La fin de l'État-nation

 Q uand un modèle de société a fait son temps, ça se voit. Mais…

Mais on se confronte à plusieurs problèmes qui font que les choses changent moins vite et moins facilement qu'on pourrait l'espérer, entre autres et principalement :

  1. Toute société, et d'autant qu'elle est large, a une grande inertie ;
  2. Il existe un puissant appareil de maintien des choses en l'état ;
  3. Changer de société ça ne consiste pas juste à changer la tête, il faut tout adapter ;
  4. Dans une société, il y a trois groupes principaux à convaincre, qui ensemble forment la très grande majorité de la population, ceux qui tirent profit du système, ceux qui ont une alternative aussi ou plus catastrophique que l'état actuel, et la très grande masse de ceux qui ne veulent pas remettre en cause leur mode de vie actuel ;
  5. On sait ce qu'on a, on ne sait pas ce qu'on aura.

Les premier et dernier point se rejoignent et expliquent les deux autres.


Le point 5 est indépendant de la (relative) facilité ou non à changer les choses, dans leur majorité les gens n'apprécient pas de vivre dans une dictature ou dans un système basé sur la corruption et le clientélisme, et par le fait un régime ça se change somme toute assez facilement, pourtant les gens acceptent de vivre dans temps parfois très longs dans ce genre de régime. Le problème est celui de la confiance en soi et dans les autres. Sans cette confiance, impossible de concourir au renversement du régime, si possible par des méthodes pacifiques. L'exemple récent à cette date (le 7 septembre 2013) des révoltes qui ont parcouru le monde arabe depuis 2011 le montre : quand une frange significative d'un peuple décide de se mobiliser pour faire changer les choses, ça se réalise.

Bien sûr je tiens compte des éléments externes, le cas de la Syrie et des pays du Golfe sont différents, les gouvernements de ces pays trouvent pas ailleurs des soutiens pour les aider à museler leurs peuples, d'où les échecs de leurs révoltes. Ont peut espérer, à la longue, faire se désolidariser les « forces de l'ordre » des gouvernants, quand leurs membres sont issus du même peuple ; il en va autrement quand des troupes étrangères viennent exercer la fonction de « maintien de l'ordre » ou quand la petite frange au pouvoir se doit doter d'un arsenal sans commune mesure avec celui de ses opposants.

Si on prend un pays comme la France, la majeure partie de ses citoyens a bien conscience de ce que ses institutions sont sclérosées et empêchent toute réforme conséquente[1].


[1] Il faut s'entendre : je ne parle pas de ce qu'on nous présente habituellement comme des réformes, qui est l'adaptation de certaines institutions selon un certain schéma, sans remettre en cause la structure générale, mais bien d'une remise en cause de cette structure.