Maximes de Denis Touret

 A utant d'humains, autant de manières pour exprimer ce que sont l'univers, la société, l'humanité, l'huamin et leurs relations. Je n'ai pas exactement la même appréciation sur certains points, mais je trouve très intéressante la manière dont Denis touret expose la chose dans ses «169 Maximes "Premières" pour une théorie biojuridique» que je reproduis ci-après (la page originale se trouve sur la page http://www.denistouret.net/maximes/; elle comporte aussi une version anglaise de ces maximes, que je n'ai pas jugé nécessaire de reprendre).

I. - DE L'INDIVIDU DANS L'UNIVERS

  1. Un système est un ensemble d'éléments en intéraction.
  2. L'univers est un système dont l'humanité est un élément.
  3. L'humanité est un système de groupes sociaux ayant entre eux des rapports de dominance et de complémentarité.
  4. Tout groupe social est un système composé d'individus ayant entre eux des rapports de dominance et de complémentarité.
  5. Moins la dominance est apparente et plus la complémentarité est évidente.
  6. Tout individu est un système d'éléments naturels et culturels.
  7. Tout individu est plus ou moins intelligent (susceptible de comprendre les rapports fondamentaux existant entre les êtres et les choses).
  8. Tout individu est plus ou moins agressif (susceptible d'agir).
  9. Tout agissement est positif ou négatif.
  10. Tout individu est personnalisable (réalisable).
  11. La personnalisation est la réalisation de toutes les potentialités positives.
  12. Les potentialités positives vont dans le sens de l'hominisation.
  13. L'hominisation est la totale réalisation des potentialités positives de l'humanité toute entière (l'hominisation est la totale personnalisation de l'humanité toute entière).
  14. La réalisation négative est la négation de la personnalisation (l'agressivité négative est frustrante et aliénante, déshominisante).
  15. Tout agissement positif ne produit pas nécessairement un résultat positif.
  16. Tout agissement négatif ne produit pas nécessairement un résultat négatif.
  17. Tout est complexe et relatif.
  18. Le fanatisme est le négatif absolu.
  19. Tout individu est conscient d'exister mais inquiet du pourquoi de son existence.
  20. Tout individu a besoin de donner un sens à son existence.
  21. Tout individu a soif d'être.
  22. Etre c'est développer au maximum ses potentialités positives.
  23. Tout individu a une structure de caractère et une personnalité propres.
  24. La volonté peut permettre de passer du vouloir-être à l'être, de l'intention à la réalisation.
  25. La réalisation est fonction de la volonté et des structures existantes.
  26. Les structures de caractère féminine et masculine sont complémentaires et en corrélation fonctionnelle.
  27. L'individu est un être de passsion, qui pense être raisonnable.
  28. Tout individu entend justifier positivement le moindre de ses agissements, surtout négatifs.
  29. Tout individu estime avoir raison d'être ce qu'il est, jusqu'à ce qu'il justifie d'être devenu différent.
  30. La logique est justifiante de tout agissement si ma logique n'est pas nécessairement la vôtre.
  31. Mes intérêts sont toujours raisonnables si les vôtres ne le sont que corrélativement aux miens.
  32. Puissance et jouissance sont les moteurs de toute chose.
  33. Le renoncement n'est que partie remise, jouissance secrète et puissance occulte, à moins qu'il ne soit aliénation et déshominisation.
  34. Il n'est petit qui ne puisse trouver plus petit que lui.
  35. Il n'est grand qui ne souhaite l'immensité.
  36. La soif de jouissance et de puissance (de liberte') est incommensurable et inextinguible.
  37. La soif de jouissance et de puissance (de liberté) est autolimitable.
  38. L'autolimitation nécessite sagesse, intelligence et volonté.
  39. Ma soif limite la tienne et réciproquement.
  40. La souffrance du manque devrait être le début de la sagesse.
  41. L'égoïsme conduit au malheur si l'altruisme à l'impuissance des assistés.
  42. Avoir est nécessaire à être si avoir plus est destructif.
  43. Trop avoir nuit.
  44. Etre est positif.
  45. Trop avoir est négatif.
  46. Le bien-être est l'épanouissement des potentialités positives.
  47. La quête du bien-être est constructive de l'hominisation.

