PRÉC. SOMM SUIV.
Gregory Bateson - Vers une Écologie de l'esprit
Forme et pathologie des relations sociales

- III.II.4 - Dynamique de groupe de la schizophrénie [*] -

Avant toutes choses, je dois préciser que je donne un sens tout à fait particulier à l’expression « dynamique de groupe ». Ce qui, pour moi, est essentiellement lié au terme de « groupe », tel que je l’utiliserai, c’est l’idée d’une relation existant entre les membres qui le composent. D’autre part, ce que nous nous proposons d’étudier n’est pas le type de phénomènes qui se produisent dans les groupes d’étudiants expérimentalement formés, dont les membres n’ont pas de rôles différenciés ni d’habitudes bien déterminées de comportement. Le groupe que je prendrai le plus souvent en considération, c’est la famille, et particulièrement ces familles où les parents restent adaptés au monde environnant et ne peuvent nullement être considérés comme manifestement déviants, alors qu’un ou plusieurs de leurs enfants, par la nature évidente de leurs réponses, ainsi que par leur fréquence, s'éloignent indiscutablement de la norme admise. Je me référerai également à d’autres groupes, et je pense ici aux organisations hospitalières, dont le fonctionnement, comparable à celui des familles, favorise des comportements schizophréniques ou schizophrénoïdes chez certains de leurs membres.

Quant au terme de « dynamique », il est employé conventionnellement et sans grande rigueur, dans toutes les études portant sur l’interaction des personnes, et d’autant plus qu’elles étudient plus particulièrement le changement ou l’apprentissage manifesté par tels ou tels sujets. Bien que nous nous conformions à cet usage conventionnel, « dynamique » est un mauvais terme, en ceci qu’il évoque des analogies, complètement erronées, avec la physique.

« Dynamique » est, en effet, avant tout, un terme qu'utilisent les physiciens et les mathématiciens pour décrire certains événements : l’impact d’une boule de billard sur une autre boule de billard est, au sens strict, affaire de dynamique. Cependant, ce serait une erreur de langage que d’attribuer un « comportement » à la boule de billard. Le terme de dynamique, employé rigoureusement, convient à ces événements dont la description est validée ou non par la première loi de la thermodynamique, la loi de la conservation de l’énergie. Lorsqu’une boule de billard en heurte une autre, le mouvement de la seconde est induit par l’impact sur elle de la première : ce sont de tels transferts d’énergie qui constituent l’objet principal de la « dynamique ».

Mais nous ne nous intéressons pas, quant à nous, à des séquences d’événements ayant de telles caractéristiques. Si je donne un coup de pied à un caillou, son mouvement sera produit par mon geste, alors que si je donne un coup de pied à un chien, sa réaction, si le coup est assez fort, peut bien en partie conserver l’énergie reçue (il se peut qu’il soit propulsé dans une trajectoire de type newtonien, mais c’est là purement de la physique) ; ce qui me paraît plus important est qu’il peut avoir une réponse qui ne sera pas induite par le coup, mais par son propre métabolisme : il se retournera et me mordra, par exemple.

Nous touchons là, me semble-t-il, à ce qu’on entend d’habitude par le mot « magie » : ce qui caractérise le domaine qui nous concerne ici, c’est que les « idées » peuvent influuencer les événements. C’est là une hypothèse qui, pour le physicien, ne peut être considérée que comme grossièrement magique : elle n’est, en effet, pas vérifiable par des questions relatives à la conservation de l’énergie.

Bertalanffy s’est d’ailleurs exprimé là-dessus avec brillant et rigueur, et c’est ce qui m’a permis d’explorer plus facilement cet ordre de phénomènes où se produit la communication. J’emprunterai donc le terme de « dynamique », étant bien entendu qu’il ne s’agit pas ici de dynamique au sens où la physique l’emploie.

C’est Robert Louis Stevenson[1] qui a réussi, selon moi, à donner une des définitions les plus percutantes du royaume de la magie : « Pour moi, toute chose en ce monde en vaut une autre ; et un fer à cheval fera l’affaire ».

Le mot « oui », une représentation intégrale de Hamlet, une piqûre d’épinéphrine à un endroit approprié du cerveau sont, en ce sens, autant d’objets interchangeables. N’importe lequel d’entre,eux, en fonction des normes de communication établies à un moment donné, peut être une réponse positive (ou négative) à n’importe quelle question. Dans le fameux message : « Une, si c’est à terre, deux, si c’est par mer » (One if by land, two if by sea) il était tout bonnement fait allusion à des lampes, mais, du point de vue de la théorie de la communication, cela aurait pu être tout aussi bien n’importe quoi, depuis des oryctéropes jusqu’à des arcades zygomatiques.

Il est déjà assez troublant de s’entendre dire que, selon le type de convention de communication en usage à un moment donné, n’importe quoi peut renvoyer à n'importe quoi d’autre. Et ce n’est pas tout. L’univers de la magie est encore plus compliqué : non seulement un fer à cheval vaut n’importe quoi d’autre, selon les conventions de communication, mais simultanément il peut aussi se constituer en signal qui modifie ces conventions. Que je me croise les doigts derrière le dos, et tout peut changer de ton et de conséquences.

