuis leur passage de quatorze mois au ministère de l'intérieur : "assurer la cohérence de l'action". "Je suis quasiment une sorte de commissaire politique, sourit-il. Je vérifie qu'on a toujours un temps d'avance sur le plan des idées."

Le directeur du cabinet, Pierre Mongin, l'autre homme-clé du dispositif très resserré de M. de Villepin, a la charge des dossiers de fond et des arbitrages techniques. "En réalité, s'amuse un haut responsable policier, Le Maire est le vrai directeur de cabinet, voire plus que ça. Villepin sait plaire, lui réfléchit." Pendant les mois qui ont précédé le référendum sur le traité constitutionnel, Bruno Le Maire a piloté les préparatifs pour une éventuelle arrivée à Matignon. Il a organisé des rendez-vous informels entre M. de Villepin et des représentants divers de la société civile : professeur en zone d'éducation prioritaire (ZEP), directeur de prison, chefs d'entreprise, etc. "Ce fut artisanal mais instructif. Nous n'avions aucune certitude sur la nomination à Matignon jusqu'au jour où elle a été officialisée, mais il eût été irresponsable de ne pas se préparer" , résume-t-il.

Maintenant qu'ils y sont, dans cet hôtel si particulier, la tâche se révèle lourde : vingt mois pour remettre la France "d'équerre" – expression qu'il affectionne. Bruno Le Maire ne voit plus sa femme qu'en peintures, celles qui ornent les murs de son vaste bureau, au premier étage de Matignon. Elle peint des fleurs ressemblant à des nuages au bout de longues tiges délicates. Sur les étagères, le conseiller a disposé des dizaines de livres de poésie en format poche, les mêmes que ceux des étudiants de la Sorbonne auxquels, dans une autre vie, il aurait pu dispenser des cours sur son principal centre d'intérêt, la littérature.

Car ce produit chimiquement pur de l'administration française – Normale sup, Sciences-Po Paris, ENA – a longtemps hésité entre politique et littérature. Fils d'un cadre supérieur dans une société pétrolière et d'une directrice d'école – d'où "une image de grand bourgeois" , estime un de ses proches –, le jeune homme est reçu premier, en 1992, à l'agrégation de lettres modernes. Il se passionne pour Proust, lui consacre une maîtrise et un DEA, puis commence une thèse sur l'importance de la sculpture dans son oeuvre. "La littérature est le fond du problème, assure-t-il. Par elle, on accède davantage à la vérité que par la politique, qui est avant tout une affaire de rapports de forces et de pouvoir."

Cette passion est une composante importante de sa proximité avec Dominique de Villepin, dont l'appétit de poésie est toujours mis en avant, comme s'il rendait politiquement vertébré. Ce n'est pas leur seul point commun. La France apparaît chez Bruno Le Maire comme une abstraction géniale, un psaume que ses bardes devraient chanter à tue-tête. A l'instar du premier ministre, il croit dans la mission historique de son pays, qui l'obligerait dans les instants graves à sortir du rang des nations, la vérité perchée sur son épaule. "La seule place qui convienne à la France est la première, dit-il du ton posé dont il ne se départit jamais. On peut croire que c'est un sentiment enfantin. Mais c'est comme en art : il faut garder en soi une certaine naïveté, un enthousiasme, une capacité à servir son rêve."

Le premier ministre et son conseiller se trouvent en parfaite adéquation intellectuelle. " Ils se correspondent bien, explique Nicolas Calcoen, proche de Bruno Le Maire depuis leur rencontre à l'ENA, conseiller de Jean-François Copé. Ils partagent une vision volontariste et lyrique de la chose publique." David Martinon, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, fut également de la promotion Valmy à l'ENA. Sa proximité avec Bruno Le Maire sert parfois de courroie de transmission entre le ministre de l'intérieur et M. de Villepin. "Bruno est quelqu'un de rassurant, de pondéré, dit M. Martinon. Ce n'est pas un intuitif, mais une machine froide. Calmement, il analyse."

Bruno Le Maire a fait la connaissance de M. de Villepin au Quai d'Orsay. Deux ans après avoir intégré la direction des affaires stratégiques, il a rejoint le cabinet du ministre. Sa grande affaire fut l'étude des rapports américains sur les armes de destruction massives, feutre en main, traquant les incohérences. L'attirance du jeune diplomate pour M. de Villepin fut immédiate. "Il a un vrai génie politique, comme à leur manière Chirac et Sarkozy, explique-t-il. Ce génie, c'est l'instinct. Savoir quoi dire, comment, où et à quel moment."

En 2004, Bruno Le Maire a décidé de témoigner de ses sentiments par écrit, dans un livre intitulé Le Ministre (Grasset). Un récit étrange, un rien enflé, mêlant anecdotes familiales, considérations géopolitiques et descriptions des pays visités au temps de la résistance diplomatique française contre l'administration américaine, à l'aube de la guerre en Irak. Au fil des pages, son auteur passe d'un jogging dans le Gers à une session du Conseil de sécurité, de son changement de voiture à des digressions sur la mémoire française. Aujourd'hui, il continue à écrire "sur la France" , il en ressent le besoin, c'est comme "une gymnastique" .

De son passage au Quai d'Orsay, il lui reste un manque : la fréquentation "des grandes figures du monde, ces gens qui vous donnent de l'enthousiasme pour six mois, comme Henry Kissinger" . Et le conseiller de citer sa première rencontre avec Kofi Annan, en marge de laquelle le secrétaire général de l'ONU lui avait confié quel était le premier problème de la planète : l'eau. "C'était comme la première phrase d'un grand roman."

Piotr Smolar
Article paru dans l'édition du 06.09.05


Le Monde / France
Les proches de Jacques Chirac démentent toute vacance du pouvoir

 J acques Chirac était toujours hospitalisé, mardi, au Val-de-Grâce, et son état de santé connaît une "évolution très favorable", selon le point des médecins, lundi. Par ailleurs, ses proches soulignaient que son "petit accident cérébral" n'avait pas provoqué une vacance du pouvoir.

Si tout un chacun constate que le chef de l'Etat reçoit un nombre limité de collaborateurs, ceux-ci prennent soin d'arborer à leur arrivée d'épais dossiers, signe de travail intense. M. Chirac a préparé, lundi, le conseil des ministres avec le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, un conseil qui se tiendra exceptionnellement, mercredi, à Matignon, sous la présidence du premier ministre, Dominique de Villepin. Il a également exprimé, mardi, son "immense tristesse" au président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, après la catastrophe aérienne de Sumatra qui a fait 150 morts. De sa main, il a fait état à la fin de la lettre de sa "solidarité dans l'épreuve".

Le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, très proche du chef de l'Etat, a ainsi réaffirmé, mardi, sur RTL, que celui-ci allait bien et que "pour l'instant il n'y a pas eu, à aucun moment, vacance du pouvoir". La "continuité de l'Etat" est assurée puisque le président de la République "reçoit le premier ministre, lui donne des instructions, a signé des décrets, a continué à assumer sa mission", a-t-il dit.

"APPÉTITS PARFOIS INDÉCENTS"

Lundi en fin d'après-midi, le médecin-chef Anne Robert, chef du bureau de la communication et de l'information du service de santé des armées, a indiqué que le président de la République "devrait sortir dans quelques jours, c'est-à-dire au terme d'une période d'hospitalisation d'une semaine environ".

Si l'annonce, samedi, de l'hospitalisation du chef de l'Etat a ranimé le débat sur la "transparence" des informations relatives à la santé du président, une question récurrente depuis les maladies de Georges Pompidou et de François Mitterrand, elle a aussi contribué à relancer l'agitation autour des candidatures pour la présidentielle de 2007, notamment celle de M. Chirac lui-même.

Bernard Kouchner, ancien ministre de la santé socialiste, s'est déclaré "choqué par l'étalage des appétits" suscités par cette hospitalisation. "Le bruit autour de cette hospitalisation, dont pourtant nous rendent compte très calmement des médecins compétents, suscite quelques appétits qui me semblent parfois indécents", a déclaré, sur Europe 1, ce médecin de profession. "On n'en est pas à parler du troisième mandat. Pour l'instant, du calme et du respect pour un malade", a-t-il ajouté.

Quant à Patrick Devedjian, conseiller politique de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy, il a estimé que le président de la République "a l'intention de se représenter" en 2007."Si Jacques Chirac a les moyens politiques de se présenter, cela m'étonnerait qu'il renonce, ce n'est pas le genre d'homme à cela", a-t-il dit.

Avec AFP
LEMONDE.FR | 06.09.05 | 12h08


Le Monde / Sciences
Un millier d'hectares de maïs transgénique seraient cultivés en France

 S elon Le Figaro, 2005 marque un "réel tournant" : alors que les cultures OGM, réputés dangereuses, étaient rares en France en 2004, elles s'y développent à grande vitesse depuis un an. Ainsi, le quotidien estime que les cultures de maïs transgéniques sont passées de 17,5 hectares à plus de mille, le tout dans un secret total.

Déjà, les services de la protection des végétaux ont enregistré des déclarations de mises en culture de maïs OGM sur près de 500 hectares, principalement dans le Sud-Ouest, recense le journal. Mais les agriculteurs n'étant pas tenus de déclarer les cultures d'OGM autorisées en Europe, Le Figaro évalue au double la surface cultivée.

RIEN D'ILLÉGAL

Les agriculteurs du Sud-Ouest s'approvisionnent en Espagne, ajoute le journal, soulignant que cette pratique n'a rien d'illégal car les variétés autorisées dans un pays de l'Union européenne se trouvent automatiquement inscrites au catalogue européen au bout de quelques mois, et sont ainsi autorisées à la culture dans les autres pays européens. C'est aussi en Espagne que 40 % de ce maïs serait vendu, destiné à la nourriture animale. 20 % des cultures auraient lieu dans le cadre de programmes d'accompagnement des cultures biologiques, tandis que 60 % serviraient à produire des semences.

Selon Le Figaro, cet état de fait "embarrasse" le ministère de l'agriculture,  qui "n'a toujours pas retranscrit la directive européenne de 2001 réglementant les cultures OGM", et ignore les rappels à l'ordre de Bruxelles par crainte d'une  négociation "potentiellement explosive".  Le quotidien précise que, lors d'une réunion au ministère la semaine dernière, les représentants des services de la protection des végétaux ont reçu l'ordre de ne pas communiquer sur cette nouvelle donne OGM.

Le Monde.fr
LEMONDE.FR | 06.09.05 | 09h47


Le Monde / France
Au Val-de-Grâce, Jacques Chirac suit les affaires de l'Etat

 J acques Chirac est toujours hospitalisé, mardi 6 septembre, au Val-de-Grâce pour un "petit accident vasculaire cérébral". Son état de santé connait une "évolution très favorable", selon les médecins. Le chef de l'Etat a annulé une rencontre franco-allemande prévue ce mardi avec M. Schröder en Allemagne, et a eu en contre-partie un entretien téléphonique de 45 minutes avec ce dernier sur la préparation de l'assemblée générale des Nations unies et les questions européennes.

L'Elysée poursuit la préparation du déplacement du chef de l'Etat prévu la semaine prochaine à New York pour le sommet du Millénaire et l'assemblée générale des Nations unies. Pourtant des incertitudes demeurent sur l'évolution de l'état de santé du président, et les médecins du Val-de-Grâce ne se sont pas encore publiquement prononcés sur sa capacité à assumer son programme de travail normal dès sa sortie de l'hôpital. Anne Robert, chef du bureau de la communication et de l'information des services de santé des armées, s'en explique: l'évolution de l'état de santé de Jacques Chirac "se passe comme prévu" et "cela ne justifie donc pas de communiqué spécifique aujourd'hui".

PAS DE VACANCE AU POUVOIR

Le président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré a affirmé, mardi sur RTL, que le président allait bien et que "pour l'instant, il n'y [avait] pas eu, à aucun moment, vacance du pouvoir". La "continuité de l'Etat" est assurée puisque le président de la République "reçoit le premier ministre, lui donne des instructions, a signé des décrets, a continué à assumer sa mission", a-t-il dit.

Dominique de Villepin se rendra d'ailleurs mercredi matin auprès de Jacques Chirac, a d'ailleurs indiqué mardi l'entourage du président.  Les deux hommes - qui se sont entretenus mardi au téléphone - prépareront ensemble le Conseil des ministres, qui se tiendra exceptionellement à Matignon sous la direction du premier ministre.

"L'INTENTION DE SE REPRÉSENTER"

M. Chirac surveille aussi la scène internationale. Il a reçu durant environ deux heures mardi en mi-journée son conseiller diplomatique Maurice Gourdault-Montagne, et a fait part de son "immense tristesse" et de sa solidarité au président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono après la catastrophe aérienne de Sumatra qui a fait 150 morts. Il a également reçu le secrétaire général de l'Elysée Frédéric Salat-Baroux en mi-journée.

L'annonce samedi de l'hospitalisation du président a contribué à relancer les spéculations autour de l'éventuelle candidature de Jacques Chirac pour la présidentielle de 2007. La tonalité générale des analystes est que l'incident de santé du chef de l'Etat hypothèque davantage l'éventualité d'une nouvelle candidature. Cependant, Patrick Devedjian, conseiller politique de l'UMP et proche de Nicolas Sarkozy, a jugé mardi que Jacques Chirac "a l'intention de se représenter" en 2007, ajoutant que le président de la République ne lui semblait pas "décidé à prendre sa retraite".

Avec AFP
LEMONDE.FR | 06.09.05 | 19h52


Le Monde / Sciences
La contamination du maïs par les OGM en question

 L a région d'Oaxaca, au Mexique, considérée comme le berceau de la culture du maïs, est-elle toujours un sanctuaire protégé de la contamination par les variétés transgéniques ? C'est ce que laisse entendre une étude publiée, en août, dans les comptes rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS ).

1 000 ha en France

Selon Le Figaro du mardi 6 septembre, plus d'un millier d'hectares de maïs transgénique à vocation commerciale seraient cultivés dans le sud-ouest de la France. Depuis la levée, en 2004, du moratoire européen sur les OGM, les agriculteurs français ont la possibilité de semer, sans déclaration, les variétés inscrites au catalogue européen. Jean-Charles Bocquet, de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), n'est pas surpris de ces révélations : "Ces cultures sont légales. Cela va peut-être accélérer la transposition par la France d'une directive européenne de 2001 sur la coexistence des filières."

Allison Snow (Université de l'Ohio) et une équipe mexicaine sont retournées en 2003 et 2004 dans cette zone dont est originaire la téosinte, l'ancêtre du maïs, et qui abrite une multitude de lignées locales de cette céréale. Il s'agissait de vérifier des résultats controversés, parus en 2001 dans Nature , sous la plume d'Ignacio Chapela et David Quist (Université de Californie, Berkeley) et qui montraient de hauts niveaux de contamination de ce sanctuaire végétal par des gènes issus de variétés transgéniques.

La nouvelle fit alors grand bruit. D'autant que, quelques mois plus tard, Nature notait, dans un éditorial, que "les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour justifier la publication de l'article original" . Plusieurs spécialistes avaient, en effet, publiquement remis en cause les résultats de Chapela et Quist. Et, notamment, leurs observations selon lesquelles les transgènes s'étaient intégrés dans l'ensemble du génome des lignées locales.

UNE SURPRISE

Plusieurs études conduites selon un protocole similaire par les autorités mexicaines mirent, elles aussi, en évidence des contaminations. En avril 2002, à l'occasion d'une conférence internationale sur la biodiversité à La Haye, Exequiel Ezcurra, président de l'Institut national d'écologie, dépendant du ministère mexicain de l'environnement, déclarait ainsi au journal La Reforma que, "en moyenne, 8 % des plantes montrent des signes de contamination génétique. Et, dans certains champs, nous avons trouvé plus de 10 % de contaminations".

Ces données suscitèrent les mêmes réserves de la part des relecteurs des revues internationales. Même si la méthodologie employée par Chapela et son collègue semblait propice aux faux positifs, de nombreux chercheurs ont considéré qu'une contamination par des OGM d'importation nord-américaine était plus que probable. Et ce, en dépit du moratoire sur les cultures OGM décidé par le Mexique en 1998 – et toujours en vigueur.

Les résultats obtenus par l'équipe d'Allison Snow constituent donc une surprise, y compris pour les intéressés – Exequiel Ezcurra fait partie des signataires de l'article des PNAS . Les données semblent pourtant solides : elles sont tirées de l'analyse de plus de 153 000 grains de maïs provenant de 870 épis prélevés dans 125 champs en 2003 et 2004. La détection d'éventuels transgènes a été confiée à deux laboratoires américains spécialisés dans la détection des OGM.

Deux constructions génétiques ont été recherchées. L'une, CaMV 35S, présente dans tous les maïs transgéniques à l'exception d'une variété de Monsanto tolérante à son herbicide vedette, le Roundup, l'autre est le marqueur NOS, caractéristique de cette lignée. Aucune de ces cibles n'a pu être détectée. "Le flux des transgènes dans la région étudiée apparaît négligeable en 2003 et 2004", concluent les chercheurs . Et ce "en dépit du fait que le Mexique importe du maïs transgénique pour la nourriture humaine et animale, et malgré la probabilité qu'une partie de ces grains pourraient être plantés dans les champs des fermiers".

Comment expliquer une telle différence avec les résultats de Chapela et Quist sur la récolte 2000 ? Ancien chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), Julien Berthaud n'y voit pas forcément de contradiction. "Mon interprétation est qu'il n'y avait pas autant de transgènes en 2000 que ce qui avait été annoncé. Chapela et Quist sont probablement allés les chercher là où ils pouvaient vraiment les trouver, c'est-à-dire dans un champ où avaient été semées quelques graines du maïs de Diconsa." Les grains distribués par cette agence alimentaire mexicaine pouvaient être jusqu'à 37 % transgéniques et un cinquième des agriculteurs de la région, interrogés par des chercheurs de l'Université de Californie (Santa Barbara), ont reconnu en avoir semé illégalement mais involontairement.

Depuis, des campagnes d'information auprès des paysans d'Oaxaca ont été conduites. Peut-être expliquent-elles, pour partie, l'absence de transgènes constatée par Allison Snow. Son équipe avance une autre hypothèse : les hybrides de maïs transgénique et de lignées "créoles" n'auraient pas été assez vigoureux pour survivre aux rudes conditions de la région. Ce qui ne signifie pas qu'ils ne puissent prospérer ailleurs, préviennent-ils, mettant en garde contre une extrapolation de leurs résultats.

"L'article ne permet pas de conclure que le problème est résolu , prévient Julien Berthaud. Si vraiment on voulait trouver des transgènes, il faudrait chercher à la frontière avec les Etats-Unis."

Hervé Morin
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / Sciences
Mariage transgénique du colza et de la moutarde

 L e colza est un hybride naturel de la navette, Brassica rapa, et du chou, Brassica oleracea. A ce titre, on le suspecte depuis longtemps d'être susceptible de se croiser avec nombre de ses cousins, crucifères ou brassicacées. Les craintes se sont renforcées avec la mise au point de variétés transgéniques conçues pour tolérer des insecticides : si ce caractère devait "sauter" vers des mauvaises herbes, il deviendrait plus difficile de s'en débarrasser.

Une étude britannique vient de montrer qu'il ne s'agissait pas là d'une simple hypothèse, mais d'une réalité qui, pour être ténue, n'en est pas moins inquiétante. Cette étude a été conduite au cours d'une vaste enquête, la Farm Scale Evaluation (FSE), menée pendant trois ans lors d'essais en champ. Une équipe du Centre pour l'écologie et l'hydrologie (CEH) du Dorset a procédé, au cours de la période 2000-2002, à de petites applications d'un herbicide, le Liberty, sur des mauvaises herbes poussant sur des parcelles où du colza résistant à cette molécule était cultivé.

