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Rien ne se perd, rien ne se crée
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C ertains disent: «le premier principe de la
thermodynamique» (un pléonasme, «principe» signifiant «premier»); d'autres disent «le
deuxième», d'autres parlent du troisième, voire du quatrième; quel que soit l'ordre, la
plupart des personnes sont incapables de vous dire quels seraient les autres principes de
la thermodynamique, ni leur nombre. Par déduction, si on dit qu'il s'agit du quatrième,
il y en a au moins trois autres, de même au moins deux autres s'il s'agit du troisième,
et un autre pour le deuxième, sauf à tenir compte de la règle qui dit que l'on emploie
«second» pour une série de deux, «deuxième» pour une série de plus de deux, donc il y en
a au moins trois; si c'est le premier, il y en a au moins deux. L'ordre de ces principes
importe-t-il ? Non. Pour certaines choses l'ordre importe, pour d'autres non. La
thermodynamique est un bloc. Certes, un bloc fait de parties, mais si l'une manque,
l'ensemble est «autre chose», de la dynamique non thermo, de la thermo non dynamique, de
la non thermo non dynamique ou de la non dynamique non thermo, bref, autre chose que de
la thermodynamique. Par contre, l'ordre d'énonciation des trois éléments qui définissent
cette loi, quel que soit son ordre en tant qu'elle-même, est d'une certaine importance:
pour les deux premiers, «rien ne se perd, rien ne se crée» ou «rien ne se crée, rien ne
se perd», il a une importance qu'on dira relative (le premier ordre énoncé est préférable
mais le second admissible), la position du troisième, qui en revanche est négligeable
dans sa formulation, a une assez grande importance: il doit venir en dernier. C'est, pour
prendre un exemple, comme avec des parents et un enfant: importe modérément de savoir si
l'un ou l'autre parent «vient en premier», même si on privilégie l'un ou l'autre; par
contre, un enfant doit toujours venir après ses deux parents, sinon il y a déséquilibre.
Le troisième argument est fils des deux autres; ou: la troisième proposition est fille
des deux autres. Le genre de la troisième proposition importe peu, sa position importe
beaucoup. Si vous lancez la recherche "rien ne se crée" avec Google, vous
verrez que le troisième argument varie beaucoup. Le premier cas, l'élément qui arrive en
tête de la liste, donne «etc.» comme “conclusion”; le deuxième ne donne rien et
entame directement un commentaire ou une analyse (je n'y ai pas été voir), puis sur le
même site, de nouveau «etc.»; ensuite on a le classique «tout se transforme»,
puis «tout se répète», puis, variante du thème classique, «mais tout se
transforme»; il y a une séquence atypique, «ne ne se perds, rien ne se créé, tout
se transforme», qui conserve le sens de la séquence malgré une petite perturbation.
Viennent les séquences moins lisibles, comme «Rien ne se crée, tout se transforme»,
qui fait perdre une information importante, mais permet encore la restitution. Plus
problématique, «Rien ne se passe, rien ne se crée»: ça se paraphrase aisément en
«Rien ne se crée, rien ne se crée», ce qui à la fois rajoute et enlève du sens, et
donne à penser que les choses ne changent pas; autre formulation, même effet: «Cette
formulation lapidaire de 8 mots est restée célèbre: "Rien ne se perd, rien ne se crée"»;
comme le commentaire vient avant et indique assez clairement qu'il n'y a rien de plus
que les deux premiers arguments, ça empêche les personnes déjà persuadées que les choses
ne varient pas d'imaginer qu'elles puissent varier. Un segment intéressant, «At-on
idée de vivre au milieu de nulle part, à McTavis en l'occurrence, là où rien ne se crée,
rien ne se perd, rien ne se passe?»: sous les apparences du constat ironique, il n'y
a aucun reflet de la réalité, juste une analyse fautive, qui en outre induit que, margré
l'affirmation interrogative, «quelque chose» se perd. C'est bien sûr du à la reprise de
la séquence négative «rien ne se crée» par celle neutre «rien ne se passe»
après la séquence positive «rien ne se perd», et tenant compte du commentaire
dépréciatif du début, ce qui en bonne logique «neutralise» la pensée positive, donc
négativise l'ensemble. Juste après, un excellent commentaire, «Depuis Lavoisier nous
savons que rien ne se perd rien ne se crée : où se transforment les centimes de
l'arrondi ?», et oui, c'est vrai: si rien ne se perd ni ne se crée, l'arrondi
des centimes, qui «fait perdre quelque chose» ou «fait gagner quelque chose», va contre
les règles de la thermodynamique qui, jusqu'ici, se sont vérifiées.
Rien ne se perd, tout se transforme. C'est bien. Tiens, voici un autre principe, moins
poétique mais très connu: l'air chaud monte. Ce qui donne, selon moi, à réfléchir: quels
points des terres émergées sont les plus froids ? Les monts les plus hauts. Il y a
quelque chose d'incohérent et qui va à l'encontre des principes de la thermodynamique.
Mais non à ceux de la relativité, qui dit que l'univers est courbe. Comme relativité et
thermodynamique sont deux théories non contradictoires (c.-à-d., qui sont compatibles et
convergentes) ça expliquerait la chose: considérant la relativité, les points «les plus
bas» seraient ceux «les plus près du centre de gravité» donc ceux «les plus courbes»,
ergo ils paraîtraient pour l'observateur «les plus élevés» par un effet
d'anamorphose, car il faut tenir compte du fait que l'affirmation habituelle «l'univers
est courbe» est fausse: l'univers est régulier, il a une certaine conformation précise,
une topologie déterminable, par contre, dans les points de plus forte gravité la lumière
subit l'effet de l'attraction des corps massifs, ce qui implique que les effets de
perspective y sont infléchis; en contraste, les points de moindre gravité subissent un
infléchissement inverse, ce qui fait que les lieux factuellement les plus bas paraissent
être les plus hauts, et ceux les plus hauts paraissent les plus bas.
Mon hypothèse induit un univers fini et globalement plan, avec un espace non vide, où
l'atmosphère s'étendrait à l'infini ou serait sous cloche. Dans un univers autre, comme
par exemple un ensemble de sphères réparties un peu partout et séparées par de vastes
espaces globalement vides (une molécule au m3 par exemple), il en
irait autrement: le «vide» connaissant fort peu d'interactions serait assez froid, ce qui
tendrait à communiquer cette qualité aux plus hautes couches de l'atmosphère, ce qui aura
un effet sur les sommets les plus hauts.
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