Je me souviens d’un patient schizophrène qui, comme beaucoup d’autres schizophrènes, éprouvait des difficultés avec le pronom de la première personne du singulier : il répugnait particulièrement à signer de son nom, et, pour l’éviter, il s’était inventé un certain nombre de pseudonymes correspondant à des aspects successifs de sa personnalité. L’organisation hospitalière où il était interné lui demandait, s’il voulait sortir, de signer un registre. Il fut, pendant deux ou trois week-ends, privé de sortie parce qu’il s’obstinait à utiliser ses pseudonymes. Un jour, il me dit qu’il sortirait le week-end suivant. « Vous avez donc signé ? » lui demandai-je. « Oui », fit—il, avec un sourire bizarre. Voici ce qui s’était passé : admettons que son vrai nom fût Edward W. Jones. Il avait signé : W. Edward Jones. Le personnel de l’hôpital n’y avait vu que du feu en pensant avoir obtenu gain de cause et avoir obligé le patient à se conduire sainement. Mais, pour le patient lui-même, le vrai message était : « ll (mon vrai moi) n’a pas signé. » Et c'était lui, en réalité, qui avait gagné la bataille. Comme s’il s’était croisé les doigts derrière le dos !

Toute communication a pour caractéristique qu’elle peut être modifiée de façon « magique » par une communication qui lui est associée. Dans nos travaux, nous avons parlé des différents modes d’interaction que nous avons établis avec nos patients, et décrit ce que nous ont semblé être notre pratique et notre stratégie. De toute évidence, il eût été beaucoup plus difficile de discuter de nos actions du point de vue des patients. Comment infléchissons-nous (qualify) nos communications à nos patients de façon qu’ils en tirent un bénéfice thérapeutique ?

Un praticien comme Appleby, par exemple, s’est employé à décrire tout un ensemble de mesures en vigueur dans l’établissement qu’il dirige. Je pense que, si j’étais schizophrène, je serais tenté de lui dire après l’avoir écouté : « Tout cela, pour moi, ressemble fort à de l’ergothérapie. » Appleby nous assure avec conviction, chiffres et diagrammes à l’appui, que ses méthodes thérapeutiques se sont avérées fructueuses, de sorte qu’on ne peut un seul instant douter de ses résultats. Mais s’il en est vraiment ainsi, alors la description qu’il donne des mesures en question doit être incomplète : les expériences réalisées avec les patients ont dû certainement être plus vivantes que le squelette desséché qu’il nous a livré de ses interventions. Tout le train de mesures thérapeutiques a dû être infléchi — peut-être avec enthousiasme ou humour — par un ensemble de signaux qui en modifiaient le signe algébrique (positif ou négatif). Appleby, lui, nous parle seulement du « fer à cheval », mais ne dit mot de la multitude de réalités qui, seules, déterminent ce à quoi ce fer renvoyait.

C’est un peu comme s’il décrivait un morceau de musique en disant seulement qu’il a été écrit en ut majeur, et nous demandait ensuite de croire que cette affirmation squelettique est une description suffisante pour nous permettre de comprendre en quoi ce morceau particulier affecte de façon particulière l’état d’âme de l’auditeur. Ce type de description néglige l’énorme complexité des modulations de la communication. Or, la musique, c’est précisément ces modulations.

Permettez-moi maintenant de quitter la musique, et d’user d’une analogie plus ambitieuse, venant de la biologie, afin d’examiner de plus près le caractère magique de la communication. Tous les organismes sont en partie déterminés par la génétique, c’est-à-dire par des constellations complexes de messages, transmises essentiellement par les chromosomes. Nous sommes le produit d’un processus de communications, modifié et infléchi de diverses façons sous l’impact du milieu ; il s’ensuit que les différences entre des organismes voisins (entre, par exemple, un homard et un crabe, ou entre un pois long et un pois court) doivent toujours résulter des différences apportées par les changements et les modulations qui interviennent dans une constellation de messages. Ces changements dans le système de messages peuvent être relativement concrets — ainsi, par exemple, le passage de « oui » à « non » dans la réponse à une question portant sur un détail relativement superficiel de l’anatomie. La configuration tout entière de l’animal peut être altérée par une modification aussi minime que le serait, par exemple, celle d’une tache dans une plaque de similigravure.

Mais le changement peut aussi être de ceux qui transforment ou modulent l’ensemble du système des messages génétiques : chaque message prend alors un aspect nouveau, tout en conservant ses relations antérieures avec l’ensemble des messages avoisinants. C’est, je pense, cette stabilité de relation que les messages continuent à entretenir quand bien même l’un des éléments de leur constellation est sous le coup d’un changement, qui donne un contenu à l’aphorisme français : « Plus ça change, plus c’est la même chose »[**]. Il est bien connu, par exemple, que l’on peut dessiner tous les types de crânes des différents anthropoïdes, en les inscrivant dans des coordonnées dont on varie l’inclinaison, ce qui montre clairement des relations fondamentalement similaires, ainsi que la nature systématique des transformations permettant de passer d’une espèce à l’autre[2].