Les chercheurs ont aussi récolté les graines tirées de ces mauvaises herbes qu'ils ont replantées en serres pour tester la résistance des plantules. Au total, 95 459 plantules ont été testées et les deux seules qui ont montré des signes de résistance, soit un taux de 0,021 %, étaient des navettes.

En 2003, après la fin des essais en champ, les chercheurs sont retournés sur le terrain pour appliquer du Liberty sur les mauvaises herbes. Ils ont alors constaté que, sur deux sites, des moutardes des champs (Sinapis arvensis ) avaient subsisté. A leur surprise, l'un des plants n'a pas souffert de l'application de Liberty. L'analyse génétique a montré qu'il possédait le gène de résistance. Un transfert ponctuel s'était donc opéré. En revanche, l'année suivante, aucune moutarde transgénique ne subsistait sur le même site.

Faut-il s'inquiéter de ce croisement unique ou se rassurer de sa très faible occurrence ? "Cela corrobore bien ce que l'on sait de la biologie du colza" , indique Anne-Marie Chèvre (INRA, Rennes), qui a mis en évidence des croisements du colza transgénique avec la ravenelle (Raphanus raphanistrum ). Ses travaux ont montré que les hybrides obtenus, à des taux très faibles, perdaient leur résistance au fil des générations, à mesure que leur fertilité s'améliorait.

RÉSISTANCE AUX HERBICIDES

D'autres cas de croisements avec la navette (Brassica rapa ) ont été observés en champ au Canada, en 2003. Cette acquisition d'une résistance au glyfosate (l'autre nom du Roundup) fait, depuis, l'objet d'une surveillance étroite.

Mais jusqu'alors aucune moutarde hybride n'avait été observée, hormis à la suite de pollinisation manuelle, "et avec une fréquence extrêmement faible " , rappelle la chercheuse. Selon elle, "la probabilité d'obtenir un hybride fertile est quasi nulle" . A ce goulot d'étranglement s'ajoute celui de la recombinaison des chromosomes qui peut permettre, ou non, au gène de résistance de s'exprimer. Enfin, la plante ne tirera un avantage sélectif de cette mutation que si l'herbicide est appliqué.

Pour Antoine Messéan, vice-président de la Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée d'évaluer les essais en champ de plantes transgéniques, "le taux de croisement est très faible et il n'y a donc pas de risque d'invasion biologique" . Dans un avis rendu le 13 février 2004 sur la culture de colza résistant à un herbicide, la CGB pointait cependant des risques de flux de gènes vers des adventices. Elle plaidait pour des essais à grande échelle et un encadrement serré des pratiques agricoles.

Car l'étude anglaise pointe aussi l'inconvénient majeur du colza : les repousses, déjà extrêmement fréquentes, risquent de devenir plus difficiles à contrôler lorsqu'elles seront résistantes aux herbicides. Sur chaque mètre carré cultivé, de 1 000 à 6 000 graines tombent sur le sol. Elles peuvent demeurer en terre de cinq à dix ans avant de germer et perturber la rotation des cultures...

Hervé Morin
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / International
Jean-Philippe Cotis, économiste en chef de l'OCDE
Le choc pétrolier et Katrina ne casseront pas la croissance mondiale

 L a hausse du pétrole, encore accentuée par l'ouragan Katrina, risque-t-elle de casser la croissance économique mondiale ?
Sans doute pas. Le choc pétrolier actuel a une grande différence par rapport aux précédents: il s'agit cette fois d'un choc de demande et non plus d'un choc d'offre. Dans les crises passées, un cartel restreignait la production de brut, organisait une pénurie, ce qui entraînait une stagflation. Aujourd'hui, c'est la croissance mondiale qui pousse à la hausse les cours du pétrole. L'offre d'or noir, la production, peinent à suivre la demande et ce déséquilibre crée des pressions sur les prix. Ceux-ci vont peu à peu jouer comme corde de rappel et exercer un frein sur la demande, mais pas renverser la tendance. Il est difficile, dans cet univers-là, de concevoir que la hausse de prix du pétrole puisse entraîner un accident conjoncturel mondial. C'est notamment vrai en Chine où la croissance est tellement vigoureuse que la flambée des prix du baril ne peut guère l'infléchir qu'à la marge.

Prévisions de l'OCDE avant le cyclone

L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié, mardi 6 septembre, ses prévisions de croissance, qui ne prennent pas en compte l'éventuel impact du cyclone Katrina sur l'économie mondiale. Les chiffres de croissance annoncés pour 2005 sont de 3,6% pour les Etats-Unis, 1,8% pour le Japon et 1,3% pour la zone euro, 1% pour l'Allemagne, 1,6% pour la France, 0,2% pour l'Italie et 1,9% pour le Royaume-Uni.

Le choc pétrolier actuel diffère aussi des précédents par son profil qui prend la forme de marches d'escalier. L'avantage de tels plateaux est que chaque choc est d'ampleur modérée, ce qui facilite son absorption et la conduite des politiques monétaires, même si, au bout du compte, les prix du baril sont désormais comparables à ceux qui prévalaient à la fin des années 1970. Un autre facteur amortisseur intervient: l'intensité énergétique des pays de l'OCDE -Organisation de coopération et de développement économiques- est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a trente ans.

Mais aujourd'hui, aux coûts mécaniques du prélèvement sur le pouvoir d'achat que les hausses du prix du pétrole opèrent, s'ajoutent des coûts d'incertitude. S'il ne fait guère de doute que la demande de pétrole va augmenter fortement à l'avenir, l'inconnue vient du côté de l'offre. Jusqu'à présent, en effet, et pour des raisons diverses, géopolitiques ou encore réticences de certains pays à accueillir des investissements étrangers pour améliorer les capacités de production, la réaction a été très lente. L'ajustement de l'offre n'est pas du tout à la hauteur de la hausse de la demande.

Se surajoute à cela un problème qui relève des pays consommateurs: c'est le syndrome du "pas de raffinerie dans mon jardin" . Aucune raffinerie n'a été construite, par exemple, aux Etats-Unis depuis 1976, avec pour résultat de créer des goulets d'étranglement. A quoi bon accroître l'offre de pétrole brut si on ne peut pas le raffiner ? Aux Etats-Unis, les stocks de raffiné sont à leur plus bas niveau depuis cinq ans alors que les stocks de brut sont confortables.

Les prix du pétrole peuvent donc encore monter...
Avec une réactivité très faible du côté de l'offre de raffinage et une réactivité modeste du côté de la production de brut, il est très difficile de se faire une idée de ce que sera le prix du pétrole dans les deux prochaines années. La spéculation des marchés accélère les tendances de fond mais elle ne peut pas expliquer ce qu'on observe aujourd'hui. On ne peut pas exclure que le prix du pétrole continue à monter.
A court terme, le cyclone Katrina a fait provisoirement disparaître la petite marge de capacité excédentaire qu'il y avait sur le marché mondial du pétrole. Ce petit choc d'offre peut conduire à une grande volatilité des prix et il justifie le recours aux réserves stratégiques décidé par l'administration américaine tant que les capacités de production dans le golfe du Mexique n'auront pas été restaurées.
Au total, il est encore difficile de mesurer l'impact économique global de cette catastrophe. Les conjoncturistes américains anticipent une perte de PIB comprise entre 0,25 et 0,5 point au cours du second semestre. Les prix à la pompe ont beaucoup monté, ce qui devrait rajouter 1 point à l'indice des prix en septembre-octobre. Par la suite, les dépenses de reconstruction devraient stimuler l'activité. Mais toutes ces prévisions sont fragiles et révisables. Katrina est un rude coup pour l'économie américaine mais qui lui arrive à un moment où sa croissance était très forte.

L'Europe vous inquiète davantage ?
Katrina et la récente flambée du pétrole frappent les Européens alors que ceux-ci étaient en phase de convalescence avec une croissance plutôt en dessous de la norme.
Les Européens ne bénéficient pas beaucoup de la croissance en Asie dans la mesure où ils y exportent peu – si l'on excepte les Allemands –, mais ils sont en revanche pénalisés par le pétrole cher qui est la conséquence du boom économique en Asie. La zone euro était en phase de reprise technique avant les derniers événements. Notre prévision de croissance en rythme annualisé était de 1,5% au troisième trimestre et de 2% au quatrième. On peut désormais penser que ces rythmes constituent un maximum.
Les économies qui sont bien lancées sont celles qui résistent le mieux aux chocs. Le choc est plus fort aux Etats-Unis mais leur économie est plus résiliente. Le choc est plus faible en Europe mais celle-ci sort d'une série de reprises avortées. Le relais par la demande intérieure finale n'a pas encore eu lieu malgré quelques signes de reprise de l'investissement encourageants en Allemagne. En revanche, au Royaume-Uni et en France, la demande des ménages qui était beaucoup plus allante a fini par flancher. Pour bien faire, il faudrait que l'Europe ne soit plus soumise aux aléas extérieurs pendant un certain temps afin que le train puisse reprendre de la vitesse. Le voeu, c'est qu'il y ait suffisamment de vitesse acquise pour passer le cap. Il ne faut pas l'exclure. On ne peut pas broyer du noir mais le passé récent incite à la prudence.

Quelles sont les conséquences attendues sur le plan monétaire ?
La bonne réponse, c'est une politique monétaire très accommodante. Ce qui implique au minimum une absence de resserrement dans un avenir proche. L'analyse de l'inflation est compliquée dans la zone euro.
Alors que dans les pays anglo-saxons, l'inflation sous-jacente -hors énergie et alimentation- avait baissé pendant la période de ralentissement avant de réaccélérer avec la reprise, elle ne cesse de décélérer en Europe. Elle était à 2,5% en rythme annualisé début 2002, elle est progressivement descendue à 1,3% (0,6% en France). Il y a deux lectures possibles de cette tendance.
La première, optimiste, souligne que même en cas de choc pétrolier, l'inflation ne s'écarte pas de la définition de la stabilité des prix retenue par la BCE, autour de 2%.
L'autre, pessimiste, est celle d'un affaiblissement de l'économie et d'une baisse des prix qui en s'accentuant, feraient entrer le continent européen dans des zones à tonalité déflationniste. Nous n'en sommes pas là. Mais il faut garder cet élément de risque à l'esprit.

Propos recueillis par Pierre-Antoine Delhommais et Eric Le Boucher
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / Société
Mort de Bilal: sursis requis contre un technicien d'ascenseur
STRASBOURG de notre envoyé spécial

 D ix-huit mois d'emprisonnement avec sursis ont été requis, lundi 5 septembre, devant le tribunal correctionnel de Strasbourg, contre le technicien chargé de la maintenance de l'ascenseur dans lequel Bilal Wahibi, âgé de 4 ans, avait trouvé la mort en 2002, dans une HLM du quartier populaire de La Meinau. Le procureur, Benoît Blanchy, a requis 100 000 euros d'amende contre la société Ascenseur Multi-Services (AMS), poursuivie comme son salarié pour "homicide involontaire" . Le tribunal rendra son jugement le 4 octobre.

Ce dimanche 19 mai 2002, Bilal joue avec ses cousines dans la cage d'escalier lorsque, du cinquième étage et sans avoir besoin d'appuyer sur le bouton d'appel, il ouvre la porte de l'ascenseur, pensant retrouver ses parents, reçus chez des amis au 1er étage. Mais la porte métallique donne sur le vide: le petit garçon plonge dans un gouffre avant de s'écraser contre la cabine, bloquée quinze mètres plus bas, au rez-de-chaussée. Il décède peu après son arrivée aux urgences.

"Ce qui s'est passé n'est pas un accident, c'est tout le contraire" , a considéré le procureur, dénonçant "l'incurie" de la société et "la faute inexcusable" de son agent, Augustin Imani. "Cet ascenseur n'était pas entretenu, a-t-il poursuivi. Ce n'est pas moi qui le dis mais le prévenu, qui déclare aux enquêteurs: "Il y avait tellement de pannes sur les 144 machines dont je devais m'occuper que je n'avais pas le temps de tout vérifier"..."

"FATALISME ODIEUX"

Trois collèges d'experts ont été désignés durant l'instruction, tous sont parvenus aux mêmes conclusions: un pont électrique, détecté entre deux bornes du boîtier de sécurité, a perturbé l'un des circuits de contrôle. L'automatisme a été faussé, autorisant le départ de la cabine quelle que soit la position (ouverte ou fermée) des portes palières.

"Je ne sais pas qui est à l'origine de ce pontage mais il est sûr que cette anomalie n'a pas été détectée comme elle aurait dû l'être" , a observé le procureur. Soulignant la responsabilité de la société AMS, personne morale représentée par le président de son directoire, Damien Higel, l'accusation a énuméré une série de "manquements graves": formation sommaire du personnel, charges de travail trop lourdes, absence de planning, etc.

A l'appui de sa démonstration, le ministère public a livré les conclusions d'un "audit" commandé par l'office HLM de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS Habitat), qui avait confié en 2001 à AMS l'entretien de ses 671 ascenseurs: "La majorité des défauts constatés proviennent d'un manque de rigueur, de négligences, voire de laxisme. Les prestataires n'investissent que peu de temps et d'argent sur les appareils qui leur sont confiés."

Conseil de la famille de Bilal, Me Gilbert Collard a fustigé "le fatalisme économique odieux" , ces "économies que l'on fait sur le malheur d'autrui" . "On voit que ça bringuebale mais on ne s'inquiète pas. Pourquoi, dans ce pays, de plus en plus de gens meurent, soit dans un incendie, soit dans une cage d'ascenseur  ?" L'avocate de l'office HLM, dont Me Collard a "regretté" qu'il n'ait pas été poursuivi, a demandé réparation pour le "préjudice d'image et de réputation" subi, selon elle.

En défense, pour l'agent de maintenance, Me Séverine Rudloff, comme son confrère Jean-Pierre Kahn, conseil de la société, est revenue sur la possibilité d'un "acte de malveillance" , reléguée par les experts au rang de "simple hypothèse" .

Appelé à la barre, Zakaria Wahibi, le père de Bilal, a exprimé ce regret laconique: "On a beaucoup parlé technique mais on a oublié l'essentiel: mon fils."

Nicolas Bastuck
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / Société
Compte rendu
La justice confirme la relaxe de Dieudonné poursuivi pour diffamation raciale

 L a justice française a confirmé, mercredi 7 septembre en appel, la relaxe prononcée fin mai contre l'humoriste français Dieudonné, poursuivi pour diffamation raciale à la suite d'un sketch présenté en décembre dernier dans "On ne peut pas plaire à tout le monde", l'émission de Marc-Olivier Fogiel sur France 3. Dieudonné, présent à l'énoncé de la décision, s'est dit "évidemment satisfait".

L'humoriste a affirmé, à l'issue de l'audience, qu'il laissait désormais "à d'autres humoristes le soin de traiter [le] sujet  [de la question israélo-palestinienne]"."Je pense que je suis passé à autre chose, il y avait beaucoup de pression et de passion sur ce sujet. J'espère juste maintenant pouvoir continuer à faire mon travail, c'est-à-dire faire rire les gens", a-t-il ajouté.

Le sketch incriminé par la justice mettait en scène un juif orthodoxe en treillis militaire se livrant à une violente diatribe contre les musulmans et appelant le public à rejoindre "l'axe américano-sioniste". Dieudonné était apparu avec une cagoule et coiffé avec des papillotes et un chapeau noir caractéristiques des juifs orthodoxes. Ce sketch avait provoqué des réactions violentes, des annulations de spectacles. Après la diffusion de l'émission, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait adressé une mise en garde à France 3.

PAS DE DIFFAMATION RACIALE POUR DIEUDONNÉ

Toutefois, le 27 mai 2005, la présidente du tribunal de Paris avait estimé que "le personnage incarné par le prévenu ne représentait pas les personnes de confession juive dans leur ensemble (...), mais une certaine catégorie de personnes uniquement dans l'expression de leurs idées politiques". Or, "dès lors qu'ils ne s'adressent pas à la communauté juive en général et ne visent pas un individu ou un groupe d'individus à raison de leur appartenance à la religion juive", les propos et le geste reprochés à Dieudonné ne peuvent relever de la diffamation raciale, avait jugé le tribunal.

Dieudonné s'était félicité de cette relaxe en mai, satisfait que le tribunal reconnaisse "le droit pour un humoriste de critiquer la politique d'un Etat sans être taxé d'antisémitisme, lorsque cet Etat est Israël". Des associations juives et de lutte contre le racisme avaient fait appel, estimant que le sketch ne visait pas les colons israéliens mais bien les juifs.

En dépit de cette confirmation de relaxe, Dieudonné a eu droit à un discours courroucé de la présidente de la 11e chambre, Laurence Trebucq, qui lui a lancé : "Nous avons malheureusement trop l'habitude de vous voir dans ces prétoires." "Ce n'est pas parce que la justice ne vous sanctionne pas sur une prévention précise que cela veut dire que vous avez raison dans ce que vous dites", a-t-elle ajouté. Dans le passé, l'humoriste a déjà été condamné pour des "propos racistes" et des "injures raciales" visant les juifs.

Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 07.09.05 | 16h53


Le Monde / Opinions
Point de vue
Irak: le gâchis américain, par Francis Fukuyama

 Q uatre ans après le 11-Septembre, la politique étrangère des Etats-Unis peut être analysée à travers les questions suivantes: dans quelle mesure découle-t-elle de la culture politique américaine ? Et dans quelle mesure est-elle déterminée par les particularités de l'actuel président et de son gouvernement ?

Il est tentant de voir dans la réaction de l'administration Bush au 11-Septembre une continuité avec la tradition de politique étrangère du pays. Historiquement, les Américains se sont orientés vers un unilatéralisme déterminé lorsqu'ils s'y sont vus contraints, et ces moments ont correspondu à une rhétorique idéaliste. Pourtant, les décisions-clés de leur politique étrangère depuis le 11-Septembre n'ont pas été prises à l'aune de cette tradition ni d'aucunes pressions ou contraintes intérieures sous-jacentes.

Immédiatement après les attentats, les Américains auraient laissé le président Bush les mener dans n'importe quelle direction. La nation était prête à accepter des risques et des sacrifices substantiels. L'administration n'a demandé aucun sacrifice aux Américains moyens mais, après la chute rapide du régime taliban, elle a pris le risque de s'engager dans la résolution d'un vieux problème dont les liens avec la menace d'Al-Qaida sont faibles: l'Irak. Ce faisant, elle a gâché la carte blanche que lui avait accordée la population après le 11-Septembre. En même temps, elle s'est aliéné la plupart de ses proches alliés, dont un grand nombre se sont depuis engagés dans une stratégie de pressions diplomatiques contre l'influence américaine, attisant le sentiment anti-américain au Moyen-Orient.

L'administration Bush aurait pu choisir de créer une véritable alliance de démocraties pour combattre les courants non progressistes du Moyen-Orient. Elle aurait pu durcir les sanctions économiques contre l'Irak et y assurer le retour des inspecteurs sans entrer en guerre. Elle aurait pu donner sa chance à un nouveau régime international de lutte contre la prolifération nucléaire. Ces orientations-là auraient signifié une continuité des traditions américaines de politique étrangère. Mais Bush et son administration ont délibérément choisi d'agir autrement.

Les problèmes de politique intérieure n'ont pas pesé sur leurs choix. On a beaucoup parlé de l'émergence de l'Amérique des red states [les "Etats rouges", couleur du Parti républicain], supposée constituer la base politique de la politique unilatérale de Bush, et du nombre croissant de chrétiens conservateurs censés déterminer ses décisions au niveau international. Mais l'étendue et l'importance de ces phénomènes ont été largement exagérées.

