C ette page est en annexe des trois livraisons précédentes sur la notion d'ethnie, raison pourquoi des références aux trois précédentes pages, parfois précises, parfois non, s'y trouveront souvent; y figureront en général quelques éléments glanés ici et là sur l'usage effectif de cette notion, qui assurément relativiseront la pertinence de son usage dans la statitique nationale – et de son usage en général. I - Musiques «ethniques»Dans les discussions sur la réintroduction de la notion d'ethnie dans la statistique publique, tant celles de l'ensemble initié par Alain Blum que dans mes pages propre, une question a été souvelvée à plusieurs reprises et de diverses manières: quels sont les groupes humains et les individus concernés par cette notion ? À l'occasion d'une recherche sur Internet pour tout autre chose, je suis tommbé sur la page du disquaire en ligne “Flipside Records” concernant les «ethnics LP's» (les «albums ethniques» - CDs et vynils). On y trouve les genres, les nations et les entités territoriales habituellement considérées «ethniques» (Amérindiens, Hawaï, cajun, Irlande, Écosse, Italie – considérant que pour ces trois dernières nations il existe aussi des musiques et artistes considérés «non ethniques» –, etc.). Mais on y trouve aussi deux nations considérées en France comme «non ethniques» en soi, y compris pour les styles de musiques considérées ailleurs comme «ethniques» mais qualifiées pour ces deux nations de «traditionnelles», la France et l'Allemagne. Cela posé, il est évident que, vu des États-Unis, les musiques traditionnelles de la France et de l'Allemagne peuvent être qualifiées «ethniques» puisque la perception de la notion y est différente: même si j'ai des doutes plus généraux sur elle, il me paraît évident que la notion d'«ethnicité» est une notion différentielle, il y a une ethnie «de base», celle de l'«ethniseur», qu'on peut considérer «non ethnique», et que les ethnies fortement reliés à cette ethnie sont aussi «non ethniques». C'est d'ailleurs le cas avec l'ethnicisme de Michèle Tribalat puisque, dans sa classification, certaines nations sont hors du champ de l'ethnicité (France, Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne…) et d'autres réduites à une sorte d'«ethnie d'État», même quand on y trouve des ethnies nationales sub-étatiques (Italie, Espagne…). Maintenant, plusieurs choses sont intéressantes dans cette liste pour faire douter de la pertinence de la notion:
Et l'on trouverait d'autres exemples qui confirment deux de mes points de vue sur la question de l'ethnicité: d'une part, c'est avant tout un instrument de classification externe («l'ethnique» c'est «l'autre», le non soi, à preuve le fait qu'il n'y a pas dans cette liste de rubrique «American» au sens d'étatsunien – le rock 'n' roll, la country et le jazz pouvant ainsi être considérés «ethniques» –, les seules musiques nord-américaines qualifiées d'ethniques étant celle des «American Indian», le “style” «Dixie / Cajun» [sic] et la musique d'artistes – plus ou moins – hawaïens) dont la réalité n'est que rarement sinon jamais pertinente pour les groupes et personnes «ethnisés»; de l'autre l'usage du mot est, y compris chez Michèle Tribalat, qui prétend le faire d'une manière scientifique, douteux, et ressort souvent d'une forme sublimée de racisme, les «ethnies» étant, comme dit, «les autres», «ceux qui ne sont pas comme nous», avec une perception souvent très approximative de ces «autres». |