Mon père était généticien, et il disait souvent : « Tout est vibration »[3] ; pour illustrer cela, il faisait remarquer que la distribution des rayures chez 1e zèbre ordinaire se fait selon une fréquence deux fois moindre (an octave higher) que chez le zèbre de Grévy. Bien qu’effectivement, dans ce cas précis, la fréquence des rayures soit double, je ne crois pas qu’il s'agisse uniquement de « vibrations », au sens où il l’entendait. ll me semble plutôt que, à sa façon, il essayait de dire qu’il s’agit là d’un type de modifications qu’on peut attendre dans des systèmes dont les déterminants ne relèvent pas de la physique au sens étroit, mais de messages et de systèmes modulés de messages.

Il est peut-être bien possible, après tout, que, si les formes organiques nous paraissent belles, et si le biologiste qui étudie les systèmes vivants en éprouve une satisfaction esthétique, c’est uniquement parce que les différences entre organismes voisins sont dues à des modulations de la communication et que, nous-mêmes, nous sommes des organismes qui communiquons et dont les formes sont déterminées par des constellations de messages génétiques. Certes, il n’est pas question ici de nous livrer à une tentative de révision des théories esthétiques. Nous avançons, néanmoins, qu’un expert dans la théorie des groupes mathématiques pourrait apporter une contribution majeure au champ de l’esthétique.

Tout message ou fragment de message sont comme les formules ou morceaux d’équations que le mathématicien met entre parenthèses : leur valeur peut être entièrement modifiée par un déterminatif ou un multiplicateur placé en dehors de la parenthèse ; ce déterminatif, en outre, peut toujours être rajouté, même des années plus tard. Il n’est aucunement nécessaire qu’il précède ce que contient la parenthèse. S’il en allait autrement, il ne pourrait y avoir de psychothérapie, car le patient serait alors en droit (et je dirais même dans l’obligation) de tenir des propos du genre : « Ma mère m’a giflé de telle et telle façon, c’est ce qui m’a rendu malade. Tous ces traumatismes se sont produits dans 1e passé ; ils sont donc, comme le temps, irréversibles. Par conséquent, je ne saurais guérir. »

Dans le monde de la communication, les événements du passé ressemblent à une chaîne de vieux fers à cheval, et le sens constitué par cette chaîne peut être changé, il est même toujours en permanence en train de changer. Dans le présent, ne subsistent que des messages relatifs au passé, c’est cela que nous nommons souvenirs, et cela, nous pouvons à chaque instant le recadrer et le moduler.

A ce point de notre exposé, le monde de la communication apparaît comme de plus en plus complexe, de plus en plus souple et de moins en moins accessible à l’analyse. Mais c’est là que nous introduisons le groupe - la prise en considération d’un grand nombre de personnes —, et le monde confus des glissements de sens naturels ou accidentels s’en trouve soudainement simplifié. Si nous mettons dans un sac un certain nombre de pierres aux formes irrégulières et que nous les secouons, ou si nous les abandonnons sur une plage au hasard à peu près total du roulis des vagues, il y aura — ne fût-ce qu’au niveau physique le plus grossier — une simplification progressive du système : les pierres finiront par se ressembler. Elles deviendront toutes rondes à la fin, mais, en général, nous n’avons affaire qu’à des galets partiellement arrondis. De ces simples chocs répétés, au niveau purement physique, il résulte donc néanmoins certaines formes d’homogénéisation.

Si nous considérons, maintenant, que les entités entrant en contact peuvent aussi être des organismes capables d’apprentissage complexe et de communication, nous constatons alors que le résultat de tous les chocs sera que l’ensemble du système tendra rapidement, soit vers l’uniformisation, soit vers ce type de différenciation systématique (accroissement de simplicité) que nous appelons organisation. Si, au départ, il y a des différences entre les diverses entités en contact, ces différences subiront des modifications, soit dans le sens de la réduction de la différence, soit dans celui de la réalisation d’une adaptation mutuelle, d’une complémentarité. A l’intérieur des groupes de personnes, que le changement tende à l’homogénéité ou à la complémentarité, on aboutit toujours à un accord sur les prémisses qui définissent, dans 1e contexte de leurs relations, 1e sens et l’adéquation des messages et des actes.