Une dynamique différente s'est trouvée négligée. Pour la guerre en Irak, l'administration a bénéficié du soutien des néoconservateurs (qui manquent de base politique mais fournissent une puissance de feu intellectuelle considérable) et de ce que Walter Russel Mead appelle "l'Amérique jacksonienne" , ces nationalistes partisans d'un isolationnisme acharné. Les circonstances ont contribué à renforcer cette improbable alliance.

La recherche infructueuse d'armes de destruction massive en Irak et l'incapacité à prouver l'existence de liens pertinents entre Saddam Hussein et Al-Qaida ont forcé le président, lors de sa seconde investiture, à justifier la guerre en des termes exclusivement néoconservateurs, comme faisant partie d'une politique idéaliste de transformation du Grand Moyen-Orient.

La base jacksonienne de Bush, qui fournit le gros des troupes servant et mourant en Irak, n'a aucune affinité naturelle avec une telle politique, mais n'a pas voulu abandonner le commandant en chef en plein milieu d'une guerre. Néanmoins, cette coalition pour la guerre est fragile et vulnérable face aux imprévus.

Si les jacksoniens venaient à pressentir que la guerre est ingagnable, ils apporteraient alors un soutien très réduit à une politique étrangère d'expansion se focalisant sur la promotion de la démocratie. Les primaires républicaines de 2008 pourraient en subir les conséquences, ce qui aurait pour effet de modifier la future politique étrangère américaine.

Sommes-nous en train d'échouer en Irak ? C'est encore incertain. Les Etats-Unis peuvent maîtriser la situation sur le plan militaire tant qu'ils choisiront d'y rester en grand nombre. Mais la volonté des Américains de maintenir les effectifs nécessaires a ses limites. L'armée de volontaires n'a jamais eu pour objectif de combattre une insurrection prolongée. Elle doit faire face à des problèmes d'effectifs et à des coups au moral. Or, des motifs opérationnels de taille pourraient amener Washington à réduire ses effectifs en Irak dans l'année qui vient.

En l'absence de soutien des sunnites à la Constitution et avec les scissions dans la communauté chiite, l'émergence d'un gouvernement irakien fort et uni semble de plus en plus compromise. Le problème consistera à empêcher les communautés de se tourner vers leurs propres milices plutôt que vers le gouvernement pour leur protection. Si les Etats-Unis se retirent prématurément, l'Irak glissera dans un chaos plus profond encore. Cela déclenchera une chaîne d'événements fâcheux qui entameront un peu plus leur crédibilité dans le monde et les forceront à rester concentrés sur le Moyen-Orient pour des années, au détriment d'autres régions importantes de la planète – l'Asie, par exemple.

Nous ne savons pas quelle sera l'issue de la guerre en Irak. Mais nous savons que, quatre ans après le 11-Septembre, la politique étrangère américaine dans sa globalité semble destinée à sortir grandie ou amoindrie d'une guerre reliée marginalement à ce qui est arrivé ce jour-là aux Etats-Unis.

Cette situation n'avait rien d'inévitable et tout porte à le regretter.

© New York Times

Traduit de l'américain par Manuel Benguigui


Francis Fukuyama est professeur d'économie politique internationale à la Johns Hopkins School of Advanced International Studies (Etats-Unis).

par Francis Fukuyama
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / France
L'agenda de Jacques Chirac reste incertain

 T rois jours après l'accident vasculaire cérébral (AVC) survenu au président de la République, l'hôpital militaire du Val-de-Grâce a rendu public, lundi 5 septembre, un communiqué faisant état d'une "évolution très favorable" de la santé de Jacques Chirac.

Le mot "cérébral" n'a jamais été prononcé par le médecin-chef Anne Robert, qui a lu sa déclaration devant l'hôpital, insistant surtout sur la "petite taille" de l'hématome formé après le "petit accident vasculaire", dont le chef de l'Etat a été victime vendredi 2 septembre. Tout est donc "petit", mais la longueur de l'hospitalisation, une semaine, est confirmée.

Alors que le débat s'est rapidement amplifié sur la transparence à propos de la santé du président, l'Elysée, tout d'abord incertain sur le rythme de parution des bulletins médicaux, a bien compris qu'une troisième communication était indispensable dès lundi. Celle-ci, après les communiqués laconiques et flous de samedi et de dimanche, reste néanmoins très incomplète. Elle vise surtout à minimiser la portée de l'accident hémorragique dont souffre M. Chirac.

Lundi, sur Europe 1, l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing, qui avait très rapidement cessé de publier des bulletins de santé, contrairement à son engagement, a estimé que pour la fonction présidentielle " la règle absolue est la transparence". Le lendemain, sur la même radio, Bernard Kouchner a fait valoir à l'inverse que tout le monde avait "droit au secret médical" et qu'il fallait "laisser le président se reposer".

L'Elysée s'attache à montrer que le chef de l'Etat n'est en rien diminué et qu'il continue à travailler. Après la visite d'une heure et demie du secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, lundi et celles, quotidiennes de Bernadette et Claude Chirac, le président devait recevoir, mercredi matin, Dominique de Villepin, pour le traditionnel entretien précédant le conseil des ministres. Au menu de celui-ci, qui se tiendra à Matignon, deux communications: l'une, habituelle, pour faire le point sur la situation internationale – qui échoit à Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, car le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, sera en déplacement à Gaza – et l'autre sur la rentrée scolaire, faite par le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien. Aucun projet de loi ne sera présenté.

UN CALENDRIER TRÈS CHARGÉ

Avec M. Salat-Baroux, assurent les proches du président, celui-ci ne s'est pas contenté de préparer le conseil des ministres, mais a procédé à un tour d'horizon des dossiers. M. Chirac, racontent-ils, s'enquiert de ce qu'il y a dans les dépêches d'agence, "regarde la télévision, écoute la radio, écrit, téléphone".

Toutefois, ni Jean-Louis Debré ni Pierre Mazeaud, deux très proches du chef de l'Etat, n'ont eu M. Chirac en ligne. Le président du gouvernement espagnol, José-Luis Zapatero, a cherché, sans succès, à le joindre. L'Elysée assure que le président n'a pris au téléphone aucun de ses homologues.

Bien que les communiqués du Val-de-Grâce se veuillent rassurants, M. Chirac pourrait être contraint de réduire le rythme de son activité. Or il a prévu pour cette année un programme particulièrement chargé. En sus des habituelles obligations, il a décidé de tenir chaque mois un conseil ministériel restreint sur l'emploi et a programmé des déplacements sur le terrain.

Il a surtout annoncé lui-même, lundi 29 août, un calendrier international extrêmement lourd. Il doit se rendre cette année au Kazakhstan, en Ukraine, une nouvelle fois en Chine, en Inde, en Thaïlande, en Indonésie, au Brésil, au Chili, en Afrique, sans compter les fréquents sommets de chefs d'Etat et de gouvernement européens à Bruxelles, ou ses rencontres bilatérales avec ses homologues de l'Union.

La toute première échéance est, celle du sommet de l'ONU, du 13 au 15 septembre, à New York. M. Chirac tient beaucoup à ce rendez-vous, où doit notamment être examiné le projet de financement du développement par une taxe sur les billets d'avion. Rien n'est annulé, mais l'Elysée n'est pas en mesure de confirmer sa venue. A Matignon, où l'on se contente d'admettre que le premier ministre pourrait protocolairement remplacer le président, le sujet est quasi tabou.

Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / France
Le chef de l'Etat a été victime d'une hémorragie intracrânienne

 O n en sait désormais un tout petit peu plus sur les causes de l'accident médical du chef de l'Etat. Les termes des deux premiers bulletins de santé, publiés les 3 et 4 septembre, par l'hôpital militaire du Val-de-Grâce laissaient penser que Jacques Chirac avait été victime d'un phénomène ischémique ayant entraîné une altération de la vision d'un seul oeil. Or il est aujourd'hui établi, sur la base de la courte déclaration faite lundi 5 septembre par le docteur Anne Robert, médecin-chef de l'hôpital parisien, que le président de la République a été victime d'un accident vasculaire intracérébral de nature hémorragique.

Le docteur Robert a, en effet, révélé que les troubles de la vision survenus le 2 septembre au soir et à l'origine de l'hospitalisation de M. Chirac étaient dûs à "un hématome de petite taille", sans toutefois en indiquer la localisation. Elle a indiqué que "les signes cliniques -étaient- en régression", sans préciser la nature et l'intensité desdits signes.

L'association des deux informations – troubles unilatéraux de la vision et hématome – et la présence de céphalées laissent à penser que l'accident hémorragique s'est produit très près de l'un des deux nerfs optiques. L'hypothèse d'un hématome rétinien semble pouvoir être exclue du fait de l'existence de maux de tête. Un hématome formé dans les aires cérébrales occipitales correspondant à la fonction visuelle aurait, quant à lui, entraîné des troubles visuels bilatéraux.

"BULLETINS DE SANTÉ LACONIQUES"

"On a néanmoins du mal à imaginer aujourd'hui qu'un hématome qui provoque un trouble visuel et des céphalées durables soit de petite taille et, plus encore, qu'il ne soit accompagné d'aucune autre manifestation clinique, notamment motrice, explique le docteur Pierre Lasjaunias, spécialiste de neuroradiologie (hôpital de Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre). Compte tenu de l'absence de véritables informations médicales et du caractère scandaleusement laconique des bulletins de santé, nous en sommes réduits à formuler des hypothèses."

En général, notamment chez les personnes âgées, ce type d'accident vasculaire est la conséquence d'une hypertension artérielle insuffisamment corrigée par un traitement médicamenteux et le respect des principales règles hygiéno-diététiques. Le diagnostic est généralement porté rapidement et la localisation de l'hématome est obtenue grâce aux techniques de neuroradiologie. Un traitement par corticoïdes peut être instauré lorsque le malade est pris en charge de manière précoce, comme cela a été le cas pour le chef de l'Etat.

La résorption des hématomes de petit volume se fait naturellement, l'accident hémorragique pouvant ne pas entraîner de séquelles durables. La sortie de Jacques Chirac est toujours programmée pour la fin de la semaine.

Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / France
Ségolène Royal, présidente (PS) de Poitou-Charentes
"Le secret, si secret il y a, se retourne toujours contre le pouvoir"

 L a santé de Jacques Chirac fait l'objet d'incertitudes. Celle de François Mitterrand, autrefois, fut tenue secrète. Une transparence totale s'impose-t-elle ?
Bien sûr. L'époque s'y prête. Sous Mitterrand, la situation était différente. Le cancer, par exemple, faisait beaucoup plus peur qu'aujourd'hui. Depuis, les choses ont sensiblement évolué. Certes, nous ne sommes pas dans la société américaine, où l'on publierait des courbes, des bilans, mais les Français sont mieux informés sur les questions médicales et il n'y a pas de risque à leur dire la vérité. Il n'y a rien de honteux à avoir un problème passager. Le secret, si secret il y a, se retourne toujours contre le pouvoir.

Ces questions soulèvent celle de l'âge...
Nous sommes gouvernés par une classe politique relativement âgée. C'est un fait. Soit on l'assume, soit on prend des mesures pour la rajeunir.

Le premier ministre, le ministre de l'intérieur, le président du Sénat n'ont été avertis que le lendemain matin de l'hospitalisation de M. Chirac. Est-ce selon vous le signe d'un dysfonctionnement ?
Tout dépend du diagnostic effectué au départ. Peut-être a-t-on pensé que, puisqu'il s'agissait d'un léger malaise, il n'y avait pas de raison d'informer l'appareil d'Etat, mais qu'il fallait le faire une fois l'hospitalisation décidée... J'ai tendance à penser que ça s'est passé normalement.

Cela vous interdit-il, désormais, de critiquer trop durement le chef de l'Etat ?
Certainement. Le respect pour l'épreuve personnelle oblige à une certaine réserve. C'est une bonne chose. Cela prouve aussi que la politique n'est pas d'une férocité absolue. Tous les chefs d'Etat ont traversé la maladie, et ceux qui se sont aventurés à essayer de transformer cela en fragilités ont été aussitôt sanctionnés par l'opinion.

A droite, comme à gauche, que change cet accident de santé ?
Il n'y a pas de vacances du pouvoir, pas d'intérim. Et je ne veux pas transformer en fait politique un arrêt maladie momentané. Cet accident, en tout cas, touche plus la droite, car certains continuaient à y défendre la candidature Chirac pour 2007.

A droite justement, le duel Villepin-Sarkozy s'intensifie...
C'est un remake de 1995, entre Chirac et Balladur. Un faux conflit, mais un vrai choc de clans. Je suis très frappée par le discours très marqué à droite de Nicolas Sarkozy, à La Baule. Villepin est plus social, mais l'efficacité manque. Le premier est à la tête de l'UMP, il participe aux décisions du gouvernement mais prétend qu'on peut mener une autre politique, plus en rupture. Le second n'a jamais été élu, mais personne n'est interdit de candidature. Cet affrontement en apparence à fleurets mouchetés est en réalité très rude.

La "croissance sociale" est-elle dangereuse pour la gauche ?
Je ne pense pas, car ce qui frappe depuis trois ans et cent jours, c'est la montée des inégalités. On culpabilise les salariés protégés, en contrat à durée indéterminée et les fonctionnaires. On nous fait croire que si la société est bloquée, c'est parce qu'il n'y a pas assez de prises de risques. Mais la demande de risques échoit toujours aux mêmes, aux petits salariés, avec le contrat nouvelles embauches. La deuxième source d'inégalités concerne les services publics, la suppression des trains Corail, la fermeture des bureaux de poste, la diminution des classes dans les lycées professionnels. S'y ajoute la hausse, très anxiogène, du prix des carburants, qui représentent une part considérable du budget des familles.

Le PS n'a pas arrêté de ligne ni choisi son candidat. En souffre-t-il ?
Cela ne se décide jamais vingt-deux mois avant une échéance présidentielle. Savait-on en 1979 qui serait le candidat en 1981 ? Non. Et les sondages étaient alors extrêmement défavorables à François Mitterrand. Si notre congrès se passe bien, il n'y a pas de raison de précipiter le calendrier. Désigner trop tôt notre candidat serait une erreur. Il serait la cible de tous les coups.

Vous semblez vouloir vous effacer derrière votre compagnon, François Hollande. Et pourtant les sondages montrent que vous êtes populaire. Songez-vous à vous présenter ?
L'échéance est encore loin et toute annonce de candidature de ma part serait prématurée. On verra. Je ne veux être ni instrumentalisée ni manipulée. J'entends ce qui est dit. J'observe. En tout cas, ce n'est pas une question de couple.

La candidature d'une femme au PS est-elle taboue ?
Le fait que la question se pose est un progrès. Mais il ne faut pas en faire un gadget. François a donné la ligne: celui ou celle qui sera le ou la mieux placé (e) ira.

Longtemps Laurent Fabius a été impopulaire au PS. Est-ce toujours le cas ?
Il est difficile d'épiloguer sur l'opinion des militants. Je ne crois pas qu'ils aient envie de chambouler les équipes. La proximité des élections accentue le désir de stabilité.

Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué et Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 07.09.05


Le Monde / International
"Pétrole contre nourriture": Kofi Annan assume sa responsabilité

 L e rapport principal sur le scandale du programme "Pétrole contre nourriture" a été remis, mercredi 7 septembre, au Conseil de sécurité de l'ONU, par le président de la commission chargée de l'enquête, l'ex-banquier fédéral Paul Volcker. Ce document exonère de tout manquement à l'éthique le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, mais le rend responsable des déficiences de gestion constatées, en tant qu'administrateur.

"La commission a établi que la gestion du programme était caractérisée par de faibles pratiques administratives et des contrôles et audits inadéquats. Pour cela, en tant qu'administrateur, je dois assumer la responsabilité", a estimé Kofi Annan, en réaction à ce rapport. Mais, a-t-il poursuivi, "au début de l'année, la commission avait conclu que je n'avais pas influencé, ou tenté d'influencer, le processus d'attribution des contrats. Je suis heureux de constater que cette conclusion est réaffirmée".

"Le rapport est critique à mon égard et j'accepte cette critique", a-t-il déclaré devant le Conseil de sécurité.  Le sécrétaire général des Nations unies a cependant exclu de démissionner.

"RESPONSABILITÉS PARTAGÉES"

Les responsabilités pour les erreurs constatées doivent être "largement partagées" notamment entre les Etats membres et le Conseil de sécurité, a déclaré pour sa part Paul Volcker, président de la commission d'enquête. Tel qu'il était conçu, "le programme laissait trop d'initiatives à l'Irak", a-t-il estimé: "C'était comme un pacte avec le diable, et le diable avait les moyens de manipuler le programme à son avantage." Plus virulent, le sénateur républicain américain Norm Coleman a appelé mardi soir à "faire le ménage" à l'ONU et demandé la démission de Kofi Annan, qu'il réclame depuis plus de neuf mois.

Par ailleurs, selon le quotidien Financial Times, Kojo Annan, le fils du secrétaire général de l'ONU, aurait perçu plus de 750 000 dollars (602 000 euros) de firmes pétrolières qui font actuellement l'objet d'investigations dans le cadre du scandale du programme "Pétrole contre nourriture". Selon le journal, ces fonds ont été virés en 2002 et en 2003 sur un compte de Kojo Annan établi sous son deuxième nom – Adeymo – dans la succursale suisse de la banque privée Coutts. "Les paiements, découverts par le Financial Times lors d'une enquête conjointe avec Il Sole 24 Ore, le quotidien économique italien, semblent être liés à des transactions pétrolières sur le marché de l'Afrique occidentale", selon le quotidien britannique. Le journal cite cependant une déclaration de l'avocat de Kojo Annan soulignant que cet argent n'était pas lié au programme "Pétrole contre nourriture". A propos de son fils, Kofi Annan a admis n'avoir pas été "assez diligent ou efficace" dans la recherche de la vérité lorsqu'il avait été révélé que la compagnie suisse Cotecna, qui employait son fils Kojo, avait obtenu un contrat dans le cadre du programme.

Le programme "Pétrole contre nourriture" avait permis à l'Irak de vendre sous contrôle, de 1996 à 2003, des quantités limitées de pétrole et d'acheter en échange des biens pour sa population, alors que le pays était soumis à un embargo international. Mais le gouvernement irakien avait perverti le système, et plusieurs milliards de dollars avaient été détournés.

"L'ONU A BESOIN D'UNE VASTE RÉFORME"

Le scandale, révélé en janvier 2004, a terni l'image des Nations unies. Le rapport souligne également que les responsabilités étaient largement partagées au sein de la famille de l'ONU. Il égratigne particulièrement le Conseil de sécurité, sous la responsabilité duquel le programme était géré, pour n'avoir pas "défini clairement les principaux paramètres, les buts politiques et les responsabilités administratives". Le mois dernier, la commission Volcker avait établi qu'il y avait bien eu corruption dans la gestion par l'ONU du programme. Elle avait accusé son ancien directeur, Benon Sevan, d'avoir touché 147 184 dollars (118 355 euros) de pots-de-vin d'une compagnie pétrolière dirigée par un ami, qu'il avait aidé à obtenir un contrat.

Au-delà de la recherche des responsabilités individuelles et collectives, le rapport réclame une réforme profonde et urgente au sommet des Nations unies, justifiée par les défaillances de la gestion du programme. "La conclusion inéluctable du travail de la commission est que l'ONU a besoin d'une vaste réforme et qu'elle en a besoin d'urgence", prescrit le texte.