    II. - L'INDIVIDU, ETRE SOCIAL, EST UN PRODUCTEUR D'IDEOLOGIES ET DE REGLES

    A. LA SOCIABILITE

  48. Tout individu a besoin de s'attacher et de coopérer (être un être sociable).
  49. La sociabilité est plus féminine que masculine (yin que yang).
  50. La verbalisation est une expression de la sociabilité.
  51. Tout groupe social comprend des dirigeants et des dirigés.
  52. Les dirigés tendent, généralement, à faire confiance aux dirigeants.
  53. L'attachement et l'obéissance fondent la cohésion sociale.
  54. Obéissance par confiance est plus sûre qu'obéissance par crainte.
  55. La confiance déçue est de la graine de trahison.
  56. Tout individu a besoin d'un espace vital (d'une territorialité individuelle).
  57. La culture peut réduire extrêmement tout espace vital individuel.
  58. Tout groupe social a besoin d'un espace vital (d'une territorialité sociale).
  59. La géopolitique peut réduire extrêmement toute territorialité sociale.
  60. L'interdépendance des groupes sociaux accroît le champ de la territorialité.
  61. De la famille à la tribu, à l'ethnie, au clan, à l'Etat, l'interdépendance conduit à l'humanité.
  62. Tout groupe social domine et est soumis à la dominance.
  63. La dominance est fondée sur le sang, la force physique, la ruse, l'expérience, la possession d'un capital etou d'une technique.
  64. La dominance repose sur l'héritage etou l'utilité commune .
  65. La meilleure des dominances est l'invisible.

    B. LES VALEURS

  66. Tout homme a une vitale faculté de croire.
  67. Face à l'angoisse de la mort, l'homme entend donner du monde une explication qui lui permette de vivre et de se développer, de se situer par rapport au monde et par rapport aux autres groupes sociaux.
  68. L'idéologie c'est la vie, la vie de l'individu, du groupe, de l'espèce, confortée et réconfortée face à l'incertitude du devenir.
  69. L'idéologie est un système de pensées justifiantes quant à l'existence et au devenir de l'homme.
  70. L'idéologie ? c'est du vent. Mais il faut du vent pour tendre les voiles du navire humain.
  71. L'idéologie est une légitimation, notamment du pouvoir.
  72. Tout Etat se réclame d'une idéologie.
  73. Toute idéologie d'Etat est dite juste.
  74. Déiste ou laïque, réactionnaire, conservatrice, réformiste ou révolutionnaire, toute idéologie est camou flage.
  75. Le camouflage idéologique est utilisé par ceux qui désirent s'emparer du pouvoir comme par ceux qui entendent le conserver.
  76. L'idéologie est utilisée par le groupe social dirigeant pour légitimer son pouvoir.
  77. L'idéologie est utilisée par les oppositions pour contester le pouvoir dirigeant.
  78. L'idéologie contestataire devient conservatrice lorsque le groupe social qui l'utilise de dirigé devient dirigeant.
  79. L'idéologie du pouvoir ne peut être que conservatrice puisqu'elle a pour objet le maintien de l'ordre social existant.
  80. Tout pouvoir qui s'appuie, pour se maintenir, sur une idéologie adverse est imbécile, donc dégénérescent et agonique.
  81. Tout groupe social a une conception idéologique de son existence et de sa place dans le monde.
  82. Tout groupe social possède ses règles de fonctionnement destinées à permettre sa survie et son dévelop- pement.
  83. L'idéologie et les règles de fonctionnement de tout groupe social sont dans un rapport constant d'iden- tification-adaptation aux nécessités vitales.
  84. Les distorsions entre théorie et pratique, idéologie et règles vitales, sont d'autant plus importantes que le groupe est en développement.
  85. Tout groupe social statique est menacé de régression puis de disparition.
  86. Tout groupe est toujours en équilibre précaire du fait du foisonnement des forces vitales (positives) et nécrophiles (négatives).
  87. La paix des cimetières n'est qu'une illusion de paix.
  88. Les règles sociales sont pour l'essentiel les règles de la dominance, car il est vital pour les dominants de contrôler le fonctionnement du groupe.
  89. Il est vital pour les dominants que les règles sociales qu'ils estiment indispensables (à tort ou à raison) à leur survie soient respectées.
  90. Le respect des règles sociales résulte davantage de leur apparente nécessité que de la peur de la sanction pour non-exécution.
  91. La peur de la sanction peut être le commencement de la sagesse si un bénéfice à acquérir est envisageable.
  92. Si la sanction n'est jamais exemplaire pour les désespérés, à moins qu'elle ne soit définitive, elle incite à patienter celui qui a déjà et aspire à davantage.
  93. Plus le désespoir est grand et plus la sanction doit être impitoyable car : rat affamé se moque des réprimandes.
  94. La répression est socialisation si l'excès est aliénation.
  95. L'excès est plus que le nécessaire.
  96. Toute règle sociale de fonctionnement est juridique ou non-juridique, selon des critères variables dans le temps et dans l'espace, qui sont actuellement étatiques.
  97. Les règles sociales non juridiques s'imposent soit d'elles-mêmes soit par la coercition d'une puissance non étatique ou non habilitée par l'Etat.
  98. Les règles sociales non juridiques sont soit posées par une puissance non étatique ou non habilitée par l'Etat, soit l'émanation confuse du groupe lui-même.
  99. Les règles sociales non juridiques concernent les mœurs au sens large, manières de vivre et de se comporter dans les rapports privés et professionnels, et plus précisément l'éthique (la morale individuelle et sociale).
  100. L'éthique concerne positivement l'intégrité physique, psychique et patrimoniale de l'homme, ce qui lui permet de survivre et de se développer en tant qu'individu et en tant qu'espèce.
  101. La morale individuelle résulte des rapports sociaux interindividuels, de l'expérience sociale des individus, mais aussi et surtout de l'éducation et de l'imitation conformative des influents.
  102. La morale sociale du groupe est la résultante des rapports sociaux internes au groupe et de l'imitation conformative de groupes externes influents.
  103. Tout groupe social connaît, en fonction du temps et du lieu, une morale sociale prédominante.
  104. Toute morale sociale prédominante est impérative ou incitative de par sa prédominance même.
  105. Toute prédominance par consensus psychique, incitative, l'emporte en efficacité sur toute prédominance physique, impérative : la séduction n'est pas le viol.
  106. Tout Etat connaît une morale sociale dirigeante qui est la résultante des morales prédominantes des groupes sociaux internes au groupe social dirigeant.
  107. Toute morale sociale dirigeante est «objective» - comme s'imposant à la conscience individuelle des dirigés.
  108. Toute morale sociale dirigeante est essentiellement «conservatrice» puisque son but est la conservation et le développement du groupe.
  109. Il y a dégénérescence lorsque la morale sociale dirigeante n'est plus qu'au service d'une fraction du groupe, dont la conservation et le développement sont parasitaires.
  110. Toute dégénérescence appelle une régénérescence.
  111. La morale sociale dirigeante est utilisée par le pouvoir dirigeant comme force de maintien, de cohésion, au même titre que l'idéologie officielle.
  112. La sanction morale est désapprobation et excommunication. Ce peut être mortel - et plus que mortel si éternel.