Je n’examinerai pas ici les problèmes complexes d’apprentissage qu’imp1ique ce processus, et je passerai directement au problème de la schizophrénie. Un individu — un patient — vit habituellement dans un contexte familial, mais c’est seulement lorsque nous le voyons seul que certaines particularités de ses habitudes communicationnelles apparaissent. Quand bien même ces particularités relèvent en partie de la génétique ou d’un accident physiologique, il n’en reste pas moins utile de s’interroger sur leur fonction à l’intérieur du système communicationnel dont elles font partie, à savoir la famille. Reprenons l’image des cailloux, et imaginons qu’un certain nombre d’êtres humains aient été mis dans un même sac et secoués ensemble, et que l’un d’eux en soit ressorti manifestement différent des autres. Nous aurions alors à nous interroger à propos, non seulement des différences qui pourraient résider dans la substance même dont cet individu serait fait, mais aussi des traits particuliers qui auraient pu se développer chez lui, dans le cadre du système familial. Pourrait—on dire que les caractéristiques spécifiques au patient en question sont appropriées (c’est-à—dire soit homogènes, soit complémentaires) aux traits caractéristiques des autres membres du groupe ? Il est indéniable qu’une grande partie de la symptomatologie schizophrénique est, en un sens, « acquise » ou déterminée par l’expérience, mais un organisme ne peut jamais acquérir que ce que lui enseignent les circonstances de la vie et l’expérience qu’il a tirée des messages échangés avec ceux qui l’entourent. L’homme n’apprend jamais rien au hasard, mais pour se conformer à son milieu, ou s’en démarquer. Il nous faut donc maintenant examiner le cadre expérimental dans lequel se développe la schizophrénie.

Nous allons ici brièvement exposer ce que nous avons appelé l’hypothèse de la double contrainte, que nous avons décrite en détail ailleurs[4]. Cette théorie comprend deux parties : d’abord, une description formelle des habitudes de communication du schizophrène et, ensuite, une description formelle des séquences d’expériences susceptibles de provoquer des distorsions manifestes dans 1e mode de communication de 1’individu. En même temps, nous avons découvert empiriquement qu’une telle description des symptômes est, en gros, suffisante, et que l’on peut effectivement observer dans les familles des schizophrènes les séquences de comportement envisagées dans notre hypothèse.

Ainsi, il est significatif que 1e schizophrène élimine de ses messages tout ce qui se réfère, explicitement ou implicitement, à la relation qu’il entretient avec son interlocuteur. Les schizophrènes évitent en général d’employer les pronoms des première et deuxième personnes ; ils évitent également de préciser la nature des messages qu'ils transmettent — littéraux ou métaphoriques, ironiques ou directs —, et sont susceptibles d’éprouver des difficultés avec tous les messages ou les actes significatifs qui impliquent un contact intime entre leur « soi » et l’autre personne. Ainsi, recevoir de la nourriture peut s’avérer une action quasi impossible ; en refuser aussi.

Lorsqu’un jour je suis parti à Honolulu pour assister à un congrès de 1’APA[***], j’ai annoncé à mon patient que je m’absenterais et où j’allais. Il regarda par la fenêtre, et dit : « Cet avion est affreusement lent. » En effet, il ne pouvait pas dire : « Vous allez me manquer », parce que, ce faisant, il se serait défini lui-même à l’intérieur d’une relation avec moi ou, inversement, m’aurait défini dans ma relation avec lui ; dire : « Vous allez me manquer », ç’aurait été affirmer une prémisse fondamentale quant à nos relations mutuelles, en définissant le type de messages qui aurait été caractéristique de cette relation.

On peut observer que le schizophrène évite ou déforme avec soin tout ce qui semble pouvoir l’identifier ou identifier la personne à qui il parle. Il éliminera tout ce qui implique que son message est partie de, ou se réfère à, une relation entre deux personnes identifiables, dont les comportements au sein de cette relation ont un certain style et obéissent à certaines prémisses ; il s’arrangera pour éviter tout ce qui pourrait permettre à l'autre d’interpréter ce qu’il dit ; ou bien, il rendra obscur tout ce qui, dans ses propos, permettrait de comprendre qu’il utilise une métaphore ou un code spécial, et vraisemblablement déformera ou omettra toute référence au lieu ou au temps. Pour nous servir d’une analogie, nous dirons que son message ressemble à un télégramme qui serait amputé de toutes les indications figurant dans la partie réservée à l’administration ; il aurait même modifié le texte de son message, de façon à déformer ou à supprimer tous ces éléments métacommuriicatifs qui existent dans un message normal et complet. Comment resterait-il, alors, autre chose que des déclarations métaphoriques ne se référant à aucun contexte ? Dans certains cas extrêmes, le schizophrène ira même jusqu’à se contenter de signifier impassiblement : « Il n’y a aucune relation entre nous ».

On pourrait résumer ce qui précède en disant que le schizophrène communique comme si, chaque fois qu’il montre qu’il appréhende correctement le contexte de son propre message, il s’attendait à être puni.

Nous pouvons maintenant caractériser ainsi la « double contrainte », élément central du versant étiologique de notre théorie : c’est l’expérience consistant à être puni précisément parce que l’on appréhende correctement le contexte de son propre message. Et notre théorie soutient que l’expérience répétée de la punition, lors de ce genre de séquences, amène l’individu à se comporter comme s’il s’attendait en permanence à une telle punition.

Prenons un exemple. La mère d’un de nos patients couvrait son mari de reproches parce qu’il lui avait refusé, pendant quinze ans, le contrôle des finances du ménage.

LE PÈRE : Bon, j’admets que cela a été une grave erreur, de ma part, de ne pas t’avoir laissée t’en occuper, je l’admets. Je l’ai corrigée. Mes raisons de penser que j’ai eu tort ne sont pas du tout les tiennes, mais j’admets que j’ai commis une grave erreur.