Avec AFP
LEMONDE.FR | 07.09.05 | 19h26


Le Monde / Chats
Cyclone Katrina: les fractures de la société américaine au grand jour
L'intégralité du débat avec Denis Lacorne, directeur de recherche au CERI (Centre d'études et de recherches internationales), mercredi 7 septembre 2005.

djjo666:La mauvaise gestion de cette crise de la part de George Bush a souvent été pointée du doigt. Qu'en pensez-vous ?
Denis Lacorne:
La réponse est compliquée car Bush est bien sûr le principal responsable, avec le gouvernement fédéral, mais il y a aussi le niveau de l'Etat de Louisiane et les municipalités locales, le maire de La Nouvelle-Orléans qui ont aussi des responsabilités en matière d'aide, d'intervention en cas d'urgence, de crise. Dans l'analyse qui va être faite des erreurs par les commissions d'enquête du Congrès, on fera bien sûr remarquer que le président n'est pas le seul responsable, que les responsabilités sont partagées. Au niveau local, à La Nouvelle-Orléans, le maire s'est mis à pleurer, à insulter ses collègues et les gens dont il a besoin à Washington. On a découvert que la moitié des policiers de La Nouvelle-Orléans n'étaient pas là pour intervenir. Il y a donc énormément de dysfonctionnements au niveau local et au niveau de l'Etat fédéral. Avec toute la difficulté des relations toujours tendues lorsque le niveau fédéral est contrôlé par un parti, le Parti républicain, et le niveau local par des adversaires politiques comme le gouverneur de la Louisiane et le maire de La Nouvelle-Orléans.
Mais la responsabilité principale est quand même celle du gouvernement fédéral et du président Bush, à l'évidence. Pourquoi responsabilité de Bush ? Parce que tout d'abord c'est lui qui dispose des organisations les plus capables d'intervenir en cas de coup dur, c'est-à-dire l'armée avec ses moyens d'intervention lourds, à commencer par ses navires, ses navires-hôpitaux, ses hélicoptères, etc., ainsi que du génie militaire, chargé de gérer la sécurité des digues, des réservoirs, et la FEMA (l'agence fédérale de gestion des crises). Et ni l'une ni l'autre n'ont fait leur travail, comme on aurait pu s'y attendre.

"UN PRÉSIDENT DÉCONTENANCÉ"

Felipe_jorge: L'Amérique, dans sa version banalement quotidienne, se présente comme un modèle. Au vu des conséquences inouïes de la catastrophe naturelle qu'elle vient de subir dans le Sud, nous avons la preuve éclatante que ce modèle est inapte à assurer le minimum de sécurité et d'assistance à ses propres citoyens. Peut-on mettre un point final à ce mythe de"l'hyperpuissance" ?
Denis Lacorne:
Tout démontre que l'hyperpuissance est vulnérable à l'intérieur, qu'elle est fragile par manque de préparation à une catastrophe qui était prévue, décrite par tous les experts depuis au moins dix ans. On a un gouvernement qui a failli à sa tâche de façon catastrophique, alors même que Bush, après les attentats du 11 septembre 2001, avait bien précisé que désormais l'Amérique serait plus prête que jamais à affronter toute crise, toute catastrophe. Et en réalité, on a un président décontenancé, qui n'est pas au niveau de l'événement, incapable même de dire les mots, les phrases qu'il faut. Mais, à long terme, l'hyperpuissance est-elle vraiment vulnérable ? Je crois que non, car malgré la taille de la catastrophe, les coûts pour les réparations (plus de 100 milliards de dollars), au niveau des Etats-Unis, sont des coûts faibles qui, d'après les experts, impliqueront une baisse du taux de croissance de 0,5 %, mais qui sera compensée dans trois ou quatre ans par une montée égale du taux de croissance grâce aux politiques de reconstruction. Donc, en conclusion, le coût économique de la catastrophe est relativement faible à long terme, parce que l'Amérique est un pays-continent et que la catastrophe qui nous paraît à nous gigantesque, à l'échelle des Etats-Unis, n'est qu'une catastrophe modérée.

Michel: Au vu des scènes de chaos où l'on a vu essentiellement des populations noires en souffrance, la société multiraciale et multiculturelle prônée par les classes dirigeantes n'est-elle pas un échec ?
Denis Lacorne:
Oui et non. Cela rappelle que c'est une société divisée, avec une ségrégation entre les races qui persiste, ségrégation qui reste géographique et économique puisque les classes moyennes blanches sont parties tranquillement en voiture. Quant aux Noirs pauvres, qui n'avaient ni voiture ni moyen de transport, on n'a pas trouvé un seul autobus pour les transporter alors que la catastrophe était déjà annoncée. On a bien une Amérique à deux vitesses où les Blancs bénéficient des annonces et des premiers secours, et où les Noirs les plus pauvres sont les laissés-pour-compte de cette société. Et le choc est d'autant plus grand aux Etats-Unis que les médias ne représentent d'habitude que les classes moyennes, les riches, ceux qui n'ont pas de problèmes avec la vie. Mais n'oublions pas que l'on a affaire aussi au Sud, la région du Mississippi, une région où les pauvres sont beaucoup plus nombreux que dans le reste des Etats-Unis. Et cela donne peut-être l'illusion que tous les Noirs sont dans une situation désespérée, alors qu'à New York, ou en Californie, ou au Texas, il y a une véritable classe moyenne noire qui représente entre un tiers et 40 % de la population noire. Il faut donc éviter la généralisation abusive en concluant qu'il n'y a que des miséreux chez les Noirs aux Etats-Unis.

Michel:Les rivalités entre communautés vont-elles se raviver et la haine de l'autre s'amplifier ?
Denis Lacorne:
C'est peu probable parce que maintenant, enfin, même les plus pauvres sont transportés en dehors du cloaque de La Nouvelle-Orléans. Ils sont dans des centres d'accueil dans des villes prospères comme Houston au Texas ou même très loin comme Portland dans l'Oregon. Et là, en principe, il n'y a pas de raison qu'il y ait ségrégation dans les centres d'accueil. Mais la vie va être très difficile pour tous, Blancs et Noirs, il faudra qu'ils vivent en dehors de chez eux pendant six mois ou un an, et il n'est pas sûr qu'ils puissent revenir un jour dans leur ville d'origine, dont on va sans doute raser le tiers ou la moitié des bâtiments. Avec toutes les difficultés que cela implique: s'adapter à un autre endroit, trouver une nouvelle école pour 300 000 enfants. Il y a donc d'énormes problèmes d'organisation qui ne sont pas réglés dans des centres d'accueil où l'on n'a pas l'habitude de voir autant de Noirs. Il est possible qu'il y ait alors des tensions. Mais sans commune mesure avec ce qui s'est passé en 1927, au moment des grandes inondations du Mississippi, où l'on a vu cette chose horrible: des Blancs qu'on transportait sur des bateaux en dehors de villages inondés, alors que les Noirs restaient parqués dans des camps dans des conditions tout à fait insalubres. Et les Blancs chantaient sur le bateau cette chanson horrible et raciste: "Bye Bye Blackbirds" (Au revoir les merles).

Sariputra: Les fractures sociales que Katrina accuse étaient-elles ignorées par les Américains ? La perspective de finir comme les gens de La Nouvelle-Orléans leur fait-elle prendre conscience qu'un minimum de service public est nécessaire ? Cette catastrophe est-elle pour eux un déclencheur de prise de conscience ?
Denis Lacorne:
La mauvaise gestion des agences fédérales, le manque de préparation, la réduction des budgets consacrés à la prévention des crises, à la réparation des digues au bord des rivières, à la mise en place de mesures préventives ou, comme disent les Américains, de "prépositionnement" de citernes d'eau, d'hôpitaux ambulants, etc., sont la conséquence de la politique de déréglementation de Bush, consistant à diminuer les ressources des agences fédérales, à privatiser des domaines qui étaient des domaines du gouvernement fédéral et à donner une importance tout à fait exagérée à la charité religieuse, alors qu'on se rend bien compte que dans une catastrophe de la taille de celle-ci, seul un gouvernement, seules des autorités publiques peuvent faire face. En même temps, malgré les scènes de misère, de gens et de bébés qui meurent dans les rues, il y a quand même des protections sociales qui existent pour les plus pauvres. Si vous n'avez plus du tout de ressources, vous avez quand même l'accès gratuit à la médecine, des prêts au logement, des bons alimentaires qui vous permettent de survivre, dans de mauvaises conditions, mais de survivre malgré tout.

Sylvain: Pourquoi, selon vous, ce revirement de tendance de la part de George Bush dans le fait d'abord de refuser l'aide internationale puis de l'accepter ?
Denis Lacorne:
Parce qu'au début, il a sous-estimé de façon choquante la gravité des dégâts. Et face aux critiques conjointes très virulentes des démocrates, des républicains dans son propre camps, et aussi des médias jusque-là favorables à Bush, il n'était plus possible de faire la sourde oreille et de prétendre qu'on n'avait pas besoin d'aide. Bush est manifestement déstabilisé par cette affaire, qui va rendre très difficile le reste de sa présidence. Car on ne cessera de lui reprocher son incompétence.

Roseaux: Par rapport à la procédure conduite envers Bill Clinton , cette tragédie, peut-elle conduire à une procédure d'impeachment contre George Bush ?
Denis Lacorne:
Dans d'autres circonstances, oui, ce serait parfaitement logique, puisqu'il a failli à sa tâche de dirigeant des Etats-Unis en s'enferrant dans des politiques-fictions et la dénonciation de dangers imaginaires, comme le bouclier antimissile, comme les armes de destruction massive en Irak qui n'existaient pas, comme la crainte d'une attaque terroriste nucléaire avec des armes sales, c'est-à-dire des peurs imaginaires, au lieu d'anticiper les risques dont on connaissait la probabilité. Mais l'impeachment, c'est-à-dire la mise en accusation du président devant la Chambre des représentants, ne peut réussir que s'il y a une majorité des représentants qui votent contre le président. Nous ne sommes pas aujourd'hui dans ce cas de figure: le Congrès est contrôlé par les républicains. Clinton, lui, faisait face à un Congrès contrôlé par les républicains ; il était démocrate, mais au Sénat, où se joue l'enjeu final, il a obtenu une minorité suffisante pour empêcher cette condamnation. Il n'y aura pas impeachment du président Bush, mais il y aura des commissions d'enquête du Congrès qui ne manqueront pas de souligner toutes les bavures et toutes les responsabilités présidentielles. Bush est sur la défensive, et sa stratégie va être de blâmer les autres, à commencer par les autorités locales de Louisiane.

Mansario: Quel impact pourrait avoir cette catastrophe sur le moral des Américains, l'économie américaine et la guerre en Irak ? Comment les Américains arrivent-ils à admettre les dépenses extraordinaires dans les champs de guerre, 46 % d'entre eux estimant que Bush fait de son mieux avec Katrina ? Alors qu'il ne fait débloquer que 10 milliards et demi de dollars...
Denis Lacorne:
Le sondage que vous citez, encore relativement favorable à Bush, indique quand même qu'il est sur la pente de l'impopularité, parce que plus on va en savoir sur l'impréparation présidentielle, plus on aura l'occasion de parler aux rescapés, plus sera atteinte la réputation du président et de son équipe. Le coût sera bien plus élevé, entre 100 et 150 milliards de dollars. Gigantesque pour nous, mais absorbable à l'échelle des Etas-Unis. Quant à l'Irak, et en général la lutte contre le terrorisme, toute la politique de Bush mettant l'accent sur la priorité de la lutte contre le terrorisme, sur la nécessité de la guerre en Irak, tout cela paraît dérisoire aujourd'hui face aux priorités internes.

"LES AMÉRICAINS SONT SORTIS DU PATRIOTISME MOU ISSU DU 11-SEPTEMBRE"

Mankem:Cette catastrophe va-t-elle contraindre Bush à revoir sa position sur le protocole de Kyoto ?
Denis Lacorne:
La réponse logique, c'est: oui, ça devrait, puisque le doublement par an des cyclones, plus l'érosion du littoral de la Louisiane et des îles du littoral qui servaient de protection contre les cyclones, tout cela est lié à la fois à l'urbanisation excessive de la côte, mais aussi au réchauffement du climat. Logiquement, donc, on devrait s'attendre à une révision de la politique américaine. Malheureusement, les Américains n'ont pas pris conscience de l'importance de ce phénomène, et les derniers sondages réalisés par le German Marshall Fund montrent que pour les Européens, la lutte contre le réchauffement de la planète est une priorité ; mais pour la majorité des Américains, encore aujourd'hui, ce n'est pas du tout le cas. Bush ne sera donc pas poussé par l'opinion publique à changer son comportement vis-à-vis des accords de Kyoto. Je pense que les Américains ne font pas le lien explicitement entre ce qui s'est passé en Louisiane et le réchauffement de la planète. Pour eux, c'est plutôt un problème très concret de ressources insuffisantes pour consolider les digues des rivières ou des canaux, comme les Pays-Bas ont su le faire pour leurs grandes villes qui sont au-dessous du niveau de la mer, comme Rotterdam. Même chose pour Venise. Pour les Américains, la solution, c'est plus de grands travaux fédéraux, le type de grands travaux que Bush ne voulait plus faire. Ce qui veut dire que l'idéologie bushienne: "moins il y a de gouvernement, mieux on se porte", n'a plus aucun sens aujourd'hui. On revient à l'ère du "big government" et à la redécouverte de l'avantage d'un Etat interventionniste comme l'avait conçu Franklin Roosevelt au moment du New Deal.

Dmx: Certains journalistes américains semblent préoccupés par l'image d'une Amérique faible et raciste mise en lumière par Katrina. Cette préoccupation est-elle partisane (la gauche, les démocrates) ou est-elle plus largement partagée par les Américains ?
Denis Lacorne:
Les Américains ne sont pas dupes du fait qu'il y a toujours du racisme, des inégalités profondes. Mais on en parlait moins parce que les médias n'étaient pas focalisés sur les quartiers pauvres, les personnes en difficulté. Mais c'est quelque chose qui revient dans l'actualité tous les trois-quatre ans en cas de crime, d'émeute urbaine... Mais du point de vue extérieur, il est vrai que le mythe d'une Amérique progressiste, forte, sans ségrégation est un mythe. Ce mythe est aujourd'hui détruit, et l'antiaméricanisme ne peut que remonter dans l'opinion publique internationale. Je dirais même à juste titre, car il n'est pas anormal de critiquer de façon très sévère un gouvernement qui n'a pas su faire face et qui n'a rien fait pour aider les plus démunis. Au grand choc de journalistes anglais de la BBC qui, venant sur place, découvraient la présence de soldats et de gardes nationaux hyper-armés, mais il n'y avait pas un seul médecin, pas de tente de la Croix-Rouge, et ces soldats hyper-armés étaient face à des malades, et non pas à des ennemis.

H2o:Quels enseignements en tirer pour l'Europe ?
Denis Lacorne:
Si on compare l'Europe et les Etats-Unis, des pays comme les Pays-Bas ont su se protéger en fortifiant leurs digues. Les digues qui protègent les villes des Pays-Bas sont de deux à trois fois plus élevées et plus solides que les digues des rivières et des canaux de La Nouvelle-Orléans. C'est l'exemple même d'une bonne politique de prévention. Mais on est toujours à la merci, bien sûr, d'une catastrophe de grande ampleur, un grand tremblement de terre par exemple, qui détruirait une grande ville en France, en Espagne ou au Portugal, qui créerait une situation très difficile à laquelle nous ne sommes pas, peut-être, tout à fait préparés. Mais une comparaison utile, ces jours-ci, c'est de voir comment en Suisse, en France, en Allemagne, se comportent nos gouvernements lorsqu'il y a de grandes inondations. Les résultats sont-ils meilleurs ? La prévention est-elle meilleure ? Je pense que oui, mais cela mériterait une comparaison approfondie.

Dmx: Certains avaient prédit que la mondialisation n'allait pas enrichir les pays pauvres, mais créer à l'intérieur des pays riches des zones de type tiers-monde. Pensez-vous que Katrina a montré la justesse de cette prédiction ?
Denis Lacorne:
La pauvreté du sud des Etats-Unis n'est pas la conséquence de la mondialisation. Ou plutôt c'est la conséquence d'une mondialisation que l'on a oubliée, celle du XVIIIe siècle et du début du XIXe, avec le trafic des esclaves, utilisés dans les grandes plantations du sud des Etats-Unis, dont l'activité principale était l'exportation du coton, du tabac, etc. La pauvreté du Sud et des anciens esclaves est la conséquence d'une globalisation très ancienne qui n'a plus aucun rapport avec la globalisation d'aujourd'hui. Mais il faut bien comprendre qu'aux Etats-Unis, les blocs de pauvreté, ce n'est pas seulement Harlem à New York, c'est la plupart des Etats du Sud, et surtout de la région du Mississippi, dont l'économie n'est pas assez diversifiée. Les deux seules activités de la Louisiane, par exemple, sont le tourisme et les activités portuaires. Les ports qui exportent les produits agricoles que l'on fait descendre par péniche sur le Mississippi. C'est une économie qui ne favorise pas les emplois intermédiaires et l'éclosion d'une classe moyenne.
Le vrai changement aux Etats-Unis, c'est qu'enfin tous les Américains, et de nombreux républicains, sont sortis du patriotisme mou issu du 11-Septembre et ont retrouvé – un peu tard – leur esprit critique à l'égard d'un président qui fut favorisé par le sort et qui, aujourd'hui, doit faire face à une infortune qui n'était pas imprévisible mais a révélé la faillite des experts.

Chat modéré par Constance Baudry et Martine Jacot
LEMONDE.FR | 07.09.05 | 17h38


Le Monde / France
M. Sarkozy: "Voir la France telle qu'elle est, pas telle qu'on la rêve"

 Q uel bilan faites-vous des cent jours du gouvernement auquel vous appartenez ?
Un gros travail a été engagé même si je n'ai pas la fascination des anniversaires ni des dates. En tant que président de l'UMP, j'ai fait le choix politique de participer au gouvernement. Je ne le regrette pas. C'est un travail utile et le fait que le président du principal parti de la majorité en fasse partie est un gage d'unité pour cette majorité. C'était le choix nécessaire.

Selon vous, le gouvernement avance-t-il dans le bon sens et à une vitesse suffisante ?
Il fait le maximum dans le cadre des marges de manoeuvre qui sont les siennes. Le débat sur le rythme et l'ampleur des réformes a eu lieu dès avant 2002. Je pensais qu'il fallait un projet pour gagner l'élection présidentielle. Je le pensais hier. J'en suis plus convaincu encore aujourd'hui.
Ensuite se sont produits le choc du 21 avril 2002, le séisme d'avril 2004 quand la majorité a perdu vingt régions sur vingt-deux, et enfin, le vote des Français au référendum et la victoire du non. Les réponses à ces trois crises politiques n'ont pas encore été apportées. Dans ces conditions, la question du rythme et de l'importance des réformes reste l'un des enjeux de la présidentielle de 2007. Je suis convaincu que la France n'est pas réactionnaire et que les Français espèrent un changement profond dans la façon de concevoir la politique.

Vous prônez la rupture avec les politiques menées depuis trente ans. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ?
La rupture, c'est un discours de vérité: regarder la France telle qu'elle est, non pas telle qu'on voudrait qu'elle soit, telle qu'on la rêve. Le statut d'un pays n'est pas seulement fonction de son histoire mais des efforts qu'il fait pour mériter ce statut.
La France ne peut s'exonérer des efforts qu'ont faits les autres pays. Notre système d'intégration est en panne, notre économie perd de la compétitivité, notre ascenseur social fonctionne moins bien qu'il y a cinquante ans. Depuis que j'ai lancé moi-même ce débat, plus personne ne considère que la réalité sociale de notre pays soit conforme à son idéal.
Nous ne pouvons nous abstenir de regarder ce qui marche ailleurs: la Finlande est parvenue à remettre les seniors au travail, aux Pays-Bas moins de 5% des jeunes sont au chômage, la Grande-Bretagne est en situation de plein emploi. Il n'y a aucune raison pour que la France n'y parvienne pas. Qui pourrait me reprocher de souhaiter le meilleur pour la France ?