    III. - L'ORGANISATION PAR LE DROIT

    A. DROITS NATURELS ET DROITS POSITIFS

  113. Tout individu a sa conception personnelle de ce qui est juste.
  114. Est juste ce qui, selon moi, permet le développement maximum de mes potentialités.
  115. Tout système juridique peut être perçu comme étant juste par ceux qui s'estiment favorisés par ce système.
  116. Tout système juridique est fondé sur le biologique.
  117. Le droit trouve sa source fondamentale dans la revendication du vivant d'être et de perdurer dans l'être, de développer au maximum ses potentialités.
  118. Le vivant est naturel.
  119. Ce qui est surnaturel est au-dessus de la nature et non pas contraire à la nature.
  120. Tout individu estime avoir des droits subjectifs qu'il pense naturels et qu'il entend faire reconnaître par le pouvoir juridique en tant que libertés d'agir.
  121. Les droits naturels subjectifs sont des libertés d'agir revendiqués par tout individu.
  122. Tout système idéologique prône le renoncement ou la patience car l'imitation appropriative est anarchique.
  123. En pénurie les puissants sont premiers ou seuls servis.
  124. Tout système de droit naturel objectif, avoué ou non avoué, est idéologique, spiritualiste ou non spiritua liste.
  125. Tout système de droit naturel objectif, avoué ou non avoué, est légitimant.
  126. Tout système de droit naturel objectif, avoué ou non avoué, est juste pour ceux qui entendent l'imposer.
  127. Tout système de droit naturel objectif, avoué ou non avoué, est juste pour ceux qui trouvent dans ce sys tème la reconnaissance des droits naturels subjectifs dont ils souhaitent bénéficier, ou qui croient les y trouver.
  128. Tout système de droit naturel objectif est idéal, est un idéal à atteindre par le droit positif.
  129. Le droit positif est contingent.
  130. Le droit positif est imposé par la puissance souveraine.
  131. La puissance souveraine dispose de 1'effectivité sur son territoire.
  132. La puissance souveraine est, actuellement, étatique.
  133. L'Etat est un système composé de gouvernants exerçant la puissance souveraine sur des gouvernés dans le cadre d'un territoire déterminé.
  134. Le droit positif est 1'ensemble des règles sociales qui exprime la volonté du groupe social dirigeant étatique de maintenir un ordre qui lui soit favorable, règles contraignantes posées et sanctionnables par le pouvoir gouvernant et qui sont garanties par la puissance coercitive de l'Etat.
  135. Le droit positif est l'ensemble des règles sociales d'origine étatique qui régit les rapports entre les personnes physiques et/ou morales dont le respect est obligatoire et dont le non respect peut être sanc tionné techniquement, physiquement etou patrimonialement par l'Etat, directement ou indirectement.
  136. Le droit positif, posé par l'Etat, est le droit actuellement applicable qui relève de la puissance souveraine de cet Etat.
  137. Le droit positif accorde des droits aux sujets de la puissance souveraine et leur impose des devoirs.
  138. Les droits accordés aux sujets de la puissance souveraine par le droit positif sont des droits positifs subjectifs ou droits subjectifs.
  139. Le droit positif qui accorde et impose est le droit positif objectif.
  140. Tout système juridique étatique est composé : 1 - d'un droit naturel objectif, avoué ou non avoué, qui est une philosophie du droit positif de l'Etat considéré, qui affirme répondre aux justes revendications (droits naturels subjectifs) des sujets de la puissance souveraine,
    2 - d'un droit positif objectif qui impose des devoirs et accorde des droits positifs subjectifs.
  141. Chronologiquement, le classement des différents droits est le suivant : 1 - droits naturels subjectifs revendiqués par les individus,
    2 - droit naturel objectif élaboré selon l'idéologie officielle en théorie et prenant en considération certains droits naturels subjectifs,
    3 - droit positif objectif étatique se fondant sur une théorie de droit naturel objectif,
    4 - droits positifs subjectifs accordés aux sujets par le droit positif objectif.
  142. Si les droits positifs subjectifs qui me sont accordés correspondent aux droits naturels subjectifs revendiqués, le système juridique étatique est juste. Sinon j'entends obtenir justice au nom d'un autre système de droit naturel objectif qui reconnaîtrait mes revendications.