LA MÈRE : Tu plaisantes, ou quoi ?

LE PÈRE : Non, je ne plaisante pas. _

LA MÈRE : De toute façon, cela m’est égal, parce que, manitenant que tu y viens, les dettes sont déjà contractées. Mais, même dans ce cas, je ne vois pas la raison de le cacher. Je pense que c’est une chose à dire à sa femme.

LE PÈRE : La raison, c’est peut-être la même que celle pour laquelle Joe (leur fils psychotique), quand il rentre de l’école et qu’il a eu des ennuis, ne t’en parle pas !

LA MÈRE : Quelle bonne excuse !

Le modèle d’une telle séquence, c'est tout simplement la déconsidération systématique de chacune des contributions du père à la relation mutuelle : on lui dit constamment que ses messages ne sont pas valables. lls sont reçus comme si, en un certain sens, ils étaient toujours différents de ceux qu’il croyait transmettre. On peut dire que le père est ici pénalisé chaque fois qu’il a raison dans la façon dont il voit ses propres intentions ; pénalisé aussi à chaque fois que sa réplique est adéquate aux propos de sa femme.

En revanche, de son point de vue à elle, la femme estime que c’est son mari qui ne cesse de mal interpréter tout ce qu’elle dit : nous touchons là à un des aspects essentiels du système dynamique qui englobe — ou mieux, qui est — la schizophrénie. Tout thérapeute ayant eu affaire des schizophrènes reconnaîtra ce piège sempiternel : le patient s’efforce de coincer le thérapeute en déforrnant le sens de ses propos, parce qu’il s'attend à ce que le thérapeute, de son coté, interprète mal ses propos à lui. La contrainte (bind) devient alors mutuelle, et l’on atteint un stade, dans les rapports, où plus personne ne peut se permettre de recevoir ou d’émettre des messages métacommunicatifs sans qu’ils ne soient déformés.

Il existe, néanmoins, presque toujours une certaine asymétrie dans ce type de relations. La double contrainte mutuelle est, en fait, une forme de conflit, et, en général, l’un des deux combattants sera toujours en position de force par rapport à l’autre. C’est intentionnellement que nous avons choisi d’étudier des familles où c’est l’un des enfants qui est le patient ; ce fait que le « malade » est un enfant explique en partie que, dans notre matériel, ce sont toujours les parents, supposés « normaux », qui sont en position de force face à un jeune membre du groupe, identifié comme psychotique. Dans tous ces cas, l’asymétrie prend une forme étrange : à savoir que le patient se sacrifie lui-même pour maintenir l’illusion sacrée que ce que son père ou sa mère dit fait sens.

Pour rester proche de ce parent, il doit sacrifier son droit à faire remarquer toute incongruité métacommunicative, même lorsque sa perception de ces incongruités est juste. Il en résulte donc une curieuse disparité dans la distribution de la conscience de ce qui se produit : le patient peut savoir, mais ne doit pas dire, pour permettre ainsi à son père ou à sa mère d’ignorer ce que l’un ou l’autre est en train de faire. Il devient ainsi complice de leur hypocrisie inconsciente. Conséquences probables : un profond malaise, ainsi que des distorsions massives, mais toujours systématiques, dans la communication.

De plus, ces distorsions sont toujours précisément celles qui peuvent sembler le mieux appropriées, quand la « victime » doit faire face à une situation qui constitue pour elle une sorte de piège qu’elle doit absolument éviter, parce qu’il pourrait être destructeur de son « soi » le plus intime. Ce paradigme est parfaitement illustré par un passage tiré de la biographie de Samuel Butler, par Festing Jones[5], et qui mérite d’être intégralement cité.

« Butler allait dîner chez les Seebohm, lorsqu’il rencontra Skertchley, qui lui raconta l’histoire d’un piège à rats inventé par le cocher de M. Taylor :
Le piège à rats de Dunkett
Un à un, tous les pièges à rats que posait Dunkett se révélèrent inefficaces. Il s’en trouvait si désespéré de voir partir ainsi son grain, qu’il décida d’en inventer un lui-même. Il commença par se mettre autant qu’il se peut dans la peau d’un rat, et se demanda :
“Y a-t-il une chose au monde qui, si j’étais un rat, m’inspirerait une confiance totale, une chose dont je ne pourrais me méfier sans commencer à me méfier de tout et sans en être paralysé dans le moindre de mes mouvements ?”
Il réfléchit un bon moment sans succès mais, un soir, sa chambre sembla se remplir d’une étrange lumière et il entendit une voix du ciel lui disant : “Tuyaux.”
Il avait enfin trouvé ! En effet, se méfier d’un simple tuyau, ce serait certainement cesser d’être rat. Ici, Skertchley prit son temps pour expliquer qu’il fallait dissimuler un ressort à l’intérieur du tuyau, tout en le laissant ouvert à ses deux extrémités : sinon, le rat aurait pu avoir peur d’y entrer, car il ne serait pas sûr de pouvoir en ressortir. Sur quoi, Butler l’intermmpit et lui dit :
“Ah, c’est justement ce qui m’a toujours empêché d’aller à l’église.”
Lorsque Butler me rapporta ces propos, je [Jones] compris ce qu’il voulait dire : s’il n’avait été en si respectable compagnie, il aurait dit : “C’est justement ce qui m’a toujours empêché de me marier.” »

Dunkett n’a pu, notons-le, inventer cette double contrainte pour rats qu’au moyen d’une expérience hallucinatoire, et, quant à Butler et à Jones, ils ont tout de suite vu dans ce piège un paradigme des relations humaines. Ce qui veut dire que ce genre de dilemme n’est pas rare et ne se limite pas aux seuls contextes de la schizophrénie.