En Allemagne, la candidate de la CDU, Angela Merkel, pourrait devenir chancelier, le 18 septembre prochain. Elle propose des réformes économiques radicales. Etes-vous prêt à aller aussi loin qu'elle ?
Je m'inscris en faux contre le mot de "radical". Il porte en soi la notion d'excès. Or c'est parce que la réforme vient à temps qu'elle ne sera pas radicale. On ne peut vouloir l'Europe, parler de la gémellité entre l'Allemagne et la France et considérer que l'on pourrait être sur un rythme de réforme différent.
La Cour suprême allemande a décidé depuis longtemps que les Allemands ne devaient pas payer plus qu'un certain niveau d'impôt. Comment imaginer que la France puisse s'exonérer d'une règle qui concerne 82 millions d'Allemands ?
C'est la raison pour laquelle je propose qu'aucun Français ne paye en impôt plus de 50% des revenus de son travail et que cet objectif ait une valeur constitutionnelle.

Cela ne suppose-t-il pas de rompre avec un certain niveau de solidarité ?
C'est tout l'inverse. Qui peut affirmer qu'on peut rester avec le système social le plus généreux du monde et les contreparties les plus faibles ? Ne pas imposer un minimum d'activité à quelqu'un qui bénéficie d'un minimum social ce n'est pas un acquis social, c'est une erreur doublée d'une lâcheté. Ne pas imposer qu'après un certain nombre de refus d'un emploi, un chômeur garde tous ses avantages, c'est une erreur doublée d'une même lâcheté. Il faut assurer aux Français qui travaillent et qui financent le système que celui qui en bénéficie fait des efforts pour s'en sortir.

Mais que faire de ceux qui sont les "largués" du système ?
Les aider massivement pour qu'eux aussi puissent réussir. Il faut rendre la réussite accessible à tous ceux qui la méritent. Elle n'est pas un dû qu'on vient chercher à un guichet mais un droit que l'on obtient par son travail. C'est cela le nouveau modèle français que j'appelle de mes voeux et c'est cela qui créera la richesse collective dont nous avons besoin.
Prenons l'exemple de la prime pour l'emploi ? C'est une bonne idée, une bonne mesure. Mais faut-il donner 25 euros à 8 millions de personnes ou davantage à moins de gens ? Le problème est que la France refuse de faire des choix. Je crois qu'il faut être capable de donner plus à celui qui a moins et qui cumule le plus de handicaps. Cela s'appelle la discrimination positive à la française.

On dit pourtant que la France est rétive aux réformes et que le risque de blocage est réel...
C'est faux. C'est parce que l'on a trop souvent fait des réformes à doses homéopathiques qu'on en a tous les inconvénients sans les avantages. La France n'est pas réactionnaire. Nos compatriotes ne craignent pas le changement, ils l'attendent.
L'avenir est devenu une menace alors qu'il était une espérance. Une société qui vit avec cette impression ne peut être une société de croissance. Or, la question économique n'est pas uniquement celle de la distribution des richesses mais aussi celle de leur création.
Ces discours sur la solidarité nationale, sur la politique sociale, sont devenus vides de sens puisque les Français voient au quotidien que les injustices ne cessent de progresser. Et ce n'est pas le Parti socialiste qui va lutter contre cela puisqu'ils sont les nouveaux conservateurs. Ils incarnent la France de la glaciation.

Est-ce un risque d'être identifié comme un "libéral" ?
Je ne suis pas réductible à la seule doctrine libérale, ni même à la seule droite. Si le PS était encore une force de progrès, il aurait défendu la discrimination positive depuis longtemps. S'il avait un minimum de colonne vertébrale, il aurait eu le courage de supprimer la double peine avant que je ne le fasse.
Il y a longtemps qu'un homme de gauche aurait dû se lever pour dire que la France n'est pas que catholique mais multiple. Mes convictions sont simples: pas d'immobilisme, du pragmatisme, pas de vision hexagonale, de l'efficacité pour faire reculer les injustices. Là-dessus, j'irai jusqu'au bout et sans compromis.

Votre position critique sur la politique menée, tout en étant membre du gouvernement, est-elle compréhensible pour les Français ?
Le fait d'être au gouvernement ne doit pas empêcher de débattre. Je soutiens ce gouvernement auquel je participe loyalement. Mais, en tant que président de l'UMP, je parle pour un avenir qui va au-delà des dix-neuf mois qui viennent et qui bornent l'horizon du gouvernement. Par ailleurs, j'ai une appréciation critique sur ce qui se fait depuis trente ans. Que devrais-je faire ? Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre ?

Mais durant ces trente années que vous décriez, vous avez été ministre à plusieurs reprises ?
Que voulez-vous me faire dire ? Que je suis coresponsable ? Eh bien oui. Je ne m'exonère pas de mes responsabilités mais vous ne pouvez pas me faire le reproche de dire "attention casse-cou".
Je ne veux pas être le plus petit dénominateur commun de l'UMP. J'ai la liberté et le devoir de penser et de préparer les combats de 2007 pour la famille que je préside. Il n'y a là aucune contradiction avec mon rôle de ministre. Avec Dominique de Villepin, on a fait le choix de travailler ensemble. C'est ce que nous faisons dans un climat amical et confiant.

Mais vous êtes concurrents...
Où est le problème ? Je ne peux pas dire la concurrence c'est mauvais pour moi et bon pour les Français. Je ne suis pas à la tête d'un clan ou d'une secte mais d'une famille diverse que j'ai l'ambition de continuer à agrandir.

Vous paraissez pourtant déstabilisé par l'émergence de Villepin en possible candidat ?
Pas le moins du monde. Voilà trente ans que je suis en concurrence. Aujourd'hui, le petit jeu c'est Villepin et moi. Nous ne sommes pas dupes, ni lui ni moi. Je ne suis pas assez naïf pour croire que la presse allait écrire la chronique d'un succès annoncé.
Tous ceux qui pensent à la présidentielle doivent savoir que c'est une longue marche. Ils doivent l'affronter avec sérénité et avec le sens du temps. La presse est dans l'immédiateté: vous avez un journal à faire pour le lendemain. Moi j'ai une perspective à tracer et des choses à dire pour l'avenir de la France et la vie quotidienne des Français.

Le président est hospitalisé mais les Français n'ont pas d'informations précises sur sa santé. Si vous étiez élu à l'Elysée, vous engageriez-vous à plus de transparence ?
C'est un sujet sur lequel je ne peux m'engager, parce que c'est moi, parce c'est lui et parce que c'est maintenant. Je ferai des propositions sur la modernisation de la politique au printemps 2006.

Son problème de santé élimine-t-il l'hypothèse de sa candidature en 2007 ?
Non.

Cela vous oblige-t-il à retenir votre critique à son endroit ?
Là où vous voyez des critiques, je ne vois que des convictions. La vie politique en a bien besoin.

Propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Eric Le Boucher, et Philippe Ridet
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / France
L'Elysée dément que le président souffre de troubles de la parole

 L a communication sur la santé de Jacques Chirac, hospitalisé au Val-de-Grâce pour un accident vasculaire cérébral depuis le vendredi 2 septembre au soir, fait l'objet d'un contrôle très étroit de l'Elysée. "Tout se passe comme prévu dans la ligne exacte du communiqué d'hier. Cela ne justifie donc pas un communiqué spécifique aujourd'hui ", a déclaré, mardi 6 septembre, Anne Robert, le médecin responsable de la communication du service de santé des armées, qui mentionnait lundi "une évolution très favorable" de la santé du président.

Le président du Conseil de l'ordre des médecins, Jacques Roland, a pris cependant ses distances avec cette communication officielle, dans La Croix du mercredi 7 septembre: " Pour moi, ces communiqués n'émanent pas des médecins qui soignent le chef de l'Etat. (...) Ces communiqués, présentés comme médicaux, sont en réalité des textes mis au point par le patient, ses proches et ses conseillers", déclare-t-il. M. Roland ajoute que " nous ne sommes plus dans la communication médicale mais le filtrage d'informations d'origine politique".

"RIGUEUR MÉDICALE"

Le ministère de la défense, dont dépendent les médecins militaires du Val-de-Grâce, averti de cette prise de position par une dépêche de l'AFP, mardi soir, a réagi à 22h55: " Les communiqués sur l'état de santé du président de la République ont respecté l'exigence de rigueur médicale." Ils ont été "établis par l'hôpital du Val-de-Grâce", assure le ministère de Michèle Alliot-Marie, " à la demande expresse du patient".

En fait, trois personnes seulement, en dehors de sa proche famille et des médecins, ont vu le président depuis son hospitalisation: le secrétaire général de l'Elysée, Frédéric Salat-Baroux, le conseiller diplomatique, Maurice Gourdault-Montagne, le premier ministre, Dominique de Villepin. Celui-ci, a indiqué l'Elysée, s'est entretenu avec le président mardi soir par téléphone. Ils se sont vus, mercredi matin, avant le conseil des ministres qui se tient à Matignon.

RTL mentionnait, lundi 5 septembre, des informations selon lesquelles "vendredi soir, le président -souffrait- de très légers troubles de la parole" (symptôme qui témoignerait alors d'une certaine gravité de l'accident vasculaire cérébral). Lundi, l'Elysée se refusait encore à infirmer ou à confirmer officiellement cette information, se retranchant derrière les communiqués médicaux.

Mercredi matin, cependant, devant l'extension de la rumeur, l'attachée de presse du président Agathe Sanson, explique: "Ce qu'il y a dans les communiqués est la seule information valable. Il y avait des troubles de la vision. Il n'y a aucun autre trouble."

Le président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, ami du président, n'a toujours pas parlé au chef de l'Etat. Contacté à plusieurs reprises, l'entourage du président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré, n'a pas répondu à la question de savoir si ce très proche du président lui avait parlé directement.

Mardi, l'Elysée s'était attaché à faire connaître en détail la teneur d'une conversation de 45 minutes que M. Chirac a eue dans la journée avec le chancelier allemand Gerhard Schröder. Mais ces conversations nécessitent toujours le truchement d'un interprète. Contacté mardi soir, le principal porte-parole du gouvernement allemand, Bela Anda, a renvoyé à ce qu'a rapporté l'Elysée de cet entretien, affirmant qu'"il n'y avait personne à côté du chancelier" au moment de la discussion. Son contenu est "confidentiel" , a-t-il précisé.

La sortie de l'hôpital de Jacques Chirac est toujours programmée pour la fin de la semaine. A l'Elysée, on affirme préparer comme prévu le voyage que doit effectuer le président à New York, du 13 au 15 septembre. Mais on explique qu'en fin de semaine, "ce sont les médecins qui décideront s'il peut prendre l'avion".

Béatrice Gurrey avec Antoine Jacob à Berlin
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / International
Les leaders noirs récusent le terme de "réfugiés" pour qualifier les sinistrés en quête d'abris
NEW YORK de notre correspondante

 L e président Bush a ostensiblement donné raison, mardi 6 septembre, aux responsables africains-américains qui protestent contre l'utilisation du terme de "réfugiés" pour désigner les habitants qui ont perdu leur maison. "Ce ne sont pas des réfugiés", a dit le président, en recevant des responsables d'associations caritatives, "ce sont des Américains" . Le 3 septembre, M. Bush avait été accusé par le rappeur Kanye West d'avoir tardé à secourir les sinistrés de La Nouvelle-Orléans et de "se moquer des Noirs" , lors d'un concert de solidarité télévisé en direct.

La querelle de sémantique a commencé quand les médias ont utilisé le terme de "réfugiés" à propos des sans-abri qui campaient dans le stade du SuperDome. Le terme n'est pas correct, selon la définition juridique (pour être réfugié, il faut se trouver en dehors de son pays et craindre d'y retourner), mais s'il a choqué les leaders noirs, c'est parce qu'ils le trouvent chargé d'une connotation "péjorative".

Le révérend Jesse Jackson l'a jugé "raciste". Le révérend Al Sharpton l'a lui aussi condamné: "Ce ne sont pas des réfugiés errant quelque part en attendant la charité, mais des citoyens de Louisiane et du Mississippi payant leurs impôts. Ils sont les victimes de la négligence et d'une situation dans laquelle ils n'auraient jamais dû se trouver."

Depuis, les envoyés spéciaux prennent soin de parler de "déplacés" ou d'"évacués" . Les sans-abri sont plusieurs centaines de milliers. Au moins 273 600, selon un bilan provisoire. Ils sont progressivement dispersés de plus en plus loin du golfe du Mexique, dans seize Etats américains.

Mardi, la télévision a montré des survivants arrivant en avion dans tout le pays, de San Diego – où le gouverneur de Californie a proposé d'en héberger un millier – à Washington, où 290 ont été installés dans l'ancienne armurerie qui abrite la Garde nationale. L'agence des secours d'urgence, la FEMA, essaie de les reloger dans des caravanes, des installations militaires ou des hôtels. Les défis sont monumentaux. Plusieurs dizaines de milliers d'enfants doivent être scolarisés. Des milliers de personnes âgées doivent pouvoir recevoir leur retraite. Au Texas, ils sont 240 000, dont 22 000 sur des lits de camp dans le stade de l'Astrodome à Houston et 16 000 à Dallas. Un projet d'hébergement de 4 000 personnes sur des bateaux de croisière a tourné court, les réfugiés n'avaient pas envie de se retrouver sur l'eau.

Les initiatives individuelles sont nombreuses. L'ancien vice-président Al Gore a payé un charter d'American Airlines pour convoyer, dimanche, tout un groupe dans son Etat du Tennessee. Un homme d'affaires a loué un Boeing 737 pour amener 80 déplacés à San Diego, où leur ont été offertes 4 nuits dans un hôtel de luxe. 150 000 lits ont été offerts par l'intermédiaire d'un site créé par l'association anti-Bush Moveon.org.

Dans ce contexte charitable, Barbara Bush, la mère du président, s'est fait remarquer par un commentaire décalé. Visitant l'Astrodome de Houston, elle a indiqué que l'hospitalité texane était appréciée. "Ce que j'entends, et cela fait presque peur, c'est qu'ils veulent tous rester au Texas", a-t-elle dit. Malgré les conditions de précarité ? "Vous savez , une grande partie des gens qui sont ici étaient des déshérités de toute façon, alors cela leur convient très bien."

Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / International
Le rapport Volcker attaque la gestion de l'ONU

 L' Organisation des Nations unies a besoin d'une profonde et urgente réforme, ainsi que d'importants moyens de contrôle financiers, si elle souhaite éviter que ne se reproduisent les "pratiques de corruption illicites et contraires à l'éthique" qui ont eu lieu dans le cadre du programme "Pétrole contre nourriture" mis en place pour l'Irak, estime la commission chargée d'enquêter sur les failles de ce projet.

Après un an de travail, cette commission indépendante dirigée par l'ancien président de la Réserve fédérale (banque centrale américaine), Paul Volcker, a dévoilé, mardi 6 septembre, quelques-unes des conclusions du rapport qu'elle présentera, mercredi, dans leur intégralité.

Elle affirme notamment que l'ONU n'est pas préparée pour gérer des opérations de l'ampleur de "Pétrole contre nourriture". Un programme qui a fonctionné entre 1996 et 2003 et qui devait permettre à l'ancien président irakien, Saddam Hussein, de vendre du pétrole, malgré l'embargo, pour pouvoir acheter médicaments et nourriture pour la population éprouvée par les sanctions décidées en 1990. "Il manquait un cadre adéquat de contrôle et d'audit (...) Il y a des exemples de corruption au niveau de la direction comme au niveau du personnel sur le terrain" peut-on lire dans la préface du rapport, diffusée sur Internet.

Le document semble exonérer de tout manquement à l'éthique le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, mais il le rend, en revanche, responsable de "déficiences de gestion" . A en croire les conclusions de la commission, un des problèmes majeurs du programme est, en effet, que personne n'en était vraiment aux commandes. Pas plus le Conseil de sécurité, censé le superviser, que le secrétariat de l'ONU, que les agences onusiennes ou que l'Assemblée générale.

Ces carences auraient permis à Saddam Hussein d'exploiter le programme et de profiter de la "corruption généralisée" au sein d'entreprises privées, sur laquelle reviendra la commission dans un rapport en octobre.

Par ailleurs, selon une enquête conjointe des quotidiens britannique et italien, Financial Times et Il Sole 24 ore, rendue publique mercredi, Kojo Annan, le fils du secrétaire général de l'ONU aurait perçu plus de 750 000 dollars de la part de firmes pétrolières, liées au scandale "Pétrole contre nourriture". L'avocat de Kojo Annan a opposé un démenti. –

(AFP, Reuters.)
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / Régions
Le gouvernement a caché l'existence des cultures commerciales d'OGM

 L e gouvernement a-t-il délibérément organisé le secret autour des cultures commerciales de maïs transgénique en France, ou s'est-il montré incapable de les contrôler ? La question se pose après la révélation par Le Figaro du 6 septembre que près de 1 000 hectares de maïs transgénique étaient exploités dans le sud-ouest de la France.

Canada: procès pour contamination au colza

Un problème majeur posé par les cultures transgéniques est le risque de contamination des champs voisins cultivés de manière conventionnelle ou en agriculture biologique. Au Canada, où le colza est dans une très grande proportion transgénique, un millier d'agriculteurs biologiques ont déposé une plainte contre Monsanto et Bayer, qui commercialisent les semences de colza transgénique. La plainte a été jugée recevable le 30 août par la cour d'appel de l'Etat du Saskatchewan, dans l'ouest du pays. "Le cas soulève des points de droit nouveaux et potentiellement controversés" , a indiqué le juge Cameron. "La question n'est pas mineure, elle concerne l'indépendance et la survie de tous les paysans du monde" , affirme Dale Baudoin, un des plaignants.

En France, les conditions de coexistence entre cultures OGM et non OGM doivent être réglées par le projet de loi annoncé pour la fin de l'année. La question de la responsabilité des producteurs en cas de contamination devrait être alors une des questions les plus discutées.

Un comité de biovigilance, instauré en 1999 par l'article L 251-1 du code rural, est en effet "chargé de donner un avis sur les protocoles de suivi de l'apparition éventuelle d'événements indésirables" pouvant intervenir lors de la dissémination d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Le texte dispose aussi que "la traçabilité des produits doit être assurée soit par suivi du produit, soit par analyse" . Mais le comité n'a pas été informé de l'ampleur des cultures commerciales lors de sa dernière réunion en mai. "Rien n'a été dit sur ce qui était planté cette année" , dit Arnaud Apoteker, qui représente Greenpeace dans cette instance. "Le comité n'est pas censé être informé des cultures commerciales" , indique-t-on au ministère de l'agriculture. "Au contraire, le comité provisoire était censé travailler sur l'impact des OGM commercialisés" , contredit Pierre-Henri Gouyon, chercheur à l'université d'Orsay (Paris-XI) et membre du comité. Le flou règne de toute façon en la matière, puisque le décret prévu pour organiser le fonctionnement définitif du comité n'a jamais été publié.

Le public n'est pas mieux informé que les experts par l'administration. Le site Internet gouvernemental d'information du public (www.ogm.gouv.fr) indique que "moins de 100 ha d'OGM sont cultivés en France".

PAS DE REGISTRE PUBLIC

Plus généralement, le gouvernement n'a pas appliqué les dispositions de la directive européenne 2001-18 régissant les disséminations d'OGM, qui impose qu'un registre public des cultures transgéniques soit tenu, ce qui suppose une déclaration obligatoire des cultures. Il est vrai que la France n'a toujours pas transposé cette directive – elle aurait dû le faire en 2002 –, ce qui lui a valu plusieurs remontrances de la part de la Commission européenne et une condamnation le 15 juillet 2004 par la Cour de justice des communautés européenne.

