![]() | Longues propagandistes, série 18 |
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En extra: Les éditos du Monde |
L' Assemblée nationale a voté, vendredi 21 octobre, lors de l'examen du projet de loi de finances un amendement présenté par le groupe UMP et soutenu par le gouvernement qui allège l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour les dirigeants et les salariés d'entreprise.
Cette disposition exonère de 75 % d'ISF la valeur des actions nominatives détenues par les salariés ou dirigeants d'une entreprise qui possèdent leurs actions pendant six ans ainsi que les actionnaires engagés dans un pacte de conservation de leurs titres pendant six ans. Gilles Carrez et Pierre Méhaignerie, respectivement rapporteur général et président de la commission nationale de l'Assemblée nationale, ont tour à tour justifié cette mesure qui va permettre de développer "un actionnariat stable et durable" .
Une TVA réduite sur les bonbons de chocolat Après plusieurs heures de bataille sur l'impôt de solidarité sur la fortune, l'atmosphère s'est détendue, dans la nuit de vendredi à samedi, lors du vote à l'unanimité d'un amendement, déposé par Louis Giscard d'Estaing (UMP, Puy-de-Dôme), proposant une réduction de la TVA sur les bonbons de chocolat de 19,6 % à 5,5 %. Jean-François Copé, ministre délégué au budget, a indiqué que cette mesure coûterait 50 millions d'euros. L'Assemblée a également voté un amendement au budget 2006, présenté par le gouvernement, qui étend le bénéfice du prêt à taux zéro aux foyers bénéficiant au maximum de 62 500 euros de revenu annuel au lieu de 38 690 euros. Par ailleurs, les députés ont adopté un amendement qui revient sur l'accélération de la hausse de la contribution au développement de l'apprentissage. Le projet de loi de finances voulait accélérer cette hausse initialement étalée sur trois ans (2005, 2006, 2007) en cumulant 2006 et 2007. Le dispositif antérieur, soit une contribution de 0,12 % en 2006 et 0,18 % en 2007, sera finalement appliqué. |
Bien que le gouvernement ait indiqué à maintes reprises que la réforme de l'ISF n'était "pas sa priorité" , c'est la deuxième mesure annoncée en quelques semaines qui vise à diminuer cet impôt.
Déjà la mise en place du fameux "bouclier fiscal", annoncé par le premier ministre, Dominique de Villepin, lors de sa conférence de presse de rentrée bénéficiait indirectement à certains assujettis à l'ISF. Le gouvernement a, en effet, annoncé lors de la présentation de la loi de finances qu'à partir de 2006 la somme des impôts directs (impôt sur le revenu et ISF) et des taxes locales ne pourrait pas être supérieure à 60 % des revenus d'un contribuable. Le dispositif, qui devrait être voté lors de l'examen de la deuxième partie de la loi de finances, prévoit que si ce niveau était franchi, le contribuable bénéficierait du trop-plein perçu.
L'exonération partielle de l'ISF, votée vendredi soir, devrait coûter au budget de l'Etat, selon les estimations de Bercy, environ 68 millions d'euros et concerner 12 000 personnes. La mise en place du bouclier fiscal devrait quant à elle entraîner un remboursement d'impôt à 14 000 foyers assujettis à l'ISF pour un montant de 250 millions d'euros.
Ce n'est pas la première fois que la majorité allège cet impôt. Les parlementaires ont déjà, par le passé, allégé ou exonéré d'ISF les détenteurs d'actions qui s'engagent, notamment, dans des pactes d'actionnaires pour une durée de six ans.
Pourtant, les parlementaires de la majorité sont loin d'être satisfaits du nouvel aménagement de l'ISF qui, selon Claude Goasguen (UMP, Paris), "risque de ne pas être compris par nos électeurs" . Avec Pierre Lellouche (UMP Paris), Jacques Masdeu-Arus (UMP, Yvelines) ou encore le député des Hauts-de-Seine (UDF) Pierre-Christophe Baguet ont souhaité une exonération totale ou partielle de l'habitation principale. Certains députés de droite, comme Jacques Myard, ont même demandé la suppression de cet impôt.
L'ISF devrait rapporter 3,1 milliards d'euros en 2005, soit une hausse de plus de 10 % en un an et, selon les estimations de Bercy, son produit devrait être de 3,3 milliards d'euros en 2006.
Depuis le début de la décennie, le produit de l'ISF ne cesse d'augmenter tout comme le nombre d'assujettis. "A l'évidence il s'accroît à cause de la hausse de l'immobilier" , a estimé Gilles Carrez, (UMP, Val-de-Marne), rapporteur général de la commission des finances. "C'est un impôt qui a tous les vices" , a-t-il lancé et de souligner qu'il ne tenait pas compte suffisamment du nombre de membres de la famille dans les foyers qui le payent. "Il faut le réformer de fond en comble" , a-t-il ajouté tout en ajoutant que la priorité immédiate du budget était de favoriser l'emploi et non de réformer l'ISF. "Un choix courageux qu'il faudra expliquer" , a jugé M. Carrez, soulignant l'hostilité croissante de certains contribuables face à cet impôt, comme en témoignent les "nombreux courriers agressifs" qu'il reçoit sur le sujet.
Rejetant les amendements proposés par les députés de la majorité sur un allégement de l'ISF payé au titre de la résidence principale, Jean François Copé, ministre délégué au budget, a indiqué que le gouvernement aurait une "réflexion globale sur l'ISF, mais la priorité aujourd'hui était de tout faire pour conserver nos emplois et renforcer l'attractivité de notre territoire" .
Il y a fort à parier que la majorité reviendra rapidement à la charge pour alléger cet impôt. Hervé Mariton (UMP, Drôme) a, vendredi, souhaité que l'ISF "devienne un impôt comme les autres" . Derrière ces mots se cache la volonté de la majorité de ramener à 3 ans au lieu de 10 ans la possibilité pour l'administration fiscale de remonter dans le temps et de redresser, le cas échéant, un contribuable qui aurait omis de déclarer son ISF.
Cette mesure pourrait être votée lors de la première lecture du projet de loi de finances au Sénat. Et la Haute Assemblée, très active sur le sujet de l'ISF depuis plusieurs années, pourrait être tentée de revenir à la charge sur l'exonération de la résidence principale.
Joël Morio
Article paru dans l'édition du 23.10.05
L es amateurs de joutes verbales en auront été pour leur frais. Le débat entre le ministre de l'économie, Thierry Breton, et le médiatique député socialiste de Saône-et-Loire, Arnaud de Montebourg, n'a pas eu lieu.
Vendredi 21 octobre, lors de la reprise de la discussion budgétaire, le député socialiste prenait la parole pour s'"interroger sur les conditions très particulières de l'exercice par M. Breton de ses fonctions ministérielles" et de reprocher que l'amendement déposé par la majorité pour alléger l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) d'actionnaires dirigeants ou salariés, actuels ou anciens, d'une entreprise puisse profiter au ministre de l'économie, ancien patron de France Télécom et de plusieurs sociétés.
M. Montebourg exigeait alors des détails sur la composition du patrimoine du ministre. Cette demande fut réitérée au cours du débat avant que Jean-François Copé, ministre délégué au budget, finisse par annoncer la venue de M. Breton. Prévue pour la soirée, l'intervention du ministre de l'économie dans le débat budgétaire a eu finalement lieu en fin d'après midi. Mais elle s'est limitée à une explication sur le régime fiscal des stock-options au regard de l'ISF. Entretemps, M. Montebourg avait disparu des bancs de l'Assemblée nationale.
Un peu plus tôt, l'entourage de Bercy avait pris le soin de diffuser, dans les couloirs du Palais-Bourbon, la composition du patrimoine du ministre. Dès son arrivée en fonction, M. Breton aurait vendu les actions qu'il détenait, assure-t-on. Son patrimoine se composerait d'un appartement dans le 14e arrondissement de Paris, de liquidités gérées par un gestionnaire indépendant qui a le mandat de ne pas acheter d'actions, et de bons de souscription d'actions qui viendront à échéance en 2006.
Les proches du ministre n'ont pas poussé le détail jusqu'à communiquer le montant du patrimoine du ministre mais ils ont indiqué qu'il payait bien l'ISF.
J. Mo.
Article paru dans l'édition du 23.10.05
N icolas Sarkozy a adressé un message sous forme d'erratum à la communauté française musulmane. Vendredi 21 octobre, au soir, à l'occasion de la fête marquant la fin du jeûne du ramadan, le ministre de l'intérieur et président de l'UMP a tenu à clarifier sa pensée sur l'islam devant des militants du parti majoritaire issus de l'immigration, à la patinoire municipale de Colombes (Hauts-de-Seine).
Devant une assemblée de quelque 250 invités, parmi lesquels le maire (UMP) de Colombes, Nicole Gouetta, son collègue d'Asnières-sur-Seine, Manuel Aeschliman, député (UMP) des Hauts-de-Seine, des imams, des recteurs, et même la star du patin à glace Philippe Candeloro, Nicolas Sarkozy a voulu s'expliquer sur son expression "nettoyage" , après la mort violente d'un enfant à la cité des 4 000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 20 juin. Le président de l'UMP fait mine de ne plus très bien se souvenir de ses récentes déclarations : "Je crois même avoir prononcé au karcher", lâche-t-il, après une courte hésitation. L'assemblée répond aussitôt : "oui".
Ces propos ont "pu être mal compris. Je répondais alors aux habitants qui veulent être débarrassés de la drogue, des trafics. Mais nos compatriotes n'ont pas à souffrir des amalgames", a poursuivi le ministre de l'intérieur à l'adresse de son "ami" Aberrhamane Dahmane, président du Mouvement des démocrates musulmans et organisateur de la fête de Colombes. "L'Islam n'est pas synonyme de terrorisme. S'il y a problème, ce n'est pas dans les mosquées officielles qu'on le trouve mais dans les caves, les garages", a ajouté M. Sarkozy.
Plusieurs militants du parti majoritaire interrogés, vendredi, semblaient avoir compris la nuance. Karim D., adhérent de 28 ans, informaticien, affirme ne pas avoir été "choqué" un instant : "Ces attaques, dit-il, visent les minorités qui salissent l'image de la communauté... C'est tout." Rabbah M., adhérent de 27 ans et chauffeur de poids lourds, souligne, lui, que M. Sarkozy est "le seul à parler de la situation des musulmans sans tabou" . En quinze minutes de présence, le ministre de l'intérieur n'aura pas eu le temps de faire le tour de la question devant l'assistance. Mais il a rappelé son engagement envers les musulmans de France sur fond d'un nouveau slogan : "Si je veux être ferme, je dois être juste."
Comme le remarque Slimane Benaïssa, homme de théâtre algérien et "libre penseur", "la sécurité devient un thème porteur pour les musulmans avec l'apparition d'une petite bourgeoisie en leur sein". Othmani Khalid, conseiller municipal à Colombes, confesse : "Nicolas Sarkozy a peut-être surfé sur cette vague là. Mais c'est le seul à parler des minorités qui bossent." Abel Rachid Zouani, journaliste d'origine algérienne de 50 ans, non affilié à l'UMP, pense que Nicolas Sarkozy "veut ratisser large". L'animateur radio doute de la sincérité de son discours : "Il s'excuse devant nous mais adapte son discours selon les interlocuteurs."
Avant de quitter la patinoire de Colombes, le président de l'UMP se laissera aller à un jeu de mots entre la fin du jeûne et son engagement de présidentiable : "Le mot rupture, j'y crois", a déclaré M. Sarkozy qui ne rate pas une occasion de faire entendre sa différence avec le chef du gouvernement, Dominique de Villepin, sur ce terrain.
Véronique Le Guen
Article paru dans l'édition du 23.10.05
U ne partie des experts médicaux qui rédigent les règles de bonne prescription des médicaments ont des liens financiers avec l'industrie pharmaceutique. C'est la conclusion d'une enquête menée par la revue scientifique britannique Nature publiée dans son édition du 20 octobre.
Sur un total de 685 auteurs, impliqués dans plus de 200 textes de recommandations, 35 % de ceux ayant effectué une déclaration avouent un conflit d'intérêts, quelle qu'en soit la forme, entre leur tâche d'expert et le fait d'avoir reçu une rémunération par un laboratoire concerné par le sujet abordé.
La place croissante réservée à la médecine fondée sur les preuves ("Evidence-based medicine" ) a conduit les institutions médicales et sociétés savantes à formuler de plus en plus de recommandations sur les bonnes pratiques de prise en charge des maladies. Ces règles sont rédigées sur la base d'essais cliniques et précisent les classes thérapeutiques ou les médicaments les plus indiqués dans ces pathologies.
Nature a examiné 215 textes, émanant du monde entier, recensés en 2004 dans la base de données américaine sur les recommandations pour la pratique clinique. Sur ce total, seulement 90 documents détaillaient individuellement les éventuels conflits d'intérêts. Parmi les 90 documents, 31 mentionnaient l'absence de tout lien financier déclaré.
Ce dernier peut prendre des formes diverses, sachant qu'un même expert peut être lié de plusieurs manières à un ou des laboratoires. Sur les 90 documents fournissant une information sur d'éventuels conflits d'intérêts, Nature a relevé 45 cas (50 %) où au moins l'un des auteurs occupait un poste de consultant auprès d'un laboratoire concerné. Une proportion identique pour les cas d'auteurs ayant perçu d'une firme pharmaceutique un financement pour une activité de recherche. Dans 39 cas (43 %), l'un des experts avait été rémunéré comme orateur et dans 10 cas (11 %), l'un au moins des médecins détenait des actions en Bourse d'une firme.
Deux tiers (445) des 685 auteurs ne déclaraient aucun conflit d'intérêts. A l'inverse, 143 experts (soit 21 % du total) indiquaient avoir un rôle de consultant, 153 (22 %) mentionnaient une allocation de recherche, 103 (15 %) précisaient intervenir comme orateurs lors de manifestations organisées par un laboratoire et 16 (2,3 %) confessaient posséder des actions d'un laboratoire concerné.
Finalement, plus d'un tiers des experts déclaraient au moins un lien avec un laboratoire pharmaceutique. Un taux qui relativise l'argument selon lequel un seul auteur ne pourrait suffire à dévoyer l'évaluation réalisée collectivement par un groupe d'experts. D'autant que les déclarations de conflits d'intérêts sont faites sur une base volontaire, ce qui laisse la place à des omissions.
L'organisation non gouvernementale américaine Center for Science in the Public Interest a enquêté sur les recommandations concernant l'hypertension artérielle émises aux Etats-Unis en 2004. Un seul auteur signalait un conflit d'intérêts, mais l'ONG a découvert que quatre autres auteurs avaient perçu des financements de la part de laboratoires commercialisant des antihypertenseurs.
Nature a découvert un exemple éclairant de collusion à propos de recommandations sur le traitement de l'anémie chez les personnes infectées par le virus du sida. Le groupe d'experts avait été constitué par un chercheur réputé dans le domaine du sida, le docteur Paul Volberding, qui est aussi vice-président du département de médecine de l'université de Californie à San Francisco. Le laboratoire Ortho Biotech, une firme pharmaceutique du New Jersey, était à l'initiative de ce groupe. Il en a financé les réunions et a rémunéré ses six membres, y compris le docteur Volberding. Publiées en 2004 dans une revue spécialisée sur les maladies infectieuses, les recommandations faisaient la part belle à un médicament commercialisé par le laboratoire Ortho Biotech.
Comme le rapporte Nature , les organismes émettant des recommandations se défendent en expliquant que l'existence d'un lien avec l'industrie ne signifie pas que l'avis de l'expert soit biaisé. Mais la revue rappelle la critique selon laquelle "l'influence exercée par l'argent de l'industrie est inconsciente, mais puissante".
Elle se félicite qu'en Grande-Bretagne, même s'il emploie des experts dont certains ont des conflits d'intérêts, le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE, "Institut national de la santé et de l'excellence clinique") soit financièrement indépendant de l'industrie pharmaceutique. Ce n'est pas le cas en France de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), dont la majorité du budget vient des redevances versées par les laboratoires pour études de dossiers.
Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 23.10.05
L e gouvernement gouverne-t-il pour la France ou pour contrer Nicolas Sarkozy ? Nicolas Sarkozy agit-il pour le bien du pays ou pour combattre ceux qui contrecarrent sa future candidature à l'élection présidentielle ? Les trois principaux responsables de la République, le président, le premier ministre et le ministre d'Etat, donnent quotidiennement un spectacle qui ne fait pas honneur à leurs titres et qui n'est pas à la hauteur des lourds problèmes de la France et des Français.
Le dernier exemple de cette triste comédie du pouvoir concerne un sujet que tout le monde sait grave : la place de la religion dans la société et le rôle de l'Etat. Jeudi 20 octobre, M. Sarkozy, ministre de l'intérieur et des cultes, annonce qu'il créée "une commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics". Il répond en cela à une demande de la Fédération protestante de France qui réclame un toilettage de la loi de 1905. Les protestants se heurtent à des maires qui interdisent la création de nouveaux lieux de culte sous prétexte de laïcité.
M. Sarkozy n'ignore pas que Dominique de Villepin est l'invité, le lendemain, de cette Fédération centenaire. Le premier ministre lit un discours de Jacques Chirac qui indique que la loi de 1905 ne saurait être remise en question et M. de Villepin ajoute que le texte permet en l'état de répondre aux difficultés des protestants. Bref, M. Sarkozy a nommé une commission pour rien.
Turquie, religion, réforme fiscale, commerce extérieur, responsabilité des magistrats, écologie... la liste des sujets de divergence est longue.
La querelle a ses méthodes : d'un côté, M. Sarkozy préempte des décisions que vont annoncer le président ou le premier ministre. De l'autre, M. Chirac demande à M. de Villepin de "prendre des initiatives" sur les sujets qui relèvent de l'autorité du ministre de l'intérieur comme l'immigration ou la sécurité intérieure.
La conséquence est souvent le ridicule. Le 14-Juillet, M. Sarkozy organise sa propre fête à deux pas de celle de l'Elysée. Il omet de se rendre en Espagne avec le premier ministre. Il s'exempte d'un conseil des ministres pour cause de migraine. Il s'assied au deuxième rang à l'Assemblée nationale. Ces gestes alimentent la chronique médiatique.
Mais la querelle a un fond : sauf sur l'agriculture et la critique de la Commission européenne où la rivalité provoque une surenchère dans l'archaïsme, le président de l'UMP assure vouloir une "rupture" sur tous les sujets par rapport à la politique conduite "depuis des années", c'est-à-dire par M. Chirac. "Il ne sert à rien de continuer comme nous le faisons", a dit M. Sarkozy à propos de l'écologie mais le jugement vaut pour l'ensemble.
Le ministre de l'intérieur condamne le gouvernement dont il est le numéro deux. Il dit ne pas vouloir démissionner. Spectateurs de cette incohérence, les Français sont condamnés, eux, à compter les mois qui les séparent de l'élection présidentielle.
Article paru dans l'édition du 23.10.05
gerald+n ♦ 24.10.05 | 10h09 ♦ L’incohérence est décidément de tous les côtés ! A gauche, cela ne vaut pas mieux même si on voit progressivement se profiler le candidat Jospin dont, semble-t-il, une majorité de gens ne veulent pas ?! Un orchestre dissonant et qui rythmiquement ne tiens pas la route ne peut être en tout état de cause qu’une curiosité sonore, même pas musicale ! certains chefs savent d’un geste faire sonner l’orchestre comme il se doit. Actuellement, on cherche l’un de ceux là !
Yannick ♦ 24.10.05 | 09h46 ♦ Même si la lutte pour le pouvoir est aujourd’hui singulière par ses acteurs, elle n’en demeure pas moins classique dans la vie politique. La mise en scène actuelle ne dupe pas, seule l’instrumentalisation des médias atteignant un certain paroxysme. Car c’est bien la méthode Sarkozy qui interroge. Rompre, c’est bien, voilà la marque de courage d’un moderne. Mais à quel prix ? La transgression du consensus des partis modérés s’interdisant le populisme mérité, avant tout, d’être stigmatisée.
Serge B. ♦ 24.10.05 | 08h45 ♦ Il est lamentable que Sarkozy existe… politiquement. Que fait cet homme dans un gouvernment qu’il ne cesse de critiquer alors qu’il fait partie de la majorité depuis 30 ans ? Il est tout aussi lamentable qu’il soit président d’un parti de gouvernement quand on observe son comportement d’agité qui ne laisse rien présager de bon s’il devait par malheur occuper la fonction présidentielle. Sarkozy ne s’occupe ni de la France ni des Français dont il n’a cure mais de sa (toute) petite personne.
YANN100 ♦ 24.10.05 | 00h33 ♦ Il n’y pas grand chose de nouveau sous le cieel de France en ce moment. N’est ce pa M.CHIRAC qui a démissionné de son poste de premier ministre parce qu’il ne pouvait pas remplir sa mission ?! Attendons nous à ce qu’au moment stratégique choisi, M.SARKOZY en fasse de même, étant par trop malmené, avec trop d’interventions de M. DE VILPAIN dans des domaines qui hier étaient de la compétence du Ministre de l’intérieur ! Quel jeu bas et même stupide, où la France est bien oubliée !!
Jean L. ♦ 23.10.05 | 21h53 ♦ Et vous les journalistes ? Ca vous amuse un max de créer et d’entretenir en permanence ce soi-disant "combat" ? Les français ont vraiment d’autre soucis et rechechent vraiment d’autres nouvelles et d’autres études. Quel médiocrité...
henrikardo ♦ 23.10.05 | 15h06 ♦ Bayrou, ce n’est pas qu’il ne soit pas assez " glamour ", mais plutôt un peu trop " Papa-scout ". Pas le Père, un peu fouettard, comme De Gaulle, mais plutôt papa gifleur, comme avec le petit banlieusard qui lui faisait les poches pendant une visite. Qu’il ait de la profondeur parait assez évident - surtout comparé aux autres - mais pour ce qui est de la vivacité et de la " malice " indispensables à la fonction... il fait un peu troisième république, trouvez pas ? et question égo transpirant...
sunseeker ♦ 23.10.05 | 15h03 ♦ Bayrou sincère?...comme ministre de l’Education il a participé à la baisse du niveau en allégeant les programmes...je suis de la dernière génération à avoir passé le BAC C, 52% des coefficients étaient littéraires...aujourd’hui le BAC S n’est plus aussi complet...c’est un scientifique qui dénonce cette baisse de niveau littéraire faite par Bayrou un agrégé de lettres!... Bayrou a cogéré l’Education avec les syndicats, alors vraiment son discours de rupture d’aujourd’hui aura du mal à s’imposer
XF ♦ 23.10.05 | 14h50 ♦ Chirac n’est pas un candidat d’idées : pour se faire élire, sa méthode est d’émerger comme le moins faible de la droite; et il ne gagne que si la gauche est divisée. Beau rassembleur. Une fois encore, il peut espérer gagner. Il commet cependant une lourde erreur : ses propres électeurs, dont j’ai été, séduit puis résigné, sont maintenant usés. Comme lui. Qu’il ait la lucidité de savoir gérer sa sortie. Ce n’est pas bien parti.
monrog ♦ 23.10.05 | 14h08 ♦ Tous les éditoriaux du Monde ne se valent pas. Je le dis tout clair : celui-ci est impeccable ! Il résume ce que bon nombre de Français perçoivent. Cette division est lamentable. Elle est humiliante pour la fonction présidentielle. Elle n’est pas brillante non plus pour le ministre qui fait mine d’être dehors mais qui reste dedans, pour en tirer quelques avantages électoraux. Pauvre système français !
hopeandglory ♦ 23.10.05 | 13h49 ♦ Cela ne vous rappelle-t-il pas l’attitute - détestable, mais qui a fait ses preuves - de M. Chirac de la fin des années 1970 : il lui fallait tout: 1er ministre (démission pour contrer Giscard), président de l’UDF et le comble Maire de Paris tout cela a très bien fonctionné au SEUL avantage de l’intéressé champion de la communication, de la poignée de main et de l’embrassade!(et qui disait publiquement Seul sincère à droite : BAYROU : mais il n’est pas assez "glamour" pour les électeurs, hélas
Paul.dt ♦ 23.10.05 | 12h01 ♦ Les protagonistes de ce manège liront sans doute cet article ... et peut-être les commentaires?? Sauront-ils en tirer un enseignement?
sunseeker ♦ 23.10.05 | 11h17 ♦ atterrant comme ces esprits bien pensants qui critiquent Sarkozy sur son physique ou bien d’autres aspects seraient les premiers à crier au scandale si un immigré était ainsi traité...la France n’a pas besoin d’un soi-disant homme d’Etat à la Mitterrand ou Chirac/Villepin...il vaut mieux un dirigeant qui soit réformateur fût-il plein de défauts... pour certains c’est la forme qui prime...comme sur l’intervention en Irak... or la grande politique se fait sur le fond...à chacun ses valeurs!...