' La question que nous devons donc nous poser est la suivante : pourquoi ce type de séquences est-il particulièrement fréquent et destructeur dans les familles des schizophrènes ?

Aucune statistique ne me permet de prouver ce que j’avance, mais je crois néanmoins, à partir d’une observation approfondie d’un nombre limité de familles de ce type, pouvoir émettre une hypothèse relative à la dynamique de groupe qui serait susceptible de déterminer un système dïnteractions pouvant amener des expériences de double contrainte à se reproduire indéfiniment (ad nauseam).

Pour cela, il m’a fallu élaborer un modèle qui soit nécessairement circulaire et qui, par conséquent, reproduise indéfiniment œs séquences structurées. Ce modèle, c’est la théorie des jeux de von Neumaim et Morgenstem[6] qui me l’a fourni. J ’exposerai ici l’essentiel de cette théorie, sinon dans toute sa rigueur mathématique, du moins en termes quelque peu techniques.

Von Neumann s’est penché sur l’étude mathématique des conditions formelles dans lesquelles certaines entités — douées d’une perspicacité « totale » et d’une nette préférence pour 1e gain — formeraient des coalitions afin d’augmenter au maximum le profit que les membres de la coalition pourraient réaliser, au détriment des entités extérieures à cette coalition. ll imagina la situation sous la forme d’un jeu, et se mit en quête des caractéristiques formelles des règles qui, dans ce genre de coalition, dirigeraient le comportement des joueurs. Une bien curieuse conclusion s’est dégagée de ses recherches, et c’est elle qui me fournira le modèle désiré dont j ’ai parlé plus haut.

Il est évident qu’il ne peut y avoir de coalition que s’il existe au moins trois joueurs. Deux d’entre eux, nimporte lesquels, peuvent alors s’associer pour exploiter le troisième ; si le jeu se combine symétriquement, il y aura trois solutions, qu’on peut représenter ainsi :

AB contre C
BC contre A
AC contre B

Von Neumann a démontré que, dans ce système ternaire, n’impotte laquelle de ces trois coalitions, une fois formée, restera stable. Si A et B concluent une alliance contre C, ce dernier ne pourra rien y changer. Il est aussi intéressant de constater que A et B établirent certainement des conventions (non comprises au départ dans les règles du jeu) qui leur interdiront, par exemple, de prêter attention aux avances de C.

La situation change complètement dans un jeu à cinq, car les possibilités sont plus nombreuses. Il se peut, notamment, que quatre joueurs envisagent de se liguer contre un seul, suivant le modèle que voici :

A contre BCDE
B contre ACDE
C contre ABDE
D contre ABCE
E contre ABCD

Cependant, dans le jeu à cinq, aucune des combinaisons ne sera stable. Les quatre joueurs de la coalition devront se livrer à une sorte de jeu dans le jeu (subgame), qui consistera à manœuvrer les uns contre les autres, chacun cherchant à augmenter sa part de profits par rapport aux gains que la coalition soutirera du cinquième joueur. Ce qui conduira à un modèle de coalition que nous pouvons décrire comme 2 contre 2 contre 1, c’est-à—dire BC contre DE contre A. Dans une telle situation, il devient possible pour A de s’allier à l’une des deux paires et de se joindre à elle, le système de coalitions devenant alors 3 contre 2.

Dans ce système de 3 contre 2, il sera, cependant, dans l’intérêt des trois de mettre de leur côté l’un des deux autres, pour que leurs gains soient plus sûrs. Nous revoici alors dans la structure 4 contre 1, et, s’il ne s’agit pas des quatre mêmes joueurs qu’au début, cela n’a aucune importance, car le système garde les mêmes propriétés générales. Ce système éclatera, à son tour, pour revenir à la figure 2 contre 2 contre 1. Et ainsi de suite.

Autrement dit, pour chaque modèle de coalition possible, il existe au moins un autre modèle qui le « domine » — pour employer une expression de von Neumann —, la relation de « domination » entre les solutions étant intransitive. Il s’établira ainsi une liste circulaire de solutions alternatives, de sorte que le système passera continuellement d’une solution à une autre, sélectionnant à chaque coup celle qui lui paraît préférable à la précédente. Ce qui signifie, en fait, que de tels robots, à cause de leur perspicacité «  totale », seraient incapables de décider de s’arrêter après un « tour ».