Le paradoxe est cependant que les cultures commerciales de maïs transgénique pourraient être considérées comme légales. Le maïs planté en 2005 est en effet une variété contenant le transgène MON 810 de la firme Monsanto. Or celui-ci a été autorisé en 1998, avant que l'Europe adopte un moratoire en 1999 (levé en 2004) et la nouvelle directive 2001-18. C'est le même maïs, résistant à un insecte, la pyrale, qui est cultivé en Espagne, sur 60 000 hectares, où il n'est pas destiné à l'alimentation humaine mais à celle du bétail. Cependant, il ne semble pas qu'un dispositif de traçabilité de ce maïs soit prévu en France.

Le secret de ces cultures commerciales a provoqué de vives réactions chez les élus et les associations concernés. Certes, 1 000 ha semblent peser peu relativement aux quelque 3 millions d'ha de maïs cultivés en France. Mais c'est près de vingt fois plus que les 50 ha cultivés à fin d'expérimentation, sur lesquels le débat public s'est focalisé depuis deux ans. Pour Philippe Martin, député (PS) du Gers, "c'est le triple principe de risque, de prolifération et d'opacité qui est appliqué dans le domaine des cultures commerciales d'OGM". "En l'absence de toute réglementation stricte et de tout régime d'indemnisation, l'Etat doit se poser la question de leur neutralisation" , ajoute M. Martin, d'autant plus "choqué" que son projet de référendum d'initiative populaire sur les OGM, qu'il envisage dans son département, est bloqué par le préfet et le tribunal administratif.

Martin Malvy, président (PS) de la région Midi-Pyrénées, se dit "inquiet et en colère": "Nous ne pouvons accepter cette promiscuité transgénique qui peut remettre en cause la politique agricole de la région, reposant sur la traçabilité de produits agricoles de qualité. La contamination par les OGM fait peser une menace sur une large part de notre filière agricole" , déclare- t-il au Monde . Christian Ménard, député (UMP) du Finistère et rapporteur de la mission parlementaire qui a recommandé, en avril, une pause dans les essais d'OGM, indique qu'il n'avait "aucune connaissance de ces cultures". "Il faut la plus grande transparence, sinon on n'arrivera à rien" , précise-t-il.

Quant aux faucheurs volontaires, ils sont surpris de l'ampleur des cultures commerciales en France. "Cette information survient quelques jours avant le début de plusieurs procès. Les procureurs vont attaquer l'illégalité des faucheurs alors que le gouvernement lui-même organise des cultures hors-la-loi" , dit José Bové, leur porte-parole.

Du côté gouvernemental, la réaction a été réduite à un communiqué du ministère de l'agriculture, reconnaissant les cultures sur "492,8 ha" . Il annonce un projet de loi qui sera présenté au Parlement cet hiver. Visant à transposer la directive 2001-18, le projet "rendra obligatoire la déclaration de mise en culture" , "permettra d'adopter des mesures de coexistence" avec les cultures non OGM, et donnera au ministre de l'agriculture "le pouvoir d'adopter par voie réglementaire les conditions d'information du public" .

Hervé Kempf
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / Régions
Agriculteur dans le Gers et président de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM)
Trois questions à Christophe Terrain

 A griculteur dans le Gers et président de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM), avez-vous été surpris par la révélation selon laquelle plus de 1 000 hectares de maïs transgénique seraient cultivés en France ?

Non. Nous sommes un peu les animateurs de ce dossier. A la suite de trois années d'expérimentation sur la coexistence du maïs OGM et non-OGM, entre 2002 et 2004, nous avons formulé un cahier des charges. Des producteurs nous ont sollicités afin d'utiliser ce guide de coexistence des filières.

Il s'agit essentiellement d'exploitations du Sud-Ouest, plutôt en culture irriguée. C'est une demande qui correspond à une phase expérimentale, venant d'agriculteurs qui veulent lutter contre des ravageurs, la pyrale et la sésamie, et utilisent à cet effet des variétés transgéniques produites par Monsanto, mais aussi par Pioneer. Celles-ci sont inscrites au catalogue européen et leur culture est parfaitement légale.

Les semences proviennent d'Espagne. Et c'est en Espagne que les agriculteurs avaient des débouchés pour cette production, uniquement destinée à l'alimentation animale. Il y a là-bas une filière OGM bien établie, avec 60 000 hectares cultivés en 2005.

Pouvez-vous préciser l'ampleur exacte de ces pratiques en France et leur mode d'encadrement ?

Nous n'avons pas les moyens d'en mesurer l'étendue totale. Mais il s'agit généralement de parcelles de 5 hectares, qui couvrent un vingtième de la surface d'une exploitation, et situées au coeur de celles-ci, pour éviter les problématiques liées au voisinage.

Le cahier des charges prévoit l'information de l'environnement immédiat – les stockeurs, coopératives et négociants, mais aussi les voisins et le comité de biovigilance du ministère de l'agriculture. C'est ce qui aboutit à l'estimation de 500 ha cultivés. Mais cette procédure déclarative est volontaire.

Le guide préconise aussi un nettoyage du matériel et des installations dédiées. Au niveau des pratiques agricoles, il prévoit des zones tampon limitées de 10 mètres entre parcelles OGM et conventionnelles, afin d'éviter les contaminations.

Est-ce que cette révélation vous arrange ?

Nous sommes agacés que la législation ait toujours un temps de retard. A huit jours de notre congrès national sur le maïs, les producteurs sont préoccupés par d'autres questions que les OGM, comme l'irrigation, les charges liées à la hausse du carburant et des marchés déprimés.

Mais le dossier OGM les intéresse aussi. Et la transposition de la directive 2001-2018 sur la coexistence des filières tardait. Peut-être les choses se feront-elles plus rapidement, mais peut-être aussi de façon plus passionnée.

Propos recueillis par Hervé Morin
Article paru dans l'édition du 08.09.05


Le Monde / France
L'Elysée prépare la sortie d'hôpital de M. Chirac

 V ous le verrez. Vous le verrez en pied, vous vérifierez qu'il parle ! Il ne se contentera pas d'agiter une main par la fenêtre" : jeudi 9 septembre, le service de presse de l'Elysée, confirmant la sortie de Jacques Chirac du Val-de-Grâce pour vendredi ou samedi, a assuré que le président ne sortirait pas à la sauvette de l'hôpital militaire. Il y avait été admis en urgence, dans le plus grand secret, vendredi 2 septembre dans la soirée, après un accident vasculaire cérébral.

Après avoir maintenu le flou autour de la santé du président, et imposé la publication de communiqués médicaux laconiques publiés par le Val-de-Grâce, l'Elysée doit faire face aujourd'hui à bon nombre d'interrogations et de rumeurs.

Jean-François Copé, le porte-parole du gouvernement, interrogé jeudi matin sur Europe 1, a donc tenté de désamorcer l'inquiétude : "Je vous confirme que le président s'est rétabli vite, qu'il va bien, que sa sortie est prévue effectivement d'ici à la fin de la semaine, dans des délais très courts, maintenant."

Interrogé sur le caractère imprécis d'informations médicales diffusées jusque-là avec parcimonie, le ministre a affirmé que le chef de l'Etat a été "très attentif à ce que les communiqués diffusés par les autorités médicales du Val-de-Grâce donnent très précisément l'état des choses" . Mais il a répété que le secret médical doit être applicable à Jacques Chirac "comme à n'importe quel patient". Pour autant, "les Français ont le droit de savoir exactement si le président est en situation d'exercer pleinement ses fonctions. En l'occurrence, cela a été le cas."

Enfin, M. Copé a déploré "qu'un certain nombre de rumeurs aient été au-delà de l'indécence." "Ce qui compte, ce sont les faits, a-t-il ajouté. Le président va tout à fait bien."

"COMME UN LION EN CAGE"

L'Elysée, qui s'est appliqué depuis le week-end dernier, à montrer que le président continuait à travailler, tandis que le Val-de-Grâce faisait état d'une amélioration constante de sa santé, paraît avoir désormais compris que l'absence, physique et en image du président, ne pouvait durer trop longtemps.

Déjà, mercredi, interrogé par Le Monde, le service de presse de l'Elysée a consenti à être un peu plus précis et à démentir au moins les rumeurs qui circulent maintenant dans les milieux politiques. "Ce qu'il y a dans les communiqués est la seule information valable, a affirmé Agathe Sanson, chef du service de presse de l'Elysée. Il y avait des troubles de la vision. Il n'y a aucun autre trouble", répondant ainsi à une rumeur évoquée sur les radios selon lesquelles le président aurait souffert à son arrivée à l'hôpital, vendredi 2 septembre, de possibles troubles de l'élocution.

Interrogés par Le Monde mercredi, sur le point de savoir si la presse pourrait finalement voir le président à sa sortie, les collaborateurs du chef de l'Etat ont d'abord répondu qu'ils ne cherchaient "ni à instrumentaliser, ni à cacher" l'événement.

Pour sa sortie, prévue dans les 48 heures, l'équipe présidentielle assure cependant qu'elle se refusera à "en faire une mise en scène."

Mais elle ne cesse désormais de laisser entendre que le président, pratiquement rétabli maintenant tournerait "comme un lion en cage", pressé de sortir au plus vite de l'hôpital. Téléphoner, écrire, regarder la télévision, écouter la radio, ou recevoir pour des entretiens de travail ses deux plus proches collaborateurs, le secrétaire général de l'Elysée Frédéric Salat-Baroux ou son conseiller diplomatique Maurice Gourdault-Montage, ou le premier ministre Dominique de Villepin, ne lui suffirait bientôt plus. "Il va falloir trouver à l'occuper", glisse ses collaborateurs depuis deux jours.

On ne sait toujours pas cependant si le président pourra se rendre au sommet de l'ONU, à New York du 13 au 15 septembre.

Béatrice Gurrey
Article paru dans l'édition du 09.09.05


Le Monde / Opinions
Editorial
La France à son rang, par Jean-Marie Colombani

 A u lendemain du cruel et cuisant verdict du référendum sur la Constitution européenne, qu'il avait organisé et qu'il a perdu, Jacques Chirac avait annoncé au pays des jours "difficiles".

Les difficultés commencent à poindre, en effet ; le malheur est que le chef de l'Etat y contribue plus que de raison. Il aura suffi d'un "pépin de santé" – selon l'expression du premier ministre – pour que s'installe un mode de direction dynastique, tout entier ordonné en vue de la mise en scène et en place d'un "dauphin".

Le moment le plus spectaculaire en sera le face-à-face à l'ONU entre Dominique de Villepin et George Bush, formidable anticipation du souhait présidentiel de choisir lui-même son successeur.

L'objection vient immédiatement : ce n'est tout de même pas la faute de Jacques Chirac si, malade, il demande au premier ministre de le suppléer. Sauf que cette mise en place progressive du dauphin n'est jamais qu'accélérée par l'épisode médical subi par le chef de l'Etat. S'installe donc progressivement une situation politique confuse qui n'est pas la bienvenue, au moment où précisément il faudrait prendre à bras-le-corps les "difficultés" du pays, amplifiées par le non au référendum. Il n'est jamais bon d'organiser l'incertitude politique au moment où il faudrait convaincre le pays d'un effort inédit.

Passons sur le moment tout aussi dynastique qu'a représenté le bref séjour de Jacques Chirac à l'hôpital : l'"information" donnée au pays aurait dû être médicale, elle ne le fut pas, car les médecins – militaires en l'occurrence – ne peuvent être délivrés du secret que par l'intéressé ; à plus forte raison quand ce dernier est aussi chef des armées.

Mais l'essentiel n'est pas là. Il réside plutôt dans ce constat : l'échec du référendum a bel et bien réduit le statut de la France, atténué l'écho de sa voix, bref, abaissé son rang ; et ce durablement. La France, en Europe, n'est plus en mesure d'exercer un leadership que le texte constitutionnel avait aussi pour objectif de restaurer. Une part de la – modeste – conquête de popularité par le nouveau premier ministre s'explique d'ailleurs par une allure et un statut acquis devant l'Assemblée générale des Nations unies qui masquent, par l'image, la réalité de cet abaissement ; quand le président renvoie au contraire à celui-ci.

A cela s'ajoute le fait que la classe politique et, avec elle, le pays tout entier ont perdu le levier pour la réforme qu'ont constitué pendant trente ans les avancées de la construction européenne : désormais, les difficultés comme leurs solutions ne peuvent plus être abordées que de manière directe, sans détours et sans le prétexte de la règle bruxelloise. Et si la France veut un jour à nouveau prétendre à un nouveau leadership en Europe, il lui faudra relégitimer son action à partir de ce qu'elle sera capable de montrer par elle-même : son rayonnement futur dépendra bien davantage de sa capacité à se réformer et à tenir son rang dans la compétition mondiale ; l'échappatoire que constituait l'Europe n'existera plus de la même façon : voilà nos dirigeants seuls face à leurs responsabilités.

De ce point de vue, le premier ministre inscrit son action dans le droit-fil de celle du président de la République, qui n'a cessé de dire qu'il veut "défendre" le modèle français.

Propos consensuel s'il en est, malgré les carences criantes dudit "modèle" : construit en lien direct avec l'emploi, il pénalise désormais l'emploi et n'est plus dirigé vers ceux qui en ont le plus besoin : doit-on rappeler que les morts de la canicule de l'été 2003 auront été, selon toute probabilité, plus nombreux que les victimes américaines du cyclone Katrina ; ou que 30 000 demandes de logement social restent insatisfaites dans la seule région Ile-de-France

Mais les deux plus hauts responsables de l'Etat plaident que la mondialisation privilégie les forts et constitue donc une menace pour la tradition française de solidarité envers les faibles.

Le constat n'est pas faux. La stratégie qu'ils en déduisent l'est largement. Loin de croire qu'il faut "protéger" le modèle et le préserver, il faut au contraire l'adapter, et l'adapter maintenant.

Pourquoi ? D'abord parce que, comme l'a dit Thierry Breton, le modèle n'est plus défendu qu'à crédit. La France a les impôts parmi les plus lourds des pays européens, mais le niveau de la dépense publique est tel que l'Etat doit, en plus, s'endetter année après année. Depuis trente ans, la dette publique a triplé ; l'Etat dépense 25 % de plus qu'il ne gagne. Qui peut prétendre que l'on va pouvoir continuer impunément ?

Ensuite parce que, faute du "cadrage" politique qui lui est nécessaire, l'Union européenne est entrée dans une compétition du moins-disant, qui peut être meurtrière. Seule l'Irlande parmi les Douze menait une politique active d'impôts faibles pour attirer les capitaux.

Parmi les Vingt-Cinq, cette stratégie, parce qu'elle fut payante pour Dublin, s'est généralisée aux pays entrants puis à l'Autriche et maintenant à l'Allemagne. Que Schröder ou Merkel gagne, il en sera de même : Berlin abaissera l'impôt sur les sociétés. La conséquence doit être maintenant comprise pour la France : il lui faudra s'engager elle aussi dans cette voie, sauf à accepter de décrocher.

Le niveau global des recettes de l'Etat va donc, en attendant un hypothétique retour à la croissance, rester limité. Or, les dépenses vont, elles, être aspirées de plus en plus vers des besoins particuliers liés au vieillissement de la population : retraites et santé.

Que restera-t-il pour les autres dépenses de solidarité (chômage, allocations pour les démunis) et pour celles, essentielles, de la sécurité, de l'éducation, de la recherche, de l'infrastructure. Essentielles car de ces biens publics-là dépend directement la "qualité" du pays, ce pourquoi les capitaux peuvent y venir s'investir créant des labos ou des usines, malgré le niveau maintenu élevé des impôts. La France va devoir faire des choix.

C'est ici qu'il faut admettre que la politique de "préservation" du modèle est arrivée à sa limite. Car, au moment où le modèle craque de l'intérieur, financièrement, l'extérieur lui impose de se renouveler et globalement d'élever son niveau d'exigence : il faut d'urgence des efforts dans l'éducation, la recherche, la haute technologie.

Il y a quinze ans, 1,5 milliard d'êtres humains fabriquaient les biens et les services qui nous entourent : chaises, automobiles, nourritures, banques, téléphone... L'arrivée de la Chine et de l'Inde et des autres géants démographiques comme le Brésil, fait passer ce chiffre à 3 milliards.

Cette révolution mondiale nous impose de revoir ce que nous produisons et comment nous le produisons. Et l'aspiration de cette population nouvelle qui fabrique est de s'insérer au plus vite dans cette mondialisation, à rebours de la tentation protectionniste qui s'installe dans nos pays.

Il est temps de lancer une réflexion sur la place que doit être celle de la France : quels secteurs, quelle spécialisation entre la Chine, l'Inde et les Etats-Unis ? Et en conséquence, quel système éducatif, quelles universités, quels financements, quelles infrastructures, quel niveau d'impôts et, bien entendu, quel niveau de solidarité ? Bref, il est temps de remettre à plat les équations françaises.

Déjà, dans cette compétition, la France perd une partie de son élite en même temps que ses capitaux. Elle perd des talents et un peu de sa richesse, autrement dit des entreprises et des emplois et, au passage la base fiscale sur laquelle peut s'appuyer la solidarité envers les plus faibles.

D'autres pays ont pourtant réussi leur transformation, notamment les pays scandinaves ou la Grande-Bretagne, le Canada, la Corée : chacun à sa manière, aucun ne l'a fait en détruisant les fondements de l'État providence. L'immobilisme corporatiste est pour notre "modèle social" un danger bien plus grave.

Qui fera la pédagogie nécessaire ? Qui nous dira que la mondialisation permet à des milliards d'êtres humains de manger et de vivre enfin décemment ? Qu'elle est une chance si nous savons y participer ? Mais qu'elle impose aussi une mutation historique de notre "modèle", et que le monde moderne ne tuera personne sauf ceux qui restent inertes.

J.-M. C.
Article paru dans l'édition du 13.09.05

Découvrez les réactions des abonnés du Monde.fr à la lecture de cet article.

