Ou le contraire, ma vie n'est qu'une suite de hasards heureux/malheureux. Les deux positions me paraissent la même analyse défectueuse de la réalité, éclairée différemment: croire ou ne pas croire absolument au hasard, c'est finalement croire à la destinée, positivement ou négativement — ce qui ne désigne pas le ressenti négatif ou positif, avoir une "bonne" ou une "mauvaise" destinée, mais le fait que ceux qui ne croient pas au hasard croient en une destinée préétablie, ceux qui ne croient qu'à lui ne croient pas en la capacité de l'individu à infléchir le cours des choses. Disons que la destinée positive est tournée vers le passé, celle négative vers le futur, et que dans les deux cas seul le présent compte. Je crois au hasard parce que je l'ai rencontré, ce qui ne m'empêche de considérer qu'on a toujours l'opportunité de faire des choix qui ne soient son fruit. Pour être exact, je ne crois pas au hasard, je le constate. Par contre je crois au conditionnement: certaines personnes sont conditionnées ou se conditionnent, de diverses manières et pour diverses raisons, à croire ou ne pas croire absolument au hasard, voilà tout. D'ailleurs, je ne crois en rien, sinon que je vis et que le monde est monde, ce qui suffit à avancer dans la vie et dans le monde…
Entendu sur France-Culture. Les médecins ne sont pas tous des scientifiques, les scientifiques pas tous des biologistes, les biologistes n'ont pas tous une claire notion des gènes et leurs modes d'actions. J'entends ceci d'un médecin nutritionniste, Arnaud Basdevant: des Canadiens menèrent une expérience sur la prise de poids, nourrissant des jumeaux avec les mêmes aliments donc le même excès d'apport calorique, environ 1.000 kcal; après trois mois, pour certains couples l'un avait pris moins de 5 kg, l'autre près de 15 kg. Conclusion de M. Basdevant: cela prouve une prédisposition génétique…
Dès qu'on débat sur les antennes des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, immanquablement apparaît ce lieu commun selon lequel "tout le monde a été par lesdits attentats. Tout le monde… Serais-je un
extraterrestre entouré d'extraterrestres ? Passée la première quinzaine, à-peu-près
tous les gens avec qui j'ai discuté de ces attentats ne m'ont pas paru particulièrement
effondrés.
J'ai une explication: ces gens qui causent dans mon poste sont "américains". Non effectivement, mais contrairement au commun des gens que je fréquente, ils ont une intimité avec les États-Unis, ils y vont, y travaillent, y ont des amis, des intérêts, en quelque sorte c'est leur seconde patrie. Pour le péquin moyen, l'Amérique c'est loin: bon, ils en ont pris un sacré coup, c'est bien triste, et après ?
Le nouveau machin de la droite, après "le Mouvement" et "l'Alliance" mort-nés, s'appelle "l'Union en Mouvement", en sigle, UEM. En un premier temps je me suis dit, ah ouais ! un truc léger et qui vole bas — rapport à ULM. Puis j'ai pensé, ce sigle existe déjà, non ? Et ça m'est revenu: Union Économique et Monétaire. Ces gens-là, ils croient inventer, souvent ils laissent parler leur subconscient : l'Union de ceux qui veulent capter les bonne places et rafler le pognon (du contribuable)…
Bon, si Jospin gagne les présidentielles et la droite les législatives, vous croyez qu'il prendra Chirac comme premier ministre ?
J'ai entendu un propos semblable, de la bouche d'un professeur de droit constitutionnel, sur France Inter; cette fois, d'Alain Duhamel dans Libération daté 12-13/01/2002, page 42, on a:
Le constitutionaliste de France Inter trouvait inadmissible que Jean-Marie le Pen puisse ne pas se présenter, une chose réputée porter atteinte à la démocratie. Les arguments sont pour le moins spécieux: ou les idées diffusées par le Pen doivent être combattues, et les politiciens responsables se doivent de ne pas lui apporter leur caution, ou il représente un "courant d'idées" parmi d'autres, alors pourquoi ce "malheureusement" entre parenthèses ? Avec une logique pareille, la victoire d'Hitler en 1933 n'est plus qu'un (malheureux) "accident démocratique". Par ailleurs, merci à M. Duhamel de m'apprendre que "le préalable des 500 signatures est fait pour écarter les candidatures fantaisistes"; d'après ce que j'avais pour mon compte compris, ça servait essentiellement à renforcer le rôle des partis et éliminer les candidats extrémistes — surtout ceux de gauche… D'ailleurs, qu'est-ce qu'une "candidature fantaisiste" et qui peut s'arroger le droit d'en décider ? Par exemple, celle du fantaisiste Dieudonné (dont d'ailleurs les médias prennent le plus grand soin de ne pas parler) est-elle fantaisiste ? Et celles de Bayrou ou de Madelin sont-elles vraiment sérieuses ?
On se retrouve dans la situation de 1995: à quoi bon faire un premier tour pour les présidentielles ? Les candidats du deuxième sont déjà désignés. Sauf qu'à trois mois des élections de 1995, Balladur parvenait au second tour et gagnait… Non que je ne croie qu'on n'assistera à un "duel Chirac-Jospin", comme l'on dit dans les médias, cela dit, j'ai toujours cru, naïvement, que le rôle de ces médias était, non de faire des pronostics genre PMU, avec le "tiercé de tête", mais d'offrir un espace de discussion au débat démocratique. J'ai l'impression qu'après la "mort des idéologies" proclamée alentour de 1990, on aie depuis assisté à la mort des idées.
Et à la sérénité des débats sur la justice et la police. Que trouve le quotidien Libération pour illustrer un gros titre sur la révision "à la baisse" de la loi sur la présomption d'innocence ? Une photo ou l'on voit de dos deux hommes menottés, cumulant visiblement trois traits pointant la qualité implicite de délinquant: ils sont jeunes, banlieusards et maghrébins. Je ne présume pas que "Libé" a la même idéologie explicite raciste et anti-jeunes que Le Figaro, par contre je constate qu'il a la même conception implicite de la sociologie de la population délinquante… "Les ravages de l'idéologie dominante", comme eut dit le "Libé" des années 1970.
Parlant sur France Culture de l'année 2001, il la divise en deux parts contrastées: "Avant le 11 septembre on a une année assez bonnasse, ou rien ne se passe, puis il y a l'après 11 septembre". Hmm… Assez bonnasse… bien sûr, les massacres de Palestiniens par les Israéliens, d'Israéliens par les Palestiniens, les exactions diverses des talibans contre les femmes, les hommes, la culture, celles de l'État russe contre les tchétchènes et la liberté de la presse, les manifestations contre les grands messes de la mondialisation violemment réprimées, bien sûr Porto Alegre, et les guerres sans fin qui ensanglantent l'Afrique, bien sûr tout cela et ce que j'oublie fut "assez bonnasse", des non événements… |