DANITON ♦ 23.10.05 | 10h59 ♦ Que c’est loin 2007 ....mais peut-on vraiment penser que les prochaines élections vont débloquer l’absurde situation dans laquelle notre pays s’enfonce ? Plus aucun role en Europe, aucune influence dans le reste du monde, et tout ça pour quelques ambitions personnelles. Si un "poujadiste" émerge, il est sûr de ramasser le gros lot !!!!
FRANCOISE F. ♦ 23.10.05 | 08h43 ♦ D’accord avec HenriKardo pour dire que nous avons la "démocratie" que nous méritons. N. Sarkozy ne fera pas entendre sa "voix" tant qu’il critiquera le gouvernement de l’intérieur. Sa démission le rendrait plus crédible : ce qu’il dit est loin d’être insensé. A gauche, Il y a aussi une opposition interne représentée par M. Fabius : fera-t-il entendre sa "voix" ? le 29 mai semble laisser penser que oui. Pourtant son NON au référendum l’a, à mon sens, décrédibilisé pour représenter le PS en 2007.
MICHEL U. ♦ 23.10.05 | 08h33 ♦ Les toubles oppositionnels et de provocation dont la présence chez les enfants indiquent leur incapacité à intégrer la loi, semblent envahir notre débat politique et devenir une méthode de gouvernement.Le débat d’idées et l’intérêt du pays ne sont plus que des moyens de s’opposer,tant que l’adversaire est solide.Lorsqu’il faiblit ou est remplacé, la tyrannie est proche.
leongreco ♦ 23.10.05 | 07h25 ♦ j’ai voté Bayrou à la dernière présidentielle, je revoterai pour lui, son heure est arrivée. Chirac est en train de "Poutiniser" De Villepin afin d’éliminer Sarkozy, les gauches sont suicidaires et avec Fabius il y a de quoi se faire du "mauvais sang"!! Je souhaite que la rupture du PS se réalise enfin. Pendant ce temps la,les chinois rigolent et l’Europe est un mauvais rêve.
Bomsteie ♦ 22.10.05 | 22h06 ♦ Que Nicolas Sarkozy défende ses conceptions de ministre est bien naturel, et les divergences de vues font partie de la vie. Si le premier ministre estime que cette richesse va jusqu’à l’incohérence, qu’il ait le courage de lui demander de partir. Au demeurant, les opinions de Nicolas Sarkozy sur la religion étaient bien connues de Villepin quand il l’a nommé à l’Intérieur : quelle comédie que de prétendre les découvrir aujourd’hui.
Le_Trouadec ♦ 22.10.05 | 21h49 ♦ A droite, un triangle maudit, un président qui manipule un premier ministre surtout là pour s’en prendre à un ministre de l’intérieur qu’on a réintégré dans un gouvernement qu’on l’a forcé à quitter lors de sa prise de pouvoir à l’UMP. A gauche, un bataillon de candidats qui sont d’accord sur un point et un seul : éliminer les autres. Des ambitions personnelles qui sont plus importantes, et de loin, que les idées et le programme. Tout cela est d’une absolue nullité...
janvion ♦ 22.10.05 | 20h45 ♦ Le temps n’est-il pas venu de constater que Sarkozy ne possède pas les compétences pour exercer la magistrature suprême. Mise à part sa faculté évidente de démagogue, forte utile pour gouverner, il ne possède ni la stature, ni la sagesse indispensable, ni les idées qu’ils dit garder sous le coude pour plus tard. Il est lui aussi d’une autre époque et ce n’est certainement pas d’homme politique comme lui dont la France a besoin. Soyons sérieux.
henrikardo ♦ 22.10.05 | 18h56 ♦ Pour les Grecs anciens, la magistrature unique et absolue pouvait donner le meilleur - le monarque éclairé - ou le pire des systèmes - le tyran -. C’est la raison pour laquelle ils avaient inventé la démocratie qui comme le disait Churchill " est le pire des systèmes sauf tous les autres ".Mais nous allons peut-être devoir reconnaitre, après avoir cru inventer la modernité politique avec la Révolution, que nous ne sommes pas majeurs et que nous avons les gouvernements que nous méritons.
Sue ♦ 22.10.05 | 18h11 ♦ Ne serait -ce pas la chronique médiatique qui alimente les gestes? Enlevez les projecteurs, il ne reste rien si ce n’est un homme pourvu de talonnettes et à qui la politique de la France donne la migraine.Attention à l’hypertension artérielle ! Signé- Une relique
Fouad.H ♦ 22.10.05 | 17h33 ♦ Qui sera Président est une question qui se pose.Du moins: pour ceux qu’en 2002,le tapage pour le bourrage à 82% pour Chichi avaient scandalisé.Et ils avaient déjà averti (notamment les rédacteurs du Monde -trés prochirac à l’époque) qu’un boulevard était ouvert pour "notre petit Nicolas"; le 16,18% de Jospin étant là...pour preuve!Mais la droite ne laissera pas passer "l’agité","le fils d’immigré"-et après, viendront d’autres sobriquets!Dans cette bataille, peu de Français s’y retrouvent!Et zut!
azebolu ♦ 22.10.05 | 16h58 ♦ Le dernier exemple de cette triste comédie est le problème des Protestants qui ne peuvent plus créer de lieus de culte car les quotas sont réservés aux mosquées !!! Voilà où nous en sommes !!! C’est la dernière des religions chrétiennes qui veut encore faire face à la déchristianisation de l’occident, la religion catholique étant réduite à l’état de sainte relique rétrograde. Et on nous envoie ça comme s’il s’agissait d’un conflit Sarko-Villepino-Chiriakeste. Pauvre France !!!
LibertéEquitéSolidarité ♦ 22.10.05 | 15h02 ♦ Etant donné l’état de division profonde de la gauche après le référendum du 29 mai, ils peuvent se permettre n’importe quoi. Privés de toute opposition, ils n’ont pas besoin de serrer les rangs et laissent éclater leurs ambitions personnelles en sacrifiant celles du pays. La constitution actuelle n’assure plus la perennité de notre vie démocratique.
JEAN CHRISTOPHE C. ♦ 22.10.05 | 14h44 ♦ Participer a un gouvernement que l’on critique sans arret, se presenter comme l’adversaire politique de son Premier Ministre et presider un Parti politique dont le groupe parlemntaire soutien le gouvernement et vote ses projets de loi, cela ne serait pas de l’incoherence par hasard???
ALBERT F. ♦ 22.10.05 | 14h41 ♦ L’incohérence n’est pas accidentelle: elle est le résultat très logique d’institutions devenues obsolètes et inefficaces, et notamment de l’absurde primat de la fonction présidentielle, qui devenue phare, polarise les regards de la classe politique, cristallise les ambitions personnelles. Il ne s’agit plus de diriger un pays mais plus prosaîquement d’en devenir le ROI.Il y aurait 20 candidats monarques à présent. Et certains benets parlent toujours de République? Quant à la démocratie...
clo.clo ♦ 22.10.05 | 14h20 ♦ Le sujet étant tellement .. peu interessant, que je me demande si ce n’est tout simplement pas le Monde qui monte en épingle un sujet sur lequel tout le monde s’en fout !! Le figaro n’en parle pas, Liberation non plus, bref il peut y avoir des divergences la dessus, ce n’est pas tres important, et cela n’est pas une preuve de conflit !! De la à fair un édito la dessus, que je n’ai même pas lu vu le sujet, et d’en faire la une internet,il faut croire que de faire monter la mayonnaise est urgent !
YAPAL ♦ 22.10.05 | 13h50 ♦ La France dans son histoire récente n’a jamais été à une incohérence près : déclaration de guerre à la Prusse en 1870 parce que Bismarck avait été "mal élevé", déclaration de guerre à l’Allemagne après avoir laissé Hitler assurer tranquillement son pouvoir pendant 6 ans, décolonisation par lambeaux avec formules creuses jusqu’à l’arrivée de de Gaulle. Toutes incohérences aux conséquences tragiques . Cela pourrait aussi le devenir pour la loi de 1905 . Respect des religions oui, subventions non.
sunseeker ♦ 22.10.05 | 13h29 ♦ quel ridicule: Sarkozy explique l’impérieuse nécessité d’une rupture avec la politique radical-socialiste chiraquienne en matière de réforme de l’Etat jacobin providence mais fait partie d’un gouvernement "Titanic" mystificateur qui joue sa musique spécieuse des 2.25% de croissance pour le budget 2006 alors que l’iceberg de la cessation de paiement approche...avec en vue des réformes très dures loin de la démagogie crypto-guévariste des chiraquiens... Sarkozy coulera t-il avec le navire?
jacklittle ♦ 22.10.05 | 12h41 ♦ Précision le Ministre qui ne le respecte pas,en l’occurrence Mr Nicolas SARKOZY,doît démissionner ou être démissionné.
jacklittle ♦ 22.10.05 | 12h39 ♦ Incohérence,OUI.Mais qui est responsable de cette incohérence,triste spectacle qui est sous les yeux de tous les Français,mais hélas aussi de nos partenaires européens,ainsi que nos Alliés et,notamment les USA.Qui est responsable,bien évidemment Mr CHIRAC,que je sâche sous la Vème République c’est lui qui nomme le 1er Ministre qui à son tour forme son gouvernement.Dans la pratique il y a un pacte d’unité et de réserve de la part de chaque Ministre,s’il n’est pas recpecté il doit être démissionné
I l faut bien convenir, avant que les dirigeants européens ne se réunissent à Hampton Court, jeudi 27 octobre, pour discourir de l'Europe sociale à l'initiative de Tony Blair, qu'il n'y a pas de modèle idéal. Face aux chocs de la mondialisation, bien peu de pays développés sont parvenus à remodeler leur système de protection sociale en mariant de façon complètement convaincante économie et social, compétitivité et solidarité.
Si la croissance est impressionnante et solide aux Etats-Unis, cette réussite ne parvient pas à empêcher le développement d'une "anxiété sociale" . Elle provient de ce que le système, comme le résume le professeur Michel Aglietta, "transfère toute l'insécurité à ceux qui sont les moins capables de l'assumer" , les moins qualifiés, ceux du bas de l'échelle.
Ces dernières semaines ont vu un nouveau pan de l'ancienne protection sociale américaine s'écrouler. General Motors, qui souffre d'importantes pertes financières et d'un recul de ses parts de marché depuis vingt ans, a annoncé un plan d'économies qui va changer la donne sociale de l'entreprise. Primo, le géant va réduire de 1 milliard de dollars ses versements pour l'assurance-maladie de ses 106 000 salariés et de son million de retraités. Secundo, la faillite de Delphi, qui fabriquait ses composants, va l'obliger à reprendre à son compte le paiement des retraites complémentaires de cette ancienne filiale. GM n'en aura pas les moyens, sauf à limiter aussi le paiement des retraites complémentaires de ses salariés.
La crise de GM annonce la fin du régime social de la grosse entreprise qui paie bien et offre des garanties. Ford suivra sûrement dans cette voie où les groupes automobiles ont été précédés par les compagnies aériennes, le pétrole, la sidérurgie ou la chimie.
Le bon ouvrier de ces secteurs traditionnels, figure centrale de la fameuse classe moyenne américaine, se retrouve privé de couverture sociale. Il va lui falloir cotiser directement à ses frais pour une assurance-santé. Les plus faibles et les plus imprudents vont rejoindre les 45 millions d'Américains qui n'ont plus aucune assurance sociale.
Pour les retraites, il existe un minimum, versé par un organisme fédéral. Mais celui-ci, financé par les cotisations des entreprises, est lui-même en très grave déficit. Le système social américain est donc beaucoup moins "sustainable" (durable) que la croissance.
L'Europe n'a pas de quoi faire la fière. Elle protège certes globalement beaucoup mieux ses ressortissants, mais cela se fait, dans la majorité des pays membres, aux dépens de la croissance et de l'emploi. André Sapir, de l'institut de recherche bruxellois Bruegel, vient de publier une étude qui distingue en fait quatre modèles européens, dont seuls deux sont "efficaces" : le modèle anglo-saxon (syndicats faibles, éventail large des salaires, protection sociale limitée au minimum) et le modèle nordique (haut niveau des dépenses sociales, syndicats forts, resserrement des salaires, liberté de licenciement mais forte indemnisation des chômeurs). Un seul des deux, le nordique, est à la fois efficace et équitable.
Les deux autres modèles sont inefficaces. L'un est équitable, le modèle continental (fortes dépenses sociales, licenciements très encadrés et indemnités de chômage généreuses ; cette catégorie comprend la France et l'Allemagne), l'autre, le modèle méditerranéen, est inefficace et inéquitable (fortes dépenses, licenciements limités mais indemnités faibles).
A vouloir conserver des systèmes sociaux qui ont été bâtis dans les années 1950 pour un environnement économique stable (la grande entreprise de type GM), les pays inefficaces se privent de la flexibilité indispensable dans un environnement devenu mouvant avec la mondialisation.
Sapir donne un chiffre impressionnant : 45 % de nos importations industrielles viennent des pays à bas salaires contre seulement 8 % en 1970. "Et ce n'est que le début", ajoute l'auteur.
La création du marché unique et celle de l'euro se voulaient des réponses à la mondialisation, mais elles n'ont pas suffi à "générer un plus grand dynamisme". Parce que les efforts se sont ralentis (pas de marché unique de la finance ni des services), parce que le budget européen est trop faible et reste alloué "aux reliques" comme l'agriculture. Mais aussi parce que leur inflexibilité sociale a fait que les pays continentaux et méditerranéens ont subi les inconvénients de la mondialisation sans en percevoir les avantages.
André Sapir va plus loin en annonçant que ces pays bloqués faute d'ajustement social et monétaire (l'euro interdit les dévaluations) vont essayer de retrouver un avantage comparatif en se lançant dans un dumping fiscal. L'Autriche l'a fait, l'Allemagne y songe. Ces Etats y perdront en recette, la spirale est meurtrière. Le conservatisme social national devient facteur du délitement social européen, la gauche française devrait y réfléchir.
Les leçons que tire André Sapir sont celles-ci :
1) L'équité a un prix. Pas de solidarité sans transferts sociaux. Tony Blair l'a du reste compris. Depuis 1997, la pauvreté a décru d'un quart outre-Manche pour revenir à un niveau comparable à celui de l'Europe continentale. Les inégalités y restent en revanche plus fortes.
2) L'efficacité ne dépend pas du niveau des taxations donc du volume de l'argent versé. Elle vient de la qualité des politiques concrètes.
3) Les systèmes inefficaces ne peuvent pas perdurer (ils ne sont pas non plus " sustainables" ).
Les pays ont le choix entre les deux modèles efficaces dont aucun ne signifie "la fin du social" comme les démagogues politiques le disent. C'est l'inverse qui est vrai : l'immobilisme ne permettra pas de défendre les avantages acquis et il finira par mettre en péril le marché unique et l'euro.
Faute de dynamisme dans les pays continentaux ou méditerranéens, ce sont des couches toujours plus larges de la classe moyenne qui tomberont sous la pression croissante de la mondialisation. France et Etats-Unis, deux modèles différents mais créateurs de la même anxiété sociale.
Eric Le Boucher
Article paru dans l'édition du 23.10.05
polo+di+marco ♦ 22.10.05 | 22h42 ♦ Bien sur,anxieté sociale et meme plus. Car perte de confiance entre<<Etat- patron>>ou <<Patron-privé>>et les salariés. En plus,quand un <<Accord>>a été trouvé entre representants dupatron et des salariés;si bien des salariés le trouvent stupide,on voit bien qu’il est entériné.Avec L’aval souvent du ministère concerné. Tout ceci accentue la perte de confiance,engendre plus d’anxiété...et bien plus. Reforme à construire.
Sue ♦ 22.10.05 | 19h59 ♦ Enfin un article clair sur le sujet qui montre les alternatives possibles.Néanmoins il y a sans doute des effets de seuil: un système peut fonctionner dans un petit pays mais il peut engendrer des effets pervers dans un pays plus peuplé.Rappelons à Angel M. que la sécurité sociale bismarkienne existe toujours en France- en Alsace et en Moselle en tant que caisse complémentaire et locale.La comparaison est donc d’autant plus aisée que deux systèmes fonctionnent en même temps.
♦ 22.10.05 | 19h52 ♦ Dans les calculs : ne pas négliger non plus la manne noire du pétrole de la Mer du Nord ... mais la France a des idées, on s’en souviendra.
paletuviers ♦ 22.10.05 | 19h21 ♦ On peut se demander logiquement si la France est capable de changer d’orientation dans ses choix économico-sociaux.
AGNES L. ♦ 22.10.05 | 17h51 ♦ "Sustainable veut dire "durable" ",comme c’est gentil de nous parler en Anglais dans la-langue-des-experts . Merci aussi de parler d’ajustement social,sachant que la variable d’ajustement economique est souvent le licencié "imprudent".(..pertes&...profits) Quant à l’Europe Sociale,merci de m’en apprendre le délitement comme l’existence.Mais c’est vrai c’est plus la faute-au-manque-de-flé-xi-bilité qu’au dérisoire budget communautairedontvousavezcependantparléquandmêmec’estplusserieux .
Stephane - San Francisco ♦ 22.10.05 | 17h07 ♦ Cela fait 20 ans que je vois la France evolueer vu de l’Amerique et je ne l’ai jamais vu se rapprocher du model americain en matiere sociale. Elle s’en est completement separee: 6 semaines de vacances, 35 heures, RMI, primes a l’emploi, credits d’impots, CDI/CDD, aides a tout va... Citez moi ce qui fait de la France un pays liberal. La France est un des pays develope les moins liberaux (et les plus communiste "volontaire") du Monde. Les problems Francais ne viennent pas de son Liberalisme.
Stephane - San Francisco ♦ 22.10.05 | 17h00 ♦ L’analyze d’ELB sur les US est tres incomplete. Il parle de GM et Delphi. Ces boites on des regimes de retraite dites "Defined Benefits", popularises apres WWII. Ces regimes sont equivalent au regime Francais a l’echelle d’une entreprise. Ils ont les meme problemes. Si la boite va mal, les benefices s’en vont. Depuis plus de 30 ans, la plupart des americains souscrivent a des regimes de "defined contributions" ou l’employee controle son capital retraite. Ces regimes marchent toujours tres bien.
Stephane - San Francisco ♦ 22.10.05 | 16h54 ♦ L’anxiete societe sociale francaise qui est en permanence exprimee a travers les greves, les medias et autres n’existe absolument pas aux Etas Unis - meme dans les regions industrielles les plus touchees ou les plus pauvre. Cela ne vaut pas dire qu’il n’y a pas de conflits. Cela veut simplement dire que l’Americain ne compte pas sur le gouvernment pour le tirer de situation difficile. Il a tendance a vouloir se tirer d’affaire lui meme.
AM ♦ 22.10.05 | 15h45 ♦ Ne pas perdre de vue le fait qu’il n’y a (presque ) plus de modèle français, son identité propre s’étant perdue vers le début des années 80. Depuis, il se transforme à marche forcée vers le modèle américain, "tout libéral" avec pour dogme : "pour aider les pauvres, favorisons les riches...
Angel M. ♦ 22.10.05 | 15h43 ♦ La Séc. Social a été crée en Allemagne par Bismarck au 19e S., et les pays scandinaves, et dans beaucoup de cas aussi des autres pays comme l’Allemagne ou la Grande Bretagne ont toujours eu plusieurs décennies d’avance dans le development du «welfare state». Pour quoi parlent les Françaises de ‘modèle social Français’? Qu’est ce qu’il y a de ’Français‘ dans ce modèle? Saphir nous propose une bonne classification: modèles américain, anglo-saxon, nordique, continental et méditerranéen.
LibertéEquitéSolidarité ♦ 22.10.05 | 15h33 ♦ Le modèle français est facteur d’anxiété sociale, comme l’américain : et sans en avoir aucun des avantages dans le domaine de la création de richesses et de la recherche !
LibertéEquitéSolidarité ♦ 22.10.05 | 15h30 ♦ Qui peut encore prétendre qu’ELB est un ultra-libéral après avoir lu ce texte documenté et convaincant. Le débat est lancé ; on va devoir répondre avec des arguments et non des incantations, des slogans et des anathèmes. Que ceux qui pense qu’un autre modèle est possible le décrivent comme l’a fait Sapir avec les 4 modèles existants. Le 29 mai stimule les imaginations et semble avoir élevé le niveau de conscience sociale et de culture économique. On continue à bien poser les vraies questions !
gérard B. ♦ 22.10.05 | 15h16 ♦ L’article souligne qu’en effet il faut s’inspirer des "modèles nordiques". D’abord parce que ces modèles sont proches de nous sur le plan culturel, ensuite parce qu’ils sont plus efficaces que le nôtre. Evidemment de nombreux comptempteurs du modèle libéral ne mettent en avant que le modèle US, comme repoussoir, pour valider le modèle (l’anti-modèle plutôt) français. Il est vrai qu’accepter que nous ne sommes pas la lumière du monde est difficile...
sunseeker ♦ 22.10.05 | 13h42 ♦ il faut passer du quantitatif au qualitatif: stopper l’explosion démographique du Tiers Monde pour la stabilité migratoire et environnementale, passer d’une société de consommation compulsive -consommer même racine que consumer!- à une logique qualitative, à faire aussi dans l’Education contre la logique des moyens, bref changer de modèle de société...avec des structures permettant la responsabilité individuelle effective contre un Etat jacobin providence déresponsabilisant...
D es taux d'intérêt à long terme en légère hausse, une faillite évitée (celle de General Motors), un nouveau scandale (celui de Refco) : le marché primaire obligataire absorbe tout, les bonnes comme les mauvaises nouvelles.
Point positif, General Motors a réussi, lundi 17 octobre, à négocier avec le syndicat de l'automobile américain une réduction drastique de ses coûts sociaux, ce qui lui évite d'avoir à se placer sous la loi américaine sur les faillites (chapitre 11). Cet accord ne permet pas au constructeur automobile de retrouver toute sa splendeur, mais GMAC, sa filiale en charge de l'activité de crédit, pourrait voir la majorité de son capital vendu et bénéficier ainsi de conditions de financement plus séduisantes.
Actuellement, les obligations de General Motors sont placées dans la catégorie "pourrie" (junk bonds) . Le soulagement prévalait donc lundi, l'émetteur important que représente GMAC pourrait même revenir sur le marché.
L'enthousiasme modéré suscité par cette nouvelle n'a pas tardé à être refroidi. Dès le lendemain, le marché a dû supporter les conséquences de la mise en faillite de Refco, le principal courtier américain des marchés à terme. Non qu'il soit un émetteur important au contraire, Refco ne dispose que d'une ligne obligataire émise en dollars américains il y a quatorze mois mais quelques banques sont touchées par cette affaire, au premier rang desquelles Bawag.