    B. LE DROIT POSITIF UNIVERSEL, NECESSITE BIOLOGIQUE

  143. Dans l'attente hypothétique de l'émergence d'une morale universelle qui soit totalement positive, l'or- ganisation sociale ne peut reposer que sur un système juridique positif global sanctionné.
  144. Toute sanction juridique fait appel à la coercition physique, patrimoniale etou technique. Toute sanction morale fait appel à la coercition psychique.
  145. La sanction juridique peut avoir un aspect moral si la sanction morale est extérieure au droit.
  146. Tout système juridique positif global suppose un pouvoir normatif et coercitif.
  147. Il ne saurait y avoir de fins sans moyens.
  148. Le droit positif universel est le sommet d'une pyramide dont les droits locaux sont la base.
  149. Le droit positif universel ne peut être qu'un droit de coordination et de superposition qui fixe la stratégie et laisse aux droits coordonnés le choix de la tactique.
  150. Droits locaux, régionaux, étatiques, organisés et coordonnés par le droit positif universel sont en mouve ment de complexification montante et croissante.
  151. Les habitudes et coutumes locales ne sont respec- tables que si elles vont dans le sens de l'Hominisation.
  152. L'organisation souple positive l'emportera toujours sur l'organisation rigide négative.
  153. Une décentralisation positive vaut toutes les concentrations négatives.
  154. Souple ou rigide, l'organisation positive est celle qui va dans le sens de l'Hominisation.
  155. L'organisation positive est fonction du lieu et du temps.
  156. Mieux vaut aller lentement dans le bon sens que vivement dans l'autre.
  157. A chacun sa vitesse en fonction de sa capacité.
  158. Ce qui est positif ici peut être négatif là ; c'est la montée en complexité vers l'Hominisation qui importe.
  159. Le bureaucratisme et le technobureaucratisme rigides sont toujours négatifs.
  160. La montée en puissance de l'Organisation Universelle ne peut être que biologique, donc fonctionnelle.
  161. La montée en puissance de l'Organisation Universelle est une montée totale, non frustrante des capacités reconnues ni des potentialités revendicantes.
  162. Tout Pouvoir nécessite des Contre-Pouvoirs.
  163. La puissance pour la puissance est un détournement de Pouvoir.
  164. La puissance est jouissance légitime au service de l'organisation positive.
  165. La jouissance aliénante de l'Avoir sans Etre est grosse de la Mort.
  166. Les agonisants de l'Avoir ont des chants fébriles et des rages folles.
  167. Le sang des victimes de l'Avoir fertilise la conscience universelle.
  168. La conscience universelle est en devenir si le présent est imparfait et le futur immédiat non nécessairement plus que parfait.
  169. Croire c'est Pouvoir mais Douter n'est pas l'Enfer.
© Denis Touret, 1983