MICHEL U. ♦ 13.09.05 | 20h13 ♦ L'Europe comme échappatoire, comme prétexte pour réformer le pays a largement contribué à l'échec des tentatives d'adapter notre pays aux évolutions economiques.Les réformes stucturelles efficaces passeront par le suffrage universel et la crise qui est devant nous les rendra enfin possibles. Le nom au réferendum n'aura donc pas eu que des effets négatifs.L'élection présidentielle ne semble pas encore être la bonne échéance.
Flying+Frog ♦ 13.09.05 | 19h10 ♦ Je ne suis pas un fan de JMC mais je dois dire que pour une fois il tape assez juste. Pour répartir la richesse, il faut la créer, c'est l'évidence dont le gauche de France pense pouvoir faire l'économie. C'est tout simplement pathétique. N'oubliez pas que Blair n'est Blair que grace à Thatcher...et que les socialistes Suédois sont de talentueux capitalistes. Il ne suffit pas de baver en croyant entendre le mot libéral!
fcccmf ♦ 13.09.05 | 17h39 ♦ Voila que Colombani se met à partager les idées de Le Boucher. Quelle révolution au Monde ! Je m'en réjouis. Il faudra bien un jour que certains lecteurs comprennent que le financement des hopitaux, des écoles (et accessoirement de la SNCF) doit bien venir de quelque part.
Dominique H. ♦ 13.09.05 | 17h36 ♦ Il faudrait que JMC nous explique comment avec moins d'impôts on fabrique plus de solidarité, et comment George W. Bush, après avoir coupé une partie des crédits pour les digues de la Nouvelle-Orléans, va faire pour éponger les inondations du Deep South. JMC devrait se demander également si ses analyses épisodiques, proches du Medef, ne sont pas totalement décalées avec la réalité sociale de la France : le "non" au TCE lui est resté sur l'estomac, il était porteur d'un message pourtant clair.
♦ 13.09.05 | 17h32 ♦ imaginez quelqu'un né en 1976...il n'a assisté qu'au non-sens économique et à la démagogie mitterrandienne avant de voter Jacques Chirac à la présidence en croyant à un homme d'action pour ne s'apercevoir que trop tard qu'il était l'une des causes de la défaite de 1981 et de ce qui a suivi... il se dit-avec une grande partie de sa génération-que seul Sarkozy a le courage de mettre un terme à cette décadence...décadence morale quand Chirac lèche les bottes des dictateurs et insulte US/GB/Taïwan
CLAUDINE M. ♦ 13.09.05 | 16h50 ♦ A le lecture de cet éditorial, je me suis demandé si je n'allais pas résilier mon abonnement ... Et puis, je me suis dit que je ne voulais en aucun cas me priver des dessins de Plantu, sereins et lucides ... Dès que je verrai un article signé Jean-Marie Colombani, je passerai à autre chose de plus consistant afin de ne pas perdre mon temps et ne pas entamer le capital sympathie que j'ai encore pour Le Monde...
borloo ♦ 13.09.05 | 16h40 ♦ Eh oui, la France qui rigole, la France qui profite et l'ascenseur social qui décline...Le beau rêve de la constitution social-libérale ou libéral-sociale qui aboutira de toute évidence! Culpabiliser les pauvres de pauvreté, de ne pas avoir les diplômes indispensables pour réussir dans la vie bref de ne pas accepté les réformes pour la grandeur de la France! Des manières de rois, OUI! Sans nul doute la crainte du talent et de la compétition! NON, le jeu politique n'est pas un terrain de football
peutetre ♦ 13.09.05 | 16h29 ♦ Qui va expliquer à l'ouvrier français qu'il ne coûte que vingt fois plus cher qu'un ouvrier chinois ? Comment lui expliquer avec sérénité qu'il doit faire des efforts pour rétablir cette injustice et que ses privilèges n'ont que trop duré ? Qui sait en quoi il doit se recycler ? Que manque-t-il pour lui faire croire que la mondialisation économique est un idéal pour l'humanité ? C'est donc le ventre noué devant son monde en décomposition qu'il votera en masse Le Pen au prochain scrutin.
Stéphane T. ♦ 13.09.05 | 15h24 ♦ Il est surprenant de voir certaines réactions des lecteurs, qui ont souvent l'air de melanger réflexions utopique et pragmatisme politique. Il semble évident que notre crédibilité à l'international est ebranlée : notre modèle social coute trop cher en l'état, car trusté par des corporatismes de gauche qui ne remplissent pas leur role. Avec un taux moyen de syndicalisation de 10% en France, comment ces mammouths profiteurs du système arrivent ils encore à faire entendre leur voix retrograde ?
JEAN CHRISTOPHE C. ♦ 13.09.05 | 14h50 ♦ L'article de M.Colombani ressemble curieusement a ce que l'on peut lire dans Le Figaro...
Marc A. ♦ 13.09.05 | 14h34 ♦ J'ai quasiment lu les 77 réactions, eh ben ya du boulot pour convaincre tous les idéalistes d'un autre temps qu'il faut croire à ces faits avérés(et qu'il ne s'agit en aucun cas de discous libéral, pro sarko, ...). Réagissons de manière positive et optimiste. Mettons-nous à la tâche pour sortir notre pays de sa mauvaise passe actuelle !!! Dans quelques années, nous serons le pays le plus peuplé d'europe, ne ratons pas le train des réformes pour lui redonner sa grandeur.
jean-louis F. ♦ 13.09.05 | 14h10 ♦ Je vous approuve sans réserve et je pense moi aussi depuis longtemps que le corporatisme -- l'immobilisme est sa conséquence directe---est le plus grand handicap pour la France.Mais quel gouvernement,qu'il soit de droite ou de gauche car issu du même terreau politique aura le courage d'affronter les syndicats de la SNCF , EDF et de l'Education Nationale, pour faire enfin les réformes nécessaires?
monrog ♦ 13.09.05 | 13h58 ♦ Voilà un bon et beau texte ! J'ai aimé l'exhortation à la réforme, la dénonciation de la politique de la préservation d'un modèle qui prend l'eau, et d'autres choses encore Je souhaiterais n'être pas seul à applaudir à de tels propos. Hélas, il n'est pas certain qu'ils rencontrent une adhésion suffisante pour entraîner le raz de marée indispensable au sursaut. Notre apathie ne se lit-elle pas dans l'espèce d'indifférence qui entoure la tentative de désignation d'un "dauphin" et dans la polique?
PHILIPPE H. ♦ 13.09.05 | 13h44 ♦ Que faut-il faire pour que les penseurs publics cessent de jouer au sentiment de supériorité depuis la gifle reçue par eux le 29/05 ? Le seul malaise qui en découle est la confirmation de leur narcissique aveuglement, avec la perte de crédibilité qui en découle.
MarsNet ♦ 13.09.05 | 13h17 ♦ Si la gauche avait pour autre projet que de mettre en selle Bové ou Fabius pour 2007, on n'en serait pas à se dire que JMC a raison de shooter dans la fourmillière. On ne restera pas dans la course avec les Chinois en fauchant les OGM, en abandonnant le nucléaire et en rêvant de la Star'Ac. Au boulot !
henrikardo ♦ 13.09.05 | 13h10 ♦ "Il y a quinze ans, 1,5 milliard d'êtres humains ... L'arrivée de la Chine ... fait passer ce chiffre à 3 milliards". Oh, il a oublié 1,065 milliard Mr Colombani ! Selon vos fiches pays : Chine 1300 M, Inde 1086 M, Brésil 179 M... si on rajoute le 1,5 milliard d'il y a 15 ans, ça fait 4 milliards et des grosses poussières; bon, on peut comprendre, il ne veut pas trop nous faire peur avec les chiffres, un peu comme Chirac avec les réalités ... on est en France ...
Hervé ♦ 13.09.05 | 13h09 ♦ Il serait temps que M. Colombani renoue avec un peu plus de finesse d'esprit. Cela fait longtemps que les sciences économiques ont démontré que les gros modèles économiques avec trois ficelles et un polichinelle ne sont crédibles que sur le cours terme. Sans entrer dans le débat d'opinion, les lecteurs du monde méritent que la réflexion politique et économique des éditoriaux soit un peu plus poussée qu'au bistrot de la gare.
Nicolas O. ♦ 13.09.05 | 13h06 ♦ "Jean-Marie Colombani à son rang", celui de cette France qu'il décrie, se faisant le chantre d'une économie libérale mondialisée qui ne tuerait que ceux qui restent inertes? La France ne va pas bien c'est un fait, mais le grand modèle neo-libéral Américain que certains envient içi va encore plus mal. Il suffit de regarder les insuffisances sociales et humaines mises au jour par Katrina... Une inertie face à la detresse des plus démunis toujours inimaginable içi.
ALAIN S. ♦ 13.09.05 | 12h59 ♦ Curieuse conception de l'Europe, qui consiste à la considérer à travers le prisme du "rang" de la France et de son "leadership". Et si l'Europe se portait mieux avec une France dépourvue de "rang" ? Que choisirait M. Colombani ?
68Soul ♦ 13.09.05 | 12h43 ♦ 16è... la France est 16è sur 177 pays... pas de quoi se plaindre... 1)Norvège 2)Islande 3)Australie 4)Luxembourg 5)Canada 6)Suède 7)Suisse 8)Irlande 9)Belgique 10)USA 11)Japon 12)Pays-Bas 13)Finlande 14)Danemark 15)Angleterre... suivent Italie, Allemagne, Espagne... le modèle scandinave est celui qui réussit le mieux, et depuis des décennies... et je signale que ce modèle est basé sur la redistribution des richesses, une économie de services (publics et privés), et l'innovation technologique...
stephane c. ♦ 13.09.05 | 12h22 ♦ article réactionnaire de M.Colombani, d'une mauvaise foi hallucinée : le 29 mai le peuple de France a rejeté le programme qu'il nous propose, qui est celui de M.de Villepin. Le rejet de la précarité est interprété comme un besoin de plus de précarité ! Ultime argument : c'est bien de liquider la protection sociale parce que tout le monde le fait !. Quel niveau ! J'aime bien la "réaction" de Chloé : c'est la plus limpide P S je résilie mon abo LM interactif
torkish ♦ 13.09.05 | 12h12 ♦ JMC sort une fois de plus de ses gongs pour défendre ses idées, dont les abonnés pourrait souvent se passer... Je vois hélas dans cet édito très peu d'analyse. Si l'auteur et les politiques arrêtaient de se focaliser sur le non au référendum pour expliquer le malaise de la France, le débat serait un peu plus constructif. Il y a eu un non massif et il faut désormais composer avec. Si vous pensez toujours vivre dans un pays démocratique.
Jean-Luc T. ♦ 13.09.05 | 11h57 ♦ Article excellent et roboratif comme on aimerait en lire plus souvent. La vérité ne peut que faire progresser les mentalités de beaucoup, enkystées par des siècles de centralisation et d'assistanat étatique. Le "modèle "français, valable en 1945 et suivantes, à l'époque du plein-emploi, est devenu non seulement obsolète mais aussi nuisible. Il casse l'initiative et le dynamisme, bref, l'adaptabilité aux nouveaux défis.
FDMLDP ♦ 13.09.05 | 11h55 ♦ On admire la qualité des arguments et de la rédaction, en regrettant que soit seule prise en compte la responsabilité de la chiraquie, et soient oubliés les partis de gauche et les syndicats, leurs effluves archaique et leurs alliances monstrueuses, que soit également négligé l'héritage obligé de la mitterrandie, véritable point zéro du déclin. Ce qui ne retire rien à l'indigence de Chirac, évidemment.
SERGE C. ♦ 13.09.05 | 11h39 ♦ Cet éditorial appelle 3 questions. 1) les pays cités en exemple sont-ils parfaitement prémunis contre les effets de la mondialisation ? 2) N’est ce pas une victoire à la Pyrrhus que de se réjouir que des milliards d’êtres humains mangent et vivent décemment aujourd’hui si demain, toute la planète trépasse grâce aux pollutions engendrées par le développement sale de ce "monde moderne" ? 3) Ne serait-ce là une raison légitime des réticences des concitoyens ?
jacklittle ♦ 13.09.05 | 11h29 ♦ Le 29 Mai les électeurs ont tranché,laissons derrière nous les causes de ce NON,il est réel et irréfutable.La FRANCE est sur le déclin c'est indéniable.Le délai de 20 mois d'ici à Mai 2007 risque de nous coûter très cher,car il nous faudrait,pour entamer notre redressement,des mesures drastiques et urgentes.En restant dans l'€uro ou en sortant(dévaluation de 40%):HAUSSE DES IMPOTS,TVA,TIPP(sauf pros)BAISSE DES PRESTATIONS SOCIALES,REFORME CONSTITUTIONNELLE(REGIME PRESIDENTIEL AVEC RESPONSABILITE
Penseelibre ♦ 13.09.05 | 11h22 ♦ Lucide et clairvoyant. Comme bien souvent. Pas très optimiste hélas. Et pendant ce temps-là le vicomte de Villiers joue au c...en parlant de la nécéssité de défendre la France contre l'islamisation !!!
Stéphane D. ♦ 13.09.05 | 11h05 ♦ Pour rebondir sur d'autres réactions, bien sur que ceux qui ont voté non ont envoyé la France dans le mur: Ils ont voté pour le statu-quo en croyant voter pour le changement - bercé de l'illusion que si la France donnait un coup de frein, le reste du monde, plein de sollicitude, allait s'arreter aussi. De Villiers se scandalise: "Il y a eu le Non, et rien n'a changé"... Eh oui, c'est ce pour quoi vous avez voté: Le maintien en l'état des textes et des institutions Européennes.
alassane f ♦ 13.09.05 | 10h50 ♦ Cela fait 10 ans que JM Colombani ne cesse de miser sur le mauvais cheval : Balladur, la décentralisation en Corse, le oui au référendum ... Peut-être qu'avant de remettre en question le modèle français, JM Colombani devrait se remettre en question lui-même ?
guelwad ♦ 13.09.05 | 10h38 ♦ L'echec de la France est l'échec d'une caste réunissant nos "élites" en situation politiciens, journalistes .. ce n'est pas l'échec des Français. Regardons du côté des USA pour la politique du "droit dans le mur". Ce sera encore la faute des pauvres ! (Le referendum n'a été, hélas, qu'un outil entre les mains de cette caste)
ima ♦ 13.09.05 | 09h56 ♦ Tout est bon pour ne pas revenir sur le ouisme du printemps, n'est-c-e pas M. Colombani? Vous allez maintenant accuser les nonnistes de toutes les calamités qui s'abattent sur la France: AVC de Chirac, inondations dans le sud? et quoi encore… Y en a marre de la litanie du déclin…
Denis P. ♦ 13.09.05 | 09h53 ♦ Je trouve cet edito de mauvaise foi et disparate sur le fond. Des points ne sont pas etayes ou ne le sont que de maniere "hasardeuse" (quel rapport entre les morts de la canicule et Katrina ? ca prouve quoi ?). Quel le Monde soit un journal engage est une chose mais qu'il pratique l'amalgame, la mauvaise foi, les raccourcis trompeurs (comme la premiere phrase: la droite comme la gauche ont perdu le referendum) tout en se presentant sous le jour de l'objectivite, ca, c'est horripilant.
esteban53 ♦ 13.09.05 | 09h45 ♦ Après avoir fixé une nouvelle ligne au traitement de la politique étrangère (le choc des civilisations n'est plus tabou) vous plaidez maintenant pour une réforme en profondeur du modèle social français en confortant les idées d'Eric le Boucher. Mais il y a trois modèles: libéral (Sarkozy), gaulliste immobile (Chirac ou Villepin)et social-démocrate (en panne mais qui peut repartir). Attendez le congrès du Mans avant de faire votre choix définif.Et mettez la pression!
XF ♦ 13.09.05 | 09h34 ♦ A lire les réactions, beaucoup de lecteurs de "gauche" se sentent trahis par cet éditorial. Pendant des années, j'ai lu le Monde sans être de gauche, et je l'ai apprécié pour sa lecture critique qui m'a beaucoup apporté. Et maintenant que JM Colombani écrit un édito qui bouscule un peu une certaine gauche, voilà que le Monde serait à jeter ? Dans l'esprit de certains c'est clair : seule la Gauche (la vraie) a raison. Soyez ce que vous demandez à votre journal : ouverts et honnêtes.
Yves B. ♦ 13.09.05 | 09h11 ♦ Plutôt que de regarder la surface et de mesurer les places respectives de Villepin, Chirac & Sarko, pourquoi ne pas creuser un peu plus, et parler du gouvernement aux 100 orientations qui supprime les emplois jeunes pour mettre en oeuvre les emplois scolaires, cesse de baisser les impôts pour les baisser en 2007... Cette agitation déboussole et accentue encore et encore la cassure avec la politique Quant à JMC : cessez de pontifier !
Bacalan ♦ 13.09.05 | 08h23 ♦ La mondialisation n'explique pas le manque de logements sociaux. Ce sont bien des choix politiques et/ou financiers franco-français adossés à un manque de courage flagrant de la classe politique.Rester inerte ou périr ? Comme les salariés de HP qu'on a remercié de leurs efforts pour redresser leur entreprise ? Alors, quels efforts ? Et pour qui ?
Mathieu R. ♦ 13.09.05 | 08h17 ♦ L'analyse pourrait être plus nuancée, mais le constat est là, difficile à entendre, mais véridique. La pensée unique n'est pas celle que l'on croit: aujourd'hui, ce sont les vestiges du gauchisme français qu'il faut abattre si nous ne voulons pas rester sur le quai en regardant les pays émergents nous faire la nique.
NonoK ♦ 13.09.05 | 03h05 ♦ Si on omet la dernière phrase de cet édito ('le monde moderne ...'), je ne comprends pas bien ceux qui lui reprochent un tournant "ultra-libéral". Dire qu'avoir un état surendetté n'est pas soutenable, c'est être ultra-libéral ? Dire que le chômage est une plaie, aussi bien pour ceux qui malheureusement le vivent que pour la société qui le produit, c'est être ultra-libéral ? Certaines réactions me découragent et me désespèrent bien plus que le "déclinisme" ambiant des pages du Monde..
Adrien - USA Californie ♦ 13.09.05 | 02h17 ♦ Merci JMC de dire enfin la verite. Vu d'ici - Etats Unis - la France parait bien sur le declin. Manque de dynamisme, d'innovation, de recherche, blocage social, financier...bref rien qui ne pousse a entreprendre. Cela est bien triste a constater mais vous avez le courage de le dire et c'est pour cela qu'on lit Le Monde. Ce n'est pas une question de gauche ou de droite, il faut que la France se reveille!
Puffin ♦ 13.09.05 | 01h44 ♦ C'est Le Monde qui doit s'adapter au génie français et non l'inverse
chloé ♦ 13.09.05 | 00h14 ♦ Que pense M. Colombani des "rigidités" du modèle américain, qui aboutissent à l'abandon de la population noire et pauvre lors de catastrophes ?
MARIE THERESE J. ♦ 13.09.05 | 00h10 ♦ JM Colombani reprend à son compte les vieilles théories spencériennes du darwinisme social, mélange bâtard de scientisme, de libéralisme et de calvinisme traditionnaliste ; on peut donc comprendre qu'elles aient du mal à passer dans le pays du Catholicisme et de la Révolution française !
Alassane F ♦ 13.09.05 | 00h06 ♦ La France vit à crédit, peut-être ; mais, dans ce cas-là, que dire des USA, dont les déficits explosent, et dont l'appétit de consommation est financé par le reste du monde ?! Etrange situation que celle de ce pays si souvent cité comme un modèle de modernité !
tikaf ♦ 12.09.05 | 23h57 ♦ Ah bien oui, je vais voter Sarkozy !
orbi ♦ 12.09.05 | 23h57 ♦ Chronique "référendo-médico-mondialo-déclino-leadershipo-chino-katharino,caliculo-publico-catastropho-urgento-inerto-morto" de rentrée. Tous les poncifs du moment, sauf un nom qui n'est pas cité;"Irak". Bush y est, mais c'est pour annoncer le moment le plus spectaculaire de la rentrée; le face à face Villepin-Bush à l'ONU. Sinon tout y est même une prophétie sur le "monde moderne". Plus personne ne sait ce que veut dire "moderne", sauf notre éditorialiste. Et l'oeuf,où qu'il est?
ddh ♦ 12.09.05 | 23h32 ♦ Bien qu'ayant des arguments discutables sur certains sujets (réussite du modèle anglais °_°) Jean Mari Colombani a au moins le mérite de poser des questions pertinentes, n'en déplaise aux gauchistes. La réalité du monde aujourd'hui étant ce qu'elle est, soit on s'adapte pour suivre le train soit on reste en arrière. Vouloir faire du social c'est bien, encore faut il en avoir les moyens et de l'argent pour le faire. On ne vit pas d'amour et d'eau fraiche...
