Israël

 A u sortir de la deuxième guerre mondiale, les à l'époque encore mais bientôt ex-puissances coloniales d'Europe, en l'occurence France et Grande-Bretagne (les autres États colonialistes d'Europe n'étaient alors plus guère des «puissances»…) se confrontaient à un problème difficile : la perte prévisible de, justement, leur puissance coloniale. Plus grave, le fragile état des choses qui s'instaura au Moyen-Orient au sortir de la première guerre mondiale, où lesdites puissances s'arrachèrent les dépouilles du défunt Empire ottoman à coup de «mandats» de la SDN qui ressemblaient fort au bon vieux colonialisme du XIX° siècle, était en passe de s'effondrer. Ma foi, il fallait y faire quelque chose.

Justement, le Moyen-Orient fut une sorte de laboratoire pour les stratégies mises en œuvre durant la période de la décolonisation, ou : comment découper les territoires et y organiser les groupes de manière qu'ils ne parviennent pas à devenir des concurrents au plan international. Et dans ce cadre, deux entités furent spécialement le lieu de cette politique «post-coloniale» avant la lettre : quelles stratégies mettre en place pour parvenir à rester un «acteur nécessaire» même dans des circonstances où ça ne relève pas du fait d'évidence. Ces entités étaient le Liban et la Palestine. Dans la première, le but était de perfectionner une pratique courante dans les colonies, celle de s'appuyer sur des minorités pour contrôler les autres composantes de la société, le «perfectionnement» en question étant de donner une apparence de «légitimité démocratique» à la chose ; dans la seconde est là aussi renouvelée une pratique coloniale habituelle, de très longue date même, la colonie de peuplement