Pour tenter d'éviter le scandale, la banque autrichienne avait accordé un crédit de 425 millions d'euros à Refco et à Philipp Bennett, son président limogé le 10 octobre après la découverte de dissimulations comptables. Le marché du crédit n'a pas enregistré de dérive, sauf sur les obligations Bawag.
Les investisseurs sont restés sereins. L'établissement a précisé que ce crédit était adossé à des actifs recouvrables, et les agences de notation ont confirmé jeudi la notation au meilleur niveau des obligations foncières émises par la banque autrichienne, étayant la qualité de leur montage.
Si les obligations non sécurisées de Bawag ont plus souffert dans un premier temps, elles se sont ensuite retrouvées à des cours plus classiques.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que les emprunteurs ne se soient pas rués sur le marché obligataire. D'autant que leurs besoins restent limités. Selon des chiffres circulant chez les banquiers, les émissions réalisées par des entreprises non financières d'ici à la fin de l'année représenteraient de 4 milliards à 5 milliards d'euros tous marchés confondus.
Le sprint de fin d'année a déjà commencé sur le marché de l'euro. Si les émetteurs n'ont globalement guère de besoins, il est à craindre que les émissions dites de "league table", qui permettent aux banques de grappiller une place ou deux dans les classements de fin d'année sans être de grande qualité, ne sauraient tarder à apparaître.
Isabelle Ehrhart
Article paru dans l'édition du 23.10.05
LibertéEquitéSolidarité ♦ 22.10.05 | 23h23 ♦ Si c'est un article sur la plasticité et la capacité d'absorption d'un des marchés financiers - le marché primaire obligataire US -, il fallait le dire plus nettement. L'aspect technique n'a échappé à personne et cache sans doute l'essentiel. La crise de 1929 aurait démarré en Autriche avec les conséquences que l'on connaît. Cette fois le système serait équipé pour "tout absorber" y compris le vol du papillon de la théorie des catastrophes. La technicité de l'article occulte l'essentiel !
![]() AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Un scooter passe, le 22 octobre 2005 dans le 8e arrondissement de Marseille, devant l'immeuble où habitait un couple dont les trois enfants ont été retrouvés morts.
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J ean-Paul Steijns a passé sa première nuit en prison après avoir été mis en examen pour assassinats par empoisonnement et homicide volontaire. Son épouse (26 ans) et mère des trois enfants retrouvés morts a été mise en examen pour "recel de cadavres" et laissée en liberté sous contrôle judiciaire. Le père aurait voulu tuer sa famille avant de se suicider en raison des difficultés matérielles du foyer.
Ce dernier a initialement fait aux enquêteurs des déclarations "ubuesques, décalées et sans grande cohérence", a expliqué le procureur de la République, Jacques Beaume, lors d'un point de presse samedi. Puis, il a fini par reconnaître avoir administré une "mixture médicamenteuse" aux deux enfants issus d'une précédente relation de son épouse, une fillette de huit ans et un garçon de sept ans.
Concernant le bébé nouveau-né, dont il est le père, "l'état de décomposition avancée du cadavre" ne permet pas de connaître les causes précises de la mort, selon le procureur. Les chefs d'empoisonnement avec préméditation concernent les deux aînés tandis que celui d'homicide volontaire concerne le bébé, a-t-on précisé de source judiciaire.
L'homme né en Seine-Saint-Denis et son épouse née à Aubagne (Bouches-du-Rhône) avaient été interpellés et placés en garde à vue jeudi à la suite de la découverte sur la terrasse de leur appartement marseillais du corps de leur dernier enfant, un nouveau-né dont "ni la date exacte de la naissance ni celle du décès n'ont pu être déterminées avec précision". "Rien ne permet de dire si l'enfant est mort-né ou s'il était viable", a dit M. Beaume.
Le corps du bébé a été découvert par la police, venue procéder à l'expulsion du couple après plusieurs loyers impayés. Le couple avait quitté l'appartement deux semaines plus tôt pour se réfugier dans un hôtel de Salon-de-Provence.
Vendredi, sur les indications du père, les corps des deux autres enfants ont été trouvés dans une voiture à l'intérieur d'un garage à Marseille. Selon le médecin légiste, "le décès remonte à plusieurs semaines", a précisé le magistrat. Si l'autopsie a confirmé qu'"il n'y a pas de traces de coups de couteau ou de coups de feu, le médecin légiste ne peut pas dire avec certitude de quoi les deux enfants sont morts, compte tenu de l'état de décomposition avancée du corps", a ajouté le procureur.
"Nous sommes donc suspendus aux analyses toxicologiques en cours dont les résultats seront connus dans deux à trois semaines", a-t-il ajouté. Les enquêteurs n'ont pas encore établi le rôle exact joué dans ce dossier par la mère, à qui son mari aurait pu aussi administrer des potions médicamenteuses, et qui est apparue "sans émotion", "comme prostrée". "La clandestinité de la mort des trois enfants et le fait qu'elle n'ait informé personne ne sont pas suffisants pour que nous requiérions contre elle du chef d'homicide volontaire ou d'empoisonnement", a cependant souligné le procureur.
La famille qui vivait dans un immeuble d'un quartier tranquille du centre-ville, "ne relevait pas du quart-monde. L'homme était plutôt un escroc dépassé, empruntant de l'argent à des amis ou à la famille". Son épouse, se décrivant comme "soumise", croyait que son mari était "chef d'entreprise". "C'est un dossier qui reste très partiellement une énigme", a conclu le procureur.
Avec AFP
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 09h01
POUR INFORMATION. Les deux textes qui suivent sont deux versions de «la même» page – la même au sens que les deux ont figuré sur le site sous le même nom. En lisant l'accroche annonçant la première version (quelque chose comme «Crash d'un avion nigérian: au moins la moitié des passagers aurait survécu») je se suis dit, elle va disparaître assez vite pour laisser la place à une version plus réaliste. Ce qui arriva.
I nespéré, plus de la moitié des 116 passagers du vol Lagos-Abuja écrasé samedi peu après son décollage auraient survécu à la catastrophe. C'est ce qu'a annoncéle porte-parole du gouvernement de l'Etat d'Oyo, où les débris de l'avion ont été retrouvés. "Les services d'urgence dans l'Etat ont été mobilisés", a ajouté la même source. Selon a porte-parole de l'organisation régionale, Adrienne Diop, des responsables de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) se trouvaient à bord de l'avion mais elle ne précise pas s'il font partie des rescapés.
L'appareil, un Boeing 737 de la compagnie privée Bellview Airlines assurant la liaison de Lagos, la capitale économique du pays, à Abuja, sa capitale administrative, avait décollé à 22 h 50 (heure française) samedi et on était sans nouvelle depuis.
Selon les autorités aéroportuaires, l'avion avait disparu des radars au dessus de l'Atlantique peu après avoir décollé et avoir effectué une courbe au sud de la ville portuaire de Lagos pour prendre la direction du nord au dessus des terres. Dans un premier temps, les responsables ont suggéré que l'appareil avait pu s'abîmer en mer.
Des hélicoptères ont été envoyés à la recherche de l'avion et des passagers dans les zones maritimes puis vers la terre ferme. Un officiel de l'administration maritime nigériane Tidjani Bako a indiqué à l'AFP que les recherches se concentraient dimanche dans un secteur entre les villes d'Ibadan et d'Ilorin, à 100 km au nord-est de Lagos. "Je ne pense pas que quiconque ait pu survivre si l'avion s'est écrasé sur la terre ferme", a-t-il souligné.
Des diplomates ont indiqué avoir été mis au courant de la disparition de l'avion mais étaient incapables de dire si des étrangers se trouvaient à bord. Le Nigéria a été le théâtre de nombreuses catastrophes aériennes, dont une en mai 2002 qui avait vu un avion de ligne s'écraser sur l'aéroport de Kano (nord) faisant 149 morts, dont les 115 personnes se trouvant à bord.
Le 6 juillet 2005, un Airbus A330 de la compagnie Air France s'était trouvé au moment de son atterrissage à Port-Harcourt (sud) au-dessus d'un troupeau de vaches sur la piste et avait heurté l'un des ruminants. Bellview Airlines est une compagnie aérienne privée assurant des vols à l'intérieur du Nigeria et en Afrique de l'Ouest. De nombreux hommes d'affaires internationaux et des diplomates empruntent la ligne entre Lagos et Abuja.
Plusieurs compagnies privées aériennes du Nigeria sont considérées comme peu sûres par les voyageurs étrangers. Bellview Airlines avait cependant la réputation d'être dirigée professionnellement et d'offrir des conditions de sécurité satisfaisantes.
Avec AFP, Reuters
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 09h35
Mis à jour le 23.10.05 | 13h06
L es 111 passagers et six membres d'équipage du vol 210 de la compagnie nigériane Bellview Airlines ont tous péri samedi soir dans l'accident du Boeing 737 qui s'est écrasé près de Lagos peu après son décollage, a indiqué dimanche un porte-parole de l'Agence fédérale nigériane pour la gestion des urgence (NEMA).
"Nous nous sommes rendus sur les lieux de la catastrophe. C'est un terrible accident", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la Croix Rouge du Nigeria, Abiodun Orebiyi. "L'avion est en miettes. Il y a des morceaux de corps partout. Il est très difficile d'identifier les morts. C'est terrible, très tragique", a-t-il ajouté. Selon lui "des maisons ont été soufflées par l'explosion causée par la chute de l'appareil" et des habitants ont été très légèrement blessés.
Selon le porte-parole de la NEMA, Ibrahim Farinloye, l'impact au sol a dû être à grande vitesse car l'épave de l'avion "était complètement enterrée".
Une certaine confusion a entouré toute la journée de dimanche le lieu et le bilan de l'accident du Boeing 737 qui avait décollé de Lagos samedi soir pour Abuja, la capitale.
Des sources officielles avaient d'abord situé l'épave de l'avion à 400 km au nord de Lagos, mais M. Orebiyi a finalement indiqué que le Boeing 737 s'était écrasé près de la ville d'Otta, juste au nord de Lagos.
Le vol 210 de la Bell view Airlines avait décollé samedi à 19 h 50 heure locales(20 h 50 à Paris) de Lagos, capitale économique du pays, pour Abuja, la capitale administrative avec 117 personnes à bord dont six membres d'équipage. Quelques minutes plus tard, il avait disparu des écrans radar. "Nous avons perdu contact trois minutes après le décollage", a précisé dimanche un responsable de Bellview à l'aéroport de Lagos. Les raisons de la chute de l'appareil sont encore inconnues.
Selon les autorités aéroportuaires, l'avion a disparu des radars au dessus de l'Atlantique peu après avoir décollé et effectué un virage au sud du port de Lagos pour prendre la direction du nord au dessus des terres. La porte-parole de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Adrienne Diop, a de son côté indiqué que des responsables de l'organisation régionale se trouvaient à bord : "Nous sommes en train de prévenir les familles.", a-t-elle déclaré.
Des premières informations avaient fait croire que l'appareil avait pu s'abîmer en mer et du coup les autorités avaient envoyé des hélicoptères au dessus de l'océan pour entamer des recherches.Ce n'est que de longues heures plus tard que l'appareil a été localisé sur la terre ferme.Dans un communiqué le président nigérian Olusegun Obasanjo a indiqué avoir appris la nouvelle de la catastrophe avec "une immense tristesse".
Bellview Airlines est une compagnie aérienne privée assurant des vols à l'intérieur du Nigeria et en Afrique de l'Ouest. De nombreux hommes d'affaires internationaux et des diplomates empruntent régulièrement la ligne entre Lagos et Abuja. Plusieurs compagnies privées aériennes du Nigeria sont considérées comme peu sûres par les voyageurs étrangers. Bellview Airlines est en revanche considérée comme offrant des conditions de sécurité satisfaisantes.
Le Nigeria a été le théâtre de nombreuses catastrophes aériennes, dont une en mai 2002 qui avait vu un avion de ligne s'écraser sur l'aéroport de Kano faisant 149 morts, dont les 115 personnes se trouvant à bord.
Avec AFP
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 09h35
Mis à jour le 23.10.05 | 19h13
POUR INFORMATION. Ci-après, encore un doublet «je me précipite sur l'info puis je me rétracte». On prête à je ne sais plus quel grand directeur de journal, peut-être Pierre Lazareff (on ne prête quaux riches…) un aphorisme de ce genre: «une fausse nouvelle ça fait deux informations: l'article initial puis le démenti».
D es tests effectués en Suède sur un canard mort à Eskilstuna (ouest de Stockholm) ont révélé qu'il était porteur du virus de la grippe aviaire, mais il est trop tôt pour indiquer s'il s'agit de l'agent hautement pathogène H5N1, a indiqué samedi soir l'Institut vétérinaire national (SVA). "Nous savons qu'il s'agit de la grippe. Nous devons maintenant continuer et vérifier s'il s'agit du type H5", a indiqué à l'AFP Berndt Klingeborn, responsable de la virologie à l'institut.
L'examen de quatre des sept canards trouvés morts vendredi à Eskilstuna a été confié à l'institut, et les tests ont révélé que l'un d'entre eux portait le virus de la grippe, a expliqué M. Klingeborn, qui n'a pas souhaité indiquer ce qu'il est advenu des trois autres bêtes.
Il sera possible de déterminer s'il s'agit d'un virus de type H5 dimanche après-midi. "Nous saurons alors s'il s'agit d'un virus agressif tel celui révélé en Asie et en Turquie", a-t-il précisé. Selon M. Klingeborn, qui est également professeur associé à l'Institut vétérinaire national, il ne s'agit pour l'instant pas d'une découverte inhabituelle, étant donné qu'"environ 25 %" des canards testés en Suède ont la grippe.
"Ceci est habituel. Environ un oiseau sur quatre de ce type porte le virus de la grippe", a-t-il poursuivi. "Il y en a moins qui ont le H5. Il y a eu des cas auparavant de type atténué du H5", qui diffère de sa forme asiatique hautement pathogène, a précisé M. Klingeborn.
Si les examens révèlent dimanche que le canard mort porte un virus de type H5, des analyses supplémentaires seront faites, "pour déterminer s'il s'agit du (virus) H5N1. Cela prend environ 10 jours", avait précisé M. Klingeborn à l'agence de presse suédoise TT samedi soir.
La Direction suédoise de l'agriculture a pour sa part estimé que les premiers résultats des analyses révélés samedi n'impliquent pas une modification des recommandations de sécurité dans le cadre de la prévention de la contamination d'oiseaux en Suède.
"Il ne s'agit que d'une réponse partielle", a estimé samedi soir Robert ter Horst, en charge de l'unité de lutte contre les maladie contagieuses à la Direction nationale agricole, cité par TT. "Cela n'est pas quelque chose qui nous pousse à croire qu'il faut changer nos recommandations", a-t-il affirmé.
A l'heure actuelle, la Direction nationale agricole n'a pas imposé aux propriétaires de volailles de les enfermer, comme l'ont par exemple fait les autorités voisines de la Norgège. L'institution a recommandé vendredi aux propriétaires de volailles dans les régions suédoises de Gijtaland (sud) et de Svealand (Stockholm et environs) de réduire les risques de contacts de leurs bêtes avec des oiseaux sauvages et de les rentrer si cela est possible.
Avec AFP
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 07h33
D es examens ont révélé que le virus détecté chez un canard mort en Suède n'est pas hautement pathogène et n'est donc pas le H5N1, qui fait craindre au monde une épidémie de grippe aviaire, a indiqué, dimanche 23 octobre, l'agence de presse suédoise TT citant la Direction nationale agricole.
"Le canard mort à Eskilstuna (ouest de Stockholm) (...) était porteur d'un variant atténué du virus, ont révélé les résultats des analyses de l'Institut vétérinaire national", écrit l'agence. "Cela implique que le virus agressif de la grippe aviaire qui se trouve en Asie et en Russie et qui a atteint la Roumanie et la Turquie n'était pas présent dans ce canard", poursuit l'agence de presse.
Des premiers tests sur ce canard mort à Eskilstuna (ouest de Stockholm) affirmaient qu'il était porteur du virus de la grippe aviaire,sans pouvoir certifier qu'il s'agissait du H5N1. L'examen de quatre des sept canards trouvés morts vendredi à Eskilstuna a été confié à l'institut vétérinaire national (SVA) , et les tests ont révélé que l'un d'entre eux portait le virus de la grippe, a expliqué M. Klingeborn, de l'institut, qui n'a pas souhaité indiquer ce qu'il est advenu des trois autres bêtes.
Selon lui, il ne s'agit pour l'instant pas d'une découverte inhabituelle, étant donné qu'"environ 25 %" des canards testés en Suède ont la grippe. "Ceci est habituel. Environ un oiseau sur quatre de ce type porte le virus de la grippe", a-t-il poursuivi. "Il y en a moins qui ont le H5. Il y a eu des cas auparavant de type atténué du H5", qui diffère de sa forme asiatique hautement pathogène, a précisé M. Klingeborn.
La Direction suédoise de l'agriculture avait estimé, dimanche matin, que les premiers résultats des analyses révélés n'impliquaient pas de modifications des recommandations de sécurité dans le cadre de la prévention de la contamination d'oiseaux en Suède.
A l'heure actuelle, la Direction nationale agricole n'a pas imposé aux propriétaires de volailles de les enfermer, comme l'ont par exemple fait les autorités voisines de la Norvège.
Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 07h33
Mis à jour le 23.10.05 | 15h38
A près les antirétroviraux le Tamiflu ? L'association Act Up de lutte contre le sida et le Act Up et le Réseau pour l'accès médicaments essentiels du Burkina Faso ont, vendredi 21 octobre, exhorté la multinationale pharmaceutique Roche à autoriser la production en générique de Tamiflu afin notamment d'aider à la constitution de stocks de cet antiviral dans les pays africains. Cette initiative fait suite à la décision des responsables de Roche d'accorder des licenses secondaires pour le développement de la production mondiale de ce médicament antiviral, tenu pour être efficace contre le virus grippal qui pourrait être à l'origine d'une pandémie.
"Pour les pays africains, qui n'ont pas pu faire de stocks de Tamiflu, qui voient déjà les oiseaux migrateurs arriver des régions contaminées et qui connaissent les plus hautes prévalences à VIH, il n'y a plus le temps de discuter : Roche doit immédiatement autoriser et faciliter le lance ment sans conditions d'une pro duction générique du Tamiflu" , font valoir les deux associations.
Ces dernières observent que les personnes infectées par le virus du du sida sont particulièrement exposée au risque mortel de contracter une infection par un virus de la grippe hautement pathogène. "En France, l'Etat recommande un accès prioritaire au Tamiflu pour les malades du sida, mais que va t-il arriver aux millions de malades qui vivent en Afrique ?" interrogent ces deux associations.
Elles réclament de ce fait que Roche " abandonne immédiatement tous ses droits exclusifs sur le Tamiflu dans les pays en développement" et "donne aux fabricants de génériques accès à tous ses secrets de fabrication et d'assurance de qualité concernant le Tamiflu."
Auprès de la multinationale on indiquait, vendredi, être favorable à la production de Tamiflu sous licences secondaires mais nullement à la production de Tamiflu générique.
Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 23.10.05
![]() AFP/PHILIPPE HUGUEN
Le prix des plumes de coq s'envolent avec la grippe aviaire asiatique. Photo prise le 19 octobre 2005 à Seclin d'un coq de race Legorn dans une basse-cour.
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D ans la nuit du 21 au 22 octobre, les responsables de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afass) ont recommandé aux pouvoirs publics un renforcement des dispositifs de surveillance de la faune sauvage. Cette mesure a été prise au vu des derniers éléments épidémiologiques témoignant de la progression continue de l'épizootie de grippe aviaire sur le continent européen. Maintenant les conclusions de sa dernière analyse, l'Afssa ne recommande toutefois aucune mesure de confinement des volailles du type de celles qui viennent d'être prises en Autriche et en Allemagne.
Dans la matinée du 22 octobre, les autorités sanitaires russes ont annoncé la découverte d'un nouveau foyer épizootique en Oural, dans la région de Tcheliabinsk. Une trentaine d'oiseaux ont été retrouvés morts dans le village de Sunali et le diagnostic de grippe aviaire aurait déjà pu être porté pour six d'entre eux. La veille, les responsables des services vétérinaires russes avaient fait savoir qu'ils redoutaient l'extension géographique de l'épizootie de grippe aviaire dans les régions de Novossibirsk et de Kourgan, en Sibérie, ainsi que dans la région de Stavropol.
Depuis l'émergence de la maladie animale en juillet, sept régions de Russie ont été touchées et l'épizootie a pu être jugulée dans quatre d'entre elles (Altaï, Tcheliabinsk, Omsk et Tioumen) grâce à des mesures draconiennes d'abattage et de mise en quarantaine recommandées par l'Office international des épizooties et de la FAO. Nikolaï Vlassov, chef adjoint du département du contrôle vétérinaire du ministère russe de l'agriculture, a, vendredi 21 octobre, qualifié de "minime" le risque que la grippe aviaire puisse apparaître dans Moscou et ses environs.
La Commission européenne a pour sa part décidé d'interdire toutes les importations d'oiseaux de compagnie et de plumes en provenance de Russie, cette mesure ne concernant toutefois pas Kaliningrad et les régions russes situées en bordure de la Finlande. Une mesure d'embargo similaire sera prise, d'autre part, par Bruxelles vis-à-vis de la Croatie après la découverte du virus de la grippe aviaire sur six cygnes retrouvés morts près d'un lac dans l'est du pays.
En Roumanie les résultats des analyses effectuées par les experts britanniques du laboratoire de Weybridge ont confirmé l'existence d'un deuxième foyer épizootique dû au virus H5N1 d'origine asiatique. Ce foyer est situé à Maliuc, dans le delta du Danube, à une soixantaine de kilomètres au nord de Ceamurlia de Jos, où un premier foyer avait été identifié le 12 octobre. Les autorités sanitaires roumaines ont affirmé, vendredi 21 octobre, que la situation était désormais sous contrôle.
Le même jour, les autorités britanniques ont révélé qu'un perroquet mort importé du Suriname était porteur du virus de la grippe aviaire. "Ce cas confirmé de grippe aviaire ne remet pas en question le statut du Royaume-Uni de pays non touché par la grippe aviaire, car la maladie a été identifiée sur un animal importé et placé en quarantaine", a aussitôt précisé le ministère britannique de l'agriculture.
Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 23.10.05
L e virus de la grippe aviaire découvert sur un perroquet mort importé d'Amérique du Sud en Grande-Bretagne est bien le H5N1, a annoncé dimanche soir le Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales (DEFRA).
"Nous avons établi que la souche du virus est le H5N1", a déclaré Debby Reynolds, la responsable du département vétérinaire. La souche la plus proche du virus découvert sur le perroquet "est une souche indentifiée sur des canards en Chine cette année", précise le Defra dans un communiqué.
"Il n'est pas très similaire aux souches découvertes en Roumanie et en Turquie", ajoute-t-il, en précisant que "ce n'est pas une souche que le (laboratoire) a rencontrée auparavant".
Les tests ont été effectués par le laboratoire vétérinaire central britannique de Weybridge, (Surrey, sud-ouest). C'est ce laboratoire qui a découvert la trace du virus H5N1 de la grippe aviaire dans des échantillons provenant de Turquie et de Roumanie. Il est l'un des centres de référence mondiaux pour les maladies animales.
Le perroquet en question avait été importé d'Amérique du Sud et était arrivé sur le sol britannique à la mi-septembre. Il avait été immédiatement placé en quarantaine, dans le cadre de la procédure normale visant les animaux importés en Grande-Bretagne.
