L'étiquette et le contenu

 V ous connaissez Miguel Benasayag ? Moi non plus. Je connais, à travers les médias, un objet social composite fait de textes et (de morceaux) d'émissions radiophoniques et télévisuelles, descriptible comme « Miguel Benasayag ». Il y a une chose dont je suis sûr : l'individu réel à partir duquel s'est construit cet objet, le sujet “Miguel Benasayag”, n'a rien à voir. C'est un type comme vous et moi. Enfin, comme moi, c'est sûr. Fondamentalement il est comme vous et moi, factuellement il est « d'un certain parfum » et je suis « du même bouquet ». Pour vous, ne sachant pas qui vous êtes je ne fais pas d'hypothèses. Le sujet Benasayag est à coup sûr très intéressant, mais l'objet ne l'est pas moins.

Il y a déjà l'objet auto-produit, l'image que crée le sujet, qui est en soi un objet composite, pour la raison évidente qu'un individu n'est pas tout d'une pièce. Il crée son image (médiatique) de quatre manières différentes : en écrivant ou co-écrivant des livres, en participant à des conférences ou débats, en produisant des textes directement pour les médias et en répondant à des interviews. Ce dernier cas est intéressant : les personnes qui l'interrogent ont souvent besoin de savoir « qui est Miguel Benasayag », alors il fait une biographie imaginaire de la forme « roman d'initiation », avec la gradation habituelle, “L'Enfant”, “Le Bachelier”, “l'Insurgé”. Sinon que, contrairement à Jules Vallès, la partie “l'Insurgé” vient avant celle “Le Bachelier”. Disons, l'être inchoatif, l'être en construction, l'être en devenir. Comme le sujet Benasayag n'est pas dans le ressentiment il est donc logique que le bachelier vienne en dernier.