Pour ma part, ce modèle m’évoque fortement ce qui se passe dans les familles des schizophrènes. Jamais deux membres de la famille ne semblent pouvoir former une coalition assez stable pour être décisive à un moment donné : il se trouve toujours un ou plusieurs autres membres de la famille pour intervenir. Ou bien, en l’absence d’une telle intervention, les deux partenaires de la coalition se sentiront coupables par apport à ce que le troisième peut faire ou dire, et ils déferont d’eux-mêmes leur coalition.

Notons que, dans le jeu de von Neumann, il ne faut pas moins de cinq joueurs hypothétiques, doués au surplus d’une perspicacité « totale », pour parvenir à ce type d’instabilité ou d’oscillation. Mais, pour les êtres humains, le nombre de trois semble pouvoir suffire ; il se peut évidemment qu’ils ne soient pas aussi « totalement » perspicaces, ou qu’ils en contradiction systématique avec le genre de « profit » qui les motive.

L’important est que, dans un tel système, tout individu vit, quant à lui, l’expérience suivante : chacun de ses mouvements est celui que dicte le « bon sens » dans une situation qu’il évalue correctement à un moment donné ; mais, en même temps, chacun de ses mouvements se révèle après coup inapproprié, par rapport aux mouvements que les autres éléments du système font en réponse à son mouvement « juste ». L’individu est ainsi piégé dans une série interminable de ce que nous avons appelé expériences de double contrainte.

Pour ma part, je ne sais jusqu’à quel point ce modèle peut être valable, mais je le propose pour deux raisons : tout d’abord, il me semble constituer un bon exemple pour parler d’un système plus large, la famille, et non plus seulement de l’individu ; si nous voulons comprendre la dynamique de la schizophrénie, nous devons mettre au point un langage adéquat aux phénomènes qui interviennent dans ce système plus large, et même si mon modèle s'avère être impropre, il représente du moins un effort en ce sens. Ensuite, de tels modèles conceptuels, même lorsqu’ils sont incorrects, demeurent utiles, dans la mesure où leur critique peut déboucher sur de nouveaux développements théoriques.

Je vais donc maintenant tenter une critique de ce modèle, selon mon point de vue, pour voir quelles sont les autres perspectives possibles… Rien dans la théorie de von Neumann ne permet de penser que ses entités, ou robots, entraînés dans la danse folle des coalitions, deviendront jamais schizophrènes : théoriquement, ils conservent leur intelligence, ad infinitum.

Or, la différence majeure entre les êtres humains et les robots de von Neumann, c’est le fait de l’apprentissage : l’intelligence infinie implique une infinie souplesse, et les danseurs abstraits de von Neumann n’éprouveront jamais la douleur que ressent un être humain à qui l’on prouve systématiquement qu’il a tort chaque fois qu’il a raison. Les êtres humains s’investissent dans les solutions qu’ils découvrent, et c’est justement cet investissement psychologique qui explique qu’ils puissent être blessés, de la façon dont le sont les membres d’une famille schizophrénique.

Ainsi donc, pour pouvoir rendre compte de la schizophrénie, la théorie de la double contrainte doit s’appuyer sur un certain nombre d’hypothèses psychologiques, concernant la nature de l’individu en tant qu’organisme capable d’apprentissage. Pour qu’un individu soit sujet à la schizophrénie, son « individuation » doit se fonder sur deux mécanismes psychologiques contradictoires : le premier est un mécanisme d’adaptation aux exigences du milieu ; le second est un processus et un mécanisme par lesquels l’individu s’investit de façon durable, ou éphémère, dans les adaptations accomplies par le premier processus.

Ce que j’appelle ici investissement éphémère, c’est exactement ce que Bertalanffy appelait l’état immanent d'action ; quant à l’investissement durable, c’est tout simplement ce que nous désignons par le mot habitude.

Qu’est—ce .qu’une personne ? Et qu’est-ce que je désigne quand je dis « JE » ? Peut-être bien que le « soi » de chacun n’est, en fait, qu’un agrégat d’habitudes, de perceptions et d’ actions adaptatives, plus, de temps à autre, des états immanents d'action. Si une personne attaque les habitudes et les états immanents qui me caractérisent, au moment même où je suis en rapport avec elle — autrement dit, chaque fois qu’une personne m’ attaque dans les habitudes et les états immanents qui font précisément partie de ma relation avec elle à un moment donné —, alors cette personne me nie. Et plus celle-ci m’est proche, plus sa négation sera douloureuse pour moi.

Je crois que ce qui précède devrait suffire pour préciser le genre de stratégie — ou, mieux, de symptômes — qu’il faut s’attendre à trouver dans cette étrange institution qu’est la famille schizophrène. Et je précise que je ne cesse d’être étonné quand je constate à quel point cette stratégie peut être exercée, continuellement et habituellement, sans que les voisins ou les amis ne remarquent rien d’anormal. Selon notre théorie, chacun des membres d’une telle institution devra défendre ses états immanents d'action et ses habitudes adaptatives durables ; autrement dit, il devra protéger son « soi ».