Le virus de la grippe aviaire qui a frappé l'Asie, provoquant la mort de plus de soixante personnes, était une forme du virus H5N1.
Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 20h49
L e Conseil de sécurité de l'ONU, qui doit discuter mardi des suites à donner au rapport, accablant pour la Syrie, du procureur Mehlis sur l'assassinat de Rafic Hariri, devrait au minimum exiger la pleine coopération de Damas à la suite de l'enquête. Néanmoins, il ne devrait pas être question de sanctions, au moins dans un premier temps, selon les déclarations faites, lundi 24 octobre, par plusieurs diplomates siégeant au Conseil.
Les Pays-Bas prêts à accueillir un procès international A l'issue d'un entretien avec la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, le ministre néerlandais des affaires étrangères, Bernard Bot, a affirmé que son pays serait prêt à organiser un procès international. "Nous avons évoqué la Syrie parce que nous pensons qu'après toutes les révélations au sujet de l'implication de hauts responsables dans le meurtre de Hariri, il faut faire quelque chose". Les Pays-Bas abritant le Tribunal international de La Haye, "s'il y a une extradition, bien sûr, nous serons obligés" de faciliter un procès, a précisé le ministre. "Nous partageons le sentiment des Etats-Unis que les coupables doivent être traduits en justice", a-t-il conclu, mais "nous ne pouvons travailler que si les suspects sont extradés". (AFP) |
Lundi matin, aucun projet de résolution n'était encore rédigé et les pays membres du Conseil en étaient encore au stade des consultations entre eux et avec leurs capitales, ont indiqué les diplomates. Les Etats-Unis ont exprimé en termes très clairs l'intention d'accentuer la pression sur Damas pour qu'il coopère à l'enquête. "Nous allons certainement insister sur une totale coopération de la part de la Syrie. L'heure est venue des vraies confessions pour le gouvernement syrien. Plus d'obstruction, plus de demi-mesures, nous voulons une coopération substantielle et nous la voulons immédiatement" , a averti John Bolton, ambassadeur américain à l'ONU. Il a estimé qu'il existait "un haut degré d'unité d'objectifs" au sein du Conseil pour exiger cela du gouvernement syrien.
A la question de savoir si la France et les Etats-Unis étaient prêts à déposer un projet de résolution dès cette semaine, M. Bolton a répondu : "Nous aimerions agir aussi vite que possible", tout en soulignant la nécessité de mener des consultations avec tous les Etats membres.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Sean McCormack, a souhaité que le Conseil de sécurité tienne, lundi 31 octobre, une réunion ministérielle. D'ici là, "les ministres auront eu l'opportunité" de discuter entre eux des suites à donner au rapport de Detlev Mehlis.
Le mandat de la commission internationale d'enquête, présidée par le magistrat allemand Detlev Mehlis, a été prolongé jusqu'au 15 décembre, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ayant donné son feu vert dans une lettre accompagnant le rapport. La résolution 1595, qui créait cette commission pour une période de trois mois renouvelable une fois, avait prévu cette prolongation automatique, sous réserve de l'aval de M. Annan.
"Nous voulons la vérité" sur l'assassinat de Rafic Hariri, a déclaré pour sa part l'ambassadeur de France, Jean-Marc de La Sablière, ajoutant que le Conseil allait devoir "mettre tout son poids" pour l'obtenir. Il a indiqué que les consultations portaient sur "une réponse efficace" du Conseil à la situation créée par le rapport Mehlis.
Interrogé pour savoir s'il prévoyait une première résolution qui irait au-delà de l'exigence d'une pleine coopération et menacerait Damas de sanctions, M. de La Sablière a simplement répondu : "Non, ce qui est important est d'avoir une réponse efficace et nous y travaillons".
Plusieurs dizaines de milliers de Syriens scandant des slogans hostiles aux Etats-Unis ont manifesté lundi à Damas et Alep pour dénoncer les conclusions du rapport de l'ONU. Les manifestants, descendus dans la rue à l'initiative du gouvernement, brandissaient des drapeaux syriens et des portraits du président Assad. Ils accusaient d'exercer des pressions sur les enquêteurs afin de punir la Syrie pour son attitude à l'égard d'Israël et son opposition à la guerre en Irak. "Nous n'avons pas peur de l'Amérique, à bas l'Amérique", ont scandé de jeunes manifestants.
D'autres brandissaient des banderoles portant l'inscription : "La Syrie n'est pas un nouvel Irak" et "La Syrie ne s'agenouillera pas face à l'Amérique".
Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 24.10.05 | 20h14
A lors que le conseil de sécurité devrait se réunir lundi 31 octobre pour étudier la réaction de l'ONU au rapport Mehlis, les autorités françaises souhaitent l'adoption d'une résolution aux Nations unies pour exiger de la Syrie qu'elle coopère à l'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. Le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a toutefois estimé, lundi 24 octobre, qu'il était prématuré d'évoquer la question d'éventuelles sanctions contre les autorités de Damas, avant la fin de l'enquête indépendante du juge allemand Detlev Mehlis, prolongée jusqu'au 15 décembre.
John Bolton veut des "vraies confessions" de la Syrie Après la publication du rapport de la commission Mehlis sur l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, l'heure des "vraies confessions" est venue pour la Syrie, a déclaré, lundi, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, John Bolton. "Nous allons certainement insister sur une totale coopération de la part de la Syrie. (...) Plus d'obstruction, plus de demi-mesures, nous voulons une coopération substantielle et nous la voulons immédiatement", a-t-il dit à la presse. M. Bolton faisait référence à une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, prévue mardi 25 octobre, lors de laquelle le dossier libano-syrien doit être examiné. |
"Ne donnons pas l'impression d'une quelconque arrière-pensée politique (...). Dans un premier temps, la justice, toute la justice, rien que la justice", a-t-il dit lors de sa conférence de presse mensuelle. "Il faut donner au juge Mehlis tous les moyens pour faire avancer le plus efficacement possible ses investigations [et] exiger des autorités syriennes qu'elles apportent toute leur coopération à cette enquête", a souligné Philippe Douste-Blazy. Autour "de ces deux lignes directrices", Paris souhaite "aboutir rapidement à un accord sur un texte de résolution dont nous espérons qu'il pourra être adopté à l'unanimité" par le Conseil de sécurité de l'ONU. Celui-ci doit examiner les conclusions de l'enquête Mehlis, mardi 25 octobre.
"Nous souhaitons que la Syrie coopère. Si elle ne le fait pas il faudra en tirer les conséquences [qui seront] à la hauteur des résultats de la commission Melhis", a prévenu le ministre des affaires étrangères. "Si vous restez sur le droit, l'unanimité de la communauté internationale sera là, y compris certains pays arabes", a-t-il assuré, précisant que Paris n'avait "pas de difficulté" sur la question syrienne avec les Etats-Unis, qui, comme la Grande-Bretagne, exigent une action contre Damas.
Le rapport d'enquête de l'ONU, rédigé sous la direction du magistrat allemand Detlev Mehlis, a conclu que la décision de tuer Rafic Hariri "n'aurait pu être prise sans l'approbation de responsables de haut rang des services de sécurité syriens", en collusion avec leurs homologues libanais. En réaction à cette conclusion, des milliers de Syriens scandant des slogans hostiles aux Etats-Unis se sont rassemblés, lundi, à Damas pour protester contre la mise en cause du régime de Bachar Al-Assad dans l'assassinat de Rafic Hariri.
Les manifestants accusent les Etats-Unis d'exercer des pressions sur les enquêteurs de l'ONU afin de punir la Syrie pour son attitude à l'égard d'Israël et son opposition à la guerre en Irak."Nous n'avons pas peur de l'Amérique, à bas l'Amérique", ont scandé des jeunes Syriens. D'autres ont brandi des banderoles portant l'inscription : "La Syrie n'est pas un nouvel Irak". "Excusez-moi M. Mehlis, le rapport ne m'a pas convaincu et il sert uniquement les intérêts sionistes et américains", était-il écrit sur une autre banderole.
D'après des témoins, plusieurs milliers de ces manifestants ont été poussés dans la rue par les autorités, notamment des jeunes et des fonctionnaires, tandis que les établissements scolaires ont autorisé leurs élèves à participer à la manifestation.
Avec Reuters
LEMONDE.FR | 24.10.05 | 17h11
S i les glaces du Groenland venaient à fondre, le niveau des mers s'élèverait de 7 mètres. Si l'on y ajoutait la calotte antarctique, il monterait de 70 mètres. Une telle masse ne se liquéfierait pas en moins d'un millénaire, prédisent les modèles. Pour le Groenland, ils estiment aussi que ce phénomène pourrait commencer à se produire avant la fin du siècle, si le climat sur ce continent blanc se réchauffe de seulement 3 degrés.
Pourtant, comme souvent en climatologie, les choses ne sont pas si simples, ainsi que le rappellent deux études parues dans la revue Science du 21 octobre. Dans l'une, Richard Alley (Pennsylvania State University) et trois autres climatologues dressent un bilan des recherches conduites ces dernières années sur l'évolution des glaces polaires, tant au Groenland qu'en Antarctique, et son impact sur le niveau des mers. Ils concluent que tant les mesures directes que les modèles manquent de précision "et ne sont pas capables d'évaluer si les changements en cours représentent des perturbations mineures en voie de stabilisation, ou un changement majeur qui pourrait affecter notablement le niveau des océans".
Cette conclusion prudente tient au fait que le réchauffement de l'atmosphère favorisé par l'accumulation de gaz à effet de serre a des effets divers selon les zones considérées : fonte des glaces d'un côté, mais augmentation des précipitations neigeuses de l'autre, par exemple. C'est le cas au Groenland, comme le montre le deuxième article de Science, signé par Ola Johannessen de l'université de Bergen (Norvège) et des collègues norvégien, américain et russe.
Les chercheurs ont analysé les mesures altimétriques effectuées par les satellites ERS-1 et ERS-2 entre 1992 et 2003 sur l'inlandsis groenlandais. "Une élévation de 6,4 centimètres par an a été constatée dans les vastes zones intérieures situées au-dessus de 1 500 mètres d'altitude", écrivent-ils. Sous cette limite, la glace perdait 2 cm d'épaisseur par an en moyenne. Le bilan de ces phénomènes antagonistes reste cependant positif, l'épaisseur moyenne ayant crû de 60 centimètres en onze ans.
Cette évolution est corrélée, pour les périodes hivernales, avec l'oscillation nord-atlantique (NAO), un phénomène qui désigne les variations de pression sur l'Atlantique nord entre l'anticyclone des Açores et la dépression d'Islande. Les vents d'ouest qui atteignent la France dépendent de cette différence de pression. Lorsque l'indice NAO est positif, ils sont forts et apportent de l'humidité sur l'Europe. C'est l'inverse quand l'indice est négatif, l'Europe étant soumise à l'influence froide de l'anticyclone de Sibérie, tandis que l'humidité a alors tendance à se transformer en neige en altitude.
"Cependant, la NAO n'explique que les trois quarts des changements d'élévation de la glace , reconnaissent Ola Johannessen et ses collègues. On ne peut que spéculer sur les autres facteurs." L'équipe indique en outre que l'altimétrie par satellite ne rend pas bien compte de l'évolution des franges du Groenland et notamment des exutoires des glaciers. "L'ablation" de ces zones pourrait dépasser l'élévation constatée à l'intérieur.
Cette nouvelle étude "n'apporte que peu de chose au débat, sinon de la confusion" , juge Eric Rignot du Jet Propulsion Laboratory à Pasadena (Californie). Ses dernières observations de terrain montrent au contraire que la perte de masse glaciaire au Groenland est 50 % plus élevée que ce qu'indiquent les études publiées jusqu'alors. "Les glaciers accélèrent , insiste-t-il, et la plus grande partie de l'érosion se passe dans une région de 20 à 30 km le long des côtes glacières, où l'altimétrie radar ne marche pas."
Eric Rignot n'est pas plus tendre pour l'autre article de Science, notamment concernant l'Antarctique, "traité comme un gros glaçon qui fond un peu et reçoit beaucoup de neige". Les auteurs n'insistent, selon lui, pas assez sur l'accélération des glaciers, qui ne sont plus "tenus en laisse" par des bouchons de glace de mer, disloqués par un océan circumpolaire plus chaud. "Je regarde les glaciers du Groenland et d'Antarctique depuis quinze ans, les changements sont profonds au Groenland, importants en Antarctique ouest, note le chercheur. Les enfouir sous le couvert de l'inconnu des changements à long terme n'est pas une démarche scientifique, mais une opinion visant sans doute à rassurer."
Hervé Morin
Article paru dans l'édition du 23.10.05
L a Commission européenne va proposer d'instaurer un "embargo temporaire" sur les importations, dans l'UE, des oiseaux sauvages vivants en provenance du reste du monde, a annoncé, lundi 24 octobre à Luxembourg, le commissaire européen à la santé, Markos Kyprianou.
Bruxelles va suggérer, mardi, aux experts vétérinaires des vingt-cinq Etats membres de l'UE "une interdiction générale, pas seulement pour un pays spécifique, des importations d'oiseaux sauvages qui ont été capturés", a annoncé le commissaire lors d'une conférence de presse.
Le Royaume-Uni avait demandé un tel embargo à la suite de la découverte en Grande-Bretagne d'un perroquet en quarantaine atteint du virus de la grippe aviaire. L'interdiction que la Commission proposera, mardi, touche les oiseaux sauvages importés à des fins commerciales, donc pour être vendus, pas les oiseaux que les particuliers rapporteraient individuellement, a précisé son porte-parole, Philip Tod.
Pour ces oiseaux "domestiques" rapportés par des particuliers, la Commission proposera cependant des "contrôles" renforcés, a annoncé M. Kyprianou.
Avec AFP
U n nouveau foyer de grippe aviaire a été détecté, lundi 24 octobre, dans la partie européenne de la Russie, et les autorités croates ont annoncé qu'elles abattraient davantage de volailles après avoir retrouvé deux cygnes qui pourraient avoir péri de la même maladie.
Au total, douze poules sont mortes de la grippe aviaire dans une datcha privée de Tambov, à 400 km au sud-est de Moscou. Les autorités ont tué une cinquantaine de volailles dans cette zone, qui a été placée en quarantaine, ont annoncé des responsables locaux de la santé.
Depuis son apparition en 2003 en Corée du Sud, le virus H5N1 a tué une soixantaine de personnes dans quatre pays d'Asie du Sud-Est. Les experts du secteur de la santé craignent qu'il n'évolue en un virus capable de se transmettre entre les humains, ce qui pourrait entraîner une épidémie très meurtrière.
Avec Reuters
D es ministres de la santé et experts d'une trentaine de pays se sont réunis à Ottawa, lundi 24 octobre, pour étudier les moyens de faire face à une pandémie de grippe, qui pourrait être provoquée par la progression actuelle du virus de la grippe aviaire. "La question fondamentale est qu'aucun pays ne peut traiter ce problème tout seul. Le monde doit s'unir. C'est le but de cette réunion", a déclaré le premier ministre canadien, Paul Martin, lors d'une conférence de presse, lundi matin.
Les dirigeants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la FAO (organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) participent aussi à cette conférence, qui a commencé en fin d'après-midi lundi et se tient à huis clos. Dans une tribune publiée dans le Ottawa Citizen, le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a estimé que la progression vers l'ouest du virus de la grippe aviaire était un "problème international qui requiert une réponse mondiale".
Il a lancé un appel de fonds pour tenter de maîtriser l'épizootie à sa source, demandant 175 millions de dollars pour un programme de surveillance et de vaccination de la volaille dans les pays, où la grippe aviaire est endémique.
La conférence d'Ottawa se tient alors que le virus de la grippe aviaire H5N1 a été découvert sur un perroquet importé d'Amérique du Sud, qui avait été mis en quarantaine en Grande-Bretagne. Cette découverte a suscité des appels à l'interdiction de l'importation d'oiseaux vivants dans l'Union européenne. La présence d'un autre virus de la maladie a d'autre part été confirmée en Croatie.
Ces développements devraient être évoqués par les ministres et experts réunis à Ottawa. Les autorités canadiennes ont toutefois souligné que la rencontre ne porterait pas seulement sur la grippe aviaire mais aussi sur une possible pandémie de grippe humaine, dont les experts craignent qu'elle ne tue des millions de personnes dans le monde entier.
La conférence vise à "stimuler la collaboration et la coordination à l'échelle mondiale en prévision d'une pandémie de grippe", ont indiqué les organisateurs. Ministres et experts doivent notamment débattre des moyens d'améliorer la détection et la réponse à une pandémie de grippe ainsi que de la mise au point de vaccins et d'antiviraux, et de l'accès des populations à ceux-ci. "L'une des principales questions à laquelle la conférence d'Ottawa est confrontée est de savoir comment les pays sous-développés ou en développement vont pouvoir faire face à une pandémie si elle commence chez eux", a déclaré sur la chaîne CTV, Neil Rau, un spécialiste des maladies infectieuses.
Dans cette perspective, le Canada a annoncé son intention de soutenir une proposition du ministre mexicain de la santé suggérant que les pays riches partagent leurs vaccins – lorsqu'ils seront mis au point – avec les pays pauvres en cas de pandémie.
Avec AFP
LEMONDE.FR | 24.10.05 | 18h52
F ace à la progression de l'épizootie de grippe aviaire, des experts font valoir que les pays industrialisés ont tort de se limiter au stockage de médicaments antiviraux et de ne pas accentuer la lutte contre la maladie animale. Quel rôle jouent les agences de l'ONU ?
On pourrait, de façon schématique, dire que la FAO -Organisation pour l'alimentation et l'agriculture- ne songe qu'à la santé vétérinaire et à la lutte contre le virus H5N1 là où cet agent hautement pathogène sévit sur un mode endémique. Et l'on pourrait penser que l'OMS -Organisation mondiale de la santé- ne fait, ici, qu'inciter les gouvernements au stockage de médicaments antiviraux et au développement de vaccins.
En pratique, il en va autrement. Je rentre du Vietnam et de Chine, et j'ai constaté qu'il n'y a, sur le terrain, aucune opposition. Les actions de médecine vétérinaire et de médecine humaine doivent être menées de front. Il faut à la fois combattre la grippe aviaire et se protéger contre le risque de pandémie de grippe humaine puisque l'on sait que cette dernière surviendra, même si l'on ne sait pas quand et où.
Dispose-t-on, à l'échelon international, des ressources nécessaires pour mener la lutte sur les deux fronts ?
Il est essentiel de dire que nous n'avons pas, aujourd'hui, assez de fonds et d'aide pour lutter contre l'épizootie. C'est d'autant plus inquiétant que cette épizootie continue à sévir en Asie, progresse en Europe et pourrait atteindre l'Afrique. Or, plus l'épizootie progresse, plus la réplication du virus H5N1 s'intensifie et le risque d'émergence d'un virus grippal mutant et d'une pandémie s'élève. L'urgence sanitaire mondiale est de juguler la maladie chez les animaux, de développer notre action sur le front vétérinaire pour protéger l'espèce humaine.
Faut-il soutenir l'action de la FAO ?
Les gouvernements et les responsables politiques sont généralement beaucoup plus sensibles aux risques sanitaires concernant l'espèce humaine qu'à la santé des animaux. Mais les experts et les techniciens sont au-dessus des questions politiques, et ils doivent faire comprendre aux responsables que la lutte contre l'épizootie doit être une priorité absolue. La FAO avait, dans un premier temps, évalué les sommes nécessaires à 100 millions de dollars. Je pense aujourd'hui qu'il vaut mieux tabler sur 180 millions de dollars. Or cette agence n'a, pour l'heure, réuni qu'une trentaine de millions de dollars. L'urgence sanitaire mondiale est de trouver, dans les quatre semaines, 150 millions de dollars pour juguler la maladie chez les oiseaux.
Si cette somme est réunie, peut-on envisager l'éradication du virus H5N1 ?
En vérité, il sera désormais très difficile d'obtenir l'éradication planétaire de la grippe aviaire parce que ce virus a atteint les oiseaux sauvages. Il peut désormais emprunter les grandes voies de migration nord-sud des oiseaux.
A-t-on la preuve que les oiseaux migrateurs jouent un rôle dans la dissémination du virus ?
Il est difficile de faire la preuve scientifique permettant d'affirmer que les récents foyers épizootiques en Chine, en Mongolie, en Sibérie, en Turquie et en Roumanie sont dus aux oiseaux migrateurs. Il y a cependant un consensus qui s'établit sur ce thème parmi les experts. On peut réduire le risque en luttant de manière systématique contre chaque foyer épizootique, par abattage et mise en quarantaine et en protégeant les volailles domestiques par vaccination. Nous pouvons contrôler la situation mais sans doute plus envisager l'éradication.
Voulez-vous dire que nous allons devoir apprendre à vivre avec cela ?
Oui. Pour l'heure c'est le constat que nous nous devons de faire, sans céder au défaitisme. L'urgence est d'intensifier la lutte en obtenant que les pays industriels fournissent le financement et que les pays pauvres donnent une priorité politique à cette lutte contre la maladie animale. Il faut vaincre, et ce n'est pas simple, les réflexes nationalistes : fermer les frontières ne sert à rien.
On commence à percevoir les signes d'un esprit de coopération aux Etats-Unis, dans l'Union européenne et en Chine. Il faut aussi une coopération, à l'échelon national, entre les agences chargées de la santé humaine et de la santé vétérinaire. Cela commence à être le cas dans les pays concernés comme le Vietnam, la Thaïlande ou la Chine. Il faut enfin un financement équitable entre le Nord et le Sud. Sans ces trois conditions, il sera impossible de lutter.
Propos recueillis par Jean-Yves Nau
Article paru dans l'édition du 25.10.05
L e Royaume-Uni, qui assume jusque fin décembre la présidence tournante de l'Union européenne a appelé, samedi 22 octobre, ses vingt-quatre partenaires à décréter un embargo sur les oiseaux sauvages de compagnie en provenance du reste du monde. Selon les responsables britanniques du Département pour l'environnement, l'alimentation et les affaires rurales, la Commission européenne serait dores et déjà favorable à une telle mesure, qui pourrait être prise dès le mardi 25 octobre. Les importations de volailles, considérées comme des oiseaux domestiques, resteraient autorisées.
Cette initiative fait suite à la découverte en Grande-Bretagne d'un cas de grippe aviaire due à un virus initialement identifié comme étant de sous-type H5 chez un perroquet en quarantaine en provenance du Suriname et retrouvé mort il y a quelques jours. Des analyses virologiques approfondies ont permis, dimanche, d'affirmer qu'il s'agissait bien d'un virus H5N1. Selon les responsables vétérinaires britanniques, ce perroquet pourrait avoir été contaminé pendant son séjour en quarantaine, obligatoire à l'arrivée sur le sol européen et d'une durée trente jours.
Cet oiseau faisait partie d'un groupe de 148 volatiles arrivés en Grande-Bretagne le 16 septembre et placés, au nord-est de Londres, à proximité d'oiseaux en provenance de Taïwan. A ce jour, aucun foyer épizootique de grippe aviaire du type H5N1 n'a été détecté en Amérique du Sud. Après celui récent de deux aigles importés en Belgique et retrouvés porteurs du virus H5N1 le cas du perroquet du Suriname arrivé au Royaume-Uni témoigne de l'importance à accorder aux contrôles sanitaires des oiseaux sauvages importés. La Commission européenne estimait, jusqu'à présent, qu'imposer une interdiction généralisée des importations d'oiseaux de compagnie serait contre-productif, dans la mesure où cela pourrait favoriser "l'apparition d'un marché noir échappant à tout contrôle sanitaire" . Mais l'épisode du perroquet a conduit la Société royale britannique pour la prévention contre la cruauté sur les animaux et la Société royale pour la protection des oiseaux à demander conjointement un embargo européen.
