Réduire le niveau de violence

 I l me semble utile de réfléchir sur la société de manière large (générale) et étroite (spécifique) mais aussi, de considérer parfois une question précise en une extension large dans l'espace et dans le temps, en la schématisant et en essayant de comprendre comment ce schéma s'applique ici et maintenant. Par exemple, je pense que peu de personnes me contesteront le fait énoncé dans le titre, «la société» tend à vouloir réduire le niveau de violence en son sein. Maintenant qu'est la violence, y a-t-il une violence légitime et une qui ne le soit pas, comment réduit-on son niveau ? Quelques autres questions apparaîtront en cours de discussion mais celles-ci font un début.

On peut gloser longtemps sur ce qu'est la violence, mais certains actes sont considérés quasi universellement comme violents et universellement proscrits même si en certains cas tolérés, tels que le meurtre, les coups et blessures, le vol. Pour ce dernier point, il est en partie dépendant du contexte. Le meurtre est proscrit dans toutes les sociétés larges (États-nations), pourtant certaines de ces sociétés acceptent le meurtre légal ou peine de mort, et bien sûr aucune société ne s'interdit la possibilité du meurtre et même du massacre commis dans certains cadres par ses militaires ou ses policiers, ce qui répond à la deuxième question : il existe une «violence légitime», et une autre qui ne l'est pas.

Comment réduire le niveau de violence ? Il y a bien des manières, dont l'une est de «soigner le mal par le mal», de réduire la violence par la violence. Ce n'est pas efficace à long terme et comme le dit assez justement la Bible, qui vit par le glaive périra par le glaive : une société qui tente cela finira par succomber à la violence. On en a un exemple actuel avec les États-Unis, nation adepte du «hard power»[1],, dont on voit que tant sur le plan intérieur qu'extérieur cette logique de réduction de violence par la violence a le résultat inverse à celui souhaité : cette nation est celle, parmi les nations dites développées, où l'on constate le plus d'assassinats légaux (peine de mort) ou légitimes (par les forces de l'ordre) et le plus de meurtres illégaux, et en ce qui concerne ses interventions extérieures, on peut voir que cette politique martiale l'a conduite à une impasse au Vietnam, et semble destinée à la même impasse en Irak et en Afghanistan.


[1] le «pouvoir “dur”», notion développée par le théoricien Joseph Nye en opposition au «soft power» (pouvoir “doux” ou “mou”, disons, «pouvoir émollient»). Il faut le dire, une philosophie politique assez pauvre, où l'on associe le hard power à la masculinité, le soft power à la féminité, et où bien sûr le «pouvoir féminin» est dévalorisé. Pour être méchant (ou réaliste…) c'est la transposition à la politique de cette haute pensée de philosophie sociale, «les garçons naissent sur Mars, les filles sur Vénus».