Flora + Florentin ♦ 12.09.05 | 23h08 ♦ Le Monde a toujours été et reste un journal engagé. Maintenant, Colombani semble l'engager loin à droite. Cet engagement fait quand même superficiel, maladroit et pressé. Jean Marie me fait rigoler avec la phrase de la fin : "... participer ? Mais qu'elle impose aussi une mutation historique de notre "modèle", et que le monde moderne ne tuera personne sauf ceux qui restent inertes". Merci Jean-Marie Colombani. Grâce à lui, on sait que la mondialisation et le Monde tuent
tikaf ♦ 12.09.05 | 23h01 ♦ Rien ne va plus en France selon cet article... "Il faut faire quelque chose" selon Romuald L... Et si on votait Sarkozy en 2007 ? Hein ?
JBF ♦ 12.09.05 | 22h29 ♦ "Le monde moderne ne tuera personne, sauf ceux qui restent inertes" : n'allez vous pas un peu trop loin, JMC ?
KARINE S. ♦ 12.09.05 | 22h21 ♦ Personnellemnt,j'ai toujours été choquée par ce ton doctoral conseiller-du-Prince des éditos du Directeur.Eclairer les consciences,certes.Mais donner des leçons,non.D'une part la France va mal parce que vous avez mal voté cette année. D'autre part la France se meurt parce que vous vivez trop vieux (depuis Pasteur)et le reste du Monde vous double dans toutes les courses.La faute revient à cette classe politique imbécile(qui ne lache pas le pouvoir)et cette élite égoïste(qui plie bagage).Reste JMC
TropCtrop ♦ 12.09.05 | 22h07 ♦ La culpabilisation des Français n'est elle pas sans rappeler la propagande pétainiste sous l'occupation, justifiant la soumission à l'Allemagne nazie et expliquant la défaite par la décadence de la société Française. La lourdeur des impôts français n'est pas si évidente, comparée aux pays scandinaves que l'on montre plutôt en exemple. Tous les propos anti-fiscalité impliquent qu'on se couche devant le "grand capital", seul gardien de la "rationnalité économique" et fuyant aux Usa.
Alcys ♦ 12.09.05 | 21h46 ♦ Comme tous les libéraux, JMc accuse les Français de base d' être responsables de tous les maux de la France: ils sont trop exigeants, ils travaillent trop peu, ils sont trop protègés et en plus ils votent mal.Ces salopards ont réduit le statut de la France, etouffé l'écho de sa voix, bref, abaissé son rang . Ben voyons ! Pour JMc les zélites françaises n'ont pas le peuple qu'elles méritent et bien évidemment si l'état est incapable de se réformer c'est encore la faute des manants.
Sue ♦ 12.09.05 | 21h32 ♦ Il faut détruire Carthage. Caton
aléa ♦ 12.09.05 | 21h22 ♦ Ca, c'est sûr que le vote non de la France, ça a pas été bon pour le coeur de Chirac.
villa+santina ♦ 12.09.05 | 21h21 ♦ Monsieur Colombani, Je lis votre éditorial : "La France à son rang, par Jean-Marie Colombani". J'ai parlé de vos interventions dans "La rumeur du Monde" avec Monsieur Alexandre Adler, il y a environ trois ans. Il ne tarissait pas d'éloges à votre encontre. Lorsque j'étais lycéen on parlait du "Monde" comme un quotidien national de référence. Or il se trouve qu'en lisant votre pensée ci-dessus référencée, j'ai l'étrange impression de regarder le "20h" de n'importe quelle de nos chaînes de TV.
Emmanuel H. ♦ 12.09.05 | 21h06 ♦ Mr Colombani semble poser des questions de fond intéressantes et censées. Dommage que ses réponses le soit moins.1/en effet 3 milliards d'esclaves travaillant dans des conditions pour certains effroyables,qui se donnent la main dans une forme d'internationale ultra capitaliste à de quoi faire rêver...quelque uns.2/Enfin je ne pense pas que le deficit francais dépende de la seule aide sociale...Si on parlait tout simplement de mauvaise gestion pour une fois? Qu'en pensez vous Mr Colombani?
Hervé F ♦ 12.09.05 | 20h32 ♦ Au temsp des lumières nul doute que Mr Colombani eut été un monarchiste convaincu. La France est très riche, son problème n'est donc pas là mais de savoir à quoi sert cette richesse ? Est ce pour faire comme les Etats-Unis ou bien comme l'imaginait les lumières ? A l'heure ou une part croissante des citoyens étasuniens se posent des questions sur leur modèle il faudrait s'en remettre à leur gouvernement ? Vite, muselons nous avant !!!
froz ♦ 12.09.05 | 20h18 ♦ L’accès à un minimum de niveau de vie des pays comme la Chine ou l’Inde ne peut pas être combattu. Pour l’instant, nous arrivons à leur échanger une heure de notre travail (haute technologie, usines) contre 10 à 20 heures de leur travail mais cela ne durera pas et cela quoi que l’on fasse. Il faut s’y préparer. Après l’esclavage, l’exploitation des immigrés et maintenant l’exploitation à distance, nous, pays riches, aurons épuisé toutes les possibités de consommer plus que nous ne produisons
Paul G. ♦ 12.09.05 | 20h14 ♦ Ne soyons pas en retard d'un train.A moyen terme le libéralisme pur et dur fondé sur énergie bon marché,consumérisme forcené des pays hégémoniques est condamné, avec l'individualisme qu'il sous-tend.En France des réformes sont en cours,accompagnées socialement,gaullisme n'est pas néocommunisme mais refus des rigidités de gauche et de droite,progrès mais dans la solidarité.Le danger c'est la paresse du conformisme de droite remplaçant le conformisme de gauche
Enjolras ♦ 12.09.05 | 20h13 ♦ Mitterrandiste en 1981, Balladurien en 1995, Jospiniste en 2002, Le Monde annonce la couleur pour 2007 : Sarkozy, bien sûr ! C'est ça, être toujours du côté du manche ! La dernière phrase de JMC fait froid dans le dos. Il faut vraiment, maintenant, rassembler tous ceux qui veulent en découdre avec les thuriféraires du capitalisme postfriedmanien. La pensée unique est insupportable.
he.th. ♦ 12.09.05 | 20h03 ♦ Comme Marie-Thérèse J. suis-je en train de lire le Figaro ? Dois-je continuer à m"abonner au Monde qui autrefois était plutôt neutre ou centre gauche ?
http://spaces.msn.com/members/artisthea ♦ 12.09.05 | 19h52 ♦ C'est terrifiant:où que l'on regarde dans ce pays, les chiffres sont au rouge. Que l'Etat dépense 25% de plus qu'il ne gagne, par exemple, n'est pas une idée à débattre c'est un fait. La liste est longue et l'article de JM Colombani édifiant. Et là, que répondent certains lecteurs : autoflagellation ! Idées libérales ! C'est bien à cette aune que l'on peut juger du travail colossal de pédagogie qui nous attend !
Spain Frenchy ♦ 12.09.05 | 19h48 ♦ Interessant cet edito. Il serait peut être temps que certains comprennent que c'est en faisant fuir les plus riches qu'on pourra aider les plus necesiteux. Reste a trouver le bon modele et le bon dosage.
Massoud M. ♦ 12.09.05 | 19h43 ♦ Les sous-entendus découragent bien plus que l'analyse elle-même. La perplexité vient de la valeur accordée à l'uniformisation, seul salut. Le génie français, comme les autres, mérite qu'on ne lui torde pas le cou sous prétexte de mondialisation. Certes, nous sommes dans un nouveau siècle plus rude mais rien ne justifierait que nous baissions les bras. La Chine, est-ce un danger ou une chance? Nous sommes-nous demandés à quoi sert l'économie? Produire pour le bien-être des populations, partager.
LAURENT U. ♦ 12.09.05 | 19h36 ♦ Bravo pour cette article clair, lucide et courageux. Certaines réactions sont incroyables d'aveuglement : à croire que le modèle français est le meilleur et que tout va bien. Qu'on le veuille ou non, nous ne sommes pas seuls et le reste du monde se moque de nos tergiversations nationales. La France entière ne pèse pas le poids démographique d'une petite région chinoise. Nos angoisses et débats sans fin ne changeront pas la réalité. Il est temps de regarder les choses et le monde en face.
Etienne P. ♦ 12.09.05 | 19h29 ♦ D'accord avec l'analyse. Il est vital de faire des choix. C'est normalement le rôle du politique : proposer des choix, une vision, avec les moyens nécessaires. Qui le fait ? Evitons les oeillères et étudions ce qui se passe à l'étranger, sans a priori idéologique !
clo.clo ♦ 12.09.05 | 19h13 ♦ Je lis le Monde depuis plus de 30 ans, et que de chemin parcouru depuis les erreurs des années 80 qui ont plombé la France et le soutien par exemple des théses socialo-communisme de cette époque tatcherienne. Le revirement de ce journal en est que plus impressionnant !! Bravo enfin, JMC, de voir un peu plus clair mais c'est un peu tard, car le train de l'evolution passe à toute vitesse et le Monde essaye de monter dedans, mais sans la France !! Sauve qui peut, tous à Londres ou à Bruxelles !!
gilles a. ♦ 12.09.05 | 18h54 ♦ Depuis plusieurs siècles, par un mélange d'ouverture économique et de dirigisme, la France est devenue et restée une des grandes puissances économiques de la planète. Et voilà qu'il faudrait obéir aux injonctions radicales de quelques intellectuels, à la fois ultra-libéraux et ultra-minoritaires ! Vraiment, certains ne manquent pas de culot !
stef2001 ♦ 12.09.05 | 18h43 ♦ Beaucoup de gens utilisent le label "ultra-liberal" sans vraiment savoir ce que cela veux dire. Dire que cet article est ultra-liberal c'est c'est comme si je disait que Fabius etait communiste. Cela offusquerait les vrais communistes. Meme Sarkozy est a peine liberal. Il reste un interventioniste etatique comme la plupart de la droite Francaise. En tant qu'ultra-liberal vivant aux Etats-Unis, meme Madellin m'apparait modere... On sait qu'ultra liberal est une insulte mais quand meme...
ganek ♦ 12.09.05 | 18h43 ♦ La France a perdu son rang depuis belle lurette. … En juin 1940..... Et ce n'est pas la bombinette A ou H qui nous rendra l'Algérie, l'Afrique, la Cochinchine et notre bagne Sud-Américain. Quant à l'Europe, elle joue son va tout sous surveillance Américaine. Le journal le Monde Rêve en croyant la dissolution de l'empire russe, la Pologne chrétienne n'a jamais vaincu la Russie: À se remémorer l'histoire de la communauté de défense européenne où la France n'a pas voulu l'intégration de divisions militaires allemandes. Ce que Colombani nous propose ce n'est pas le libéralisme, sa bible, mais un avatar archaïque d'un Gaullisme dépassé par la réalité mondiale. Trop tard les privatisations ont tué l'espoir populaire d'une France pour les Français. La désindustrialisation va faire de la France un parc d 'attractions pour Chinois fortunée.
Boizard F. ♦ 12.09.05 | 18h29 ♦ Et si ce n'était pas là un complot libéral mais la réalité du monde, qui est dure ? Et même si cela était libéral : Reagan et Thatcher ont été élus, réélus et leurs successeurs appartenaient à leur parti. D'autre part, les pays scandinaves ont bien réussi à remettre en cause leurs Etats-providence en améliorant le social. "La casse sociale" comme argument de l'immobilisme est un mensonge : ce sont les déficits qui font la "casse sociale".
Christian M. ♦ 12.09.05 | 18h18 ♦ A lire PJC., on a l'impression que le Monde n'est rigoureux que quand il produit une argumentation que la gauche de la gauche qualifierait de "gauche". Quand je regarde mon fils de 7 ans, je n'ai pas envie de le voir travailler non pas pour ses enfants mais pour payer la dette que ses parents et grands-parents lui auront laissée. Mes grands parents à moi, qui étaient pauvres, auraient honte de nous voir tous vivre à crédit et donner des leçons de générosité avec l'argent des petits enfants.
wellington ♦ 12.09.05 | 17h43 ♦ De l'ultra-libéralisme stigmatisé par l'utilsation d'un préfixe censé être définir une tare. Parle-t-on d'ultra-socialisme? Tenez bon, M. Colombani. Ne cédons pas à ces chimères qui ont tellement fait de mal au XXème siècle. Le Monde est dans son rôle, même s'il ne relaye pas les opinions dominantes de "l'ultra-gauchisme".
champollion ♦ 12.09.05 | 17h19 ♦ La France à son rang ? Probablement car c'est une puissance moyenne mais c'est aussi la 4ème ou 5ème économie mondiale !!! Encore une fois la théorie du déclin ressort sans jamais dire que notre pays attire le plus les investisseurs en Europe. Décidément, Monsieur Colombani persiste et signe, persuadé qu'il a toujours raison. Les élites formatées dans le même moule sont la cause principale du malaise français car elles manquent tout simplement d'ambition. Et Le Monde n'échappe pas à la règle
LibertéEquitéSolidarité ♦ 12.09.05 | 17h16 ♦ Le pays ne souffre pas seulement de sa fracture sociale, il est aussi traversé par d'autres pour ce qui est de l'analyse et des remèdes à apporter. Comment réconcilier les visions de JMC et de de Boissieu (France-Cul ce matin) avec celles de Buffet, Bové, Emmanuelli et autres nonistes hier. Les solutions qu'ils proposent sont en conséquences aussi totalement irréconciliables. Dans un pays à fortes traditions démocratiques, la situation serait gérable. Ici, ce sera l'immobilisme ou le foutoir !
♦ 12.09.05 | 17h03 ♦ Nos problèmes s'aggraveront si une partie de la gauche s'obstine à ne pas admettre que le déclin de notre pays est une responsabilité à partager et non à mettre au seul compte du libéralisme. Nier celà c'est faire un boulevard pour Sarkosy et ses solutions à l'emporte pièce. A tous ceux qui dénigrent cet article je dis : mettez vous vite à construire une gauche européenne avec des projets compris par les européens, transformez le modèle français que vous aimez, bousculez le sinon il crèverera.
PJC. ♦ 12.09.05 | 17h00 ♦ Ça commence à devenir lassant toutes ces chroniques, ces articles, ces éditoriaux du Monde qui diffusent au quotidien par petites touches ou grosses louches( là on est dans la grosse pelletée)de l'idéologie ultra-libérale à base d'auto-flagellation. Sans compter le bric à brac de la (la maladie de Chirac, le non au referendum, le modèle social, les dauphins putatifs du président...) Rendez-nous le Monde que nous avons tant aimé, celui de l'analyse,de la rigueur et de la confrontation des idées.
vivien d. ♦ 12.09.05 | 16h58 ♦ Sarkozy ne fait que reprendre des constats évidents de rationnalisation économique faits par une pléthore de spécialistes depuis des décennies. Ces réformes pour être labellisées libérales participent avant tout de la bonne gestion économique. La France est le seul pays important où le néocommunisme ne soit pas disqualifié en tant qu'idéologie par 95% de la population au moins. C'est cela l'exception française...et que je sache l'Angleterre post-thatchérienne a même créé un "SMIC"...
MARIE THERESE J. ♦ 12.09.05 | 16h33 ♦ Le chômage est donc le critère absolu de l'efficacité d'un système ? Alors vive l'esclavage : transformons les chômeurs en esclaves, à qui seul le gîte et le couvert seront offerts ; et là, on atteindra le plein-emploi ! Quelle absurdité !
vivien d. ♦ 12.09.05 | 16h29 ♦ Villepin n'est là que pour tenter de gagner du temps...les réformes de rationnalisation économique prônées attendront...le classement des universités françaises et la réalité qui y correspond continueront à se dégrader pendant que "Néron" donnera des coup d'épée dans l'eau...comme à l'ONU où la réplique de Jack Straw l'avait remis à sa place-le droit a besoin d'une force pour être appliqué... l'idéologie néocommuniste en France est un poison du même type que le créationnisme aux USA...
MARIE THERESE J. ♦ 12.09.05 | 16h27 ♦ Jean-Marie Colombani fait donc siennes les thèses libérales de Nicolas Sarkozy ; je ne sais plus trop si c'est Le Monde que j'achète, ou Le Figaro !
Romuald L. ♦ 12.09.05 | 16h26 ♦ Et voilà, encore un article qui tourne à l'auto-flagellation! Et la France est en déclin alors que ses voisins s'adaptent à la mondialisation et patati et patata et je suis le grand visionnaire qui sonne l'alarme... Au lieu de publier des articles dont le message est "rien ne va plus, il faut faire quelque chose", je serai plus satisfait de lire "rien ne va plus, et si on faisait ça, ça ou ça?", ce serait déjà plus encourageant, non?
Guy N. ♦ 12.09.05 | 15h53 ♦ Tout ceci est bien gentil mais dans vos propres colonnes, il y a près de dix jours, une brève indiquait qu'aux USA, la pauvreté avait augmentée d'un million d'âmes en 2004. Par ailleurs, comme l'écrivent d'autres, question adaptation, les politiques menées jusqu'à présent n'ont pas fait dans la dentelle. Résultat : Toujours pas de création d'emplois à revenu acceptable et stable dans la durée.
Aficion ♦ 12.09.05 | 15h45 ♦ C'est un véritable cri d'alarme que JMC lance et terriblement angoissant quand on voit le niveau tant des réactions d'abonnés que des discours politiques ambiants ( de gauche comme de droite) accrochés à une loghorrée creuse sur le "modèle social". Que nous proposent les tenant du NON et du repli national.J'attends ET AVEC IMPATIENCE depuis longtemps des propositions précises.
Deathwind ♦ 12.09.05 | 15h28 ♦ Un constat intéressant, comme beaucoup de constats depuis 30 ans : il faut réformer. Malheureusement ce constat risque de rester lettre morte comme les autres car les hommes politiques, ceux qui sont censés réformer l'Etat, sont en grande majorité, issus des rangs de l'administration publique. La réforme ne pourra avoir lieu que si la surreprésentation des fonctionnaires dans la classe politique cesse. Il faut exiger la démission des fonctionnaires en cas de prise de position élective.
Senyek ♦ 12.09.05 | 14h47 ♦ Bon constat, mais depuis 20 ans, on s'est déjà adapté, sinon on n'aurait pas eu la 4ème place au monde. Le modèle social en France n'existe plus, comme son industrie; il reste des corporatismes. Quant au Royaume-Uni,ce n'est pas en instaurant la précarité ou en contrôlant les chiffres chômage/misère que l'on trouve des solutions. Historiquement, cette mondialisation orchestrée depuis l'ère Reagan-Thatcher a trouvé ses limites. Il s'agit maintenant d'innover et non de s'adapter.
Fabrice M. ♦ 12.09.05 | 14h27 ♦ Un peu lassant de voir relier tous les malheurs de la France au non du referendum. Changez de musique, votre analyse tourne en rond.
Etalr ♦ 12.09.05 | 14h15 ♦ Si la voix d'un pays ne se mesure qu'à son respect aveugle de l'ordre économique mondial, alors on ne risque pas d'entendre les opposants :-)
68Soul ♦ 12.09.05 | 14h13 ♦ "Le monde moderne ne tuera personne sauf ceux qui restent inertes"? Voilà une affirmation pour le moins douteuse... rien qu'en Chine, on compte les travailleurs tués à petit feu dans leur travail par millions... et eux ont la "chance" de participer à cette joyeuse mondialisation... que dire de ceux qui en sont totalement exclus... un peu de décence, s'il vous plait, Mr Colombani : le monde moderne en a plus que besoin...
tycho brahe ♦ 12.09.05 | 14h07 ♦ Ca y est Le Monde rentre clairement dans le jeu politique ? Le problème c'est qu'on a beaucoup de mal à être convaincu par des arguments comme la réussite de la GB ou de la Corée (sic)... le dernier rapport du PNUD qui met en évidence les divergences de développement et la croissance de l'extrême pauvreté le confirme, le "monde moderne" mondialisé tue !
David ♦ 12.09.05 | 14h06 ♦ Tout à fait d'accord, à adresser à tous ceux qui sont allés à la fête de l'humanité et qui croient encore à un monde qui n'existe pas.


– Les longues –
                 
                 

    En extra: Les éditos du Monde    

[*] «Longues propagandistes» parce qu'il existe aussi, dans cette rubrique, des «brèves propagandistes» reprenant surtout des dépêches de l'AFP. Ici, on trouvera pour l'essentiel des articles parus dans Le Monde, qui par le fait, sont beaucoup plus longs…