Des experts britanniques du Medical Research Council vont, de leur côté, partir, lundi 24 octobre, pour une mission de dix jours qui les conduira en Chine, au Vietnam et à Hongkong. Ils ont pour objectif d'examiner de quelle manière sont organisées la surveillance et la lutte contre l'épizootie dans ces trois pays. Ils étudieront d'autre part comment la coopération internationale pourrait être améliorée.
Sur le front de plus en plus mouvant de l'épizootie, un nouveau foyer de H5N1 a été détecté, le 23 octobre, dans la partie européenne de la Russie à environ 400 km au sud-est de Moscou. Et le même jour, l'Iran annonçait que 5 000 oiseaux migrateurs avaient été retrouvés morts ces dernières semaines dans le nord-ouest du pays, sans que la cause de leur mort ait encore pu être élucidée.
Article paru dans l'édition du 25.10.05
E dmund Stoiber est gourmand. S'il a accepté de délaisser sa Bavière natale pour "monter" à Berlin siéger dans le futur gouvernement allemand, ce n'est pas pour diriger un simple ministère. Le président de l'Union chrétienne-sociale (CSU) a d'autres ambitions. Il réclame des compétences élargies, quitte à empiéter sur les domaines de futurs collègues. Son attitude, qui ne surprend plus grand monde en Allemagne, n'en irrite pas moins les intéressés, ainsi que son alliée Angela Merkel. Désignée pour devenir la prochaine chancelière, cette dernière a déjà suffisamment de problèmes à régler, entre les revendications du Parti social-démocrate (SPD) au sein de la coalition gouvernementale en cours de formation, et les décisions à prendre rapidement pour donner un nouvel élan au pays.
Les finances au centre des négociations La première séance de négociations officielles en vue de former une coalition gouvernementale a eu lieu, le 17 octobre, au siège du Parti social-démocrate (SPD), à Berlin. La séance suivante devait avoir lieu lundi 24 octobre, à la Maison Konrad-Adenauer, le quartier général de l'Union chrétienne-démocrate (CDU). A partir de 17 heures, les seize membres désignés de la future "grande coalition" devaient aborder des dossiers concrets sur lesquels ont planché leurs experts. La question du déficit des finances publiques est au centre des débats. Les deux camps sont d'accord sur la nécessité de faire des économies considérables. Le chiffre de 30 milliards d'euros par an est avancé. L'objectif est d'éviter des sanctions européennes pour dépassement du déficit autorisé. Si les deux bords sont favorables à l'idée d'un "pacte financier" mobilisant Etat fédéral et régions, ils doivent encore s'entendre sur les moyens à employer pour couper dans les dépenses. (Corresp.) |
Lors des législatives de 2002, M. Stoiber avait échoué de justesse dans sa conquête du pouvoir face au chancelier sortant, Gerhard Schröder. Le Bavarois n'a eu ensuite guère d'autre choix que de se ranger derrière Mme Merkel, son ancienne rivale à droite, tout en continuant, de temps à autre, à faire preuve d'une certaine condescendance à son égard. Depuis le scrutin du 18 septembre, il jubile intérieurement : les Unions CDU-CSU ont réalisé un résultat plus faible avec leur tête de liste féminine que lorsqu'il portait haut leurs couleurs (35,2 % contre 38,5 %).
Après avoir hésité à rester dans l'Etat de Bavière, qu'il dirige depuis douze ans, ce sexagénaire aux cheveux blancs a décidé de lier son sort à celui du futur gouvernement, en en devenant membre. Mais à ses conditions. Jugeant le portefeuille des finances trop risqué en cette période d'abstinence budgétaire, il a revendiqué et obtenu un grand ministère de l'économie et des technologies. Contrairement à ce qui se faisait dans le cabinet sortant, ce poste sera délesté des questions sensibles du travail et des affaires sociales. En revanche, M. Stoiber tente d'y adjoindre des prérogatives qui, auparavant, revenaient au ministère de l'éducation, et en particulier tout ce qui a trait à la recherche.
Annette Schavan (CDU, Union chrétienne-démocrate), à qui doit revenir ce ministère, ne l'entend pas de cette oreille. Elle l'a fait savoir publiquement ces derniers jours, sans doute avec l'aval de Mme Merkel, dont elle est une fidèle. Une réunion à trois devait avoir lieu lundi ou mardi pour mieux départager les compétences de l'un et de l'autre.
M. Stoiber a également mécontenté le futur ministre des finances, Peer Steinbrück (SPD), en revendiquant certaines de ses attributions en matière de politique européenne. Nul doute que les deux hommes auront d'autres thèmes de friction à l'avenir. Le premier, partisan d'un certain interventionnisme industriel, se voit en train de dépenser à tour de bras pour faire du pays ce que la Bavière est devenue dans le domaine des hautes technologies. Le second aura pour mission de remettre le déficit du budget dans les limites autorisées par Bruxelles.
Le Bavarois n'en est pas à sa première incartade. Au diapason du SPD, il a déjà tenté de remettre en cause l'autorité de Mme Merkel à la tête de la "grande coalition" , en estimant que, dans ce contexte particulier, ce ne serait pas toujours à elle de "montrer la direction" à suivre. Il a ensuite réussi à imposer, au second poste de ministre réservé à la CSU, un homme dont la dirigeante ne voulait pas : Horst Seehofer, représentant de l'aile sociale du parti, qui avait critiqué les projets de Mme Merkel en matière de santé.
Si M. Stoiber a décidé d'emmener M. Seehofer avec lui à Berlin, c'est également pour tenter de mieux le contrôler, de peur qu'il ne sape son autorité en Bavière. La position du chef régional est fragilisée depuis le scrutin du 18 septembre. La guerre de succession est déjà ouverte pour le remplacer.
Antoine Jacob
Article paru dans l'édition du 25.10.05
L e fondateur et président de Microsoft, Bill Gates, devait venir, lundi 24 octobre à Paris, signer l'accord-cadre conclu entre son groupe et l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). Connu depuis le 26 avril, ce texte prévoit que des équipes communes travailleront à Orsay (Essonne), en banlieue parisienne.
L'accord stipule que les avancées scientifiques issues de ce partenariat seront publiées comme il est de coutume dans la communauté scientifique , mais, surtout, que les logiciels conçus par ces équipes franco-américaines seront diffusés sous licence open source, c'est-à-dire libres de droit.
Cette décision marque un revirement majeur dans la politique de propriété industrielle de Microsoft. Jusqu'à présent, le premier éditeur mondial de logiciels était opposé au logiciel libre. Il brevetait tout au contraire quasi systématiquement ses logiciels aux Etats-Unis, pour barrer la route à ses concurrents.
M. Gates n'avait pas hésité à qualifier les adeptes du logiciel libre de "communistes des temps modernes" . Microsoft détient actuellement 6 000 brevets et compte 10 000 demandes en attente... aux Etats-Unis. Car, en Europe, les logiciels ne sont pas brevetables ; ils relèvent du droit d'auteur et sont protégés comme tels.
L'accord entre Microsoft et l'Inria prévoit néanmoins que, si les travaux des équipes communes donnent lieu à des "inventions" non logicielles et ne relevant pas d'une publication scientifique comme des algorithmes , celles-ci seront brevetées auprès de l'Office européen des brevets (OEB). Les travaux issus de cet accord-cadre seront en copropriété : 50 % à l'Inria et 50 % à Microsoft.
Deux grandes catégories de thèmes de recherche ont été définies. Il s'agit, d'une part, de l'utilisation des ordinateurs afin de prouver des théorèmes de mathématiques modernes trop complexes pour être démontrés par un être humain ; d'autre part, du développement d'outils informatiques permettant aux autres sciences (physique, chimie, biologie, etc.) de gérer de gigantesques bases de données.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le revirement de Microsoft en matière de propriété intellectuelle. Il peut vouloir ainsi mieux se défendre face aux attaques pour abus de position dominante. Ce revirement était aussi le seul moyen de travailler avec les scientifiques de l'Inria, un centre de recherche qui compte nombre de partisans du logiciel libre.
Enfin, on peut aussi se demander si Microsoft ne commence pas à réaliser, comme IBM avant lui, qu'à trop vouloir utiliser les brevets il risque de bloquer le marché du logiciel, en empêchant des firmes petites, mais très innovantes, de mettre leurs produits sur le marché. Au détriment, aussi, des grands du secteur.
Annie Kahn
Article paru dans l'édition du 25.10.05
D ix mois après l'annonce de son projet de grande bibliothèque numérique, la société Google est poursuivie en justice par l'Association of American Publishers, au nom de cinq grands groupes d'édition : McGraw-Hill, Pearson Education, Penguin Group USA, Simon and Schuster et John Wiley and Sons. Cette plainte s'ajoute à celle, intervenue en septembre, de la Guilde des auteurs (Authors Guild), au nom de huit mille écrivains américains publiés, pour "violation massive du copyright".
La propriété intellectuelle est au coeur d'un conflit qui embarrasse le moteur de recherche le plus populaire de l'Internet. Google, installé à Mountain View (Californie), vient d'annoncer un bénéfice net trimestriel multiplié par sept - 382 millions de dollars entre juillet et septembre pour un chiffre d'affaires quasi multiplié par deux, à 1,58 milliard de dollars.
Google Print souhaite numériser autant de titres que possible, sauf quand les ayants droit s'y opposent, par simple notification écrite. Les éditeurs estiment que c'est à Google d'obtenir l'autorisation préalable. "Les auteurs et les éditeurs comprennent le rôle du moteur de recherche et pensent que les bibliothèques constituent une excellente ressource, a déclaré Patricia Schroeder, la présidente de l'AAP, mais le résultat est que Google cherche à gagner des millions de dollars en parasitant le talent et la propriété des auteurs et des éditeurs."
En août, face aux critiques des bibliothèques et des maisons d'édition, Google a interrompu sa numérisation des livres sous copyright jusqu'au 1er novembre, mais entend reprendre à cette date la copie des oeuvres protégées. "Nous croyons en Google Print, plaide David Drummond, vice-président du développement, l'histoire de la technologie est pleine d'avancées qui ont d'abord rencontré une forte opposition avant d'être largement acceptées."
Ce conflit avec des auteurs et des éditeurs n'affecte pas la seconde branche du projet Google Print : la numérisation de livres appartenant à des bibliothèques et qui sont tombés dans le domaine public (plus de cent mille titres déjà numérisés). Pourtant, Sidney Verba, directeur de la bibliothèque de l'niversité Harvard, s'attend à un ralentissement de la numérisation prévue de quarante mille livres. "Je n'avais pas anticipé pareille confusion", dit-il.
En dépit de cette controverse, un bon nombre d'éditeurs américains, dont Springer, Warner Books, Harper Collins, Barrons, Cambridge University Press, ont fourni leurs textes à Google, estimant que l'indexation de tous les mots d'un auteur - une première dans l'édition - favorise l'accès des livres au public, puis les ventes de livres.
Des maisons d'édition européennes ont signé avec Google : Grupo Planeta et Grupo Anaya (Espagne), Springer Science & Business Media (Pays-Bas), Giunti Editore (Italie). Sur le nouveau site français http://print.google.fr/, où la fonction "recherche avancée" permet une recherche par éditeurs, les premières maisons d'édition de langue française à indexer leurs livres sont les Presses de l'université De Boeck et les éditions de l'Eclat.
Claudine Mulard
Article paru dans l'édition du 25.10.05
L e Parti socialiste va-t-il sortir de sa double crise d'identité et de leadership lors de son prochain congrès du Mans, du 18 au 20 novembre ?
Il est en quête d'un antidote pour venir à bout du poison de la division née du projet de Constitution européenne que 59 % de ses militants avaient approuvé avant que, le 29 mai, une majorité de ses électeurs votent non.
Les images du "match" de la Mutualité, le 18 octobre, où les socialistes ont joué "cris et déchirements", avec des relents de congrès de Rennes (mars 1990), laissent mal augurer d'un compromis, c'est-à-dire d'une synthèse entre majoritaires et minoritaires, ou même d'une clarification idéologique, comme à Metz en 1979.
Les socialistes sont embarqués dans une guerre de tranchées. Trois des cinq motions, soumises le 9 novembre au vote des militants, sont fondées sur des alliances des contraires. Il s'agit d'associer des idées, des stratégies ou des calculs opposés. Bref, dans la boîte à outils de la rhétorique classique, on appelle cela un oxymore.
La motion de François Hollande et de sa majorité, Pour réussir à gauche, est bâtie sur un socle commun, celui d'un socialisme de réformes qui se donne "les moyens de réformer réellement et durablement, au-delà même d'une législature". Elle affiche un langage de "vérité" sur les contraintes et les marges de manœuvre pour éviter, une fois au pouvoir, le piège de la "pause ou du renoncement".
Mais au sein de cette motion qui rassemble le centre droit (Dominique Strauss-Kahn) et le centre gauche (Martine Aubry) du PS, les petits ruisseaux ne convergent pas toujours dans le sens du courant. Soucieux de roder ses thèmes de candidat à l'Elysée, du "développement solidaire" au "nouveau compromis social", M. Strauss-Kahn a joué cavalier seul au point de devoir rectifier le tir en jurant de son "homogénéité" avec M. Hollande.
Décidée à ferrailler contre le libéralisme, Mme Aubry souhaite ouvertement le retour de Lionel Jospin.
L'ancien premier ministre, dont le livre Le monde comme je le vois (Gallimard) relance les spéculations sur la durée de sa retraite politique, n'a pas signé la motion de M. Hollande et lui apporte un soutien minimal.
Avec l'inflation de candidatures déclarées de DSK à Jack Lang, subliminales de Bernard Kouchner à Bertrand Delanoë (qui s'en défend) , éventuelles de Mme Aubry à M. Jospin si... on l'appelle, voire de substitution comme Ségolène Royal, candidate suppléante si M. Hollande est empêché , la compétition domine et sème la confusion. On comprend que M. Hollande essaie de calmer le jeu en envisageant une "primaire" au sein de sa propre motion.
La motion du Nouveau Parti socialiste (NPS), Pour une alternative socialiste , ressemble plus encore à un oxymore. Par une étrange ironie de l'histoire, Vincent Peillon, seul à porter la contestation des rénovateurs au congrès de Liévin, en novembre 1994, avec sa motion Agir en socialistes, se retrouve allié avec celui qui incarnait, il y aura onze ans jour pour jour au Mans, une ligne "à gauche toute", Henri Emmanuelli.
Les rénovateurs de NPS, qui veulent "transformer les fondamentaux" du PS, s'associent aux gardiens du temple socialiste, rebaptisés "authentiques". M. Emmanuelli n'avait pourtant pas fait siens des combats chers à NPS, comme la VIe République, la parité ou le mariage homosexuel.
Quand NPS se présentait en champion de l'éthique politique et, bien que partisan du non à la Constitution européenne, défendait le respect du vote des militants du PS, M. Emmanuelli créait des collectifs socialistes du non. Le courant affiche désormais sa volonté de s'allier avec Laurent Fabius au terme d'un été qui a mis à rude épreuve ses fragiles équilibres internes. Arnaud Montebourg roulait déjà pour M. Fabius quand M. Peillon regardait du côté de DSK et que les jeunes troupes de Nouvelle gauche, animées par Benoît Hamon, avaient grandi dans le sillage de Mme Aubry et contre les fabiusiens...
Avec sa motion, Rassembler à gauche (le même intitulé que la motion de "synthèse" de l'après-congrès de Rennes), M. Fabius s'est allié à Jean-Luc Mélenchon. Là aussi, c'est l'alliance des contraires. Quand M. Mélenchon fondait, en septembre 2002, avec M. Emmanuelli, son courant Nouveau monde, il prenait pour cible principale le "social libéral" Fabius, soupçonné de blairisme. Le 29 mai a changé la donne. Mais quand M. Fabius se tient à distance de l'extrême gauche, M. Mélenchon bat les estrades avec Olivier Besancenot et même, dans le conflit de la SNCM, avec Arlette Laguiller.
En définitive, seules les petites motions affichent une vraie cohérence : celle de Franck Pupunat (Utopia), altermondialiste en rupture avec "l'aliénation à la valeur travail" ; celle de Jean-Marie Bockel pour "un socialisme libéral".
Pour autant, le débat du Mans ne sera pas entre réforme et révolution. Ce sera un combat entre réformistes ayant des visions divergentes du "socialisme du possible". M. Hollande est fondé à dire : "Il n'y a rien d'irréductible entre nous." Comme le premier secrétaire, M. Fabius et M. Peillon veulent "dépasser le clivage" entre le oui et le non au sein du PS, mais ils sont flanqués d'alliés qui, tel M. Mélenchon, rêvaient d'une motion commune "sans exclusive autour des partisans du non".
Entre la majorité actuelle et ses opposants, il y a deux désaccords radicaux, l'un de fond, l'autre de méthode. M. Fabius veut incarner un socialisme de "transformation" en rupture avec "un socialisme d'accompagnement, voire parfois de résignation, face au libéralisme et à ses dégâts". Un "réformisme", attribué aux amis de M. Hollande même s'il y a apporté sa pierre, entre 2000 et 2002, quand il était ministre avec M. Mélenchon , qui a privilégié l'adaptation à l'économie de marché sur "l'exigence d'un progrès partagé".
Ce clivage entre "accompagnateurs" et "transformateurs" se retrouve sur la méthode. Allant plus loin que sa motion, qui envisageait à l'origine l'abrogation des lois Fillon (sur les retraites) et Perben, M. Fabius a pris, le 18 octobre, l'engagement d'"abroger" les "principales lois de la droite" depuis 2002. "On ne doit pas simplement abroger ou revenir à 2002, a répliqué M. Hollande. On doit faire des progrès par rapport à 2002, par rapport à ce que l'on nous demande au-delà de 2007." Logique de "réparateurs", qui négocie des changements des lois incriminées, contre logique d'"abrogateurs", qui affiche d'abord des ruptures.
La recherche d'une synthèse, qui n'est intervenue que cinq fois depuis le congrès d'Epinay (1971), relève presque d'une mission impossible. Pendant son septennat à la tête du PS, M. Jospin a joué la synthèse ou la motion unanime. M. Hollande n'a recouru qu'à la "synthèse fonctionnelle", à Grenoble en 2000, en plaçant des minoritaires dans sa direction.
Le 18 octobre, M. Peillon, qui pourrait être candidat au poste de premier secrétaire, a prévenu qu'il n'accepterait pas de synthèse sans M. Fabius. Et il a introduit un soupçon sur la légitimité d'une majorité "hollandaise" : "Certains pensent qu'ils auront gagné avec 54 %, c'est vrai arithmétiquement, mais tous les socialistes, la gauche, auront perdu politiquement." Où sera le seuil d'une victoire politique ? En 1979, à Metz, François Mitterrand, allié à la fédération des Bouches-du-Rhône, n'obtient que 47 % des voix. Plus tard, l'appoint du Ceres le dote d'une majorité de 58 %. Arithmétique ou politique ?
Des motions "oxymores", des attelages improbables, des calculs inédits, Le Mans ne réunit pas à priori les ingrédients d'une sortie de crise. Sauf si M. Hollande réussit à se rapprocher le plus possible du score du oui au référendum interne (59 %) et à y puiser une légitime orientation de tendance sur le projet que le PS aura à bâtir.
Michel Noblecourt
Article paru dans l'édition du 25.10.05
leongreco ♦ 24.10.05 | 22h29 ♦ je souhaite la rupture du PS et la création d’un mouvement social-libéral réformiste avec l’UDF de Bayrou. Si jamais la ligne heteroclite de Fabius and cie l’emporte et que Fabius soit désigné comme candidat PS,je souhaite qu’un candidat de la motion Hollande se présente à la presidentielle; sinon en tant que militant au PS je ferai campagne publiquement pour Bayrou et je ne serai pas le seul à rendre ainsi la monaie de sa pièce à Fabius. L’echec de cette gauche ringarde en 2007 est programmé !
Roger D. ♦ 24.10.05 | 22h01 ♦ Pourquoi faudrait-il que le PS soit éternel ? Un scénario possible: le PS se scinde et son aile socio-démocrato-lango-jospino- strausso-kahnienne sauce hollandaise fait un mariage de raison avec l’UDF de Bayrou sauce piquante, la principale difficulté étant alors pour cette nouvelle smala, non de gouverner ensemble, mais de trouver un bon chef de famille. Quant à l’aile fabio-emmanuello- ménencharde, elle n’aura plus qu’à accommoder ses restes sur le buffet avec la sauce besencenaise.
animal politique ♦ 24.10.05 | 20h02 ♦ Elles sont dures les réactions et peuvent se comprendre ! Pourtant, le débat au PS est riche et certaines propositions sont loin d’être creuses. Et puis, ne vendons pas la peau de l’ours : Fabius et NPS ne sont pas encore associés même si le rapprochement avec Emmanuelli n’était pas vraiment à mon goût. Démago NPS ? Responsable aussi. Par ex., le mot "évaluation" ne lui fait pas peur et est dans le texte (évaluation des services publics) car il ne faut pas jeter l’argent par les fenêtres.
clo.clo ♦ 24.10.05 | 19h16 ♦ Tout a été dit dans le monde du 22/10 dans l’article "L’ambition et le remords.Les socialistes français et le pouvoir", article qui montre la schizophrénie du PS français. Libéral social ou néo gauchiste. Cette dualité depuis 20 ans il la traine.Jamais eu le courage d’éclater et de lever l’ambiguité, quitte à se scinder.Le mot socialisme est aussi très ringard et sent aussi trop l’histoire noire.J’ai du mal à expliquer que dans le mot URSS, il y a le mot "socialiste".L’avenir n’est pas avec lui.
paprap ♦ 24.10.05 | 19h14 ♦ Etat et partis en ruine cherchent dirigeants de valeur. Sont exclus responsables et élus de tous partis depuis 1974. Le candidat devra comprendre le monde actuel, pouvoir s’entendre avec voisins européens, susciter la confiance, être pédagogue, courageux, savoir compter, et être intègre. La jeunesse et la connaissance d’au moins 2 langues étrangères sont des atouts. Nombreuses places disponibles.
gérard B. ♦ 24.10.05 | 18h44 ♦ Dur de rester sympathisant du PS actuellement en tout cas, sauf à se boucher les oreilles, les yeux, le nez, ... Ah si M.Hollande avait eu le bon goût de tenir son parti pendant la campagne contre le TCE, à défaut, de démissioner (note aux hommes politiques français : cela signifie quitter volontairement les fonctions lorsqu’on fait la preuve qu’on est incapable de les assumer, ou même (rève suédois) s’il y a un doute à ce sujet le 30/5; à défaut ..., à défaut ..., (sauvé par le gong des 500).
ganek ♦ 24.10.05 | 18h43 ♦ Aucune des 5 motions présentées hormis celle du courant libéral n’accrochent à la réalitée francaise et internationale . Les enjeux comptemporains sont escamotés vers une Europe informe.Ce n’est qu’une idéologie éreintés et dépassés.Tout comme en Allemagne, G B et ailleurs la social démocratie est morte, elle n’a comme alternative que la fusion avec l’idéologie libérale.Le plus grave en France c’est sa juxtaposition avec le chiraquisme genre comice agricole et radicalisme bourgeois de papa.
Jean-R.R. ♦ 24.10.05 | 17h32 ♦ MN souligne l’attelage improbable entre Emmanuellistes et NPS, qui, ouvertement avec Fabius aujourd’hui, tentent d’imposer, contre "l’appareil" décrié de la direction actuelle du PS par Hollande,... finalement eux-mêmes une stratégie fondée sur une alliance d’appareil ! Sur le fond, les partisans du PS auront bien du mal à ce décider. La différence se fera sur le choix de la méthode et les moyens employés plus que sur le fond qui est le même ou presque.