Prenons encore un exemple : un de mes collègues a travaillé pendant plusieurs semaines avec l’une de ces familles, et en particulier avec le père, la mère et leur fils schizophrène adulte. Toute la famille était présente aux séances. Manifestement, cela provoquait une angoisse permanente chez la mère, qui demanda à avoir des entretiens en tête à tête avec moi. Sa démarche fut discutée au cours de la séance de groupe qui suivit, et rendez-vous fut pris. Elle vint à l’heure, parla un bon moment de la pluie et du beau temps, puis prit dans son sac un morceau de papier qu’elle me tendit en disant : « Je crois que mon man vous a écrit ceci. » Je dépliai le papier : c’était un texte tapé à la machine à un seul interligne et commençant par ces mots : « Mon mari et moi apprécions beaucoup l’occasion que nous avons de discuter avec vous de nos problèmes, etc. » Le papier contenait ensuite un certain nombre de questions particulières « que j’airnerais soulever ».

J’ai vérifié par la suite qweffectivement c’était le mari qui avait écrit cette lettre, la veille de la séance, comme si elle venait de sa femme, tout en y mentionnant les thèmes que lui souhaitait me voir aborder avec elle.

Dans la vie quotidienne normale, ce genre de choses est tout à fait courant et passe presque inaperçu. Mais, si l’on prête une attention particulière aux stratégies spécifiques, ces manœuvres d’autodéfense et d’autodestruction deviennent manifestes. Et l’on découvre soudainement que, dans ces familles, ce type de stratégie prédomine sur tous les autres. Alors, on ne s’étonnera plus que le patient manifeste un comportement qui semble presque la caricature de ce type de perte d’identité, qui caractérise tous les membres de la famille.

A mes yeux, tel est le fond du problème : la famille du schizophrène est une organisation d’une très grande stabilité, dont la dynamique et les mécanismes internes sont tels que chacun de ses membres vit continuellement l’expérience de la négation de soi.


[*] Les idées exposées ici sont le résultat des travaux entrepris par l’équipe « Project for the Study of Schizophrenic Communication », dont les membres étaient : Gregory Bateson, Jay Haley, John H. Weakland, Don D. Jackson et William F. Fry. L’artic1e reproduit ici a été publié pour la première fois dans Chronic Schizophrenia : Explorations in Theory and Treatment, édité par L. Appleby, J . M. Scher et John H. Cumming, Glencoe, Ill., The Free Press, 1960. ‘
[**] En français dans le texte. (NdT.)
[***] American Psychiatrie Association. (NdT. )


[1] R. L. Stevenson, The Pour Thing, Novels and Tales of R. L. Stevenson, ml. XX, New York, Scribners, 1918, p. 496-502.
[2] D. W. Thompson, On Crowth and Fami, vol. Il, Oxford University Press, Oxford, 1952.
[3] Beatrice C. Bateson, William Bateson, Naturalist, Cambridge, Cam- bridge University Press, 1928.
[4] G. Bateson, D. D. Jackson, J. Haley et J. H. Weakland, « Toward a theory of schizophrenia », Behavioral Science, 1, 1956, p. 251-264 (cf. ci- dessus, « Vers une théorie de la schizophrénie », p. 9) ; cf. aussi G. Bateson, « Language and psychotherapy - Frieda Fromm-Reichman’s last project », Psychiatry, 21, 1958, p. 96-100 ; G. Bateson, « Schizophrénie distortions of communication », dans Prychotherapy of Chronic Schizophrenic Patients, éd. par C. A. Whitaker, Boston and Toronto, Little, Brown & Co., 1958, p. 31-56 ; G. Bateson, « Analysis of group therapy in an admission ward, United States Naval Hospital, Oakland, California », Social Psychiatry in Action, par H. A. Wilmer, Springfield, Ill., Charles C. Thomas, 1958, p. 334- 349 ; cf. J. Haley, « The art of psychoanalysis », etc., 15, 1958, p. 190-200 ; J. Haley, « An interactional explanation of hypnosis », American Journal of Clinical Hypnosis, l, 1958, p. 41-57 ; J. H. Weakland et D. D. Jackson, « Patient and therapist observations on the circonstances of a schizophrénie qaisode », AMA Archives of Neurological Psychiatry, 79, 1958, p. 554-574.
[5] H. F. Jones, Samuel Butler :A Memoir, vol. 1, Londres, MacMillan, 1919.
[6] J . von Neumann et 0. Morgenstem, Theory of Comes and Economic Behavior, Princeton, Princeton University Press, 1944.


Gregory Bateson, Vers une écologie de l'esprit.
Traduit de l'anglais par Perial Drisso, Laurencine Lot et Eugène Simion (t. I & II) ;
avec le concours de Christian Cler (t. II)
© Éditions du Seuil, Paris, 1977 (t. I), 1980 (t. II) pour la traduction française,
Tome I : ISBN 978-2-02-025767-1 (ISBN 2-02-0O4700-4, 1ère publication ; ISBN 2-02-012301-0, 2e publication)
Tome II : ISBN 978-2-02-053233-4 (ISBN 2-02-013212-5, lø publication)


Titre original: Steps to an Ecology of Mind
édition originale: ISBN 345-23423-5-195,
© Chandler Publishing Company, New York, 1972