Dossier «L'Affaire du RER D» / Libération | ![]() | ![]() |
L endemain de fête, fin de flonflons, et, toujours, la même déréliction... Tel ministre met du beurre sur son coquard présidentiel, et tels autres dans les épinards de leur curriculum vitae en polissant le rituel colifichet baptisé Légion d'honneur, abondamment distribué à cette occasion et dont de mauvais esprits disent encore que ce n'est pas tout de la refuser, encore faut-il ne pas l'avoir méritée. Et moi-même, que constaté-je avec toujours la même annuelle amertume ? Je constate qu'une fois de plus, mes collègues de ci, de là et d'ailleurs, peuvent à bon droit s'enorgueillir de divers nominés, comme ils disent à TF1, et qu'une fois de plus, par chez nous, rue Béranger, que dalle, nib de pouic, peau de balle et balai de chiottes ! Pas une seule breloque à arroser, pas un(e) seul(e) camarade à honorer d'un civique claquement de talons, pas une seule tache de sang pour vous attirer l'oeil, au revers de vestons hiérarchiques, et rappeler à certaines convenances professionnelles et, osons le mot, déontologiques ! Ah ! Si j'étais journaliste au Figaro, c'est pour le coup que je serais fier et heureux de découvrir imprimée, à la page 13 de mon journal, sur deux colonnes dans un océan de gris, en parfait pendant de celle de l'abbé Pierre (page 12), la tronche du patron, furieusement rajeuni par sa promotion au grade de grand officier ! Et au fâcheux, envieux ou jaloux mais toujours malveillant qui s'aviserait de ricaner en insinuant de stipendiées amitiés chiraco-dassaltiennes, je rétorquerais avec superbe que si le boss est héritier d'un marchand de canons (je ne vois d'ailleurs là rien de répréhensible), notre chère et charismatique Christine Clerc, figure emblématique de notre service politique, élevée dans notre boutique et à la dignité de chevalier (ou de chevalière comment dit-on ? Enquêter pour savoir ça), est, elle, parfaitement journaliste.
Nota bene. Humilié de n'avoir pas seulement été invité à la garden-party de l'Elysée, le chroniqueur, mortifié, interrompt ici son exercice. Pour des vacances, et jusqu'à la fin du mois d'août.