LibertéEquitéSolidarité ♦ 24.10.05 | 17h10 ♦ Pendant que ça discutaille et que ça se chamaille, la droite, profitant de l’échec du mouvement social et de la faible combativité des syndicats alignent les décisions de privatisations, de réformes de l’ISF, la santé, CNE, etc sans aucune opposition exceptée celle de Bayrou. On en arrive à se demander si la gauche ne se dit pas en son for intérieur : si on arrive au pouvoir ce sera toujours cela de fait. Et la droite profite du calme pour aligner les décisions qui fâchent ! Bien joué.
JB Du Canada... ♦ 24.10.05 | 17h09 ♦ L’écriture est belle, mais elle ne peut masquer la confusion totale qui règne au PS. Les subdivisions sont telles qu’on ne voit pas qui parle de l’Avenir de la France, avec un grand "A" et un grand "F". Spectacle pathétique du PS qui a un horizon limité à la ligne bleue des Vosges quand c’est du monde, du changement qu’il faudrait parler. Cela fait "peur" quant à l’offre faite aux électeurs en 2007. Parler de la France et de ce qu’elle peut faire. Trop dur pour les hierarques du PS! Dommage...
I l y a dix ans, Alain Juppé était premier ministre de Jacques Chirac. "Droit dans ses bottes", il bravait l'impopularité de l'opinion publique et s'apprêtait à affronter une tempête sociale. Il y a huit ans, Lionel Jospin, déjà revenu à la tête du Parti socialiste, réussissait, après la défaite cinglante de 1993, à le ramener au pouvoir, en 1997. L'un et l'autre ont connu le succès puis l'échec en politique. L'un et l'autre, dans des circonstances et des formes différentes, se sont mis en retrait de la politique. L'un et l'autre amorcent aujourd'hui un retour.
M. Juppé a été condamné en appel, le 1er décembre 2004, à un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêt" dans l'affaire des emplois fictifs du RPR. Abandonnant ses mandats, l'ancien premier ministre s'est retiré au Québec, où il enseigne à l'Ecole nationale d'administration publique. Le 22 octobre, une députée UMP de Gironde a annoncé que M. Juppé serait candidat aux élections législatives de 2007. L'intéressé a mollement démenti : "J'annoncerai moi-même mes intentions le moment venu. Et dans mon esprit ce moment n'est pas venu." On ne se refait pas.
Au soir de son élimination au premier tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, M. Jospin avait aussitôt proclamé qu'il tirait la conclusion de cet échec en se "retirant de la vie politique". L'ancien premier ministre, qui avait déjà fait une fausse sortie après sa défaite aux législatives de 1993, s'est progressivement réinscrit dans le débat public. La crise du PS, en quête de leadership, favorise ce retour. Avec son livre Le monde comme je le vois, M. Jospin s'invite dans la préparation du prochain congrès du PS au Mans, du 18 au 20 novembre, et relance inévitablement les spéculations sur sa candidature en 2007.
Ces come-back éventuels de M. Juppé et de M. Jospin nourrissent déjà stratégies et tactiques de leurs amis ou adversaires. A l'UMP, Nicolas Sarkozy retrouve des vertus à son ancien rival : d'abord celle de pouvoir l'aider à barrer la route de l'Elysée à son ancien directeur de cabinet, Dominique de Villepin. Au PS, François Hollande, s'il est empêché d'y aller lui-même, peut trouver avantage à faire appel à son ancien mentor pour contrer la candidature de Laurent Fabius, voire celle de Dominique Strauss-Kahn.
Cette perspective ne suscite pas et c'est un euphémisme l'enthousiasme de l'opinion. Selon un sondage IFOP-Journal du dimanche, réalisé les 20 et 21 octobre auprès de 1 006 personnes, seulement 32 % des Français sont favorables à une candidature de M. Jospin en 2007, 66 % s'y déclarant hostiles. Le signal est parfaitement clair.
Il serait temps que les politiques comprennent que les Français n'attendent pas d'eux qu'ils remettent dans la course des anciens, quelles que soient leurs qualités. Ils leur demandent, au contraire, de favoriser un profond renouvellement et de faire émerger une nouvelle génération d'hommes et de femmes politiques. Comme c'est la règle dans les autres grandes démocraties.
Article paru dans l'édition du 25.10.05
DOMINIQUE M. ♦ 25.10.05 | 18h41 ♦ Spéculations sur des "éventualités", quel intérêt ? Si les deux J reviennent, ils ne feront malheureusement que confirmer un mal bien français : politique toute la vie, jusqu’à la sénilité, et même au delà parfois. C’est là qu’est le problème. Nos hommes (et femmes) politiques demandent aux chômeurs de se reconvertir, d’être mobiles, etc, mais il ne leur viendrait pas à l’idée de faire de même. Il faut croire que les places sont bonnes !
sunseeker ♦ 25.10.05 | 14h07 ♦ Jospin a un prédecesseur dans son côté autiste et vaniteux... c’est celui d’un ex-président disant "au revoir" et se retirant blessé par les français... VGE certainement a regretté de ne s’être point maîtrisé...qui sait peut être aurait-il pu redevenir Président s’il n’était pas parti... jamais Jospin ne se remet en cause pas plus que VGE... le "peuple" est irrité par ce type d’attitude... jamais la campagne des "diamants" n’aurait réussi si VGE était redescendu de son nuage...
Maurice Maginot ♦ 25.10.05 | 12h43 ♦ Merveille que la méditation sur le retour de ces deux éléphants antédiluviens, désavoués de façon honteuse par le SU, soit, dans le zoom sur le blog de Jupé, l’occasion de citer les beaux vers de Lucrèce... et en latin! Du temps où Jospin était ministre de l’EN, la consigne était d’éradiquer l’enseignement du grec et du latin jugés inutile et élitiste. Allègre avec un souffle de mammouth a tonitrué ce programme. Casser les clés de la langue pour manipuler les peuples est un crime impardonnable.
Goldmind ♦ 25.10.05 | 11h00 ♦ Et si Lionel Jospin représentait l’espérance des 32 % de Français que votre éditorial méprise ... Et si ce chiffre de 32 % n’avait pas le sens " parfaitement clair " que vous lui prêtez ... Qu’aurait donné, que donnerait un tel sondage, pour bien d’autres hommes politiques, à 18 mois de présidentielles ?
Gerard ♦ 25.10.05 | 08h19 ♦ Comme toujours Lionel Jospin est la bête noire du Journal le Monde. Durant les 5 aannées ou il était au pouvoir vous avez oublié de le soutenir, et maintenant avant même qu’il ne revienne (si cela pouvait peut-etre arriver ...) vous commencez vos attaques. La gauche est comme toujours, réellemennt bien aidee par les média !
Gerard C. ♦ 25.10.05 | 08h13 ♦ Vous dites : "Il serait temps que les politiques comprennent que les Français n’attendent pas d’eux qu’ils remettent dans la course des anciens..." J’imagine que pour vous un ancien, c’est un plus vieux que ... vous ? A moins qu’un ancien ce soit quelqu’un qui a de l’expérience ? L’expérience, les Français comme vous dites, aiment les gens d’expérience, ce n’est pas par hasard que Chirac ou Mitterrand n’ont été élu qu’a leur troisième tentative.
Princesse ♦ 25.10.05 | 00h45 ♦ "M. Jospin avait aussitôt proclamé qu’il tirait la conclusion de cet échec en se "retirant de la vie politique". Décidément, le ridicule ne tue plus.
DAMIEN D. ♦ 24.10.05 | 23h36 ♦ La vie politique française se caractérise par la longue carrière des hommes politiques. On peut le déplorer. Et on connait aussi les instruments nécessaires pour y mettre un terme. Cependant, il est illusoire de croire que c’est du seul renouvellement de la classe politique que viendra le "salut". C’est avant tout sur le projet politique que portera tel ou tel homme politique qu’il faut s’interroger. Si M. Juppé peut contribuer à ce débat, sa longévité politique est secondaire.
Philippe B. ♦ 24.10.05 | 23h29 ♦ Ne serait-il pas le moment pour qu’un candidat à la présidentielle de 2007 s’engage à lancer un référendum pour introduire une limitation aux nombres de mandats successifs identiques détenus par une personne, que ces mandats concernent le législatif - député ou sénateur -, l’executif : président de la République, président de collectivités locale : région, département, maire et membres d’assemblées locales. Quel ouf !!
xuha%EFle ♦ 24.10.05 | 22h33 ♦ Accord total !
ALBERT F. ♦ 24.10.05 | 21h49 ♦ D’accord avec Gerard B et Deathwind. Toujours les mêmes têtes ça fatigue à la longue. La démocratie est victime du syndrome professionnel en politique: se faire réélire et durer, devient la seule fin. La classe politique se mue en une caste, coupée du reste de la société avec ses codes et sa langue "de bois". Ne qualifie-t-on pas, dans ce milieu fermé, le monde démocratique de "société civile". Le citoyen ne se sent plus représenté par des élites qui confisquent l’idéal démocratique. Il déserte.
Serge B. ♦ 24.10.05 | 21h44 ♦ Merci pour la clarté de votre position. Électeur de gauche, le retour de Juppé m’indiffère. Mais comme j’ai toujours détesté sa suffisance, je voudrais pouvoir continuer sans le revoir en tete d’affiche. Jospin nous a conduits à la défaite, faute d’une bonne stratégie et sans doute aussi par sa suffisance. Tiens, y aurait-il un parallèlisme gauche/droite ? Que ces retraités restent à leur place. La France à continué à vivre sans eux. Mal sans doute. Mais qu’auraient-ils fait de mieux ?
azebolu ♦ 24.10.05 | 20h53 ♦ Quelle tristesse de voir des gens considérer la politique comme une profession et non comme un devoir sacré. Quelle tristesse de voir des gens se présenter devant le suffrage des électeurs sur leur seul nom et non sur un programme rénovateur. Quelle tristesse de voir toujours les mêmes momies et non de voir ces mêmes momies former l’élite du futur. Beurk!! Vais-je aller voter ??
JB du Canada ♦ 24.10.05 | 20h43 ♦ Comment s’étonner d’un telle incapacité des élites à se renouveler quand le premier d’entre elles (le Pdt de la République) est entré en religion il y a maintenant 40 ans! Le renouvellement suppose le non-cumul des mandats, la limitation des mandats à 2, et ... le renvoi pur et simple des perdants par leur partis, comme c’est le cas outre-Manche et dans d’autres démocraties.
FDMLDP ♦ 24.10.05 | 19h46 ♦ Comment douter, après lecture de cet excellent article, que Le Pen fasse de nouveau un excellent score. Rien n’excuse de voter FN, mais tant d’affligeante médiocrité peut largement expliquer et laisser prévoir une nouvelle réaction de dépit.
Repman ♦ 24.10.05 | 19h46 ♦ « Il serait temps que les politiques comprennent que les Français n’attendent pas d’eux qu’ils remettent dans la course des anciens [...]. Ils leur demandent, au contraire, de favoriser un profond renouvellement et de faire émerger une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques.» Pas d’accord. Comme disait l’autre "le temps ne fait rien à l’affaire". Ce que veulent les Français ce sont des h/f politiques compétents, honnêtes et courageux. C’est pas compliqué, et pourtant..
Fouad.H ♦ 24.10.05 | 19h45 ♦ Je sais que je suis ringard : je préfère le vieux au neuf...surtout s’il nous vient du cinéma ou du showbiz!Du neuf pour du neuf, non!les Français ne sont pas preneurs!Il y a un proverbe maghrébin qui dit (à propos de la vie):"lem’walfa khir min thalfa","la connue est mieux que l’égarée",en somme l’éloge de la routine!N’est-ce pas ce qu’il faut en période de débousselement,de perte de ...repères,de confiance en soi et d’identité(avec l’américanisation de l’Occident)? C’est mieux que Sarkollande!
cohelet ♦ 24.10.05 | 18h52 ♦ ça fait trop Retour de la politique des papys. Aucun des 2 n’a de proposition à la hauteur des enjeux actuels. A moins qu’ils testent à travers les médias leur chance de retour?
Etienne.Q ♦ 24.10.05 | 18h52 ♦ Encore un faux procès fait à Jospin. Cela commence à suffire ! Se retirer de la politique, est-ce synonime de renoncer à son droit à l’expression ? Qui peut se permettre de remettre en cause sa capacité à analyser la situation de la France, lui qui l’a dirigée ? Qui peut lui reprocher de donner son avis ? Aux dernières nouvelles, et contrairement à Juppé, il n’a aucunement l’intention de se reprendre des responsabilités en politique. Il a sorti un livre, et alors ? Il n’a pas le droit ? Navrant
Yannick M. ♦ 24.10.05 | 18h49 ♦ Ces tergiversations sont à l’image de la vie politique française qui se satisfait de messages courts - tant pis si les idées sont courtes. L’accroche devient le corps du discours, il faut paraître, quitte à disparaître, pour mieux réapparaitre. Quelle citoyenneté prépare-t-on pour demain ? Une démocratie sauce Star Ac’ (Appuyez sur la touche 1...) ouverte aux discours populistes ?
monrog ♦ 24.10.05 | 18h48 ♦ Vous avez raison : ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ont échoué, devraient rester dans l’ombre mais sait-on vraiment ce que veulent les Français? Ou plutôt, ils sentent bien que ce qu’ils voudraient n’est pas réalisable, ce qui fait que le seul leader que l’époque moderne puisse accepter est celui qui épouse le libéralisme mais les Français n’en veulent pas. Il faut donc que le leader raisonnable soit un séducteur,homme entre 2 eaux, accepté par le marché et le minimum d’opinion.
gérard B. ♦ 24.10.05 | 18h21 ♦ Hypothèse farfelue : les gens (vous, moi, ...) se lassent de voter toujours pour les mêmes personnes, d’où un absentéïsme croissant, que les hommes politiques déplorent de façon très émouvante d’ailleurs.Il doit être dur de n’avoir jamais voté Chirac si on a moins de 50 ans... Accessoirement, pourquoi revoter pour quelqu’un si l’on a guère été satisfait de son action? Idée bête : enfin une interdiction totale du cumul des mandats doublée d’un délai de carence : jamais deux mandats consécutifs ?
DANITON ♦ 24.10.05 | 18h11 ♦ Jospin et Juppé ont un point commun : ce sont des battus. S’ils avaient un peu de dignité ils n’envisageraient même pas de postuler de nouveau.Prenons exemple sue les Etats-Unis : a-t-on déjà vu un battu se représenté une nouvelle fois à l’élection présidentielle......
MAXIM ♦ 24.10.05 | 18h02 ♦ je suis d’accord avec votre conclusion. Mais pourquoi relayer l’intervention d’une députée sans faire votre métier et vérifier l’information auprès de Mr Juppé? Pourquoi remettez-vous sans cesse en selle Mr Jospin qui "s’est retiré" de la vie politique? Je croyais naïvement qe Mr Jospin faisait toujours ce qu’il disait!!!! les politiques mais les journalistes aussi doivent se poser des questions et se renouveller.
Deathwind ♦ 24.10.05 | 17h39 ♦ La classe politique francaise sent le moisi depuis trop longtemps. Alors que la France a besoin de changer, comment pourrait-elle le faire lorsque ses hommes politiques ne changent pas ? Lorsqu’ils sont battus, ils réintegrent la fonction publique dont ils sont majoritairement issus ce qui leur permet d’avoir la sécurité de l’emploi et de perdurer sans trop de problème. Il faut interdire la mise en disponibilité et forcer les fonctionnaires à démissionner réellement en cas d’élection.
MICHEL F. ♦ 24.10.05 | 16h27 ♦ Bien d’accord avec votre point de vue, la démocratie c’est aussi le renouvellement des personnes. Dans les cas de JOSPIN et de JUPPE, le 1er doit s’en tenir à ce qu’il a lui-même dit au soir du 22 avril, à savoir qu’il se retirait de la vie politique, quant au 2nd, après la condamnation qu’il a subie, si lui reste de la morale et de la dignité, il devrait aussi prendre définitivement sa retraite politique.
LibertéEquitéSolidarité ♦ 24.10.05 | 14h45 ♦ Après la lecture des articles revigorants et stimulants de Eric Le Boucher, Eloi Laurent, Bruno Latour et Patrick Jarreau, on se revautre dans l’ornière de la politique à la petite semaine. Que Jospin et Juppé nous parlent de leurs analyses et de leurs projets plutôt que de leur plan communication ! On recommençait à croire à la politique et au débat d’idées. Ne lisez pas, c’est déprimant.
CLAUDE C. ♦ 24.10.05 | 14h42 ♦ Il faudrait se féliciter des progrès de la prise de conscience des graves problèmes écologiques parmi nos grands hommes de gauche. Pour éviter le gaspillage et promouvoir l’écologie humaine, ils souhaitent recycler des produits de campagne (électorale) et des discours usés jusqu’à la corde, n’hésitant pas pour cela à payer de leur personne. Jospin a changé, il a voulu oublié le "usé, fatigué, vieilli" de 2002. Aujourd’hui, le "défraîchi" devient tendance (mais pas chez les électeurs, hélas ...)
"O n aurait annoncé que je serai candidat aux élections législatives de 2007, à Bordeaux naturellement.
Combien de milliers de kilomètres faudra-t-il donc que je mette entre le microcosme politique français et moi pour qu'il me laisse en paix? Faut-il préciser que je n'ai – ni à Paris ni à Bordeaux – aucun porte-parole dont les déclarations pourraient m'engager? J'annoncerai moi-même mes intentions le moment venu. Et, dans mon esprit, ce moment n'est pas venu."
Telle est la réponse cinglante qu'a adressé sur son blog, samedi 22 octobre, Alain Juppé à la la présidente de l'UMP pour la Gironde qui avait annoncé un peu plus tôt que l'ex-premier ministre avait fait acte de candidature à l'investiture pour les élections législativesde 2007 à Bordeaux.
"J'ai parlé à Alain Juppé (...) et j'ai enregistré sa candidature pour les législatives dans la deuxième circonscription de la Gironde", avait indiqué Marie-Hélène Des Esgaulx, député UMP de la 8e circonscription de Gironde et secrétaire nationale du parti, sur France 3 Aquitaine. Elle avait précisé que l'investiture d'Alain Juppé semblait très fortement probable, compte tenu de son passé à Bordeaux où il a été maire de 1995 à 2004.
Alain Juppé, 60 ans, a abandonné ses mandats de député et maire de Bordeaux ainsi que la présidence de l'UMP après sa condamnation en décembre 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour "prise illégale d'intérêts" dans le dossier des emplois fictifs du RPR.
Celui qui avait été l'homme de confiance de Jacques Chirac durant vingt ans a été reconnu coupable d'avoir fait rémunérer six cadres du RPR par la Ville de Paris entre 1990 et 1995, alors qu'il était secrétaire général du parti gaulliste et adjoint aux finances de Jacques Chirac à la mairie. Le 22 septembre, la Cour de cassation a définitivement refermé le dossier en rejetant le pourvoi de l'ex-intendante du RPR Louise-Yvonne Casetta, également condamnée.
La période d'inéligibilité d'Alain Juppé se termine fin décembre. L'ancien premier ministre (1995-1997) vit actuellement au Canada où il donne un cours sur la mondialisation à l'université du Québec.
On ne peut prédire de la date de son retour en politique : "Je ne ressens aucune impatience. Seulement un grand besoin de calme après la tempête qui, au fond de mon cœur, n'est pas encore tout à fait apaisée, écrit-il sur son blog. Ce qui, bien sûr, ne m'empêche pas et ne m'empêchera pas de continuer à m'intéresser à la France, à ses problèmes et à son avenir. On ne se refait pas..."
Lemonde.fr avec Reuters
LEMONDE.FR | 22.10.05 | 14h59
A vec la parution prochaine de son livre de réflexions politiques Le monde comme je le vois, les rumeurs s'intensifient sur un retour possible de Lionel Jospin pour la présidentielle de 2007. Le premier secrétaire du Parti socialiste , François Hollande, a déclaré, dimanche 23 octobre, qu'il n'excluait pas de faire appel à l'ancien premier ministre socialiste pour l'échéance de 2007. Interrogé sur Radio J sur les circonstances qui pourraient l'amener à solliciter une telle candidature, M. Hollande a répondu : "Je vous le dirai en novembre 2006" (date à laquelle les socialistes devraient se prononcer par vote sur leur candidat à la présidentielle).
"Je n'exclus rien, parce que je ne me pose pas la question aujourd'hui", a-t-il ajouté. "La seule (question) qui vaille à mes yeux, c'est de savoir si les socialistes, et je le veux, se rassemblent dans leur congrès (à la mi-novembre), mobilisent les Français autour de positions fortes et ensuite sont capables de fournir l'alternative. On verra avec qui, le moment venu", a-t-il dit lors de l'émission "Forum Radio J".
"Je souhaite qu'il vende beaucoup de livres et plus il y aura de livres lus, mieux ce sera pour le Parti socialiste", a encore déclaré M. Hollande.
Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche (JDD), 66 % des Français ne souhaitent pas que l'ancien premier ministre soit candidat en 2007. A l'inverse,32 % de Français aimeraient que Lionel Jospin soit présent à l'élection présidentielle.
La proportion monte à 51% chez les seuls sympathisants socialistes, selon ce sondage rendu public samedi, qui a posé la question : "au fond de vous-même, souhaitez-vous que Lionel Jospin soit le candidat du Parti socialiste à la prochaine élection présidentielle?".
Chez les sympathisants socialistes, 48% ont répondu par la négative.
Ce sondage a été réalisé par téléphone les 20 et 21 octobre auprès d'un échantillon de 1 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et constitué selon la méthode des quotas.
Avec AFP et Reuters
LEMONDE.FR | 23.10.05 | 15h33
L e temps d'une mise au point, il a retrouvé le ton pète-sec qui a fait sa réputation. Samedi 22 octobre, à son domicile canadien, Alain Juppé s'est distrait quelques minutes de la préparation de son cours à l'Ecole nationale d'administration publique du Québec pour une cinglante mise au point sur son blog : "Combien de milliers de kilomètres faudra-t-il que je mette entre le microcosme français et moi pour qu'il me laisse en paix ? Faut-il préciser que je n'ai pas besoin de porte-parole ni à Paris ni à Bordeaux dont les déclarations pourraient m'engager ? J'annoncerai moi-même mes intentions le moment venu. Et dans mon esprit ce moment n'est pas venu. Je ne ressens aucune impatience. Seulement un grand moment de calme après la tempête qui au fond de mon coeur n'est pas tout à fait apaisée."
Quelques instants plus tôt, en France, Marie-Hélène Des Esgaulx, députée (UMP) de Gironde, secrétaire nationale aux élections de l'UMP et proche de M. Juppé, avait annoncé, sur France 3-Aquitaine, que l'ancien premier ministre serait "candidat dans la deuxième circonscription de Gironde" aux législatives de 2007.
Ses propos ont illico relancé les supputations sur le "retour de Juppé". Diffusés à l'instant où le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, tenait une réunion publique à Bordeaux, ils l'ont obligé à se fendre d'un couplet laudatif sur son ancien rival : "S'il décidait de revenir, c'est à lui de l'annoncer, a-t-il déclaré. Incontestablement nous avons besoin de lui et il nous manque." Interrogé par Le Monde, le ministre de l'intérieur se fait plus dithyrambique encore : "On ne se passe pas d'un tel talent."
Dimanche sur Europe 1, l'ancien premier ministre Edouard Balladur a estimé à son tour qu'il était "normal et légitime" que M. Juppé reprenne sa place, ajoutant au passage qu'"il a été sanctionné pour des erreurs dont il n'était peut-être pas entièrement responsable" . "Cela aura un impact certain , a commenté le député (UMP) de l'Oise, Eric Woerth, un proche de l'ancien président de l'UMP. Mais tout dépendra de l'état de la météo politique du moment." Autre juppéiste, l'ancien ministre de la coopération, Xavier Darcos, a demandé qu'"on fiche la paix -à Alain Juppé- pendant un an".
Condamné le 1er décembre 2004 par la cour d'appel de Versailles à un an d'inéligibilité et quatorze mois d'emprisonnement avec sursis pour "prise illégale d'intérêts" dans le dossier des emplois fictifs du RPR, l'ancien président du parti chiraquien veut se donner le temps de se construire une nouvelle image. Son blog, dans lequel il alterne les notations sur l'été indien et des propos plus sérieux sur l'économie ou la politique étrangère, contribue à cette stratégie. L'annonce de son retour prématuré vient démentir ses efforts pour paraître détaché des ambitions franco-françaises.
Certes, M. Juppé n'a jamais abandonné l'idée de refaire de la politique, mais il souhaite maîtriser le calendrier de son retour. Pour lui, retrouver l'onction du suffrage universel sonnerait comme l'annulation d'un jugement et d'une peine qui lui avaient parus infamants. A l'UMP, même si le cas de la Gironde n'a pas encore été abordé lors des réunions d'investiture, un responsable estime que l'ancien président du parti "a toujours eu la priorité pour choisir sa circonscription" .
M. Juppé s'est ouvert de ses projets auprès de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, avec qui il s'est entretenu, mercredi 19 octobre. Le chef de l'Etat est favorable à ce retour, tout comme le président de l'UMP. Pour le président de la République, M. Juppé peut être une alternative à Dominique de Villepin dans le cas où le premier ministre échouerait à se construire une carrure de présidentiable.
Pour le numéro deux du gouvernement, M. Juppé pourrait devenir, le moment venu, un soutien. "Juppé n'est pas dans la peau d'un "anti-Sarko" , explique un ancien collaborateur de l'UMP. C'est un pragmatique qui veut la victoire de son camp. Si Sarkozy est celui qui peut faire gagner la droite, il le soutiendra sans état d'âme." "Et puis , ajoute-t-il, il n'est plus aux ordres de Chirac. Il a vécu son procès comme un chemin de croix, il en reste des traces."
De son côté, Mme Des Esgaulx a confirmé qu'elle n'était pas "mandatée" par M. Juppé pour s'exprimer en son nom. "J'ai parlé à mon petit niveau, a-t-elle expliqué. A Bordeaux, tout ceci est un secret de polichinelle." Lorsqu'elle a joint M. Juppé au téléphone pour l'avertir de l'effet de ses déclarations, l'ancien premier ministre n'a, selon elle, rien montré de sa désapprobation : "Il m'a seulement dit que là-bas, il faisait beau."
Philippe Ridet
Article paru dans l'édition du 25.10.05
L e blog d'Alain Juppé (al1jup.com) a soudain été pris d'assaut, samedi 22 octobre. Citation de Lucrèce à l'appui, un internaute invite l'ancien premier ministre à se tenir à l'écart de l'agitation : "Suave, mari magno, turbantibus aequora ventis, e terra magnum alterius spectare laborem..." "Quand l'océan s'irrite, agité par l'orage, qu'il est doux, sans péril, d'observer du rivage...", notait le poète, exhortant le lecteur à "jouir en secret des malheurs qu'on évite".
Un autre, dans un genre nettement moins littéraire, suggère à M. Juppé de rester "dix ans au Canada pour éviter de perdre les élections en 2007".
La plupart des réactions oscillent entre rire et agacement : "Il vous faut être là même quand vous ne l'êtes pas", s'irrite un des intervenants. Certains imaginent que la "méthode" "afficher des appels de Français désespérés de vous avoir vu partir, afin d'accepter humblement de leur rendre service en revenant dans l'arène politique nationale" pourrait faire profit à un certain Lionel Jospin. "J'admire votre flegme", écrit un autre : "Profitez de la journée de samedi car les températures descendent lundi..."
Il y a aussi des encouragements : "Bravo. Acceptez donc que certains en France ne vous oublient pas et continuent de croire en vous." De quoi, éventuellement, daigner quitter le rivage, le moment venu.
Patrick Roger
Article paru dans l'édition du 25.10.05
E n langage diplomatique, cela s'appelle un "incident regrettable" ; pour l'intéressé, ministre de la République, c'est un "contrôle au faciès" . Azouz Begag, en possession d'un passeport portant un visa "A1" (réservé aux diplomates et aux ministres), a été retenu pendant un quart d'heure et interrogé par un agent des douanes, le 13 octobre, dans l'aéroport d'Atlanta (Etats-unis) où il se trouvait en transit alors qu'il se rendait à l'université de l'Etat de Floride pour y donner une conférence sur les nouvelles politiques françaises de lutte contre le racisme.
Sur le moment, le ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances n'a pas donné d'écho à cet incident diplomatique qui a été révélé, vendredi 21 octobre, par le porte-parole du ministre français des affaires étrangères.
Evoquant "un contrôle un peu trop poussé", ce dernier a affirmé que le Quai d'Orsay avait "protesté auprès des autorités américaines" et "obtenu des éclaircissements" via le département d'Etat, qui a reconnu qu'une "faute professionnelle" avait été commise par un agent des douanes. L'ambassadeur des Etats-unis en France a d'ailleurs "exprimé son regret". Pour M. Begag, dont la lutte contre les discriminations et la promotion des "minorités visibles" est précisément la fonction dans le gouvernement Villepin, l'expérience n'est pas nouvelle, mais particulièrement symbolique.
Accueilli par une escorte policière à sa sortie de l'avion à Atlanta, le ministre a été, d'après son récit, conduit vers un agent des douanes qui, après lui avoir posé de nombreuses questions, lui a expliqué que son visa diplomatique ne lui permettait pas de donner une conférence dans une université. Dirigé vers une "chambre verte" pour une vérification approfondie, M. Begag, a alors été questionné sur les précédents visas qu'il avait obtenus pour les Etats-Unis.
"La situation était tendue, étrange , rapporte le ministre de l'égalité des chances : le premier fonctionnaire n'a pas vu que j'étais ministre. J'imagine que, dans son esprit, s'est produit un télescopage entre mon passeport et mon visage. A ses yeux, je n'avais pas la tête d'un ministre français normal." Le second contrôle finit par s'avérer négatif : "Ils m'ont rendu mon passeport et souhaité "bienvenue aux Etats-Unis"".
Ce n'est que trois quarts d'heure plus tard, en attendant son vol pour Tallahassee (Floride) que M. Begag est abordé par des officiels américains accompagnés du consul de France à Atlanta, qui le cherchaient dans l'aéroport depuis une heure. "Tout le monde avait été prévenu, mais une mauvaise communication entre services les avait empêchés de me repérer", commente le ministre.
Fils d'immigrés algériens, élevé dans un bidonville de Villeurbanne (Rhône), sociologue et romancier à succès avant d'intégrer le gouvernement, Azouz Begag n'en est pas à sa première mésaventure de ce genre. Voici quelques années, coiffé d'un bonnet de laine par un jour d'hiver, il avait été bloqué dans le sas d'une agence bancaire pendant que le directeur appelait la police. En 1995, à Lyon, il avait été remarqué par Jacques Chirac en lui racontant sans détour comment des jeunes se font refouler des boîtes de nuit à cause de leur "gueule d'Arabe" .
"Depuis le 11 septembre 2001, j'ai systématiquement des ennuis aux Etats-Unis, dit-il aujourd'hui : nous ne sommes plus traités comme les autres, uniquement à cause du faciès." En 2003, alors simple écrivain et porteur d'un passeport ordinaire revêtu de multiples visas dont ceux de pays arabes où il s'était rendu à l'invitation de centres culturels français, M. Begag avait déjà été retenu et pressé de questions.
A l'aéroport d'Atlanta, cette fois, le ministre de la République a expérimenté une situation nouvelle où "c'est un autre Azouz qui franchit la frontière, et qui ne peut pas accepter les choses comme avant" . Sur les murs de l'aérogare géorgienne, des portraits de Martin Luther King et des héros de la lutte contre la discrimination des Noirs lui ont procuré une "pincée d'émotion" , lui rappelant que le pasteur noir avait été la référence, en France, de la Marche des Beurs de 1983. A Paris, reconnaît M. Begag, "ce genre de télescopage est assez fréquent". A plusieurs reprises, des interlocuteurs l'ont pris pour... le garde du corps du ministre.
Philippe Bernard
Article paru dans l'édition du 25.10.05
S ur la couverture, un simple dessin d'enfant intitulé "ma famille". Une petite fille à couettes ("moi", précise la légende) y côtoie un homme ("papa") et deux femmes unies par un gros coeur rouge ("Isa" et "maman"). Fonder une famille homoparentale , de Martine Gross et Mathieu Peyceré, est un guide éthique, juridique, psychologique et pratique destiné aux homosexuels qui souhaitent avoir des enfants. Comment adopter ? Quel nom donner à l'enfant ? Comment réagir aux agressions et aux moqueries ? Les six chapitres abordent pas à pas les mille et une questions qui jalonnent le parcours des homoparents.
Rencontres internationales à Paris La 3e Conférence internationale sur l'homoparentalité se tient à Paris, mardi 25 et mercredi 26 octobre. Organisée par l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens de Paris (APGL), cette rencontre, qui réunit chercheurs français et étrangers en sciences sociales, travailleurs sociaux, fonctionnaires et magistrats, va aborder trois principaux thèmes : "Les figures de l'homoparentalité" ; "Vers un droit de l'homoparentalité" ; "Grandir dans une famille homoparentale". La conférence est ouverte au public. Selon les derniers chiffres, la France compte environ 100 000 familles homoparentales et 200 000 parents homosexuels. 11 % des lesbiennes et 7 % des gays ont des enfants, 45 % et 36 % désirent en avoir. |
La préface est signée par un "présidentiable" de 2007, Dominique Strauss-Kahn. "L'immense mérite du débat sur l'homoparentalité est d'amener toute une société à renouveler le questionnement sur ce qu'est une famille, sur les droits de l'enfant, sur des liens sociaux nouveaux, écrit l'ancien ministre de Lionel Jospin. Fonder une famille, transmettre une histoire, des valeurs : ce projet de vie doit pouvoir être accessible sans discrimination. Les enfants ne doivent pas être privés de la possibilité d'avoir deux parents responsables au motif qu'ils sont de même sexe."
M. Strauss-Kahn avait déjà exprimé ses convictions, en 2004, dans Libération et dans l'émission "France Europe Express", sur France 3. "Nous ne le connaissions pas personnellement, mais au printemps, nous lui avons proposé la préface pour qu'il puisse exprimer à nouveau ses choix, raconte Martine Gross. Il a tout de suite accepté. Depuis, nous nous sommes rencontrés, en juin, à la Marche des fiertés homosexuelles, à Paris. Cela nous a permis de faire connaissance !" LE MARIAGE NE VA PAS DE SOI
En mai 2004, au nom de "l'égalité des droits pour tous" , le Parti socialiste avait accepté du bout des lèvres sous la pression du mariage gay célébré à Bègles (Gironde) par Noël Mamère et des prises de position de plusieurs leaders, dont DSK le principe des unions homosexuelles, mais il était resté prudent sur la question de l'homoparentalité. "Un large débat doit s'organiser sur un sujet qui appelle la prise en compte de tous les points de vue afin d'apporter des réponses à des situations difficiles vécues par un certain nombre de nos concitoyens", avait alors affirmé le bureau national.
Au lendemain de ce communiqué, Lionel Jospin était sorti de la réserve qu'il s'imposait depuis sa défaite de 2002 pour dire son hostilité au mariage gay et à l'homoparentalité. L'enfant, écrivait-il alors dans le Journal du dimanche , "n'est pas un bien que peut se procurer un couple hétérosexuel ou homosexuel, il est une personne née de l'union quelle qu'en soit la modalité d'un homme et d'une femme" . "Je vois s'esquisser une nouvelle tentation bien-pensante, voire une crainte de l'imputation homophobe, qui pourraient empêcher de mener honnêtement la discussion" , concluait-il.
Depuis cette mise en garde, le débat s'est poursuivi au sein du PS. Et chacun a pris position dans les motions qui seront débattues au congrès du Mans, en novembre. François Hollande a franchi le pas dans son chapitre consacré au "contrat citoyen" : le mariage, promet-il, sera ouvert aux couples de même sexe et le droit à l'adoption devra "s'adapter aux réalités nouvelles et notamment tenir compte de l'homoparentalité" .
Au terme de longues discussions, le Nouveau Parti socialiste s'est finalement engagé, à travers une motion signée par Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Henri Emmanuelli : l'ouverture du mariage aux couples de même sexe "s'impose aujourd'hui comme une réforme que le Parti socialiste devra porter s'il revient au pouvoir ". "L'adoption doit être ouverte à tous les couples, qu'ils soient mariés, en concubinage ou pacsés", souligne-t-elle.
Enfin, bien que Laurent Fabius se soit, au moment du mariage de Bègles, déclaré partisan des unions homosexuelles, sa motion est infiniment prudente. "Le couple et la parentalité homosexuels sont des réalités déjà reconnues par la loi dans nombre de pays européens, souligne son texte. Dans notre parti comme dans la société, nous savons bien que les réponses à apporter ne vont pas de soi, mais une chose est certaine : après avoir créé le pacs, nous, socialistes, devrons porter de nouvelles évolutions allant dans le sens de l'égalité des droits."
Anne Chemin
Article paru dans l'édition du 25.10.05
E ric TroncY, dans un point de vue intitulé "Manifeste du réalitisme" (Le Monde du 13 octobre 2005), défend la télé-réalité au nom de l'art contemporain. Elle irriguerait l'imaginaire des "artistes d'aujourd'hui" entendons les avant-gardes autoproclamées qui, depuis L'Urinoir de Duchamp, ont siphonné de l'intérieur la beauté pour en exhiber le cadavre.
Un nouvel espace serait apparu, pompeusement baptisé par Eric Troncy la "RéalitY", un intermédiaire entre réalité et fiction. La télé-réalité nous fait passer, dit-il, dans une autre dimension de la réalité comme l'art abstrait le fit pour la peinture. S'agit-il d'une évolution ? Non. Rien de moins qu'une "révolution stylistique" . Et bien entendu, comme toujours quand on a le pouvoir (celui des musées, des commandes publiques et des subsides), Eric Troncy réfute par avance toute critique.
Ceux qui feraient oeuvre de "dénégation de légitimité" exerceraient sur la télé-réalité une "violence". Il importe donc de se taire sous peine d'être rejeté dans l'enfer des ronchons passéistes et autres rétrogrades arriérés. S'il faut, pour ne pas être traité de "réactionnaire", regarder, comme nous y invite Eric Troncy, un atelier d'artiste filmé pendant toute une nuit par une caméra de surveillance et considérer que nous sommes en présence d'une œuvre d'art, superbement intitulée Mapping the Studio , alors j'accepte par avance d'être voué aux gémonies de tous les défenseurs de la RéalitY – dont Eric TroncY.
Comment ne pas être frappé par cette alliance, d'apparence contre-nature, entre l'art contemporain et la télé-réalité ? Eric Troncy la démontre. Alliance entre les marchands de flux télévisuels et les défenseurs des boîtes de "merda d'artista" de Piero Manzoni. Ainsi Endemol serait, sans le savoir, une société d'artistes ! Christophe Dechavanne n'osait en rêver. Eric Troncy l'a fait. Que dire de la Biquette de la "Ferme Célébrités" ? Elle est un happening très "tendance". Ne faudrait-il pas faire entrer au Centre Beaubourg les ronflements de soldat Castaldi de "La 1re compagnie", sans oublier le trop fameux "Cekikapété" d'un candidat du "Loft" ?
Plus sérieusement, trois points de convergence existent entre la télé-réalité et l'art contemporain.
Tout d'abord, une même démarche : celle du ready-made. Le geste inaugural de Duchamp opère une immense réduction des prétentions artistiques. Par le seul décret d'un artiste, un urinoir devient une oeuvre d'art. Grâce au point de vue adopté, la banalité n'est plus banale. Ce qui est vrai d'une certaine manière l'est devenu de toutes les manières possibles. La représentation a disparu au profit de l'expression. Le ready-made (le déjà-présent , déjà-fini , déjà-là ) s'est étendu à bien d'autres domaines – et maintenant à la télé-réalité. Une certaine "ready-madisation" (selon l'expression de Jean Baudrillard) de tout semble avoir rejoint un vaste "procès de désublimation". Tous les sujets sont mis sur le même plan. Les distinctions s'évanouissent. L'épaisseur est aplatie au profit d'un horizon sans levure. Yves Michaud y voit le "triomphe de l'esthétique" : "Si les ready-made sont partout, il suffit de les trouver ou de les voir partout où ils sont." Sous la réalité, des ready-mades. Et maintenant nous découvrons : sous les pavés cathodiques, la plage de la RéalitY. Elle est là, dans les cours de ferme (célébrités), sur le sable des îles (de la Tentation) et autres planches de l'Académy (des stars). Pourquoi ? Une évidence s'impose, depuis que le gag dadaïste de Duchamp est devenu un dogme moderne : tout est illusion, donc tout est matière esthétique. Qu'importent les mises en forme pourvu qu'un objet, un quidam, une quelconque bride de réalité puissent être regardés par tous comme dignes d'intérêt. La banalité s'arrête là où commence l'attention du nombre.
Seconde convergence : être soi-même jusqu'aux conflits avec les autres. Tous les "artistes" de la télé-réalité ou de la RéalitY ont la folle prétention d'être eux-mêmes, considérant que nous sommes tous des Mozart en puissance. Eric Troncy cite Joseph Beuys comme un annonciateur de la télé-réalité pour s'être enfermé, en 1974, pendant trois jours avec un coyote dans une galerie. Intéressant ! N'est-ce pas lui qui avait placé, sur la façade du Centre Pompidou, cette assertion péremptoire : "Chaque homme est un artiste. C'est même là ma contribution majeure à l'art" ? Bien que ridicule, l'ambition est belle. Mais tous ces "artistes" finissent par nous imposer leur "moi" : un moi impérialiste, d'une arrogance belliqueuse.
La recherche d'une différence n'est plus déférente, elle est devenue indifférence aux autres. De plus, ce culte de l'authenticité sauvageonne est un mauvais service rendu aux adolescents d'aujourd'hui. Ils sont en plein travail de construction d'eux-mêmes par la domestication de leurs pulsions. La télévision détricote cet apprentissage de la pudeur. Elle indique que pour avoir son "quart d'heure de célébrité" il faut s'exhiber et faire étalage de ses tripes. Alain Finkielkraut s'en prend à ce "spontanéisme". A la télévision, dit-il, "tout le monde est spontané et tout le monde dit la même chose" car, précise-t-il, "la spontanéité a partie liée avec la banalité. Aujourd'hui on a décidé de donner la parole avant de donner la langue". Les lofteurs, lofteuses, colocataires de toutes sortes, "tentatrices" aux avantages rebondis, célibataires et habitants des "îles de Tentation" ont la parole. Ils l'ont. La gardent. En abusent.
La télé-réalité la leur a donnée. Mais il leur manque la "langue", la grammaire humaine, la syntaxe des sentiments, le dictionnaire des émotions subtiles. Que disent-ils ? La même chose. Toujours la même chose. Ils affirment leur même banalité d'analphabètes, leur même mesquinerie de coquelets et de poules de basse-cour, leurs mêmes envies, pulsions, calculs de courte vue avec, comme leitmotiv, l'assurance d'une affirmation aussi simple qu'identitaire : "Je suis qui je suis, tel que je suis et m'exprime avec authenticité." Cette "vérité" est incontestable. Car les identités sont par principe plus indiscutables que les opinions.
Troisième convergence : la fin du récit au profit d'un présent infini jusqu'à l'ennui. Que nous disent à la fois "l'artiste" qui filme son atelier de nuit et tous les lofteurs de la télé-réalitY ? Il ne se passe rien dans l'instant, même si nous n'avons que lui comme planche de salut. Le passé est passéiste, le futur écrit dans les astres, il ne nous reste qu'à regarder, par des caméras de surveillance, le sablier s'écouler, les ateliers vides, des stars sur le retour se crêper le chignon dans des cours de ferme et des bachelors se pavaner au milieu d'un troupeau de donzelles.
De tous temps, les récits, les histoires, les contes de fées ont permis aux individus de se construire, d'élaborer des sentiments. Un homme en société est toujours un composé de réalité et de fiction. Mais, contrairement à la RéalitY, moderne et donc momentanée, ce composé s'inscrit dans une durée partagée. Les récits organisent les sensations, leur donnent corps. Dans la RéalitY le récit disparaît au profit du flux. Nous sommes, maintenant, traversés de flux qui ne se tissent plus en récits. Le tricotage artistique a disparu au profit de la simple pelote de laine. Personne ne peut raconter une émission de télé-réalité ou l' "oeuvre" intitulée Mapping the Studio . Ces flux ne disent rien. Il n'y a rien à en dire.
Désormais, nous dit-on, tout se joue ici et maintenant, dans un présent qui bégaie. Le disque de la réalité est rayé. Nous avons quitté, pense Peter Sloterdijk, un "nihilisme joyeux et cinétique" (celui du progrès et de la danse de Zarathoustra) pour un "nihilisme métaphysique". La levure métaphysique qui donne du volume, de la consistance et du style à la réalité, l'histoire ou la vie a été bannie. La RéalitY est l'expression de ce nihilisme-là.
Que l'art contemporain souhaite se greffer sur la télé-réalité (ou l'inverse) importe peu ! Si Eric Troncy veut encore un peu plus humilier l'art, c'est son problème. Mais surtout, en voulant anoblir la télé-réalité, l'art devient complice du processus imaginaire de marchandisation promu par cette même télé-réalité. "Chaque homme est un artiste" , affirme encore l'art ; tout individu est un consommateur qui s'ignore, entonnent les marchands. Toute banalité est belle, dit Eric Troncy ; tout cerveau est disponible à la publicité, répond Patrick Le Lay.
Il est urgent d'en revenir à un art du sens contre la valorisation de la banalité, pour immuniser les enfants contre tous ces virus marchands qui pullulent. Consommer pour oublier les engagements non tenus de la RéalitY : est-ce notre présent et notre avenir ? Je le crains.
Damien le Guay est philosophe et critique littéraire.
... par Damien Le Guay
Article paru dans l'édition du 25.10.05
Awerle ♦ 24.10.05 | 18h31 ♦ Le personnage central de « Leonce et Lena » tenait ces propos désabusés,en substance: « …les hommes,... ne sont rien d’autre que des oisifs raffinés (raffinierte Müßiggänger)». Près de deux siècles +tard,le spectacle de la modernité conduirait Büchner à moduler ce propos.Un préfixe négatif suffirait peut-être à marquer le chemin parcourul: « unraffinierte Müßiggänger».Mais ne soyons pas injustes vis-à-vis de programmes réllement formateurs...diffusés souvent à des heures tardives
gwillard ♦ 24.10.05 | 17h58 ♦ Proust ne se sentait pleinement humain, comme Zarathoustra dans sa montagne, que seul: dans cette solitude, il pouvait ressentir, penser et par la atteindre des profondeurs insondables par...la TV-realite qui, en favorisant la "spontaneite" et donc le banal, appartient a un autre univers, commercial, narcissiste, nihiliste au sens le plus pejoratif du terme. Non, tout le monde n’est pas, ne peut pas etre, artiste, sans fournir l’effort necessaire comme Proust l’a fait.
arnaud m. ♦ 24.10.05 | 17h33 ♦ On ne peut que partager la sensation de nausée éprouvée par D.Le guay devant la TV"réalité". Mais est-il pour autant légitime de faire de E.Troncy le porte-parole d’un art contemporain réduit arbitrairement à la transiguration du banal et à la célébration de l’insignifiant? Dans son Journal Gombrowicz avait déjà montré par quel subterfuge rhétorique on peut rendre "intéressantes" 3 allumettes disposées au hasard. La question est de savoir si c’est là l’alpha et l’oméga de l’art contemporain.
PIERRE L. ♦ 24.10.05 | 16h52 ♦ Votre seizième arrondissement est pesant. Pour vous, si le monde se résume à la sphère d’influence d’une diplomatie us en pleine déroute, la vision des choses dont vous faite part est d’autant plus absurde qu’elle n’exprime qu’une pauvreté de point de vue, sinon un déni pur et simple, suffisant et autocentré. L’expression artistique n’est que le reflet de la vitalité. Rien d’autre. Avec les outrances de la pertinence de la cruauté mais aussi l’éclat du beau.
alain sager (nogent sur oise) ♦ 24.10.05 | 16h39 ♦ Il fut un temps où un certain Nietzsche parlait de "nihilisme". Le nihilisme, c’est l’époque du "dernier homme". Un homme stérile, revenu des valeurs anciennes, mais incapable d’en créer de nouvelles. Alors, satisfait ou désespéré (c’est selon), il tourne autour de son propre vide. Je sais combien peut être suspect le "surhomme" appelé de ses voeux par Nietzsche pour dépasser cette triste situation. Mais enfin, on pourrait peut-être quand même faire un effort...
Edouard ♦ 24.10.05 | 14h42 ♦ Aux US, la reality-tv est partout. Ceux que ca amusent regardent. Les autres ne regardent pas, ils lisent des livres, sortent avec des amis, au theatre, au cinema, a l’opera.... Point final. En France, on a aussi la telepoubelle mais, pendant que le Darfour se fait violer, pendant que les US combattent les islamofascistes en Irak et ailleurs, pendant que notre economie coule, nous, on ecrit des articles enormes sur le cote artistique, ou pas, de la tv-realite.... Je reve... Decadence?????
Z inédine Zidane filmé par 17 caméras, en temps réel, le temps d'un match du Real (justement) de Madrid : c'est l'oeuvre en cours de réalisation des artistes anglais et français Douglas Gordon et Philippe Parreno. Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Marianne Faithfull réunies à Cinecitta pour une fausse émission de télé-réalité inspirée du "Bachelor", où une quinzaine de jeunes gens tentent de les séduire : c'est l'oeuvre de l'artiste italien Francesco Vezzoli (Comizi di non amore, 2004), présentée à la Fondation Prada de Milan (Italie), puis à la dernière Biennale de Venise.
Des geôliers et des prisonniers (volontaires) filmés plusieurs jours durant par des caméras de surveillance dans une prison reconstituée, pour un remake de la célèbre expérience conduite par Philip Zimbardo en 1971, dans la prison de Stanford (Etats-Unis) : c'est Repetition (2005), l'oeuvre de l'artiste polonais Artur Zmijewski (présentée dans le pavillon polonais de la Biennale 2005 de Venise et à la Kunsthalle de Bâle).
Son atelier filmé en continu, la nuit, par des caméras de surveillance : c'est Mapping the Studio (2003), de l'artiste américain Bruce Nauman (présentée au Dia Centre pour les arts de New York, puis à la Tate Modern de Londres).
C'est peu dire que les dispositifs de la télé-réalité irriguent aujourd'hui l'imaginaire des artistes, après s'en être longtemps nourris. Car, au fond, bien des choses dans l'art du siècle dernier conduisent naturellement à la télé-réalité : les pavillons de l'artiste Dan Graham et leurs miroirs sans tain, le TV Buddha de Nam June Paik contemplant sa propre image retransmise en temps réel dans un petit téléviseur (1974)...
... les artistes anglais Gilbert & Georges se déclarant "sculptures vivantes" (1967), l'oeuvre entière de Nan Goldin en forme de journal intime entrepris en 1981, Joseph Beuys enfermé trois jours durant avec un coyote dans la galerie Renée Block (1974) et, partant, des pans entiers de l'histoire de la performance... autant d'entreprises formelles dont la télé-réalité semble aujourd'hui n'être qu'une heureuse conséquence - en retour, elle subit les mêmes assauts que ceux réservés jadis à l'art d'avant-garde.
De même qu'au tournant du XXe siècle l'art abstrait fut qualifié de n'importe quoi et d'intellectualisme, la télé-réalité dut, à l'approche du XXIe siècle, endosser les reproches simultanés de convoquer des dispositifs outrancièrement simplistes (induisant les soupçons, d'ailleurs infondés, d'offrir les avantages d'une production à moindre frais) et d'être en vérité scénarisés (d'où le refus du statut juridique de "documentaire" appliqué à "Popstar"). Mêmes arguments, même violence, pour une dénégation de légitimité qui indique, au passage, une même ampleur dans la révolution stylistique : la télé-réalité sera à l'histoire de la télévision ce que fut l'abstraction à l'histoire de l'art, et, en ce sens, les réticences à son endroit du "service public" rappellent curieusement celles avec lesquelles le "public" accueillit l'art abstrait.
Pourtant, plus que ce jeu d'échanges et de similitudes, l'art et la télé-réalité (la télé-réalité essentielle, celle du programme "Big Brother" inventé par John de Mol en 1997-1999, et qui conjugue enfermement consenti, dispositif de surveillance et retransmission télévisée en temps réel) partagent une chose fondamentale, un espace en vérité, qui n'est ni celui de la réalité ni celui de la fiction, mais un espace intermédiaire : celui de la RealitY.
Comme l'eXistenZ de David Cronenberg (1999) se situait dans les marges technologiquement composées de l'existence, la RealitY se situe dans les marges médiatiquement assistées de la réalité. Nourri de toutes les stratégies de communication (qui reconfigurent la réalité au profit de son expression médiatique - simplification, photogénie, mise en scène...) -, ce qui se joue dans l'espace de la RealitY n'est ni vrai ni faux, mais simplement "réalitiste". Et ce "réalitisme" se construit dans un rapport à la réalité qui s'appuie précisément sur des expériences menées dans le champ de l'art.
Le réalisme de Gustave Courbet (1855), c'était opposer à l'idéalisme académique la réalité crue des gens du village, occupés à des tâches ordinaires, en utilisant les stratégies (les formats) de la peinture d'histoire (Un enterrement à Ornans, 1849-1850, conservé au Musée d'Orsay). Le surréalisme, c'était embarquer la réalité dans l'espace onirique ouvert par la psychanalyse, en lui adjoignant les stratégies de la littérature. L'hyperréalisme, c'était entraîner la réalité dans l'illusion de sa reproduction, en utilisant les stratégies de la photographie. Et pareillement, le "réalitisme", c'est adjoindre à la réalité son double reformulé par les stratégies de la télévision, lui autorisant la satiété du spectacle.
Dans la conception intellectuelle et physique de cet espace (la RealitY n'est pas un espace strictement virtuel comme ceux de l'Internet ou des marchés financiers, il est physiquement réel et culturellement assimilé, comme une sorte de polder), l'invention de la photographie aura tenu lieu d'acte de naissance. Dès lors qu'il a été possible de produire un cadrage de la réalité traversé de contingences esthétiques, dont la révélation reposait sur un dispositif mécanique et qui, finalement, s'y ajoutait sans garantie de vérité, l'espace de la RealitY pouvait entreprendre son expansion.
Plus tard, les véritables chaussons de danse et la robe de tulle enfilés sur la Petite danseuse en bronze de Degas amorceraient la lente migration de l'oeuvre d'art dans la RealitY, là où des traces patentes de la réalité sont reconfigurées dans une mise en scène qui l'en éloignent.
Ce qui qualifie les ready-made de Marcel Duchamp, c'est bien - outre sa signature - le déplacement d'un objet depuis le lieu de sa réalité (le BHV pour le sèche-bouteilles) vers l'espace de la RealitY, celui du musée ou de la galerie, celui que l'artiste américain Robert Smithson (1938-1973), en opposition au "site" ("des limites ouvertes, une certitude indéterminée, des informations dispersées...") appellera "non-site" ("des limites fermées, une incertitude déterminée, des informations rassemblées...") et dont, aujourd'hui, le "Loft" ou le château de la Star Academy sont les transcriptions les plus précises.
L'art de notre époque n'a jamais su trouver, dans les rarissimes (parce que inévitablement vouées à l'échec ?) émissions télévisées qui lui sont consacrées, une forme qui rende compte de la diversité, de la spécificité, de l'incongruité aussi, qui font la singularité de son langage et la richesse de ses modalités d'expression. Aucun format, surtout, à même d'embrasser son réalitisme sans le replier tristement sur une réalité - informative, documentaire ou pédagogique.
Or, sans, naturellement, prétendre au statut d'oeuvre d'art, la télé-réalité exprime, enfin, à la télévision, et sans la travestir dans sa forme, une somme conséquente des expériences de l'art d'avant-garde - celui qui, "réalitiste", a fait de la création et de l'exploration de cet espace annexe à la réalité la RealitY, à la fois son principal projet et son meilleur instrument.
par Eric Troncy
Article paru dans l'édition du 13.10.05
mt ♦ 12.10.05 | 15h15 ♦ Ce n'est que du théâtre, rien de plus que du théâtre... aucune révolution dans tout celà. Comme Duchamp, grand humoriste, que malheureusement on a pris au sérieux et qu'on cite à tour de bras, alibi de la non-pensée. Observer le réel demande des stratégies, des dispositifs et des techniques qui faussent les résultats (on sait que la caméra est là et que c'est un jeu). On appelle ça la fiction, et ce n'est pas bien nouveau.
L' homme peut-il orienter la science et la technologie ou avancent-elles de façon autonome, à leur manière, un peu comme la vie, autant par hasard que par nécessité ? Vieux débat. A défaut de le trancher, il est au moins possible de réfléchir aux conséquences des prodigieux changements que nous traversons avec l'accélération de l'électronique, d'Internet, des biotechnologies et des techniques en général.
Cette civilisation numérique dans laquelle nous entrons, est-ce encore une civilisation ? A-t-elle couleur humaine ? Les Entretiens des civilisations numériques, qui ont eu lieu à Margaux (Gironde) les 6 et 7 octobre, avaient l'ambition d'apporter des réponses. Une gageure, on l'imagine. Faire venir philosophes, professeurs, artistes et experts de différents pays pour discourir de l'impact des sciences modernes sur les savoirs, les valeurs, les identités, et même sur l'espace et les corps, et pour s'interroger sur les menaces que la technologie peut faire peser sur l'humanisme, était prendre des risques. Mais les participants ont mieux pu cerner le paysage.
Les inquiétudes légitimes d'abord. Les possibles dérives sécuritaires de la société informatisée sont connues. Il est possible de tout écouter, tout enregistrer, tout infiltrer. On assiste, depuis le 11-Septembre, en particulier aux Etats-Unis, à une volonté de généralisation des surveillances. "Big Brother" ne cesse de perfectionner ses armes. L'implantation possible de capteurs dans les corps à des fins de prévention sanitaire pourrait déboucher sur un système social hyper contrôlé à l'échelle mondiale dont on craint d'imaginer la puissance.
Il y a plus noir encore, si l'on peut dire : le "meta-risque", la convergence de tous les risques. L'électronique court toujours vers le plus minuscule. Les matériaux connaissent une révolution avec les nanotechnologies, qui permettent de descendre presque au niveau des corps élémentaires. La manipulation du génome humain décodé ouvre des perspectives gigantesques. La médecine avance à toute vitesse dans la connaissance du cerveau et de l'intelligence. Or ces technologies – électro, nano, bio, neuro, cogno – convergent. Dès lors, la société entre dans un univers vraiment nouveau où tout est rénové, pas seulement les façons de faire, mais les façons de percevoir et de penser.
Le côté obscur de cette planète n'échappe à personne. "Qui a déjà pleuré en lisant Internet ?" , s'interroge Daniel Erasmus, professeur à l'Ecole de management de Rotterdam, déplorant la pauvreté (qu'il imagine provisoire) de ce média. "En Asie, les jeunes adoptent un nouveau style de vie, sans capacité de le remettre en question" , ajoute Foong Wai Fong, économiste, directrice de MegaTrends Asia, qui note que "le choc émotionnel" remplace "l'esprit critique" . Le professeur Nigel Thrift, de l'université d'Oxford, poursuit en expliquant que "le monde marchand s'approprie les passions" , les industriels les manipulant. Internet ne réunit-il pas sur des sites spécialisés les passionnés de telle ou telle micro-activité, de tel poisson rouge ou de tel bizarre hobby ? Point n'est besoin d'y voir une manipulation d'ailleurs, la logique industrielle suffit.
Conséquence ultime : la démocratie est estompée. "Les bénéfices risquent d'être de moins en moins répartis" , relève l'ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn. "Le débat politique pourrait être monopolisé par les experts ou les juristes" , craint l'essayiste Joël de Rosnay.
Mais à côté de ces inquiétudes, ou plutôt derrière, la civilisation numérique fait renaître des espoirs. Les identités anciennes se perdent, mais il en émerge des nouvelles "aux carrefours" , note Nigel Thrift, plus nomades, plus hybrides, riches de potentialités. "La technologie permet de trouver facilement les gens qui vous ressemblent. L'amitié va devenir la valeur d'avenir grâce aux réseaux ; elle est portable et cosmopolite" , prédit-il. Michel Carpentier, ancien directeur général des technologies de l'information à la Commission européenne, se réjouit "du foisonnement des initiatives locales permises par Internet" . L'isolement des individus que certains redoutaient trouve une solution, du moins partielle.
Il en est de même d'une autre critique entendue : l'homogénéisation. Le numérique universel nivellerait les différences et les cultures. Faux, selon Joël de Rosnay : "La numérisation se déploie, mais les cultures résistent" , justement parce qu'elles peuvent s'exprimer sur le Réseau et s'y enrichir. Cette capacité constitue, pour aller plus loin, la réponse au méta-risque de dominance généralisée des individus par le système. Apparaît une "intelligence collective" , selon Anthony Townsend, de l'Institute for the Future de Palo Alto, au travers des blogs et des forums. L'exemple phare est l'encyclopédie Wikipedia, qui n'est pas écrite par des experts, mais qui se fait au fur et à mesure, tout le monde lui apportant ses connaissances. "Nous entrons dans l'ère de la science ouverte" , dit Townsend, le contraire du monde fermé par les industriels et les experts.
En résumé, la civilisation numérique donne trois pistes de liberté. La première est, tout simplement, le droit de se déconnecter, auquel il faut veiller. La deuxième naît de la participation libre aux débats grâce au Net, bâtissant une démocratie rénovée, permanente et active. La troisième viendra de l'évolution de la politique traditionnelle.
Face aux interrogations, face aux peurs, les hommes politiques devront imposer une transparence aux discours des savants et des experts, mais aussi faire que les explications soient audibles. Il faut établir la vérité dans toute la mesure du possible et la dire au niveau adéquat. Pour Françoise Roure, du conseil général des technologies de l'information (CGTI) du ministère français de l'économie, il faut "élaborer une confiance informée" , faute de quoi se catalyseront toutes les angoisses devant l'envahissement du numérique.
Eric Le Boucher
Article paru dans l'édition du 26.10.05
PAUL S.
25.10.05 | 18h43
A alain Sager : La technique n'est pas neutre puisqu'elle nous offre de nouvelles possibilités. Qui résiste à la contraception, par exemple ? Combien préfèrent la marche à l'usage de véhicules modernes pour faire plus que quelques kilomètres, en ville, tout du moins ? C'est une illusion de croire que l'on est libre vis à vis de la technique.
alain sager (nogent sur oise)
25.10.05 | 16h52
Connaître le cerveau est une chose ; savoir ce qu'est l'intelligence en est une autre : le risque existe en effet de les confondre. Pour le reste, on pourrait rappeler Lichtenberg : "si un singe se mire dans une glace, ce n'est pas l'image d'un homme intelligent qui s'y reflète". Je ne sais si Internet nous façonne. Son usage est plutôt à l'image de notre vie : pauvre si elle est pauvre, riche dans le cas contraire. La technique est neutre : c'est l'homme qui lui affecte sa valeur.
Dioni D.
25.10.05 | 15h52
http://www.institutmontaigne.org/site/page.php?page_id=115 À quoi tient cette curieuse impression que, malgré leurs naïvetés et leurs coupables erreurs d’analyse, les alter-mondialistes n’ont pas complètement tort ? Ils posent, en réalité, une question clé : dans le monde en mouvement perpétuel où nous vivons, avons-nous encore prise sur notre destinée collective ? Héritier des Lumières, l’idéal républicain nous faisait une promesse inouïe : les citoyens allaient enfin pouvoir « faire leur histoire ». C’est cette promesse qui vacille aujourd’hui. Les sociétés contemporaines s’organisent autour d’une passion commune, la peur. Derrière celles des OGM, du réchauffement climatique, des dangers de la vitesse ou encore du clonage se cache une peur qui les englobe toutes : celle de l’impuissance publique, de la dépossession démocratique. Revisitant Descartes, Heidegger et Ulrich Beck, Luc Ferry montre comment mondialisation et médiatisation privent peu à peu les élus du peuple de la maîtrise de l’action publique - comment la victoire même du libéralisme, philosophie de la liberté, fait paradoxalement de nous des êtres démunis de toute prise réelle sur le cours d’un monde qui tourne comme tourne un gyroscope.
leongreco
25.10.05 | 15h41
une civilisation fluide , ouverte , créative ou les valeurs des cultures se rencontrent et aboutiront en plus de se respecter d'en inventer de nouvelles communes .Big brother est un phantasme archaique car les anticorps des cybernautes se mettent et se mettront en place . Internet introduit enfin l'ethique de l'altérité , et du débat comme valeur avec une puissance inégalée .. Le cyber monde est produit par des hommes ,et comme tel il est inachevé ,il permettra d'aller vers plus d'intelligence
sunseeker
25.10.05 | 14h18
si télévision, jeux vidéos, internet...prennent une telle place c'est parce que la vie de certains leur apparaît comme vide...or la nature a horreur du vide!...les media quels qu'ils soient compensent ce vide comme la consommation compulsive...ou tout autre addiction... on ne prend plus un repas on se jette sur quelque chose à grignoter, on n'aime plus mais on consomme de la pornographie... le règne de l'immédiateté est la conséquence d'un modèle de société qu'il faut changer...
L es Irakiens ont voté pour la deuxième fois en un an. Après les élections du 30 janvier destinées à élire une Assemblée constituante, ils ont été appelés à se prononcer par référendum sur le projet de Constitution. Les résultats définitifs se font attendre, mais l'essentiel est que la consultation ait eu lieu et que la participation ait été assez élevée plus de 60 % , malgré l'insécurité ambiante. Il n'est pas besoin d'avoir été un admirateur forcené de la guerre américano-britannique contre Saddam Hussein pour reconnaître qu'il s'agit d'un événement positif. Si le texte constitutionnel est adopté, les Irakiens pourront désigner un Parlement et commencer à mettre en place des institutions qui ne feront sans doute pas de leur pays un modèle de démocratie mais qui trancheront agréablement sur la situation de la plupart des Etats alentour.
Après les élections parlementaires qui ont eu lieu quelques jours avant en Afghanistan, c'est plutôt une bonne nouvelle. Elle ne suffit pas à justifier les interventions contre les Etats défaillants ou "voyous" des puissances ni même des organisations internationales. Elle n'en montre pas moins la volonté de ces dernières de mettre à profit la disparition de régimes autocratiques ou belliqueux pour (re) construire des Etats sur de nouveaux principes. Est-ce un gage de réussite à long terme ? Comme l'a écrit récemment le politologue américain Francis Fukuyama, il ne suffit pas d'être un "benevolent hegemon" (une puissance bienveillante), encore faut-il être un "competent hegemon" (une puissance compétente).
Le moins qu'on puisse dire est que ça n'a pas été le cas des Etats-Unis en Irak, qui ont commis dès la fin de la campagne militaire proprement dite des erreurs irrattrapables. Ils ont contrevenu à une règle essentielle que les familiers du state building (reconstruction de l'Etat) ont tirée de leur expérience, notamment dans les Balkans : le premier devoir du ou des pouvoirs interventionnistes est d'assurer la sécurité des populations, de ne pas laisser s'installer un vide immédiatement rempli par les délinquants de tous ordres, qu'il s'agisse de bandes armées animées de buts plus ou moins politiques ou de criminels ordinaires.
L'insécurité mine la confiance dans les nouvelles autorités, étrangères ou autochtones, et met en danger l'ensemble du processus de reconstruction. Garantir la sécurité impose parfois de travailler avec des gens peu recommandables, souvent compromis avec l'ancien régime, mais capables au moins de maintenir l'ordre. Il est clair que les Américains, en laissant les soldats et les policiers de Saddam Hussein partir dans la nature avec leurs armes, ont à la fois démantelé les forces de l'ordre et alimenté les rangs de l'opposition armée.
Les experts se disputent sur le point de savoir si la sécurité doit être assurée avant toute mise en oeuvre d'un processus de démocratisation ou si ce processus est lui-même une condition de la stabilisation. Sans doute n'y a-t-il pas de réponse tranchée à cette question. En Irak, les Etats-Unis ont hésité entre l'ordre et la démocratie, la coercition et la négociation, l'occupation et la dévolution des pouvoirs. La création d'institutions représentatives, fussent-elles embryonnaires, est essentielle pour donner aux populations concernées le sentiment de participer à leurs propres affaires. Des élections présidentielles ou parlementaires, des référendums, sont des procédures imparfaites et incertaines, surtout dans des pays qui n'ont jamais connu aucune activité politique libre.
Elles ne créent pas du jour au lendemain des démocraties répondant aux critères idéaux de leurs concepteurs. Elles peuvent même provoquer des frustrations, y compris chez les puissances tutélaires. Les experts constatent des décalages entre les attentes et la réalité. Le hiatus est d'autant plus dangereux que l'ingénierie sociopolitique du state building est fondée sur des concepts généraux et des principes universels qui ne sont pas toujours adaptés aux situations concrètes de pays sous-développés ou à peine débarrassés de régimes autoritaires. Le sociologue germano-britannique Ralf Dahrendorf a coutume de dire qu'il faut six mois pour organiser des élections, dix ans pour installer une économie de marché, mais une génération pour créer une société civile. Or, sans société civile, il n'y a pas de démocratie.
La tentation des artisans du state building est d'imposer des formes artificielles qui ne correspondent ni aux traditions ni à l'état des sociétés. Sans tomber dans le relativisme culturel, force est de constater que la tentative de créer arbitrairement des comportements sociaux calqués sur les habitudes occidentales profite aux représentants des structures traditionnelles, ethniques ou confessionnelles, et aux notables locaux habiles à détourner à leur profit les mécanismes de la démocratie.
Autrement dit, l'implantation de la démocratie dans des contrées qui la découvrent aujourd'hui est une oeuvre de longue haleine. Son rythme ne coïncide pas avec nos calendriers électoraux. "Notre route commence à Bagdad", écrivaient en 2003 Bill Kristol et Lawrence Kaplan, deux néoconservateurs américains, en pensant au Grand Moyen-Orient. Si elle ne s'arrête pas là, elle doit au moins y marquer une longue pause.
Daniel Vernet
Article paru dans l'édition du 26.10.05
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En extra: Les éditos du Monde |
[*] «Longues propagandistes» parce qu'il existe aussi, dans cette rubrique, des «brèves propagandistes» reprenant surtout des dépêches de l'AFP. Ici, on trouvera pour l'essentiel des articles parus dans Le Monde, qui par le fait, sont beaucoup plus longs…